Prologue (7) : Going back to shelter
Le chemin de la maison n'est pas si facile à retrouver que ça. Une chance que je sois un bon observateur et que j'ai la mémoire suffisante pour fixer mon environnement, car si on devait se fier à mes deux compagnons, on y serait pas avant que Sachiko et son groupe ne rentrent. Bon, Moanaura a la circonstance atténuante du siècle, puisque c'est la première fois qu'elle y va, mais pour ce qui est d'Emerens... Aucune. Excuse. C'est à me demander ce qu'il a préféré regarder plutôt que les alentours.
Le silence est assez dense. Sans doute parce que je suis la seule personne ici capable de briser la barrière de la langue et que je n'ai jamais été un grand bavard. Encore plus quand je cherche à retrouver mon chemin. En plus, de temps en temps, j'entends vrombir une mouche très, très près de mes oreilles, à des intervalles trop réguliers pour que ce soit autre chose que les drones d'Alannah. J'ai comme l'impression que la rouquine a décidé de sérieusement garder un œil à facettes sur nous. Même si je ne comprends pas ce qui pourrait arriver. Moanaura a l'air bien plus enjouée qu'Ade, et le seul chaos que je sens arriver, c'est le genre bon enfant qui me tape sur les nerfs mais ne met personne en danger.
Je regarde aux alentours. Alors, si ce panneau est là, ça veut dire qu'il va falloir que je tourne à droite...
« Dis, finit par lancer Moanaura, en brisant le silence à mon grand désespoir, vous vous êtes organisés comment, dans votre point de chute ? Les plus faibles laissés derrière ?
— Pas vraiment, je grommelle. On a quelqu'un pour tenir la maison, quelqu'un pour la surveiller, et effectivement, les plus faibles. Enfin, le plus faible, y'en a qu'un.
— Trois personnes pour six explorateurs, et vous avez pas pensé à vous séparer en deux groupes ?
— Dans une ville inconnue, avec une seule personne capable de retrouver son chemin à coup sûr et une seule autre à savoir où aller ? Nan, trop risqué. »
Elle sourit, avant de m'envoyer un solide coup de poing dans l'épaule avec un rire assez tonitruant.
« C'est que t'as réponse à tout, toi !
— Je suis l'Ultime Théoricien. C'est mon job, crénom, » je grogne, appréciant assez peu cette sensation désagréable de me faire infantiliser par quelqu'un en apparence plus jeune que moi.
Elle continue de rigoler, tandis qu'Emerens hausse un sourcil.
« Pas que je ne comprends absolument pas ce qu'il se passe mais vous pouvez m'expliquer un peu ?
— C'est rien, elle demandait juste notre organisation, je soupire, agacé. Je lui ai parlé un peu du groupe qu'on a laissé derrière avant de donner des réponses évidentes à ses questions agaçantes.
— Je vois.
— Hey, mais lui non plus il ne parle pas français ? »
Je lève les yeux au ciel tellement fort que je manque d'en oublier de tourner à droite, avant de me tourner vers le visage souriant de Moanaura, qui vient de pointer du doigt Emerens avec une expression pour le moins trollesque. J'ai soudainement un mauvais pressentiment. Quelque chose me dit que l'agacement que je ressens actuellement va soit être triplé soit remplacé par toute autre émotion désagréable... Et autant je n'écoute pas mes pressentiments, autant là vous avez vu son air ?!?
J'hésite à répondre, mais finis par marmonner :
« De toute évidence, non.
— Moi qui pensais que les colonialistes ça se répandait partout... Eh, ça tombe bien, j'avais envie de rigoler un peu, et ça va être drôle de voir sa belle gueule avec une tronche de merlan frit ! Viens, on continue de causer tellement vite que t'arrives pas à traduire ! »
Oh je le sens mal, je le sens si mal... Emerens hausse un sourcil, mais j'avoue que là j'ai pas du tout envie de traduire ça. Encore moins le compliment. J'ai un ego, quand même. Je préfère grommeler à l'adresse de Moanaura :
« Belle gueule, t'exagères pas un poil ?
