- Chapitre 2 : Une rencontre -
La fuite qui paraissait si bénéfique plus tôt, s'avérait de plus en plus compliquée. La pluie glaçait les os d'Hayato et le vent qui s'engouffrait, dans sa veste trempée et bien trop fine, le faisait frissonner. Il suivait un rythme de course totalement dérèglé. En même temps cela faisait plusieurs heures qu'il courait comme un dératé. Essoufflé, il s'arrêta au coin d'un mur, la capuche toujours bien enfoncée sur sa tête.
Kuso ... Ca s'avère plus compliqué que prévu on dirait ...
Il ne sent plus ses doigts et ses orteils, le froid est bien trop vif. Il serre les dents énervé, décidément, la chance ne lui sourit vraiment pas. Il continue sa route sans même savoir où il va, ralentissant de plus en plus le pas. Il lève la tête en plissant les yeux pour fixer le ciel sans lune.
Je me demande quelle heure est-il et où je suis exactement ... Je suis fatigué ...
Au bout de quelques pas, il s'arrête et s'adosse dans un espace plutôt étroit, entre deux murs. Il se trouve sous un rebord de fenêtre, la pluie ne passe pas. Il se laisse tomber en position assise. Il ramène les mains devant son visage et souffle dessus pour les réchauffer. Il ramène ensuite ses genoux contre sa poitrine.
- Aïe !
Il arrête aussitôt son geste et plisse les yeux pour essayer de regarder son pied. Une douleur lancinante l'a arrêté dans son élan. Il ôte sa chaussure et tente de voir quelque chose dans la rue sans lumière. Par chance, ses chaussettes sont blanches.
Pas de sang on dirait.
Ce doit être seulement une cloque qui s'est formée à force de marcher. Il soupire, remet sa chaussure et serre ses genoux contre lui. Il laisse sa tête tomber sur le côté sur ses bras croisés. Il est épuisé mais se doit de résister à son envie irrépressible de dormir. De un, il risquerait de mourir de froid, la température du corps se refroidissant au repos, de deux, l'organisation pouvait pointer son nez n'importe quand.
Chaque bruits le faisait sursauter, chaque mouvements, chaque lumières. La terreur qui coulait dans ses veines le tenait éveillé.
- Fuaaah ~ Cette nuit a été fatigante. Les courses poursuites c'est éreintant ...
Il sursaute pour la énième fois et se recroqueville un peu plus. Quelqu'un a baillé.
Qu'est-ce que ...
Il regarde avec horreur deux jambes apparaitre dans son champ de vision. Deux jambes revêtues d'un pantalon noir. Noir comme la couleur préférée de ceux qu'il avait fuis ... Le lycéen recule.
- Hum ?
Les jambes qui allaient continuer leur route s'arrêtent. Elles reculent puis s'arrêtent de nouveau. Hayato se mord l'intérieur de la joue pour ne laisser échapper aucun son. Un étrange silence s'installe.
- Oi ! Tu sais que je t'ai vu ... s'exclame une voix féminine d'un ton agacé.
Hayato, les yeux écarquillés, tremble de manière incontrôlable. C'est bon, ils l'ont retrouvés, ils vont le tuer sans ménagement ou le maltraiter afin que l'envie de s'échapper ne lui reprenne plus.
- Oi ! Tu m'écoutes ?!
La femme allume une lampe et la braque dans la direction du garçon. Il lève un bras devant sa tête, ébloui par l'intensité de la lumière et de peur de se prendre un coup. Elle s'approche lentement, dans l'espace étroit entre les deux murs.
- Un lycéen ? ... Tu as fugué ? Et d'abord pourquoi tu ne me réponds pas ?!
Les yeux d'Hayato s'habituent peu à peu à la clarté de la lampe. Il aperçoit l'expression ennuyée de la femme qui lui parle. Il reste sans réponse.
- Tu es muet ?
La femme s'aperçoit des tremblements d'Hayato et s'approche un peu plus. Elle perd son expression agacée.
- Je ne vais pas te manger, tu sais ? ... Je suis policière.
Po ... policière ... ?
Hayato enlève lentement le bras de devant son visage. La policière en profite pour l'observer de la tête aux pieds.
- Mais ... qu'est-ce qui t'es arrivé ?
Sa voix est dépourvue de l'intonation sèche qu'elle avait adoptée plus tôt. Elle tend la main pour toucher du bout des doigts la joue enflée d'Hayato. Le garçon la repousse rapidement avant de lever pour reculer. La femme le regarde désormais avec un air d'incompréhension et de pitié.
- Je ne vais rien te faire, je voulais seulement regarder. Tu es blessé.
Elle tend la main de nouveau comme pour saisir celle d'Hayato.
- Viens, je vais t'amener au poste de poli ...
Les yeux d'Hayato s'écarquillent un peu plus. Il secoue négativement la tête.
- ... Alors viens chez moi, tu es trempé de la tête aux pieds, tu m'as l'air frigorifié et fatigué.
Sa main est toujours tendue. Elle l'interrogera plus tard, bien qu'elle trouve étrange qu'il ne veuille pas aller au poste. Hayato la regarde, il marque une longue hésitation. De toute façon il n'a pas vraiment le choix, et puis elle n'a pas l'air bien méchante. Il s'approche alors à petits pas sans pour autant prendre la main de la policière.
- Ben alors tu me suis ?
Il hoche la tête sans son. La femme s'étonne qu'il ne veuille pas prendre sa main, mais elle ne fait pas de commentaire. Elle baisse la main et se met en route, le lycéen sur ses traces. Hayato clopine, ses pieds sont douloureux. Il a vraiment marché longtemps.
Le trajet se fait dans un silence de plomb, Hayato et la femme sont tous deux perdus dans leurs pensées et leurs interrogations. Le lycéen ne se rend compte qu'ils sont arrivés que lorsque la policière ouvre la porte de son appartement. Elle le laisse entrer puis le suit. Elle verrouille derrière eux, ôte sa veste et, d'un signe de la main invite Hayato à venir dans le salon.
Le garçon retire ses chaussures, et obéit sans ciller. La policière le fait assoir, puis disparait de son champ de vision, pour réapparaitre un peu plus tard, une trousse de secours à la main et des habits propres.
- Va te doucher et te mettre à l'aise, tu vas attraper froid en restant comme cela.
Il obéit de nouveau sans un mot. En s'enfermant dans la salle de bain, un flot de questions se déverse dans son esprit. La policière avait certes l'air gentille, il avait l'habitude des faux gentils, qui adoptent cet air, juste le temps d'une "mission". Il ne comptait pas se laisser avoir aussi facilement ...
Va t-elle vraiment respecter sa volonté de ne pas aller au commissariat ? Premièrement, est-elle vraiment policière ? Ne va t-elle pas le livrer à l'organisation à son insu ?
Et surtout, peut-il lui accorder sa confiance ... ?
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