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Chapitre 4 (9) : Count to three

On ne va pas dire que je suis prêt à me remettre au sport dans l'immédiat, si un jour j'ai été autre chose qu'une énorme branquignole. Mais ça m'aura au moins motivé à me bouger un peu. Emerens en est d'ailleurs très, très surpris, visiblement, de me voir revenir le matin après cinq ou dix minutes de tapis roulant histoire de me remettre un peu en forme.

Bon. Okay. C'est que cinq ou dix minutes tous les matins, et c'est pas demain la veille que je vais me transformer en John Cena. Mais au moins, y'a du progrès. J'ai moins mal au dos. Je suis moins ronchon. Je supporte mieux ces journées ou Ansgar décide que je dois donner un coup de main à l'effort de guerre et où je cours partout dans le cercle pour récupérer des infos.

Inutile de préciser que je reviens bredouille à chaque fois.

Ça fait deux semaines environ que je suis ce petit rythme. Hier, ça m'a même permis de trouver une espèce de salle de réunion au sommet, avec une vue sur à peu près tout le paysage amazonien. Malheureusement, pas les cercles suivants, entourés d'un mur bien trop haut pour voir au travers ; Tout ce que j'en ai vu, c'est une immense tour centrale. Mais on voit jusqu'à la Cordillère des Andes, c'est-à-dire pas mal loin quand même.

Et évidemment, en apprenant ma découverte, Ansgar a décidé de déplacer nos réunions de la salle de réception de l'hôtel à cet endroit, avant d'en organiser une pour le lendemain histoire de rendre compte des progrès d'Alannah.

Je doute énormément de la réelle utilité de ce genre de réunions au sommet. Mais on ne va pas protester face à Ansgar Kasjasdottir. Du coup, après ma petite séance d'entraînement du matin, plutôt que de prendre ma douche avant de retourner roupiller dans les bras d'Emerens, je me rhabille comme si je prévoyais de voir un grand nombre de gens dans la journée. Ce qui est un peu le cas, mine de rien.

Emerens, qui visiblement n'a pas les mêmes bonnes résolutions que moi, bâille depuis le lit en m'entendant arriver.

« ... Déjà debout, Thibs ?

— Eh oui mon vieux, ça s'appelle prendre soin de soi. Faut bien que je m'y essaie, de temps en temps. »

Il se redresse, avant de se frotter les yeux. La vache, on croirait que je viens de le réveiller. Enfin, c'est peut-être bien le cas...

« Je me réjouirais bien si je ne me demandais pas qu'est-ce que Seo-jun a bien pu faire pour te posséder. Sans mauvais jeux de mots. Voir Thibault Laangbroëk debout avant dix heures et plus encore pour faire du sport, c'est un évènement... »

Je lève les yeux au ciel.

« Me décourage pas, c'est déjà assez difficile comme ça de tenir le rythme. Bon, tu te lèves ou pas ? On doit aller voir Ansgar dans la matinée à la grosse salle de réunion, rappelle-toi, si on arrive encore en retard les gens vont se poser des questions...

— Je préfèrerais rendre les rumeurs fondées que me traîner à l'autre bout du cercle trois pour qu'on me rapporte une avancée d'un plan en quoi je refuse de croire de suite, grommelle Emerens, un rictus aigre sur le visage. Mais si c'est toi qui me le demandes, je me lève, Thibs, je me lève. »

Ce disant, il s'étire, me révélant une fois encore l'intégralité de son pectoral tatoué, avant de s'asseoir au bord du lit et raccrocher sa jambe artificielle. J'en profite pour m'emparer de quelques vêtements et de ma serviette avant de me tourner vers la salle de bain.

« Tu viens avec moi ?

— Sans offense, Thibs, ricane Emerens, mais tu pues le cochon crevé, et il y a des limites à mon affection. On remettra ça ce soir, si tu y tiens tant que ça.

