Chapitre 18
Encore un visage inconnu qui voulait prétendre me connaître. Cela faisait beaucoup pour que je ne me pose des questions sur l'intégrité de mes souvenirs... Je m'étais déjà questionné sur mon incapacité à me souvenir de Raël alors que, pourtant, j'étais profondément persuadé qu'il était bel et bien celui qu'il affirmait être. Lorsqu'il me parlait de ses propres souvenirs, gravés en lui au fer blanc, des flashs me revenaient régulièrement, comme les pièces d'un puzzle que j'imbriquai enfin... j'avais fini par me dire que j'étais peut-être trop jeune à ce moment ou trop bouleversée par la proximité avec tous les événements affreux qui avaient succédés.
Mais désormais je me retrouvai face à deux personnes que j'avais côtoyer sans pour autant qu'aucun souvenir ne me revienne. J'étais certaine que Linaria était venue à Comerian, une petite voix me le soufflant avec force sans pour autant que je ne sache d'où elle provienne, et j'avais forcément dû passer du temps avec elle. Mais ni sa chevelure somptueuse ou sa beauté extraordinaire ne m'avait évoqué quoi que ce soit.
Et le problème se répétait face à cet homme. Rien ne parlait chez lui alors que j'aurais forcément dû me rappeler de ses cheveux presque blancs, rappelant ceux des miens, et de ses yeux d'un doré si intense que je ne pouvais que penser qu'il portait peut-être des lentilles. Car même si enfant il ne possédait peut-être pas sa mâchoire carrée, ses abdos faramineux ou ne portaient pas les cheveux court, ces deux détails restaient suffisants pour le rendre plus que reconnaissable.
- Navrée, soufflai-je après quelques secondes. Je n'ai aucun souvenir de toi.
- Pas surprenant, m'assura-t-il. Nous ne nous sommes rencontrés qu'une seule fois et nous n'étions alors que des enfants... J'avais quatorze ans mais tu ne devais pas en avoir plus de dix.
- Si elle avait dix ans, je faisais déjà parti de sa vie, désapprouva Raël. Et ta bouille d'ange ne me parle pas non plus.
- Elle était seule lorsque je l'ai rencontré, rétorqua-t-il dans un haussement d'épaule. Il n'y avait ni ses parents, ni toi.
- Impossible, affirma Raël. Elle n'était jamais sans l'un d'entre nous. Tu dois la confondre avec quelqu'un d'autre.
- Parce que tu la trouves comparable à une autre ?
Raël murmura quelque chose que je ne perçus pas mais qui fit pouffer Linaria tandis que Hakan, pour sa part, gardait son attention portée sur moi, me gênant passablement.
- Alors, si tu es si sûr de toi, pourrais-tu nous donner plus d'informations compte à cette rencontre ? Intervint Linaria, tâchant de tempérer la situation.
- C'était le soir de mon anniversaire, répondit-il, la faisant tiquer. Père avait fait mander la moitié du royaume pour l'occasion... Et les Alhaita n'ont dû pouvoir échapper à cette corvée.
- Oh.
L'onomatopée avait échappé à Raël dont les yeux venaient de s'écarquiller sans que je ne comprenne ce qu'il semblait avoir su déduire. Il n'avait rien dit que nous n'avions déjà déjà, non ? Il était clairement l'enfant d'une famille noble d'Andora au vu de sa prestance et de ses manières, et il avait dit lui-même être de notre génération. Alors que devais-je entrevoir ? Répondant à mon regard inquisiteur, Raël daigna enfin m'expliquer :
- Une famille suffisament influente pour convoquer les Alhaita pour un simple anniversaire d'un enfant... il n'y en a pas des milliards pouvant se le permettre.
- Oh.
Ce fut à mon tour de ne prononcer que cet unique son. Les Alhaita avait été au sommet de la noblesse, personnes n'auraient osés convoquer un seul de ses membres pour une raison aussi futile que l'anniversaire d'un enfant quelconque, peu importe qu'il soit l'héritier d'un des autres noms ancestraux d'Andora. Il n'y avait qu'une famille pouvant prétendre à un tel geste.
La famille royale.
Mes yeux se retournèrent vers Hakan, vers ce garçon qui venait clairement de révéler qui il était réellement. Vers le prince héritier, seul et unique enfant du roi Eryndor, et probablement dernier représentant de la longue lignée royale.
- Impossible, murmurai-je. Les Shino ont été décimé.
- Tout comme les Alhaita, me sourit-il calmement.
