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Chapitre 5 (9) : My life is a comic show and nobody is laughing

(TW : Description graphique, très graphique, de mort animale. Proceed with caution)

Vous savez dans la vie, on se retrouve tantôt incapacités par notre propre bêtise, tantôt par notre propre corps.

Eh bah là j'ai beaucoup de chance, parce que je me retrouve dans le cas, où c'est les deux.

C'est pas la joie et le bonheur, ça ?

Ca fait plus de deux semaines qu'on est là. Les fraîcheurs d'octobre ont sans doute débuté, et avec lui se rapproche les... Dix-huit ans d'Alannah. Dont la simple pensée me donne envie de pleurer à chaque fois que je regarde la date sur mon Monodossier.

Mon enquête ne donne toujours rien. Et même avoir accès à l'ordinateur de l'Ultime Ingénieure en Robotique ne me permet pas de m'avancer davantage. On est coincés sans infos au milieu du musée des horreurs et aucune possibilité d'amélioration dans les prochains jours.

Et en plus de ça, j'ai le malheur d'avoir un foutu bras en écharpe parce que je récupère d'une balle et que personne de compétent n'est là pour me soigner.

Nako, qui est en ce moment même en train de vérifier ma blessure, fait de son mieux, bien sûr. Mais je pense que si ça s'infecte, personne ne sera là pour me sauver.

Est-ce que c'est une bonne ou une mauvaise chose ?

Nan mais, on est en droit de se poser la question.

On est à l'infirmerie du cercle deux. Nako m'essuie silencieusement le bras, qui dégouline de lymphe. Au moins, mes tissus récupèrent bien, j'ai envie de dire. Mais y'a pas à dire, la gueule de mon bras me dégoûte.

Et visiblement, Nako aussi ne se sent pas très bien. Elle est verdâtre, et évite autant que possible de regarder ma blessure. Paye ton docteur, tiens.

Je ne peux m'empêcher de grommeler.

« Pourquoi te donner toute cette peine, Nako... Laisse-moi crever, ça vaudra mieux pour tout le monde, objectivement. Monokuma ne pourra pas mettre mon meurtre sur le dos de qui que ce soit, pas vrai ? Et vous pourrez sortir. »

Cette dernière pince les lèvres.

« Thibault, je refuse de laisser qui que ce soit mourir si je peux l'empêcher. Peu importe si c'est objectivement la meilleure solution. Je ne te laisserai pas dépérir. »

Je pousse un profond soupir.

« Tu sais que ça va finir par arriver, pas vrai ? Soit un mort, soit un suicide. On sortira d'ici à six, ou cinq. Autant s'y préparer. »

Nako passe doucement un coton imbibé de désinfectant sur mon bras. Impossible pour moi de ne pas grimacer. La Biseptine, ça pique ses grands morts, bordel de merde...

« Il y a une différence entre s'y préparer et s'y résigner, Thibault... Et même si je peux faire le premier, il m'est impossible de faire le deuxième. Ou je ne sortirais pas d'ici tout à fait vivante, non plus. »

Elle essuie le surplus de lymphe sur mon bras avant d'enrouler autour d'un bandage tout neuf.

« Et voilà. Je te conseillerais de garder encore un peu le bras en écharpe, histoire d'être sûr de ne pas avoir de séquelles, mais d'ici quelques jours, tu devrais pouvoir récupérer ta mobilité. Enfin, pas toute, hein. Fais attention.

— Depuis quand t'es médecin, Nako ? »

Elle hausse les épaules.

« j'ai beaucoup appris de mes recherches, tu sais, et ce n'est sans doute pas très, très glorieux. Mais au moins, alors que... Tous ceux qui possédaient une connaissance médicale sont morts... »

Je la vois ravaler un sanglot, doucement. Avant qu'elle ne se relève pour balancer ses déchets à la poubelle.

« Allez, file. Je crois que... Que j'ai besoin d'être un peu seule, là, maintenant, tout de suite. »

Je ne vais certainement pas lui nier ce droit.

Sorti de l'infirmerie, l'un de mes premiers réflexes est d'aller droit au petit salon. C'est con, hein, mais depuis que j'ai vu Ansgar se faire charcuter le bras, je ne supporte plus d'être tout seul dans cet endroit de merde. Et il y a souvent au moins une personne au petit salon. Donc bon. Quitte à aller quelque part sans avoir à passer par le Musée du Sommet de son Art...

