Chapitre 5 (11) : Trying to forget hell
Après ça, l'ambiance n'a fait que se dégrader.
Qu'on le veuille ou non, Monokuma a hélas bien réussi son coup. Les quelques jours qui ont suivi ont été horribles pour tout le monde, mais surtout Sachiko. Qui même si les gens ne le voulaient pas vraiment, s'est retrouvée à se prendre des regards en coin de tous les côtés.
Ansgar et moi, finalement, sommes restés les seules personnes à qui elle parle un tant soit peu régulièrement. Ca nous ramène à la situation d'avant, en soit, celle d'avant le troisième meurtre, le troisième cercle, mais après tout ce chemin parcouru, et surtout dans la situation présente, c'est une sacrée source de malaise.
Et puis, s'il n'y avait que Sachiko, qui à la limite semble très bien se satisfaire d'être ostracisée. En tout cas, ce n'est pas comme si elle me montrait son inconfort, je veux dire. Mais non. Evidemment. Ça ne pouvait pas simplement s'arrêter là.
Parce que maintenant, la paranoïa de chacun d'entre nous est considérablement stimulée. Entre ça, les caméras et la présence de l'organisateur dont on a toujours aucune preuve, tout le monde se méfie de tout le monde. Et ce n'est plus comme au cercle 5 où au moins, on n'était pas forcément proche de ces gens. Non, parce que maintenant, on doit regarder des amis, des amours, sans savoir si oui ou non cette personne a encore quelque chose à cacher.
Un titre. Une Tragédie. Des crimes. Des démons.
Un Désespoir.
Donc moi qui voyais arriver l'échéance à grands pas, elle est d'autant plus proche. Ca doit faire un mois qu'on est là, maintenant, on est à la mi-octobre. Et non seulement on a toujours rien, mais en plus le moral s'effondre.
C'est pour ça que lorsque Ansgar nous a réunis pour nous dévoiler un plan, au départ, je n'étais même pas surpris.
Mais alors, quand iel l'a exposé, ça a été encore autre chose.
« Une fête ? Tu n'es pas sérieuxe, Ansgar ?!? »
Mon exclamation semble refléter les pensées de pas mal de monde. Seo-jun est choqué, Moanaura effarée, Nako stupéfaite, bref, je vais pas vous faire le compte de mon vocabulaire, vous avez compris le principe. En tout cas, ce qui est certain, c'est qu'on regarde tous Ansgar avec les mêmes yeux ronds.
Ansgar qui est appuyée sur sa canne, debout, essayant de masquer le mieux qu'iel peut le tremblement de ses jambes. Qui nous regarde, néanmoins, avec la même détermination.
« Oui, en effet, une fête. J'en ai déjà parlé à Monokuma, et il a accepté qu'elle se tienne dans le plus grand des salons, celui où on n'a pas le droit d'aller. Toujours selon lui, on peut en faire ce qu'on veut, du moment où on ne dérange pas les œuvres d'Art. Les punitions pour le sautage de plombs sont interrompues, également. C'est une opportunité d'essayer de remonter notre moral. Avant que quelque chose de dramatique n'arrive.
— ... Sans offense, Ansgar, mais c'est pas vraiment un bon présage, grimace Seo-jun. Une fête dans une Tuerie, ça finit souvent mal. Je veux dire, regardez Danganronpa, ou les Abysses... et je suis sûr qu'il y a d'autres exemples qu'on ne connaît pas. Qui vous dit que personne va en profiter pour tuer ? »
Ansgar pousse un profond soupir.
« Malheureusement, ce n'est pas une hypothèse à négliger. C'est pour ça que je vous en parle. L'idée de la fête est sans doute la meilleure que je dispose pour retarder l'échéance, mais chacun doit être d'accord avec moi, et nous devons voir en même temps tous les paramètres à prendre en compte.
— Mouaif, genre, vérifier qu'il y a pas de meurtre, je grommelle. Entre autres. »
Iel hoche la tête, doucement.
« Oui. Il faut aussi que nous définissions une date, ainsi que les tâches de chacun. Faire quelque chose de productif vous aidera sans doute à ne pas perdre la tête, mais il est bon de ne pas négliger nos autres devoirs. »
Ouais, genre, l'enquête, qui piétine mais que pour autant je ne me sens pas prêt à abandonner. Il faudrait que j'essaie de gratter des infos à Monokuma, pour voir si je peux faire des recoupements. Essayer d'analyser les secrets de chacun et les probabilités de chaque possibilité. Puisque maintenant, il n'y a plus que les statistiques qui vont m'aider.