Il marquait un point. Pourquoi n'aurait-il pu survivre au même titre que moi ? Parce qu'il n'était pas faible. Parce qu'aucune raison n'aurait pu pousser le roi démon à lui laisser la vie sauve.
Hakanemeri Shino avait été un prince aimé, célébré par tous les peuples. Et si cet amour était d'abord dû à son titre de futur de régent d'Andora, il l'avait surtout été parce qu'il s'était montré être le digne héritier de son père. Guerrier surdoué, mage émérite, doté d'une maturité et d'une sagesse à tout épreuve... les compliments et les louanges n'avaient eu de cesse de fuser à son passage. A l'annonce de sa mort, le peuple avait pleuré ce cher enfant chéri dont l'avenir aurait été dénué de nuage si Azrealith n'avait posé les pieds sur nos terres.
Alors comment avait-il pu survivre à l'assaut du château ? Pourquoi Azrealith aurait-il épargné un être capable de susciter un espoir vif au sein de tout Andora ? Cela ne collait pas.
- Comment as-tu survécu ? Questionnai-je.
- Quand mon père a senti le danger, il a missionné l'un de ses hommes de confiance pour assurer ma fuite en cas d'attaque du château, répondit-il malgré sa crispation évidente à l'évocation de ce sujet. On m'a assommé et lorsque je me suis réveillé... je me trouvais au milieu du désert.
- Quel homme aurait été capable d'échapper à l'assaut qui a décimé toute une région ? Désapprouva Raël à ma place.
- Vous connaissez peut-être son nom, il a été célèbre à une époque... Dunor Madrigal.
J'écarquillai quelque peu les yeux, réellement surprise d'entendre ce nom ici. Mais l'étonnement fut passager. Effectivement si un homme avait été capable d'une telle prouesse, c'était bien lui. J'étais désormais bien placée pour le savoir.
- Donc tu ne verras pas d'inconvénient à ce que je lui fasse parvenir une missive pour savoir si ce que tu dis est vrai ? S'enquit Raël.
- Vous savez où se trouve Dunor actuellement ? Répondit-il vivement, avec plus d'entrain.
- Peut-être, répondit Raël, sans rien laisser deviner de ses émotions. Toi non, visiblement. Etonnant quand tu dois ta survie à cet homme.
- Disons qu'à l'époque j'étais trop en colère pour parvenir à lui témoigner une once de reconnaissance... Je venais de tout perdre et... Bref peu importe. Pour faire simple, nous nous sommes quittés en mauvais terme lorsqu'il a eu fini sa mission initiale.
- Sa mission initiale ? Répétai-je, devançant Raël qui voulait continuer son petit jeu.
- Mon père lui avait fait jurer sur l'honneur qu'il me conduirait dans cette maison et me confierait au bon soin de sa gérante.
- Comment le roi s'est-il retrouvé à fricoté avec toi ? Interrogea Raël en se tournant vers Linaria. Je ne doute pas de tes charmes mais je n'imagine guère cet homme respectable se vautrer dans tes draps.
- Tu serais bien surpris de voir quel genre d'homme se couche dans nos lits, sourit-elle en coin avant de retrouver son sérieux. Mais effectivement, ma relation avec Eryndor n'avait rien à voir avec mon travail. C'est une longue histoire que je vais tâcher d'abréger au possible : vous ne le savez peut-être pas mais il fut un temps où Raija a été promise à Eryndor.
- Ma mère a été promise au roi ? Sifflai-je, entendant cette histoire pour la première fois.
- Il y a très longtemps, approuva-t-elle. Ton grand-père et celui d'Hakan souhaitait unifier les deux familles et engendrer une nouvelle ère pour Andora... ils ont donc passés la quasi-totalité de leurs enfances ensembles... jusqu'au point de ne plus se voir autrement que comme des frères et sœurs. Ainsi, lorsqu'à l'adolescence tous les deux ont commencé à s'entourer de combattant et de magicien... ils sont tous les deux tombés amoureux de quelqu'un d'autre au grand désarroi de leurs parents. Mais Eryndor et Raija se fichaient pas mal de leurs mécontentements ou de leurs remarques... ils en ont fait qu'à leur tête et ont chacun épousés ceux qu'ils souhaitaient.
Alors c'était pour cela que mon grand-père détestait tant mon père ? Parce qu'il n'était pas celui qu'il avait choisi pour sa fille ? Cela avait désormais plus de sens. Je n'avais jamais réellement compris sa haine froide envers cet homme qui cochait pourtant tous ses critères : de bonne famille, intelligent, mage surdoué et pour ne rien gâché, un homme dévoué corps et âme à sa femme.
