Chapitre 5
- Tiens, tu as manqué beaucoup de cours. J'ai pris note pour toi. Dit Daël
Il tend quelques cahiers bourrés d'écriture à son ami. Sullivan les saisit à la fois reconnaissant et gêné.
- M-merci. Il ne fallait pas te donner tant de mal... Répond ce dernier
- C'est tout à fait normal voyons.
Le sourire heureux du roux s'efface lorsqu'il remarque une tablette de comprimés intacte, posée sur la table de nuit.
- Tu n'as pas avalé tes antidépresseurs n'est-ce pas ?
Le silence de Sullivan confirme ses propos.
- Une infirmière m'a informé que tu n'as presque pas mangé durant ton hospitalisation.
- La nourriture est infecte. Murmure le châtain
- Je veux bien comprendre. Mais comment peux-tu correctement retrouver la forme ?
Daël prend la carafe d'eau mise à disposition puis remplit un verre.
Poussé de détermination, il l'avance avec un comprimé sortie de son emballage.
- Prend ton médicament.
Sullivan secoue subitement sa tête, le cœur battant.
- Tu dois suivre ton traitement.
- Non ça me dégoûte.
- C'est vraiment important pour ta santé. Fais-le.
- Arrête.
Il est parcouru de sueur froide. Son estomac commence une remontée acide.
L'autre étudiant essaie à tout prix de le convaincre.
- Sullivan s'il te plaît.
- ARRÊTE DAËL !!!
Il gifle la main qui lâche le verre.
La casse produit un gros fracas dans la chambre d'hôpital.
Le roux reste tétanisé par ce geste de rejet violent. Sans un mot, il se baisse pour ramasser les morceaux brisés par terre.
Une fois que le carrelage est à peu près nettoyé, Daël remet sa veste puis son sac à dos sur une épaule.
Les traits de son visage montrent une expression blessée.
- Désolé... Je n'aurais pas dû insister... Je vais au campus. Normalement tu sors cet après-midi de l'hôpital. Cependant je serais sûrement à mon job étudiant le moment venu. N'hésite pas à m'appeler si tu as un soucis.
Il part précipitamment n'attendant aucune réponse en retour.
Sullivan fixe la porte, traversé de culpabilité.
- Je suis un imbécile.
Le jeune homme se demande pourquoi son ami lui dévoue un attachement pareil.
Il finit toujours par blesser l'une des seules personnes qui l'acceptent réellement.
Les mots que Daël à prononcer un an plus tôt perdure toujours dans un coin de sa mémoire.
Sullivan s'est placé au fond de l'amphithéâtre afin d'être tranquille.
Contre toute attente un autre jeune homme se met à côté de lui.
Le châtain n'a pas besoin de tourner la tête pour deviner de qui il s'agit.
- Tu ne devrais pas traîner avec moi.
- Heeein ? Réagit Daël confus
Sullivan tremble en écrivant.
Son camarade de cours est profondément naïf. Ça saute aux yeux que sa personnalité contraste avec la sienne plus pessimiste.
De plus, la part sympathique du roux fait qu'il est apprécié de presque tout le monde.
- Parce que je suis bizarre.
- Quoi ? Tellement pas.
- Les autres vont te détester. À cause de moi.
Daël reste surpris par ses paroles. Il remarque que certains élèves les observent d'une mauvaise manière.
- Je m'en fous des autres. Deviens mon ami. Affirme le roux perspicace
Sullivan le regarde subitement prit au dépourvu.
- T-tu rigoles ?
- Je suis très sérieux. Je veux que nous soyons amis.
Il n'a entretenu aucune amitié depuis très longtemps. C'est impossible qu'une personne souhaite tisser un lien étroit à cet instant.
- Pourquoi...?
Le visage de Daël resplendit de candeur.
- Je t'aime bien ! Tu es intéressant !
Le châtain ne peut pas empêcher un rougissement dû à son anxiété sociale.
Ce type vit clairement dans le monde des bisounours. Comme un enfant.
Sullivan rit d'amertume. Il pense plus être inutile et sans valeur qu'autre chose.
Ses capacités de banshee lui font également vivre un enfer.
Dans la forêt, le châtain avait eu une prédiction dans laquelle une petite fille mourrait dans un accident de voiture.
La nuit passée, une nouvelle où un homme s'asphyxiait dans un incendie.
Cela continuera pour toujours. Il ne connaîtra jamais la paix intérieure.
Sa vie est synonyme de souffrance.
************************************
Dans les vestiaires, Lissbell enfile son uniforme de policière municipale. Elle a retrouvé une routine de travail classique.
Le chef de service communique à toute l'unité 4 le programme du jour.
Juste après, la jeune femme va en patrouille accompagnée de sa coéquipière.
Elles parcourent les places publiques à pied pour veiller au bon ordre.
Les rues sont en grande partie propres. Peu de déchets polluent l'environnement.
