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Prologue (9) : The last expedition with the grumpiness

Les nuits de câlins c'est bien, mais on ne peut pas toujours se réveiller affalé sur Ibrahim. Ce qui soutient ma tête cette fois, c'est un coussin inanimé tout ce qu'il y a de plus ordinaire, et la seule source de contact que je sens, c'est la main d'Emerens, qui ne m'a pas lâché d'un pouce depuis sa dispute avec Sachiko hier. Il serre mes doigts entre les siens dans son sommeil, et si je n'étais pas certain que bouger provoquerait son réveil et donc mon décès, je trouverais ça très mignon.

Je cligne des yeux, cette fois content de m'être réveillé tout seul et pas par la voix joyeuse d'Alannah. Cette dernière a encore sa manette dans les mains, et j'entends des mouches vrombir avec une telle régularité que je me doute bien que ce ne sont pas des parasites à chair. Un rapide coup d'œil m'apprend que je suis l'un des derniers réveillés ; à part Emerens, affalé sur le canapé juste à côté de moi, et Ruben, que je ne vois pas mais qui est sûrement dans sa chambre, tout le monde est debout dans le salon. Nako vient d'ailleurs de remarquer que j'ouvre les yeux, et se dirige vers moi.

« Bonjour, Thibault. Te voilà dans une situation plutôt préoccupante... »

Comme si je n'avais pas très bien compris à quoi elle fait référence, elle désigne nos mains entrelacées et le visage endormi de mon crétin de meilleur pote. Je remarque le café qu'elle a dans les mains et regagne un minimum d'espoir de survivre aux cinq prochaines minutes.

« Tu l'as dit, Nako, je soupire. Il me tient à peine mais me voilà coincé. Si je bouge, c'est certain qu'il va émerger et là... Je préfère ne pas émettre d'hypothèses.

— j'allais te demander si tu connaissais des manières plus douces de le réveiller, pouffe Nako, mais visiblement tu n'es pas plus avancé que moi. »

Je grommelle. Nan, si je connaissais des moyens plus doux de le réveiller, je les aurais déjà mis en œuvre. Je suis presque sûr qu'Elijah, notre camarade de chambre de l'époque, avait un truc, mais il est parti avant de me le révéler... Et de toute façon je n'ai pas mis longtemps à le suivre. Dans tous les cas, je suis coincé. Je hausse les épaules.

« Garde le café à côté, de manière à ce qu'il flaire la caféine mais pas trop près non plus pour ne pas te mettre en danger. Je vais tenter la manœuvre de la dernière chance. »

Nako fait la moue, mais se contente de se placer du côté de nos têtes, son plateau toujours à la main, pendant que j'analyse la situation. Bon, tout n'est pas perdu, il n me tient pas la main si fort que ça. En m'y prenant avec délicatesse, j'ai une chance de pouvoir desserrer ses doigts sans le réveiller...

Je me redresse, histoire d'exercer le moins de tension possible sur son bras, et commence à décrocher, un à un, ses doigts de ma paume. L'entreprise est complexe, mais je parviens finalement à retirer mes doigts de l'étau, et ce en ne lui arrachant qu'un petit grognement. Très vite, car je le connais l'animal, je m'écarte du canapé ; juste assez vite pour échapper à son bras visant sans doute à se refermer sur mon cou comme s'il cherchait à attraper une peluche Pikachu géante. Mouhahaha. Ce ne sera pas aujourd'hui, le piège à loup et la gênance clichée !

Me voyant échapper au démon, Nako pose son plateau sur la table basse à deux mètres d'Emerens, tandis que je me redresse et salue les autres personnes de la pièce avec un grognement. Flor me répond d'un hochement de tête, l'air assez contente de me voir éveillé, tandis qu'Alannah relève la tête de son écran pour m'adresser un sourire. Les autres, en train de parler entre eux, ne m'accordent pas un regard. Pas que je m'en plaigne, j'ai horreur de trop d'attention le matin.

Moanaura, que je n'avais pas remarquée, se dirige vers moi.

« Salut le nain ! T'as passé une bonne nuit ?