Ce n'est pas parce qu'on fait une fête que l'enfer va s'arrêter.
Et en dehors de ça... Seo-jun a raison. Et pas seulement à cause des autres exemples. Parce que des fêtes, on a fait que ça il y a quelques mois. Et pourtant, vu comment ça a fini, je pense qu'on ne peut en vouloir à personne d'être vacciné.
Surtout Nako et Emerens, d'ailleurs.
Les deux qui gardent un profond silence.
« ... C'est bien beau tout ça, finit par dire Moanaura, mais derrière, on a d'autres trucs à foutre qu'une fête. C'est peut-être pas une bonne idée de... Tu sais... Négliger notre enquête.
— Certes, répond Seo-jun, mais tout le monde enquête pas forcément. Une fête, ça mettra les désœuvrés au boulot, peu importe à quel point j'aime pas l'idée. Mais sérieusement, Ansgar... On peut pas trouver autre chose ? »
Lae Dictateurice Ultime hausse les épaules.
« Si tu as une meilleure idée, je suis ravie de l'entendre. Mais pour le moment, une fête est la meilleure combinaison que je puisse trouver pour vous garder unis, occupés et essayer de remonter un peu le moral des troupes. Parce que vous vous rendez bien compte que nous sommes tous à bout. Et ce n'est en rien notre faute. A qui que ce soit. »
Elle insiste particulièrement sur ces derniers mots, appuyant son regard sur Sachiko, Emerens, et Seo-jun surtout. Ce dernier pince les lèvres, et Emerens se contente de hausser les épaules. Aucun des deux ne dit quoi que ce soit.
Sachiko, elle, se contente de soupirer.
« Mouaif. C'est pas une mauvaise idée. Et puis, rien ne nous empêche d'enquêter en même temps. Ou de trouver une autre solution pour se tirer de là. »
Emerens relève la tête.
« Je ne pensais pas avoir à dire ça, mais je suis d'accord. Maintenir nos esprits occupés est le meilleur moyen de ne pas sombrer dans la folie. Et on réfléchit mieux avec des esprits clairs. »
Sachiko se tourne vers lui. Il lui rend son regard. L'espace d'un instant, quelque chose, un non-dit, passe entre eux, une sorte de connivence contrainte.
Et puis, Emerens détourne le regard, et cette impression disparaît.
Pour un peu, je pourrais presque croire avoir rêvé.
Presque.
Moanaura jette un œil à Nako, assise sur ses genoux. Avant de hausser les épaules.
« Je suis toujours pas convaincue, Ansgar. Une fête, c'est un peu un mauvais présage. Et puis, on a pas la tête à ça, et ça peut rappeler des mauvais souvenirs.
— C'est justement parce qu'on a pas la tête à ça qu'il faut faire cette fête, répond, calmement, Ansgar. Nous sommes au bout du rouleau. Tous. Vous savez comme moi qu'on encaissera pas beaucoup de punitions supplémentaires. Et combiné à ce qu'on vient de vivre, ce qu'on a vu les six derniers mois... »
Elle jette un œil à la statue de Flushy, toujours sur son armoire. Personne n'a osé la déloger pour enterrer la pauvre bête. Par peur ou par incapacité à lui rendre une sépulture correcte ?
C'est une excellente question.
« ... Tout est mieux que de ne rien faire. »
Moanaura fait la moue, mais, et contre toute attente, c'est la voix de Nako qui la coupe dans son élan.
« Ansgar a raison. On est en train de s'enterrer dans la paranoïa, et plus on attend, moins on a de chances de voir la sortie. Le meurtre sera peut-être inévitable... Mais d'un autre côté, il vaut mieux qu'on essaie d'être heureux pour le temps qu'il nous reste. Ou plus personne ne gardera assez d'esprit pour se réjouir de la fin de la Tuerie. »
Visiblement, Moanaura ne s'attendait pas à ce que sa petite amie ait une telle réaction. Vu son air de totale surprise. Mais je ne lui laisse pas le temps de demander ce qu'il se passe. Ou aux autres de protester, d'ailleurs.
« Je suis moyennement convaincu aussi mais on a pas de meilleure idée, j'interviens. Du moment qu'on s'organise bien, ça devrait pas bloquer l'enquête ou quoi. Ce qui m'inquiète, c'est surtout que Monokuma ait donné son accord aussi facilement.
