— Tu as une chanson en tête ?

— Je te laisse choisir, réplique-t-il sans plus lever le regard. Je salue le public et chauffe un peu la salle, comme j'ai appris de Brain. Mon téléphone vibre dans ma poche. C'est Igor. Je l'ignore. Que dirais-tu de Same Mistakes ?

— De One Direction ? Okay, ça marche.

Il joue quelques accords sur sa guitare, et le public commence à applaudir. Mon téléphone vibre encore. Je ferme les yeux. Le silence s'établit autour de moi. lorsque j'entame cette musique lourde de sens pour moi, je la sens vibrer en phase avec mes cordes vocales.

J'espère que Brain comprendra...que je ne veux pas avoir à gérer à nouveau cette situation. Je ne voulais pas perdre un autre ami, dans les gouffres infinis de l'amour. J'aimais Brain, mais pas comme ça. Je ne voulais pas rétablir les mêmes erreurs qu'avec Zayne, qu'avec Adam...je ne voulais pas le laisser croire des choses qui n'avaient pas lieu d'être.

Il fallait qu'il se réveille, il fallait qu'on se réveille tous deux. nous sommes le plus forts amis, pas amants. Et je dois me faire à l'idée que le seul homme que j'aime, c'est Adam. Je ne peux rien y faire...je ne dois plus reproduire la même erreur.

La musique vrombit, se répand dans la salle, et fait lever les foules. Ils crient, chantent en cœur avec moi. c'est incroyable, je n'ai rien perdu de mon talent. J'étais, et je reste Mérédith May. Lorsque je termine la chanson, une ovation implose dans la salle.

J'entends quelques verres se briser, même si personne n'en a apparemment cure. Une vielle femme essuie son visage ruisselant de larmes, avant de continuer à applaudir. Et je me souviens tout d'un coup, pourquoi je voulais tant chanter.

Soulever des émotions, relever âmes brisées, lever les mains vers le ciel. C'est pour ça que j'avais décidé de me lancer dans ce métier. Et en ressentant cette abondance d'amour chahuter pour moi, j'en viens à me dire que je suis prête à reprendre ce qui m'a été volé.

Ma voix, ma richesse, ma confiance en moi, ma maison, ma famille. Je reprendrais tout. Et je ferais couler autant de larmes qu'il faudra pour ça.

Lorsque je descend de scène, je sens encore mon téléphone vibrer contre ma cuisse. Je le sors, et vois s'afficher le nom d'Igor. Je lève un regard excédé vers le ciel, et prends l'appel.

— Bon sang, t'es où ? s'écrie-t-il. On doit tourner la sixième scène ce soir.

— De quoi tu parles ? lui demandé-je, en sortant du café. Le vent frais me frappe tout d'un coup, et je réprime un frisson. Le ciel s'est couvert de lueurs violettes, et il commence à faire sombre. Igor, mon contrat stipule que je termine à dix-huit heures.

— Ton contrat stipule que tu dois faire autant d'heures supplémentaires qu'on te le demande.

Je sens une onde d'électricité me parcourir de haut en bas, et mon enfant tressaute. De quoi parle-t-il ? Je n'ai rien vu de pareil dans mon contrat.

— Ça n'a aucun sens, Igor. Ce n'est pas le premier contrat que je signe, je sais quand même ce qui y était écrit.

— Tu en es sûre ?As-tu bien lu les petites lignes ?