Chapitre 7
- Cal !
La voix stridente me vrilla les oreilles et je grimaçai, reculant d'un pas lorsque l'origine de ce bruit trop vif, pour mon esprit fatigué, bondit sur "Cal".
Vingt-quatre heure supplémentaire c'était écoulé depuis notre conversation nocturne et j'étais un peu plus éreinté encore. La fin du voyage s'était faite sans embûche, mais mon esprit torturé cumulé à la fatigue rendait les choses infiniment plus compliquées. Chaque pas devenait un effort surhumain, et la moindre contrariété prenait une proportion infinie.
- Doucement Sarih, tu en fais trop.
Alors la boule d'énergie à la voix aiguë se nommait Sarih, et il semblait que je n'étais pas le seul indisposé par sa présence. Caleb l'écartait de lui tandis que le jeune homme s'évertuait à s'accrocher à son cou malgré une différence de taille effroyable.
Il était mignon. Le mot semblant avoir été créé pour lui : petit de taille, de grands yeux d'un vert émeraude scintillant, de beau et soyeux cheveux couleur acajou parfaitement coiffés pour encadrer un visage juvénile sans la moindre imperfection. Et comme si la peinture n'était pas déjà suffisamment parfaite, il était somptueusement vêtu d'habits et de bijoux au ton dorés réhaussant son teint mâte.
- Tu es en retard ! Protesta-t-il, sa voix toujours trop aigüe au goût de mes tympans bien que moins excessive. J'étais mort d'inquiétude !
- Tu n'avais pas besoin de l'être, assura Caleb dans une froideur qui tranchait grandement avec l'impression qu'il m'avait donné ces derniers jours. Oreina a-t-il envoyé des nouvelles ?
Le jeune garçon fit la moue, visiblement mécontent par la réaction de Caleb mais peu surpris par celle-ci. Je les jaugeais en retrait, dubitatif mais me gardant bien de toute remarque.
- Nous avons reçu une missive ce matin, finit par lâcher Sarih, accaparant mon attention. Il est bien arrivé à Lisana.
- Et ceux qu'il accompagnait ? Ils vont bien ? M'enquis-je vivement, venant poser une main sur l'épaule de Caleb afin de le décaler de mon champ de vision.
Et il sembla enfin me remarquer. Ou, du moins, il n'eut plus d'autre choix que de le faire. Ses iris se firent soudainement aussi froids que les émeraudes à qui ils avaient dérobés leur couleur.
- Tu es qui toi ? Tu n'étais pas censé ramener une femme, Cal ?
- Les choses ont pris une tournure...inattendue, souffla Caleb en m'adressant un regard en coin. Mais j'aurais le temps de fournir plus d'explication à tous plus tard. Réponds à sa question pour le moment.
A nouveau, son visage se fendit d'une moue boudeuse qui eut le don de me taper sur les nerfs. C'était quoi son problème ? Mon visage ne lui revenait pas ? Tant mieux car sa petite tête brune de prince héritier me sortait également par les yeux.
- Je n'ai pas lu la lettre qu'il a envoyé, répondit-il dans un haussement d'épaule désinvolte qui me fit serrer les poings. Mais personnes n'a fait mention d'un quelconque problème donc j'imagine que tout le monde va bien.
Le soulagement fit retomber mes épaules et j'expirai longuement, luttant contre l'émotion qui venait encombrer ma poitrine. Ils allaient bien. Ils allaient tous bien. Plus encore, ils étaient désormais en sécurité. Je me mordis la lèvre, ne parvenant que très mal à camoufler les sentiments qui m'envahissaient avec trop de force.
Mais stoppant tout vacarme, une paume large et chaude se posa sur mon épaule. Je redressai les yeux et affrontai le regard rassurant que Caleb m'offrit. Doucement, je hochai la tête, réalisant le seul geste que je me sentais apte à faire en cet instant afin de lui témoigner de toute ma reconnaissance.
- Ça va aller ? Finit-il par me demander après m'avoir laissé un petit temps.
- Parfaitement, assurai-je en tâchant de me redresser et de paraître plus assuré que je ne l'étais réellement.
- Bien alors... je vais devoir aller régler quelques formalités, expliqua-t-il avant de se tourner vers le petit prince. Sarih, je te confie Ash, c'est un élément précieux alors fait en sorte qu'il se plaise parmi nous. Trouve lui une tente libre dans le secteur nord et montre lui les lieux. Fournis-lui également tout le nécessaire et fais-lui apporter un repas chaud. Mais ne t'emballe pas dans les explications, reste le plus sommaire possible pour qu'il puisse rapidement aller dormir.