À un tournant, Lissbell et Catharina intercepte une dame qui laisse les excréments de son chien par terre.
Cette dernière reçoit malheureusement une amende.
En continuant leur chemin, elles remarquent qu'un pot de fleur sur un balcon menace de tomber et blesser quelqu'un. Les policières sonnent chez le retraité pour l'en informer.
Ensuite un couple de touristes cherchant un magasin les interpelle. La femme tracassée prend la parole avec un accent anglophone :
- Excuse me ! We are lost. Do you know where is "le petit casino" please ?
- Yes don't worry. You walk straight, at the corner of the street you turn right. "Le petit casino" is in front of the parking. Explique Catharina souriante
- Thank you very much. Répond le compagnon rassuré
- Your welcome, have a nice day.
Les amoureux joyeusement s'éloignent main dans la main.
Pour finir, les deux coéquipières sillonnent un marché. Elles s'assurent de l'hygiène des produits alimentaires vendus et exposés.
- Vous voulez goûter mes bonnes fraises mesdames ? Elles sont délicieuses ! S'exclame une marchande dynamique
- J'en prendrai volontiers. Dit Lissbell directement
Catharina hausse ses sourcils, ne s'attendant pas à cette réaction.
- Allez-y servez-vous !
La brune pioche un fruit rouge dans un panier puis le mange en une bouchée.
- Vos fraises bio sont de très bonne qualité. Complimente-t-elle
- Merci vous me flattez ! Je vous en offre spécialement à moitié prix !
Lorsque les policières repartent, elles portent des sacs remplis de barquettes.
- Tu aimes vraiment les fraises j'imagine. Conclut la blonde
- Oui beaucoup.
- Au final, j'en ai aussi acheté pour mes petits garçons. Pitié ne pourrissez pas.
- Quels âges ont-ils maintenant ?
- Le premier 8 ans et le second 5 ans.
- Ils grandissent vite.
- Clairement. C'est mon mari qui se charge de leur éducation, il a un horaire plus libre.
Malgré un métier agité, ce que chaque brigadier municipal apprécie en général est la proximité avec les citoyens.
Un contact régulier et exemplaire inspire confiance à la population.
Durant l'après-midi, Lissbell gère des dossiers administratifs à son bureau.
Un gardien de la paix l'interrompt soudainement.
- Agente Monchaõ, un visiteur souhaite vous rencontrer.
La jeune femme se rend dans la salle intriguée. Qui cela pourrait être ?
Elle se stoppe net en découvrant l'identité de la personne.
Sullivan se trouve assis nerveusement devant ses yeux.
Lissbell ferme la porte avant de s'installer à son tour.
- Bonjour Sullivan. Que me vaut cette visite ? Vous êtes sorti plutôt que prévu de l'hôpital. Je comptais passer vous voir ce soir.
- Bonjour Madame Monchaõ. Vous avez raison. J'ai décidé de venir ici pour que nous discutons ensemble... Daël m'a donné vos coordonnées.
Il tripote les manches de son gilet à capuche.
Le trajet était un véritable calvaire à cause du monde dans les transports.
Le plus dur a été d'expliquer sa venue au commissariat, l'étudiant pensait que sa présence serait refusée.
- Je vous écoute.
- En fait... Concernant la prédiction dont je vous ai parlé... Vous a-t-elle aidé à résoudre l'enquête ?
Lissbell joint ses doigts sur la table.
- Évidemment. Nous avons pu arrêter les responsables du crime. Ils ont ensuite été jugés au tribunal.
- Je vois.
- C'est entièrement grâce à vous. Je vous remercie beaucoup.
Sullivan secoue ses mains embarrassé.
- Non...! Je n'ai rien fait de spécial. C'est étrange de croire que ma nature banshee apporte du positif...
- C'est pourtant le cas. Votre pouvoir de banshee a des bons côtés qu'il ne faut pas hésiter à exploiter.
Le châtain reste bouché bée ne sachant pas quoi dire. Il était convaincu que c'était une malédiction jusqu'à maintenant.
Et si au final sa vision des choses commencent à changer ?
C'est rare qu'une personne fasse autant d'éloges à son égard. La persuasion de Lissbell fonctionne totalement.
- Quelles études suivez-vous ?
- Économie et gestion. J'en suis à ma 2ème licence.
- Cela vous correspond bien.
- Ah bon ?
La brune hoche la tête indéchiffrable.
- Vous envisagez déjà votre futur métier ?
- Mon idée est encore floue... Je ne sais pas... Je songe à me réorienter.
- Réfléchissez sans vous presser. L'avenir vous ouvre de nombreuses opportunités.
Tout à coup, elle s'emprisonne dans ses pensées prise de nostalgie.
Il y a des moments précieux qui souvent ne sont pas assez chéris.
- Madame Monchaõ ? Dit Sullivan incertain
- Ce n'est rien, je me rappelais juste le passé. Vous pouvez m'appeler par mon prénom d'ailleurs.
