Chapitre 2
Minho se redressa d'un bond, à bout de souffle. Son cœur battait à vive allure dans sa cage thoracique alors que ses yeux fous balayaient autour de lui sans rien voir. Il se sentait en vie, pourtant il avait encore la sensation de son corps qui éclatait contre les roches et de la mer qui s'engouffrait avec violence dans sa gorge. Minho porta ses doigts à son cou, suffoquant.
Il écarquilla les yeux, puis écarta sa main de sa gorge pour la mettre devant son visage. Quelques griffures et hématomes, de la saleté et un peu de sang, mais rien d'autre. Elle n'était pas cassée, à l'image du reste de ses membres. Minho passa ses mains dans ses cheveux pour les rabattre en arrière, complètement perdu. Il ne comprenait plus rien à ce qu'il se passait dans sa vie. Il était persuadé d'être mort en chutant dans les flots déchainés alors qu'il souhaitait échapper à un pirate sanguinaire. Il ne pouvait tout simplement pas en être autrement.
— Enfin réveillée, p'tite souris ?
Le jeune homme manqua de s'étouffer, son regard se posant en panique dans le coin d'où provenait la voix. Un jeune homme était négligemment assis sur une chaise, les jambes posées sur un rebord en bois, et le regardait par-dessous un tricorne usé. Son regard noir et malicieux était rivé sur Minho à la manière d'un chat devant sa proie.
— Toi !
Le pirate souleva un sourcil et Minho bondit sur ses jambes pour reculer jusqu'à ce que son dos ne heurte une surface dure et froide. Il le reconnaissait, lui, le pirate qui l'avait poussé à prendre la décision impossible de s'ôter la vie en sautant d'une falaise plutôt que d'être passé au fil de son épée. Son cœur tambourina encore plus fort, ses yeux parcourant rapidement les lieux en quête d'une échappatoire. Il se trouvait dans une pièce minuscule, occupée principalement par la paillasse sur laquelle il était précédemment allongé et d'une chaise où était installé le pirate. Il n'y avait qu'une seule sortie, hors d'accès. L'homme sourit malicieusement en le voyant regardant la porte fermée et s'étira paresseusement.
— Cours, cours p'tite souris que je te rattrape, sifflota le bandit en caressant le pommeau de son épée.
Minho frémit d'horreur et serra les poings. Soit il avait péri pendant son saut et se trouvait dans l'autre monde, malheureusement en compagnie de son poursuivant, soit il avait miraculeusement survécu et se retrouvait dans une situation particulièrement délicate. Il frissonna, mais se força à redresser fièrement le menton. Il n''était pas de bonne naissance, il n'était qu'un petit voleur, mais il ne comptait pas s'abaisser devant un vulgaire pirate, d'autant plus que s'il était toujours parmi les vivants c'était que sa présence devait représenter une quelconque utilité. Quant à savoir comment il avait fait pour survivre, c'était une question sur laquelle il se pencherait une fois sorti du danger.
— Je ne vais pas courir, dit fermement Minho.
— Dommage, ça aurait été amusant, soupira dramatiquement le pirate en quittant sa position détendue.
Le voleur se ramassa sur lui-même, les yeux fixés sur son espoir de fuite. Il suffisait d'un instant d'inattention, que l'autre baisse sa garde juste une seconde, et il serait en mesure de s'enfuir. Il ne savait pas où était passée cette jolie perle qui l'avait mis dans une situation aussi désastreuse, mais elle n'était plus sa priorité. Tout ce qu'il souhaitait maintenant était survivre, peu importe s'il devait revenir à la misère pour ça.
— Suis-moi, le capitaine a demandé à te voir dès ton réveil et il n'aime pas vraiment qu'on le fasse attendre.
Minho ouvrit la bouche pour signaler qu'il ne comptait suivre personne nulle part, mais il la referma sans émettre le moindre son. Il ne savait pas où il se trouvait, ni ce qui lui était arrivait ou ce qui était attendu de lui, c'était bien trop risqué de se rebeller. Il hocha donc simplement la tête et accepta de suivre le pirate qui n'avait même pas pris la peine de décliner son identité, non pas que Minho s'en préoccupait. L'homme haussa un sourcil sans se départir de son rictus.
— T'es étrangement calme pour une p'tite souris, t'as pas peur ?
— J'ai passé ma vie à avoir peur de mourir, marmonna Minho, ce n'est qu'une journée de plus dans mon enfer quotidien.
Le pirate ricana et le laissa passer devant. Minho ressentit une pression entre ses épaules qui manqua de le faire trébucher et il serra les dents, la peur le réduisant au silence. Il rêvait de cracher une réplique acide à l'homme moqueur, mais il ne tenait pas non plus à précipiter sa fin, pour le moment il allait sagement obéir et aller rencontrer ce fameux capitaine. Une lourde porte en bois finit par lui bloquer le passage, le soleil l'éblouissant quand elle s'ouvrit brusquement. Minho mit les mains devant ses yeux pour les protéger de la soudaine luminosité.
