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Interrogating in progress (day one)

Moanaura semble m'attendre depuis un bon bout de temps, visiblement, au vu de son expression courroucée lorsque je la retrouve enfin devant la porte de sa chambre. Elle tape du pied sur le sol avec une certaine impatience, les bras croisés, et c'est tout juste si son visage s'éclaire quand j'arrive.

« Ah bah enfin ! Un quart d'heure que je t'attends ! T'es toujours du genre à poser des lapins comme ça ? »

Je lève les yeux au ciel. Premièrement, c'est toujours un plaisir de se faire autant taper dessus sans même un bonjour, deuxièmement, elle n'était pas obligée de me rappeler ce petit souvenir, surtout que cette fois, je faisais un truc peut-être un poil plus important que de me faire Emerens.

Nan mais sans blague.

« Sympa de te voir aussi, Moanaura, je grommelle. J'étais parti me chercher à bouffer. Tu veux des chips ?

— Ouais, ouais, file. On causera en mangeant. »

Marrant comme ça te calme tout de suite. Je lui jette un paquet de chips, et elle le rattrape au vol avant de me guider jusqu'à sa chambre.

Je m'assieds sur le lit en ouvrant le mien, et enfourne une poignée en fixant l'Ultime Capitaine se bâfrer. Son sabre, toujours à sa ceinture, est aussi immaculé qu'au premier jour. A croire qu'elle ne s'en est jamais servi. Ce qui est sans doute le cas.

C'est à se demander pourquoi elle y a eu accès.

LE silence se prolonge, alors que je mâchonne sans conviction ma poignée de chips. Je sais pas par où commencer, c'est chiant. Et ça donne un sacré mélange de gêne, là. Moanaura comme moi attendons que l'autre prenne la parole, et comme j'ai aucune envie de cracher la moindre miette de chips pour ne rien dire, disons que c'est pas gagné.

« Je t'écoute, finit par lancer Moanaura après quelques très longues minutes. Tu voulais me poser quoi comme questions ? »

J'hésite. J'en ai préparé une liste, bien évidemment, avant de venir, certaines assez génériques pour pouvoir être réemployées avec Seo-jun et Emerens, et d'autres destinées spécialement à l'Ultime Capitaine. Mais pour la plupart, elle est parfaitement en mesure de me mentir. Et j'ai peur de prendre trop pour argent comptant un truc si facilement détourné.

Ma feuille se froisse dans mon poing.

« Parle-moi un peu de toi. De tes convictions. Pourquoi tu as commencé la piraterie, ce genre de choses. »

Elle hausse un sourcil surpris.

Je crois qu'elle ne s'y attendait pas à celle-là.

« Pourquoi ? Je t'ai déjà raconté plein de trucs.

— J'aimerais bien tout savoir. Ou même, t'écouter encore. S'il te plaît. »

Parce que ce sont les plus fortes opinions... Les plus fortes opinions qui font le plus mal une fois détruites.

Pas vrai, Ade ?

Moanaura fait la moue, mais n'insiste pas. Elle se contente d'enfourner une nouvelle poignée de chips.

« Okay. Mais du coup je t'apprendrai pas plus de trucs. J'ai grandi dans une famille chrétienne, ça m'a conduit à détester la religion. Dès que j'ai été en âge de faire des petits boulots, j'en ai pris un max, et ça m'a conduit à acheter mon bateau. Et à partir de là, havre de paix et piraterie au max. Rien de nouveau.

— Comment tu as pu te payer ton bateau, exactement ? »

Elle grimace.

« C'était un vieux bateau de pêche. Un voilier, pas vraiment fonctionnel à la base. Il allait partir à la casse de toute façon, du coup, les proprios ont été bien contents de me le refourguer. Ils en ont sans doute tiré plus de profit qu'en le foutant à la déchetterie. Et moi, j'avais un meilleur endroit pour vivre.

— Du coup, t'as commencé par vivre là.

— Exact. Je l'ai appelé la Sirène, et c'est devenu un nom de code pour certains de mes potes. Maintenant qu'on avait un bateau, on a consacré tous nos efforts à le retaper et apprendre son fonctionnement. »

Elle hausse les épaules, avant d'enfourner une nouvelle bouchée de chips.

« Certains ont abandonné, parce que trouver des livres assez compréhensibles à la biblio c'était vachement dur pour nous, mais ceux qui restaient se sont accrochés, et ont constitué mon premier équipage. »

Je vois je vois. Donc, elle s'est très vite détachée de ses parents. Ça me rappelle un peu Emerens. Avec une fin peut-être un poil plus heureuse, vu qu'elle n'a, que je sache, pas en tête le meurtre de ses parents. Juste du regret et du ressentiment.