- Dans le secteur nord ? Répéta l'intéressé, les lèvres pincés. Je doute qu'il y'ait encore de la place là-bas. Et puis d'habitude les petits nouveaux sont du cô...
- Hé bien vire quelqu'un s'il le faut, coupa Caleb, intransigeant. Je veux qu'il soit dans le secteur nord, est-ce claire ?
- Limpide, sourit soudainement Sarih, changeant brutalement de comportement. Bien, alors... Ash c'est ça ?
Le sourire qu'il m'offrit m'arracha un long frisson. Il puait l'hypocrisie à des kilomètres à la ronde. Mais je n'en dis rien, après tout Caleb semblait lui faire confiance alors qui étais-je pour juger l'un de ses amis.
- C'est ça, acquiesçai-je. Et toi c'est Sarih, si j'ai bien suivi.
- Tout à fait, sourit-il un peu plus. Je te laisse me suivre, je vais te faire visiter notre super base secrète !
Ah. Les choses allaient être terriblement compliqué car son enthousiasme feint était à deux doigt de me faire vomir. Cependant, je n'eus pas l'opportunité de m'en plaindre, sa main venant déjà tirer sur mon bras droit afin que je le suive. Il s'aggripa d'ailleurs à celui-ci comme s'il ne m'avait jamais adressé le moindre regard noir et je ne pus m'empêcher de lancer un regard suppliant à un Caleb qui se contenta de m'offrir un sourire amusé. Le juron voulut échapper à mes lèvres mais je me contentai de suivre la direction imposée par Sarih, décochant juste discrètement un doigt d'honneur qu'il méritait amplement. Son rire grave fusa dans l'air et je ne pus que remarquer la crispation soudaine du petit prince désormais accroché à moi.
Il tourna légèrement la tête vers Caleb et j'aurais juré voir son visage se décomposer, mais dans la seconde suivante, il me tirait à nouveau en avant avec ce même parfait sourire.
♜
- Bien, je crois que j'ai fait le tour ! Affirma Sarih toujours plein de son entrain que j'avais finis par trouver naturel. Je t'ai montré les différents secteurs, la cantine, les douches, les sanitaires, l'infirmerie, la place, le...
- Oui, je pense également que nous avons fait le tour, coupai-je, me laissant tomber sur un des bancs de la cantine. Ou je l'espère de tout cœur. Comment un tel endroit peut-il être encore secret ? C'est clairement un village, pas une base secrète.
- Au fil des années nous avons emménagé les lieux et fait en sorte d'avoir un certain confort. Ce n'est pas parce que nous sommes des rebelles que nous sommes des sauvages.
Je me retins de souligner que ceux qu'il voulait désigner par "sauvage" était clairement le peuple de son leader bien aimé.
- Bon hé bien si nous avons fait le tour et que tu n'as plus de question, il ne me reste qu'à te trouver une tente, souffla Sarih, passant sa main sur son menton pour mimer une réflexion intense.
- Même la plus rudimentaire me suffira tant que j'ai un endroit où m'allonger, geins-je. Je suis épuisé.
- Oui mais Caleb a exigé que tu sois dans le quartier nord donc c'est plus compliqué que cela.
- Pourquoi ça ? C'est quoi le quartier nord ?
- C'est là où toutes les hautes statures des cendres sont, m'expliqua-t-il sommairement dans un haussement d'épaule.
- Alors Caleb a dû faire erreur, je suis... un simple bon petit soldat.
- Caleb ne fait jamais d'erreur.
De nouveau, la coquille sembla se fendiller, laissant apparaître le véritable Sarih. Son regard glacial tanguant entre dédain et mépris. Et le retour du sourire qui venait tout balayer comme si de rien n'était.
Je le fixai longuement, indécis entre l'idée de laisser couler ou lui signaler qu'il n'avait aucunement besoin de faire semblant avec moi. S'il ne m'appréciait pas, il pouvait le dire, je ne m'en offusquerai pas, après tout j'étais un étranger pour lui. Mais je finis par décider de laisser tomber, peu désireux d'entamer une quelconque querelle avec un gosse qui, au fond, ne m'avait strictement rien fait.