— Franchement, mec, je rigole en me dirigeant vers la salle de bain, tu m'as fait des câlins avec pire que ça. »

Ouais, notamment alors que je me transformais en fontaine de larmes. Mais bon, on va pas donner d'exemples, ça vaut mieux. De toute façon, il a pas l'air de vouloir répliquer, vu qu'il se contente de hausser les épaules alors que je rentre dans la salle de bain.

Sans Emerens pour s'appliquer trente-six mille produits sur la peau et/ou essayer de faire et de me faire des conneries, ma douche prend beaucoup moins de temps que d'habitude. Quand je sors de la salle de bain ayant enfin cessé de puer, il est à peine habillé, les cheveux encore en bataille, et s'enfile minutieusement ses innombrables bijoux. Avec encore sa sale gueule du matin, mais bon, déjà, il est moins grognon que d'habitude.

« Pas de douche ce matin ?

— Flemme, je la prendrai ce soir, il me répond. Bon, est-ce qu'au moins j'ai droit à mon café avant qu'on aille droit à l'abattoir ?

— Évidemment que t'y as droit, gros, j'ai pas envie de mourir. Allez, bouge tes fesses, qu'on aille se droguer tous les deux à la sainte caféine, protectrice des étudiants crevés. »

Et puis je dis ça comme ça, mais j'ai bien envie d'un café, moi aussi. Autant s'armer de toutes les forces possibles pour affronter ce qui arrive, parce que là je crois bien que je suis loin, très loin d'être prêt...

Au bout du compte, il nous aura fallu un thermos entier de caféine, plus deux ou trois pâtisseries à droite à gauche, pour affronter la terrible réunion au sommet. Littéralement. Parce que même si le café rend Emerens beaucoup moins grognon, et même si manger après la douche et le sport fait suffisamment de bien pour que je sois d'à peu près bonne humeur, c'est dans un silence grave qu'on atteint, finalement, la salle de réunion.

Tout le monde y est, et, au vu de la quantité de cookies étalée sur la table à moitié bouffée, depuis longtemps. Mais cette fois, Ansgar ne nous fait pas de remarques sur notre retard. Iel est trop occupé.e à regarder les alentours dans le silence le plus profond, et plus particulièrement la vue depuis les baies vitrées.

Cette salle porte bien son devoir de réunion au sommet. Perchée sur un immense pilier, qu'on ne peut rejoindre qu'avec un ascenseur ou trois cents marches d'escalier au moins, elle permet une vue complète sur les cercles trois à six, et bien précise. Je vois comme si j'étais au-dessus le dôme de la rue aux mille secrets, transparent et recouvert de plantes sans doute pour éviter un effet loupe. En plissant un peu les yeux, en contrebas, l'entrepôt ou est mort Sparrow se détache, presque trop près du bord de la jungle.

Mais, et ça confirme mes impressions sur la structure de la cité, les cercles deux et un sont cachés derrière un immense mur dont on voit à peine le bout. Et comme je doute qu'on soit dans un cas de grande muraille de Chine ou rêve mouillé de président américain, il y a à parier que les deux prochains cercles vont être surélevés, voire même en structure pyramidale. Cette deuxième impression d'ailleurs confirmée par le fait que le cercle six semble plus bas que le cercle cinq.

Et puis, au loin, ce qu'Ansgar fixe avec tant d'attention, il y a le bout de la jungle amazonienne, et les sommets de la Cordillère des Andes qui nous narguent au loin, l'air de dire « coucou, je suis la frontière finale, venez donc tentez de me passer, vous qui êtes déjà enfermés ».

Ou alors je me dis ça parce que j'ai les boules d'être là depuis quatre ou cinq mois, au choix.

Emerens, lui, n'a pas l'air de vouloir vraiment se concentrer sur le superbe paysage des alentours. Il se contente de prendre place sur une des chaises, silencieusement, alors qu'Ibrahim lui jette un petit regard en coin. De mon côté, je m'installe à côté d'Alannah. Ce qui de manière purement coïncidente me fait me retrouver entre elle et Sachiko.