— Ton sourire me dit que tu vas encore m'emmerder d'une manière ou d'une autre, Moanaura, je grogne, remettant mes lunettes en place, je ne répondrai donc pas à cette question.

— C'est tentant mais nan. En fait je voulais te demander si tu voulais bien me traduire des trucs ? La miss là-bas est trop occupée avec le petit déj pour me parler, sourit-elle en pointant du doigt Nako, qui pose un nouveau plateau sur la table, et l'autre me calcule absolument pas. Et comme il s'est dit plein de choses pendant que vous roupillez... »

Oh, si ce n'est que ça. Je me redresse, histoire de gagner un minimum en attention, avant de hurler à l'attention d'Ade et Ibrahim, qui continuent de causer dans leur coin :

« Oh ! Les gens ! Y'a eu des plans pour la suite ? »

Les deux se tournent immédiatement vers moi. Je remarque le regard froid d'Ade avant qu'Ibrahim ne me réponde avec son sourire habituel :

« Oh bah, salut Thibault ! Eh bien, Sachiko est passée ce matin. Elle, Ansgar et Seo-jun vont monter une nouvelle équipe d'exploration, avec Alannah qui se joindra à elleux ! On a déjà décidé que Nako et moi resterons à la maison, et comme Ade a l'air d'avoir des bases en espagnol, on va combiner nos efforts pour apprendre un peu d'anglais à Flor. Du coup tu peux faire un peu ce que tu veux ! Tu as une idée en tête ? »

Je réfléchis. D'un côté j'ai envie de sortir. De l'autre j'ai pas envie de sortir. J'ai besoin d'air comme jamais, certes, mais cocooner me parait bien aussi... Je grommelle. Sacré dilemme que voilà.

« J'verrai plus tard en fonction des autres, je finis par dire. D'ailleurs vous allez faire quoi ?

— Rester là, sans doute, soupire Ade. Je ne peux pas faire grand-chose de plus.

— De même, sourit Nako. Je pense qu'il vaut mieux qu'on ne soit pas trop nombreux à partir. Surtout si Seo-jun est de sortie. »

Une tape sur l'épaule me rappelle la présence de Moanaura, qui attend toujours sa traduction. Je soupire, avant de lui résumer en le moins de mots possibles le bordel que c'est. Une fois le gros de la situation expliquer, je n'oublie évidemment pas de lui demander ce qu'elle fait.

« Eh bien... J'ai pas envie de bouger, rigole la Capitaine. J'pense il va falloir quelqu'un pour fédérer tout ce beau monde si le seul Ultime de commandement se barre, et je t'avoue que les cours de langue me disent du bien parce que j'en ai marre d'être à la ramasse. Mais pour ce qui est de ne pas bouger, je pense que je vais vite être déçue, vu que mon actuel coussin ne sera pas coopératif toute la journée... »

Son actuel couss- oh par tous les dieux de tous les cultes qui existent en ce monde pourri par l'engeance noir et blanc, cette idiote a le cul posé sur Emerens. Qui dort toujours, mais je doute que le poids qu'il ressente actuellement sur l'estomac va l'aider à rester endormi... Tous mes efforts pour le laisser se réveiller en douceur, envolés ! Et vu la tête d'Ibrahim, Alannah et Nako, ils ont eux aussi saisi le grave danger qui plane sur nous...

« Moanaura, je siffle du ton le plus bas possible, lève-toi en douceur avec le moins de bruit possible et viens vers moi. Pas de gestes brusques. Juste.... Lève ton cul de là.

— Vous en faites des têtes ! Pouffe la concernée en s'installant plus confortablement. J'ai l'impression que je suis assise sur une bombe...

— Ce n'est peut-être pas loin de la vérité, miss, soupire Nako avec une moue fort crispée sur le visage. Ibrahim, Thibault et Alannah ici présents peuvent témoigner du fait qu'Emerens a le sommeil lourd mais le réveil draconique. Franchement, rester assis sur lui est tout l'inverse d'une bonne idée...

