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Chapitre 12

Et une belle année à vous 🎉🎉🎉🎉 merci de prendre la peine de me suivre dans cette nouvelle aventure et en vous souhaitant que tous vos voeux se réalise !




Dans un silence de plomb, j'affrontai Caleb en tâchant de soutenir son regard bien que celui-ci fût d'une intensité qui aurait pu faire rosir mes joues si je n'étais pas en train de jouer mon avenir.

- Ais-je été trop abruptes en disant que tu me plaisais ? S'enquit-il, tâchant de masquer son agacement pourtant évident. Si c'est le cas, je m'excuse. Effectivement, tu ne me connais pas encore bien et je supp...

- Cela n'a rien à voir, coupai-je dans un soupir, ayant réellement espéré qu'il accepte juste sans chercher à débattre. J'estime juste que si tu veux vraiment que je puisse jouer ce rôle, y mêler du sexe n'apportera rien de bon. Je n'ai guère envie de me disputer avec mon partenaire.

Dès que j'eus terminé ma tirade, je me mordis durement l'intérieur de la joue, m'interdisant de rougir à mes propres paroles. Je n'avais aucune envie de crier mon manque d'expérience sur le sujet ou encore ma gêne évidente d'aborder si crûment un tel sujet. Mais j'étais censé être un adulte et, plus encore, être quelqu'un apte à avoir n'importe quelle discussion avec lui.

- Nous ne sommes pas obligés de nous disputer dans ces moments-là, rétorqua-t-il, platement. Je n'ai jamais parlé des décisions que je prenais pour les Cendres avec aucun de mes partenaires, qu'il soit régulier ou non.

Mes dents purent relâcher sereinement ma joue. Top le discours. Ou comment crier qu'il enchaînait les conquêtes. Enfin, j'aurais pu m'y attendre au vu de l'adoration que tous lui vouaient. Au moins, cela avait le mérite de refroidir l'échauffement de mes joues.

- Merci mais non merci, lâchai-je donc plus froidement. En toute franchise, je ne suis pas intéressé non plus à l'idée d'être juste un partenaire avec qui tu n'aurais même pas envie d'aborder ce qui fait ton quotidien. Et même si un jour j'en venais à vouloir du sexe pour du sexe, je choisirai quelqu'un avec qui cela n'aurait aucune conséquence.

- Si tu veux quelque chose de sérieux cela me convient parfaitement.

Il. Allait. Me. Rendre. Dingue.

Le froid glissa pour laisser la chaleur remonter. Comment pouvait-il débiter un truc pareil avec tant de calme et de naturel ? Du sérieux ? Il voulait du sérieux avec moi ? Je geins, plaintif. Comment allais-je me sortir de ce bourbier ?

- Je n'ai pas dit ça, affirmai-je. Je pense même avoir été claire : je ne veux rien d'autre que du professionnel ou de l'amitié.

- Et je ne suis pas d'accord.

- Ça, j'avais bien compris. Mais je ne changerai pas d'avis.

- Tu ne me feras pas croire que tu n'éprouves pas d'attirance envers moi.

- Je ne le nie pas. Et je serais idiot de dire le contraire quand tu es clairement le tronc d'arbre le plus foutrement sexy que j'ai rencontré... mais cela n'empêche que je refuserai de devenir "ta petite voix raisonnable" si tu n'acceptes pas cette condition.

Il fronça les sourcils, me jaugeant longuement. Pensait-il pouvoir parvenir à me faire changer d'avis ? Au fond, il y parviendrait sans peine s'il insistait encore quelques minutes. Mon cœur semblait déjà sur le point de rompre alors qu'aurais-je pu faire s'il me balançait encore quelques phrases bien tournées ? Mais ça je me gardai bien de le lui dire, préférant conserver le peu de prestance que je possédai encore.

- Faisons un compromis : je ne tenterai rien envers toi tant que tu ne m'auras pas clairement signifié ton accord. Mais je serais bien incapable d'annihiler ce que j'éprouve à ton encontre... je ne saurais encore dire avec certitude si c'est simplement de l'attirance ou si c'est plus que cela... néanmoins je n'ai aucune envie d'arrêter de chercher la réponse à cette question.

Ok. C'en était fini de moi. Je levai précipitamment la tête, voulant paraître agacer par sa réponse mais cherchant, en réalité, qu'à ne dissimuler mon trouble. Pourquoi ? Pourquoi devait-il soudainement se prendre pour un cupidon ? Et pourquoi cela devait-il marcher aussi foutrement bien ?

