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Chapitre 20

Le reflet que me renvoya le miroir me déstabilisa un instant. J'étais habituée à changer d'apparence, de passer d'Ash à Tasha sans ne jamais être troubler par leurs différences. Mais c'était la première fois que je me retrouvais face à une image trouble d'un mélange des deux.

Le corps de Tasha, ses longs cheveux ondulés, sa taille fine et ses courbes féminines. Mais elle était aussi brune que Ash et avait ses yeux émeraudes, ainsi que son teint hâlé.

Je glissai mes doigts sur le verre froid, dessinant les courbes d'un visage que je n'avais pas vu depuis bien longtemps mais qui me semblait extrêmement différent bien que Linaria n'en ait modifié aucun trait. Tasha avait grandie. Une évidence, certes, mais un constat étrange quand la dernière fois que j'avais vu son reflet, elle n'avait pas plus de douze ans. Et une phrase tourbillonna dans mon esprit : "Tu ressembles à ta mère".

- Quelque chose te déplaît ? S'enquit Linaria, dans mon dos. Si tu le souhaites je peux apporter les modifications de ton choix.

- C'est parfait, assurai-je. Combien de temps durera ta magie ?

- Environ une semaine, sauf si tu l'annules de toi-même en retirant la bague, m'assura-t-elle. En tout cas... sache que tu es vraiment magnifique.

Un sourire plus franc franchit mes lèvres, tandis que j'admettais avoir pris plaisir à cette matinée. Elle m'avait rappelé à quel point j'aimais prendre soin de mon apparence, que j'aimais les jolies choses. Virevoltant avec légèreté pour faire danser le bas de ma longue robe noire qui réhaussait mon teint artificiellement halé. Elle était sobre mais le lourd tissu, le détail des coutures dorés ou encore sa coupe féminine, la rendait parfaite.

Pour la sublimer, Linaria avait passer du temps à soigner ma coiffure, me faisant quitter l'habituelle queue de cheval que j'avais tendance à affubler à Tasha, pour un chignon orné d'un pique dorée avec des breloques vertes rappelant mes yeux. Elle avait juste laissé quelques mèches ondulées qui encadraient gracieusement mon visage qui, compte à lui, n'avait été que sommairement maquillé : un trait noir sur les yeux accentuant leurs formes allongées et un léger baume transparent sur les lèvres.

- Merci pour tout ça, soufflai-je, plus détendue en sa présence que durant le repas de la veille.

- C'était avec plaisir, me sourit-elle, visiblement heureuse d'enfin me voir plus légère. Reviens quand tu veux, j'ai toujours rêvé d'avoir une fille à pouponner.

- N'avez-vo... n'as-tu, me repris-je face à son regard en coin. Pas déjà assez à faire avec les filles que tu gères ?

- Comme tu le soulignes je suis pour elles... une sorte de gardienne, expliqua-t-elle calmement tout en rangeant son matériel. Elles me perçoivent comme une sauveuse, ou comme la personne leur permettant d'avoir une vie... plus décente ou, du moins, une vie qu'elles peuvent contrôler. Elles gagnent leurs propres argents, sont libres de leurs décisions, de choisir qui sera leurs clients ou quelles sont les limites qu'elles souhaitent imposer... Et elles savent également que même si leurs situations restent ce qu'elle est, jamais aucun mal ne leur sera fait tant qu'elles vivront sous mon toit et que chacun de mes clients sont minutieusement choisis afin de m'assurer qu'aucun détraqué n'en fasse partis.

Je hochai la tête, parfaitement convaincue. Le matin même, je n'avais pas que remarquer la confiance et l'admiration que toutes vouaient à Linaria. Elles l'entouraient toutes avec entrain, parlant joyeusement et ne laissant transparaître qu'un bonheur sincère. Aucunes ne semblaient malheureuses de sa situation.

- Je suis heureuse qu'elles aient autant de considération pour moi, reprit-elle dans un mince sourire. Mais cela n'a rien de comparable avec une relation mère fille ou même fraternelle... J'avoue que parfois je regrette d'avoir choisi de vivre une vie très... solitaire.

