Chapitre 6 (12) : Red Strings of a Puppet Master
https://youtu.be/MVpqdK-GKa4
https://youtu.be/IDjvk5_DeMo
(J'ai attendu six Chapitres et 180 parties pour vous proposer ces musiques donc permettez-moi d'insister pour les écouter, sur les trois prochaines parties-
Les paroles sont très. TRÈS. importantes. Si ça vous intéresse, allez les voir après votre lecture)
____
Le silence est la seule chose qui suit mes dernières paroles.
Pas de confirmation, pas de protestations, rien.
Juste Moanaura crispée sur sa tribune. Seo-jun au bord des larmes.
Et Emerens qui continue de sourire.
Emerens qui reste immobile.
Emerens qui me regarde.
Avant de lever, doucement, les mains.
Le petit claquement que j'entends est peut-être la seule chose que je parviens à percevoir, au-delà du bourdonnement dans mes oreilles. Le genre de petit bruit qui à chaque écho résonne en un craquement. Parce que ça ne peut pas être...
Ça n'est pas Emerens qui applaudit.
Non.
Ce n'est pas possible.
Ce n'est pas possible, et pourtant, c'est bien ses mains que je vois bouger, c'est bien ses bagues qui se cognent les unes contre les autres, c'est bien de là qu'émane l'écho. Alors que son foutu sourire prend des accents bien plus terrifiants.
Et qu'un petit rire l'accompagne.
« Bravo, Thibault ! Félicitations, vingt sur vingt ! »
Craquement.
Sa voix brise toutes les dernières barrières, tout le reste de déni que je pouvais garder. C'est ma tribune qui, seule, m'empêche de m'effondrer au sol, me permet de rester debout alors qu'il joint les mains, les lève à hauteur de sa joue, et me fixe avec un tel air, de tels yeux presque satisfaits que...
Que je crois que c'est un miracle que mon cœur ne se soit pas arrêté sur l'instant.
Même si je crois que je n'en suis pas très loin.
Le léger rire d'Emerens se réverbère sur les murs comme un écho.
« Tu as raison. »
Il me fait un léger clin d'œil, que je ne peux m'empêcher de trouver terriblement beau. Terriblement cruel, dans sa beauté.
« C'est moi. »
Toutes mes dernières digues s'effondrent.
Ma tête est vide. Vide de sons, de pensées, de questions.
Il n'y a plus de colère. Il n'y a plus de déni. Ni de marchandage. Ni même de dépression.
Seulement le vide.
Il vient d'admettre. Il vient d'admettre, putain, et je crois que c'est, plus que l'aveu, la manière dont il le dit, le putain de sourire, les yeux froids, bien trop froids, qui m'achèvent. L'absence de regret. D'hésitation. Cette espèce de contentement qui dégouline de sa voix. Qui m'empêche de parler, de hurler, de demander des explications.
Des foutues explications. C'est tout ce que je veux.
Est-ce que je ne les mérite pas ne serait-ce qu'un peu, Emerens ?
« ... Putain de merde, jure Moanaura. Tu nous as tous... Tu nous as tous menés en bateau depuis le début.
— J'y crois toujours pas, renchérit Seo-jun, tremblant. Mec, je... Je croyais te connaître depuis deux ans, moi, je te croyais pas capable... De faire une chose pareille ! C'est même pas d'avoir juste participé à l'élaboration d'une Tuerie, t'as... Littéralement accepté la planification de la mort d'au moins neuf personnes ? »
Emerens hausse les épaules. Il sourit toujours autant.
« Tu sais Seo-jun, des fois, on ne connaît pas bien les gens. Ou plutôt, on ne connaît d'eux que ce qu'ils veulent nous montrer. »
...
Et qu'est-ce que je connaissais de toi ?
Qu'est-ce que je que connaissais de toi, alors qu'on a passé un an, puis encore six mois ensemble, que je t'ai tout donné, mon corps, ma confiance, mes secrets, mon cœur. A quel point j'ai donné et à quel point ça m'a été rendu ?
Est-ce que je vais seulement avoir la réponse ?
Ou est-ce que comme Veikko à Wen Xiang tu ne me la donneras jamais ?
Il soupire. Pose ses deux mains sur sa tribune. Nous balaie du regard, presque trop froidement.
« Je pense que vous avez compris maintenant que je sais très bien jouer la comédie. Depuis mon arrivée ici, je savais, plus ou moins, qui allait vivre ou mourir. Et à qui je ne devais pas trop m'attacher. A partir de là...
