— Salut, tout le monde. Aujourd'hui, je vais chanter avec une amie, elle s'appelle Mérédith May. Beaucoup d'entre vous la connaissent sûrement, pour ses célèbres tubes notamment ceux de son nouvel album Soulmate.

« N'hésitez pas à les acheter, je vous promets que vous serez transportés. Aujourd'hui, elle a généreusement accepté d'interpréter la chanson Shape Of You de Ed Sheeran avec moi. »

Je le regarde, les yeux écarquillés, alors que le public nous ovationne. Les premiers sons de la guitare me transportent instantanément. Pendant un instant, je me revois Mérédith May, celle que tout le monde connaissait, celle que tout le monde aimait.

Le public reste suspendu à nos lèvres, j'en ai des frissons. Je ne chante certes plus aussi bien qu'avant, mais je ressens chaque émotion, chaque vibration dans ma voix. Je ressens l'énergie couler en moi, je la vois presque illuminer les regards des spectateurs.

Putain, j'avais presque oublié cette sensation surnaturelle, magique et extraordinaire. Le naturel ne perd pas de temps avant de revenir au galop. Je m'empare du micro, et laisse ma voix se libérer. Elle a été si longtemps enchainée.

Quand les dernières notes d'agrément disparaissent dans les airs, le public explose en des applaudissements assourdissants. Des billets pleuvent sur nous. Mon cœur bat la chamade. Je sens cette excitation couler dans mes veines, je la sens m'emplir de l'intérieur et me recouvrir de l'extérieur. J'en suis tremblante.

Nous interprétons encore deux ou trois chants, avant que je ne m'éclipse sur scène. En tout, notre petit spectacle nous a rapporté deux-cent vingt-trois euros. C'est incroyable, tout simplement.

— Tiens, dit Brain en me tendant la moitié du fric. Je secoue vigoureusement la tête de gauche à droite. J'insiste, tu as tout autant gagné ton argent que moi, je n'ai pas le droit de prendre tout ça.

— C'est ton public, ton argent...

— Je n'avais jamais gagné autant en une journée. Mon plus grand gain s'élève à cent soixante-quatorze euros, avoue-t-il. Aller, prend-le Mérédith. Fais-moi plaisir...

— Si tu veux me faire plaisir, réponds-je du tac au tac, invite-moi à déjeuner...je meurs de faim. Il a un sourire en un coin, et hoche la tête.

— Je connais un coin sympa ou on pourrait se remplir le ventre...