Après une longue minute où je cherchai à calmer le rythme effréné de mon coeur, je rabaissai ma tête pour le fixer à nouveau. Aucun sourire moqueur ne venait tirer ses lèvres et ses yeux dévorèrent les miens dans l'attente de ma réponse qu'il espérait enfin positive. Je soupirai encore une fois.

- J'imagine que je me contenterai de ta parole de ne pas m'approcher, approuvai-je.

- Tant que tu ne seras pas d'accord, rajouta-t-il dans un hochement de tête.

Pff. Il semblait si satisfait de lui-même qu'il en devenait presque mignon. Et pourtant dieu seul savait à quel point ce mot ne cadrait pas avec son visage carré et son air taciturne. Il me fixa avec intérêt, ne comprenant pas mon pouffement que j'avais cru intérieur mais qui avait dû m'échapper. Je toussotai donc de gêne, détournant le regard avant de reprendre :

- Si nous sommes d'accord, je n'ai pas de condition supplémentaire.

- Parfait alors. Demain Oreina et Dun devraient arriver au camp, tu auras donc dans la foulée ta première réunion avec les autres chefs d'équipe. Ils sont tous déjà au courant du poste que je souhaite te confier, néanmoins attends toi malgré tout à ce qu'ils te chahutent quelque peu. C'est la tradition.

- Pas de problème, affirmai-je mollement. Dois-je préparer... quelque chose ?

- Non. Demain je prendrais le temps de t'expliquer le rôle d'un chef d'équipe plus posément mais je pense que tu en as déjà assez encaissé pour ce soir. Tu devrais retourner avec les autres et fêter ta nomination.

- D'accord, approuvais-je. Hé bien il ne me reste qu'à te souhaiter une bonne soirée.

Sans demander mon reste, je m'apprêtai à filer, comme trop conscient que si la conversation s'éternisait les choses pourraient m'échapper à tout instant. Mais alors que je passai à sa porter, sa poigne ferme vint encercler mon poignet, me stoppant net. Bon sang. Mon cœur allait forcément lâcher.

- Quoi ? Fis-je, me tournant légèrement pour lui faire face.

- Je voulais juste te remercier. Tu acceptes une situation dans laquelle tu ne dois aucunement te sentir à l'aise... je saurais me montrer reconnaissant.

- Pas besoin, assurai-je avant d'esquisser un léger sourire en coin. Te rendre fou sera la meilleure des récompenses.

Et avant qu'il ne puisse répondre, je profitai que ses doigts se fassent plus lâche sur ma peau et m'échappai en riant. Du coin de l'œil, je ne pus que voir qu'il souriait également. A mon plus grand plaisir.

- J'ai un de ces mal de crâne, gémit Raël, marchant à côté de moi.

- En même temps pas surprenant vu tout ce que tu as bu hier, souris-je en coin.

- Ce n'est pas tous les jours que notre petit frère devient le bras droit d'un groupe rebelle, rétorqua-t-il, moqueur.

La grimace qui tira mes traits suffit à redoubler son amusement, me faisant le gratifier d'un regard noir qui ne l'inquiéta pas le moins du monde.

- Tu es prêt ? Demanda-t-il néanmoins en recouvrant son sérieux. Tu entres dans le grand bain.

- Je n'en sais rien, avouai-je. Ce n'est pas comme si je savais réellement à quoi m'attendre.

- Hmmm... tu ne devrais pas t'en faire, les autres chefs d'équipes ne sont pas tous des rigolos mais ce sont des gens bien à une exception près.

- Une exception ?

- Azrin Medavera, murmura-t-il. Je ne peux que te recommander de l'éviter comme la peste.

- Pourquoi ? Je croyais que Caleb ne commettait jamais d'erreur de jugement ?

- Il n'a pas de mauvaises intentions... c'est juste que je n'aime ni sa façon de faire, ni sa manière d'être.

Ma curiosité piquée au vif par la froideur soudaine de cet homme toujours souriant, je voulus ouvrir la bouche pour l'interroger un peu plus longuement mais dû remettre cela à plus tard. Nous étions arrivés à destination. A mon grand désarroi.

- Bonjour Raël, Bonjour Ash.

