Chapitre 11 :
Telle ne fut pas ma surprise de recevoir un appel de mon frère à 7h50 du matin.
Je décrochai et le mis sur haut parleur afin de terminer mon maquillage naturel en même temps.
— Salut Jake, dis-je en me mettant un peu de mascara, il s'est passé quelque chose ?
Faut dire qu'on n'avait pas l'habitude de s'appeler très souvent tous les deux. Non pas que nous n'étions pas très proches, bien au contraire, mon petit frère était le seul qui, avec Jayden, comptait vraiment pour moi au sein de ma famille.
Mais après que mes parents m'aient renvoyé de la maison, lorsqu'ils avaient découvert que j'étais enceinte de Jayden et qu'ils en avaient conclus que mon avenir était gâché, mon père s'était fermement opposé à ce que Jake et moi continuions de nous voir et même de nous parler.
Bien évidemment, comme nous avions toujours été très proche avec mon frère, nous avions tout de même décidé de garder contact en faisant en sorte que notre père n'en sache rien. Et c'était pour cette raison que nos appels restaient assez peu courants. Tous comme les fois où mon frère venait me rendre visite. D'ailleurs, là dernière fois que je l'avais vu remontait au jour ou j'avais acheté cette maison grâce à lui, neuf fois plus tôt.
— Salut Nikki, écoute, on a un gros problème. Papa a fouillé mes relevés de compte. Il a découvert que je t'avais aidé a payer ta maison à Melbourne et il exige que tu lui rende tout son argent.
Manquait plus que ça.
— Son argent ?! Répétais-je d'une voix outrée, c'est toi qui l'a gagné non ?
— Grâce au boulot que j'ai dans son entreprise... Alors par conséquent mon argent est son argent, et il ne veut pas que je le dépense de cette façon... Et si tu ne me rembourse pas, il menace de me renvoyer.
Mon père n'était pas croyable.
— J'ai pensé a prendre tout l'argent que je pouvais sur mon compte et à te rejoindre à Melbourne, ajouta Jake, mais je suis sur que papa serait capable de me coller un procès au cul et puis... Tu sais que j'ai Eliza dans ma vie maintenant... Et je ne pense pas qu'une vie modeste lui convienne...
Je soupirai.
— Jake, si ta petite-amie ne s'intéresse qu'à ton fric, ou plutôt a celui de papa, tu ferais mieux de la plaquer...
— Vu ou t'en es aujourd'hui, je pense que tu es assez mal placé pour me donner des conseils en matière de relation grande soeur...
Certes...
— Bref, repris-je, concernant l'argent, papa t'a laissé un délai au moins ?
— Mmh, je crois qu'il a dit " très rapidement".
Super... J'étais mal barrée.
J'avais envie de demander à mon frère de m'aider à nouveau, mais je savais que si il m'appelait aujourd'hui c'était probablement par ce qu'il avait déjà fait tout son possible pour m'aider et que je devais à présent me débrouiller pour trouver une solution.
— Ok Jake, tu peux dire à papa qu'il aura bientôt son argent...
— Tu vas vendre ta maison ?
Même si je m'étais attachée à cet endroit, je n'avais pas vraiment d'autres choix...
Jayden et moi allions devoir déménager en appartement.
— Oui, je contacterai l'agent immobilier qui me l'a vendu dans la journée, lui dis-je.
— D'accord...
— Bon je te laisse sinon je vais être en retard pour déposer Jayden a l'école. On se rappel en fin de semaine !
— Nikki ! M'appela-t-il avant que je ne raccroche.
— Oui ?
— Je suis désolé... J'aurais du faire plus attention et...
— Ce n'est pas de ta faute Jake. Je te suis déjà vraiment reconnaissante de m'avoir aidé a payer cet endroit pour vivre pendant tout ce temps... Et puis ne t'inquiète pas, j'ai un boulot maintenant, et des amis, ça devrait aller. Allez, passe une bonne journée !
— Embrasse Jayden de ma part.
— Je le ferais. Bisous.
Et je mis fin à la conversation.
Voyons le bon côté des choses, si je déménageais peut être que mon admirateur secret arrêterait enfin de m'envoyer des fleurs !
Je terminai rapidement de me préparer, puis Jayden et moi prîmes le chemin de l'école.
— Tu boudes encore ? Questionnais-je Jayden durant le trajet.
Pas de réponse, bonne réponse.