Solitaire ? Elle était pourtant extrêmement entourée. Mais je crois que je parvenais à comprendre. Actuellement, ma vie n'avait jamais été aussi rempli d'individus différents, tous plus fascinant les uns que les autres, et j'avais également retrouvé un membre de ma famille... pourtant, parfois, je me sentais incroyablement seule. Jacinthe me manquait. Mes parents me manquaient. Et si je savais que je pouvais aisément retrouver la première, les seconds eux resteraient toujours un vide béant.

Il suffisait qu'une personne manque à votre quotidien pour que le monde vous semble soudainement extrêmement vide.

- Il n'est jamais trop tard, soufflai-je, me surprenant quelque peu. Nous trouvons parfois des êtres capables de surmonter nos barrières.

Linaria reposa ses yeux dans les miens et je ne cherchai pas à fuir, lui offrant un mince sourire qu'elle me rendit rapidement avant de s'approcher pour venir poser sa main sur ma joue avec une grande douceur.

- Sache que, dans tous les cas, tu n'auras jamais aucune barrière à monter. Je jouerais simplement le rôle que tu souhaiteras m'offrir.

Mon cœur se serra lourdement tandis que je ne savais que répondre. Percevant sans doute ma gêne, Linaria s'écarta simplement et sans attendre de réponse quelconque de ma part, enchaîna :

- Nous devrions nous dépêcher, les autres doivent nous attendre.

J'acquiesçai mollement, adressant un dernier coup d'oeil au miroir pour replacer une mèche vagabonde derrière mon oreille. Linaria m'ouvrit la porte, m'invitant à la devancer et je ne me fis pas prier, la laissant calmement me guider jusqu'à l'entrée de la maison close où se trouvait déjà Raël, Hakan ainsi que nos autres compagnons de route.

Mon souffle se coupa un instant lorsque je croisais le regard, si reconnaissable, de celle que je considérai comme une amie. Mais qui n'avait aucune idée que celle qu'elle dévisageait si froidement était en réalité le Ash avec qui elle avait passé de nombreuses heures sous le soleil écrasant des dunes de Diura.

Tartania était toujours aussi belle. Sa peau laiteuse, ses cheveux noirs coiffées en deux petits chignons fluides, ses oreilles légèrement pointues et ses cornes écailleuses dans un dégradé d'ivoire et d'onyx, la rendait unique. Sans parler de son physique longiligne et de son amour pour les robes outrageusement fendues révélant les courbes voluptueuses de ses fesses. Mais si on apparence invitait au charme, sa froideur excessive dissuadait les prétendants. Elle jaugeait son environnement avec un dédain flagrant, les bras croisés sur sa poitrine avec un agacement évident face aux discussions animées des filles de Linaria. Malgré son apparence soignée, elle n'avait aucune appétence pour les conversations guillerettes ou légères, préférant largement les histoires mêlant combat et barbarie. Elle était une brute épaisse dans le corps d'une voluptueuse séductrice.

Naturellement, je me détournai légèrement, trouvant rapidement ma recherche. Sylphanem. Un peu plus en retrait que sa sœur, elle se tenait dans un coin plus sombre, se dodelinant sur ses pieds en regardant avec curiosité tout ce qui l'entourait. Elle non plus n'avait rien perdu de sa superbe, bien qu'elle soit d'une beauté très différente. Sa peau cendrée m'avait toujours fascinée, ni noir, ni blanche, elle tirait sur un gris matte qui réhaussait le noir des tatouages qui recouvraient l'entièreté de ses bras et de ses jambes. Ses cornes étaient également d'un noir uniforme, tout comme ses yeux. Elle dégageait quelque chose de plus effrayant que sa sœur aînée, pourtant elle était bien la plus candide des deux. Du moins, tant que le combat ne débutait réellement.

J'eus profondément envie de me ruer vers elle, désireuse de pouvoir leur partager le sort qui avait été réservé à Esmera. J'étais convaincue qu'elles devaient en être inquiète, ne comprenant pas où nous avions soudainement disparut. J'étais même persuadée qu'elles avaient dû partir à notre recherche. Bien vainement si je me fiais à la confiance de Caleb compte à la sécurité du village.