— Mon cher je suis lesbienne jusqu'au fond des fesses, donc j'aurais plutôt tendance à dire que j'édulcore. Le plus susceptible d'exagérer ici, c'est toi, hein. Parce que tu ne vas pas me faire croire une seule seconde que t'es hétéro ! »
JE- Nan mais c'est qu'elle m'attaque avec l'artillerie lourde ? Oui, c'est vrai, je suis tout sauf hétéro et encore moins monogame, mais euh, je peux savoir ce qui lui a fait réaliser ça ? Parce que si c'est bien ce que je pense on est repartis pour une séance d'attaque à la mitraillette ! On peut même plus faire des câlins à ses potes tranquille, sacré nom de Dieu ?
Je dois être sacrément rouge puisque Emerens hausse un sourcil et Moanaura éclate de rire, son sourire trollesque toujours sur sa face. Nan mais je rêve.
« Qu'est-ce que je disais ! Ne va pas me faire croire que tu ne le trouves pas mignon !
— C'est mon meilleur pote, je grogne, prêt à contrer tout missile lancé dans ma face. J'ai le droit de faire des câlins à mon meilleur pote, quand même ?!?
— Oh, les câlins c'est pas le problème, le nain ! Je le vois à trois kilomètres, ton beau visage rouge, c'est pire encore qu'un signal !
— Eh bah oui, parce que quand les gens se prennent des insinuations qu'ils trouvent d'autres gens mignons, vraies ou pas d'ailleurs, ils sont embarrassés et moi quand je suis embarrassé je rougis. Parce que j'ai eu la connerie de naître avec une peau à rougissements. T'en as d'autres des comme ça ?
— Plein, rigole Moanaura, mais j'vais pas prendre le risque que tu perdes ton chemin. Parce que c'est clairement pas le moment de gay paniquer sur qui que ce soit, vu que tu es le seul compétent à nous guider ! »
Oui eh bien euh ta gueule. Je regarde aux alentours, cherchant mes points de repère : par chance, on est restés sur la bonne route, et je vois au loin l'entrée de la rue de la maison. Le drone d'Alannah bourdonne doucement dans mes oreilles, sans interruption ; je crois qu'il ne m'a pas lâché de tout le trajet. Sans doute une preuve supplémentaire que je n'ai pas trop failli à ma mission. Je soupire.
« On y est presque, j'annonce, en français puis en néerlandais. La maison est pas loin.
— Ah, enfin tu te remets à parler un langage que je comprends, grogne Emerens, faussement outré. Tu peux m'expliquer de quoi vous avez causé depuis tout à l'heure ?
— Pas tes oignons, » je grommelle, une soudaine chaleur m'envahissant les joues. Nan mais je ne vais quand même pas lui traduire ça ? Il ne va plus se sentir après !
Il hausse les épaules, avant de prendre la tête.
« Bah. On verra plus tard. Go rentrer, je sens déjà une bonne odeur de cuisine me titiller les narines ! »
Hmmmm, cuisine de Nako. Il a raison, ça sent bon la bouffe en train de se préparer. On est à je dirais une vingtaine de mètres de la maison vu l'odeur, et d'ailleurs, je crois que même sans comprendre le néerlandais, Moanaura a saisi le sens de nos paroles en nous voyant renifler les alentours.
« C'est votre crew qui a fait cette bouffe qui sent si bon ?
— Un seul moyen de le savoir, sourit Emerens après que je lui aie traduit la question. Foncer. La maison est tout droit, le dernier à table est hétéro ! »
Eeeeeeet il ne me laisse même pas le temps de traduire ce con, le voilà déjà qui fonce. Bon sa jambe lui permet quelques avantages CERTES, sauf que Moanaura a bien compris qu'il fallait faire la course, et se précipite derrière lui avant même que j'aie le temps de dire le moindre mot ! Je suis donc laissé en plan avec la terrible sentence et autant se faire charrier sur sa gayness c'est une chose, autant je serais particulièrement outré qu'on me qualifie d'hétéro... Bon enfant, évidemment. Après tout j'ai cru que je l'étais suffisamment longtemps.
Enfin bref. Tout ça pour dire que je ne prends même pas le temps de penser « crevards » avant de foncer derrière eux de toute la force de mes petites jambes de crevette. C'est déjà évident que je ne rattraperais pas Moanaura ; par contre, Emerens, qui a beaucoup de mal à courir même si sa jambe est robotique, j'ai peut-être une chance...
