Chapitre 4 (8) : Getting in shape
C'est pas croyable d'être d'aussi bonne humeur au beau milieu d'une Tuerie. Mais à ma défense, on a un moyen de s'échapper rapidos, on est encore neuf et le mec que j'aime m'a embrassé il y a une semaine dans un endroit de rêve avant de me dire qu'il m'aimait et qu'il voulait qu'on construise un truc ensemble.
Bon, le gros inconvénient de l'affaire est que j'ai toujours pas eu l'occasion de faire ma petite update à Emerens et Alannah en ce qui concerne notre relation nouvelle. Ce qui est pas très cool, mais pour ma défense, Alannah est en plein dans la conception des pièces de l'hélico et y passe parfois des journées entières, et Emerens passe de moins en moins de temps auprès de moi. Quand il rentre la nuit, il est épuisé et s'effondre sur moi avant de dormir.
Mais même si je dois me rappeler de ne pas les négliger, eux non plus, je suis sur un petit nuage depuis une semaine. Ibrahim me salue quand je le croise dans les couloirs, il me sourit, me fait des câlins, m'embrasse sur la joue, me dit des mots doux, et même quand il n'est pas là je suis perdu dans mes souvenirs que le collier que je porte autour du cou entretient avec une flamme plus ardente que jamais.
Parce qu'il m'a filé son collier, il y a une semaine. Son ancien collier de soldat, avec son nom écrit en anglais et en lao. En geste symbolique, qu'il a dit. Non pas que je devienne un soldat, mais plutôt qu'il fasse de moi la raison pour laquelle il l'est.
Un peu cheesy, mais je suis trop content pour m'en plaindre.
Du coup, je suis d'excellente humeur, et ça se ressent dans mon attitude. Comme je suis tout le temps souriant, les gens autour de moi sourient aussi. Moanaura m'a même félicité, sans arrière-pensée, malgré le fait qu'elle n'arrive toujours à rien avec Nako ; Quoique. Il y a peut-être eu du progrès, au mémorial. Mais j'ai préféré ne pas lui poser la question.
Je serai fouineur une fois l'euphorie retombée, et pour le coup je crois que ça ne va pas arriver avant un petit moment.
Les gens ont l'air sensibles à mon changement d'humeur, en tout cas. Parce que lorsque Seo-jun me croise, tout souriant, en train de presque bondir dans les couloirs, il éclate de rire comme un bro.
« Eh bé la vache ! t'es nourri au gay ces derniers jours ou quoi ?
— Certainement plus que toi, je lui lâche, pince-sans-rire. Toujours aussi frustré par le fait qu'Emerens partage ma couche ? »
Je suis un peu méchant sur ce coup-là, mais Seo-jun n'a pas l'air de s'en préoccuper. Il se contente de me filer une grosse tape sur l'épaule.
« Bouh qu'il est vilain. Et pour répondre à ta question, tu l'as la nuit, je l'ai le jour. Chacun son tour, mec. Après, on peut partager en même temps...
— Pas mon truc, mec. Et puis t'avais pas dit que j'étais pas ton type ? »
Ouais parce que bon, je suis pas sûr que se mettre à deux sur le même mec soit une bonne raison pour s'organiser un plan à plusieurs. Et puis bon, j'ai pas non plus super envie d'explorer cet aspect de ma sexualité en pleine Tuerie. C'est pas vraiment le moment, je prends déjà assez de risques entre Emerens et ma sale manie de crusher sur tout ce qui bouge, presque littéralement dans ce cas de figure.
Seo-jun continue de rire, l'air à peine vexé par le potentiel rejet.
« Ouais, mais écoute, c'est drôle. Et puis j'ai envie de voir Emerens galérer. Mais écoute, y'a d'autres moyens de s'éclater à trois qui n'impliquent pas de se mettre à poil... Tiens genre, ça te dit une petite baston amicale ? Je peux t'apprendre la boxe thaïe, ou un autre art martial... »
... Ouais alors Seo-jun, ce que je t'ai dit tient toujours, je suis et je resterai une putain de crevette et je tiendrai pas deux secondes dans un combat contre toi, même amical. Mais pour le coup, son enthousiasme est presque contagieux.
