22. LIFE FOR RENT (3)
Il disparait par la porte, et je donne libre court à mes larmes. Je m'étais promise de ne pas pleurer, mais comment ne pas ? Je m'étais encore faite avoir. J'avais fait confiance, et la récompense était une tentative de viol. Qui pouvions-nous croire, dans un monde aussi insensé que le notre ?
A qui pouvions-nous donc faire confiance ? j'entame la chanson Life For Rent de Dido. Les sons s'évertuent à sortir tout doucement de ma gorge brisée. Je suis brisée, il m'a brisé. Je suis comme une étincelle, jetée dans un monde froid. Et tout le monde essaie de me tuer.
Ils essaient tous de me détruire, de me faire me sentir moins que rien. Parce qu'avant j'étais Mérédith May, ils ne me supportent plus. Que me reste-t-il, s'il m'enlève tout ? Que suis-je, s'ils m'enlèvent tout ? Déjà que je n'ai plus rien, déjà que je ne suis plus rien...Pourquoi veulent-ils faire de moi une moins que rien ? J'avais une fois de plus confiance, je m'étais une fois de plus trompée...
Ma vie ne m'appartient plus. C'est une vie à louer. Une vie de rêve que je ne peux plus m'acheter. Et si je ne m'évertue pas à reprendre le contrôle sur cette vie qui m'échappe, tout ira de mal en pis. Je ne reconnais plus rien. Je ne me reconnais plus. Peut-être, mérite-je tout ce qui m'arrive...
Le lendemain, alors que je n'ai pas fermé l'œil de la nuit et je m'apprête déjà pour aller sur le plateau de tournage, Igor s'introduit dans ma chambre. Il congédie la maquilleuse, à qui mon soudain malaise n'a pas échappé. Le soleil s'est à peine levé, et on entend des klaxons lointains et des voitures filer vers l'horizon. Igor me tend un plastique bleu sombre. Je le prends, d'un air inquiet.
— C'est une tentative pour faire pardonner ton humiliation d'hier ? lui craché-je, en terminant moi-même la tresse que ma coiffeuse avait entamée.
— Je n'ai rien à me faire pardonner.
Je déglutis. Comment peut-on être salaud à ce point ? et pourquoi je n'attire que ça, des salauds... j'ouvre le sac, et en retire une sorte de gaine abdominale noire. Je lève un regard incrédule vers Igor, en secouant vigoureusement la tête. des spasmes traversent mes mains.
— Tu n'as pas le choix, Mérédith.
— Je ne peux pas enfiler une gaine, Igor. Ça..ça sera trop douloureux.
— Cette grossesse ne respecte pas le contrat. Mon père est capable de couper tes paies à cause de ça. Tu veux retourner au point de départ ?
— Je ne veux pas tuer mon enfant.
— Tu n'es ni la première, ni la dernière à enfiler une gaine ! Il me l'arrache des mains, et s'approche de moi d'un air menaçant. Je tremble sur ma chaise. Grandis un peu, Mérédith !Tu pensais que le monde du cinéma était fait d'anges jouant aux violon ?
— S'il te plait...trembloté-je.
Il se faufile derrière moi et enfile la gaine autour de mon ventre. Il la serre, et je gémis de douleur. Il serre encore. Et encore. J'ai l'impression que mon enfant se debat dans mon ventre. Je sens mon estomac remonter vers ma poitrine, et une larme coule sur mon visage. La gaine s'est littéralement enfoncée dans ma peau.
— Voila, parfait ! soupire Igor. Il se dirige vers la sortie, alors que moi je suffoque de douleur.
Je ne suis pas sûr de pouvoir tenir...
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