Sans chercher à camoufler mon désintérêt profond, je saluai brièvement Sarih d'un sobre mais poli hochement de tête.

Planté devant la tente de Caleb qui faisait également office de lieu de ralliement, il arborait son perpétuel sourire factice. Néanmoins, si auparavant j'étais résolu à ne pas m'en faire un ennemi, j'avais désormais réalisé que tout effort était vain puisqu'il avait déjà fait de moi le sien.

- Qui est déjà là ? S'enquit Raël.

- Quasi tout le monde, l'informa Sarih. Il ne manque que Zephyr et Vaelira.

- Toujours les mêmes, sourit-il. Tu nous ouvres ?

- Bien entendu.

Et même si cela devait lui coûter, il se courba poliment, respectant probablement une certaine étiquette, et leva le pan de la tente qu'il gardait, nous laissant nous y glisser.

La pression tomba brusquement sur mes épaules lorsque le tissu se referma derrière nous, la lumière du jour disparaissant au profit de plusieurs petites lanternes installés de-ci de-là. Mais elles ne donnaient aucune impression de douceur, tout au contraire elles conféraient au lieu une aura presque lugubre. Ou peut-être était-ce dû à tous ses regards qui venaient de se diriger vers moi, d'un même mouvement.

D'un petit coup d'épaule, Raël m'intima d'avancer tandis que je m'étais inconsciemment immobilisé, trop impressionné pour encore parvenir à penser.

- Salut, siffla-t-il en décidant de prendre les devants face à ma soudaine panique. Toujours aussi chaleureuse votre accueil.

- Installez-vous tous les deux, nous attendons encore Zephyr et Vaelira avant de pouvoir débuter la réunion.

La voix de Caleb avait résonné plus glacial que jamais, intensifiant mon malaise. Cependant, je parvins à retrouver un peu d'aplomb et obtempérant, suivant Raël qui semblait savoir où s'installer.

La tente avait été aménagé de sorte qu'une vingtaine de pouffe noire tienne dans un cercle parfait en son centre. Ils étaient placés de sorte qu'un siège soit accolé à un autre avant d'être séparé d'un petit espace plus respectable avant de reproduire le schéma : chaque leader s'installait donc avec son bras droit à ses côtés. Cela correspondait à l'information donnée par Raël et j'étais donc rassuré que sa présence ne soit réellement pas un problème.

Mollement, je me laissai choir sur le pouffe proche de celui choisi par Raël, mes yeux tâchant de rester river devant moi bien que je ne puisse que sentir tous ces regards me scrutant avec curiosité. Si on faisait le compte, quinze pair d'yeux me dévisageaient sans vergogne dans un silence de plomb. Bonjour l'ambiance. Je soupirai discrètement, fermant les yeux et dépréciant de plus en plus la situation. Qu'avait pu dire Caleb pour qu'ils me contemplent de la sorte ?

- Ravi de te revoir, Ash.

Un peu surpris que l'on m'interpelle aussi clairement, je tournai légèrement la tête sur la droite, contemplant un visage familier.

- De même, Oreina, gratifiai-je donc le garçon aux longs cheveux verdoyants. Vous avez fait bon voyage ?

- Tu peux directement me poser la vraie question qui te taraude, me sourit-il. Pas besoin de manière entre nous.

- ... Comment vont les miens ? Capitulai-je donc sans plus prendre de gants.

- Ils sont en pleine formes. Tous sont arrivés indemne et en bonne santé.

Le soulagement qui me saisit eut le mérite d'anéantir toute once de stress. Ils allaient bien. Ils allaient tous bien. Mes yeux se reposèrent dans les siens avec une reconnaissance profonde.

- Je suis ton débiteur, je ne saurais jamais assez te remercier pour avoir pris soin d'eux pour moi.

- Tu ne me dois rien, ne t'en fais pas, me sourit-il un peu plus, me paraissant toujours aussi charmeur que la première fois. J'étais heureux de rencontrer Jacinthe... un sacré tempérament.

- Elle a dû t'en faire voire de toutes les couleurs, souris-je plus tristement. Elle me manque beaucoup.

- Elle parlait sans arrêt de toi, m'informa-t-il, plus doux. Elle aurait aimé pouvoir revenir avec nous mais... elle se doutait que tu n'aurais pas besoin d'elle pour t'épanouir. Elle n'a eu de cesse de nous dire que nous finirions tous séduits.

