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Chapitre 5 (3) : Visit and punishments

À peine m'a-t-il vu réveillé et sans la perfu qu'il m'a jeté dehors sans aucune autre forme de cérémonie, et je ne dois qu'à Sachiko la présence de l'attelle sur mon bras. Qui est en écharpe pour au moins le prochain mois. Super.

Et maintenant, Monokuma et son charmant sourire et Sachiko et ses dents serrées me guident à travers le cercle deux, histoire de me montrer ce que je n'ai pas vu dans mon coma. C'est-à-dire, visiblement, beaucoup de choses.

Je n'aime vraiment pas cet endroit. Comparé aux autres cercles ou au moins, j'avais la possibilité de voir le soleil, je me sens enfermé. Enfermé, parce qu'il n'y a pas une seule fenêtre, ou même un seul lieu à ciel ouvert. Il n'y a que des murs de métal, tout autour de moi.

Un immense couloir où nos pas résonnent de plus en plus fort.

Sachiko est serrée contre moi. Sa main est dans la mienne. Je ne sais pas lequel de nous deux tremble le plus.

Il fait sombre. Je dirais bien qu'il fait froid, mais la présence de l'Ultime Chanceuse m'aide à me maintenir à une température respectable. Les murs de métal et les lumières pâles n'aident pas vraiment à cette impression glaçante, et encore moins Monokuma qui marche devant nous en sifflotant, l'air de savourer son moment.

J'ai l'impression de sentir le sang à chaque tournant qu'il prend dans le couloir.

Je déteste ça.

Les doigts de Sachiko se contractent dans les miens alors qu'il ouvre une nouvelle porte, une énième salle vide, remplie de cartons poussiéreux. Je manque d'éternuer alors qu'il remue la poussière en fouillant, et elle m'éloigne du nuage de saletés avec une grimace.

« Foutu Monokuma, elle grommelle alors qu'il admire je ne sais trop quoi dans un de ces cartons. Autant de poussière et de noir, c'est bon pour personne. On risque de perdre la notion du temps. Et Flushy va pas aimer.

— Elle est avec nous ?

— Oui, Monokuma m'a laissée l'emmener. Elle est avec les autres, soupire Sachiko. Mais j'avoue que je regrette un peu, vu là où on a atterri. Si ça se trouve, elle aurait été bien plus en sécurité laissée dans les quatre autres cercles. »

Je grimace.

« Connaissant Monokuma, pas sûr. Rappelle-toi ce qu'il a fait des autres bestioles. »

Le visage de Sachiko se fait plus dur. Visiblement, elle a compris mon argument. Et n'a rien à y redire. Si ça peut au moins la rassurer...

« Eh là, lance une voix horriblement enjouée depuis la pièce adjacente, qu'est-ce que c'est que ces messes basses ? Dépêchez-vous, le cercle deux ne va pas se visiter tout seul, et j'ai horreeeeeur de perdre mon temps.... upupupupupu ! »

Son affreux rire haut perché se réverbère contre les murs en métal. Et l'écho qui en résulte me fout des putains de frissons. Qui cette fois, ne sont dus ni au froid, ni à la présence de Sachiko. Qui d'ailleurs vient de se serrer un peu plus contre moi.

Monokuma ne semble pas vouloir bouger de la pièce, alors, bon gré mal gré, j'y entre, essayant de ne pas éternuer. Cela n'arrangerait pas mon cas, de toute façon, vu le potentiel qu'un simple coup de vent a pour soulever de la poussière. Je n'en ai jamais vu autant dans une seule pièce. À croire que cet endroit n'a pas été entretenu depuis le début de la Tuerie.

Nous voilà donc dans cette espèce de petit débarras rempli de cartons divers et variés. La poussière recouvre absolument tous les objets au point que je ne puisse discerner exactement ce que c'est, et même les cartons sont à moitié délavés. Vieux, trop vieux. Bien trop vieux pour un endroit pareil.

Monokuma est là, en plein milieu de la pièce. Caressant avec une délicatesse presque trop décalée un petit crâne qui brille sous la pâle lueur de la vieille ampoule du plafond. Un crâne trop petit pour être celui d'un humain, mais qui me soulève néanmoins les poils.

« Être ou ne pas être, il dit, tout doucement, telle est la question... N'est-ce pas... ? »

Il ne parle pas très fort. Pourtant, l'écho de ses mots me prend aux tripes. Et pas de la bonne manière. Non, autant dire que j'ai vraiment envie de vomir, maintenant.