Tout compte fait, on arrive en même temps devant la porte, à grands renforts de coups de coudes et autres saisies du col par derrière. Moanaura est déjà devant la porte, en train de... Je peux même pas dire toquer vu la force de ses coups. Vu l'endroit où elle toque, Nako, Ruben et Ibrahim ont changé de maison ; mais c'est visiblement bien là qu'ils se sont installés puisque la porte s'ouvre sur l'air agacé de Nako.
« Vous pourriez éviter de me démolir une deuxième porte s'il vous plaît... oh, bonjour ! »
Moanaura hausse un sourcil, sans doute n'ayant pas compris grand-chose, si bien que je me permets d'intervenir entre deux coups de coude dans les côtes d'Emerens suspendu à mon cou. Tiens, j'ai comme un écho.
« Elle parle pas anglais, Nako. Juste français visiblement. Je peux traduire si tu veux ?
— Ce ne sera pas la peine, sourit notre hôte dans un français parfait. J'ai un peu de maîtrise dans cette langue. Entre donc ! Nous pourrons discuter des dégâts matériels autour d'un bon thé... »
Elle traduit ses paroles en anglais, arrachant un grognement dépité à Emerens.
— Aw, le repas n'est pas prêt ?
— Je ne suis pas ta cheffe cuisinière, Emerens, fait Nako d'un ton ferme malgré son sourire amusé. La cuisine prend du temps, vois-tu, et il n'est même pas l'heure de manger. »
L'intéressé a une moue déçue, mais se contente de rentrer à la suite de Moanaura et sans me lâcher. Nan mais il le fait exprès ou quoi... Moanaura ricane, mais par chance, la présence d'Ibrahim dans un coin du salon, en train de jouer aux cartes avec Ruben, semble la dissuader du moindre commentaire. D'ailleurs, je crois que la vision du mastodonte vient de l'inciter à adopter une attitude prudente, vu ses pas feutrés lorsqu'elle s'approche du canapé...
« Salut, les gens, je grogne, toujours en train de flanquer des coups de coudes à l'envahisseur blond juste derrière moi. On rentre avec un peu d'avance.
— Salut, sourit Ruben. Justement, Ibrahim et moi on attendait des gens pour faire une belote, ou un président...
— Où sont les autres ? » Enchaîne le Soldat.
Je m'assieds à côté d'eux, dans une vaine tentative de déloger l'autre diablotin collant. Qui justement, profite du canapé pour se coller encore plus à moi. Pas gêné.
« On a croisé une autre personne en plus de Moanaura que voici, et Sachiko, Seo-Jun et Alannah sont restés avec elle chercher Ansgar. Nous, on a juste raccompagné l'Ultime Capitaine, je grogne en désignant ladite Capitaine, déjà enroulée dans des couvertures sur le canapé. Avant toute chose, elle parle que français, donc pour la conversation, va falloir attendre Nako, moi j'en ai marre. Elle a fait que m'emmerder sur le retour.
— Ah, c'est ça que tu ne voulais pas me dire, sourit Emerens alors qu'Ibrahim et Ruben échangent un regard. Pas envie de traduire ce qu'elle racontait sur toi, hein, petit cachottier ?
— Décolle-toi de moi et oublie ce ton railleur, du con.
— Nope ! Désolé mais je suis trop bien là. Et puis, a-t-il le culot de me chuchoter à l'oreille en néerlandais, tu es un coussin très confortable, je m'en voudrais de me priver, pas toi ? »
Connard. Je sais même pas quoi répondre, moi, maintenant. Mis à part que c'est mort pour le déloger. Super. De manière extrêmement ironique, bien entendu. Bon, du moment qu'il ne refourre pas sa tête dans mon cou, ça devrait aller. Je lève les yeux au ciel. Autant se recentrer sur autre chose...
« Un jeu de cartes, vous disiez, les gens ?
— Euh, oui, répond Ruben après un petit temps de silence. Mais il n'y a pas beaucoup de jeux à quoi on peut jouer à quatre... Ibrahim refuse de m'apprendre le poker...
— A trois vous voulez dire, intervient l'insupportable écrivain toujours collé à moi, parce que moi, c'est mort pour que je bouge de là avant le repas, et je pense que ma position me permet une sacrée vue sur le jeu de Thibault.
— Mais t'es vraiment qu'un chieur en fait ?!?
— Et fier de l'être, Thibs. Et fier de l'être. »
Je vais le taper. Quand j'aurai les mains libres et un moyen de frapper une cible derrière moi.