Cette dernière n'a pas cessé de me fixer depuis que je suis rentré. Moi, je ne lui ai pas parlé depuis ce petit épisode du couteau sous la gorge d'Emerens, et je dois bien avouer que c'est de mon propre chef. Ouais, je l'évite, y'a quoi. J'avais des trucs à réfléchir qui ne prennent pas en compte le fait qu'elle a manqué de poignarder à mort mon meilleur ami.

En tout cas, c'est à peine si elle cherche à initier le contact. Elle se contente de me fixer avec ses grands yeux que je n'arrive même pas à interpréter, même alors qu'Ansgar retourne sur sa chaise.

C'est le claquement de sa canne sur la table en acajou qui la détourne, enfin, de mon visage. C'est pas trop tôt.

« Bien. Nous sommes réunis ici pour discuter de l'avancée des différents plans en cours. Alannah, peux-tu commencer par nous dire où en est l'hélico ? »

En même temps, iel ouvre son ordinateur et commence à pianoter à toute allure. Alannah, ravie visiblement de pouvoir commencer, se lève d'un bond.

« Alors ! Déjà j'ai une bonne nouvelle, on est en pleine phase de fabrication des pièces détachées, et je pense avoir fini dans la semaine, s'il n'y a aucun souci avec la machinerie !

— ça nous rend très en avance sur l'emploi du temps du pire cas, ça, intervient Emerens. Tu as pu trouver des plans ? »

Alannah a un large sourire !

« Carrément ! J'ai dû attendre un peu, hein. Parce qu'il y en avait pas, au départ, dans l'ordi de l'usine. Ibrahim et moi, on a commencé à dessiner les plans de l'hélico le plus simple à concevoir possible... et puis alors que j'étais en plein dedans, le lendemain du mémorial, on a trouvé une clé USB pleine de plans de toutes sortes sur le perron !

— Il a fallu creuser un peu pour trouver l'hélicoptère idéal, renchérit Ibrahim. Certains des modèles n'étaient pas assez puissants pour neuf personnes, d'autres étaient impossibles à piloter sans formation avancée, et Alannah voulait un modèle qu'elle pouvait facilement modifier. Mais au final, on en a trouvé un qui convenait, et c'est là que j'ai été mis dehors. »

Il pouffe.

« Je crois bien que mon aide n'était plus nécessaire ici. Mais je ne m'en plains pas. »

Emerens a un léger sourire, les yeux baissés vers le bois de la table. C'est à peine si je l'entends murmurer son soulagement alors qu'Alannah tire la langue à un Ibrahim hilare. D'ailleurs, tout le monde semble rendu de bonne humeur par la nouvelle. Nako et Moanaura murmurent avec animation à leur bout de la table, Seo-jun a un large sourire et même Ansgar semble s'être considérablement détendue.

Il n'y a que Sachiko qui n'a pas frémi d'un pouce.

« Du coup, reprend Alannah, la mauvaise nouvelle c'est que comme j'ai fait plein de petites modifications techniques sur les plans, la phase de fabrication va prendre plus de temps, et je vais devoir rajouter du code correct, donc probablement une semaine de plus si je fais bien mon boulot. Mais on reste quand même dans la tranche de deux mois, donc pas d'inquiétude !

— Cela sera amplement suffisant, conclut Ansgar. Avec ces nouvelles données, besoin d'aide ?

— Je pense pas, non. Enfin, j'aurais p't'être besoin de Nako pour vérifier la syntaxe de mon code, réfléchit Alannah main sous le menton, mais à part ça si vous êtes pas qualifiés vous pourrez sûrement pas m'aider. J'ai pas besoin de chercher du matos pour l'instant, tout est sur place, et les machines fonctionnent correctement. Bref, tout baigne !