— Non, ta gueule, crache Seo-jun. Je veux pas t'entendre nous dire que tu nous as tous manipulés pour cacher ton identité. Pendant combien de temps tu m'as menti, Emerens ? »
Il hausse de nouveau les épaules.
Toujours souriant.
« Sept mois. »
Seo-jun serre les poings. Baisse les yeux, des larmes plein les paupières. Les mêmes larmes que celles qui me blessent depuis tout à l'heure.
Sept mois. Est-ce que Seo-jun a pu avoir ses deux ans ? Je ne sais pas. Mais pour moi, il n'y a qu'une seule certitude. Je n'ai jamais rien eu.
Je n'ai jamais retrouvé mon meilleur ami. Juste un homme qui m'a menti tout ce temps.
« ... Putain, t'es vraiment un salopard, jure Moanaura. T'as vraiment eu aucun scrupule à te joindre à une Tuerie sur scénario préétabli ?!? Et pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu t'es joint à Louna ?!?
— Ça va peut-être être une mauvaise nouvelle, lance Louna depuis sa tribune, lassée, mais c'est plus compliqué que ça... »
Elle n'a cependant pas le temps de finir sa phrase. L'Artiste la coupe d'un mouvement de la main enthousiaste, un large sourire aux lèvres.
« Oh, non, non, non, non, non. Cette partie-là, ma chère Scénariste, elle est pour moi. C'est à moi de vous faire comprendre l'étendue de votre erreur. »
Louna grimace, mais ne proteste pas plus. Et Emerens lui jette un regard plein de haine alors qu'il se met debout sur son siège, nous fixant de haut avec son large sourire.
Je n'arrive plus à respirer.
Qu'est-ce qu'elle m'avait dit, lorsque je lui avais demandé, il y a deux jours qui me semblent si lointains, désormais, pourquoi elle avait mêlé Emerens à ça ?
« Tu ne vas vraiment pas aimer la réponse. »
Je comprends pourquoi, désormais.
« Notre chère Louna l'a mentionné tout à l'heure, elle porte un deuxième titre. Celui d'Ultime Prodige Littéraire. Cela vous dit peut-être quelque chose ? »
... Donc, c'était bien ce que j'avais vu dans les dossiers d'Ansgar. Je me rappelle, maintenant. Le titre m'avait semblé étrange, mais pas important pour la suite, alors je ne m'étais pas penché dessus plus que ça, puisque rien ne le reliait à mon enquête à part la probabilité que Louna l'ait en sa possession...
Mais si c'est bien ce que je pense...
Je me tourne vers Louna, qui fixe Monokuma du regard. Elle triture du bout du doigt quelque chose sur sa tribune. Je n'ai pas envie de savoir quoi.
« Il se trouve que, annonce Monokuma avec délectation, le titre de Prodige Littéraire est un peu particulier.
— à savoir ? » Gronde Moanaura.
L'Artiste à un petit rire.
« A savoir que contrairement à tous vos titres Ultimes qui s'attribuent sur la base de votre talent brut et de la meilleure manière de le définir, le titre d'Ultime Prodige Littéraire est le seul titre de tous les Ultimes, Monokuma compris, à être donné sous certaines conditions. »
Putain c'était bien ça.
Le titre d'Ultime Prodige Littéraire. L'un des plans des Monokuma pour endiguer la fin du monde. Jamais attribué à la connaissance d'Ansgar. Sauf qu'aujourd'hui...
Monokuma prend une profonde inspiration.
« Et cela signifie...
— Cela signifie, le coupe une Louna visiblement fatiguée, que pour être digne du titre, il faut remplir les conditions. A savoir, posséder les talents nécessaires à l'élaboration de l'Ultime Réalité Fictive. »
Le sourire de Monokuma disparaît aussitôt, et je le vois sur le point de protester. Mais un regard glacial et un mouvement de doigts de Louna le réduit au silence.
Il semblerait que malgré tout, il ait toujours un peu peur de son ancienne employeuse.
« L'Ultime Réalité Fictive, reprend d'ailleurs cette dernière d'une voix atone, est un nom donné à une réalité prédictible, sous la forme d'un texte quelconque. Scénario, roman, ainsi de suite. Il ne suffit pas de la prédire, comme je l'ai fait. Il faut aussi la mettre en place, et faire en sorte de limiter au maximum les écarts de la route.
— Les écarts de la route, grimace Seo-jun. Les imprévus, quoi. Sauf que pour pouvoir faire ça, il faut...