Et visiblement, aujourd'hui j'ai de la chance, vu que j'y trouve Seo-jun. Ce dernier est en train de faire des abdos au sol sans grande conviction, les yeux dans le vague. C'est à peine s'il me remarque m'asseoir à côté de lui avant que je lui tape sur l'épaule.

D'ailleurs, il met un peu de temps à se réveiller. Il cligne des yeux une fois, deux fois, avant de finalement se tourner vers moi. Ses cernes sont encore plus creusés que la fois dernière.

« Ah, salut Thib. Désolé, je t'avais pas vu.

— t'inquiète. Ça va, l'entraînement ?

— On fait aller. Ça va, ton bras ? »

Il désigne d'un mouvement de la tête mon bandage tout neuf, et je hausse les épaules le temps de me caler un poil plus confortablement sur le sol. Eh, quoi, j'ai mal au dos, moi.

« Ouais, ouais. Nako dit que je devrais plus en avoir pour très longtemps le bras immobilisé.

— T'as eu de la chance, soupire Seo-jun. D'après les examens que Monokuma nous a laissé voir, la balle a juste déchiré le biceps. Visiblement, il se répare plutôt bien.

— Oh en effet, je ricane, sarcastique, quelle chance, je vais pouvoir survivre un peu plus longtemps. »

Seo-jun pouffe.

« T'sais, t'es pas le premier blessé dans une Tuerie. Michi Sasaki s'est pris une balle dans la jambe, Veikko Lajunen aussi une dans le bras... Puis il y a eu le cas « Tuerie avortée » ou paraît-il il y avait pléthore d'estropiés spécial Fabricante de Poupées Ultime. Mais bon, les deux noms que je cite, ils ont tenu plutôt longtemps, donc je dirais que tes pronostics sont assez élevés, ouais.

— Ouais, enfin, toi comme moi savons ce qui leur est arrivé, et c'était pas jojo. Je n'ai envie d'être à aucune de leurs places. Sincèrement. En plus, avoir un bras blessé, c'est vraiment pas la joie, putain. Je suis sûr qu'Emerens est en train de crever de frustration, je ricane. Le pauvre, je peux plus rien lui faire. »

Seo-jun ne peut s'empêcher de pouffer.

« Si c'est une ouverture pour que je prenne ta place, c'est avec plaisir.

— Ah mais je t'en empêchais pas, je pouffe. Fais toi plaisir, du moment que moi j'entends rien. »

Cette fois, il rigole franchement.

« J'y penserais lorsque je serais moins stressé par cette connerie. C'est pour ça que je m'entraîne, là. Pour penser à autre chose. Tiens, d'ailleurs, ça me fait penser... »

Il s'assied en tailleur avant de sortir un truc de son sac.

« Tiens, cadeau. Pour ta rééduc.

— C'est quoi ?

— un appareil à poigne. Ça s'utilise comme ça, il explique en refermant le poing sur l'espèce de pince cheloue. Comme y'a de la résistance, ça entraîne ta poigne, et donc tous les muscles qui y sont reliés. Bon, je te conseille pas de forcer avec le gauche le temps que tu te rétablisses... Mais ça aidera au moins à récupérer un peu de force dans le bras, c'est tout bénef. »

Il le pose sur mes genoux avec un sourire, et moi, comme je sais pas quoi faire d'autre, je le fixe avec mes yeux de merlan frit.

Eh, j'ai pas l'habitude de recevoir des cadeaux, et entre lui et Moanaura, ça commence un peu à s'enchaîner, là.

Presque tout naturellement, ma main se porte au pendentif d'Ibrahim, bien accroché à ma ceinture.

« ... Merci ? J'imagine ?

— Un plaisir, mec. Et puis franchement, t'en as besoin. »

... Sans déconner ? Pourquoi il faut toujours qu'il trouve une excuse pour m'enfoncer, putain. Il vient de m'offrir un cadeau, un cadeau très Seo-jun, certes, mais un cadeau quand même, c'était mignon, on pouvait en rester là, pourquoi il faut toujours qu'il en rajoute ? Pourquoi même après six mois de cohabitation il trouve encore des excuses pour se moquer de moi ?

Vraiment, je suis outré, là.

« ... Toujours un plaisir, mec.