— Rooooh. Qu'est-ce qui peut bien m'arriver ? Je pèse un tout petit peu de tout mon poids sur son ventre, on peut pas dire qu'il puisse boug-

— Est-ce que tu veux bien me faire le plaisir de dégager ?!? »

Et paf ! La claque est partie. Moanaura a à peine le temps de la voir venir et bondit du dos d'Emerens avant qu'une deuxième n'atterrisse sur son autre joue, et même s'il a parlé en néerlandais, ce qui fait que je suis le seul à l'avoir compris, pas difficile de saisir à son ton qu'il n'est pas ravi de trouver une assise surprise sur ses pauvres abdos au réveil. Qui le serait. Moi, sûrement, mais sans doute pas au point de baffer la personne qui se serait permis un truc pareil avant même de bien comprendre la situation...

Je lève les yeux au ciel.

« Tu veux que je réponde à ta question, Moanaura ? Ce qu'il peut t'arriver, c'est ça. Et encore, tu as eu de la chance, hier, Seo-jun s'est pris un coup de prothèse. Tu te souviens de Seo-jun ? Le coréen buff ? Ouais, même une masse de muscles pareille, ça l'a pas arrêté. »

La demoiselle grimace, avant de raccrocher son sabre à sa ceinture, sans doute dans un but de dissuasion. Qui n'arrête absolument pas Emerens puisqu'il vient de darder un regard froid sur l'importune, sa prothèse davantage armée que son épaule que prête à être reliée à sa jambe. Je grommelle.

« Temps mort ! Vous vous battrez plus tard. Emerens, ton café est à ta gauche. S'il te plaît, avale-le en vitesse.

— Heureusement qu'au moins quelqu'un pense aux priorités, » grommelle ce dernier avant de se saisir de sa tasse. Moanaura, de son côté, prend une inspiration outrée.

« Nan mais tu l'as vu ? Il a osé me filer une claque, l'autre bellâtre !

— Mérité, réplique froidement Ade. Les règles de vie en société impliquent qu'on ne s'assied pas sur les gens. Et encore moins les gens qui dorment. »

Ça, je suis bien d'accord. En plus, je l'avais prévenue qu'Emerens ne supportait pas d'être réveillé. Je lève les yeux au ciel.

« Avant que cette foutue matinée prenne des tours désastreux, est-ce qu'on pourrait simplement s'organiser comme des adultes responsables au lieu de se bagarrer comme des gamins ? Oui, Emerens, c'est valable pour toi aussi, le fait que tu sois réveillé n'excuse pas que tu te comportes en sale gosse !

— Oh, si tu veux des moyens de me réveiller en douceur, Thibs, je peux t'en filer, grommelle le concerné pendant qu'Ade traduit pour Moanaura. Il se trouve que grandir et traverser la puberté a élargi le champ de possibilités. »

N'essaie même pas de faire passer un sous-entendu là-dedans, Emerens Van Heel. Contente-toi de boire ton café et d'écouter le briefing. Après un regard d'avertissement qui en dit long, je me tourne vers Nako et Ibrahim, ma décision pour la journée prise.

« Je vais sortir avec Sachiko et compagnie, je pense. Pas moyen que je reste dans cette ambiance toute la journée. Gardez les autres, je pense ça vaut mieux. Surtout que Ruben doit encore dormir.

— Comme tu veux, pouffe Nako. C'est vrai qu'à ta place je mettrai le plus de distance possible entre le dragon et moi. Surtout tant qu'il n'a pas encore mangé.

— Oh, n'essaie même pas de te débarrasser de moi, Thibs ! S'exclame le dragon en question, les yeux plissés. Je compte pas te lâcher d'une semelle et encore moins alors qu'il ne reste plus que deux Ultimes à trouver avant que l'horreur ne se vérifie ! »

Bon ben merde hein. En plus, ce con n'a pas capté qu'il serait avec Sachiko. A tous les coups, je vais encore devoir faire le médiateur. Quelle journée de merde qui s'annonce.

« T'es sûr ? Demande Alannah. Sachiko va être là...

— Si je suis pas capable de me tenir à vingt mètres de cette connasse sans péter un plomb c'est que je suis vraiment un gamin, grommelle Emerens. Je viens avec vous, point. »

Bon eh bien visiblement, on ne pourra pas le raisonner. Je prends une gorgée de café en silence, me préparant mentalement à avoir beaucoup de charge mentale sur ma pauvre petite tête...

