Je regardais la brune sans savoir ce qu'elle voulait par la dire. Ou voulait-elle me conduire ? je ne savais pas vraiment si j'étais finalement prêt a aimer de nouveau. Je le voulais pourtant, de tout mon cœur. Mais mon cœur était déjà pris, volé, emporté.

- Allez, suis-moi ! ordonna-t-elle, un large sourire sur ses lèvres. Un nouveau vent frais nous frappa d'un coup, ce qui lui fit instinctivement s'entourer les bras de ses mains. Ses cheveux s'ébouriffèrent, mais même malgré son air déglingué, elle paraissait toujours la plus belle sur toute la plage. Je retirai immédiatement mon blouson de cuir noir, que je posai sur son épaule. Elle me regarda droit dans les yeux et s'approcha de moi.

Elle posa ses mains sur mon torse et, je ressentis à travers mon tricot bordeaux, des milliers d'étincelles brûlantes, grésiller dans mon ventre. Elle se hissa sur la pointe de ses pieds et posa un baiser sur mes lèvres, avant d'inspirer une nouvelle volute de cigarette.

- Je crois que tu en as suffisamment pris ! opinai-je en lui retirant la tige blanche entre les doigts. Je l'écrasai sous mon pied, ignorant la moue triste que m'offrit ma dulcinée.

- Dans ce cas, répondit-elle en se collant contre moi, laissons donc les petites cigarettes et, passons aux gros cigares ! je sentis instantanément ma verge reprendre du volume sous mon pantalon et, je craignais que tout le monde sur la plage s'en rende compte, qu'elle s'en rende compte. Mes joues s'empourprèrent. Allez, viens ! m'exhorta-t-elle en faisant demi-tour.

Elle se mit à avancer en sautillant comme une gamine, chantant la musique I Gotta Feeling de Black Eyed Peas, comme si le monde lui appartenait et la vie était belle. J'aimais ce petit grain de folie qu'on ne retrouvait que très rarement chez elle. Elle avait quelque chose en elle qu'elle cachait, qu'elle ne dévoilait pas toujours, quelque chose que lui avait toujours dévoilé.

Je fus captivé par son déhanché de folie, accentué par son slim jean pourpre qui tanguait au rythme de ses pas. La lune avait fait son apparition dans le ciel momentanément libéré de ses nuages. Quelques étoiles regardaient elles aussi, fascinées, la petite fée joyeuse qui avançait comme une enfant vers un lieu que je ne connaissais pas. Nous empruntâmes un sentier abrupte, qui l'obligea à réduire son accélération.

Elle garda une main sur les flancs des rochers que nous dépassions et, je commençai à me demander si elle savait où elle m'amenait ou, elle était juste guidée par la fumée brumeuse qu'elle venait d'exhaler. D'ailleurs, je me demandais pourquoi je lui avais laissé l'occasion de le prendre. Et si elle en devenait dépendante ? La nuit noire ne facilitait pas notre avancée. Je suivis du regard une pierre qui dévalait la pente abrupte dans la pénombre et déglutis péniblement.

- Ou...ou va-t-on Mérédith ?

- Ne me dites pas...le grand Adam aurait-il donc peur ? Je croyais que les hommes, ils devaient être courageux ! se moqua-t-elle. Son défi fut tout ce qu'il me fallait pour continuer à suivre ses pas. Au loin, j'entendis une belle mélodie de violons s'élever dans la nuit.

Bientôt nous arrivâmes devant un ponton. De petites guirlandes clignotantes dorées avaient été alignées sur les deux bordures du vieux pont. À son extrémité, une belle table ronde avait été dressée, avec un immense candélabre doré qui était éteint. Sur la nappe blanche, reposait deux couverts d'argent, ainsi que deux flûtes et une bouteille de gin. Une radio posée en dessous de la table diffusait une symphonie qui sublima encore plus le spectacle.

- Ils ont dit à la météo qu'il n'allait pas neiger ce soir, réfléchit Mérédith, encore sous l'effet de la nicotine. Il a intérêt à ne pas neiger, sinon ils vont avoir des nouvelles de Mérédith May !

- Même s'il venait an neiger, concédai-je, cette soirée serait toujours aussi magique avec toi. Elle me sourit, me prit la main et nous traversâmes le pont de bois, jusqu'à la table ronde. Soudain, Mérédith parut déconcerté. Un soucis se présenta à elle, qu'elle n'avait apparemment pas prévu...