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Chapitre 5 (15) : Deadline over

L'échéance est arrivée à son terme.

Ouais, c'est creepy dit comme ça. Et dites-vous que je parle d'une fête.

Et maintenant, dites-vous qu'en sachant qu'il s'agit d'une fête, c'est encore plus creepy que ce que vous pouvez penser.

Du fun, du fun, du fun, hein ?

Ouais, exactement. Et c'est pas la mine morose de Moanaura et Seo-jun qui me dira le contraire. Eux aussi, ils se doutent de ce qui suivra cette fête. On devra prendre une décision, jouer le tout pour le tout, peut-être, ou se résoudre à un sacrifice inutile ou un tirage de loterie qui a cent pour cent de chances de rater. Même avec l'Ultime Chanceuse parmi nous.

On est tous réunis à l'entrée de la salle, pendant que Sachiko fait les derniers ajustements à je ne sais quoi. Ansgar discute avec Nako, Moanaura avec Seo-jun, et moi, je ne lâche pas Emerens d'une semelle. Emerens qui me semble déjà de meilleure humeur qu'hier, et ça, je ne vais pas m'en plaindre. Mais si c'est la fête qui provoque ça...

Bah. Au moins, elle aura eu l'effet escompté sur au moins une personne. Et comme c'est celle qui va le plus mal, on va dire que c'est une victoire.

« Elle fout quoi, Sachiko, marmonne Seo-jun dans son coin. J'en ai marre, je stresse.

— Tranquillise-toi, soupire Ansgar. Elle met simplement la dernière main aux décorations. Rappelle-toi que la cuisine est fermée et que Thibault est le seul à avoir la clé, il ne pourra rien se passer de mal. »

Je fourre la main dans ma poche, ou se trouve, en plus du petit morceau de métal, le joyau offert hier par Ansgar. La clé est bien là, accrochée à un porte-clefs de fortune qui la relie au passant de mon jean. Précaution d'Ansgar lorsqu'on a fermé pour la dernière fois la cuisine, ce matin. En attendant de la rouvrir pour les trois occupants, le temps qu'ils finissent de préparer leurs plats et leurs cocktails.

Mon poing se serre sur le métal froid.

« Ouaip, effectivement. En plus, je vois pas comment Sachiko aurait pu faire pour provoquer un empoisonnement vraiment sale, hein. On a vidé la cuisine des produits dangereux, et que je sache, elle est pas retournée à la cache d'armes depuis qu'on en a fait l'inventaire avec Moanaura. Si ? »

Je jette un œil à Emerens et Ansgar, les deux qui étaient avec elle après cet inventaire le plus souvent, et tous deux hochent doucement la tête. Ce qui semble grandement rassurer Seo-jun. Ce dernier pousse un profond soupir, et se remet à jouer avec son jeu de cartes.

« Tant mieux. Pas que je fais pas confiance à Sachiko... Enfin, si. Mais à ce stade, il faut craindre l'empoisonnement de partout.

— Sage de ta part, sourit Ansgar. Il est vrai qu'il faut s'attendre à tout. Mais je te rassure. J'ai fait mon possible pour limiter tous les scénarios de meurtre auxquels on peut s'attendre dans une telle situation.

— Ouais. Je vous fais confiance, Ansgar. Mais quand même. »

Quand même, en effet. Le revoilà en train de mélanger ses cartes de tarot, d'un air absent. J'entends Moanaura se moquer gentiment de lui, mais sa voix est trop loin pour que je l'entende vraiment. De toute façon, je préfère discuter avec Emerens plutôt qu'avec les autres.

Ce dernier se tourne d'ailleurs vers moi.

« Eh, Thibs. Tu sais où est Monokuma, par hasard ?

— Dans son atelier, je soupire. Je l'ai vu ce matin, et il ne comptait pas en bouger de la journée, même si on fait sauter les plombs. Il veut pas voir nos tronches de cake, selon lui, même si bon, il l'a formulé autrement. M'est avis qu'on le verra pas de la journée. »

Un léger sourire se dessine sur les lèvres de mon meilleur ami, qui passe son bras autour de mon épaule.

« Tant mieux. Je n'ai aucune envie de voir le seul répit possible gâché par ce genre de triste sire. On pourra réfléchir pleinement une fois un minimum heureux.

— Ou alors essayer de ne pas gâcher le moment.

