≋ 𝕮hapter 𝕱ifteen ≋
Wooyoung n'avait quasiment pas dormi de la nuit. Il n'avait généralement pas de problèmes pour s'endormir, la houle sous la coque le berçait depuis sa naissance. Mais cette nuit, les vagues avaient beau faire tanguer le navire, ses pensées avaient été bien trop invasives pour qu'il puisse se relâcher.
- Salut...
- Salut Wooyoung.
Lorsqu'il sortit sur le pont, le soleil venait à peine de se lever. Il rejoignit alors Jongho à l'arrière du navire, le second ayant été chargé de surveiller les abords de la poupe du navire toute la nuit.
- T'as une tête affreuse, remarqua Jongho.
- J'ai presque pas dormi de la nuit.
- Et tu sais pourquoi ?
- J'arrivais pas à arrêter de réfléchir...
- À propos de quoi ?
- Pleins de choses, trop de choses, soupira-t-il en s'accoudant à la rambarde en bois.
Sentir le vent à pleine vitesse contre son visage était un réveil plutôt efficace, mais malheureusement pas assez puissant pour qu'il oublie qu'il n'a eu que deux heures de sommeil.
- Et avec San ? Vous avez parlé ?
- Ouais. On peut dire que ça s'est arrangé.
- Tant mieux. Tu vois ? Je t'avais dit qu'il allait comprendre.
Wooyoung hocha la tête. Les deux jeunes hommes ne dirent plus rien, l'un concentré avec sa longue-vue, l'autre avec le regard perdu dans l'écume laissée par le Blue Bird.
Cependant, aussi reposante la scène devant lui était, il ne pouvait s'arrêter de penser à ça... A ce qui avait hanté sa nuit.
- Dis, tu sais où il a eu son collier ?
Jongho le regarda, étonné qu'il aborde un sujet pareil à une telle heure de la journée.
- C'est ça qui t'a empêché de dormir ?
- Plus ou moins.
- Si San ne t'en a pas parlé c'est pour une raison, tu ne crois pas ?
- J'y peux rien si je suis quelqu'un de curieux.
La réponde de Wooyoung fit sourire Jongho.
- Est-ce qu'il vient d'un trésor que vous avez trouvé ? Ajouta Wooyoung, décidé à en savoir plus.
- On peut dire ça.
- Et il est unique ? Il n'en existe aucun autre ?
- Tu essaies de me soutirer des informations là ? Demanda le second d'un ton rieur.
- Non, c'est juste que je crois en avoir déjà vu un similaire, il y a longtemps.
Pendant dix secondes, Jongho ne répondit rien. Wooyoung le voyait, il était en train de réfléchir à lui en parler ou non. Intérieurement, il priait pour qu'il lui en dise plus, pour enfin avoir les réponses à ce qui avait obsédé sa nuit.
Seulement, le destin ne sembla pas être de son côté.
- Écoute, c'est à lui de t'en parler. Mais s'il ne le fait pas tout de suite, c'est qu'il lui faut du temps. Je veux pas parler de choses aussi importantes pour lui sans qu'il le sache.
- Oui, oui je comprends.
Wooyoung ne put masquer son air déçu. Il aurait voulu mettre fin à ses interrogations, connaître une fois pour toute l'origine de ce bijou qui, pour une raison floue, obsédait ses pensées. Mais il n'allait pas aller à l'encontre de la loyauté de Jongho. Il était fidèle à son frère, et s'il se mettait à la place de San, il pouvait comprendre que si quelqu'un dévoilait quelque chose que tu essaies de cacher, ça puisse te mette en colère.
Jongho remarqua quand même la moue de Wooyoung. D'un geste amical, il posa sa main contre son dos et dit :
- Hé, je suis certain qu'il t'en parlera. Il t'aime bien, alors il le fera.
- C'est vrai ?
- Je sais pas vraiment à quel point il t'aime bien, mais tu changes quelque chose en lui. Je le vois.
Wooyoung détourna son regard des vagues pour regarder le second, la discussion prenant un tournant intéressant.
- San, il a traversé des choses très dures. Et j'ai l'impression qu'avec toi il arrive à ne plus y penser. À se vider la tête.