- Mais malgré qu'ils aient chacun choisit une autre personne, ils sont restés très proche... Ainsi lorsque Raija et Damon m'ont trouvé et sauvé d'une mort certaine... ils ont demandé l'aide d'Eryndor afin de m'obtenir ce que lui seul pouvait m'offrir : ma liberté.
Et, voulant faire comprendre ce qu'elle sous-entendait, elle releva légèrement son épaisse chevelure, dévoilant dans sa nuque un petit cercle rouge. Je jetai un coup d'œil vers Raël qui m'expliqua aussitôt, comprenant que je ne savais pas ce qu'il signifiait :
- La marque des esclaves.
Je blêmis aussitôt. Linaria avait été une esclave ? Je n'avais même pas eu idée qu'une telle chose avait été encore possible à l'époque de mes parents... non. Je me voilais la face. Si cela avait été possible dans un monde paisible, cela devait aussi avoir lieu quand celui-ci devenait chaotique.
- Eryndor a fini par accepter même si libérer une semi-humaine allait lui coûter beaucoup de popularité auprès de ses chers courtisans... Et il s'est montré finalement plus bienveillant que je ne le pensais. Après quelques années où j'ai collé Raija, et où j'ai donc échangé avec lui à de nombreuses reprises nous avons finis par nous lier d'une certaine amitié. C'est même après l'une de nos conversations, où je lui ai confié mon envie de créer un refuge pour les semi-humaines, qu'il m'a offert cet endroit en me disant que j'étais libre d'en faire ce que je souhaitais.
- Je n'en savais rien, admit Raël. Tu confirmes donc qui il est...
- Je l'avais déjà rencontré avant son arrivé ici, je peux donc t'assurer que tu as bien en face de toi le dernier héritier du trône d'Andora.
Raël sembla peser le pour et le contre mais finit par faire une moue boudeuse signifiant qu'il abandonnait son scepticisme. Hakan était le prince héritier. Ne restait plus qu'une question sans réponse : pourquoi affirmait-il me connaître ?
- Nous étions bien à son fichu anniversaire, lâcha finalement Raël en se tournant vers moi. C'était peu de temps après mon arrivé, tu n'avais que huit ans à l'époque... et je ne me souviens pas particulièrement de cette soirée mais cela ne me surprendrait pas que tu ais réussi à échapper aux parents.
- Elle était seule dans les jardins lorsque nous nous sommes rencontrés, approuva Hakan. Assise au milieu d'un par terre de fleur de lys... on aurait presque dit qu'elle était tout droit sortie d'une peinture avec ses longs cheveux blancs et sa robe bleu nuit.
Sinistrement aucun souvenir ni d'avoir été au château du roi, ni même de m'être tenue dans ce fameux jardin. Je grimaçai donc, passant ma main dans ma nuque, gênée de devoir le reconnaître mais n'ayant d'autre choix face à son regard insistant :
- Je suis désolée mais...toutes les années précédant la mort de mes parents sont très... confuses dans ma tête.
- Elle ne se souvenait même pas de moi, confirma Raël dans une légère grimace qui ne put que me faire culpabiliser même si je la savais volontairement exagérée. Donc vous n'avez aucune chance, votre majesté.
- Ce n'est pas grave, assura-t-il platement avant de me réadresser un parfait sourire. Cela me rend un peu triste, je l'admets, mais je suis déjà heureux d'avoir eu la chance d'enfin te revoir.
Le. Malaise.
Que voulait-il que je réponde à ça ? Je n'avais aucune idée de ce que nous avions pu partager ce soir-là et je faisais face, à mes yeux, à un simple inconnu flippant qui n'avait eu de cesse de me dévisager depuis le début de la conversation et qui, maintenant, me souriait tel un prédateur près à me dévorer.
Je soupirai donc, tâchant de lutter contre ma gêne afin d'offrir une réponse plus convenable à celui qui, dans d'autres circonstances, aurait dû être mon roi.
- Encore désolée de ne pas me souvenir de vous, soufflai-je plus poliment qu'auparavant. Je ne peux donc que m'estimer heureuse si notre première rencontre vous à laisser un bon souvenir et que je ne m'y suis pas montré trop...
- Impertinente ? Suggéra-t-il devant mon hésitation et me faisant légèrement pâlir. C'est précisément parce que tu l'as été que je garde un souvenir mémorable de ce moment.