— l'un ou l'autre, Monokuma est mieux absent, crois-moi. Et s'il ne compte pas bouger de son atelier, c'est encore mieux. »

J'admire ton optimisme, mon vieux. Mais peu importe. Tu n'as pas tort sur un point, on est toujours mieux sans Monokuma. Et même si cette fête a inévitablement une fin, au moins, on disposera de quelques heures de répit tranquilles à employer comme on veut.

Même s'il ne nous reste plus que quelques heures.

Pas le temps de parler davantage avec Emerens. Parce que la porte vient de claquer dans le mur d'un coup sec, avec une telle force qu'un instant je crains qu'elle ne se décroche de ses gonds. Ce que Monokuma nous aurait sûrement fait payer plus tard. Mais heureusement, elle tient, et solidement. Plus solidement, du moins, que ce que je pensais.

Derrière le battant de la porte, Sachiko, jambe tendue, en chemise, veste de motard et bottes de cuir, qui semble visiblement ravie de notre attention à son petit stunt. Bon, on va passer sur le fait qu'elle est absolument magnifique dans cette tenue parce que c'est pas bon pour la concentration, et plutôt se demander ce qu'elle fait.

« Dis-donc, Sachiko, lui lance Seo-jun un peu aigre. T'en as mis, le temps.

— Défoncer les portes ne t'apportera rien, lui lance Moanaura avec un peu plus d'humour. Les entrées spectaculaires sans dégât, ça te dit un truc ? »

L'Ultime Chanceuse a un ricanement ravi.

« Nope ! Mais entrez, entrez, je viens de finir avec la déco...

— T'es sûre ? Je lance depuis mon coin. Parce que c'est tout noir, là. »

Elle ricane de nouveau, avant de se décaler de la porte. Qui donne, effectivement, sur une salle plongée dans la pénombre. Meilleure ambiance pour une fête, hein...

« Mais t'inquiète ! Je veux juste vous faire la surprise, ehehe... Par contre, soyez sympa, n'allumez pas la lumière en rentrant. Déjà parce que c'est pas gentil, ensuite parce que même si normalement, les plombs ne devraient pas sauter... On sait jamais, pas vrai ? »

... Oooooon va dire ça comme ça. Mais bon, puisqu'elle le demande, je m'avance à petits pas vers la fameuse pièce, suivi par Emerens, puis Ansgar, avant d'y rentrer, hésitant. Ne pouvant y voir qu'à deux mètres devant moi grâce à la faible lumière du couloir. Qu'Ansgar, de toute façon, éteint avant de me suivre.

Ne restent dehors que Seo-jun, Moanaura et Nako. Le premier a une grimace peu convaincue.

« Tu promets que t'as pas de couteau pour nous poignarder dans le noir ou de torche pour nous cramer, hein ? Parce que te connaissant, on sait jamais...

— Ni l'un, ni l'autre, elle ricane. Et puis de toute façon, tu ne serais pas ma victime désignée, mon petit agneau... »

... Ouaip, et on se doute de qui. D'ailleurs, même dans le noir, je peux le savoir lever les yeux au ciel. Et en même temps, sa poigne se referme sur mon épaule.

« C'est ça, c'est ça. Je peux te garantir que j'aurais hurlé avant même que ton arme me touche, Kimura.

— Seulement hurlé ? La vache, je suis déçue de ton masochisme notoire. Mais vous voyez ? Van Heel est toujours vivant, donc je suis de bonne foi, ehehehe ! Allez, faites pas vos timides, tout le monde rentre, que je puisse allumer les guirlandes... »

Moanaura et Nako échangent un regard perdu. Avant de, finalement, s'avancer à petits pas vers l'entrée, leurs mains serrées l'une dans l'autre, indissociables. Ce qui ne laisse finalement dans la sécurité du couloir de que Seo-jun, qui fixe Sachiko avec circonspection.

Le Garde du corps hausse un sourcil.

« Je suis toujours pas convaincu.

— Parano, va. Allez, tu vas pas laisser Ansgar dans un endroit dangereux, quand même ? Elle est où, l'éthique du métier ? »

Visiblement, la petite pique de notre Chanceuse nationale vient de toucher en plein dans le mille. Seo-jun se paye une horrible grimace, et Sachiko se prend en plus d'un grondement désapprobateur un regard très, très en colère de l'Ultime Garde du Corps. Mais ce dernier semble, au moins, finalement convaincu de nous rejoindre dans la salle, et finit par rentrer, lui aussi, à pas de velours, en position de garde. Alors que Sachiko referme la porte derrière nous.

