Un mauvais pressentiment m'étreigne les côtes, et je sens mes pieds trembloter. Quelque chose de pas net se passe. Il a raison, je ne me suis pas trop attardé sur ce contrat. Qu'est qu'il me cache ? Je me retourne vers le café. Brain est entouré de plusieurs fans, qui le félicitent de sa prestation.

Sans lui dire au revoir, je m'engouffre dans la soirée sombre, en direction du plateau de tournage. Ma loge est à proximité du lieu ou on tourne régulièrement, et je sais que mon contrat y est. Il faut que je vérifie quelque chose...

Je prends un taxi, et lorsqu'il me laisse dix minutes plus tard devant le lieu du tournage, je règle la facture et file vers ma loge. En tant qu'actrice principale, j'ai reçu la plus grande. Elle est magnifique, avec des murs aux tons pastels bleus et une table de maquillage en forme de demi-lune.

Un grand miroir me fait face, et j'y découvre une mine affolée. Je me précipite vers les nombreux tiroirs de mon lit, et ouvre le premier. Je vois le document sur lequel ma signature est apposée. c'est un simple format blanc, rempli de lignes noires. On a du mal à croire que ma vie repose entre ces lignes...

— Tu ne crois pas qu'il est un peu trop tard pour le lire ?

Je sursaute en poussant un léger cri. Lorsque je réalise qu'il ne s'agit que d'Igor, je me reprends et émet un sourire forcé.

— Tu me fais une mauvaise blague, c'est ça ? Il n'y a vraiment rien de louche dans ce contrat, si ?

— Ou étais-tu ?

Je me lève fièrement de mon lit à baldaquin rose, et lui fais face. Ses cheveux blonds n'ont jamais autant resplendi sous la lumière cru des ampoules. Ses mains sont nonchalamment enfoncées dans les poches de son pantalon fuschia, et des chaines dorées clinquent sur son cou.

— J'étais avec Brain, au bar à l'angle de la troisième avenue. Ça te pose un problème ?

— Oui, siffle-t-il, je t'interdis dorénavant de t'y rendre. Tu dois penser à ton image, l'image du film, de la marque.

— Et ma liberté. T'y penses, toi ?

— Tu y as renoncé quand tu as signé le contrat, réplique-t-il en souriant. Je crois qu'il serait temps que tu le lises, tu ne trouves pas ? (je déglutis) Mais avant ça, rends-toi sur le plateau, tu nous as déjà perdu une trentaine de minutes.

— Igor...l'arrêté-je, avant qu'il ne traverse la porte. Igor, tu ne me feras jamais de mal, si ?

Il se retourne à demi vers moi.

— Si tu fais tout ce qu'on te demande, je ne toucherais jamais à un seul de tes cheveux. Si en revanche tu essaies de te rebeller...je ne donne pas cher de ta peau...

Et c'est ainsi que la véritable descente aux enfers a commencé pour moi...