— Roh. Avoue que t'es pas non plus Musclor. Franchement, si j'étais toi, j'essaierais de prendre un peu de masse musculaire au moins pour la santé.

— j'ai déjà essayé, Seo-jun. Et actuellement, je peux pas essayer davantage parce que je me suis pris, genre, une balle dans le bras. Donc tes fines remarques, tu te les gardes. »

Nan mais sans blague. Et ça n'a même pas l'air de déstabiliser Seo-jun, puisque de toute façon il continue de se moquer, ce bâtard.

« Franchement, c'est pas une balle dans le bras qui devrait t'empêcher... Tu sais combien je m'en suis pris, moi ? Et pourtant, regarde-moi, tout en muscles et en santé...

— Ouais, bah c'est visiblement pas toute ta glorieuse masse musculaire qui t'a empêché de te faire capturer et retrouver ici, l'endroit le moins propice à la santé du monde, je crache, venimeux. Excuse-moi de douter de l'efficacité de tes muscles, mon grand, quand ils ont visiblement pas aidé à empêcher la capture d'Ansgar ? »

... Par contre, là, je crois que je suis allé un peu trop loin.

Seo-jun vient de se figer. Tout rire mort dans sa gorge. Et même s'il s'empresse de détourner le regard, j'ai eu le temps de la voir, la larme dans le coin de son œil.

Oups ?

Le garde du corps Ultime pousse un profond soupir.

« ... ça, Thibault, c'était sale.

— Désolé, je grommelle un peu à contrecœur. Mais sois sympa, la prochaine fois, me pousse pas à bout comme ça. C'est vraiment pas le moment de me foutre sur les nerfs.

— je crois que j'avais compris, ouais. »

Léger reniflement. C'est à peine s'il tourne la tête vers moi.

« Mais quand même. C'était un sacré coup en traître, là. J'm'attendais à mieux de toi.

— Ouais, et moi, je m'attendais à ce que le Garde du Corps Ultime ne me mette pas à son niveau, moi, cliché du geek, je soupire, toujours un peu agacé. On peut avouer qu'on a tous les deux fauté et en rester là, ou pas ? »

Seo-jun a un ricanement amer.

« Tu veux que je te dise ? à force, je sais même plus si je mérite mon titre.

— Ben voyons. C'est ça, essaie de te dédouaner.

— nan, sans déconner, Thibault, la ferme. »

Je le vois grommeler alors qu'il se tourne vers moi, le visage tout à fait sérieux.

« Regarde-moi, putain. Je suis censé être l'Ultime garde du Corps, le meilleur de mon domaine et j'ai laissé non pas un, mais deux Ultimes que je protégeais se faire capturer dans des Tueries, sans compter moi-même. Tu crois que c'est un truc digne d'un Ultime, ça ?

— Je sais pas, je réponds sur le même ton, t'as jamais considéré l'option qu'on se battait nous-mêmes contre des génies ? »

Il pousse un soupir rude. Visiblement non.

« Même. Je suis pas censé pouvoir commettre des erreurs. C'est le principe. Et j'en ai pas commis une, mais deux. Parce que j'ai été putain d'incompétent, même pas en mesure de protéger l'homme qu'il aimait, et maintenant la raison pour laquelle la Fédération du Nord court un très, très grave danger. »

... Ouh là, ça part un peu trop personnel pour moi, là. Et pourtant, j'ai l'impression que Seo-jun n'a pas vraiment envie de s'arrêter de parler. Aïe, aïe, aïe.

« Tu veux que je te dise ce que je faisais la veille de notre enlèvement, Thibault ? Il crache, d'un ton amer. Je me bourrais la gueule. Parce que c'était soi-disant l'anniversaire de l'enlèvement de Kichiro, que j'avais un deuil à porter, sans penser une foutue putain de seconde que ça pouvait arriver de nouveau. Je me suis torché jusqu'à plus soif et le lendemain, je me suis réveillé dans une foutue cité volante de ses morts avec Ansgar à mes côtés. Et iel savait très bien pourquoi iel était là. »

Ses poings se serrent.

« C'est digne de l'Ultime Garde du Corps, ça ? C'est digne de la profession ?

— En tout cas, je réponds, c'est digne d'un gars qui a pas su passer au-dessus de son deuil. Pas que je te jette la pierre, pour le coup. J'aurais sans doute pas fait mieux. »

Il pousse un profond soupir.