Le petit-déjeuner avalé, Alannah, Emerens et moi rejoignons l'entrée de la maison. Devant cette dernière nous attend Sachiko, Ansgar et Seo-jun, accompagnés du type aux cheveux verts qu'on a vu hier... Sparrow je crois ? Ce dernier nous adresse un sourire content, mais c'est le seul à avoir l'air content dans tout ce petit groupe. Seo-jun est posté à côté d'Ansgar avec une mine assez patibulaire, Ansgar elle-même semble passablement de mauvaise humeur, et évidemment, Sachiko fusille Emerens du regard. Je lève les yeux au ciel.

« Y'a quoi de prévu aujourd'hui ? Et pitié, pas de réponse agressive.

— Sachiko je sais pas, répond Alannah, mais hier une de mes mouches a repéré une espèce d'énorme piscine avec des formes de vie diverses et variées là-bas. On va y aller, s'il y a des animaux c'est important de vérifier. »

Vu le soudain air sérieux de Sparrow, il est bien d'accord. Et Sachiko est trop occupée à mitrailler mon pauvre meilleur pote pas de meilleure humeur d'ailleurs de toute la puissance de ses yeux jaunes pour répliquer. Je me tourne vers Ansgar, l'autorité évidente de notre petit groupe, qui hoche la tête.

« C'est une bonne idée oui. Quelle que soit la situation dans laquelle nous nous trouvons, savoir que d'autres vies sont présentes ne pourra qu'être bénéfique. Nous allons donc suivre mademoiselle jusqu'au bassin. Je vous en prie, guidez-nous. »

Alannah hoche la tête, et arme fièrement sa manette avant de prendre une toute nouvelle direction par rapport à hier et avant-hier. Le groupe se met en marche, et alors qu'Emerens nous passe devant sans même un regard pour rejoindre Sparrow, je décide de me rapprocher de Sachiko. Qui n'a pas desserré les dents.

« Je peux savoir pourquoi tu es aussi désagréable ?

— On ne m'avait pas dit que passer du temps avec toi impliquerait de me payer la sale gueule de ce séducteur en chien, grommelle-t-elle en jetant un regard vers Emerens. Ce gars me tape sur les nerfs avec son faux sourire et ses manières avec les gens. Si celui qui nous a mis dans une Tuerie voulait un mobile, il est tout trouvé.

— Ce serait sympa que tu ne dises pas des choses pareilles, je soupire, parce que premièrement il n'a jamais été confirmé qu'on est dans une Tuerie, deuxièmement je n'ai pas envie d'imaginer des raisons pour qui que ce soit de tuer.

— T'es mignon, petit dévot. Mais là je trouve que tu es surtout con. »

Elle pousse un profond soupir, avant de se tourner vers moi.

« Les raisons de tuer, il y en a des tas. L'autre tarée est en train de se faire un build-up de crime passionnel. La pirate pourrait très bien cacher des secrets exploitables par un juge bichromate sadique. La gamine rousse a une famille en qui elle doit tenir plus que tout. Toi-même, tu es un réservoir à mobiles vivants. Et ne parlons même pas d'elle, là. »

Son doigt accusateur pointe Sparrow, qui discute de choses et d'autres avec Emerens. Je suis trop loin pour savoir quoi. Je hausse un sourcil surpris.

« Il a quoi de spécial, Sparrow ?

— Rien. Justement c'est tout le problème. Je me creuse les méninges depuis hier soir mais même en la questionnant j'ai été incapable d'apprendre quoi que ce soit sur elle. J'ai l'impression que même elle n'en sait foutre rien. Et franchement ce genre de réservoirs à secrets obscurs, j'ai déjà senti ça quelque part et ça me plaît que dalle.

— J'ai une question, Sachiko.

— Laquelle ? »

Difficile de présenter ça d'une manière pas trop emplie de doutes... Autant y aller franco.

« Si tu es japonaise... Tu as dû avoir bien plus de chances que nous de lire ce fameux livre, non ? Tu sais, celui de Wen Xiang Monogatari. C'est ça qui te donne tant de certitudes ?

