Une goutte de sueur perle sur mon front. Je ferme les yeux. Personne ne me sauvera cette fois. Un sourire se dessine sur mes lèvres. Je mourrais aujourd'hui, mais je mourrais dignement. Tout est accompli. Je paierais pour mes torts, comme c'est le cas de tout le monde. Et je retrouverais Allen. Mon Allen.

Mais ma dernière pensée, c'est pour Mérédith, ma Mélinda. J'espère qu'elle dira à mon enfant que son père a vraiment essayé d'être un homme bien...j'espère qu'elle lui donnera mon nom, et qu'elle lui racontera mon histoire. C'est tout ce que je veux pour lui, pour elle, pour nous. Demain sera un autre jour, mais je ne serais pas là pour le voir.

Voilà ma dernière pensée, avant que le coup parte.

Aucune douleur, aucun trou noir. La mort est plus douce que ce que j'avais pensé. Tout est soudain calme autour de moi. J'essaie de bouger. Je suis toujours ligoté, et je ressens toujours ce liquide froid dans lequel je suis assis.

Putain, m'écrié-je intérieurement avant d'ouvrir les yeux, juste à temps pour voir un autre coup partir. Mais ce n'est pas Leila qui a tiré. Non, elle s'est effondrée, inconsciente, le ventre blessé et suintant de sang.

Derrière elle, Halphas est inerte, un trou dans le front. Bon Dieu, Fiona...elle est revenue...elle se précipite et coupe la corde qui retient Zayne, avec un couteau sorti de sa botte.

- Pourquoi tu es revenue ? bramé-je, alors que je sens mes propres liens se desserrer.

- Je vous ai promis qu'on sortirait d'ici ensemble. Je n'allais pas laisser ma sœur vous tuer, alors que vous m'avez sauvé de ses griffes.

Je me relève lentement. La sensation est étrange. J'ai l'impression de planer. J'avance d'un pas. C'est comme si je sortais d'un cercueil. Je m'étire, et me dégourdis les poignets rougis.

- Ça va ? tu peux marcher ? demande-t-elle à Zayne. Il hoche la tête, et me fixe d'un air dur avant de détourner le regard. Il faut qu'on sorte d'ici, les gardes de Leila ont dû être alertés par les coups de feu. J'avance et arrive à la hauteur de Leila. Son vêtement est trempé de sang, et ses yeux clos.

- Je suis vraiment désolé que ça se termine comme ça, murmuré-je avant de suivre Fiona qui aide Zayne à avancer.

Je m'empare de l'arme de Leila, et devance les deux autres. Nous avançons précautionneusement, suivant la faible luminosité. L'endroit est calme, on entend juste l'eau suinter des murs, et couler en gouttes régulières dans la marre à nos pieds.

- Premier couloir à gauche, halète Fiona, épuisée par le poids de Zayne. J'arrive au tournant, et me hasarde à jeter un coup d'œil. Il y a une rangée d'escalier qui monte, vers un endroit plus illuminé. C'est la sortie... une bouffée de soulagement m'envahit.

Le cauchemar est presque terminé...enfin, je vois la lumière au bout du couloir. Soudain, nous entendons le bruit de pas se rapprocher de nous. Mon cœur fait un immense bond. A la gravité du son, je devine que c'est le gros Saïd. Lui, je ne vais pas le louper.

- Avancez, ordonné-je aux deux autres, je vous rejoins.

Fiona obtempère, et presse le pas, en marmonnant des choses à Zayne. Je retourne sur mes pas. L'écho a disparu. Il s'est arrêté de courir. M'a-t-il repéré ? il n'y a qu'une issue au bout de ce couloir. Il ne peut pas utiliser l'effet de surprise.

J'avance lentement. Mes pas sont à peine des clapotis dans l'eau sale. Un pas...un autre. Mon cœur bat si vite que je n'entends plus rien d'autre autour. Soudain, Saïd surgit devant moi et tire avant que je ne le vois venir.