Sachiko serre les dents. Elle ne répond même pas. De toute façon, Monokuma ne semble pas vouloir nous en laisser le loisir.

« Un tel espace qu'elle ne prévoyait pas d'utiliser, visiblement... quel plaisir. Je vais enfin avoir la place nécessaire pour installer mes œuvres...N'est-ce pas une bonne nouvelle ? »

Nous gardons exactement le même silence. Même alors que Monokuma se tourne vers nous, ses doigts venant chatouiller le bord de l'orifice nasal du petit crâne. D'ailleurs... À bien y réfléchir... On dirait... Un putain de crâne de chat.

...

Lequel des animaux qu'on a vus pendant tout le cercle six a fini ici, entre les mains de Monokuma ?

Est-ce que c'est le chat qui est mort devant moi ?

Les deux petits minous recroquevillés dans une boîte, au corps tout froid ?

L'un de ceux qui miaulaient désespérément devant un entrepôt verrouillé ?

Celui qui m'a permis de trouver comment Sparrow a été tuée ?

Ils sont tous morts, à ce stade, je le sais. Cela fait près de six mois que nous sommes ici, et ils tombaient déjà à la fin du premier. Mais voir un de leurs vestiges ici, entre les mains de Monokuma, Monokuma qui se demande déjà comment il va bien pouvoir s'en servir, ça me...

Ça me dégoute.

Ça me terrifie.

Les deux à la fois.

Je ne sais pas.

Le sourire de Monokuma s'élargit. Et alors qu'il repose le crâne sur une étagère avec une vénération qui ne lui correspond que trop peu, un éclat de lumière sur ses dents dessine un croc dans sa mâchoire.

Et je ne peux faire autrement que me serrer contre Sachiko encore davantage, alors que celle-ci fixe Monokuma comme si ce dernier allait nous sauter dessus et nous dévorer vivants.

Il en est peut-être bien capable, qui sait.

La lente promenade reprend dans les couloirs. Monokuma semble avoir trouvé ce qu'il voulait dans la pièce, puisqu'il ne s'y attarde pas. Il ne s'attarde d'ailleurs nulle part ailleurs. Il se contente, de temps en temps, d'allumer une des lampes à huile des couloirs avec l'aide d'une boîte d'allumettes dans sa poche.

Minute.

Des lampes à huile ?

« On est très restreints en électricité, me chuchote Sachiko alors que Monokuma souffle sur une de ses allumettes. Hier, Moanaura a fait sauter les plombs en allumant la lumière dans une pièce alors que Nako avait allumé dans une autre et qu'Ansgar essayait de faire fonctionner une des installations des lieux. Monokuma a pas aimé. Du coup, on recommence plus.

J'ai un frisson. Il y a quelque chose dans sa voix qui me fait dire que le groupe a encore moins aimé que Monokuma les conséquences du pétage de plombs.

Les plombs peuvent donc sauter si facilement... ça change du luxe des cercles précédents. Encore ça, les innombrables cartons, les paroles énigmatiques de Monokuma par rapport à comment se servir de cet espace... Il y a clairement quelque chose qui a changé.

Et je sens que je n'aime pas du tout ce quelque chose.

Inutile de prouver cette intuition pour comprendre que les choses ne se passeront pas du tout de la même manière, cette fois.

Monokuma nous entraîne dans un nouveau couloir après quelques minutes de marche. Et cette fois, il avance bien plus lentement. Entre ses mains, un briquet dont la flamme vacillante éclaire presque plus que les lampes à huile sur les murs. La lumière qui s'en dégage fait danser les ombres de son visage d'une manière vraiment très peu agréable, faisant ressortir bien plus que d'habitude sa cicatrice alors qu'il se tourne vers un des murs.

Un des murs sur lequel se dessine un cadre doré.

« Aaaaaaaah.... Je vois que l'installation a déjà commencé. Très bien, très bien ! »

Sachiko se raidit.

« De quoi tu parles ?

— Allons, allons, sois un peu plus polie, voyons ! Tu ne voudrais pas que je m'énerve encore, ricane l'Artiste, n'est-ce pas ma jolie ? Et pour répondre à ta question, regarde donc les murs... »

Il lève son briquet dans la direction du cadre doré.

La lumière de la flamme parcourt doucement une peinture à l'huile, immense, gigantesque, recouvrant presque l'intégralité du mur entre nous, entre les deux portes.