Mais je n'en avais pas le droit. C'était totalement inenvisageable. Alors je baissai la tête, me contentant d'avancer vers Raël et Hakan qui discutaient entre eux dans une ambiance que je n'aurais su définir.

- Enfin, siffla Raël, nous apercevant. Vous en avez mis d... Oh. C'est... bizarre de te voir ainsi. On dirait un mixte de tes deux parties.

- N'est-ce pas ? Ne pus-je m'empêcher de sourire.

- Tu es toujours très belle dans tous les cas.

La grimace m'échappa tandis qu'Hakan se courbait légèrement en avant, cherchant m'imposer son regard.

- Merci, fis-je, sobrement, m'éloignant d'un pas en dépréciant la promiscuité qu'il m'imposait. Cela dit, je ne vous retourne pas le compliment à tous les deux.

- Fort merci, bougonna Raël. Nous sommes des mercenaires, nous ne pouvions nous permettre le luxe de nos habits normaux.

J'acquiesçai, comprenant aisément la logique. Raël avait donc troqué ses kimonos colorés contre une vieille chemise en lin noir et un pantalon étroit de la même couleur. Simple et sobre. Tout comme la tenue d'Hakan qui, lui, avait opté pour une couleur plus claire, un beige qui réhaussait son teint halé.

- Si tu as fini de commenter nos tenues, nous allons pouvoir partir, souffla Raël. Sauf erreur, tout le monde est présent.

- Tu ne te trompes pas, acquiesça Linaria. Bien... Que tout le monde m'écoute !

Elle avait à peine haussé la voix, le silence s'imposant aussitôt. Tous cessèrent leurs activités pour se presser en un petit cercle autour de celle qui avait toute leurs attentions.

- Comme chaque année, je vais vous épargner les discours cérémonieux et les consignes à rallonge. Vous savez déjà toute où vous vous rendez et ce qui vous attends. Le trajet ne devrait pas être éprouvant, mais évitez les excès afin d'arriver en forme à Ravanel... Une fois sur place évitez de vous déplacer seules et si vous avez des doutes sur un individu, n'hésitez pas à le signaler.

Toutes les femmes présentes acquiescèrent d'un même mouvement.

- Quant à vous messieurs et mesdames aventuriers... je vous confie mes précieuses filles. Je compte sur vous pour veillez à leur bienêtre et à leur sécurité... N'hésitez pas à user de mon nom à tort et à travers, il vous ouvrira bien des portes et vous offrira des issues plus pacifiques. Bien entendu, n'hésitez pas non plus à trancher les têtes nécessaires, j'en assumerai également toutes les responsabilités. Vous avez ma pleine et totale confiance, alors agissez comme cela vous semblera nécessaire.

Elle ne mentait pas. Son regard franc, son sourire... tout criait la véracité de ses propos. Elle avait foie en ceux qu'elle consciencieusement choisi, les triant sur le volet. Et cette conviction l'assurait qu'ils se comporteraient avec bienveillance envers celles dont ils avaient la responsabilité.

Elle était douée. Clairement douée. Et je savais désormais où Raël avait appris à manier les mots et obtenir ce qu'il souhaitait. Il avait tout appris de cette femme aussi douce qu'implacable.

- Bien. Maintenant rassemblez vos affaires, les chariots vous attendent à l'extérieur.

Et sans que quiconque n'émette la moindre protestation, tous se dirigèrent vers leurs sacs avant de s'éclipser vers l'extérieur, nous laissant bientôt seuls avec Linaria.

Doucement, ses paumes vinrent saisir les miennes et je la laissai faire, posant mon regard dans le sien avec curiosité face à son geste soudain. Mais la gêne me gagna rapidement lorsque je fis face à deux sphères humides.

- Tu reviendras, n'est-ce pas ? Tu m'en fais la promesse ?

- Je...

- Elle te le promet, me coupa Raël, devant percevoir mon trouble et craignant ma maladresse. Et je te promets également de te la ramener indemne. Ainsi que ton petit prince héritier.

