Les enfants ne l'ont pas lâché jusque la fin des cours. Hachirō n'en peut plus, entre les fois où ils parlaient forts et attiraient l'attention sur eux ou les fois où ils s'approchaient d'un peu trop près ... Et puis ces regards en coin incessants que lui lançait le petit Conan, il en frissonne encore ... 

En bref, il n'est vraiment pas à l'aise avec ces enfants et n'a qu'une envie, c'est de rentrer chez Saeko. Mais ces enfants, qui se sont donnés un nom de groupe, les Détectives Boys, comptent bien l'emmener avec eux pour lui montrer un des mystères qu'ils ont trouver à résoudre. Il a essayé de refuser mais il n'a apparemment pas son mot à dire. 

C'est pour cela qu'il se retrouve désormais devant cette bâtisse délabrée et abandonnée. Le soleil a déjà disparu derrière les immeubles, il fait déjà complètement nuit. Hachirō pousse un léger soupir, il n'a pas signé pour se retrouver ici. Il fait froid, sombre et la présence de ses enfants est plus qu'inconfortable. De plus, il aimerait vraiment ne pas trainer dehors, déjà que d'être ici est un effort considérable pour lui. Il avait réussi tant bien que mal à se convaincre qu'avec des enfants il ne risquait pas grand-chose ...

- Itadori-kun m'a dit qu'il y a de la lumière ici certaines fois, il a déjà vu passer des ombres devant ! Personne dans le quartier ne l'a cru, et pourtant il est certain de l'avoir vu clairement ! fait Ayumi. 

Hachirō frissonne, ce n'est pas la peur, mais plutôt le froid glacial qui s'introduit dans sa veste trop fine à son goût. 

- Itadori-kun a dû mal voir. Un enfant peut imaginer toutes sortes de fantaisies quand il y a un peu d'obscurité et une ambiance un peu effrayante ... grommelle Conan.

Le garçon aux yeux verts tourne la tête vers lui, un peu étonné qu'il ne montre pas la moindre once de peur. Le plus gros des cinq enfants pose les mains sur son bassin, les jambes un peu écartés et fronce les sourcils. A la lumière de la lune, on peut apercevoir son visage afficher une moue mi ennuyée, mi énervée. 

- Tu gâches toujours les moments comme ça Conan-kun ! Si Itadori-kun dit qu'il a vu de la lumière, c'est vrai ! Il ne ment jamais déjà ! 

Ayumi et Mitsuhiko hochent vigoureusement la tête pour appuyer les propos de leur camarade. Conan laisse apparaitre une moue désespérée, hausse les épaules et lâche un simple : 

- Hai ... Hai ... Si vous le dites ... 

Hachirō quant à lui, toujours silencieux, garde ses pensées pour lui. D'un côté la logique de Conan parait plus probable, d'un autre, l'enfance qu'il a vécu n'épargne l'idée que cet Itadori-kun ait pu réellement voir cette lumière. Ce n'est pas parce que l'on est un enfant que l'on hallucine certainement en voyant des choses inhabituelles. 

Conan coupe court à ses pensées en prenant la parole d'un ton impatient : 

- On y va ou non ? Qu'est-ce qu'on attend ? 

Il a l'air vraiment pressé de rentrer chez lui, et cette aventure est pour lui une simple perte de temps. Hachirō le comprend, et s'il l'aurait pu, il aurait fait de même après les cours, et serait simplement retourné chez Saeko. 

Mais bon, il n'a pas le choix et ne peut pas faire demi-tour. Il se contente donc d'emboiter le pas au petit groupe et pénètre dans l'édifice devant eux. Les enfants équipés, car ils savaient depuis l'avant-veille qu'ils allaient s'y rendre, sortent des lampes poches de leurs cartables respectifs. Hachirō qui n'était pas au courant, se retrouve sans lampe et est donc chargé de porter toutes les affaires étant donné qu'il ne sert à rien d'autre sans lumière. 

Conan a l'air aussi enthousiaste que lui d'être ici. Hachirō note que ce dernier n'a franchement pas l'air effrayé par l'obscurité ambiante et la bâtisse grinçante. Le garçon aux yeux verts quant à lui ne se sent toujours pas à sa place. Mais en plus de ce sentiment de gêne, il a désormais une certaine appréhension. Cette ambiance lui rappelle que trop bien les moments passés aux côtés de ses parents. 

Perdu dans ses pensées, il avance à petits pas, les bras toujours chargés. La lumière s'éloignant peu à peu, la capuche enfoncé sur la tête, le lycéen rajeuni ne voit pas grand-chose en progressant. C'est ainsi qu'il s'érafle la main en passant trop près d'un mur. 

Il s'immobilise aussitôt, un frisson parcourt son échine. 

"Tch ! Imbécile ! Ne laisse pas ton sang ici ! Le mode opératoire de l'Organisation est pourtant clair, on ne laisse pas d'indices !"

Il secoue la tête, ce n'est vraiment pas le moment de repenser à de telles choses, désormais il est Akiyama Hachirō et est bien décidé à mettre tout en œuvre pour détruire ces criminels qui ont volé tant de vies et sa propre enfance. 

- Hachirō-kun, ne traine pas ! 

Il presse le pas pour rejoindre le groupe. Il se prend les pieds dans un câble électrique posé par terre et s'étale de tout son long. En entendant le bruit de sa chute, les enfants se retournent brusquement. Ils accourent aux côtés d'Hachirō, qui se relève d'un bond pour éviter qu'on ne s'approche de trop près. 

- Ca va ? s'inquiète Mitsuhiko. 

Hachirō hoche vigoureusement la tête, gêné que l'attention soit porté sur lui de nouveau. Il se gratte l'arrière de la tête gêné et détourne les yeux pour éviter les regards des enfants. Conan accroupi par terre tient dans sa main le câble qui a fait trébuché le garçon. 

- Mmh ... 

Hachirō fronce les sourcils, c'est étrange que ce câble soit ici. Pour un endroit abandonné, ce câble a l'air vachement récent. 

- Itadori-kun n'a peut-être pas rêvé dans ce cas ... fait le garçon à lunettes en se redressant. 

- Et si l'on suivait ce câble pour voir où est-ce qu'il mène ? suggère Genta. 

- Allons y ! s'exclama Ayumi sans attendre l'accord des autres. 

Hachirō ne partage pas l'avis de Genta, et si ces câbles étaient installés là parce que des personnes venaient ici pour se réunir pour exercer des activités qu'ils ne peuvent pas exercer le jour ? Et puis premièrement, ils n'ont pas à rentrer dans cette bâtisse, sachant qu'ils n'en sont pas les propriétaires. Comme il n'a toujours pas le choix, il met les cartables dans un coin et poursuit sa route. 

- Quel drôle d'engin, fait Genta en s'approchant d'une machine posée soigneusement dans un coin. 

Il la fait tomber de la table sur laquelle elle se trouve et Hachirō s'approche d'elle pour la remettre exactement à sa place. Son cœur manque un battement quand ses doigts effleurent l'engin découvert par le garçon bien portant. Il se dépêche de le remettre en place, les mains tremblantes. 

Le reste du groupe ne se dégonfle pas, ils continuent leur exploration : 

- Oh ! s'exclame Mitsuhiko en découvrant une nouvelle pièce, venez voir ! 

Mais Hachirō n'est pas là pour voir la nouvelle pièce. Il a déjà fait volte-face afin de quitter cet endroit opprimant au plus vite, abandonnant ses compagnons à l'intérieur. 

Des faux monnayeurs. Ils venaient de tomber sur la planque de faux monnayeurs ...