« Ouais, mais toi, Thibault, tu es l'Ultime Théoricien. Tu n'es pas censé avoir un mental d'acier. Donc sans vouloir t'offenser, mais nan, tu ne comprends pas. Et je pense pas que t'aies envie de comprendre. »

Et, sur ces mots, il se relève et va s'asseoir dans un coin de la pièce, pile au moment où Emerens passe la porte du petit salon.

Ce dernier, devant l'ambiance déjà bien glauque, hausse un sourcil surpris.

« ... Ouh là. Qu'est-ce qu'il se passe entre vous deux ?

— Un peu de friction, rien de méchant, je soupire alors que Seo-jun se renfrogne. T'inquiète, cherche pas trop loin. »

Emerens, visiblement peu convaincu, n'insiste cependant pas davantage. Il se contente de s'asseoir à côté de moi, un peu hésitant.

« ... Si tu le dis. Ça va, ton bras, Thibs ?

— C'est ça, pose la question pour savoir dans combien de temps tu vas te faire péter le cul, je ricane, je te vois venir. »

Eh, jugez-moi autant que vous voulez, faut que j'essaie de calmer un peu la tension. Et en plus, visiblement, ça marche, puisque Emerens vient de pouffer.

« Ah, en effet, je me languis de ton étreinte, mon amour. Mais ton bras blessé ne devrait pas m'empêcher de faire ceci, pas vrai ? »

... Dit-il en se penchant vers moi, la main sur ma cuisse, pour me coller un bisou dans le coin de la mâchoire. On récolte ce qu'on sème, disent les plus sages ? Eh bien là je crois que j'ai fait une moisson miraculeuse.

« Trouvez-vous une chambre, ricane Seo-jun de son coin. Bande de gays, là.

— L'écoute pas, pouffe Emerens, il est jaloux. Tu veux un bisou aussi, Seo-jun ?

— Déjà explique moi ce que tu fous là. On te voit rarement dans le salon... »

Ouh là. Vu le sourire d'Emerens qui vient de s'évaporer dans les limbes, ça sent vraiment, vraiment pas bon. Je dois m'attendre à de la gravure supplémentaire, ou bien ?

« Monokuma voulait nous voir, il annonce, hésitant. Tous. Les autres devraient pas trop tarder, d'ailleurs, et... Ah, les voilà. »

Effectivement, la porte vient de s'ouvrir. Et rentrent dans la pièce Moanaura et Nako, main dans la main, Ansgar, qui visiblement a été soignée depuis la dernière fois, et Sachiko, qui porte Flushy dans les bras. Le capybara, qui a le museau enfoui dans les cheveux de son amie, semble tout autant stressé que nous.

C'est Ansgar qui, ma première, nous adresse la parole.

« Ne vous en faites pas. Rien de mal n'a été commis.

— J'espère bien, je grommelle. Surtout pour toi, pour le coup, Ansgar. C'est pas moi qui me fait charcuter le bras tous les jours. »

Ansgar pousse un profond soupir.

« C'est mon devoir en tant que votre dirigeant.e... De m'assurer que vous n'êtes pas blessés. Parfois, la reine du jeu d'échecs doit se mettre en danger. »

C'est bien beau tout ça.

Mais le jour où la reine sera prise, qu'est-ce qu'on fera ?

Cela signe très souvent la fin du jeu pour la grande majorité des joueurs.

Et là, on partait déjà avec bien moins de pièces.

« Vous savez pouvoir Monokuma voulait nous voir, alors ? lance Seo-jun. Si ce n'est pas pour nous punir ?

— Il avait un truc à nous annoncer, grommelle Moanaura. Je sais pas quoi et ça me soûle.

— Le mobile, sans doute, soupire Nako. Maintenant qu'il reprend ses prérogatives, il fait comme tous les autres Monokuma, il annonce ses mobiles à tous.

— Ah, peut-être, peut-être pas. Salut, les enfants ! On s'amuse bien dans son coin de salon miteux ? »

... Et le voilà, Monokuma en personne, qui n'a pas trop traîné avant de se ramener. Toujours souriant, mais cette fois sans trousse à outils dans les mains, ce qui me rassure grandement.

Sachiko ne peut retenir un reniflement méprisant.

« Mieux vaut le coin de salon miteux que le musée pourri.