Une peinture qui représente une étrange scène, comparable à bien des égards à la Cène. Un groupe de personnes assises autour d'une table, les regards vrillés sur nous, se détachant dans l'ombre de la toile. Des visages presque trop bien détaillés, presque trop humains, dont je pourrais presque discerner les veines qui battent sir leur tempes, qui se dessinent sur leurs jointures, même dans la pénombre du couloir.

Un tableau qui serait magnifique si je ne reconnaissais pas certains visages.

Un tableau qui serait magnifique si les yeux ne se dessinaient pas derrière une giclée de sang.

Un tableau qui serait magnifique... Excluant le fait qu'il s'agit des Monokuma, regroupés autour d'une tribune, en habits qui m'évoquent autant Dieu que le jugement. Le Jugement Dernier.

Les Monokuma, dont il m'est facile de reconnaître certains visages, comme celui du Juge, et de l'Impératrice, prêts à rendre leur dernière sentence au monde, aux Ultimes.

Et la sentence n'est pas favorable.

Le pire, dans l'histoire. C'est que le tableau est indubitablement peint d'une main de maître. Les couleurs, même dans la pénombre, sont effroyablement vivantes, et l'atmosphère sinistre du tableau semble se répandre jusqu'à nous. Sans certains choix artistiques qui d'une certaine manière rendent la chose encore pire, je pourrais presque me croire en train de fixer une fenêtre. Une fenêtre ouverte sur la dernière vision que je n'aurai jamais.

Je peux presque voir l'homme du milieu, chauve avec une barbe soigneusement taillée, lever son marteau en l'air alors que son regard se vrille sur moi.

Prêt à sceller mon sort.

Je déglutis. Sachiko, elle, ne lâche pas mon côté. Même sous la faible lueur du briquet, je peux voir qu'elle est blême, et son corps entier est crispé. Elle me fait mal à la main, mais pour le coup, je la remercierais. Parce que comme ça, je me rappelle que sa présence est la seule chose réelle ici.

« ... Qu'est-ce que... Quand as-tu eu le temps de faire ça ?

— Oh, les six derniers mois m'ont suffi pour y porter la touche finale, sourit l'Artiste. Et je suis ravi qu'il ait été fini à temps pour pouvoir vous le montrer... Et que j'aie pu disposer de tous les matériaux possibles. »

Il passe doucement son doigt sur une des traînées de sang peintes sur la table. Tellement réelles que l'espace d'une seconde, j'ai le sentiment que son doigt revient ensanglanté.

Le sang de nos amis, de nos amours, de personnes qui n'avait rien demandé. Le sang des Ultimes, mais aussi de tous ceux qu'ils aimaient et étaient proches de. Le sang de créatures innocentes qui côtoie celui de Désespérés.

Un héritage sanglant laissé par les premiers, que chacun de nous perpétue sans même s'en rendre compte. Parce que, et cela m'apparaît dans un sursaut d'évidence, chaque goutte de sang versé atterrit sur cette table.

Les soldats d'Ansgar Kasjasdottir, qui se battent pour la liberté et l'indépendance de leur pays, aux frontières, en guerre d'informations, en dehors. Les parents qui luttent pour que leurs précieux enfants ne puissent leur être arrachés. Les survivants du Projet Renaissance, les quelques rares encore qui doivent exister, qui voulaient juste vivre leur vie sans épée de Damoclès au-dessus de leur tête. Les restes de ce qui fut un jour l'Omnisciente. Les armées qui luttent d'un côté ou de l'autre pour que leur légitimité devienne gouvernementale.

Chaque personne qui s'implique voit son sang versé sur cette table. Devant ce tribunal de dieux qui n'attend que de s'en repaître pour qu'on ne leur demande pas de verser le leur.

J'enfouis mon visage dans le creux de l'épaule de Sachiko. Juste pour ne plus avoir à regarder cette horreur.

Monokuma a un léger rire.

« Vous, les Ultimes... Vous n'avez jamais su apprécier l'Art. Aucun de vous ne comprend ce que c'est que d'être pleinement libéré... Pleinement en mesure de s'exprimer, exprimer son soi profond. Alors, vous vous mettez des chaînes... Vous me mettez des chaînes qui s'appellent société. Mais qu'est-ce que la société si ce n'est un carcan ? Fais pas ci, fais pas ça. Un concentré d'idioties.