- Pas besoin de promettre ma sécurité, désapprouva l'intéressé. Je suis le plus à même de la garantir.

- Excusez-moi, majesté, bougonna Raël en levant les yeux au ciel.

- Tu es pardonné, acquiesça Hakan avant de venir poser une de ses larges mains sur l'épaule de la semi-humaine. Néanmoins, tu as aussi ma parole que nous reviendront tous ici sans la moindre égratignure.

Elle sembla plus convaincue par la sérénité d'Hakan que par l'affirmation de Raël. Celui-ci voulut s'en offusquer mais elle ne lui en laissa pas l'occasion, venant simplement nous attirer tous les trois entre ses bras trop petits pour réellement tous nous enlacer ainsi. Mais aucun de nous n'osa émettre la moindre critique, la laissant faire à sa guise.

De toute façon, cela ne dura pas plus de quelques secondes. Elle s'écarta sobrement, réaffichant un parfait sourire. Une tape plus tard dans le dos de Raël et le début de notre voyage vers une nouvelle destination pu débuter.

Mais un goût étrange resta lorsque les toits de Shanara disparurent de mon champ de vision. Une nostalgie vivace venant marquer mon esprit troublé.

- Si tu continues de les dévisager de la sorte, elles vont se poser des questions, me chuchota Raël pour la centième fois depuis notre départ de Shanara.

- Je n'y peux rien, soupirai-je, m'obligeant néanmoins à détourner le regard. C'est frustrant... je les considère comme des amies, mais je ne peux même pas les saluer.

- ... Pourquoi tu n'as jamais exposé Tasha ? S'enquit-il, plus doux. Tu sembles accorder une immense confiance à ceux que tu côtoyais à Esmera... alors pourquoi ne pas avoir partagé un peu de tes secrets avec elles ?

Parce que j'étais trop effrayée pour le faire ? Parce que l'apparence de Tasha criait mon appartenance à cette famille maudite ? Parce que cela serait leur faire prendre un risque.

- C'était plus simple ainsi, mentis-je donc dans un haussement d'épaule. Je ne voulais perturber personne avec ma double identité.

Il me jaugea en coin, soupirant faiblement en me signalant ainsi qu'il ne croyait pas une seconde à mon explication bancale. Néanmoins, il n'insista pas, se contentant simplement de venir laisser retomber son épaule contre la mienne, retournant à son repos. Il n'était pas de garde ce soir et escomptai bien profiter du roulement de notre chariot pour se laisser bercer jusque dans les bras de morphée.

Nous avions déjà traversé la rivière qui séparait Shanara de Ravanel et, selon les dires des autres, nous ne tarderions plus à voir les remparts de la ville. Nous approchions du but. Et la peur revenait accaparer ma poitrine à cette idée. Il était proche. Cet homme était tout proche de nous. J'expirai bruyamment, tâchant d'évincer son image de mon esprit.

- Je peux te poser une question ?

- Tu viens déjà de le faire, me souligne-t-il. Mais je t'écoute.

- Pourquoi tu n'as jamais avoué à Lyris tes sentiments ?

Le choc fit vaciller son épaule contre la mienne et il se rattrapa de justesse avant de s'écarter en toussotant faussement, sa main masquant son visage que je devinais rougissant.

- Ça ne va pas de balancer ça comme ça, grommela-t-il. Si tu voulais aller dans l'intime, faut prévenir avant.

- Parce que toi tu préviens ? Rétorquai-je, arquant un sourcil, sceptique. J'en ai aucun souvenir.

- Oui bon ça va, oublie, bougonna-t-il avant de soupirer. C'est si visible ?

- Pour moi, oui, approuvai-je, plus douce. Mais j'imagine que pour ceux te connaissant moins, les signes doivent passer pour une affection fraternelle.

- ... Alors j'imagine que je ne peux être qu'être heureux d'avoir une petite sœur aussi attentive.

Sa main se posa sur le sommet de ma tête, ébouriffant son sommet avec plus de délicatesse pour ne pas défaire la jolie coiffure réalisée par Linaria et qui était maintenue par la magie. Il le camouflait bien mais je devinais son émotion. Mais il se détourna rapidement, laissant retomber sa main autour de mes épaules pour me ramener vers lui, me laissant reposer ma tête contre son épaule, tout en me recouvrant de sa chaleur plus que bienvenu dans le froid mordant de la nuit.