- Bon, la meilleure solution est d'encore aller voir directement là-bas ce qu'on peut faire, reprit-il, toujours avec sa fausse bonne humeur. Nous arriverons peut-être à trouver un petit coin où te caser !
- Ce serait parfait, assurai-je. Le plus petit et le plus vétu...
Mes dents vinrent mordre ma langue trop bien pendue et qui aimait un peu trop le cynisme. Si je décidai de laisser couler, je devais réellement le faire, pas tenter de le provoquer. Sarih fronça les sourcils, me jaugeant un peu interloqué par mon comportement mais ce fut à mon tour de juste lui offrir un sourire resplendissant. Il ne sembla pas plus convaincu que je l'étais, mais repris son chemin sans faire la moindre remarque.
Je me relevai donc de ma chaise et le suivis d'un pas trainant, priant les dieux pour que mon calvaire prenne rapidement fin. Je me fichai royalement de la tente qu'on m'attribuerait ou de son emplacement, je voulais une unique chose : dormir. De préférence dans un édredon ou quelque chose de douillet, mon dos souffrant encore de la nuit passé dans la forêt, mais je saurais me contenter d'une simple paillasse tant que je pouvais être tranquille dans un endroit où personne ne viendrait m'importuner.
Comme durant toute la visite, nous avancions sous le regard curieux des rebelles présents. Tous me dévisageaient tel une bête de foire, allant même parfois jusqu'à murmurer dès que nous avions le dos tourné. Sarih m'avait dit de ne pas me formaliser, que c'était uniquement dû au fait que j'avais été ramené par Caleb lui-même. Ou, si je devinais bien le fond de sa pensée, comment dire que dès que tous auraient réalisé que je n'étais qu'un pauvre garçon qu'il avait sauvé, plus personnes ne m'accorderaient un regard. Mais cela me convenait, je préférais largement passer inaperçu que de devenir l'attraction du coin.
Puis, enfin, après avoir passé un énième enchevêtrement de tente, nous arrivions sur une petite zone aux tentes plus resserrées et minimalistes que toutes les autres. Elle formait un rond parfait avec, en son centre, un abri plus grand que les autres et décoré de cendres peintes d'un rouge sang. Je n'avais pas besoin de questionner Sarih pour savoir qu'il s'agissait là de la tente de Caleb.
Sarih se tourna finalement vers moi une fois que nous fûmes à hauteur de l'entrée du cercle, m'offrant un centième sourire.
- Attends-moi ici quelques minutes je vais voir ce que je peux te tro...
- Sarih !
Coupez dans sa tirade, le petit prince se tourna sur le côté pour regarder la jeune elfe qui avançait calmement dans notre direction. Une petite grimace tira ses traits, mais dès qu'elle fut à notre hauteur, la pièce de théâtre reprit.
- Lyris, souffla Sarih le premier. Que me vaut le plaisir ?
- C'est Caleb qui m'envoie, affirma la jeune femme sans se formaliser du mépris pourtant évident qu'on lui témoignait. Tu dois être Ash ?
- En personne, approuvai-je.
- Enchantée, je suis une des médecins des cendres, me sourit-elle chaleureusement, m'offrant sa main que je saisis sans me faire prier. Caleb m'a demandé de t'ausculter... à ce qui paraît tu as une manière bien à toi de soigner une épaule démise.
Je grimaçai légèrement, peu désireux d'expliquer à une véritable soigneuse mes méthodes de soin. Mais elle se contenta de rire face à ma gêne évidente avant de me décocher un coup de poing amical dans le bras, évitant soigneusement mon épaule.
- Ne t'en fais pas va, tu n'es pas le premier forcené dont je vais avoir la responsabilité. Même si j'apprécierai dorénavant que tu fasses appelle à moi avant de tenter tes méthodes de bûcheron.
- Je ferai de mon mieux, assurai-je.
- Je prends ça pour une promesse, me sourit-elle un peu plus, dégageant une douceur infinie. Bien, direction ta chambre ! Nous serons plus à l'aise là-bas pour une auscultation en profondeur !
- Je ne lui en ai pas encore trouvé une, souffla Sarih qui s'était étrangement tenu à l'écart de la conversation. La zone nord est pleine et je ne s...
- Oh tu n'as pas été prévenu ? Caleb s'en est occupé, la tente B est libre.