— Allons, allons, un peu de respect pour l'Art, rigole l'Artiste l'air même pas fâché. Et puis, pourquoi tant de violence, alors que vous ne savez même pas ce que j'ai à vous dire ?

— Et donc, que veux tu nous dire, Monokuma, répond calmement Ansgar. Dis-nous. Quelle est cette information que tu veux nous donner ? »

Monokuma a un léger rire. Son doigt vient gratter, dans un geste presque nerveux, sa cicatrice, mais de ce que je vois, lui-même n'est rien de nerveux.

Il nage dans le bonheur depuis le début de ce Chapitre.

« Ah, oui, ce que j'avais à vous dire. C'est assez simple, en réalité. Il s'agit de... De l'objectif de cette Tuerie. »

Toute l'assemblée se tait.

J'entends à peine les respirations des gens à côté de moi. Sachiko, assise sur le canapé avec le capybara dans les bras, Emerens, qui s'est collé contre moi à peine Monokuma eut-il fini de parler.

Nous tous, nous fixons l'Artiste Ultime avec de l'appréhension dans notre être entier.

C'est Ansgar qui, évidemment, est la première à parler.

« ... l'objectif... De cette Tuerie ?

— Exactement. Chaque Tuerie sert un objectif qui lui est propre, n'est-ce pas ? L'Enfer Aquatique était une pionnière en matière d'Art nouveau... Les Abysses du Désespoir, elles, avaient pour but de construire un successeur par le principe d'un examen détourné en gigantesque jeu pour l'examiné. Et ainsi de suite, je ne rappelle rien à la plupart d'entre vous, n'est-ce pas ? »

La seule réponse qu'il obtient sont quelques hochements de tête. Et des regards de plus en plus paniqués. Qu'est-ce qu'il nous prépare ? Qu'est-ce qu'il va nous sortir ?

Monokuma fait un pas en avant. Se plaçant ainsi à l'exact centre de notre cercle.

« Cette Tuerie ne fait pas exception. Il se trouve que mon... Employeur avait quelque chose de très précis en tête lorsqu'il a choisi chacun d'entre vous, et ce format-là, pour sa propre œuvre d'Art.

— ben voyons, on s'en doutait pas, grommelle Sachiko, aigre. Et c'est quoi, son plan de tordu ? »

Le sourire de l'Ultime Artiste prend des accents carnassiers.

« Une démonstration. »

Sachiko se tait.

Et Monokuma reprend dans le silence général.

« Une démonstration, oui. A la fois d'Art et d'Espoir, d'humanité et de Désespoir ! Une démonstration qui atteint bien des plans que vous, pauvres cerveaux, n'imaginez même pas, une démonstration autant à Dieu qu'aux hommes ! »

L'écho de son rire se répand dans tout le petit salon.

Ou peut-être est-ce mes oreilles qui sifflent ?

Je ne sais pas.

Une démonstration. Depuis le début, nous sommes des foutus chiens de cirque, balancés sur place pour prouver je ne sais trop quelle théorie tordue. Quoi, d'ailleurs ? Puisque Monokuma ne le dit même pas. Une démonstration de quoi ? Une démonstration comment ?

Une démonstration à qui ?

Je suis complètement paumé dans mes réflexions.

Et Monokuma n'a pas cessé de rire.

« ... et vous savez ce qu'il faut, pour les démonstrations, pas vrai ? Des preuves, tangibles, à toute l'humanité... Et un moyen pour les observateurs de regarder le protocole...

— ... Attends une minute, lance Emerens, blême. Tu n'es pas en train de me dire que... »

Monokuma écarte les bras.

« Bingo, petit génie ! Vous êtes filmés, en ce moment-même, par des dizaines et des dizaines de caméras qui retranscrivent chacun de vos gestes ! Tout ce qui est utile, même nécessaire à sa démonstration est capturé, traité, retransmis, et ce en direct live depuis le début de la Tuerie ! Et vous savez qui a accès à ces images, les enfants ? vous savez ? »

... Non.

Non.

Non.

Je ne veux pas deviner.

Je ne veux pas deviner.

Je ne veux pas savoir.

Je ne veux pas qu'on me dire, je veux rester dans les quelques secondes ou je n'ai pas une horrible idée de ce qui est en train de se passer, de ce que Monokuma va nous dire.

Mais on parle de Monokuma, n'est-ce pas. Et Monokuma ne laisse à personne le loisir de l'ignorance.