— La société existe pour une raison, Monokuma, soupire Sachiko, d'un calme étonnant. Elle existe pour que les êtres humains puissent cohabiter. Briser la société, c'est amener la fin du monde que vous autres cherchez tant à empêcher. Tu ne crois pas qu'il y a un peu d'hypocrisie, là, Monokuma ? »

Le rire de Monokuma s'amplifie.

« Tu te fourvoies très sévèrement si tu crois que j'en ai quelque chose à foutre de la prétendue fin du monde et des Désespérés. »

Il fait quelques pas vers l'œuvre macabre. Trace du bout de l'ongle le contour d'une nouvelle tache de sang. Je m'attends à voir tomber la peinture en pluie, mais elle tient bien, trop bien.

Sa main se pose sur un des visages.

« Le monde qui tombe, cela ne terrifie que ceux qui tiennent à leur petit confort. Ceux qui prétendent que tout va bien pour tout le monde parce que tout va bien pour eux. Mais qu'est-ce que c'est, la fin, du monde ? La fin des êtres humains ? Ou bien celle de notre vision du présent ? »

Il ricane.

« Thibault Laangbroëk, Sachiko Kimura, vous comprenez autant que moi que la fin des êtres humains, c'est nous qui sommes en train de l'amener. Sous couvert d'un massacre contrôlé, nous attaquons des pays, massacrons des milliers de ces gens que les gouvernements veulent sauver de nous, les génies. Il y a chaque jour des centaines de milliers de victimes collatérales dans cette guerre contre la montre que nous prétendons livrer. Et je suis tout autant conscient que vous de l'hypocrisie de ces règles qui nous retiennent, nous, encore aujourd'hui. »

L'écho de son rire se répand dans le couloir.

« Nous ne faisons pas tous notre travail avec une fausse idée de l'Espoir.

— .... Alors, pourquoi tu fais tout ça ? J'avance, avec hésitation. Pourquoi est-ce que tu es Monokuma, plutôt que d'être un génie lambda qui commet des horreurs, si tu sais que ce que tu fais dans cette foutue organisation ne sert à rien ? »

Monokuma se tourne vers moi.

Son sourire brille dans le noir.

« Pourquoi ? Parce que devant moi, qui cherche sans cesse à me transcender, se tient un média jamais vu, un média qui regroupe tant de formes de l'Art pour en créer un nouveau. L'Art du sang, l'Art de l'amour, de la vie, de la mort, de tisser une toile délicatement intriquée entre seize personnes, de faire agir des marionnettes parmi les plus intelligentes dans un univers nouveau. Un théâtre humain et divin à la fois, nourri par votre génie, et le mien, et celui des autres. Comment pourrais-je passer cette opportunité ? »

Sa main caresse doucement le dessin de la chevelure d'un des Monokuma, que je ne reconnais pas.

Le bruit de la toile est presque trop sonore dans le couloir désert. Il parvient presque à couvrir les battements affolés de mon cœur.

Monokuma n'a jamais autant parlé, et pourtant, je suis mort de trouille.

Parce que si je croyais pouvoir trouver quelque chose sous cette carapace, je n'y vois qu'un océan de ténèbres.

On est coincés avec le pire des psychopathes, et lui ne se cache aucunement du fait qu'il est là pour tous nous tuer.

Je crois que ça aurait presque été plus rassurant s'il croyait vraiment en ces histoires de sauver le monde du Désespoir.

Et ça l'est d'autant moins alors que je me rappelle que ce Sachiko me disait il y a de ça quelques temps.

« Quelque chose a changé dans la balance de pouvoir. »

...

Est-ce que Monokuma est redevenu Monokuma ?

Je grimace.

Si proche de la fin, et je sens que je vais tellement regretter de ne pas être mort plus tôt.

Sparrow. Aldéric. Flor. Ruben. Houshang. Ester. Ade.

Alannah.

Ibrahim.

Est-ce que vous êtes heureux, de là où vous êtes, d'y avoir échappé ? Ou est-ce que vous ne pouvez plus me répondre, parce que vous n'existez plus sous quelque forme que ce soit, malgré les prétendus dons médiumniques de Kezelyu, de Reina ?

Je ne sais pas.

Je ne sais pas.

L'Artiste retire doucement sa main du tableau.

« Vous savez, vous, les génies, vous m'avez toujours fasciné.

— Pourquoi ? »

Ses dents brillent à la lumière.

« Pourquoi, hein, Thibault Laangbroëk. Pourquoi est-ce que le génie te fascine, toi ? Parce que c'est l'inconnu. Parce qu'autant que tu prétendes aimer avoir des réponses à tes questions, pour pouvoir y répondre, tu dois te plonger dans le domaine de l'incertain, de l'irréel. »

Un pas en arrière.