— Tant mieux. Quelque chose à ajouter ? »

Alannah secoue vigoureusement la tête avant de se rasseoir, souriante, et de me jeter un regard satisfait. Je me permets un petit sourire amusé. Comme Emerens, je n'ai pas spécialement envie de croire à ce plan avant de le voir réalisé ; mais la voir aussi fière fait beaucoup de bien à mon petit cœur.

« Bien joué, Alannah, je lui chuchote alors qu'Ansgar finit de prendre des notes. C'est du super boulot. »

Son visage s'illumine pire qu'un lampadaire. Mais pas le temps pour elle de répondre quoi que ce soit. Ansgar vient de relever le nez de ses notes.

« Bien. Et pour ce qui est des enquêtes accessoires, vous avez du nouveau ? »

... Alors vu les têtes d'Ibrahim et de Sachiko, j'ai comme l'impression que les nouvelles sont beaucoup moins bonnes qu'avec l'hélicoptère d'Alannah. Et visiblement, ce changement d'ambiance se remarque, fort. Nako fait la grimace, Moanaura cesse de sourire et Seo-jun serre les dents.

Je me disais bien que ça ne pouvait pas être si facile.

« Rien de nouveau, soupire Ibrahim. Contrairement aux Abysses, ce Monokuma là ne laisse pas traîner de documents importants au hasard. Je pense que la rue aux mille secrets reste le seul moyen efficace d'apprendre des trucs intéressants.

— Perso, j'ai trouvé une porte Monokuma, grommelle Sachiko. Encore une, toujours fermée. Mais pas moyen de prouver leur utilité, elles sont toutes verrouillées par clé.

— Par clé, tu dis ? Dans ce cas, demande Ansgar, il serait assez simple de demander à ce que chacun vide ses poches. »

Sachiko lève les yeux au ciel.

« J'ai essayé ça, tu crois quoi, Ansgar ? je suis même allée fouiller dans les chambres de tout le monde, y'a deux nuits, pour tenter de dénicher une clé. Tiroirs, vêtements, sols des chambres, rien. À croire que ce connard la cache dans le trou de son cul.

— ça limite les possibilités, alors, ricane Moanaura. Sans vouloir vexer certains, y'a certains trous du cul qui ont été plus visités que d'autres. »

Et là-devant vous avez un magnifique étalage de toux à fendre l'âme alors qu'Emerens et Seo-jun s'étranglent sur leur propre salive. Et ils offrent un sacré spectacle, sans vouloir les vexer. Seo-jun est rouge tomate, l'air à deux doigts de s'enfoncer dans la table, tandis qu'Emerens à l'air à moitié outré à moitié mort de rire.

Moi ? J'vois pas de quoi vous parlez. Laissez mon orifice anal tranquille, rien ne rentrera dedans et surtout pas une clé.

Enfin bref. Si on pouvait reprendre notre sérieux, ça m'arrangerait. Et se concentrer sur un autre élément des paroles de Sachiko que le trou du cul des gens.

« T'es allée fouiller dans nos chambres ?

— Bravo, Captain Obvious, elle ricane sans même me regarder. Ne t'en fais pas, je m'en voudrais de déranger tes petites affaires avec l'autre blondasse. »

Je lève les yeux au ciel.

« Je m'attendais pas à grand-chose de toi mais je suis quand même déçu. Et j'espère bien que tu n'es pas allée te cacher sous mon lit pendant qu'on était tranquilles.

— Pourquoi, ça parle mal de moi dans mon dos ? Pas que ça me changerait, hein, mais moi, je m'attendais à plus venant de toi. »

... ouch ça fait mal. En plein dans le mille, Sachiko, et c'est pas son petit sourire indéchiffrable qui va arranger les choses. Surtout qu'on a effectivement pas mal causé d'elle. Rien d'étonnant, quand j'ai en face de moi la poignardeuse de meilleurs potes, mais bon, ça pique un peu quand même.