Nous plongeant ainsi dans le noir total.

Je n'aime pas du tout cette situation. Le noir, ça ne me rappelle jamais de bons souvenirs, et heureusement pour moi qu'Emerens est toujours appuyé sur mon épaule, sinon, le temps que Sachiko fasse ce qu'elle a l'intention de faire, je crois que j'en aurais fait une crise d'angoisse. D'ailleurs, si j'en crois les silhouettes que je discerne, tout le monde se serre les uns contre les autres. Nako et Moanaura, les plus reconnaissables, sont d'ailleurs carrément dans les bras l'une de l'autre.

Emerens se colle un peu davantage à moi. Je sens ses cheveux caresser mon épaule alors qu'il chuchote à mon oreille.

« Dis-moi, Thibs. Tu crois que les caméras sont infrarouges ?

— Bonne question, je réponds sur le même ton. Sans doute pas, je vois pas l'intérêt. Pourquoi ? »

J'entends un léger rire dans le creux de mon tympan.

« Eh, ça pourrait être une solution pour reprendre nos activités. Le noir complet. Excitant, non ? »

Je lève les yeux au ciel. Quand j'étais content qu'il reprenne du poil de la bête, je ne m'attendais pas à ça.

« Sérieusement, Emerens ? Penser au cul dans un moment pareil ? »

Nouveau rire dans le creux de mon oreille. Dieu merci, les murmures autour de moi m'apprennent que tout le monde est dans sa propre petite conversation et que du coup, on ne l'entend pas. Tant mieux, c'est déjà assez gênant comme ça.

« Ecoute, je suis en manque, moi. Et puis, quitte à essayer de me rendre de bonne humeur, je trouve que le septième ciel est un bon compromis. »

... Ouais pas de doute, il va beaucoup mieux. Quelle barbe.

Après tu me diras, c'est une solution, effectivement. J'aime pas le faire dans le noir, mais entre ça et la mort de ma vie sexuelle alors que c'est un moyen comme un autre de se distraire, on va dire qu'il vaut mieux faire des compromis.

On verra après cette fête. Lorsque les décisions seront prises.

Je lève les yeux au ciel, assez exagérément pour qu'il sente ma tête bouger, et de nouveau, je l'entends rire dans mes tympans.

« T'as pas l'air très tenté, mon amour.

— Nan, sans blague. On pourrait pas en parler quand on sera seuls tous les deux ?

— Avec plaisir. Et plus si affinités, hm ?

— Range tes couilles dans ton pantalon, van Heel, ricane une voix à deux centimètres de mon visage. Personne a envie de voir ton cul aujourd'hui. »

.... La propriétaire de la voix en question est tellement putain de près que je peux sentir son souffle sur mon visage. Vraiment, Sachiko ? Vraiment ? En plus, comme elle a parlé à voix haute, on est totalement grillés, et c'est tout l'embarras du monde qui m'empêche de lui foutre une gifle par pur réflexe de survie. Nan, à la place, je suis figé dans ma gêne alors qu'Emerens éclate de rire dans le noir.

Bon, au moins, ça a eu un point positif.

Un peu plus loin dans la pièce, la voix de Seo-jun, rieuse, résonne.

« Eh, c'est faux. Moi, je veux bien, hein.

— Bouh, gay, ricane Moanaura à l'autre bout. Faites vos trucs ailleurs, moi, je veux rien à voir avec ça !

— C'est toi qui m'accuses de crimes de gay, Moanaura ? Raille Seo-jun. Alors que t'as sûrement les mains dans le décolleté de Nako en ce moment-même ? »

Moanaura émet une exclamation outrée, alors que Nako rit à son tour.

« Je crois que pour le bien de cette ambiance je vais devoir confirmer, et demander à Moanaura de bien vouloir laisser ma pauvre poitrine en paix avant que Sachiko ne rallume les lumières...

— Ah non, Nako, pas toi aussi, gémit une Moanaura faussement blessée. Comment vais-je faire pour réchauffer mes pauvres mains dans ce froid glacial, dorénavant ?

— Commencer par les foutre dans tes poches, je ricane. Aux dernières nouvelles, ton corps aussi émet de la chaleur. »

Nan mais sans blague. J'vous jure, quelle bande de gamins.