- Comme tu as dû le remarquer... Lyris éprouve une certaine adoration pour Caleb.

- Effectivement, admis-je. Mais... je n'ai jamais eu l'impression que c'était de l'amour ? Plus quelque chose proche... de l'admiration ?

- Malheureusement c'est infiniment plus compliqué qu'une simple émotion définit, m'expliqua-t-il. Peut-être ne l'aime-t-elle pas d'un amour passionnel... mais il a sauvé sa vie, lui a offert un endroit où elle se sent en sécurité, donné un sens à sa vie... Ce qu'elle éprouve va au-delà de l'admiration ou de la reconnaissance... Il est pour elle comme un être absolu qu'elle suivra contre vent et marré.

- ... Mais cela ne signifie pas pour autant qu'elle ne pourrait pas éprouver de l'amour pour quelqu'un d'autre.

- Peut-être, acquiesça-t-il, plus tristement. Mais je passerais toujours derrière cet homme qui n'aurait qu'à claquer des doigts pour qu'elle s'agenouille.

- Tu sembles extrêmement convaincu, relevai-je.

- Parce que je l'ai déjà vécu, sourit-il, cette fois-ci l'amertume se peignant sur son visage. Un jour, lors d'une bataille, j'ai été gravement blessé au même moment que ce crétin... Et, à l'époque, nous étions proche. Plus encore que nous le sommes aujourd'hui... Et pourtant, je l'ai vu courir vers lui. Sans le moindre regard vers moi, sans même qu'il ne soit le blessé le plus urgent des deux... Son cœur l'a juste porté là où elle devait être.

Le souvenir était infiniment douloureux, marquant encore son âme d'une brûlure vivace dont il ne se débarrasserait jamais. J'aurais voulu trouver les mots pour l'apaiser mais je n'avais aucune réelle expérience pouvant me permettre de formuler le moindre conseil maladroit. Je préférai donc conserver le silence, lui laissant l'espace dont il avait besoin pour continuer à se confier.

- A cet instant j'ai pris la décision de m'éloigner, de me protéger. Mais sans jamais pleinement y parvenir... Je reviens systématiquement à ses côtés, comme si mon corps était incapable de suivre un autre chemin.

- Peut-être un jour, répondis-je, mes yeux perdus devant nous. Tu trouveras quelqu'un capable de t'emmener avec elle.

- C'est ce que Jacinthe a fait pour toi ? S'enquit-il, devinant ma pensée avec une clairvoyance troublante.

J'acquiesçai légèrement sans pour autant déloger mon visage de son épaule.

- Après la mort de grand-père... mon esprit est devenu une coquille vide de tous sentiments... J'étais incapable d'agir, de réfléchir ou même d'envisager l'avenir, expliquai-je, plongée dans un passé devenu lointain. La seule route qui semblait s'offrir à moi était celle de la mort. Mais Jacinthe a pavé le sol d'une destination toute autre... Elle m'a redonné l'envie de vivre, l'envie de me battre... Elle a créé de toute pièce un espoir que je ne pensais jamais plus pouvoir éprouver.

Il marqua une légère pause, son regard me jaugeant et ses doigts sur mon bras se resserrant, témoignant de son propre trouble. Il aurait voulu être là. Il aurait voulu me protéger de toute cette souffrance qui faisait encore ralentir les battements d'un cœur anesthésié par un trop plein de douleur. Et je devinais également qu'il aurait souhaité être celui m'arrachant aux ténèbres venues enlacer mon âme.

- J'espère avoir la chance de la rencontrer un jour, reprit-il malgré tout. Je dois lui témoigner toute ma gratitude pour avoir pris soin de mon intrépide petite-sœur.

Et il me ramena plus fermement contre lui tandis que je ne pus m'empêcher de sourire, parfaitement détendue.