- Etrangement, je te crois sur parole, ris-je faiblement. Merci beaucoup.

Il acquiesça cette fois, sans plus chercher à me dire que je n'avais pas besoin de le remercier.

- Ton intégration parmi nous n'a pas été trop difficile ? Enchaîna-t-il tandis que personnes d'autres ne semblaient désireux de prendre la parole. Habituellement je me charge de l'accueil des nouveaux donc j'espère que mon remplaçant n'aura pas été trop maladroit.

- Je n'ai pas à me plai...

- Insinuerais-tu que mon fils n'aurait pas su tenir ton rôle ?

La voix féminine qui m'avait interrompu sans vergogne, était d'une froideur digne de celle de Caleb. Je me tournai cette fois sur ma gauche, contemplant celle qui était visiblement la mère de Sarih. De toute façon, elle lui ressemblait bien trop pour qu'un doute soit émis : de longs cheveux d'un même brun acajou, une peau légèrement plus pâle mais dont le dorée réhaussait deux émeraudes, parfaitement identique aux yeux de Sarih.

Je remarquai également la jeune femme qui se tenait à ses côtés, légèrement en arrière, ainsi que la proximité avec deux autres poufs. Contrairement aux autres qui étaient espacés de quelques centimètres, les leurs étaient à peine séparés que pour leur laisser la place de se mouver sans se percuter.

L'homme qui se trouvait sur celui-ci avait la peau brune et portait d'épaisse locks qui encadraient un visage marqué par de nombreuses cicatrices mais non dénué d'un charme dont son fils avait clairement hérité. Car si la femme était la mère de Sarih, je n'avais aucun doute sur le fait qu'il était son père. De toute façon, même si j'avais hésité, le regard noir qu'il offrait à Oreina, identique à celui de sa compagne, ne trompait guère.

- Je n'oserais pas insinuer une telle chose, reprit Oreina après les avoir affrontés du regard quelques longues et lourdes minutes. Je ne doute pas que notre petit prince à tous est très bien réalisé sa tâche. C'était juste... une question de politesse.

Mon oeil. Cela n'avait rien d'une simple question de politesse au vu de son sourire teinté d'une fausseté que tous percevaient. Quelques rires légers fusèrent, redoublant la colère des deux parents.

- Sarih est encore jeune, il progressera, trancha l'homme.

- Encore une fois, je n'ai pas dit qu'il avait fait quelques choses de mal, désapprouva Oreina dans une moue qui se voulait maintenant désoler. Du moins, à ma connaissance. Aurais-tu eu vent d'information contraire, Rhaziel ?

L'homme ne répondit pas, se contentant de plisser les yeux face à la sournoiserie évidente du semi-humain.

- Rien de tel, interrompit la femme, plus posément que son comparse. Rhaziel voulait uniquement dire que notre fils ne tardera pas à prendre ta place si tu ne prends garde.

Et elle sourit avec douceur, m'apprenant d'où Sarih avait tiré sa capacité à tout dissimuler derrière une façade de mièvrerie. Mais là où il était encore très lisible à mon goût, elle excellait dans le subterfuge. Si je n'avais pas été convaincu de la tension qui régnait entre eux, j'aurais pu jurer sa bienveillance.

- Alors m'en voilà ravi, enchaîna Oreina sans se laisser démonter. Moi qui rêve de prendre ma retraite... mais je crains de ne devoir patienter encore avant de connaître ce doux plaisir. Après tout, le nom de Sarih n'a jamais été évoqué même pour n'être que le bras droit de l'un d'entre nous.

Un court instant, je crus devoir me reculer pour laisser la mère se jeter sur Oreina, mais dans la même seconde son compagnon venait encercler sa main autour de la sienne, lui intimant un calme qu'elle avait brièvement perdu. Elle hésita, mais ferma les yeux, abandonnant un combat qu'elle n'avait malheureusement jamais mené.

Mon regard retomba sur Oreina et il m'offrit aussitôt un sourire resplendissant de satisfaction. Je pouffai tout bas mais me repris lorsque je reçu un coup de coude sec dans les côtes qui me fit maugréer tout bas bien qu'il eut le mérite de faire passer le message. Rire était une mauvaise idée. Ne pas apprécier Sarih était une chose, devenir la cible à abattre de ses parents en étaient une autre.

- Désolé pour le retard !