Enfin je dis ça, mais ça fait combien de temps qu'on a pas eu de discussion aussi... Légère ? Quelques piques, à droite, à gauche, ponctuées par les rires d'Ansgar qui semble tout sauf décidée à mettre fin à l'exposition d'adolescence hormonée, et tellement naturelles qu'on en oublierait presque où on est ?

Cette fête a du bon, mine de rien. Remonter la bonne humeur ne serait-ce qu'un peu, ça ne peut qu'avoir des effets bénéfiques sur le long terme.

On pourra peut-être imaginer une solution rationnelle, après ça.

Juste devant moi, un petit rire moqueur retentit.

« Eh bien, eh bien, on s'amuse, Titi ? »

... Putain, elle est toujours devant moi. Je sens encore son souffle sur mon visage. Ça aide pas vraiment à me concentrer.

« C'est ça, c'est ça. Et si tu voulais bien arrêter de me traiter de piaf jaune citron, j'apprécierais.

— Tu peux toujours rêver. Bon, je les allume, ces lumières, où vous êtes en situation compromettante ? »

De nouveau, je lève les yeux au ciel. Eh bé, ça m'avait pas manqué, ça, tiens. C'est faux.

« Allume-les, qu'on en finisse. Que je sache, personne n'est en train de se désaper.

— Je promets rien, » rigole Emerens.

... Terrible ce gosse.

Mais bon, même s'il était vraiment en train de se déshabiller, Sachiko ne perd pas une minute de plus. Un clic, et je vois une myriade de couleurs exploser dans mon champ de vision. Ouais, exploser, carrément. Parce qu'après avoir passé cinq minutes dans le noir, je crois que c'est plus ou moins le bon terme.

En tout cas, une chose est sûre. Sachiko, qui se tient avec son petit air fier dans un coin alors que les lumières de toutes les couleurs se reflètent sur son costume, a fait un boulot phénoménal pour le peu de ressources qu'on disposait. Il y a des guirlandes réparties dans tous les coins de la pièce, éclairant les tables recouvertes d'assiettes vides disposées en-dessous d'elles. Le carrelage noir et blanc de la pièce est tellement éclairé qu'on voit à peine les couleurs originales.

On est toujours dans une ambiance assez sombre, mais au moins, pas de noir et blanc.

Je jette un œil aux alentours. Et soupire de soulagement en constatant que personne, et surtout pas Emerens, ne s'est désapé pendant notre bref épisode dans le noir. La preuve avec les couleurs qui se reflètent sur sa propre veste en cuir gris sombre, et les chaînes qu'il porte. Il s'est fait beau, le con, comme à peu près tout le monde, mais c'est seulement maintenant que je remarque.

Ce n'est pas le seul, d'ailleurs. Nako est superbe dans sa robe bleu nuit recouverte de paillettes. Moanaura est en chemise largement ouverte agrémentée d'un long manteau recouvert de dorures. Même Seo-jun a fait l'effort de mettre un costume.

Ansgar est la seule qui reste aussi impeccable que d'habitude dans son propre costume noir.

« Wow, je ne peux m'empêcher de lancer, émerveillé. C'est vraiment super beau. »

Sachiko se rengorge, fière d'elle.

« Contente de l'apprendre, ehehe. Allez, on la fait, cette fête, oui, ou non ?

— On la fait. Allez tout le monde, faites péter le champagne ! »



La fête bat son plein depuis six bonnes heures, maintenant. On a pas vraiment envie de la quitter, pour être honnête, ça fait tellement de bien d'avoir autre chose à faire que de réfléchir. Et que cet autre chose soit amusant, aussi.

Je suis un peu bourré, hein. Pas trop, j'essaie de garder mes capacités de réflexion habituelles, mais assez pour faire attention à mes paroles et mes gestes. Mais pas trop non plus, hein. J'ai déjà roulé deux pelles à Emerens pendant une période de danse, pour changer un peu, et je crois que Sachiko me fait de l'œil pour que je vienne faire pareil depuis tout à l'heure, mais il me faudrait sans doute un poil plus d'alcool pour parvenir à me décoincer de ce point de vue-là.

Et avant de me dire que je profite un peu trop, je signale que je suis pas le seul. Moanaura et Nako ne se quittent pas d'une semelle depuis que les cuisiniers ont installé leur bouffe sur les tables, et je suis presque sûr qu'elles s'en sont échangées plus que moi, des pelles. Qui c'est qui fait la morale, maintenant ?