« Ce direct est en ce moment-même diffusé dans le monde entier, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, en continu, grâce aux compétences de piratage de notre chère Ultime Impératrice, il sourit, extatique. Même les pays qui ne sont pas sous notre contrôle voient ce qu'il se passe dans notre chère cité. Même ceux qui voulaient se désintéresser des Monokuma vous voient en train de vous entretuer. Chaque chose que vous dites, chaque secret, chaque meurtre, est retransmis en direct à des millions de téléspectateurs, et le mieux dans tout ça ? »

Il se penche vers nous, toujours souriant. Les yeux écarquillés, brillant de cette affreuse cruauté.

« C'est que vos familles adorées, vos amis adorés, vous voient vous entredéchirer. Parce que tout endroit où il y a la télé, mon Art est diffusé. »

...

...

...

Putain de merde.

Donc. Donc. Donc il est en train de, de me dire... Que ma mère a tout vu. Que mon frère a tout vu. Que c'était peut-être même ça qu'ils regardaient sur la vidéo des mobiles. Moi, en train de condamner des gens à la pelle, parce que c'est ma meilleure chance de survivre.

Et pas seulement elle. Le reste de ma famille, le reste de mes potes, sans compter des millions et des millions d'étrangers qui nous ont vu dans nos moments les plus intimes, qui m'ont vu déballer mes pensées les plus profondes, qui m'ont vu...

... Putain, mais qu'est-ce que j'ai pu foutre devant ces saloperies de caméras ?!?

Emerens, pour commencer, qui me regarde avec une panique impossible à brider. Avant de lever ses deux bras en croix, blanc comme un linge, me regardant fixement, alors qu'il me chuchote à l'oreille quelques mots d'une voix blanche.

« ... On ne fait... On ne fait plus rien. Compris, Thibs ? Plus rien.

— Plus rien, je réplique sur le même ton. En tout cas, tant que je ne trouve pas comment bloquer ces foutues caméras. »

Je ne veux pas savoir ce que les gens ont vu. Je ne veux pas savoir s'il y a des caméras dans ma foutue chambre. Tout ce qui importe, c'est que là, maintenant, tout de suite, je me retrouve dans une situation ou je peux fournir une sextape involontaire à des milliers de gens tout ça parce que je suis un putain d'ado hormoné. Et c'est assez clair, pour moi, que je ne saurai jamais quelles images ont fuité.

Et je crois que la question ne va jamais cesser de me hanter.

Qu'est-ce que j'ai fait devant ces foutues caméras ?!?

Les autres ne prennent pas la nouvelle avec plus de flegme, visiblement. Moanaura et Nako sont serrées l'une contre l'autre, Seo-jun tremble de tous ses membres, Sachiko est serrée contre Flushy, et Ansgar est pâle comme la mort.

Je ne peux m'empêcher de me dire que j'aurais préféré crever que d'apprendre ça.

Heureux soient les innocents qui ont rejoint le vide avant de comprendre qu'ils n'étaient que des marionnettes de grand spectacle.

Ansgar, les deux mains serrées sur sa canne, fait un pas en avant.

« Tu es en train de me dire... Que ce que regardait Teodora sur la vidéo...

— Ah peut-être, rigole Monokuma, qu'est-ce que j'en sais ? allez savoir, elle préfère peut-être regarder des chatons que de voir san grand.e adelphe forcé.e de regarder des gens qu'iel avait juré de protéger mourir les uns après les autres parce qu'iel ne peut pas tenir ses promesses ?

— ... Putain, ferme-la, Monokuma, crache Seo-jun. Vraiment, ferme-là.

— Et tu vas faire quoi ? Me supplier à mort ? Mon bonhomme, ricane l'Artiste, depuis le temps, tu devrais comprendre ton impuiss– »

Un coup sec et un hurlement de douleur l'interrompent dans sa réplique.

Son hurlement de douleur.

Monokuma, qui se croyait intouchable, est plié en deux au sol en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, alors que devant lui se tient Sachiko, les poings serrés, qui recule doucement sa botte de la position du coup qu'elle vient de lui donner à l'entrejambe.

Personne n'est capable de réagir.

On ne peut que regarder Monokuma plié en deux sous le coup d'une douleur presque trop humaine.

Flushy s'est déjà enfuie depuis longtemps.

Sachiko met un peu de temps à retrouver son calme, mais elle ne tarde pas à se retourner vers nous, les yeux écarquillés.

