32. TIME TO SAY GOODBYE
—Je te dérange, mon petit chéri ? La voix douce de madame Wayne brisa le silence morne que mon départ avait occasionné entre les quatre murs de la bâtisse, alors que sa tête apparaissait dans l'entrebâillement de la porte.
—Non Dolly, entre je t'en prie ! Je disais juste au revoir à cette belle chambre qui...va me manquer...
— Oh, n'exagère pas, ricana-t-elle tristement en s'asseyant auprès de moi, je suis sûre qu'elle n'est pas plus grande que la tienne !
— Dolly, je tenais vraiment à te remercier de tout ce que tu as fait pour moi, susurrai-je, la gorge complètement étranglée et les yeux vitreux de larmes. Je suis désolé, je suis...ému, je...
— Oh je t'en prie Adam, balaya-t-elle d'un coup de main, c'est moi qui devrait te remercier, j'ai dû te ballonner le ventre avec toutes mes recettes qui étaient...
— Qui étaient délicieuses...
— Tu es vraiment quelqu'un de bien, je suis contente de t'avoir rencontré. Cela me rassure de savoir que Zayne a quand même de bonnes fréquentations. Je la gratifiai d'un sourire, en essayant de tout mon mieux, de garder fermées les barrières retenant mes larmes. Adam... j'ai un service à te demander...
— Tout ce que tu veux Dolly ! répliquai-je comme une évidence.
— N'abandonne jamais Zayne...il ne le montre peut-être pas, mais il tient beaucoup à toi...je ne l'ai jamais vu autant heureux qu'il l'a été ces derniers jours en ta présence... je repensai à Zayne, et mon cœur se serra encore plus. Je m'étais attaché à ce mec si rapidement que cela me faisait peur. Il avait un grand cœur et une belle âme. Avec tout ce qu'il avait déjà fait pour moi, jamais je ne pourrais l'abandonner...jamais...
— Dolly, jamais je le ferai, vous avez ma parole ! Aussi longtemps que le soleil brillera dans le ciel, je m'efforcerai à faire ce qui est juste pour votre fils Zayne, mon ami...
La voiture de monsieur Wayne se gara devant la maison, et nous sûmes tous les deux qu'il était temps. Dolly se leva et refit nerveusement le nœud de son cardigan en laine bleu azur.
— Bon je crois que...qu'il est temps non ? gémit-elle, je t'ai fait un panier gourmand, j'espère qu'il te plaira, laisse-moi te l'amener.
— Dolly ! l'appelai-je in extremis avant qu'elle ne traverse le pas de la porte. Merci beaucoup, je vous aime vraiment... elle se retourna et accourut vers moi. Elle me sauta dessus et m'enlaça férocement, gémissant et sanglotant. Je devinai qu'elle n'avait plus pu se retenir longtemps, et que moi aussi je ne tarderais pas à lâcher...
Je lui rendis son étreinte, enfournant mes narines dans la blondeur dorée de ses cheveux, comme un soleil qui avait brillé dans ma vie tout ce temps où j'étais dans cette famille, heureux comme je ne l'avais jamais été.
— J'ai fait ajouter quelques aménagements dans ta cabane, j'espère qu'ils te plairont !
— Mais comment... bégayai-je, comment avez-vous...
— Tu n'espérais tout de même pas pouvoir me le cacher, mon garçon, sourit-elle à travers ses larmes en me pinçant les joues.
— Je suis désolé, je... elle me fit taire d'un coup de main et essaya de tirer ma valise à l'extérieur, avant que je ne l'en empêche pour le faire moi-même. Zayne entra lui aussi dans la chambre, alors que sa mère en sortait. Il me regarda, un sourire triste plaqué aux lèvres. Je lui rendis son sourire.
— T'es sûr que tu ne peux pas rester jusqu'à la nouvelle année ?
— Je ne vais pas dans une autre ville, Zayne ! ricanai-je pour m'empêcher de chialer. Tu sais où je vis, et tu es le bienvenu chez-moi, toujours... pour seul réponse, il me sauta également au cou et me serra très fort contre lui. Toute cette affection, tout cet amour...je n'avais jamais expérimenté cela. C'était d'une délicieuse douceur, si délicieuse que j'avais peur d'en devenir accro.
— Allons-y, mon père va te raccompagner... opina l'albinos, en ressortant avec ma valise.
— Je suis à quinze minutes d'ici ! C'est vraiment nécessaire, Zayne ? me moquai-je ouvertement, sur ses pas.
— Que veux-tu que je te dise ? répliqua-t-il, il a insisté !
Les adieux faits, je montais dans la voiture avec monsieur Wayne et la voiture démarra en trombe sur la route saupoudrée de flocons. Et alors que la musique Time to say Goodbye envahissait la voiture, je me retournai et cru voir quelque chose que je préférai effacer de ma mémoire, croyant être tiré de mon imaginaire...
Je n'eus pas à expliquer le trajet à monsieur Wayne, que déjà en quelques minutes il se gara devant la rue terreuse menant à ma cabane. Il savait donc lui aussi que j'habitais au fond de ce parc, dans l'obscurité et le dénuement.
— Je suis vraiment désolé monsieur Wayne, j'aurais dû vous le dire plus tôt mais je...
— Tu ne vas pas te tracasser pour ça, mon grand ! C'est vite oublié. Il coupa le contact et me regarda droit dans les yeux. Quand ma femme a appris qu'elle ne pourrait jamais enfanter, elle ne supportait pas qu'on le dise aux gens autour de nous. Nous sortions différentes sortes de prétextes pour garder ce secret. Elle ne supportait pas qu'on ait pitié d'elle, ou qu'on la regarde avec condescendance.
S'il y a des gens qui peuvent comprendre ta situation, c'est nous, Adam... je sais que tu avais défendu Zayne de tout nous raconter sur toi, mais il l'a fait. J'ai compris que la chose la plus importante pour toi était cette maison, et que c'est la seule chose que t'a laissé ton père. J'acquiesçai.
Il m'a aussi parlé du démêlé que tu as avec le maire à propos de cette cabane. Il prit une pause pendant laquelle je sentis mon pouls accélérer. Et si les travaux avaient mis en alerte monsieur Banks et qu'il prévoyait de revenir à la charge pour me priver de ma maison et m'envoyer à la rue... je t'avais déjà dit que je suis un avocat privé, et que j'ai bâti mon empire sur des affaires remportées et un panel fait exclusivement de victoires.
Parmi les gens que j'ai défendus, justement monsieur Banks y est compté... il me doit beaucoup et, je crois que je peux le convaincre de laisser tomber son projet de nouvelles routes... m'assura-t-il en un clin d'œil.
— Vous...vous êtes sérieux ? m'estomaquai-je, les yeux exorbités.
— C'est comme si c'était déjà fait ! me garantit le géant en sortant de son pick-up, suivi de moi. Il m'accompagna sur le sentier désert à cette heure de la journée, et nous traversâmes ensemble les futaies qui dissimulaient de part et d'autres ma cabane complètement rénovée...
∅∅∅
PUBLICATION TOUS LES JOURS
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