— Ah, Hyunjin, te voilà. Le capitaine m'envoyait prendre des nouvelles, il est à la barre, tonna une vois grave non loin.
— J'y vais alors, en avant p'tite souris.
C'était la première fois que Minho mettait les pieds sur un navire et qu'il ressentait les roulis de la mer contre la coque, une nausée s'empara de son être. Le sol n'était pas parfaitement stable, il suivait le mouvement des vagues, mais tous les hommes présents sur le pont évoluaient aussi naturellement que sur terre. Le voleur contracta les muscles de ses cuisses pour assurer sa position et il entendit le pirate ricaner de sa posture. Il serra les dents et lui renvoya un regard noir, Hyunjin était insupportable. Minho sentit les différentes paires d'yeux le suivre jusqu'à la barre située sur le pont supérieur, cette esplanade un peu en hauteur qu'on appelait aussi tillac. Il se souvenait avoir entendu des marins en parler alors qu'il attendait une nouvelle victime pour ses larcins. Il n'avait pas imaginé un jour se retrouver sur une telle structure et encore moins dans cette situation.
— Cap' !
Hyunjin interpella deux hommes en discussion et celui le plus richement vêtu lui adressa un regard sévère. Ce dernier abandonna la barre aux mains de son interlocuteur et rejoignit les nouveaux venus en quelques rapides enjambées.
Minho déglutit en se sentant être détaillé des pieds à la tête sans qu'aucun mot ne soit prononcé. Il ne savait pas s'il était censé prendre les devants ou au contraire attendre que le droit à la parole lui soit accordé. Il ne connaissait pas les pirates qui l'avaient emmené, il n'avait donc aucune idée de leur objectif et ce qu'ils pouvaient bien espérer de lui. Ce manque d'informations jouait cruellement en sa défaveur. La profondeur du regard du capitaine sur lui le mit mal à l'aise et une expression de colère traversa le visage du forban quand il détailla les traits de Minho. Celui-ci se renfrogna. Il ignorait qu'il pouvait être aussi déplaisant à regarder.
— Suis-moi. Hyunjin, retourne à ton poste et ne viens pas me déranger.
Le voleur fut à nouveau traîné sur les différents pontons jusqu'aux quartiers du capitaine. La richesse de la décoration, les cartes sur l'imposant bureau et le tricorne orné d'une plume imposante ne laissaient aucun doute sur la place hiérarchique de l'occupant des lieux. Minho s'assit, le dos raide, quand l'autre lui grommela de le faire. Le fait que le flibustier ne quitte pas son visage des yeux le mettait mal à l'aise.
— Je ne m'encombre habituellement pas de prisonniers, ils sont une bouche de plus à nourrir et n'ont pas de compétences intéressantes sur un navire, alors pourquoi est-ce que j'ai fait une exception pour toi à ton avis ?
Le capitaine se mit à lui tourner autour, comme un rapace, et Minho sentit une goutte de sueur couler le long de son front. Il ne comprenait rien à ce qui se passait depuis son réveil et il détestait les devinettes. Il serra les doigts sur son pantalon sale et baissa la tête. Il se détestait de devoir s'incliner de la sorte devant un criminel qui ne valait pas mieux que lui.
— Je ne sais pas... monsieur, ajouta-t-il du bout des lèvres.
— À quoi je m'attendais, souffla le pirate, tu n'es qu'un voleur.
— Vous faites la même chose que moi, vous avez simplement des armes en plus, grinça Minho sans pouvoir se retenir.
Il n'avait jamais volé par plaisir, simplement pour survivre, à la différence de ces forbans. Il refusait qu'ils se pensent meilleurs que lui alors que dans le fond ils étaient tous des hors-la-loi pour le royaume. Les yeux du pirate s'écarquillèrent légèrement avant qu'un rire profond vienne secouer sa large carrure. Minho se tendit, prêt à recevoir une punition pour avoir répondu, mais rien ne vint. Le capitaine était bien trop occupé à rire pour se soucier de le punir.
— Intéressant, dire que je pensais avoir mis la main sur un faible d'esprit. Tu es... intéressant. Quel est ton nom ?
— Minho.
— Enchanté Minho, sourit froidement le pirate, et bienvenu sur le Crimson Demon, mon bâtiment. Je suis le Capitaine Chan, retiens le bien, car tu vas rester avec nous un moment.
— Je ne veux pas, laissez-moi repartir. Je ne dirai rien sur vous à personne, je vous le promets.