« C'est pas grave, sourit Ibrahim. On va faire un pouilleux. Si Emerens promet de ne pas divulguer le jeu de Thibault...
— Trouvez-moi un moyen de m'occuper la bouche et je resterai muet comme une carpe, c'est promis ! »
Arrête avec ce clin d'œil tout de suite ! Un jour je me vengerai, parce que oui, moi je ne suis pas comme Ibrahim qui vient de hausser les épaules avant de te tendre le plat de fruits, ou même Ruben qui n'a pas l'air d'avoir compris grand-chose, moi je sais très bien que tes paroles transpirent les sous-entendus ! Laisse tomber, personne dans cette pièce n'a envie de t'embrasser, et certainement pas moi !
Ruben distribue les cartes après en avoir ôté une au hasard, si bien que même si Emerens faillissait à sa promesse malgré la poire dans sa bouche, il serait bien en peine de dire si j'ai le pouilleux ou non. Tant mieux, un souci de moins. Je commence aussitôt à faire mes paires, car j'en ai un certain nombre, et une fois le nombre de cartes sur la table considérablement réduit, je me tourne vers Ibrahim.
« Allez, je commence. Tends ton jeu, tu veux ? »
Le soldat s'exécute, souriant, et je pioche une carte au hasard. Pas de paire. Dommage.
Ruben, à son tour, tend son jeu à Ibrahim, qui tire une carte et en place deux au milieu, et la partie continue, dans un silence calme entrecoupé par deux ronflements légers émis du canapé ou s'est finalement endormie Moanaura. Par chance pour moi, Emerens se contente de fixer mon jeu avec intérêt, et a même décollé un de ses bras de moi pour pouvoir manger sa poire correctement, si bien que l'étrange câlin dans lequel je m'étais retrouvé devient simplement deux amis bras-dessus-bras-dessous sur le même canapé.
« Thibault, tu peux rapprocher ton jeu, s'il te plaît ? Me demande Ruben. J'ai un peu mal aux bras... »
Je lui tends, et le gamin qui décidément a une chance extraordinaire dépose ses deux avant-dernières cartes au milieu. Ibrahim se voir forcé de lui prendre la dernière, et je me tourne vers lui pour qu'il puisse piocher dans mon jeu. De toute façon, je crois que j'ai une assez bonne idée de ce qu'est le pouilleux cette fois. C'est la reine de cœur. Ça fait deux fois que je la vois passer.
Et comme elle est dans mon jeu, je vais devoir me montrer assez imaginatif pour la refiler à Ibrahim.
« Dites, si c'est pas indiscret... » Intervient Ruben alors qu'Ibrahim prend la carte jusque à côté de la reine de cœur. Zut.
Je me tourne vers lui.
« Y'a quoi.
— Eh bien je me demandais. Toi et lui, vous êtes, euh... »
Trop gêné pour continuer sa phrase sans doute, l'adolescent joint ses doigts dans un geste assez évocateur. Je comprends immédiatement de quoi, et de qui, il parle, et comme de bien entendu me braque aussitôt.
« Wowowow du calme ! Ça fait seulement deux jours qu'on s'est revus après un sacré trou de séparation, c'est un poil tôt, non ?
— Mince, désolé ! S'exclame le gamin alors que je prends une carte à Ibrahim et la dépose sur mon tas. C'est juste que, bah, votre proximité me faisait poser des questions.
— Si tu penses qu'on ne fait des câlins aux gens que lorsqu'on les aime d'amour, ta vie doit être bien triste, rétorque Emerens, la voix un peu sèche. Tu n'as jamais eu d'amis ou quoi ? »
Ruben baisse les yeux sur le tas de cartes, les lèvres pincées. Je vois un tic nerveux agiter ses doigts. C'est un sujet si sensible que ça ? J'espère qu'Emerens n'y est pas allé trop fort, même s'il a raison...