— Une capacité de prédiction très pointue, soupire Louna. Et le charisme nécessaire pour entraîner les gens dans la bonne direction. Exactement. »
... Mais elle n'était pas là.
Elle n'était pas là, avec nous, et ce n'est certainement pas Monokuma qui remplissait ce dernier point, puisque tout le monde le détestait, et plus encore, il a eu de longues périodes où il n'interagissait même pas avec nous.
Le seul qui reste...
Je me tourne vers Emerens. Qui continue de nous balayer du regard. Les bras croisés sur son torse. Toujours avec ce sourire.
Monokuma, de sa tribune, a un petit reniflement.
« T'as fini la partie technique, Louna ? C'est mon tour !
— Mais bien sûr, ménage tes effets, gronde cette dernière. Je t'en prie, annonce ce qui te brûle les lèvres. »
Visiblement l'Artiste ne se fera pas prier davantage. Vu qu'il écarte grand les bras.
« Avec grand plaisir ! Parce que vous voulez savoir le plus drôle ? Personne au monde ne dispose de ces deux capacités réunies ! Et le seul duo capable de travailler ensemble qui les possède séparément, c'est...
— C'est moi. Et Louna. Les deux parties du titre le plus dangereux des Monokuma. »
Le silence tombe sur le tribunal.
De nouveau, tout le monde se tourne dans la même direction. Les yeux écarquillés.
Tous les regards fixés sur Emerens.
C'est lui qui vient de parler. Avec son petit air bien trop satisfait pour être honnête. Ses yeux toujours aussi froids.
Il a un léger rire. Presque trop cruel.
« Au cas où vous n'auriez pas compris, je ne me suis pas simplement contenté de me laisser embarquer avec Louna. On a fait cette Tuerie ensemble. Sur ma demande. »
Seo-jun s'étrangle.
La dernière phrase était de trop.
Pour moi aussi.
... Merde.
Merde, merde, merde, merde, merde.
Ça brûle. Ça brûle, ça brûle, ça brûle. Ça fait mal. L'aveu fait encore plus mal. La sensation d'avoir été trompé de but en blanc fait mal. L'idée que ça ait été son plan depuis le début fait mal. L'idée qu'il m'a délibérément mis dans une Tuerie fait mal. L'idée que je suis devenu son protagoniste fait très, très, très mal.
Et maintenant, tout le monde pleure. Les larmes de Moanaura dévalent ses joues, Seo-jun est en train de sangloter sur sa tribune, brisé, et moi, je ne peux même pas bouger.
Si je bouge, je vais voler en mille éclats.
Mille éclats de verre.
« ... Salopard, lance Moanaura entre deux reniflements. Salopard, salopard, salopard. Tu nous as vraiment... Tous manipulés... Sans qu'on le voie ? »
Emerens hausse les épaules.
« Honnêtement, vous n'avez pas à vous blâmer pour ne pas le voir. Je ne suis pas n'importe quel génie. Je suis l'Ultime Prodige Littéraire, celui qui sait comment manipuler les foules, qui vit en tirant les ficelles depuis qu'il a treize ans. »
Il sourit un peu plus.
Lève une main devant lui.
« J'ai passé ma vie à orienter les médias, contrôler les réseaux, superviser les masses. Garder dans le creux de ma main quinze personnes fussent-elles génies était un jeu d'enfant. »
...
Je les vois.
Les fils.
Les fils rouges qui partent tous de sa main. Qui s'enroulent autour des bras de Seo-jun, du torse de Moanaura, de mon cou. On était tous piégés dans sa toile. Manipulés. Manipulés depuis le début par un mec qui attendait juste d'en envoyer une partie à la mort et de faire enquêter les autres.
Manipulés par un marionnettiste qui n'éprouve même pas le moindre remords à avoir joué à la poupée.
J'ai l'impression d'avoir un étranger en face de moi. Un étranger dans le corps et les yeux de mon meilleur ami.
Un étranger qui a joué avec ma vie comme si elle n'avait pas la moindre valeur.
Et aujourd'hui, je n'arrive même pas à lui demander pourquoi. Je suis figé. Immobile. Muet. Alors que la moindre pensée, le moindre mouvement me fracasse un peu plus, j'ai révélé le nom que je voulais et pourtant, je n'en suis pas plus content.
Est-ce qu'il aurait mieux valu... Que je ne me mette pas à sa recherche ? Que je finisse ma vie dans un mensonge qui au moins aurait eu le bon côté d'être heureux ?
Un mensonge...