Un pas vers moi.

Je ne sens même plus la présence de Sachiko.

« Le génie me fascine parce que nous sommes tous des cerveaux extraordinaires piégés dans des enveloppes tragiquement normales. Toi-même, toi qui comprends le monde sans doute bien mieux que nous, quand est-ce que tu as réfléchi au-delà de tes contraintes humaines ? »

Son doigt se glisse sous mon menton, le soulève.

Ses yeux sont plantés dans les miens.

« Notre humanité est à la fois un écueil et ce qui nous définit. C'est la question à laquelle personne ne trouvera de réponse. Pas toi, pas Amane, pas même le grand patron, qui voit dans n'importe quelle Tuerie une solution. Pas même elle, autant qu'elle prétende s'en rapprocher. C'est ce qui aujourd'hui nous entraîne dans le Désespoir. Cette merveilleuse imperfection qu'est la nature humaine, que n'importe quel raisonnement mathématique ne réussira pas à trancher.

— Tout peut être résolu d'une manière ou d'une autre par les maths, Monokuma, je crache, le plus calmement possible, essayant d'oublier mon cœur qui bat à cent à l'heure. Bien malgré moi, je l'ai prouvé. »

Il ricane.

Se penche vers moi.

« Exact, Thibault. Tu l'as prouvé. Et en même temps tu as prouvé qu'il y avait des choses qu'un cerveau humain n'était pas capable d'appréhender, qu'il soit génie ou non. »

Il n'y a plus que lui et moi dans ce couloir.

Lui et son sourire.

Moi et mon expression figée.

Ses yeux dans les miens.

« C'est cette humanité qui a tari mon inspiration, il y a de cela bien longtemps. C'est cette humanité qui m'a mené vers le vide, un vide que je cherche à combler depuis des années par de nouvelles idées. C'est cette humanité qui fera qu'elle va échouer. Qu'il va échouer. Que chacun des pions de ce jeu d'échecs, celui-ci comme celui du monde, n'est pas capable de se dégager de sa destinée. »

Il se recule.

« Vous, comme nous. Ultimes comme Monokuma. Nous ne sommes pas Dieu. Vous n'êtes pas Dieu. Personne ne le deviendra jamais. Parce que, comme certains le disent si bien... »

Je n'entends plus que son rire.

« Les dieux ne saignent pas. »

Son doigt finit, enfin, par libérer mon menton.

Et il s'éloigne. Doucement. Dans le couloir.

Sans nous faire signe de le suivre.

Il se contente de se retourner, dans l'encadrement d'une porte, un léger sourire aux lèvres.

D'ici, j'ai l'impression que du sang coule de sa cicatrice.

« Au fait ! Vos amis sont dans la pièce d'à côté. Allez donc les voir, je crois qu'ils ont bien besoin d'un peu de compagnie... »

Et il disparaît.

Comme ça.

Comme s'il n'y avait toujours eu que nous dans le couloir qui d'un seul coup se fait plus clair.

Est-ce le fait que les lumières se sont un peu ravivées ? Ou le fait que je sens de nouveau la présence de Sachiko, figée à mon côté ? En tout cas, je me sens un peu plus en sécurité. Un peu plus au chaud.

Cette dernière me serre contre elle. Son corps entier est figé. Elle ne quitte pas la porte des yeux. La porte par où est parti Monokuma.

« ... Putain. Ce salopard est flippant quand il le veut.

— ... Pourquoi maintenant ? Je grimace. Je veux dire. Jusqu'ici, c'était un Monokuma plutôt normal, j'ai envie de dire. Sadique aux exécutions, aux meurtres, mais sinon il ne s'impliquait jamais. D'ailleurs, il était même complètement muselé. De son propre aveu. Je l'ai vu... Je l'ai vu prendre ses ordres, je l'ai vu avoir peur, je l'ai vu agir comme quelqu'un qui avait des comptes à rendre à quelqu'un... Mais jamais comme ça, putain. »

Sachiko grimace.

« Tu comprends mieux ce que je te disais sur le changement de position de force ? »

Ses poings se serrent. Et moi, évidemment, je me retrouve la tête collée à son buste. Super.

Pas que ce soit le moment de s'en préoccuper là, maintenant, tout de suite, hein.

« Quelque chose entre l'exécution d'Ibrahim et maintenant fait qu'il se sent en confiance. Et il n'y a pas trente-six raisons pour ça. »

Je pince les lèvres.

