Un long silence s'établit dans la pièce miteuse et humide. Tous les regards sont posés sur moi. Je n'arrive pas à croire ce que je suis sur le point de faire. Mais il est temps que j'arrête de me comporter comme un narco.

J'ai pourri la vie de Mérédith, parce qu'elle essayait de m'aider. Je ne devais pas reproduire la même erreur avec Fiona. Cette dernière se relève péniblement, et étouffe un hoquet.

— Je t'écoute, sifflote Leila en croisant les bras sur son torse.

— Laisse d'abord Fiona s'en aller, tonné-je autoritairement. Mon ex esquisse un sourire machiavélique, avant d'ordonner à sa cadette de décamper.

— Si jamais je te recroise sur mon chemin, personne ne pourra te protéger. avertit-elle, alors que Fiona s'éloigne au pas de course. Alors gosbo, dis-moi donc...que faisais-tu dans ce putain de bar ? je sens mon cœur s'accélérer.

Je sais que Leila m'a promis de me tuer si jamais elle apprenait pour mes antécédents homosexuels. Mais après tout...méritais-je encore de vivre ?

— Le jour de notre rencontre, j'avais effectivement un rendez-vous...

— Avec qui ? tremblote Leila, le regard assassin.

— Avec un homme. Il s'appelait Allen. Son nom était effectivement sur ta liste...

— Et qui...était ce « Allen » pour toi ?

Je déglutis péniblement. Dans ma tête, je pèse le pour et le contre. Dois-je lui dire ? Est-ce nécessaire ? Est-ce que ça en vaut le coup. Tout mon corps me dit que non, mais une petite voix dans mon cœur, m'affirme que c'est la meilleure chose à faire.

Je dois m'assumer. Pour moi...pour Allen...pour Fiona, et Mérédith aussi. Il est temps que je dise au monde entier qui je suis. Et tant pis si c'est ma dernière action sur cette terre, tant pis si je me ferais haïr pour ça. Après tout, si je meurs et je me fais haïr, là-bas, dans l'au-delà, il y a quelqu'un qui m'attend et qui ne me détestera jamais.

— J'attends toujours, s'impatiente Leila en sortant un fusil de la poche arrière de son jean. Le regard de Zayne vacille d'elle à moi, mais il n'arrive pas à émettre le moindre son.

— Allen...c'était mon petit ami. C'était l'homme de ma vie. C'était l'incarnation de mon plaisir et la manifestation de mon désir. Allen...c'était l'amour au sens pur du terme. C'était un flic, moi un lascar. Mais t'aurais dû nous voir ensemble, c'était magique.

«Je sais que tu me tueras aujourd'hui, ici et maintenant. Mais tu ne gagneras jamais. Tu as perdu mon cœur, et me tuer ne changera pas les faits. Nos baisers avaient toujours le gout de la drogue, le gout du poison, de la mort...son haleine à lui, c'était de la menthe...la fraicheur d'une eau douce, aussi douce qu'il l'était lui.»

« Je ne me cacherais plus. C'est fini tout ça. ce n'est pas toi que j'ai trompé avec lui, Leila...c'est lui que j'ai trompé avec toi...je sortais avec lui bien avant que tu ne me voles ce baiser, ce foutu baiser qui m'a conduit dans ces souterrains infâmes ! mais crois-moi, Leila...ce que j'ai ressenti pour toi, ça n'atteindra jamais ce que je ressens pour Allen. Et bien qu'il soit mort, je ne cesserais jamais de ressentir ça pour lui. Voilà...»

— Crois-moi, gosbo...souffle Leila, quand j'en aurais fini avec toi, tu ne sentiras plus rien...