En tout cas, ouais, ça fait du bien de s'amuser un peu. Là, actuellement, je me retrouve avec Seo-jun, le seul de nous à rester un minimum sur ses gardes, et même lui sourit. Bon, il bat toujours son paquet de cartes de tarot nerveusement, mais franchement, je peux pas lui en vouloir.

« La Lune, il grommelle en tirant de nouveau une carte de son paquet. Encore la Lune. Tantôt droite, tantôt inversée. Qu'est-ce qu'il se passe ?

— Un problème avec tes cartes, Seo-jun ? »

Ce dernier pince les lèvres.

« Ouais, et nan. Je sais que c'est pas trop ton truc, les sciences occultes... Mais tirer une seule carte aussi souvent en interrogeant un paquet de tarot, c'est jamais bon signe. Surtout la Lune, surtout ici. Et j'ai tiré la Mort inversée, une fois...

— Woh là, je t'arrête tout de suite, j'y comprends rien, à ton charabia. En quoi c'est un problème ? »

Il grimace.

« La Lune droite représente en règle générale l'illusion. La peur et l'anxiété, aussi. Inversée, c'est les révélations, la trahison, la vérité qui éclate. Ça ne me dit rien de bon dans une Tuerie de la tirer aussi souvent...

— Seo-jun, je suis un mathématicien. Tu veux bien causer science en quoi je crois ? »

Nouvelle grimace.

« Ouais, je me doute, le pragmatisme. Mais dans ce cas, Thib, dis-moi juste. Sur onze tirages, j'ai sorti la Lune dans un sens ou l'autre neuf fois. Est-ce que c'est normal ? »

... Ah. Effectivement, on appelle ça une énigme de probabilité. Après, c'est plausible, c'est plausible. Je me rappelle plus combien de cartes il y a dans un paquet de tarot, même si ça doit faire un certain nombre. C'est juste que les chances que ça arrive... Si je devais donner une estimation...

... Deux sur dix millions de milliards. En calculant sur une base de cinquante-quatre cartes, donc très probablement encore moins que ça en vérité.

... Tu m'étonnes que Seo-jun ne soit pas bien. En considérant, évidemment, qu'il n'ait pas truqué son paquet de cartes.

« ... Pas très normal, en effet. Mais je chercherais plus un biais statistique qu'une explication occulte, perso.

— Compréhensible. Mais moi, ça me fout les chocottes. Les trahisons en pleine Tuerie, elles se soldent par la mort. Et en plus, avec la menace de l'organisateur... »

Il pousse un profond soupir.

« J'arrive pas à me détendre. Je suis persuadé que je vais finir par crever, à un moment ou un autre. Et j'en ai aucune envie. Je veux pas finir ma vie dans une Tuerie, Thibault. Surtout pas après être arrivé aussi loin.

— « Être arrivé aussi loin » comme tu dis, c'est déjà un exploit, je grommelle. D'autres n'ont pas eu cette chance. »

Mon air très certainement bien énervé lui arrache une nouvelle grimace.

« ... Je sais... Désolé, Thibault.

— T'inquiète. »

Je pourrai pas y échapper éternellement. Ni à leurs fantômes, ni à leur mémoire.

Seo-jun a un léger sourire. Qui ne dure pas longtemps.

« Je me croyais pas capable de traverser ça non plus, tu sais. J'aurais très bien pu être à la place d'Houshang, ou de Flor, ou même... D'Ibrahim. Mais d'une certaine manière... mon principal problème, c'est que je tiens le choc. »

De nouveau, il soupire.

« J'ai jamais cédé. Même maintenant, alors qu'on est tous crevés, je résiste. Moanaura envisage de buter, Ansgar en peut plus, Nako non plus, Emerens est au bout de sa vie, même Sachiko arrive plus à faire la forte. Et moi, je suis toujours là. J'ai pas trop de pensées dégueulasses, du moins, pas plus que d'habitude. L'idée de tuer dans cette situation me donne toujours la nausée, même l'organisateur. J'ai pas envie d'abandonner. Et pourtant, les autres, qui sont au bord du gouffre, sont tellement plus importants que moi. Eux, au moins, leur titre a un sens.

— Je suis pas sûr que ce soit le titre qui donne un sens à ta vie, hein. Sinon, je crois que les Monokuma auraient beaucoup plus raison qu'on ne veut l'admettre. Tu crois pas qu'il y a moyen de, je sais pas, trouver un autre objectif à ta vie que remplir ton titre ?