D'un geste brusque, l'entrée de la tente s'ouvrit à la volée, laissant s'engouffrer deux personnes dans ce petit lieu déjà trop plein à mon goût. Malgré tout, la curiosité l'emportant, je me permis d'analyser les deux arrivants, tout comme les autres s'étaient permis de le faire à notre arrivé.

En tête de fil, celui qui avait fait une entrée remarquée et bruyante, était... un enfant ? A peine plus haut que trois pommes, le gamin plumé arborait un sourire béant malgré tous les regards noirs posés sur lui. Bon. J'exagérai. Il était plus grand que trois pommes, mais, par contraire, il ne devait pas avoir plus de quinze ans à en juger par son allure chétive et ses joues rebondies. Où peut-être que les semi-humains, mi-homme, mi- oiseaux, n'avait pas le même rythme de croissance que nous, tout comme les elfes.

Mais, son âge n'était pas le seul point intriguant. N'ayant rencontré que très peu de semi-humain durant mon existence, je n'avais jamais été confronté à son espèce et ne pus que m'interroger sur son apparence. Car si ses cheveux blancs, tressés de la même façon que Caleb, ou bien encore ses grands yeux grisâtres étaient tout ce qu'il y'a de plus humains, le reste de son corps était couvert d'un épais plumage bleu et gris. Ses bras étaient de longues ailes dont seuls l'extrémité rappelait l'homme. C'était assez incroyable à voir.

Pourtant, je n'étais pas au bout de mes surprises. Derrière lui se tenait une femme à l'aspect féline. Non. C'était plus qu'un simple aspect. Si elle possédait les caractéristiques habituelles des semi-humains au travers de grandes oreilles touffues surplombant ses épais cheveux blonds, elle avait également le visage d'un guépard. Un museau légèrement avancé, de longues moustaches blanches, un fin pelage beige tacheté de noir. En réalité, sa peau tout entière était faite de ce même motif. Et à côté de cela, elle avait tout d'un humain : elle marchait sur deux jambes, possédait des mains ou encore les courbes d'une femme humain tout ce qu'il y'a de plus banale.

Alors que la fixai intensément, fascinée par sa différence et sa beauté, elle laissa retomber son regard bleuté dans le mien. J'eus l'envie de détourner le regard, dépréciant l'idée de lui donner le sentiment d'être jugé, mais j'optais pour une autre solution. Je savais à quel point il était désagréable d'être jugé pour son apparence. Alors aussi maladroit que cela fut, je hochai légèrement la tête, tâchant ainsi de lui offrir un salut, certes spartiate, mais poli.

Et elle ne me le rendit d'aucune façon.

Je grimaçai en détournant le regard, passablement gêné, mais fut surpris lorsque la place vide à côté de la mienne se garnit soudainement. A nouveau le même regard bleuté, qui se détourna avant même que je n'ai le temps de l'analyser.

Elle s'était installée à côté de moi sans que je ne sache réellement si cela signifiait quelque chose. Et encore moins ce que cela signifiait si cela voulait vraiment dire quelque chose.

- Super l'ambiance, commenta la voix enfantine du jeune garçon qui était encore debout, venant croiser ses bras derrière sa tête. Vous êtes toujours aussi fun à ce que je vois.

- Zéphyr, ne penses-tu pas avoir retardé tout le monde assez longtemps ? Trancha la voix plus mature de Dunor. Que dirais-tu de te dépêcher de t'asseoir ?

- Oui, papy Dun !

L'irrespect dont il faisait preuve était phénoménal mais personne ne sembla s'en offusquer, le laissant simplement s'asseoir sur l'un des deux derniers sièges libres.

Dès que ce fut le cas, Caleb se racla la gorge et tous se redressèrent, se tenant bien droits face à leur leader. Je grimaçai légèrement, trouvant soudainement la situation très sectaire. Et puis même lors de la dispute entre Oreina et les parents de Sarih, Caleb n'était pas intervenu pour calmer le jeu, les laissant prêt à s'entretuer. La galère dans laquelle je m'étais fourrée semblait s'agrandir sous mes pieds sans que je n'y puisse plus rien.

- Vaelira, Zéphyr, devons-nous attendre vos bras droits ?

- Calrion est en mission, expliqua sommairement la guéparde qui s'était assise à mes côtés. Il ne pourra pas être là aujourd'hui.