« On reparlera plus tard de ça, finit par nous couper Nako. Même si je n'apprécie pas l'intrusion, force est de constater que je ne l'ai même pas remarquée et que de toute façon, on ne l'empêchera pas. Cette absence de clé sur les autres est quand même un élément déterminant de l'enquête. Cela pourrait vouloir dire que Seo-jun a raison et que la tête pensante de cette Tuerie n'est pas ici. »

Seo-jun a un petit sourire soulagé. De son côté, Ibrahim grimace.

« Ou que la clé est moins évidente qu'il n'y paraît. La serrure avait une forme particulière, Sachiko ?

— Pas une forme de serrure normale, ça c'est sûr. Mais c'est difficilement reconnaissable. Et je peux pas non plus vous piquer toutes vos affaires en métal et de petite taille pour aller tester ça, ce serait trop long, elle grommelle. »

Emerens porte une main à son cou, avant de grimacer, son regard noir braqué droit dans les yeux toujours indéchiffrables de Sachiko.

« Oui, s'il te plaît, Kimura, laisse mes bijoux tranquilles. J'y tiens, et je pense que tout le monde ici n'a que moyennement envie que tu fouilles dans nos affaires. »

Elle lève les yeux au ciel, avant de lui faire un doigt d'honneur fort peu amical. Mais pas de réponse supplémentaire. Marrant comme son attitude a changé avec le coup du poignard. Ou le coup de poignard.

« En attendant, reprend Ansgar, nous n'avons pas de nouvelles informations. Rien qui nous permette d'avancer l'une ou l'autre des théories énoncées par Seo-jun et Ibrahim. Je crains qu'il ne nous faille chercher davantage...

— Oh, des informations ? C'est des informations que vous voulez ? Mais avec le plus grand plaisir ! »

Tout le monde sursaute. Et avec raison. Parce que devant la porte de la salle de réunion se tient bien la dernière personne que j'avais en vie de voir ce matin, à savoir ce cher Monokuma, Ultime Artiste de son état, en chair, en os et en sourire railleur. Appuyé nonchalamment contre le cadran de la porte, une expression goguenarde au visage, il joue avec un chapeau haut-de-forme orné d'une plume et d'un ruban noir.

Un chapeau que je sens que je devrais rendre à Kagari Goto tant j'ai l'impression d'entendre les cris d'une fillette en émaner.

Emerens le fixe avec hargne, de même que Seo-jun et Ibrahim. Nako, Ansgar et Sachiko ne semblent pas très en forme non plus, d'ailleurs. Une vague de haine traverse littéralement la salle pour venir frapper en pleine figure notre bon vieux tortionnaire que je n'avais pas vu depuis l'ouverture du cercle trois, une vague que n'importe qui même pas du tout empathe pourrait être en mesure de sentir.

Mais s'il la perçoit, de toute évidence, il s'en branle complètement.

« Que fais-tu ici, Monokuma, siffle Ansgar, froidement, les deux mains sur le pommeau de sa canne. Tu n'es aucunement le bienvenu, au cas où tu n'aurais pas remarqué.

— Ah, parce que vous ne vouliez pas d'infos ? pourtant, c'est l'impression que j'avais en regardant les caméras...

— Viens-en au fait, grommelle Emerens. Au cas où tu n'avais pas remarqué, on est au milieu de quelque chose, nous. »

Monokuma lui jette un regard plein de dégoût, répondu par un œil froid d'Emerens et d'Ansgar, avant de hausser les épaules et de s'avancer vers la baie vitrée donnant sur l'extérieur de la cité. D'un pas presque trop lent à mon goût.

« Aaaaaah, la Cordillère des Andes... C'est un bel endroit, pas vrai ? A l'écart de tout, traversant plusieurs pays, berceau d'une ancienne civilisation aujourd'hui réduite à l'assimilation...