« Dépêchez-vous de filer dans vos chambres. Enfermez vous à clé, il les a pas. Comme ça, il ne pourra pas vous punir de suite. On avisera demain.

— ... Sachiko, lance Moanaura, t'es vraiment une grande malade. »

Cette dernière pousse un profond soupir.

« On finit par le savoir. Allez, dégagez, vite, avant qu'il reprenne ses esprits. »

Je ne me le fais pas dire deux fois.

Je m'empare de la main d'Emerens, et nous nous précipitons à deux dans le couloir.

Sans dire le moindre mot.



J'ai appliqué tous les conseils de Sachiko, cette nuit.

J'ai fermé ma porte à clé, je n'ai pas bougé de ma chambre, même pas pour aller bouffer. De toute façon, je crois que les autres ont fait pareil, donc j'aurais probablement pas eu grand-chose à manger. Je suis resté sur le qui-vive jusqu'au matin, Emerens dans les bras.

J'ai cherché ces foutues caméras, ait essayé de les obstruer, au moins pour me donner un faux sentiment de sécurité. Sans grand succès, parce que même en étant plus sûr d'avoir des angles morts, cette situation me rappelle douloureusement Danganronpa et ses micros.

Mais au moins, j'ai pu dormir un petit peu tranquille, par à-coups.

Je n'ai absolument rien entendu.

Et c'est avec plaisir que je sors de ma chambre le lendemain matin, épuisé, affamé, mais heureux de voir que devant moi se tiennent six personnes pas moins indemnes qu'hier.

— Sachiko avait raison, soupire Moanaura. Il a pas les clés des chambres. Je l'ai entendu essayer de rentrer dans la mienne, sans trop de succès.

— On est pas sortis d'affaire, soupire Seo-jun. Franchement, je mourais d'envie de le lui foutre, le coup de pied dans les boules, mais on risque encore méga gros avec ça. »

Sachiko, un peu en retrait, se contente de hausser les épaules. Et c'est Ansgar qui finalement, conclut la conversation.

« Tant que l'on ne disposera pas d'éléments de punition, je vous conseille de rester près de moi, en groupe. Cela vaut mieux aussi pour les caméras. Il faut que l'on décide de comment se comporter, dorénavant.

— Facile à dire, Ansgar, soupire Nako. On vient d'apprendre que... Le monde entier nous a vus. Sûrement dans des moments qui n'appartenaient qu'à nous. Et afficher une image de personnalité parfaite et sans trahir notre intimité... Tout le monde n'est pas capable de le faire. »

Elle se tourne vers Emerens, qui pousse un profond soupir.

« Il va bien falloir essayer.

— Allons-y, soupire Ansgar. On discutera dans le salon. »

Ouais. Autant en parler à tête reposée, tant que tout va bien. Mieux vaut, de toute façon, se poser que rester debout dans les couloirs, quitte à devoir revoir le musée du Sommet de son Art encore une fois. On en devient presque habitués, d'ailleurs, au bout d'un moment.

Tout va bien, je disais ? Alors, c'est quoi cette odeur ?

Un mélange de métal et de char-

Je me stoppe net.

Je viens de franchir la porte du musée, celle qui mène à la salle centrale, où se trouve les quatre meurtriers.

Je ne m'attendais pas... à avoir ma réponse de la sorte.

Tout va bien, je disais ?

Non. Tout ne va pas bien.

Parce qu'au sol, baignant dans une mare de sang et de tripes, il y a la seule créature encore vivante du donjon que j'avais négligé de mettre en sécurité.

Flushy. Les yeux à jamais écarquillés, les dents montrées, abandonnée au centre de la pièce comme si c'était un vulgaire déchet, en train de répandre ses entrailles sur le sol. Entourée de mouches qui dégagent une répugnante odeur de charogne, elle est immobile, figée.

Pour l'éternité.

Je suis incapable de bouger. Et c'est finalement Sachiko qui, la première, s'avance vers le cadavre du capybara éventré. Les yeux étincelant d'une rage complètement débridée.

Emerens la suit. Exactement la même expression sur son visage crispé.

Leurs voix s'élèvent dans un concert de murmures absolument identique.

Les mêmes mots qui transparaissent dans le regard des gens.

Les mêmes mots qui résonnent dans ma tête en ce moment.



« ... Il va me le payer. »


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