Lorsque j'arrivai dans ma rue, je constatai qu'il y avait bel et bien deux hommes appuyés contre une camionnette devant chez moi.

Le plus grand, aux courts cheveux noirs et probablement d'origine asiatique, tenait une caméra sur son épaule. Le second qui avait les cheveux blonds, faisait à peu près ma taille et rigolait en regardant l'écran de son portable.

Je me garai derrière eux, et, malgré mon appréhension, sortis de la voiture pour aller leur demander ce qu'ils me voulaient.

Tous deux portaient costume cravate.

Pouvait-il s'agir de...

— Madame Jones ? M'interpella le plus petit des deux.

Son camarade braqua la caméra dans ma direction.

...journalistes ?

— Attends avant de filmer Jong-Hyun, le réprimanda son collègue, bonjour, mademoiselle Jones, nous sommes des journalistes du Herald Sun...

Bingo.

Jong-Hyun baissa l'objectif de la caméra.

— Que faites-vous devant chez moi ? Les interrogeais-je, méfiante.

— Nous aimerions vous poser quelques questions sur la relation que vous entretenez avec monsieur Anderson, me répondit-il.

— Je n'ai aucune relation avec lui, répliquais-je, alors foutez-moi la paix.

Je fis un pas en direction de chez moi, puis m'arrêtai en l'entendant me dire :

— Pourtant, nous avons de nouvelles photos de vous en compagnie de monsieur Anderson qui témoignent plutôt bien le contraire...

Merde.

Alors cet expéditeur anonyme les leur avait envoyé aussi. Quel enfoiré.

Je leur fis face à nouveau et les jaugeai du regard. Les deux journalistes semblaient étrangement serein, comme-ci... Ils avaient encore un autre atout à jouer.

— Pourquoi est-ce que je répondrais à vos questions ? Qu'est ce que j'y gagne à part une intrusion dans ma vie privée ?

— Et bien, en échange on s'engagerait à ne pas publier les photos de vous.

Je fronçai les sourcils.

— Pourquoi ? Les photos, c'est ce qui garantit en quelque sorte au lecteur de la véracité de votre article.

— Malheureusement, c'est dur d'écrire un article sans contenu. Et puis, avoir un interview avec la nouvelle "copine" de Daniel Anderson qui nous révèlera des information personnelles sur leur relation, c'est bien plus croustillant que des photos.

— Et comment savez-vous que je préfèrerais faire cet interview plutôt que de retrouver ma photo dans votre journal ? Vous l'avez dit vous même, l'interview serait plus "croustillant" à lire, alors je ne vous pas pourquoi j'accepterais votre deal.

— Sergio pourrait écrire n'importe quoi dans son article à partir des photos, intervint Jong-Hyun, alors que si vous lui accordez cet interview de cinq minutes, il publiera uniquement les informations que vous lui aurez communiqué.

Sergio ?

Je fixai le journaliste avec curiosité.

Non... Il ne pouvait pas s'agir du même Sergio qui avait contacté Luke ce matin. Enfin...

— Est que vous connaissez Luke Worthen ? Lui demandais-je, un certain Sergio a essayer de le contacter ce matin quand j'étais avec lui.

J'allais leur dire de ne pas répondre car ma question était stupide et qu'il existait je-ne-sais combien de personnes qui se nommaient Sergio dans le monde, mais j'aperçus les deux journalistes se lancer un regard surprit.

Alors ils le connaissaient.

Je fronçai les sourcils. Pourquoi Luke serait en contact avec ces journalistes ? S'agissait-il de ses amis ? Ou bien y avait il un lien par rapport aux photos que tous deux avaient reçus ?

Sergio avait l'air à la fois étonné et curieux.

— Vous étiez avec lui ce matin, répéta-t-il, quelle est votre relation avec monsieur Worthen ?

J'hésitai un instant.

Si je leur révélai que Luke était mon patron, et donc que je travaillais au Felton, alors il comprendrait de quelle façon j'avais rencontré Daniel. Et même si ce qu'il y avait eut entre nous était terminé, je voyais déjà le titre de l'article que ces deux journalistes écriraient : " La relation interdite entre une employée d'un hôtel d'hôtel et le célèbre Daniel Anderson ". La réputation du Felton serait foutue et Luke me tuerait pour ça.

Et puis, j'étais sur que Luke me répondrait si je lui posais la question directement.

— C'est un très bon ami, me contentais-je alors de répondre.

Sergio paru surprit une nouvelle fois.

— Ben putain quel ami ! S'esclaffa Jong-Hyun.

Je fronçai les sourcils.

— Pourquoi ?

Sergio soupira.

— Par ce que c'est lui qui nous as envoyé toutes les photos sur lesquelles vous apparaissez avec Daniel, me révéla-t-il finalement.

Je le fixai, perplexe.