— Attends, elle a sorti un livre ? »

.... Pourquoi elle a l'air sincèrement surprise ? Je suis persuadé que tous ceux qui connaissent Wen Xiang la connaissent à cause de son bouquin ! Enfin, peut-être que c'est pas le cas à Hope's Peak, mais même alors, Wen Xiang est japonaise, son livre est sorti au Japon, c'est impossible pour une japonaise de ne pas en avoir entendu parler... Un moment, je crains qu'elle ne se moque de moi, ce qui impliquerait des choses auxquelles je n'ai vraiment pas envie de réfléchir, mais son air surpris s'efface au profit d'un large sourire.

« Nope, ça ne vient pas de là ! j'ai vu la petite Wen Xiang plusieurs fois, et pendant les vacances d'été, entre deux détours dans mon casino favori, j'ai vu à la télé quelques gens qui s'en sont tirés... Voir leurs têtes m'a suffi à me faire une idée de ce qui nous attendait ! Dis, bonhomme, tu as déjà vu un survivant de Tuerie de près ? Un de ceux qui ont témoigné ? »

Elle sourit. Mais son sourire est plein d'avertissements. Son œil dérive sur le reste du groupe, glissant sur chacune des personnes avec circonspection. Clairement, elle essaie de me dire quelque chose qu'elle refuse d'exprimer à voix haute. Je pince les lèvres.

« Jamais. Ils ne sont pas nombreux à être belges, pour être franc. Pourquoi ?

— Parce qu'il y a quelque chose qui les différencie des autres. Wen Xiang Monogatari, Reina Satou, Neia Hirristel, sans doute que j'en oublie. Mais quand tu les compare aux autres pégus qui ont survécu... Ils ont un truc dans le regard. Une lueur qui dit qu'ils ont été choisis, qu'on leur a mis contre leur gré cette charge sur les épaules et qu'ils ont eu trop de vies entre les mains. T'sais avant de venir à Hope's Peak je savais même pas que les Tueries existaient ! Mais il m'a suffi de jeter un tout ptit coup d'œil au visage de ces trois-là pour piger l'ampleur du bordel. »

Son sourire disparaît, et elle s'arrête, avant de se tourner vers moi et de baisser d'un ton, ses yeux plantés dans les miens. Son visage est trop proche, et sa gravité me fait peur.

« Et tu vois, jeune croyant, s'il y a une chose dont j'ai la certitude absolue dans cette cité perdue, c'est que de nous tous tu es celui qui ressortira de là avec la même lueur. Ou pas du tout, au choix. Et ça me plaît pas du tout. »

Je cligne des yeux. Une fois. Deux fois. M'attendant à ce qu'elle éclate de rire et m'annonce avec ses habituels grands airs que ce n'est qu'une blague, qu'elle plaisante, tout ce que vous voulez. Mais elle n'en fait rien. Elle se contente de détourner le regard après m'avoir laissé avec ça pour me questionner, avant de se diriger vers l'extrémité du groupe en bondissant.

« Eh, là-devant ! Poussez-vous, je veux voir notre nouveau venu ! »

J'entends les exclamations étonnées de tout le monde, sans doute parce qu'il y a personne. Enfin, du moins, il n'y avait personne. Vient de sortir de la maison mitoyenne un homme vêtu d'une chemise largement ouverte, qui laisse voir un binder. Le reste de sa tenue est impeccable et même ses cheveux noirs aux pointes blanches sont impeccablement coiffés. Bordel, il est vraiment beau.

Enfin, Sachiko vient sans doute de lui coller l'étiquette « inintéressant » puisqu'elle s'est précipitée entre les grilles que je vois devant moi sans même lui accorder plus d'un regard. Mais comme les autres ne la suivent pas, je préfère rester avec le gros du groupe. En plus, j'ai bien envie de savoir à qui j'ai affaire.

« Y'a un problème ? » Me demande Emerens en me voyant arriver. Je suis donc si blanc que ça ?

Je hausse les épaules.

« Sachiko me raconte des trucs. Rien de bien préoccupant. C'est qui ce gars ?

