— Oh tiens donc ! Ce ne serait pas là Judas ? Je croyais que tu t'étais déjà pendu ! lâchai-je en tirant violemment sur l'élastique retenant ma queue de cheval.

— Je vais lui exploser la gueule, à cet espèce de lâche ! siffla-t-il entre ses dents. Je viens de lire l'article. Comment a-t-il osé ?

— Je crois que tu es mal placé pour le juger...Zayne ! tonnai-je, en appuyant sur son nom.

— Oh non non non Mérédith, ricana-t-il, j'ai peut-être été jaloux et ça m'a poussé à faire des conneries que je regrette ; mais jamais je n'ai fait ça à une femme, je n'ai jamais trompé une femme Mérédith !

— Pour moi ça revient au même Zayne. S'il te plait, j'ai envie d'être seule, peux-tu t'en aller ?

Il me lança son regard « tu sais, je te comprends... », celui que je détestais plus que tous les autres. «Va-t-en Zayne, s'il te plait !»

— Tu joues la dure Mérédith, mais on ne me la fait pas à moi... murmura-t-il en approchant vers moi. Tu aimais Jack... et il t'a trompé.

— Ça n'a pas d'importance Zayne, râlai-je. Va-t-en s'il te plait ! Je sentais mes yeux s'humidifier. Qu'est ce qui m'arrivait ? pourquoi avais-je l'impression que je pleurais ? Je n'en avais rien à foutre, que Jack m'ait trompé, pourquoi mon cœur palpitait-il aussi douloureusement ? va-t-en Zayne ! éclatai-je, au moment ou il m'entoura de ses bras frêles mais si accueillants !

— Si, ça a de l'importance...

Je pleurais, je sanglotais, consumée par la voracité de ma tristesse. Va-t-en, continuai-je de psalmodier, en essayant de me libérer de son étau qui pourtant, je l'espérais, se resserrerait un peu plus sur moi.

— Je n'irais nulle part Mérédith, tonna-t-il sans flancher, sans se relâcher.

J'avais mal. J'avais vraiment mal. Tout s'emballait, tout se gâtait. J'étais maudite, il ne pouvait en être autrement. Mon meilleur ami était amoureux de moi, mon petit ami m'avait trompé avec ma pire ennemie, et Adam était fauché et dormait dans la rue. Franchement, que pouvait-il m'arriver de pire ? personne ne méritait autant de problèmes !

— Zayne... c'est trop tard... c'en est trop pour moi, je suis déchirée ! Je voulais crier, me révolter, me noyer, m'écraser, souffrir et guérir de mes blessures. Je voulais être libérée de ce fardeau. Je détestais ça. Cette sensation d'être seule au monde, incomprise de tous, comme une statue qu'on admirait sans savoir qu'elle était destinée à s'effondrer bientôt.

— Je suis là Mérédith. Fais-moi confiance, je suis là. Laisse-toi aller.

Si seulement c'était facile Zayne, si seulement. Si seulement je pouvais continuer à prétendre que j'étais à l'épreuve des trahisons, que ce n'était qu'une illusion... si seulement je pouvais aimer, être aimée, sans que cela implique de se donner ou de ne pas se donner entièrement. L'amour n'était pas libre, l'amour était une prison, une lame qui me déchirait...

Ce jour-là, mon meilleur ami et moi passâmes la journée au ponton, à regarder l'eau scintiller comme des perles de diamants qui flottaient vers l'horizon. Il avait une guitare posée sur ses genoux, nos pieds pataugeaient dans l'eau exaltante, et nous chantions à nos amours impossibles...

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PUBLICATION TOUS LES JOURS