Qu'avais-je fait ? Quoi que ce soit, mes parents n'avaient jamais dû l'apprendre car je n'aurais pas pu oublier la remontrance que j'aurais pris si j'avais fait preuve d'impolitesse envers le futur roi d'Andora. Car si ma mère n'était pas très attachée à l'étiquette et aux bonnes manières, cela n'empêchait qu'elle avait hérité de la fierté des Alhaita, la poussant à vouloir être irréprochable à tout point de vue.
- Ne fais pas cette tête, rit-il. Je t'assure que tu n'as rien à te reprocher... Au contraire, tu as été d'une grande aide.
- Flippant, murmura Raël s'attirant un regard noir de Linaria qui ne le fit que hausser les épaules. Quoi ? C'est vrai que c'est flippant sa manière de dire qu'une gamine de huit ans lui a été "d'une grande aide".
J'eus un petit mouvement de tête qui trahit mon acquiescement, Linaria se tourna aussitôt vers moi, tout aussi accusatrice et me faisant me faire sentir toute petite face à sa prestance.
- Ils n'ont pas tort, Lina, sourit Hakan en s'approchant d'elle pour poser sa main sur son épaule. Je reconnais que je ne devrais pas être si fier d'avoir été aidé par une enfant dont je ne connaissais même pas le nom jusqu'alors...
- Et si tu abrégeais le suspens ? Qu'est-ce qu'elle a fait pour toi ? Soupira Raël, abandonnant toute forme de politesse, probablement trop agacé pour la conserver.
Hakan ne répondit pas aussi rapidement que les fois précédentes, son regard se contentant de se planter dans le mien, m'indisposant un peu plus encore à chaque seconde où il continuait de se comporter si étrangement.
- A cette époque... j'étais dans une période où devoir être le fils prodige était difficile à porter. J'avais à cœur de paraître parfait, de toujours tout maîtriser à la perfection de la moindre parcelle de mon apparence aux moindre de mes gestes ou de mes paroles.
- Ça a bien changé, commenta Raël en jugeant sa tenue légère et son comportement désinvolte mais sans que cela ne le perturbe le moins du monde.
- Les soirées mondaines étaient donc pour moi un jeu de masque et d'étiquette... cela me fatiguait beaucoup et je finissais toujours par me rendre dans les jardins, cherchant quelques secondes de répit... mais ce soir-là, j'ai été fort décontenancé de constater que quelqu'un avait osé s'immiscer dans ce lieu normalement réservé à la famille royale.
Je grimaçai tandis que Raël me décochait un petit coup de coude. Oui. Cela me ressemblait bien. Enfant, j'avais une fâcheuse tendance à la curiosité, partant où je le souhaitais sans prévenir qui que ce soit ou me demander si j'avais le droit d'être là.
- Tu étais assise au milieu du parterre de lys que ma mère avait fait planter peu avant ma naissance... au début j'ai été en colère, craignant que tu n'abimes les fleurs... puis j'ai réalisé que tu les avais soigneusement évités, te trouvant juste un petit espace pour t'asseoir calmement et les contempler... Tu étais magnifique. Tout droit sorti d'un songe... Et puis tu as remarqué ma présence, braquant tes yeux sur moi. A cet instant, j'ai eu le sentiment d'avoir quelqu'un de bien plus âgé face à moi tant tu semblais porter le poids du monde dans tes iris dignes des saphirs les plus pures de tout Andora.
Très poétique. S'il ne parlait pas d'une enfant de huit ans. Raël battit du pieds, partageant probablement mon avis face à la description presque romantique qu'il tentait d'offrir. Calmement, je pressai ma paume dans son dos et il baragouina quelque chose d'incompréhensible, mais resta tranquille, laissant le prince continué son récit.
- Je t'ai demandé qui tu étais mais tu ne m'as pas répondu, continua-t-il, son sourire s'étalant un peu plus franchement. Tu t'es juste contentée de te lever calmement et tu as tentée de passer à côté de moi sans plus daigner te soucier de ma présence.
- Tu m'étonnes, si tu faisais aussi flipper que ma...
Mon coup de coude dans les côtes fit geindre Raël, le coupant dans sa réplique cinglante. Je lui fis les gros yeux et il grommela une nouvelle fois avant de venir croiser ses bras contre son abdomen et de me tourner le dos, manifestant ainsi sa bouderie.
- Bien évidemment je te trouvais particulièrement impolie alors je t'ai saisi par le bras pour te forcer à m'écouter. Tu ne t'es pas débattu, tu es restée calme malgré mon geste que je reconnais aujourd'hui très discourtois envers une dame quel que soit son âge... et tu m'as juste fixée sans prononcer le moindre mot. Je t'ai redemandé ton nom et cette fois tu as ouvert la bouche.