Le noiraud fit le parallèle avec le comportement du capitaine en sa compagnie. Le sourire malin et séducteur qu'il gardait toujours sur les lèvres, le regard perçant et pénétrant qu'il avait dès qu'il posait les yeux sur lui, toute cette attention qu'il lui donnait et qui faisait de plus en plus d'effets à l'intérieur de lui.
Wooyoung déduisit que San n'était pas comme ça avec tout le monde. Et sans savoir pourquoi, connaître ça lui faisait plaisir. Cette attention que San portait, elle n'était que pour lui.
- Qu'est-ce qui te fais sourire ?
- Rien, dit-il en redressant immédiatement la tête. Je... Ça me soulage un peu de savoir qu'il me déteste pas.
- Il est loin de te détester, surtout après ce qu'il s'est passé entre vous avant-hier.
La soudaine référence à leur baiser fit rosir les joues de Wooyoung. Si même Jongho s'y mettait, il allait devenir une vraie tomate.
- Bon, les autres devraient être réveillés, dit le noiraud lorsqu'il entendit du bruit derrière lui. Je dois passer le balai dans les cabines de couchage.
- Et moi je vais aller dormir puisqu'il fait jour.
Les deux jeunes hommes descendirent de la plateforme arrière du navire, et alors que Jongho se dirigea vers sa cabine pour se reposer, Wooyoung ne faisait que démarrer sa journée.
Après tout, peut-être qu'il aurait le temps de piquer un somme en début d'après-midi. Et avec ce qu'il avait prévu ce soir, il est préférable qu'il ait toute sa tête.
≋
Ce fut après une sieste de plus de trois heures que Wooyoung s'était dirigé vers les cuisines. Ce soir, il avait réservé un menu assez particulier pour le capitaine, et avec les nouveaux approvisionnements alimentaires qu'ils avaient fait lors de leur halte à Mabelrock, il avait hâte de tester de nouvelles recettes pour l'équipage.
Il passa beaucoup de temps devant les fourneaux. Il avait envie de régaler tout le monde, et pour ça rien de mieux que du poisson grillé aux herbes. Il n'y avait pas vraiment de raison pour cuisiner un repas aussi élaboré, ils n'avaient rien à fêter, mais Wooyoung était juste de bonne humeur.
Au moment du dîner, il reçu énormément de mots d'encouragement, de sourires et de compliments sur sa cuisine, de quoi lui donner un peu plus de confiance. Maintenant, il ne manquait plus qu'à ce que le menu qu'il avait prévu pour San lui plaise autant qu'aux autres.
Comme à son habitude, il entra dans la cabine du capitaine sans prendre la peine de toquer, le trouvant sur son bureau et la tête plongée dans ses livres.
- Ah, Wooyoung. Je me demandais quand est-ce que tu arriverais, dit San en levant la tête vers lui.
- J'ai pris un peu plus de temps dans la cuisine ce soir.
- Mon trésor aurait-il eu peur de venir me voir ?
- Absolument pas, dit Wooyoung en lui répondant avec le même sourire qu'il avait. Je voulais simplement te préparer un excellant repas.
Il posa l'assiette de poisson devant le roux qui scanna le plat, humidifiant ses lèvres sous l'appétit que ça lui procurait.
- J'ai hâte de goûter ce que tu m'as préparé alors, répondit San en prenant la fourchette en main.
Wooyoung resta devant lui, voulant observer l'expression sur son visage. Lorsqu'il entendit le soupir de régal que fit le roux, son sourire s'agrandit.
- Ouah, ce plat est délicieux.
- Et tu n'as pas encore goûté au dessert.
Sa réponse eût l'air de plaire à San puisqu'il leva la tête légèrement, montrant un sourire en coin avant de reprendre une bouchée.
- Hâte de voir la suite, alors.
Wooyoung n'arriva pas à décroché le rictus de ses lèvres. San avait l'air de se régaler, laissant filer dans l'air des gémissements de délice face à ce qu'il avait en bouche.
- Trésor, tu veux bien me jouer un morceau ?
- Avec plaisir.
Wooyoung ne refuserait jamais de jouer du piano. C'était l'activité qui le rendait le plus heureux, ce qui l'apaisait le plus. Transmettre cette passion et ces mélodies à San, ça le rendait encore plus enchanté.