« Je n'ai aucune envie d'y penser maintenant.

— Moi non plus. »

C'est étrange. D'entendre Sachiko dire une telle énormité, elle qui habituellement était plutôt du genre à enquêter sur tout ce qu'elle pouvait. Mais sur ce coup-là, je crois que c'est clair que ni elle ni moi n'avons envie de creuser. Et quelque chose dans sa voix me dit qu'elle est sincère sur le fait qu'elle n'a aucune envie d'envisager ce que cela pourrait signifier.

Elle se tourne vers la porte avec une légère grimace.

« Allez. Allons dire bonjour aux rescapés. »

Avant d'appuyer sur la poignée.

Monokuma n'avait pas menti. Dans la pièce, recroquevillés autour d'un feu de cheminée, il y a les cinq autres survivants, serrés les uns contre les autres. Leurs mines sombres ne me disent rien de bon, tant elles sont uniformes.

Tout le monde semble horriblement déprimé.

Moanaura est serrée contre Nako dans un coin du canapé. Ses bras sont recouverts de bandages, et un coquard lui déforme le coin de l'œil. Ses vêtements portent quelques traces de sang séché, visiblement ancien, qu'elle ne s'est pas donné la peine de laver.

Seo-jun est assis contre le flanc d'Emerens. Ce dernier est appuyé sur son épaule, et la main du garde du corps Ultime est serrée sur la cuisse de son ami comme un antistress. Lui aussi est recouvert de blessures, du moins surtout des bleus au bras et au visage, et un œil au beurre noir dont il ne semble même pas se cacher. Mais le pire, sans doute, c'est l'absence de son habituelle expression enjouée, même alors qu'il me remarque et me salue d'un signe de tête.

Enfin.

Non.

Ce n'est pas ça, le pire.

Pas ça, ni la pâleur et les cernes d'Emerens, ni la peau qui pendouille le long du ventre amaigri de Nako, ni le regard de bête traquée de Moanaura alors que les pas de Sachiko résonnent dans la pièce.

Le pire, c'est celle qui est assise sur une chaise, tisonnier en main, les bras et les jambes littéralement recouverts de bandages ensanglantés. Le pire, ce sont ces deux mains serrées sur sa canne, où je peux voir qu'il manque un ongle à un des doigts. Le pire, c'est ce morceau de gaze enroulée autour de la tête, dissimulant à peine des yeux vides de tout.

Le pire, c'est l'état physique absolument catastrophique d'Ansgar Kasjasdottir.

Qui ne se lève même pas pour m'accueillir.

Ce n'est pas seulement une bande de survivants que j'ai devant moi. Mais une bande d'estropiés.

Et devant ce triste spectacle je ne peux retenir une exclamation horrifiée.

« ... Putain mais c'est... C'est quoi ce bordel ?!? »

Moanaura a un léger rire ironique.

« Tiens donc. Le rescapé est de retour en Enfer. Franchement, Thib, je crois que t'auras mieux fait de rester dans le coma.

— Content de te voir vivant, soupire Seo-jun. Mais Moanaura n'a pas entièrement tort. Il aurait peut-être mieux valu pour toi que tu ne te réveilles pas. »

Ansgar pousse un profond soupir alors que son employé se relève, l'air désolé.

« Ça, Thib, c'est Monokuma qui a décidé de mettre fin à notre répit. Moanaura et moi, on s'est crus capables de l'empêcher de faire ce qu'il voulait... Visiblement non. Et c'est même pas qu'on est allés trop loin ou quoi. Parce que pendant la semaine...

— ça s'est enchaîné, soupire Nako. Les plombs qui ont sauté, punition. Une insulte mal placée, punition. Et à chaque fois, Ansgar... »

Cette dernière se relève. Difficilement.

« Cela n'a pas d'importance. L'important est que tu sois en vie, parmi nous. Et que nous puissions réfléchir ensemble à la suite des évènements.

— La suite des événements, soupire Sachiko. Elle est assez évidente. Il n'y a qu'un seul moyen de sortir d'ici. DE sortir d'ici vite. »

Oui.

Un seul.

On le sait tous.

On en est tous conscients.

On l'a tous vécu.

Mais après quatre meurtres de plus en plus cruels... Après avoir caressé l'espoir trop vain de s'échapper autrement...

Comment est-ce qu'on va bien pouvoir se retrouver à tuer pour survivre ?


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