Sarih accusa le coup, me faisant bien comprendre que la tente "B" n'était pas anodine. De toute façon je me doutais déjà de la logique. Si la tente A était celle de Caleb, je venais d'hériter de la seconde, ou, dans le meilleur des cas, de la troisième.
A quoi pensait-il donc ? Pourquoi m'attribuer une telle place ? Cela n'avait aucun foutu sens, aucune logique. Pourquoi me favoriser ainsi ? Et puis ne craignait-il pas d'offusquer les siens ? Car clairement, Sarih ne le prenait pas bien. Mais alors pas bien du tout.
Bien décidé à ne pas entrer dans ce jeu vicieux et dangereux, j'allais ouvrir la bouche pour demander à avoir une autre tente, mais la médecin dont je n'avais pas retenu le nom, attrapa ma main et me tira avec elle, sans accorder la moindre attention à la détresse pourtant palpable du petit prince. Elle se contenta de l'ignorer et je ne pus que faire de même lorsqu'elle m'entraîna à sa suite.
- Je vais t'y conduire ! Tu verras, nos chambres sont très agréables !
Un dernier coup d'œil en arrière et je ne pus que voir le jeune petit prince se détourner pour quitter les lieux, les poings serrés. Je soupirai faiblement, conscient que je ne venais clairement pas de me faire un admirateur mais même si je n'avais aucune envie de me faire des ennemis, je n'avais pas non plus un désir particulier de me lier à qui que ce soit.
Me tirant de mes pensées, la chevelure bouclée et grisâtre de la médecin réattira mon regard tandis qu'elle se plantait devant moi, marchant à reculons dans une aisance remarquable.
- Je ne me suis même pas correctement présentée, dit-elle avec entrain. Je suis Lyris Calitra, mais tout le monde m'appelle Lyly.
- Et comme tu le sais déjà je m'appelle Ash. Juste Ash, ajoutai-je devant son regard curieux.
- Je vois, juste Ash, répéta-t-elle sans qu'aucun jugement ne semble venir entraver son sourire. Tu viens d'Esmera à ce qu'il paraît, tu en es originaire ? Je suis originaire de Somal donc je suis souvent venue à Esmera durant mon enfance... qu'est-ce que j'aimais le marché ! Les odeurs d'épices, les échoppes multicolores mais bon sang ce fichu...
- Sable, complétai-je d'un hochement de tête. Je n'y suis pas né mais c'est là où se trouve ma maison.
Elle acquiesça plus doucement, comprenant aisément que le sujet était encore douloureux. Elle devait savoir que je n'avais quitté cet endroit qu'à contrecœur, comme beaucoup d'autres membres des rebelles n'avaient dû quitter leur foyer qu'à cause de la guerre.
- Hé bien, il ne fait pas aussi chaud qu'à Esmera ici... mais j'espère que notre accueil chaleureux saura compenser un peu. Bienvenu parmi les cendres, Ash.
Et, très théâtralement, elle tira sur le tissu d'une tente, dévoilant son intérieur, et arborant un sourire très satisfait d'elle-même. Je sifflai légèrement, réellement étonné par le confort qui me sauta aux yeux. Nous étions loin du duvet ou de la paillasse : un véritable lit m'attendait. Un lit une place, rudimentaire, mais dont le matelas moelleux et la couverture épaisse me ravissaient le plus haut point. Sans parler du petit bureau en bois, de l'étagère garnis de vêtements et de linge, ainsi que la petite table ronde entourée de quatre chaises en osier qui n'invitait qu'à une soirée animée de rire et de joie.
- Toutes les tentes sont comme ça ?
- La tienne est plutôt rudimentaire, m'avoua-t-elle. Mais tu pourras la décorer à ta guise ou demander d'autres objets... Caleb a juste fait installer le strict minimum.
- C'est déjà parfait, assurai-je.
- Allez maintenant passons au plus amusant : déshabille-toi, je vais ausculter cette épaule !
Je blêmis instantanément. C'était hors de question. Plus encore, c'était juste inenvisageable que j'expose mon dos. Nerveusement, je reculai d'un pas, venant serrer mes doigts sur le bas de chemise alors qu'elle avait esquissé le mouvement de venir la saisir. Comprenant aussitôt mon malaise, elle s'éloigna d'un pas, relevant légèrement les mains pour m'assurer qu'elle ne recommencerait pas.
- Un problème ? S'enquit-elle finalement tandis que j'étais resté muet.
- Je... préfère ne pas être ausculter si cela implique de me déshabiller, murmurai-je, évitant son regard. Je...