Pendant une dizaine de minutes, seule la musique résonnait dans la salle, mêlée de discrets bruits de couverts contre l'assiette en faïence. Les doigts agiles de Wooyoung jonglaient aisément sur l'instrument d'une force délicate, donnant d'harmonieux sons appréciés par les deux jeunes hommes.
Lorsqu'il termina la musique qu'il était en train de jouer, Wooyoung jeta un coup d'œil derrière lui pour voir si San avait terminé, et constata avec surprise que le roux le fixait et que les couverts étaient déposés dans son assiette vide.
- Tu as finis ?
- Depuis au moins trois minutes. J'aime bien te regarder jouer.
Les joues de Wooyoung rosirent délicatement, la lumière tamisée de la cabine ne permettant pas à San de le remarquer.
- Alors, ce dessert dont tu me vantais les mérites ?
Le plus jeune se leva du tabouret pour aller face à son bureau.
- Je veux que tu fermes les yeux le temps que j'aille le chercher.
- Trésor, tu ne te joues pas de moi j'espère.
- Bien sûr que non. Ça devrait te plaire.
San ferma les yeux, ou plutôt le seul œil voyant qu'il avait, après s'être assuré que Wooyoung était sérieux. Il l'entendit se déplacer quelques secondes dans la pièce, mais malheureusement le grand tapis au sol étouffa ses pas.
- Je peux ouvrir ?
- Non, pas encore.
La réponde qu'il obtenu du plus jeune lui confirma ses soupçons, Wooyoung s'était rapproché. Ce ne fut que quelques secondes plus tard qu'il lui autorisa à rouvrir les yeux.
- C'est bon, ton dessert est juste devant toi.
La chaise de San avait été légèrement reculée et tournée du bureau quelques minutes plus tôt afin qu'il ait le piano en face des yeux. Cependant, lorsqu'il revit la lumière de la pièce, ce n'était pas l'instrument de musique qu'il avait face à lui. C'était Wooyoung, son nez à quelques centimètres du sien à peine.
Il regarda alors sur son bureau, mais ne vit aucune assiette posée. Il tourna la tête à nouveau vers le noiraud dont le visage était à hauteur du sien. Ses mains s'appuyaient sur ses genoux, permettant à ses yeux d'être plongé dans celui de San.
- Il n'y a rien.
- Peut être que ce n'est pas assez clair pour toi, expliqua Wooyoung en faisant un geste qui choqua presque San.
Le cuisinier s'avança vers lui, posa ses mains contre ses épaules et grimpa sur ses cuisses.
- Qu'est-ce que tu fais ? Demanda le capitaine en plaçant ses mains contre le dos de Wooyoung pour éviter qu'il ne tombe.
San était intérieurement stupéfait par l'assurance du geste du plus jeune. Il n'avait jamais agi comme ça face à lui, même si parfois il répondait avec confiance à ses remarques séductrices. Il est clair que Wooyoung rentrait dans son jeu ce soir. Et ça lui plaisait énormément.
- Je t'ai dit que ton dessert était devant toi.
Wooyoung pensait sincèrement que San était une source d'énergie et de confiance. Il avait beau eu avoir réfléchi toute la nuit et toute sa matinée à sa petite idée, jamais il n'aurait pensé être capable de se placer sur le capitaine ainsi avec une telle assurance, sans même bégayer.
Il rapprocha encore un peu plus son visage du sien, lâchant son œil des siens lorsqu'ils ne furent qu'à quelques millimètres pour baisser son regard. Il n'avait pas de phéromones ce soir, mais les effets de ses mains qui le maintenaient contre lui et de son visage aussi près faisaient palpiter son cœur de la même façon.
- Tu me permets d'en prendre un morceau ? Murmura San, ne le quittant pas des yeux.
Wooyoung n'eût qu'à dire un seul mot pour que tout ce qu'il y avait autour d'eux disparaisse.
- Assurément, dit-il en rompant définitivement l'écart entre eux.