— « Ce gars » est juste ici, cher monsieur, soupire le concerné en me jetant un regard torve. Et il aimerait que vous vous adressiez à lui directement.

— Bah commence par nous dire ton nom et ton Ultime alors ! S'exclame Alannah ! Sans vouloir te vexer, t'es encore dans la case « inconnu » du bataillon ! »

L'autre hausse les épaules.

« Cela est vrai. Dans ce cas, je m'appelle Houshang Cyrus Yagdzard bint Sassan, Ultime Danseur. Ravi. »

De même. Je suppose. Il est super beau mais je sens que son comportement va vite me taper sur les nerfs. Heureusement, je suis vite distrait de mon début d'énervement par un cri provenant du parc. La voix de Sachiko est hautement reconnaissable.

« LES POTOS ! Venez voir venez voir venez voir ! »

Le premier à se précipiter dans le parc est Sparrow, qui nous sème évidemment immédiatement de toute la puissance de son corps de bête. Alannah et Seo-jun se précipitent à sa suite, tandis qu'Ansgar et Houshang, après avoir échangé un regard éloquent, prennent la suite du groupe. Ne restent qu'Emerens et moi. Ce dernier me jette un regard.

« Non pas que j'ai envie de te retenir, Thibs, mais dans un parc, je préfère ne pas courir sans avoir une idée de mon environnement. Ça te dérange de rester avec moi ?

— Nan. Et puis, je soupire, un peu de calme me fera pas de mal. »

Je vois son sourire s'élargir, et il profite d'un instant de faiblesse de ma part pour me passer une main dans les cheveux.

« Merci. »

C'est donc d'un pas lent que nous nous mettons à cheminer dans le parc. Qui est très beau, soit dit en passant. J'entends plein de perroquets crier, et je crois que c'est un singe que je viens de voir passer ? La vache, celui qui a construit cet endroit y a mis les moyens.

Nous n'avons de toute façon pas à aller bien loin. Le bassin dont nous a parlé Alannah est à peine une vingtaine de mètres plus loin, et s'y trouvent déjà Sachiko, Alannah, Sparrow, Ansgar et Seo-jun, de même qu'Houshang dans un coin, qui ont tous le regard fixé sur.... Non mais je rêve, là ?!?

« Des capybaras ! S'exclame Alannah, dont la surprise fait écho à la mienne. Plein de capybaras apprivoisés ! Regarde, Thibault, celui-ci accepte les gratouilles ! Ils sont trop mignons ! »

... Bon, peut-être pas si écho que ça, finalement. Moi, je me demande surtout ce que font ces satanées créatures ici. Elles ne vivent qu'en Amérique du Sud aux dernières nouvelles ! Pourquoi est-ce que j'en vois autant dans un environnement inconnu ? a moins qu'on ne soit en Amérique du Sud, et que du coup bonjour la galère pour rentrer... Super, il ne manquait plus que ça !

Emerens se claque la joue, à côté de moi, alors qu'une grimace déforme son visage.

« Pas que des capybaras, on dirait. Ces foutus moustiques sont de retour et bien décidés à me sucer le sang jusqu'à la dernière goutte. Je sais pas où on est, mais visiblement cet écosystème n'est pas le seul à proximité qui favorise leur développement...

— Dommage pour toi, pouffe Seo-jun, on dirait bien que les moustiques sont les seuls à vouloir sucer quelque chose de toi.

— Ooooooh. Oh celle-là elle était crade, pouffe Emerens. J'aurais si peu osé. »

Je crois qu'Ansgar, Houshang et moi avons sensiblement la même tête blasée. Les autres sont trop concentrés sur les capybaras pour faire le moindre commentaire.

« Ils ont l'air d'être habitués au coin, sourit Sparrow en gratouillant la tête de deux capybaras en même temps. Ce sont probablement des animaux apprivoisés, vu à quel point ils sont peu méfiants. Rares sont les capybaras sauvages qui traversent autant de ville de manière volontaire pour se poser dans un parc, et ceux capturés de force sans acclimatation au préalable auraient peur de l'homme. »

J'avoue que là, je préfère me concentrer sur les capybaras que sur les sous-entendus sales de la bande de gamins géants derrière moi. D'ailleurs, Sachiko vient de m'en mettre un sous le nez. Si proche que je vois ses incisives dépasser de sa bonne tête blasée de capybara. De quoi largement me provoquer un mouvement de recul.