Les joues du jeune homme virent au rouge.
- D'accord Li... Li-Lissbell.
La policière trouve ce bégaiement touchant.
- Je dois retourner travailler. À moins que vous devez ajouter autre chose ?
- Non, j'ai tout dis.
- Bien.
Ils se lèvent et quittent tous deux la pièce. Dans l'open space, des regards curieux les guettent.
- À bientôt peut être, Lissbell.
- Oui, à bientôt Sullivan.
Elle suit sa silhouette jusqu'à ce qu'il disparaisse.
Quand la brune rejoint son bureau, Catharina la questionne sans tarder.
- C'était qui ?
- Mêle-toi de tes affaires.
Frustrée, la blonde croise ses bras.
- Si tu n'es pas capable de répondre à cette petite question c'est carrément louche.
- Je ne t'ai pas demandé ton avis à ce que je sache. Affirme Lissbell indifférente
- Pfff. Maintenant ça me traverse l'esprit : depuis que tu fais partie de l'unité 4, personne ne t'as jamais vu en couple. Par hasard, tu es LGBT+ ?
Lissbell qui tapait sur son clavier d'ordinateur se fige.
- D'où tires-tu cette logique ?
- Roh ça va n'essaie pas de me le cacher. Je suis pas contre vos droits. L'amour n'a pas de genre je le sais. Râle Catharina
- Je suis hétérosexuelle qu'on soit claires.
- Oh ! Alors j'ai cerné ton secret ! Tu préfères les hommes plus jeunes que toi. Cependant celui-là est-il réellement majeur ? Tu risques des problèmes en ayant une relation avec un mine-
La brune la coupe d'une voix ferme et glaciale.
- Catharina. Ne raconte plus de bêtises. Tais-toi juste.
Lissbell a déjà aimé, cela remonte au lycée.
Une histoire simplement écœurante laissant des séquelles.
Ces trois phrases enclenchent un signal de guerre pour la trentenaire.
- Toi tu me cherches trop ! Orgueilleuse ! Je vais te régler ton compte !
- Es-tu un oiseau ? Tes piaillements aiguës me cassent les oreilles. Garde sagement ton nid.
Elles continuent de se disputer longtemps jusqu'à ce que le Chef de service passe dans le coin.
L'homme noir aimable en temps normal arbore une aura sinistre.
Les deux femmes font rapidement semblant de travailler.
- Agente Sjoeblad et Agente Monchaõ. Les dossiers avancent ou reculent ?
- Ils vont bon train haha. Feigne Catharina stressée
Son mensonge futile ne berne pas le tanzanien.
- J'espère. Vous n'aurez pas de retard ?
- Assurément Chef Juma. Nous achevons bientôt. Déclare Lissbell sous pression
- Hum. Parfait.
Il poursuit son chemin.
Les policières municipales soupirent de soulagement en chœur.
Au centre de l'open space, le Chef de service augmente le volume de sa voix :
- Unité 4 ! Votre attention à tous s'il vous plaît ! J'ai une annonce à vous transmettre !
Toute activité cesse instantanément. Les membres sont désormais attentifs.
- Vous constatez vous-même que le commissariat vieillit d'années en années. Les logistiques de travail deviennent inconfortables et clairement inacceptables. Le maire a validé ma requête aujourd'hui par e-mail. Nous plierons bagage les prochains jours, et nous occuperons les locaux libres d'un des départements de la police nationale.
Une immense agitation s'empare de la salle.
Le Chef Juma s'adresse à Catharina et Lissbell :
- Venez dans mon bureau quand vous terminerez vos tâches. J'ai une information importante à vos sujets.
Les deux policières acquiescent puis carburent immédiatement dans leur travail.
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La brune et la blonde fixent l'homme noir en face d'elles, préparées psychologiquement à toute éventualité.
Il ne les fait pas attendre indéfiniment.
- Agente Monchaõ, Agente Sjoeblad, vous êtes promues.
Elles écarquillent les yeux d'étonnement.
- Vous pouvez répéter Chef Juma ?! Réagit Catharina
Celui-ci rigole un peu.
- Vous avez fait preuve d'énormément de bravoure en résolvant le meurtre de l'Agent Guibert. Afin de vous récompensez, les Chefs de service principaux et moi-même, vous accordons une promotion au rang de brigadières cheffes principaux.
- Il y a d'abord brigadières cheffes. On monte de deux grades ? Capte Lissbell
- Effectivement. Toutes mes félicitations. Se réjouit leur supérieur hiérarchique
Elles ont du mal à réaliser la situation. On dirait un rêve merveilleux.
La plus âgée retient du mieux possible les larmes qui perlent au coin de ses yeux.
Un nouveau départ débute maintenant.
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Quelles sont vos impressions sur cette partie ? 🤨
Le chapitre 6 débarque bientôt ! 😄
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