— Oh je te crois, ce n'est pas comme si tu pouvais le faire. Tu ignores tout de nous, tu n'aurais aucune information intéressante à donner, mais surtout, je n'ai pas souvenir de t'avoir demandé ton avis. Ce n'était pas une question, simplement une information.
Le voleur serra les dents et darda un regard furibond sur le flibustier. Il n'avait rien de valeur, aucune compétence ou argent, alors pourquoi s'embêter avec lui. Un rictus carnassier souleva le coin des lèvres du capitaine qui attrapa le menton de Minho entre ses doigts. Le jeune homme étouffa un grognement de douleur en tentant de se soustraire à la poigne solide, Chan resserra sa prise pour le rendre incapable de bouger.
— C'est douloureux, grogna Minho.
— Mes excuses Milady, ricana l'homme sans le relâcher.
Il continua à l'observer sous toutes les coutures avant d'accepter de desserrer ses doigts. Le jeune voleur se massa la mâchoire endolorie, ses yeux noirs maudissant son vis-à-vis. Le capitaine ne lui accorda plus d'attention et reprit comme si de rien était. Minho jeta un regard derrière lui, prêt à s'échapper s'il en avait l'occasion. Le forban coupa court à ses rêves de liberté.
— Si tu passes cette porte, mes matelots se feront un plaisir de te... maitriser, mais si tu es prêt à perdre un bras ou une jambe vas-y. Je n'ai pas besoin que tu aies tous tes membres. Sinon tu peux aussi m'écouter, obéir, et peut-être que tu ne dormiras pas à la cale avec un boulet au pied.
Minho frissonna à la menace et quitta la porte des yeux. Au moins il avait la confirmation que sa présence était importante pour le capitaine, ce qui lui permettait peut-être une certaine marge de manœuvre. Il n'avait pas été instruit, mais la vie dans la rue lui avait appris que celui qui possédait avait un avantage non négligeable sur celui qui désirait la chose possédée.
— Je ne sais pas ce que vous, les pirates, vous voulez de moi, grogna Minho en se redressant, mais peu importe ce que c'est je ne dirai et ne donnerai rien sous la menace. Je préfère encore mourir qu'être contraint à faire quelque chose que je ne veux pas ou si je n'ai pas de bénéfices.
— Je me doute, ricana le capitaine, après tout tu n'as pas hésité à te jeter dans la mer juste pour éviter de donner à Hyunjin ce qu'il était venu chercher. C'était... divertissant. Pour une fois il n'avait rien à répliquer, chose suffisamment rare pour être mentionnée. Mais, reprit-il plus froidement, tu as quelque chose qui m'appartient et que je veux récupérer. Malheureusement, je ne peux pas le récupérer sur ton cadavre ce qui aurait été pourtant bien plus simple alors je dois m'encombrer d'un passager indésirable. Ton avis ne m'importe pas, je veux « l'Oeil de la tempête ».
L'image de la perle scintillante qu'il avait trouvée dans la ruelle s'imposa à son esprit, tout comme le fait qu'il était tombé dans les flots en la tenant à la main. Elle devait être échouée au fond de l'océan ou rejetée sur une plage à l'heure qu'il était. Un frisson parcourut son échine alors qu'il comprenait qu'il n'avait en réalité plus de monnaie d'échange pour s'assurer d'avoir la vie sauve. Minho déglutit et baissa le regard vers ses mains tremblantes. Il était fini pour de bon cette fois, sa chance s'arrêtait ici.
— Ce joyau... je ne l'ai plus, souffla-t-il difficilement, il a dû tomber dans l'océan.
Chan l'observa un instant avant d'ouvrir un tiroir pour en sortir un bout de verre réfléchissant. Il s'approcha de Minho et le lui fourra dans les mains avant de se positionner derrière lui. Les doigts de Chan s'enfoncèrent dans les épaules du voleur qui grimaça de douleur.
— Regarde-toi.
Minho s'exécuta et positionna le miroir devant son visage. Ce dernier perdit brusquement de ses couleurs et le voleur leva sa main libre pour toucher la zone juste en dessous de son œil gauche. Sa pupille était toujours aussi noire, mais l'iris, à la place du brun habituel, était teinté d'un blanc scintillant irréel.
— Tu n'as pas « l'œil de la tempête », susurra Chan à son oreille, tu es « l'Œil » Minho.
Nda :
Hello ! Minho ne comprend pas grand-chose à ce qui lui arrive mais il est sûr d'une chose : il est dans la galère mdr J'espère que ce début d'histoire vous donne envie et je vous retrouve la semaine prochaine pour la suite <3
Je devais poster ce chapitre hier, mais j'ai eu un contretemps, désolée !
Dalion~ Kiss :3
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