« En fait, pas vraiment, soupire l'adolescent. J'ai passé mon enfance à travailler, mes parents ne me laissaient pas beaucoup voir des gens... J'ai eu des amis, oui, mais ils étaient plus contents quand je leur offrais des bijoux que quand je leur faisais des câlins, alors j'imagine que j'ai pas vraiment d'élément de comparaison ? »
AH. Eh bien ça vient de mettre un sacré froid ! Effectivement, vu la situation, Emerens y est allé beaucoup trop fort, et ce n'est pas le sourire fatigué de Ruben qui va m'empêcher de malmener ce malpoli ! Outré, je lui flanque un coup de coude dans les côtés, et au moment où il pousse son cri de douleur, je le couvre en m'exclamant :
« Nan mais ça va pas oh ? Excuse-toi tout de suite, espèce de rustre !
— Aïeuh ! Thibs, tu pouvais éviter de me taper aussi fort !
— Mais euh, ce n'est rien enfin, s'exclame un Ruben soudainement paniqué. C'est moi, j'aurais dû éviter d'être aussi indiscret, pardon...
— T'as ta part de responsabilité mais c'est à lui que je cause. Tu attends quoi, du con ?!?
— .... Désolé, Ruben. Je serai moins violent à l'avenir. »
Voilà qui est mieux. Sur ce, je vais pouvoir retourner à ma petite partie à gagner. Il faut absolument que je refile à Ibrahim cette reine de cœur.
Le reste de la matinée passe tranquillement, et j'ai assez honte d'avouer que la partie s'est terminée sur une magnifique égalité puisque Nako nous a appelés alors qu'Ibrahim allait ENFIN me laisser son roi de trèfle. Quelle déception. Mais bon, je dois bien avouer que le repas de Nako rattrape toute amertume de la défaite, puisque je me régale avec ses côtes de porc grillées. Un vrai délice.
« Où t'as appris à cuisiner aussi bien ? Je lance entre deux bouchées.
— Ma mère, sourit Nako. Très cliché je l'avoue, mais c'est d'elle que je tiens toutes mes recettes. Je suis contente de voir que ça te plaît.
— Ah ça, c'est super bon oui ! »
Moanaura ne s'est réveillée que pour le repas, et engloutit à toute allure son assiette comme si la nourriture prévoyait de manquer. Entre deux bouchées, elle parle en français à Nako, qui lui répond sur la même langue, excluant ainsi tout le monde sauf moi de la conversation. Et comme je n'ai pas envie de parler avec elles, je ne les écoute pas. À la place, je discute avec les autres garçons de la tablée. Notamment avec Ruben, qui prend un nombre affolant de médicaments à mon goût, d'un coup.
« Eh, gamin, c'est quoi tout ça ?
— Rien du tout ! Sourit le concerné. Mais j'en ai vraiment besoin. Ne t'inquiète pas pour ça d'accord ?
— Mouaif, je grogne. J'aime moyen voir autant de pilules dans une même gorgée. Tu fais gaffe, hein ?
— Oui, oui... Je ne compte pas mourir, hein ! C'est juste que j'en ai besoin. »
Je surprends le regard en coin que me lance Emerens, et me tourne vers lui, les sourcils froncés.
« Il y a un problème ?
— Rien du tout, me répond ce dernier en néerlandais. J'ai juste cru reconnaître certains médicaments et... Non, inutile que je t'en parle. Ce n'est sans doute pas le même dosage... »
Ah bah d'accord. Il m'inquiète encore plus, ce con. Mais Ruben, qui a sans doute compris qu'on parlait de ses médocs vu qu'il vient d'en cacher précipitamment les boîtes, ne nous dira rien de plus. Je grogne.
« Meilleur moyen de ruiner l'ambiance... Vous avez pas un autre sujet de conversation ?
— Boh, moi j'en ai bien plusieurs à lancer, pouffe Emerens, mais comme je ne sais pas combien de personnes autour de cette table sont innocentes...
— Argh ! Non ! Oublie ! Quoi que soient tes sujets de conversation, je ne veux pas en entendre parler ! »
Il éclate de rire, alors que je lui lance ma serviette en papier à la figure sous les regards surpris du reste de la table. Non mais combien de temps je vais avoir à supporter ce crétin ?
Le plus longtemps possible ?
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Petit chapitre de transition aujourd'hui puisque le soir suivant vont arriver, vous vous en doutez, pas mal de persos d'un coup ! J'en profite pour développer des gens comme ça :,))
Je devrais avoir fini ce prologue d'ici une semaine et demie ! Il me reste trois chapitres en tout, et après, on verra pour la pause de la publication. J'attends toujours les retardataires sur AoD...
Sur ce à dans quelques jours pour la suite !
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