Ade aurait tellement détesté les pensées qui me prennent. Tellement, tellement, tellement. Je me demande bien comment elle aurait réagi, en voyant ce qu'il se passe.
Et pas seulement Ade, quand j'y pense.
Sachiko.
« ... C'est pour ça... »
Ma voix est rauque. Cassée. Les sanglots s'y pointent. Pourtant, elle porte au-dessus du tribunal, alors qu'Emerens se tourne vers moi. Aucun changement dans son expression. Juste son regard glacial.
C'est à peine si son sourire vacille.
« C'est pour ça, je répète, rassemblant tout mon courage pour ne pas m'effondrer. Que Sachiko te détestait. »
Il hoche la tête.
« Bingo. Les capacités de prévision de Sachiko sont presque supérieures à celles de Louna. Elle m'a grillé tout de suite. D'abord, à l'école, en tant qu'Ultime qui en savait trop. Puis, ici. En tant qu'organisateur.
— Et t'as fait le con, réplique Seo-jun, d'une voix blanche. T'as fait le con tout ce temps en entretenant la rivalité pour pas qu'on questionne de trop près.
— ... Ultime qui en savait trop, crache Moanaura presque en même temps. A quel point t'étais impliqué, Emerens ?!? »
La question semble le ravir. Un petit ricanement lui échappe, alors qu'il croise de nouveau les bras sur sa poitrine.
« A quel point j'étais impliqué ? Faut remonter plutôt loin, ma grande...
— Ta gueule, gronde Seo-jun. Je veux pas savoir. »
Il lui jette un regard en coin. Froid.
« Sauf que Moanaura, elle, elle veut savoir. Et Monokuma n'attend que ça, pas vrai, que je me dévoile entièrement devant ses foutues caméras ? »
Quelque chose se craquelle sur son visage, au moment où il prononce cette phrase. Son sourire qui se crispe. Juste un instant. Un instant suffisant pour que Monokuma ricane, que Louna serre les dents, et pour que le sourire revienne sur ses traits.
Seo-jun se contente de serrer les poings.
Et de l'écouter.
« Ça a commencé à la remise de titre de Louna. On n'avait pas le titre d'Ultime Prodige Littéraire, à ce moment-là, il explique calmement. Mais les Monokuma la voulaient déjà sur place pour tester ses capacités de prédiction. Et vu que le titre d'Ultime Scénariste était, disons, quelque peu controversé... »
Il hausse les épaules.
« Il a fallu sortir le prétexte de mon propre titre pour que ses parents acceptent de l'envoyer au Japon sans leur révéler son Ultime. Pour la protéger. A partir de là, j'étais mouillé jusqu'au cou, et les Monokuma se sont vite rendus compte que je n'étais pas un génie ordinaire. »
... Si longtemps...
Si longtemps, et il ne s'en cache même pas. Parce qu'il continue de sourire. De plus en plus. De plus en plus cruellement.
... Ça te fait vraiment plaisir ?
Est-ce que c'est mon déni qui me parle, alors que je contemple ton visage, et tes yeux qui pétillent d'étincelles de glace ?
Ou est-ce que quelque chose cloche ?
Je croyais te connaître, et ce que je sais de toi m'empêche de croire que tu y as pris plaisir. Mais je n'ai aucune idée... d'à quel point tu sais mentir.
Et en attendant, la seule chose que je vois, c'est ton sourire.
« Louna et moi n'avions plus ou moins pas de secrets pour l'autre, il sourit. Et à force de recherches, on a fini par en savoir beaucoup plus sur les Monokuma que leur simple objectif. On a vu les bases de données de la Tuerie qui n'a soi-disant jamais eu lieu. Je sais que dans l'établissement se trouve un Ultime Survivant. »
Son sourire s'élargit encore.
« Je connaissais l'identité de l'Ultime Assassin. »
Louna a un petit grognement approbateur. Et au même moment, je me souviens des paroles de Reina. Sur les derniers mots d'Haruko, que je peux entendre presque comme si l'Ultime Assassin me les disait.
« Je suis persuadée que parmi mes camarades... Deux autres personnes ont deviné. Deux élèves, dont je tairai le nom parce que ce sont probablement les deux personnes les plus dangereuses de tout Hope's Peak. »
Haruko Kita parlait donc de ces deux-là.
Et c'est bien beau de se dire, moi, que j'aurais dû deviner. Mais Seo-jun, qui vient de s'effondrer au sol les genoux en premier, en est complètement brisé. Il fixe le sol, les yeux écarquillés, les larmes tombant en cascade de ses joues, et je ne peux même pas ne serait-ce qu'imaginer ce qu'il est en train de penser.