D'un mouvement commun, leurs lèvres se rejoignirent dans une danse passionnée, une danse rythmée par l'avidité et la curiosité, par le désir et la passion. Elles se pressèrent ensemble avec une faim insatiable, comme s'ils étaient affamés et qu'ils n'avaient pas mangés depuis plusieurs jours.
Wooyoung, pour se raccrocher à la réalité, plaça ses mains entre les mèches de cheveux du plus vieux. Ce dernier garda les siennes dans le dos de l'autre, s'agrippant de plus en plus à lui comme pour s'assurer que ce qu'ils vivaient était bien réel.
Leurs têtes tournaient, leurs corps tremblaient, mais pour rien au monde ils ne voulaient arrêter cet échange.
Lorsque Wooyoung sentit qu'il était à bout de souffle, il mit fin au baiser et colla son front à celui de San. Il gardait ses lèvres rougies entrouvertes pour laisser l'air passer, attendit que son cœur ralentisse puis sourit en repensant à ce qu'il venait de vivre.
- Alors ? Comment tu trouves le dessert ? Demanda-t-il en ouvrant les yeux pour le regarder.
- Absolument divin.
Ce fut San qui vint cette fois-ci rapprocher ses lippes de celles du noiraud, l'embrassant délicatement à plusieurs reprises. Après quelques secondes, il le regarda à nouveau.
- Dis, j'ai comme une impression de déjà-vu... Pas toi ?
Comprenant immédiatement qu'il faisait référence à la soirée d'il y a deux jours, Wooyoung se mordit les lèvres en souriant, un geste qui ne passa pas inaperçu aux yeux de San.
- Tu rougis, trésor.
- La faute à qui ?
- Je me demandais bien jusque quand tu allais pouvoir garder une telle assurance.
San plaça sa main droite contre la hanche du plus jeune, entamant des caresses aléatoires contre le tissu de sa chemise avant de prendre une expression sérieuse.
- Dis-moi, est-ce que tu as touché à mes affaires hier ?
Wooyoung ne comprit pas le rapport avec leur précédente conversation, parce qu'il n'y en avait aucun. Il mit quelques secondes à comprendre.
- Quoi ?
- J'ai retrouvé une de mes feuilles par terre, sous mon bureau après que tu sois parti hier soir, et une de mes encyclopédies était fermée.
Oui, il avait fouillé dans ses affaires. Mais il ne pouvait pas lui répondre qu'il voulait espionner ses trouvailles pour les donner à quelqu'un. Et il savait pertinemment que s'il mentait à San, ce dernier verrait plutôt clair dans son jeu. Il décida donc d'opter pour la semi-vérité.
- Je voulais juste regarder un peu, jeter un coup d'œil.
- Je n'aime pas qu'on me mente.
San se redressa de sa chaise, étant jusqu'à présent adossé contre le dossier, pour se remettre droit tout en gardant son regard dans celui de Wooyoung.
- Je ne te mens pas, c'est vrai.
Le roux haussa les sourcils, poussant Wooyoung à plus se justifier.
- Je me suis juste demandé ce qui pouvait bien être aussi intéressant pour que tu passes tes journées là, c'est tout.
- Je te l'ai déjà dit, j'ai horreur qu'on fouille dans mes affaires, répondit San en caressant sa joue avant d'amener ses doigts sous son menton.
- Pardonnez-moi Capitaine.
Le sourire en coin que montra Wooyoung fit renaître sur les lèvres de San un rictus léger.
- T'as de la chance d'avoir un visage irrésistible, répondit-il en l'embrassant à nouveau.
Wooyoung répondit sans hésiter au contact qui prit tout de suite une allure rapide.
Son plan était en marche, et pendant que lui obtiendrait cette attention du capitaine qui l'attirait tant, ce dernier allait lui donner sa confiance et lui confier ses butins, ses découvertes, son savoir sur ce fameux Cromer.
Il avait eu de la chance ce soir, mais s'il voulait n'éveiller aucun soupçon chez San, il devait se faire plus discret. Il avait beau n'avoir qu'un seul œil, il semblait bien plus malin que ce qu'il avait cru.
𝕿𝖔 𝕭𝖊 𝕮𝖔𝖓𝖙𝖎𝖓𝖚𝖊𝖉
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Les choses deviennent plus sérieuses, vous ne trouvez pas ?
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