— Allez savoir, soupire Emerens, il pense peut-être que ce sera le meilleur prétexte à tuer. Comme dans les Abysses.
— Ca ne m'étonnerait pas de lui, renchérit Ansgar. Mais Monokuma est le dernier de mes soucis, actuellement. Nous devons reprendre en main notre santé mentale, et vite, avant qu'un malheur n'arrive. »
Seo-jun et Moanaura échangent un dernier regard. Et puis, le premier hausse les épaules, alors que la deuxième se contente de pincer les lèvres.
« Je trouve toujours que ce n'est pas du tout une bonne idée... Mais mieux vaut ça que rien. Du moment que je peux toujours enquêter de mon côté, qu'on trouve des pistes, tout ça. D'ailleurs, faudra peut-être s'organiser. Et décider de ce qu'on fait.
— Tout pareil que Moanaura, intervient Seo-jun. Mais s'il s'y passe un truc... »
Ansgar ferme les yeux. Ses doigts glissent le long du pommeau de sa canne, et un moment, je crains qu'iel ne perde l'équilibre. Mais finalement, cet instant disparaît aussi vite qu'il est apparu.
« ... Très bien. Nous allons du coup pouvoir aborder d'une certaine façon l'ordre du jour. »
Iel se tourne vers le foyer avec un léger soupir.
« Pour commencer, en prévision de la fête, j'ai demandé à Sachiko de faire l'inventaire de toutes les ressources du cercle deux. Elle est revenue avec peu de choses utiles à la fête, mais en ce qui concerne le reste...
— Des armes, la coupe Sachiko sèchement. Il y a des armes partout. Des fusils, des poisons, des couteaux, tout ce que vous voulez. J'imagine que certains en ont déjà fait la constatation, mais je préfère prévenir. Monokuma nous a prévu tout ce qu'il fallait pour tuer vite et bien. »
... Eh bé ça commence bien. Je m'attendais à rien mais je suis quand même déçu. Ou terrifié, plutôt.
J'avais vu quelques-unes des caches d'armes pendant mon tour, certes, mais elles ne contenaient pour la plupart que des armes blanches et du plastic, et pas en quantité suffisante pour faire de gros dégâts. Si on y rajoute les armes à feu, la poudre, le poison... Nan, j'ai pas envie d'y penser.
C'est pire que ce que je craignais.
Ansgar hoche la tête.
« Traduction, il est hors de question d'assigner à une seule personne la gestion de la nourriture. Je veux au moins trois personnes dans la cuisine constamment. Non négociable.
— Je peux, moi, Ansgar, annonce Moanaura. Je suis pas très cuisine, mais les boissons, c'est mon truc. Je pourrai peut-être faire des cocktails.
— Moi aussi, lance Nako en serrant la main de Moanaura. Enfin, il n'y a pas vraiment de question, d'une certaine manière.
— ... J'peux me joindre à elles, finit par dire Seo-jun après un moment de silence. Je crois que de vous tous, les filles exclues, je suis le meilleur en cuisine. Autant que j'en profite pour surveiller.
— Ca me va, répond Ansgar. Pour la suite... »
Iel sort un petit carnet de sa poche avant de soigneusement noter les informations données. Je ne peux m'empêcher de me dire que ça change de son ordinateur portable.
« Il faudra qu'on prévoie les décorations. J'aimerais pouvoir en installer ailleurs, aussi, sans déranger le musée, bien évidemment. Il va me falloir quelqu'un pour les fabriquer, et quelqu'un pour les poser, avant, et pendant la fête.
— Je peux m'en occuper, Ansgar, lance Sachiko de son coin. J'ai déjà quelques idées.
— Pour la conception des décorations, je suis très habile de mes doigts, renchérit Emerens. Ça devrait pouvoir me permettre de faire des choix esthétiques un petit peu développés. Enfin, du moment qu'on ne me demande pas de gérer les connexions électriques. »
De nouveau, un regard est échangé entre lui et Sachiko. Et plus ça va, moins ça me dit du bon.
Ansgar prend note au fur et à mesure, mais semble en même temps attendre quelque chose. Le sujet des décorations n'est pas terminé ? Quoique...
« Si vous voulez, je peux les placer, j'interviens. Avec Sachiko pour me dire ce qui va où, je devrais pas avoir trop d'emmerdes. Sans compter que ça me permettra de continuer à fouiller. »
Sachiko hoche la tête, après un de ses petits regards en coin. Je lui rends, sans rien ajouter de plus. D'une manière ou d'une autre, je me dis, j'arriverai au bout de cette histoire, de toute façon. Du moment que ce n'est pas de la manière la plus horrible possible.