Moanaura est la seule à garder sa contenance. La seule, encore, à ne pas trembler.
« ... Ade. Ade, putain. Ade qui t'as utilisé pour un meurtre, soi-disant... On avait rien vu, personne n'a cherché plus loin... Mais Ester... Tu l'as tuée en toute connaissance de cause, pas vrai, espèce de salopard ! »
Le sourire d'Emerens s'élargit encore.
« Ah, oui, à ce propos, je vous dois une fière chandelle ! Si l'un d'entre vous s'était rendu compte que je jouais un rôle pendant ce procès et avait questionné d'un peu plus près mes connaissances... »
Un rire froid lui échappe.
« Je me serais fait tuer à tous les coups. »
...
Je...
... Espèce de salopard.
T'as tué Ester. T'as tué ton amie de ton plein gré. Tu savais... Merde, tu savais qu'Ade allait tenter de l'empoisonner à travers toi, et, et tu lui as quand même donné ce verre ? Et tu as eu le culot de faire le con ?!?
Et tu as encore le culot d'en parler avec fierté comme si tu n'avais pas tué directement quelqu'un. Quelque chose qu'un seul MasterMind à ma connaissance a jamais fait, et dans des circonstances ô combien différentes.
... Tu me dégoûtes.
Tu me dégoûtes, et pourtant, quand je te regarde, je vois un homme que j'ai aimé de toute mon âme.
Mon cœur a cessé de battre. Il ne bat plus pour personne.
« ... On aurait pu t'exécuter, lance Moanaura. Mais à la place, on s'est arrêtés à Ade. Ade, la détestée de tous, elle et son plan absolument horrible, mais... Mais que tu as laissé faire...
— Oh, j'aurais adoré que vous trouviez une preuve pour l'incriminer plus qu'elle, ricane l'Artiste de sa tribune. Pas faute d'avoir essayé, pourtant, dans les limites de ce que Louna me permettait de faire. »
Son rire se fait froid.
« Moi, comme le Fan, upupu. Mais pas de chance, vous avez tout fait comme ils l'avaient prévu... Et moi, j'avais pas d'autre choix que de me plier au scénario.
— Ne vous blâmez pas trop vite, renchérit une Louna glaciale. Si Emerens était mort, ce contrat qui a pris fin à la décision de Thibault aurait été rompu beaucoup plus tôt. Vous vouliez vraiment connaître la réelle étendue de la cruauté de l'Ultime Artiste pour non pas un, mais deux Chapitres ? »
... Est-ce qu'elle essaie vraiment de nous rassurer ou nous explique-t-elle que cette sortie était inéluctable ?
Il y a quelque chose qui me chiffonne. Une faille. Un truc.
Ou c'est juste moi qui me raccroche à ce que je peux. Pour ne pas crever sur place.
Pour ne pas crever devant le sourire carnassier d'Emerens.
« Eh oui. Effectivement, j'ai tué Ester en toute connaissance de cause. Et je vais pas vous faire l'affront de vous dire que c'était pour la bonne cause... Mais très honnêtement, vous croyez quoi, que ça n'avait pas d'objectif ?
— Franchement, à part celui d'étaler ton complexe de Dieu, on dirait, gronde Moanaura. Mais vas-y, éclaire-nous, on est là pour les explications, mon pote. De toute façon, c'est bien les seules que tu pourras cracher avant qu'on ne t'étripe ! »
Le sourire d'Emerens se craquelle.
Juste un instant.
« ... Bien sûr. Parce que je vais prévoir un scénario entier avec l'aide de la meilleure scénariste de tous les temps juste pour mon propre plaisir sadique. T'en as d'autres, des comme ça ? »
Ses poings se serrent.
Je vois les fissures.
Je ne peux que les voir.
« J'avais un objectif. Un énorme objectif, figurez-vous. Un objectif qui dure depuis que j'ai lu le livre de Monogatari et que j'ai compris exactement ce que j'avais vécu. »
Moanaura marmonne entre ses dents en tahitien, mais je ne l'écoute pas. Je suis concentré sur Emerens. Emerens dont je vois les failles s'élargir au fur et à mesure qu'il parle, et que son sourire est de moins en moins apparent, de plus en plus crispé.
« Il s'agissait juste... De mettre à l'épreuve mes capacités pour bien faire comprendre aux Monokuma que je, qu'on était capable de comprendre le Désespoir. D'endiguer le Désespoir. »
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro