Le liquide brûlant m'arrache un hurlement horrible. 

— Je vais te tuer, je vais te tuer, crois-moi, je vais te tuer ! psalmodié-je, alors que quelques larmes ruissellent sur mon visage.

— Tue-moi, hurle-t-elle sur le même ton de douleur. Torture-moi, vas-y ! Mais sache qu'aucune douleur, aucun châtiment, ne sera au-dessus de celui que ta trahison m'a infligé !

— Dégage de ma vue, Taspé ! je te hais, Leila. Je te hais ! aboyé-je. je te hais comme pas permis.

— Va crever en enfer, brame-t-elle en s'éloignant de moi, le visage déformée par la rage. Elle me balance le dernier beignet dessus, mais celui-ci finit par s'écraser dans l'eau des égouts.

— Et dire qu'il fut un temps où je t'aimais ! elle s'arrête net, puis se retourne contre moi. Mon Dieu, quelle abomination !

— Tu l'auras voulu, souffle-t-elle en approchant de moi. Tu viens de réveiller mon côté maléfique, Adam Traviss. Et la dernière chose que tu feras sur cette terre, sera de regretter ton acte.

— Ma dernière action sur cette Terre sera de te maudire, poupée. Elle hurle, en même temps que son poing me matraque le visage. J'en ai le souffle coupé. Leila est l'une de ces meufs à qui il est impossible de dire qu'elle frappe comme une meuf. 

Ses coups sont presque aussi puissants que ceux d'un homme, elle frappe même plus fort que Zayne ! mon visage lui sert de punching-ball. Sans répit, elle continue à me frapper. Mon sang commence à me brouiller la vue. 

Mais elle ne s'arrête pas. Un coup après l'autre, elle me fait perdre toute notion de temps et d'espace. Je sens l'une de mes dents se briser, puis s'arracher avec un morceau de ma gencive. J'ai bien envie de hurler, mais mon ravisseur ne m'en donne pas le temps. 

Alertés par les bruits, Black Kid surgit du couloir et se précipite vers Leila. Il l'enserre de ses mains, en lui ordonnant de se calmer. Mais elle est dans un état second. Moi non plus je ne l'avais jamais vu ainsi. 

Elle hurle à s'en déchirer la gorge, essaie de se libérer, elle se débat comme une lionne, alors qu'il s'éloigne avec elle. J'ai le visage tuméfié, mes yeux sont tous gonflés. Elle n'y est pas allée de mains mortes.

Peu de temps après, Black revient vers moi, tout en sueur. À travers les caillots de sang sur ma rétine, je le vois approcher à grands pas. Lorsqu'il arrive à ma hauteur, il m'assène un autre coup qui me fait vaciller. J'ai l'impression que ma tête va exploser. 

Je toussote violemment. Un crachat ensanglanté s'extirpe de ma bouche, puis atterrit dans la flaque d'eau souillée autour de nous. C'est définitif, je vais mourir ici.

— Y a quoi q'te passe par la tête, nombo ? hurle Black. T'es grave tébé, toi !

— C'est pas moi qui trahis son pote, haleté-je, son frère même...

— Je ne t'ai pas trahi, putain ! Leila allait juste un peu de punir, puis te relâcher ! Il se frotte les cheveux, en faisant des va-et-vient dans la pièce humide. Mec, tu viens de te foutre dans un blempro de ouf, t'as pas idée de la demer dans laquelle tu t'es terré ! causer un garba à Leila, c'est comme causé une garba à Lucifer ! cette meuf est cinglée, poteau !

— Ne m'appelle pas poteau, fulminé-je, on ne trahit pas ses poteaux ! Au contraire, on les protège ! On les protège, Black !

— Et tu crois que c'est grâce à qui que tu es encore vivant jusqu'à maint'nant ? Ta meuf avait prévu de te saigner, nombo. Te saigner ! alors vient pas me dire que je suis pas un bon poteau. Si t'as pas encore clamsé, c'est grâce à moi. Et je vais te dire, nombo, tonna-t-il gravement. Provoquer cette femeu est la plus grosse erreur que tu pouvais faire. Elle va te faire vivre un enfer, comme pas permis.

— Parce que tu crois que je suis au paradis ? hurlé-je.

— Si tu penses que ça c'est l'enfer, tu vas te chier dessus face a la Leila de maint'nant. Et tu ne pourras t'en prendre qu'à toi-même, nombo. Puis il se dirigea vers le couloir, mais avant de disparaitre, il me lança un dernier regard.

À toi-même...