- Filo doit être quelque part en train de décuver, enchaîna Zéphyr dans un haussement d'épaule. Je lui ferai un résumé plus tard.

- Bien alors nous pouvons commencer. Nerion ne pouvant être présent aujourd'hui, il m'a confié sa voie en cas de vote ou de délibération.

Alors il y'avait malgré tout un système de vote ? C'était déjà mieux que rien, après tout j'avais réellement pensé que même au sein de ce petit groupe, Caleb était un dictateur. Cela étant, à partir du moment où les absents lui donnait leur vote, je doutais de l'intérêt de ce processus.

- Comme vous le savez tous déjà, j'ai demandé cette réunion afin de vous présenter Ash, reprit Caleb tandis que personnes n'avaient prononcés le moindre mot. Sa place parmi nous sera aux yeux de tous celle d'un chef d'équipe, mais je vous ai déjà partagé ma volonté de faire de lui bien plus que cela. Nous ne précipiterons pas les choses et le laisserons se former, mais à termes j'escompte bien le placer à un statut similaire au mien.

Nouveau silence. Pas même un petit murmure de protestation ? J'aurais cent fois préféré que ce soit le cas plutôt que de devoir subir ce silence de plomb. Après tout, aucun d'entre eux ne me ferait croire qu'ils n'étaient pas profondément indignés par la décision de Caleb.

Ils étaient ses plus proches partisans, ceux à qui il accordait la plus grande confiance et probablement ceux avec qui il travaillait depuis le plus longtemps. Pourtant, ce n'était pas eux qu'il choisissait de hisser sur la plus haute marche des Cendres. C'était moi. Un inconnu. Pire, un inconnu débutant, qui n'avait pour lui que de bons instincts.

- Au même titre que moi, il pourra donc vous donner des ordres et des directives, continua Caleb, totalement insouciant. Je ser...

- Puis-je intervenir ? Coupai-je.

Ses yeux se firent incendiaire. Bon. J'accordais que j'avais peut-être un peu mal choisi mon moment. Mais il allait me faire tuer s'il continuait ainsi, à n'en pas douter. Balancer qu'un petit nouveau allait pouvoir décider de vie et de mort sur eux, c'était infiniment trop. Et même s'ils ne l'avoueraient certainement pas à leur leader chéri, je ne doutais pas que certains d'entre eux seraient capable d'avoir recours à des stratagèmes plus fourbes.

Alors malgré sa colère apparente, j'insistai, ne baissant pas les yeux comme il l'aurait probablement souhaité. Et je fus surpris qu'il finisse par soupirer, m'indiquant d'un petit geste de la main que je pouvais prendre la parole.

- Je... n'ai aucune intention de prendre la place que vous avez donné à Caleb, débutai-je donc après une courte hésitation dans le choix de mes mots. Vous avez fait de lui un leader et même si vous le respectez, je me doute que de voir débarquer un simple gamin venant d'un désert perdu ne vous enchante pas. J'ai accepté le rôle que Caleb souhaite me donner, et vous me verrez très souvent contester ou protester face à des décisions que je penserais illogiques ou folles.

Aucune réponse. Je me crispai légèrement, mais continuai malgré tout.

- Mais je n'aspire aucunement à devenir votre dirigeant ou vous imposez de choisir entre lui ou moi alors qu'il me semble évident et normal que vous preniez le partie de celui qui s'est battu à vos côtés jusqu'à présent plutôt que celui d'un inconnu. Et, de toute façon, je ne vous demande pas d'aide. Je suis un grand garçon et je sais me battre pour défendre mes opinions. Alors sachez que je ne vous donnerai jamais d'ordre ou ne prendrait de décision pour les Cendres. C'est son rôle, pas le mien. Cependant... malgré tout, j'espère que parfois mes paroles sauront trouver un sens pour vous et que si vous pensez que ma façon de faire ou de voir une situation est meilleure, vous m'aiderez à lui faire entendre raison.

Nouveau silence où j'aurais voulu disparaître dans un trou de souris. C'était terriblement gênant d'être jugé ainsi sans qu'aucun ne donne réellement un avis qu'il soit négatif ou positif.

- Sentez-vous libre de parler, souffla soudainement Caleb, me faisant relever les yeux sur lui. Je ne m'emporterai à aucune de vos paroles, qu'elles soient acerbes ou non.