— Je ne te savais pas si amateur de culture, le coupe Ansgar. Et qu'est-ce que cela a à voir avec ce que tu voulais nous dire ? »

Monokuma se retourne vers luel avant de lui faire un sinistre clin d'œil.

« Avoir une culture historique et géographique est essentielle pour en tirer l'Art, ma chère. Mais la Cordillère des Andes n'abrite pas qu'un art ancien, voyez-vous. En ce moment même s'y déroule la plus audacieuse des formes d'Art nouveau, dans une forme encore jamais envisagée par le grand public ! Un exemple, si je pourrais dire, même si les acteurs ne sont loin d'être aussi emplis de potentiel que vous...

— ... Eh là, une minute, intervient Seo-jun, blanc comme neige. Je n'aime pas du tout ta manière de le formuler. Tu es en train de nous dire que là-bas, dans la Cordillère des Andes, il y a... Il y a... »

Un rire aigu de Monokuma le coupe dans sa phrase. Un rire plein d'une euphorie à nous glacer le sang.

« C'est exact, Seo-jun Yoon. Là-bas, dans la Cordillère des Andes, se déroule la deuxième des trois Tueries de cette année. Dites bonjour à vos collègues ! Dont je ne sais pas trop où ils en sont, d'ailleurs, pour ce que je sais il ne reste peut-être que des cadavres... »

... Sauf que je n'ai aucune envie de dire bonjour à qui que ce soit, dans la situation présente.

Parce qu'il y a trop de choses dans les mots de Monokuma qui me donnent envie de gerber mon déjeuner.

Une autre Tuerie. Si proche de nous et pourtant si loin. C'est vaste, la Cordillère des Andes, trop vaste. Pour ce que j'en sais, les corps des premières victimes sont perdues pour l'éternité, dans les profondeurs d'une crevasse inaccessible. Comment est-ce qu'ils ont pu seulement y installer un lieu de Tuerie ? Dans un bâtiment sacré d'une civilisation qui y vivait ? A quel point les Monokuma vont-ils accabler les cultures qu'ils rencontrent d'actes blasphématoires ?

... Et puis, il n'y a pas que ça.

Il y a aussi, le fait que...

Que...

« ... Trois ?!? »

Emerens est blanc comme un linge. Je l'ai à peine entendu se lever, et sa chaise n'a pas fait le moindre bruit en étant renversée. Ou peut-être étais-je trop perdu dans mes pensées pour l'entendre. Mais l'horreur dans le ton de mon meilleur ami, je peux la sentir. L'horreur qui traverse son regard alors qu'il se tourne vers la Cordillère des Andes, puis Monokuma, je peux presque la sentir glisser sur ma peau, s'infiltrer dans mon propre cerveau.

Trois Tueries.

Les trois Tueries de cette année.

C'est le score le plus élevé depuis 2016.

« ... C'est pas possible, continue Emerens, les traits figés dans un masque de désespoir. Il n'y en a pas eu... Il n'y en a pas eu autant depuis les trois premières. Depuis celle de Wen Xiang, de Neia, cette autre dont on a aucune info à part le Monokuma... »

... Certes, 2017 était une exception. Mais 2017 comprenait une Tuerie qui était la marque de l'impatience de l'une des Monokuma. L'Ultime Fabricante de Poupées, qui l'a payée de sa vie, est allée jusqu'à forcer quelqu'un. Et vu qu'elle ne s'est pas finie sur la volonté des Monokuma eux-mêmes, je ne peux pas vraiment la compter dans le lot.

Sauf que visiblement...

Visiblement, cette année, c'est loin d'être le cas.

Monokuma a un large sourire. Il remet son chapeau en place sur sa tête d'un large mouvement soigneusement calculé pour que la plume manque de faire éternuer Emerens, mais ce dernier ne semble même pas s'en préoccuper.