« Regarde, petit dévot ! J'en ai un rien qu'à nous ! On peut l'appeler Flushy ?

— Tu l'appelles comme tu veux, je grogne en me mettant à distance sécuritaire des dents de l'animal, du moment que tu ne me mêles pas à ça ! Je ne sais pas m'occuper des capybaras, moi !

— Oh, ce n'est pas très compliqué, pouffe Sparrow. Ils demandent beaucoup d'entretien, certes, mais ceux-là sont étonnamment bien soignés au vu du peu de personnes dans la ville. Et ce n'est sans doute pas cette demoiselle en longue jupe cachée derrière un arbre qui gérerait leur quotidien au vu de son expression terrifiée, du coup je pense qu'il y a quelque chose qui les maintient en vie. »

Je tique à sa dernière phrase. Personne cachée derrière un arbre ? Je relève la tête de Flushy le capybara et du reste de la scène bizarre qui se déroule devant mes yeux pour me tourner vers la lisière du parc ; et en effet, derrière un des arbres, à nous fixer avec une certaine appréhension, se trouve une jeune femme brune maigre à faire peur. Voyant que je l'ai remarquée, elle sursaute et se cache derrière son arbre, mais trop tard, Alannah aussi l'a vue et vient de se diriger vers elle.

« Salut toi ! Comment tu t'appelles ? Tu es qui ? Comment ça va ? »

Le flot de questions ne trouve pas de réponses. J'entends la femme baragouiner quelque chose en une langue que je ne connais pas avant de secouer violemment la tête. Emerens soupire.

« C'est de l'allemand, ça. Laisse-moi faire. J'ai deux ou trois notions. »

Il se dirige vers la jeune femme et je la vois se recroqueviller contre son arbre alors qu'il commence à lui parler doucement. Du moins aussi doucement qu'on le puisse dans cette langue du démon qu'est l'allemand. Et oui, ça va, je sais, je parle néerlandais, mais quand même, y'a des limites entre ma langue maternelle et cette atrocité.

Il faut un peu de temps, durant lequel j'entends Sachiko et Alannah gagatiser sur les capybaras, mais finalement la jeune femme s'approche de moi, accompagnée par Emerens, avant de se pointer du doigt et baragouiner dans un anglais très approximatif :

« Je.... Je suis Ester Koppel.... Dentiste.... Dentiste Ultime. »


Emerens hoche la tête et dit encore un truc ou deux en allemand, avant de se tourner vers moi.

« La demoiselle est estonienne, et parle assez peu anglais. Il va falloir voir avec les autres s'il y a des germanophones car je ne suis pas un grand spécialiste... Et elle n'est pas spécialement douée non plus. Il se passe quoi avec les capybaras ?

— Toi, t'as entendu les cris de Sachiko et Alannah. Nan, tout va bien. Elles sont juste béates. On en est à combien d'Ultimes là ?

— Thibs.... »

Il soupire.

« Thibs, on est seize. »

Et c'est à cet instant que je l'entends.

Le craquement du haut-parleur, qui même incongru au milieu des bruits des capybaras et des cris d'oiseau n'arrive pas à couvrir ce rire. Le rire que plus que tout, je redoutais d'entendre.

« Upupupupupupu ! »

______________

Et c'est le début des emmerdes, avec en bonus la présentation du meilleur personnage de la Tuerie!

Flushy le capybara.

Ce ne sera sans doute jamais dit explicitement mais notre joli petit monde est en Amazonie! Les moustiques et les capybaras devraient vous mettre la puce à l'oreille.

Er je force avec ça mais j'adore les pronostics du coup je vous remets ça (ceux qui sont sur le Discord savent que je vous ai bien fait chier avec lol) :

A compléter si vous voulez, suffit de screener et de le faire passer sur une appli de retouche avant de me le montrer x)

À dans quelques jours pour la conclusion du prologue !

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