De l'aide ou une punition ? Je ne sus comment interpréter son intervention, mais elle eut au moins le mérite de rompre ce silence sans fin.

- Tu dis vouloir t'opposer à Caleb, mais de quel droit peux-tu te permettre de juger ses actions ?

Une nouvelle participante au ton cinglant.

Elle avait été la première que j'avais remarquée en entrant puisqu'elle était également celle la plus proche de l'entrée. Une femme d'une trentaine d'année, à la peau grisâtre et recouvertes d'écailles bleutés. Une sirène. Confirmant ma pensée, ses yeux étaient d'un bleu mer, dépourvus de pupille.

- Je me suis effectivement mal exprimé, acquiesçai-je sans me formaliser à son ton accusateur. Déjà je n'escompte pas me disputer avec lui à chacune de ses décisions... et même si parfois je ne serais pas d'accord, je saurais prendre assez de recul pour savoir quand mon intervention serait utile ou non.

- Serais-tu un grand sage ? Railla-t-elle avec dédain.

- Si seulement, souris-je en retour. Dans ce cas-là j'aurais su trouver les mots justes... malheureusement je ne suis qu'un simple humain qui croit en ses principes et qui ne souhaite que protéger ceux qu'il aime et ceux qui lui accorderont leur confiance. Ce que j'essaye de vous faire comprendre c'est que j'ai pour unique but de faire en sorte que les choses se passent bien pour nous tous.

- Et si un jour, Caleb faisait un choix nécessaire mais totalement contraire à tes fameux principes, que ferais-tu ?

Cette fois, c'était Dunor qui avait pris la parole, sa question me déstabilisant bien plus que celle de la sirène. Je n'avais pas songé à cette possibilité pourtant plus que logique. Caleb avait même déjà fait des choix allant contre mes propres principes en décidant d'abandonner Esmera si je n'avais pas été là. Bien entendu c'était un choix logique dans sa situation et que je ne pouvais clairement pas lui reprocher, pourtant, si j'avais pu intervenir sur sa décision, ne l'aurais-je pas fait malgré tout ?

- Hé bien si sa décision me semble nécessaire ou juste pour le bien des Cendres, je ne m'y opposerai pas.

Je me contenterai d'intervenir en n'impliquant que moi seul.

Mais ça, il n'était pas obligé de le savoir.

- Et quel est ton objectif en intégrant les nôtres ?

Je me tournai vers la mère de Sarih dont le regard ne se fit ni dure, ni amicale. Elle était redevenue parfaitement maître de ses émotions, ne les laissant plus s'écouler sur son visage.

- Protéger les miens, affirmai-je. Comme vous tous ici présents.

- Notre objectif est bien plus vaste que cela, désapprouva-t-elle, calmement. Nous souhaitons la mort d'Azrealith. Si tu n'as pas cette même hargne qui nous habite, je doute que tu survives assez longtemps pour que l'on s'interroge sur notre envie de te suivre aussi aveuglément que nous le faisons avec Caleb.

De la hargne ? Je n'en avais pas. Je n'en avais plus depuis longtemps. Mais avait-elle raison en affirmant que c'était la seule chose pouvant me permettre de survivre ? Je n'étais pas de cet avis.

- Ayant déjà été confronté au roi démon... n'attendez pas de moi que je sois convaincu de notre victoire, débutai-je en les faisant tous se raidir. Cependant, ayant également un jour tout perdu, croyez bien que j'offrirai mon âme et mon corps tout entier afin de ne plus jamais perdre un seul des êtres qui me sont proches.

Avec une détermination que j'avais acquise en côtoyant Jacinthe, je plantai mon regard dans le sien sans faiblir malgré la pression que tous exerçaient sur mes épaules. Je sentis la main encourageante de Raël venir se presser dans mon dos, m'apportant un peu plus encore de courage.

Et elle finit par sourire.

- J'apprécie ton honnêteté et j'ai hâte de voir tes progrès. Impressionne-nous et nous te suivrons qu'importe où le vent te mène.

Mes épaules purent enfin se relâcher et Raël ria faiblement face à la panique qui avait failli me gagner au fur et à mesure que les secondes s'écoulaient avec trop de lenteur. Je bougonnai légèrement, mais ne pus que sourire lorsque je constatai que tous semblaient satisfait par mes réponses.

Ma tête resterait sur mes épaules quelques jours de plus.

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