— Ton oncle Jake m'a appelé ce matin, ajoutais-je, il te fait des gros bisous.
Toujours rien. Et pourtant, et même si ils ne s'étaient pas beaucoup vus, Jayden adorait mon frère.
Quelques minutes plus tard, je m'arrêtai devant son école.
— Bon... A ce soir. Je passe te récupérer chez Claire comme d'habitude... Passes une bonne journée mon chéri !
Jayden descendit de la voiture sans un mot, et j'attendis qu'il soit bien entré dans le bâtiment scolaire avant de reprendre la route.
Ce soit c'était décidé, j'allais lui faire son gâteau préféré. Est-ce que cela suffirait pour qu'il ne soit plus fâché contre moi ?
Je jetai un petit coup d'oeil dans le rétroviseur avant de doubler une voiture.
Ce 4x4 Nissan gris... Il me semblait l'avoir aperçu quelques minutes plus tôt sur le parking de l'école.
J'accélérai un peu et constatai que le véhicule faisait de même.
Je finis par ralentir, à quelques kilomètres de l'hôtel, puis fis un détour pour m'y rendre en passant par des petites rues. A une intersection, le 4x4 fini par tourner tandis que je continuai tout droit.
Soit il avait remarqué que j'avais compris qu'il me suivait et que je le menai en bateau, soit j'étais devenue complètement parano.
En tout cas je n'avais pas l'esprit tranquille lorsque j'arrivai à l'hôtel, quelques minutes plus tard.
— Tout va bien Nikki ? S'enquit Mia lorsque j'entrai dans les vestiaires, tu as le teint blême...
Ma collègue était déjà prête.
— Je suis juste un peu fatiguée mais ça va, la rassurais-je en souriant.
Après tout ce n'était pas vraiment un mensonge, et je n'avais pas envie de l'ennuyer d'avantage avec mes problèmes personnels.
— D'accord, me répondit-il, Emily est déjà à la réception, dépêches toi.
Elle quitta la pièce et je me hâtai de me changer.
A peine avais-je mis un pied dans le hall d'entrée que mon regard croisa celui de Daniel Anderson.
Cet homme était vraiment de partout, c'était incroyablement exaspérant !
Je lui adressai un bref sourire et rejoignis Emily à la réception. Bien que j'aurais préféré l'ignorer, le règlement m'obligeait à me montrer poli avec tous les clients, sans exceptions.
— Alors, de quoi je m'occupe ce matin ? Demandais-je à Emily.
Ma meilleure amie haussa un sourcil, puis me fit un signe de tête pour me désigner quelque chose derrière moi. Ou plutôt quelqu'un.
— Va déjà t'occuper de lui, me somma-t-elle en me jetant un regard malicieux, je crois qu'il veut te parler.
Je soupirai, puis me retournai.
Daniel me fixait, les bras croiser sur son torse. Je remarquai également la présence de Robert, assis sur un fauteuil derrière lui, qui semblait assez contrarié.
A la vue de leur tenue, je pouvais supposer que Robb attendait impatiemment Daniel pour leur entraînement sportif matinal.
Je sortis de derrière le comptoir et m'avançai jusqu'au pilote.
— Que puis-je faire pour vous monsieur Anderson ?
— Vous n'avez pas trouvé mon mot à côté des clés ? S'étonna-t-il.
Il voulait donc parler du prix de la pompe...
— Ecoutez monsieur Anderson, actuellement je travail et il m'est interdit de parler de sujet personnel.
— En tant qu'hôtesse d'accueil, n'êtes vous pas justement censée répondre à toutes mes questions ?
Daniel eut l'air satisfait de sa répartie et cela m'énerva aussitôt.
Garde ton calme Nikki...
Après avoir pris une grande inspiration, je lui répondis sur le ton le plus aimable possible :
— Vous avez raison monsieur Anderson. Dites moi donc combien je vous dois, je vous ferais un chèque à ma pause déjeuner que vous pourrez récupérer à la réception dans l'après-midi. Ou si vous préférez je pourrais demander a ce qu'il vous soit directement apporté dans votre chambre.
Daniel plissa légèrement le nez.
Apparemment, mon professionnalisme l'irritait un peu. Tant mieux.
— Je ne veux pas de chèque, rétorqua-t-il, vous êtes libre ce soir ?
Je me retins de soupirer.
Il n'avait visiblement pas compris ce que je lui avais dit hier après-midi.
— Un dîner, reprit-il devant mon silence, c'est tout ce que je demande. Et bien sur, c'est moi qui vous invite...