Ansgar finit de prendre en note, avant de refermer son carnet, et de s'asseoir sur le canapé. Au bruit des ressorts, je dirais que ses jambes ont enfin lâché sous son poids, mais c'est un peu mesquin de penser ça d'Ansgar Kasjasdottir. Surtout au vu de son état physique.
« J'aurais sans doute besoin de vous, même en dehors de vos rôles assignés, elle achève. Dans le temps imparti, vous pouvez trouver des idées, arranger la salle, puisque nous y avons enfin accès, et évidemment, continuer de chercher la tête pensante ou un moyen de sortie qui n'impliquerait pas le meurtre d'un innocent. Essayez simplement de vous occuper.
— On va voir si ça aide, Ansgar, soupire Emerens. On va voir si ça aide. »
Iel se tourne vers lui.
« Ca aidera seulement si vous y mettez du vôtre. Et je suis consciente de ce que je vous demande. »
Emerens hausse les épaules. N'ajoute rien de plus.
« ... Bon ben c'est décidé, j'imagine, complète Seo-jun. Du coup, on la fait quand, cette fête ? »
Ansgar jette un œil rapide à son Monodossier.
« ... Dans trois jours. Cela devrait suffire. Essayez d'avoir tout de prêt d'ici là, vous voulez bien ?
— Sûr, grommelle Sachiko. Allez, la poupée blonde, ramène-toi, je vais te montrer mes plans de décorations. »
Emerens hausse un sourcil surpris, mais ne proteste pas, et se lève rapidement pour emboîter le pas à la Chanceuse Ultime. Qui l'entraîne dehors sans aucune autre forme de cérémonie alors que le silence les accompagne.
Ca sent vraiment, vraiment pas bon, cette histoire.
A quelle phase de la Tuerie meurent les fauteurs de troubles, habituellement ?
Je pince les lèvres, essayant de cacher mes doutes.
« ... Emerens et Sachiko, en charge des décos ? Putain, je grommelle, je me demande bien à quoi m'attendre.
— Sans doute à des guirlandes électriques, ou autres créations du même style, me répond Ansgar. Sachiko a toujours beaucoup aimé jouer avec l'électricité. Après, je leur demanderai de ne pas en faire trop, cela vaut mieux. Même si on a désormais le droit de faire sauter les plombs, avoir le noir dans notre salle des fêtes n'aidera pas du tout. »
Mouaif. Et pas seulement ça. Ne faites pas confiance aux Trickster pour monter des plans, et là on en a pas un, mais deux. Je n'aime vraiment pas le tour que prend cette histoire. Je crois que je m'assurerais surtout de leur bonne volonté et de ce qu'ils créent, avant de poser la moindre déco.
Et aussi qu'ils ne s'entretuent pas, hein. Le petit détail qui fâche.
Chat échaudé craint l'eau froide, et dans le cas présent Thibault échaudé craint le coup de poignard.
« ... Je vais retourner fouiller, finit par annoncer Moanaura. Nako, Seo-jun, on se retrouve plus tard dans la cuisine pour faire le compte des recettes, tout ça ?
— Pas de souci, sourit Nako. Je te vois plus tard. »
Moanaura sourit, se penche juste le temps d'un baiser, avant de finalement sortir en sautillant de la pièce sous le regard amusé de Seo-jun et d'Ansgar. Et le mien, un peu jaloux. Pas vraiment de Nako, pour le coup, mais euh, Emerens, Sachiko, vous auriez pu faire pareil, sivouplé, je manque d'affection, moi...
Enfin je dis ça, mais l'un est au bout de sa vie et hyperconscient du fait qu'on est putains de filmés en direct, et l'autre n'est pas vraiment en situation de penser aux marques d'affection. Donc bon. Je me plaindrais plus tard.
« Voilà un bon moyen de s'occuper, sourit Ansgar. Certaines personnes ici ont de la chance.
— Si tu parles de moi, j'ai un bras cassé sur le dos dans tous les sens du terme, je ricane, un peu amèrement. Emerens est en PLS à cause de cette histoire de caméras, les câlins je les attends longtemps en ce moment.
— Toujours mieux que d'autres, ricane Seo-jun. Pensez un peu à nous, célibataires endurcis. »
Je lève les yeux au ciel alors que Nako rigole. Pas vraiment envie d'élaborer là-dessus.