— Mouaif. J'ai jamais rien connu d'autre, tu sais. Mes hobbies restent des hobbies. Lorsque je sortirai de là, je suis même pas sûr qu'Ansgar me garde à son service et honnêtement je la comprendrais. Je n'ai plus rien, Thib. Je sais pas quoi faire. »

Ah ouais, c'est sévère, là.

Je suis déjà suffisamment surpris de l'entendre dire qu'il se sent encore en pleine forme. Après le mois vraiment compliqué qu'on vient de vivre, ça m'étonne. Je veux dire, tout le monde est au bout de sa vie, même Ansgar. Et Seo-jun, qui s'est pourtant pris une sacrée correction de Monokuma, me dit qu'il tient encore debout, et bien.

Est-ce que je dois le croire ?

Dans ma réflexion, je détourne les yeux vers un des murs de la salle. Tiens ? Sachiko a oublié de brancher une guirlande... C'est vraiment dommage, ça, ça avait l'air d'être la plus belle. En plus, personne ne semble l'avoir remarqué, alors que la prise est juste à côté... Allez, c'est moi qui m'y colle.

Faisant signe à Seo-jun que j'essaie de réfléchir un peu, je m'avance vers la prise. Mais un bruit de pas précipités m'interrompt dans mon mouvement et je n'ai que le temps de me retourner vers la porte pour voir Emerens se ruer dehors.

Je ne peux m'empêcher de pincer les lèvres.

« Ouh là. Il a quoi ?

— Aucune idée, grimace Seo-jun. J'espère en tout cas que ce n'est pas un mauvais présage.

— Mouaif, il avait peut-être juste trop bu et besoin de pisser, je fais, haussant les épaules. Après tout, y'a pas de chiottes, dans la salle.

— Plausible. »

En tout cas, je vois pas d'autres explications. Enfin, évidentes, du moins. Je le questionnerais bien à ce sujet, mais s'il est vraiment parti pisser, je m'expose à encore plus de railleries que d'habitude...

Seo-jun me regarde toujours avec insistance. Je me rappelle juste à temps qu'il veut une réponse.

« Je sais pas, Seo-jun, je finis par dire. Je suis pas spécialiste. Une fois survivant, tu peux abandonner ton Ultime, mais pour savoir ce que tu veux faire, va falloir réfléchir. T'as pas de gens à voir ? D'œuvre à accomplir ? Ce genre de trucs ?

— La plupart de mes amis sont à Hope's Peak ou ici, il soupire. Ma famille n'a pas vraiment besoin de ma présence, puisque je reste bien malgré moi un génie. Et de trucs à accomplir... Je vois pas en quoi je pourrais être utile.

— Ecoute, je vais paraître méchant, mais cherche. Parce que ce serait bête de gâcher ta survie. Il y a bien un truc que tu puisses faire, avec tes moyens et tes connaissances, tu crois pas ?

— Facile à dire pour l'Ultime Théoricien. Mais ouais, je suppose que t'as raison. Je vais essayer de chercher. Après la fête. Ça me fera réfléchir. »

Une petite tous nous interrompt alors que je m'apprêtais à lui donner mon encouragement. Bon, tant mieux, tu me diras. Je suis pas vraiment doué pour ça, sauf si il veut des formules mathématiques. Mais s'il y a des gens malades, ça m'inquiète. J'espère que personne s'est étouffé avec la bouffe...

« Seo-jun, je ricane, t'as fait des brownies au sable, ou quoi ?

— N'insulte pas mes brownies, il ricane alors que la petite toux continue. J'ai bien fait gaffe aux ingrédients pour qu'on ait pas ce genre d'inconvé...nients... »

Il se fige net.

Sa voix, d'enjouée, est passée à horrifiée.

Ses yeux, fixés sur un point dans le lointain.



Un horrible pressentiment me prend.

Oh, comme j'aimerais ne pas l'écouter.

Mais l'odeur qui parvient à mes narines me hurle que cette fois, la fête est finie.

L'odeur métallique, chaude, étouffante.

La seule odeur que je peux sentir, désormais.



Lentement, je me tourne vers le point que Seo-jun fixe avec une telle peur dans les yeux.

Et à mon tour, je me fige.

Lève un doigt, un doigt tremblant, devant moi.



Vers le sang qui coule. Qui coule.

De la bouche de Nako Moriyama.

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"Qu'est-ce qu'il se passe ?!?!?"

[REDACTED]


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