Mais très certainement pas pour lui donner mon nom. Confirmant ma prémonition, il enchaîna rapidement :
- Tu m'as dit que tu ne donnerais pas ton nom à quelqu'un qui ne savais pas lui-même qui il était ou ce qu'il souhaitait être.
Cette fois, aucun sourire ne vint plus étirer ses lèvres, ses yeux me dévisageant juste comme à la recherche d'un quelque chose qu'il dû croire percevoir ce fameux soir. Mais je n'étais plus une enfant. Encore moins, cette enfant. Tasha vivait toujours. Tout comme Ash. Mais l'un et l'autre avaient été trop brisés pour être aussi libre et intrépide que je l'avais été auparavant.
- J'ai été si surpris par tes mots que j'en ai lâché ton bras, souffla-t-il, concluant son souvenir. Tu as disparu aussi rapidement que tu étais apparu, me laissant marqué au fer blanc de ta remarque. Je ne savais pas qui tu étais, ne connaissait même pas ton âge ou ton nom... et pourtant tu venais de lire en moi comme dans un livre que tu avais toujours tenu entre tes mains. Cette fois-là à marquer ma décision de ne plus juste être le parfait petit prince du royaume d'Andora... j'ai commencé à être plus libre, à prendre des décisions pour moi et non plus uniquement pour satisfaire mon père... je me suis focalisé sur les cours de magie qui me passionnait plutôt que sur les leçons d'histoires, j'ai coupé mes cheveux cessant de répondre à l'esthétique de la famille Shino et privilégiant mon confort... Bref. J'ai chassé les ténèbres qui commençaient à ronger mon âme.
- Parce qu'une gamine t'a dit quelques choses aux hasards ? Désapprouva Raël. Tu n'idéalises pas un peu trop ce moment ? Tu avais juste envie de te libérer et Tasha t'a servi d'excuse. Elle a juste dit la première chose qui est passé par son esprit d'enfant pour que tu lui lâches la grappe.
- C'est probablement une partie de la vérité, acquiesça Hakan, sans se formaliser. Mais... cela n'empêche que si cet instant ne s'était pas produit, je n'aurais peut-être jamais trouvé le courage d'agir. Et je persiste à dire qu'il y avait quelque chose de... particulier en elle. Sentiment que je ressens encore aujourd'hui.
Ma grimace fut plus nette que les précédentes, ne sachant pas comment réagir face à... Ses avances ? C'étaient des avances, n'est-ce pas ? Ou juste s'exprimait-il toujours de cette façon charmeuse ? Après tout, il avait visiblement vécu plusieurs années dans cette maison close, peut-être était-ce juste une habitude ? Je passai ma main devant mon visage, soupirant, excédé par la tournure que prenait la situation. Depuis plusieurs mois maintenant, ma vie semblait jalonnée de problème plus incongrus les uns que les autres.
- Je... suis flattée ? Débutai-je, hésitante avant de me reprendre. Mais je vous réaffirme que je n'ai aucun souvenir de cet instant et que je suis plutôt de l'avis de Raël. J'étais une enfant et j'ai dû dire la première chose qui me passait par la tête pour éviter de me faire gronder... cela dit, je suis heureuse si cela a pu vous permettre d'assumer vos envies, bien que cela n'était très certainement pas mon intention d'enfant.
Toujours le même regard insistant. Et un petit haussement d'épaule voulant m'affirmer qu'il ne partageait pas du tout mon avis mais qu'il n'insisterait pas plus, me soulageant grandement. Enfin nous allions pouvoir mettre fin à cette conversation dès plus inconfortable. Et comme s'il avait perçu ma pensée, Raël sauta sur le long silence pour reprendre le lead de la conversation :
- Hé bien... maintenant que nos charmantes retrouvailles sont terminéees, j'aurais besoin de ton aide Linaria.
- Moi qui espérais que vous étiez là parce que vous vouliez vivre avec moi, sourit-elle tristement. J'aurais dû me douter que tu n'étais pas aussi sentimental, Raël.
- Je voulais réellement que tu saches que Tasha était en vie, désapprouva-t-il. Mais j'admets que ma motivation n'était pas purement personnelle.
- De quoi avez-vous besoin ? S'enquit-elle plus douce. Je ferais tout mon possible pour vous aider.
- Nous avons besoin d'entrer à Ravanel pendant le festival des lanternes.
Et au vu de leurs réactions communes, je sus qu'eux aussi avaient la même penser que tous les autres face à notre projet : nous étions suicidaires.
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