« Eh oui, van Heel junior. Trois. Bien décidées, bien ordonnées, bien en cours. Et si tu te demandes pourquoi une telle recrudescence dans notre âge d'or... »

Il rigole, fixe Emerens qui s'est crispé de tout son corps.

« ... Sache que deux personnes dans cette cité tiennent entièrement la faute pour un tel empressement. Et que je n'en fais pas partie. Allez, salut ! Bonne réunion au sommet, bande de sales gosses, j'ai hâte de voir votre mental se briser... »

Et c'est dans le silence général qu'il passe la porte, son sourire lui déchirant toujours le visage, alors que nous nous enfermons dans notre défaite.

Ce silence qui perdure.

Perdure.

Et perdure encore alors qu'Emerens se rassied, défait, alors que Seo-jun se ronge les ongles, qu'Ibrahim a les dents serrées, que Nako tremble de tous ses membres et que Sachiko regarde dans le vide. Et même, Moanaura et Alannah, les trois nouvelles venues qu'il reste, semblent très affectées par cette horrible annonce.

Parce que ça, pour être horrible, elle est horrible.

Trois Tueries. Ça fait, au bas mot, quarante-huit personnes victimes de cette horreur. Des nouveaux, comme moi, peut-être ; ou des camarades de classe de Nako, d'Ansgar et de Sachiko, voire d'Emerens, Seo-jun et Ibrahim. Peut-être même des gens qui ont connu Hope's Peak depuis l'aube, depuis le début de ce jeu de l'horreur.

Et les mots de Monokuma me perturbent.

Deux personnes qui tiennent entièrement la faute...

Pas besoin de théorie pour trouver la première. Mais la deuxième... Qu'est-ce que ça veut dire ?

Enfin, après un long temps de silence, Ansgar finit par pousser un profond soupir, les yeux fixés vers le pommeau de sa canne.

« Nous devons tirer le maximum des mots de Monokuma. Il n'est pas bon de s'enfermer dans le défaitisme si près de notre échappée. »

Je m'attendais à entendre des cris, ou même des murmures, de protestation. Mais étonnamment, personne ne dit rien. Pas même un regard en coin, ou un grincement de dents.

Étonnant.

« Deux personnes, soupire Ibrahim. Ici, dans cette cité. L'une d'entre elles est sans doute le maître de jeu, l'organisateur, tout ça. Puisqu'après tout, il est responsable de l'une d'entre elles. »

Seo-jun grimace, et Emerens pousse un profond soupir.

« Mais pour ce qui est de la deuxième... Je vois vraiment pas, grimace Moanaura. Il y aurait deux MasterMind ? Comment c'est seulement possible ?

— Le cas ne s'est jamais présenté, de ce que je sais, grimace Ansgar. Mais nous ne devons pas prendre pour argent comptant ce que Monokuma nous dit, non plus. La responsabilité peut se trouver ailleurs. Par effet papillon, par exemple. Je pourrais faire partie du duo, même s'il est étrange que j'aie provoqué trois Tueries alors qu'une seule suffit pour me tuer. Et mis à part ça, qui...

— ... Je crois que j'ai ma petite idée. »

Ansgar, suivi.e d'à peu près toutes les têtes de cette foutue salle, se tourne vers moi. Un sourcil haussé, la marque la plus discrète de surprise de tous. Les autres ayant tous l'air plus ou moins de poissons rouges sortis de leur bocal.

Je grimace. Est-ce qu'ils ont déjà oublié ?

« Développe, reprend Ansgar. Qui tu penses responsable ?

Je prends une profonde inspiration.

Je ne m'attendais pas à devoir leur rappeler, mais s'il faut que j'explique absolument tout le bordel pour qu'on puisse avoir une chance de relier les points, ainsi soit-il.

« C'est de moi dontil parle. Moi, et cette fameuse théorie qui m'a valu mon titre. »


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