- D'accord.
- D'accord ? Répétai-je, surpris par sa prompt réponse tandis que je peinais à trouver une raison valable à ma demande.
- Nous avons tous nos souffrances, notre passé et nos difficultés, sourit-elle plus doucement. Et puis je dois admettre que c'était plus pour me rincer l'œil qu'autre chose que je voulais te déshabiller.
Son clin d'œil enjôleur me déstabilisa d'abord afin de me faire pouffer faiblement. Elle était un sacré numéro mais sa douceur était incroyablement apaisante. Elle ne posait aucun jugement, aucune critique. Elle se contentait d'écouter et de faire au mieux pour aider. Au fond, son caractère cadrait parfaitement avec son apparence : lumineuse, douce, solaire.
- Merci beaucoup pour ta compréhension.
- Pas de quoi, m'assura-t-elle d'un mouvement de la main. Allez, viens t'asseoir, je n'atteindrai jamais ton épaule si tu restes debout. Tu es une vraie perche !
Cette fois je n'émis aucune protestation, venant m'installer sur la chaise qu'elle tira devant elle. Aussitôt, ses doigts froids glissèrent dans ma nuque avant de passer sur le dessus de ma chemise en lin devenue très rêche au fil des jours. Elle appuya, bougea, déplaça pendant deux longues minutes, me demandant à plusieurs reprises si tel ou tel geste était douloureux ou si j'éprouvais une quelconque gêne mais ma réponse fut toujours la même : je n'éprouvai rien de tout cela.
Malgré tout, elle insista encore quelques minutes avant de s'éloigner sobrement, replaçant une mèche de cheveux qui s'était échappée de son chignon durant son examen minutieux.
- Hé bien je crois qu'il va falloir que tu m'enseignes ta technique, me dit-elle. Si tu ne m'as pas menti durant l'examen, tu ne sembles avoir aucune séquelle et, tout au contraire, être en pleine forme.
- Je me suis toujours bien remis de mes blessures, admis-je.
- Tu as une capacité de soin ? M'interrogea-t-elle.
- Non, affirmai-je.
- Surprenant, murmura-t-elle ses yeux ne me quittant pas malgré qu'elle soit plus songeuse. Mais bon, peu importe ! L'essentiel est que tu ailles bien. Je ne vais pas te déranger plus longtemps, j'ai eu pour consigne de rapidement te laisser te reposer.
- Où se trouve Caleb, actuellement ? M'enquis-je avant qu'elle ne s'empresse de quitter la tente aussi rapidement qu'elle était arrivée.
- La dernière fois que je lui ai parlé il était en train d'écrire une missive pour Oreina. Mais ne t'en fais pas, va dormir et tu pourras lui parler à ton réveil. Notre chef ne disparaît jamais très longtemps.
J'acquiesçai, n'ayant, de toute façon, pas de raison réelle de le déranger hormis pour lui demander à quoi il jouait en me plaçant sur un piédestal que je n'avais aucunement réclamé et qui me mettais plus que mal à l'aise.
- Tu as besoin d'autres choses ? Me questionna Lyris. Où je peux te laisser ?
- Non c'est tout bon, assurai-je. Merci pour ton aide.
- Pas de quoi ! N'hésite pas si tu as besoin de quoi que ce soit, même si cela n'est pas d'ordre médical ! Je ferai mon possible pour t'aider.
- J'apprécie, souris-je. Je te remercie et n'hésiterai donc pas.
Elle sembla satisfaite, son sourire s'étendant plus largement encore. Puis, elle me gratifia d'un petit salut de la main et disparut derrière le pan de tissu qu'elle referma derrière elle, me laissant enfin seul dans ce qui allait être, dorénavant, ma chambre.
Je regardai autour de moi, savourant la quiétude d'un silence qui ne m'avait que trop manqué. L'endroit était spartiate mais moins étouffant que ma chambre à Esmera. J'y avais probablement également autant de confort, sans parler de tous les a côtés qu'ils avaient su mettre en place malgré leur condition de rebelle.
Mais il manquait quelque chose. Il manquait quelque chose que j'étais pourtant heureux de ne pas avoir à mes côtés.
Lourdement, je me redressai jusqu'à me laisser choir sur le lit et, cette fois-ci, mon sommeil ne fut bercé que par le souvenir du vent s'engouffrant dans les dunes brûlantes.
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