— Ecoutez, je sais que les photos ont été envoyées anonymement à votre journal, alors vous pouvez tout de suite arrêter de me raconter n'importe quoi.

Le journaliste me sourit.

— Je ne pensais pas que vous étiez au courant de la petite enquête menée par le manager d'Anderson, mais je vous ai dis la vérité madame Jones. Votre ami Luke nous a bel et bien envoyé les photos dans un mail anonyme, mais, elles n'étaient pas entières.

— Pas entières ? Répétais-je, incrédule.

Sergio me regarda d'un air blasé.

— Madame Jones, de nos jours, qui enverrait des photos exclusives que la presse s'chercherait sans rien demander en échange ? En tout cas pas moi. Et votre ami non plus. Mon collègue James a convenu d'un rendez-vous avec monsieur Worthen et la vente des photos s'est ensuite faite en face à face.

James ? Faisait-t-il allusion à James Bell, le rédacteur de l'article sur Daniel et moi ? Si je me souvenais bien de ma conversation avec Daniel, James avait révélé a Chris que la photo publié dans le journal lui avait été envoyé par un expéditeur anonyme.

— Je ne comprends pas, si vous saviez qui avait envoyé ces photos, pourquoi ne pas l'avoir dit à Chris tout simplement ?

— Car votre ami Luke nous avait promis de revenir nous voir si il prenait d'autres photos. Nous ne pouvions donc pas laisser le manager d'Anderson mettre la main dessus. Cependant monsieur Worthen avait informé James qu'il avait contacté notre journal via une fausse adresse de messagerie électronique et qu'il s'était connecté en utilisant l'adresse IP de l'hôtel dans lequel il travaille.

Sergio s'arrêta un instant pour m'observer avec intérêt, puis il reprit d'un air amusé :

— Probablement car il ne voulait pas que vous sachiez que c'était lui qui vous avait balancé à la presse. Dommage. En tout cas puisqu'il y avait peu de chances pour que le manager de Daniel le retrouve, James a accepté de lui donner son adresse mail.

Même si cette histoire collait parfaitement avec ce que Daniel m'avait raconté à propos de l'adresse IP de l'hôtel, je n'arrivais toujours pas à y croire.

Pourquoi Luke aurait-il fait une chose pareille ?

Devant mon air probablement abasourdis, Sergio ajouta :

— Néanmoins, votre ami ne nous a rien dit sur vous lorsqu'il est venu nous voir. Tout ce qu'il souhaitait, c'était un bon prix en échange de ces photos. On a essayé d'obtenir l'adresse de votre domicile mais, lors du rendez-vous avec James, monsieur Worthen a fait semblant de ne plus s'en souvenir. Hier, quand il est venu m'apporté les dernières photos qu'il avait prise par ce que James n'était pas là, j'ai à mon tour essayé de savoir ou habitait cette mystérieuse jeune femme mais il a refusé de me lâcher l'info.

— Alors... Comment avez-vous su ou j'habitais ?

— Google Maps. J'ai passé plusieurs heures dessus à rechercher une maison qui avait la même façade que la votre. Par chance, j'ai fini par la trouver !

Je n'arrivais pas à y croire. Tout ça... Ca ne pouvait pas être possible.

Depuis quand Luke était-il " fan " de monsieur Anderson au point de le suivre la journée ? Pourquoi Luke m'avait-il mentit à propos de ces photos ? Etait-ce par ce qu'il avait honte de ce qu'il avait fait pour avoir de l'argent ? Etait-ce également par ce qu'il se sentait mal de m'avoir balancé au Herald Sun qu'il avait préféré virer Daniel de l'hôtel plutôt que moi ?

Sergio toussota, probablement pour attirer mon attention.

— Je vous avoue que d'habitude, nous ne révélons pas nos sources d'informations gratuitement, me dit-il d'une voix basse, mais étant donné que nous n'avons signé aucun accord de confidentialité lors de la vente, et que votre ami semble vous l'avoir fait à l'envers, on a fait une petite exception pour vous. Ca mérite bien un petit interview en récompense non ?

Je pris une profonde inspiration.

— Comme je vous l'ai déjà dit, il n'y a strictement rien entre Daniel Anderson et moi. Ces photos... Ce seront les dernières que vous aurez de nous deux, alors vous ferez mieux de chercher un nouveau sujet d'article dés aujourd'hui. Bonne soirée.

Je tournai aussitôt les talons et rentrai chez moi au pas de course.

Par chance, les journalistes n'insistèrent pas et s'en allèrent cinq minutes plus tard.

A croire qu'ils avaient parfaitement compris que je ne mentais pas.

Les mains tremblantes, j'allai me servir un grand verre d'eau dans la cuisine que je descendu d'une traite.

Comment Luke avait-il pu me faire ça ? Comment avait-il pu me trahir de la sorte ? 

**********************