Rien de très puissant dans ce que j'entends. Jamais de convictions brisées. Elle a l'air d'avoir toujours réussi, sans point de rupture l'ayant marquée. Et pour quelqu'un d'autant soumis à l'adversité, c'est... Plutôt cool.

Mais ce n'est pas ça qui m'intéresse. Je dois trouver la faille. N'importe laquelle.

Je soupire, devant l'œil inquisiteur de Moanaura qui doit bien se demander pourquoi diable je lui demande tout ça.

« Pas eu de soucis pour payer ton bateau ? Ou avec tes potes qui ont abandonné ?

— Boh, pas plus que ça, répond-elle. Je veux dire, ouais, les boulots étaient durs, et il fallait pas se faire arnaquer. Surtout que pour payer mon bateau, je devais vraiment bosser tout le temps. Il y a des fois où je séchais les cours. Ou j'ai dû prendre les trucs les plus ingrats ou dangereux, genre démêler des filets en eaux profondes. Mais ça a porté ses fruits. Et avec les potes... »

Elle hausse les épaules.

« J'ai plus trop de contacts, mais si j'ai jamais eu la police sur le dos même alors qu'ils connaissent mes activités et celles de la Sirène, c'est qu'ils ont tenu leur langue. Donc bon, même si c'est un peu douloureux, je peux pas vraiment parler d'une trahison. »

... Mouaif.

Tout ça ne m'apprend pas grand-chose, comme je m'y attendais. Moanaura ne semble pas avoir de noirs secrets, ou alors, elle les cache bien. Mais bon, j'ai encore des trucs à creuser. Sur sa vie, ou ses buts.

« Tu étais connue, en tant que capitaine ? Parmi les autres ados, je veux dire.

— Ouh là, pas vraiment, elle éclate de rire. Tu sais, je menais un peu une double vie jusqu'à ce que mes parents me renient. Lorsque j'allais encore au collège, j'étais la gentille Suzanne Gérard qui faisait pas de vagues. Puis bon, ensuite, Moanaura X n'a pas d'identité légale. J'étais un peu le cryptide du coin. Qui jette l'ancre, pille vos hommes et séduit vos femmes avant de se casser comme il est venu. J'suis déjà surprise qu'Hope's Peak m'ait trouvée. »

C'est vrai que c'est à creuser, ça. Je note, je note.

« Pas eu de problèmes avec ça, d'ailleurs ? J'ai entendu dire que les colonies étaient vachement homophobes...

— Ouaip, mais j'étais insaisissable. Et capable de me défendre, aussi, hein. »

Elle pouffe, rapidement, avant de reprendre.

« Deux cons ont essayé de m'agresser, je leur ai foutu la pâtée de leur vie. Mais sinon, je restais prudente, quand même. Je fouillais pas trop les espaces queers, je me tenais à distance des filles de mon âge sauf si j'étais certaine qu'elles m'attireraient pas trop d'ennuis, au final, c'est plutôt les femmes qui venaient me chercher plus que l'inverse... Et le reste du temps, j'étais sur mon bateau. J'ai eu quelques aventures avec mon équipage, d'ailleurs. En toute camaraderie, le plus souvent. Pourquoi, ça t'intéresse de savoir combien de gens me sont passés dessus ? »

Elle ponctue sa réplique d'un clin d'œil, alors que de mon côté, je lève les yeux au ciel.

« Vraiment, Moanaura ? J'essaie d'en savoir plus sur ta vie et c'est comme ça que je suis accueilli ?

— Bro, tes questions sont hyper intrusives, je les traite avec l'égard qu'il leur faut. Mais t'inquiète, je t'en veux pas, elle pouffe. Je me doute que ce que tu veux, c'est pas un film biographique sur la passionnante vie de Moanaura X. Même si ça en mériterait un, bien évidemment.

— Parle pas trop sans savoir, je ricane, je te rappelle qu'on est filmés en direct et que j'ai aucune idée de s'il y a des caméras ici. »

Ce petit rappel pourtant si innocent (jugez mon sarcasme, je vous vois) semble grandement la refroidir. Elle perd immédiatement son sourire, et enfourne une nouvelle bouchée de chips alors que je prends mon menton entre mes mains.

Moanaura. Une vie normale, même si pleine d'adversité, à l'en croire. Pas de gros écueils qu'elle voudrait bien me dire, et aucun que je peux vraiment deviner dans ses paroles et sa manière de me les présenter. Ses convictions ne semblent pas avoir été bousculées trop sévèrement, à aucun moment.

