Mon attention s'était portée sur la mode homme. J'inspectais T-shirt, jeans, bombers, sweat à capuches, baskets et autres articles, guidée par une seule question : comment serait-ce sur Adam ? Certains auraient dits que j'étais folle, et peut-être avaient-ils raison. C'était de la pure folie de passer au crible des vêtements aussi coûteux, tout en les imaginant sur un SDF !

— Si ça continue, je pourrais penser que tu veux te travestir ! plaisanta Zayne, en me suivant du regard. Il n'était pas le moins du monde intéressé par les fringues sur les mannequins de plastiques, ne levant les yeux de son téléphone que de temps à autres. Décidément, la mode féminine était sa préférée.

Connaissant mieux mon ami, il allait piquer une nouvelle crise, s'il apprenait que je comptais offrir l'un de ces vêtements à ce SDF avec qui j'avais dansé le jour du Summer Day, sous le soleil de midi.

Il n'allait pas me comprendre, car moi non plus je ne me comprenais pas. Ça devait être une manifestation de la malédiction ou du stress post-traumatique ! Ça ne pouvait être autre chose ! Penser à l'un de ces individus, dormant dans la rue ; sales ; sentant la pisse et l'alcool ; toujours en train de fumer, ou de boire... comment pouvait-on fantasmer sur un homme pareil et se prétendre saine d'esprit ?

« Mais Adam est différent ! » protesta une petite voix dans ma tête. Comment pouvais-je en être sûre ? Et pourquoi d'ailleurs ? Ce gars m'horripilait ! Il représentait tout ce que je détestais. Mes actions étaient en contradiction avec mes réactions. Mais bon...il n'y avait pas que les mecs qui avaient le droit d'offrir des cadeaux aux femmes, me convainc-je intérieurement, comme pour excuser ma bévue.

— Sérieux ? s'étourdit Zayne. Tu vas vraiment t'habiller en homme ?

— Non Zayne, t'es bête ! continuai-je dans sa lancée. C'est pour...un ami. Il hocha la tête, peu convaincu.

—Bien il doit être chanceux, ton ami, pour que tu dépenses...sept cent soixante cinq euros dans des vêtements, pour lui, souleva-t-il en lisant sur l'afficheur de la caissière, une pointe de jalousie dans sa voix, que je fis semblant de n'avoir pas remarqué.

Je réglai la facture et prétextai des vertiges, pour que Zayne me ramène chez moi. En vérité, il ne fallait pas qu'il sache ou je vais, ni pour qui était destiné ce paquet.

Le soleil était déjà bien descendu dans le ciel, lorsque la Mustang rouge se gara devant le chalet. Je me précipitais à l'intérieur, menée uniquement par mon désir de rendre le rêve Adam réel.

— Meredith ! cria Zayne en sortant aussi de sa voiture. Je m'arrêtais sur le palier et me retournais vers lui. Et notre conversation ?

— Zayne...demain, promis ! je ne me sens pas très bien, j'ai besoin de me reposer.

— Je peux te tenir compagnie si tu...

— Non Zayne ! le coupai-je. Je m'en voulu immédiatement, d'être si dure avec lui. S'il te plait, j'ai besoin d'être seule. Il hocha tristement la tête, et remonta dans sa bagnole qui s'éloigna puis disparu dans un virage.

Je jetai un coup d'œil à ma montre, il était seize heures. J'avais encore du temps, remarquai-je avec soulagement. Sauf qu'il fallait que j'atteigne le parc sans me faire remarquer, ni suivre par des paparazzis. Que faire ?

À l'intérieur j'étais en sécurité, car ces charognes n'en étaient pas encore arrivés au point de pénétrer par effraction chez moi. Mais à l'extérieur, j'étais vulnérable. Comment faire ? une idée éclaira mon esprit. Je jetais un coup d'œil au paquet que je tenais en main et un sourire malicieux s'esquissa mon visage. Comment me poursuivraient-ils, s'ils ne me reconnaissaient pas ?

— Zayne, tu es un génie, murmurai-je, plus pour moi-même que pour quiconque d'autre...

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