— Ce n'est pas très logique, lui fis-je remarquer, c'est moi qui vous dois quelque chose.
Daniel pencha légèrement sa tête vers mon visage et je sentis son parfum.
Je frémis.
Habit Rouge de Guerlain.
Après avoir travaillé plusieurs année en parfumerie, il ne m'était pas difficile de reconnaitre certaines senteurs, et notamment celles que je préférais.
Néanmoins repenser à mon ancien boulot me rappela aussitôt à l'esprit le jour ou Thomas était venu me voir dans le magasin après avoir bu une dizaine de bière, et qu'en plus d'avoir tout cassé dans le magasin en criant que sa vie était pourrie, et que je n'étais qu'une " bon à rien" et une "incapable", il avait également agressé le vigile.
— Ce n'est pas que je n'aime pas la compagnie de Robert, chuchota Daniel, mais en plus d'avoir un programme sportif très rude, je dois également suivre un régime alimentaire et... Ca fait une éternité que je n'ai pas mangé de pizza...
Ces mauvais souvenirs disparurent aussitôt de mon esprit et je ne pu m'empêcher de rigoler.
— Vous voulez m'emmenez manger une pizza ? Très sincèrement, ce n'est pas une super idée pour un premier rendez-vous...
Daniel haussa un sourcil.
— Qui a parlé de rendez-vous ? En acceptant mon invitation vous ne faites que payer votre pompe à essence...
Bien sûr...
— Allez, ne me dites-pas que ça ne vous fait pas envie, ajouta-t-il avec un petit sourire en coin.
Je secouai la tête.
— Daniel, je...
Merde.
Il sourit.
— Enfin vous m'appelez par mon prénom Nikki.
— Excusez-moi monsieur Anderson, je n'aurais pas dû... Cela étant, je vous ai déjà expliqué que je ne pouvais avoir aucune relation avec un client de l'hôtel. De plus, vous avez probablement remarqué que je ne vivais pas seule.
Daniel sembla réfléchir pendant quelques secondes.
— Votre fils peut venir avec nous, cela ne me pose aucun problème. Ou bien je peux venir chez vous avec les pizzas si vous préférez...
— Monsieur Anderson...
— Nikki, m'interrompit-il, si vous n'en aviez vraiment pas envie, vous auriez immédiatement refusé mon invitation au lieu de me sortir toutes sortes d'excuses.
Je sentis les battements de mon coeur s'accélérer.
— Malheureusement le règlement de l'hôtel m'oblige à être polie avec les clients, me défendis-je en essayant d'avoir l'air sincère.
— Mais vous n'auriez pas accepter mon aide hier si je ne vous intéressais pas au moins un minimum.
— J'étais pressée ! Protestais-je, mon fils avait un match de soccer et je ne voulais vraiment pas le rater.
Daniel m'étudia longuement du regard avant de détourner les yeux.
— Je suis navré de vous avoir importuner mademoiselle Jones, me dit-il finalement, bonne journée.
Il se retourna et fit signe a Robb de se lever.
— Attendez...Combien est-ce que je vous dois pour la réparation ? Lui demandais-je.
— Je repasserai vous apporter la facture dans la journée, me répondit-il en évitant de poser à nouveau ses yeux sur mon visage.
Je les observai silencieusement quitter l'hôtel, puis retournai auprès d'Emily, non sans un étrange pincement au coeur.
— C'était encore à propos de la photo ? Me demanda curieusement mon amie.
Je secouai la tête.
— Bah raconte, insista-t-elle, il te voulait quoi ?
Daniel Anderson avait enfin compris qu'il n'y aurait jamais rien entre nous.
J'aurais dû sauter de joie, être contente de m'être enfin débarrassé de lui, mais non, rien. Enfin si, je ressentais bien quelque chose, mais cela ressemblait plus a de l'affliction.
Non ce n'était pas possible. Pourquoi est-ce que..
— Allô Nikki ? Ici la terre....
Je foudroyai Emily du regard.
— Tu ne vois pas que j'étais en pleine discussion avec moi-même là ? Lui reprochais-je.
Elle haussa les épaules.
— Parles avec moi plutôt, tu sais que je te connais mieux que toi-même.
Je souris.
De toute façon quoique je ressente, et peu importe ce que dirait Emily lorsque je lui aurais tout raconté, je savais pertinemment que les choses étaient mieux ainsi.
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