Rien ne justifierait sa chute dans le Désespoir.

Du moins, avant son entrée à Hope's Peak.

« Rappelle-moi ta promo, s'il te plaît ?

— La dernière, je pense. En tout cas, j'ai jamais vu l'école. »

2019, donc. Elle a eu sa lettre en même temps que moi, et- Une minute.

En parlant de lettres, je viens de penser à un truc.

Un truc que j'ai complètement négligé, les derniers mois.

« Tu te rappelles de comment tu as eu ta lettre ? »

Moanaura plisse les yeux.

« Par cette envoyée d'Hope's Peak, évidemment. Pourquoi, toi, non ? »

Tiens, tiens, tiens.

« Alors, moi si, justement. Mais apparemment, pas Emerens. Ni Ansgar, les deux à qui j'ai posé la question. Et même si Ansgar, ça se comprend un peu... Je vois mal pourquoi pas Emerens. Ou même Sharon, puisque visiblement elle non plus. »

Moanaura fronce les sourcils.

« ... Je me disais bien que c'était un peu chelou... La meuf avait quelque chose comme dix-huit ans, en tout cas, certainement pas plus de ton âge. Certes, on est dans un monde d'Ultimes, mais quand même, depuis quand les envoyés d'Hope's Peak sont aussi jeunes ? »

Aussi jeunes ?

C'est vrai, je me rappelle. Elle avait mon âge. Mon âge, et elle se disait envoyée par Hope's Peak. Je veux bien que, comme le pense Moanaura, ce soit une Ultime...

Mais pourquoi une Ultime collaborerait avec Hope's Peak ?

Je serre les dents.

Est-ce que je tiens un truc ?

« ... tu te rappelles à quoi elle ressemblait ?

— Ouaip. Elle avait à peu près ton âge, mais elle faisait jeune. Pas bien grande. Peau sombre pas très marquée, cheveux bruns courts et un peu bouclés. Des yeux noisette. Une petite cicatrice au coin de l'œil, aussi, ronde, cachée derrière ses lunettes... »

Oh la vache.

C'est la description la plus poussée que j'ai pu obtenir même en prenant en compte mes propres souvenirs. Je m'attendais pas à ce que Moanaura ressorte son physique avec autant d'exactitude. Je serais moi-même bien en peine de confirmer, alors que cela correspond à la propre image assez vague que j'ai...

Je fais de mon mieux pour ne pas montrer ma stupéfaction. Il faut que je me contrôle.

« Elle est venue te voir quand ?

— Presque sûre que c'était en octobre. D'ailleurs, elle a mentionné devoir vite rentrer pour quelque chose de personnel, à ce moment-là, donc elle s'est pas attardée. »

... Et tu te souviens d'autant de détails alors que ça fait un an ?

Soit Moanaura a une excellente mémoire des visages, soit son arrivée l'a vraiment marquée... Soit elle a eu d'autres raisons de se souvenir de son physique.

Et moi, peu importe les options, je me retrouve avec une description ultra précise d'une adolescente peut-être en cheville avec les Monokuma.

... Une « elle ».

Je pince les lèvres.

« ... Tu te souviens d'autres détails ?

— De son physique, pas vraiment, soupire Moanaura. Elle avait un style très basique, à croire qu'elle voulait se faire oublier. Mais moi, je l'ai trouvée trop louche pour ça. Mais sinon... Elle parlait avec moi un français parfait, sans accent particulier. Le livre qu'elle tenait, d'ailleurs, était en français aussi.

— ... Une native française.

— Sans doute. Mais y'a masse gens qui parlent couramment français sans être français. Les français d'Algérie, par exemple, ou les belges, les suisses et les colonies... »

Certes. Mais cela réduit plutôt bien les possibilités. A moi, je ne me rappelle plus, mais je suis presque sûr qu'elle s'est d'abord adressée à moi en anglais. Parce que la lettre était en anglais. Et de toute façon, vu que je parle couramment les deux langues... Bah, mes souvenirs sont un peu flous, quoi.

Mais ce n'est pas le cas de Moanaura. Qui ne parlait qu'un seul langage connu à l'international.

... Voilà qui pourrait se révéler très intéressant.

« Merci, Moanaura, je souris. C'était bien utile.

— Tu ne me demandes rien de plus ? Assez court, l'interrogatoire ! »

Je secoue la tête.

« J'ai tout ce que je voulais savoir. »


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