« Ouais, ouais, c'est ça. Je te laisse dans ton seum, d'ailleurs, moi, je vais faire mon petit tour. »
Envie de m'éloigner. Je sais pas pourquoi, mais je crois que j'ai envie de respirer un peu d'air pur et loin de tout. Peut-être le mauvais pressentiment qui me ronge les sangs depuis tout à l'heure.
Depuis quand je les écoute, mes pressentiments ?
Je ne sais pas, mais pour être franc, à ce stade, je n'ai plus envie de penser rationnellement. Ou plutôt, je n'arrive plus à penser rationnellement.
Je pense que personne ne m'en voudrait.
Me voilà donc dans les couloirs, à essayer d'éviter du mieux que je peux les salles du musée. Je n'ai aucune idée d'où sont passés Sachiko et Emerens, et je crois que de toute façon je ne chercherais pas. De toute façon, ils sont assez capables tous les deux pour faire un boucan de tous les diables si l'un tentait de tuer l'autre, donc bon.
Je voulais un peu d'air frais. Sauf que pas de chance, me voilà en train de respirer les bouffées les plus fétides qui soient. Parce que je croise Monokuma dans un couloir, les mains pleines de sang dont je n'ai aucune envie de deviner la provenance, et qu'il a un large sourire en me croisant, l'air de vouloir entamer la conversation.
« Ah, tiens ! Notre théoricien favori qui fait sa petite séance d'introspection pour le public ?
— Je préfèrerais pas, je grommelle, essayant de ne pas trop cracher mon sel. Qu'est-ce que tu fous avec tout ce sang ? »
Monokuma hausse les épaules.
« Je travaille. Puisque pendant les prochains jours il y a de fortes chances pour que vous fassiez sauter les plombs plus d'une fois, je préfère profiter du temps que vous ne consacrez pas à cette petite fête pour continuer mes œuvres et le remplissage de mon Musée... Voilà bien une exposition d'un genre nouveau, il ricane, bâtie sur le sang des innocents...
— ... Au moins, tu reconnais que tu n'as tué que des gens qui n'avaient rien demandé. C'est déjà ça. »
Il sourit.
« Moi ? Oh, oui. Mon employeuse ? Moins. Mais suffit les indices, pour aujourd'hui du moins. Dis-moi, Laangbroëk, est-ce que tu sens l'échéance qui approche ? »
Je hausse un sourcil. Où il veut en venir ?
« ... Quelle échéance ?
— Celle de cette Tuerie, voyons, il rit. Cette fête que vous préparez... Toi entre tous devrais savoir qu'il s'agit du détonateur d'une immense bombe, qu'Ansgar le veuille ou non. Et je te garantis que tu seras au beau milieu de l'explosion, cette fois. »
Son sourire s'élargit encore.
« Je dois toujours te faire payer pour ton insubordination. »
Un frisson m'envahit le dos. Quoi ? Ce n'est pas assez que je me prenne une balle ? Ce n'est pas assez que je me traîne avec un bras en écharpe ? Ce n'est pas assez que j'ai vu mes amants mourir, mes amis souffrir, les uns après les autres ?
Qu'est ce qui est assez, pour Monokuma ?
Je me retiens de toutes mes forces de lui coller un poing. A la place, je me contente de le contracter.
« ... T'en as déjà assez fait.
— Oh que non, sourit Monokuma. Tu as un peu trop pris la confiance, mon vieux. Et ta plot armor ne durera pas éternellement. Pas plus que ton chevalier servant. Et le jour où tout s'écroulera... »
Il rit. Un horrible caquètement qui résonne dans tout le couloir.
« ... Tu n'auras plus que tes yeux pour pleurer. »
Je serre les dents.
« Tu attends que je meure, pas vrai ? à cette foutue fête.
— ptêtre bien que oui, ptêtre bien que non. Tu sais, c'est la surprise pour moi aussi, cette fois, upupupu... Et je crois que quoi qu'il s'y passe, je serai ravi de la suite. C'est bien pour ça que je vous laisse carte blanche, pas vrai ? »
Il ricane de nouveau, avant de me tapoter presque fraternellement l'épaule.
Ignorant le fait que je viens de me transformer en bloc de granit.
« Profite bien de tes derniers instants de répit. Parce qu'au moment où l'un d'entre vous tombera, ce sera terminé pour tout le monde. »
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