Chapitre Un
Ce qu'on ne te dit pas sur la deuxième année d'université, c'est que tu reviens en pensant avoir tout compris... avant de réaliser que non, pas du tout. En réalité, tu es juste une étudiante de première année avec un peu plus d'expérience et une consommation de café encore plus excessive.
J'avais des plans cette année. Des ambitieux. Me concentrer sur mes études, éviter tous les drames du campus et surtout garder une distance prudente avec tout joueur de sport doté d'une mâchoire sculptée digne d'une publicité de luxe.
Mais alors que je traînais ma valise sur les marches des dortoirs de Baymount University, mon t-shirtNew Year, New Me collant à ma peau à cause de la chaleur, j'ai senti qu'au moins un de ces objectifs allait être compromis.
Et, bien entendu, pile à ce moment-là, sur qui est-ce que je manque de trébucher en entrant ?
MonsieurJoueur de Baseball en personne. Comme si l'univers avait décidé de tester ma volonté dès le premier jour.
Bon, je ne l'ai pas réellement percuté, mais c'était tout comme. Il se tenait là, au beau milieu de l'entrée, discutant avec un de ses coéquipiers, comme si personne d'autre n'avait besoin de passer. Et son expression ? Ce regard légèrement agacé, celui qu'ont les gens qui semblent croire que la simple présence des autres est une gêne.
Oui. Bryan Munzo.
Les rumeurs à son sujet sont nombreuses, mais mon surnom préféré resteLe Briseur de cœurs. Et pas seulement dans le sens romantique. Bryan a un véritable don pour anéantir le moral de quiconque croise son chemin, simplement avec ce regard perçant qui semble juger tout et tout le monde.
—Excuse-moi, tu bloques le passage. Tu pourrais bouger, s'il te plaît ?
J'essaie de parler avec assurance, bien que je sois à bout de souffle après avoir monté trois étages avec ma valise.
Il tourne légèrement la tête vers moi, ses yeux bruns se posant sur moi avec une indifférence apparente, un sourcil à peine levé.
—Tu ne m'avais pas vu ?
Oh, si. Difficile de ne pas voir Bryan lorsqu'il occupe la moitié d'une porte. Mais il est hors de question que je lui donne cette satisfaction.
—En fait, non, je réponds en me redressant.Mais maintenant que c'est fait... tu pourrais te pousser ?
D'où me vient cette audace ? Je l'ignore, mais je la prends volontiers.
Un éclat de surprise traverse brièvement son regard, comme s'il trouvait amusant que quelqu'un lui tienne tête. Puis, il passe une main dans ses cheveux sombres, et ce geste soulève légèrement le bas de son t-shirt, révélant un morceau d'encre serpentant sur sa hanche. L'un de ces nombreux tatouages dont tout le monde parle mais que personne n'a réellement vus.
Je détourne le regard rapidement, mais pas assez vite. Mon cœur rate un battement.
Il sourit, un sourire lent, amusé, avant de lâcher d'un ton presque détaché :
—Tu rougis. C'est mignon, Amber.
Une chaleur immédiate me monte aux joues. Merci la génétique japonaise et ma peau claire qui trahit toujours la moindre émotion. J'essaie de garder mon calme, consciente qu'il vient de capter quelque chose que je n'avais pas l'intention de laisser transparaître.
Bien sûr qu'il connaît mon nom. Tout le monde connaît tout le monde ici. Mais il y a quelque chose dans la façon dont il le dit... un léger défi, comme s'il attendait ma réaction.
Attends... il a vraiment dit que je rougissais ? Non, il joue forcément avec moi. Enfin, j'espère.
Je serre les dents, passe à côté de lui et murmure unmerciqui sonne plus comme une tentative de fuite que de politesse.
Il rit doucement, et cela semble suffire à le satisfaire avant qu'il ne retourne à sa conversation, comme si je n'avais été qu'une distraction momentanée.
—Bryan Munzo...
Je lève les yeux au ciel en traînant ma valise jusqu'à ma chambre. Cette année s'annonce compliquée.
Une fois dans ma chambre, l'espace me semble encore plus petit après avoir dû manœuvrer ma valise dans les couloirs étroits. Les murs sont d'un beige insipide, mais j'ai essayé de leur donner un peu de vie avec quelques affiches — des citations inspirantes et des affiches de mes films préférés.
C'est à ce moment-là qu'Isabella, ma colocataire et meilleure amie, fait son entrée en trombe.
—Dis-moi que tu as vu Bryan !s'exclame-t-elle, s'écroulant sur mon lit avec un enthousiasme incontrôlable.Je crois qu'il est encore plus beau que l'an dernier.
Je lève les yeux au ciel, bien que son excitation me fasse sourire.
—Si par "vu", tu veux dire "failli lui rentrer dedans parce qu'il bloquait l'entrée", alors oui, j'ai eu cette chance.
Elle explose de rire, ses boucles blondes rebondissant alors qu'elle me fixe avec amusement.
—Ne me dis pas que tu as rougi. Ce serait iconique.
Je croise les bras, tentant de garder mon sérieux.
—Moi ? Rougir ? Pas du tout. J'étais simplement... essoufflée à cause de ma valise.
—Bien sûr...Elle plisse les yeux, l'air de ne pas me croire une seconde.Peut-être qu'il faudrait te trouver un éventail pour chaque fois que tu le croises ?
—Très drôle. Comme si j'allais m'intéresser à lui. J'ai d'autres priorités, comme ne pas échouer mon semestre.
—Mmhh... Elle hoche la tête avec un sourire en coin.Tu sais, les plus grandes histoires commencent souvent par un "je ne l'aime pas".
Je lui lance un coussin, ce qui la fait éclater de rire.
—Bref, raconte-moi tout sur ton été !
Je souris, un peu nostalgique.
Grandir au Québec et décrocher une bourse pour étudier la danse aux États-Unis ? C'était le genre de rêve que je n'aurais jamais osé formuler tout haut. Et pourtant, me voilà. Cette bourse a tout changé. Non seulement elle couvre mes études, mais elle allège aussi le poids financier sur ma mère, qui gère tout depuis le décès de mon père.
Alors que nous déballons mes affaires, accrochons des guirlandes lumineuses et tentons de donner un peu de personnalité à notre chambre impersonnelle, j'essaie de ne pas penser au fait que ma première journée ici a commencé par une rencontre mouvementée avec Bryan Munzo.
Sauf que, bien sûr, le destin en a décidé autrement.
Quelques heures plus tard, sous une pluie battante, vêtue de ma tenue de danse rose et essayant d'atteindre le studio sans glisser sur le sol détrempé...
Je percute de plein fouet le mur Bryan Munzo.
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