Je n'avais pas reconnu Raël, son visage ne m'avait rien évoqué à notre première rencontre. Mais mon corps tout entier me hurlait désormais qu'il avait été infiniment plus qu'un simple frère. Il avait été un pilier dans le monde étroit dans lequel la famille de ma mère avait voulu me confiner. Je lui avais voué un amour inconditionnel et une confiance aveugle.

Alors la question restait la même : pourquoi était-ce si difficile de me remémorer ce passé qui semblait pourtant imbriqué jusqu'au plus profond de mon être ?

- Que tout le monde se prépare ! Nous approchons de Ravanel !

Je me raidis vivement, me redressant tandis que mon cœur se mettait à battre à tout rompre dans le fond de ma poitrine. Ravanel. Nous y étions enfin. Tout comme cet homme. Le tremblement me saisit sans que je ne parvienne à l'anticiper, mais se calma quand la paume de Raël vint encercler mes doigts. Mes yeux rencontrèrent les siens et il m'offrit un sourire dont le calme et la sérénité parvinrent à me raisonner. Paniquer maintenant n'avait aucun intérêt et ne pourrait que nous rendre suspect au regard de ceux que nous souhaitions éviter.

Sobrement, il se releva, se hissant dans un lourd gémissement lorsque son dos raidit par le voyage put enfin s'étirer. Je le regardai faire, tâchant de rester immobile comme toutes les autres femmes présentes autour de moi. Elles discutaient sobrement entre elles, sans s'affoler par l'annonce qui venait d'être faite. Même les plus jeunes ne semblaient pas s'alarmer, copiant leurs aînés dont l'indifférence devait grandement les rassurer. Je devais impérativement les imiter. J'inspirai profondément et expirai tandis que Raël se préparait à sortir de la diligence pour rejoindre les autres aventuriers qui se pressaient déjà tout autour, préparant notre arrivée imminente.

- Ça va aller ? S'enquit-il, jaugeant mon teint livide malgré toute ma bonne volonté. Tu sembles sur le point de t'évanouir.

- Ça ira, assurai-je dans un léger soupir. Je... suis juste un peu plus nerveuse que je ne l'avais craint.

- Détends-toi, me répondit-il, laissant tomber sa large paume sur le sommet de ma tête. Tout ira bien, notre plan est parfait.

J'acquiesçai lourdement, lui rendant un mince sourire pincé lorsqu'il m'en adressa un radieux. Sobrement, il se détourna avant de disparaître hors du véhicule, sautant quand celui-ci se stoppa. Des voix s'élevaient. Nous étions arrivés au point de contrôle. J'inspirai vivement, luttant contre le mouvement effréné de ma jambe voulant marquer ma nervosité.

Et les secondes défilèrent dans une lutte intérieure que j'étais seule à mener. Les questions tourbillonnaient dans une tempête incohérente : et si les gardes nous démasquaient ? Si les magies d'Hakan ou de Linaria nous abandonnaient ? Si le roi se présentait directement à notre rencontre, ayant décelé... ayant décelé quoi au juste ? Une puissance dont il devait se méfier ? S'il avait une telle capacité, le camp des rebelles aurait été décimée depuis bien longtemps. Aucunes de ses pensées n'avaient de sens, elles étaient uniquement dû à l'inquiétude qui voulait me tordre l'estomac.

Mais les secondes devinrent des minutes, puis une longue heure durant laquelle je parvins à rester obstinément assise, attendant après une sentence que je redoutai pourtant.

Et la diligence put réavancer.

Nous étions passés. Nous étions passés sans même qu'un garde ne vienne prendre la peine de vérifier le contenu de la diligence. Était-ce là l'influence du nom de Linaria ? Cette femme était clairement peu commune, mais je devais désormais reconnaître toute son envergure.

Mais, malgré tout, mon cœur restait obstinément calfeutrer au creux d'une poitrine trop serré pour l'autoriser à battre. Nous étions maintenant coincés. Le retour en arrière n'était plus envisageable, les ombres des hauts murs de Ravanel m'écrasant de toutes leur hauteur.

Nous étions désormais seuls maître de notre survie. Et j'étais prête. J'étais prête à donner cette fois ma vie pour protéger la sienne. 

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