Au point que je finis par trouver un compromis.
« Tu sais quoi ? Avant de se bastonner, autant que je me remette en forme. Ça te dit, une petite séance de muscu ? Y'a une salle dans le cercle quatre, on devrait avoir la paix là-bas, t'en dis quoi ? »
... A croire que j'ai allumé une lampe dans ses yeux. Le visage de Seo-jun s'illumine comme si j'avais proposé de lui ramener la lune, et il me chope les mains entre ses paumes, un large sourire aux lèvres.
« Ah mais carrément ! Attends, j'ai une idée, j'vais chercher Ibrahim, il a sûrement des conseils à nous donner, en tant que Soldat... Bouge pas je reviens ! »
... Je ne sais pas si je dois être content ou avoir des regrets. Parce qu'encore Seo-jun, tas de muscles devant l'Éternel, c'est quelque chose. Mais alors montrer à quel point je suis maigrichon devant Ibrahim ? Je vais me ridiculiser à tous les coups en galérant avec une barre vide... Super, se rétamer devant son copain, meilleur moment de la vie.
... Mon copain...
Et voilà, les petits nuages roses sont de retour dans mon esprit. Allez Thibault, un petit effort, essaie de profiter, au moins, je suis sûr qu'il va y avoir plein de bons côtés à cette proposition. En plus, c'est moi qui l'ai faite, donc je ne peux pas me débiner...
Seo-jun ne tarde pas à me rejoindre. Avec Ibrahim qui a un sourire jusqu'aux oreilles, et me fait un grand signe de la main avant de s'emparer de la mienne. Merde, je suis si gay.
« Tu veux te mettre au sport, Thibault ? C'est une excellente nouvelle ! Je suis sûr que tu te sentirais mieux dans ton corps avec un peu plus de forme physique... »
Ce disant, sa main qui ne tient pas la mienne en otage appuie sur mes épaules, puis ma colonne vertébrale. Donc je me rappelle m'en être bien plaint hier. Je ne pensais pas qu'il l'avait retenu à ce point...
« Oh, les deux gays, raille Seo-jun, on y va ? On a de la muscu à faire et des exercices à travailler ! C'est pas le moment de se regarder dans le blanc des yeux !
— Faut pas l'écouter, je ricane, il est jaloux. Hein qu'il est jaloux ? C'est pas bien la jalousie, Seo-jun...
— Je ne répondrai même pas à cette petite provocation. Allez, on se bouge, et plus vite que ça ou je vous fais courir ! »
Oh, pitié, non. Je n'ai absolument rien à répliquer à cette petite menace mesquine, et Ibrahim qui est mort de rire emboîte le pas à Seo-jun avec toujours cet énorme sourire beaucoup trop adorable pour son propre bien. Seigneur Jésus, celui qui est mort sur la croix et pas sur l'ange, je suis si gay pour cet homme que ça en devient inquiétant.
Seo-jun nous entraîne rapidement dans les rues du cercle trois, puis du cercle quatre sans s'attarder sur quoi que ce soit, l'air de savoir où il va. Enfin, j'imagine qu'il a visité la salle de sport de notre parc d'attraction des Enfers plus tôt dans la Tuerie, cela ne m'étonnerait pas de lui.
Ce n'est que quand on passe devant le complexe hôtelier qui nous a accueillis les trois derniers mois qu'il se stoppe, le sourire un peu plus pâle qu'avant.
« ... ça fait bizarre de revoir cet endroit. »
Tu l'as dit, Seo-jun.
Jusqu'ici, dans les phases précédentes, on ne retournait pas vraiment sur les lieux des précédents crimes. L'entrepôt de Sparrow, la rue aux mille secrets pour Flor. Des lieux trop loin pour être visités de nouveau, ou inaccessibles pour des raisons de logistique via Monokuma.
Mais Ester et Houshang sont morts dans cet hôtel.
Et rien ne nous empêche d'y retourner, de voir les lieux où leurs cadavres gisaient.
Est-ce qu'il y reste leur sang maintenant que leurs procès sont terminés ?
Ibrahim pousse un profond soupir.
« Changer de lieu à chaque procès nous détache beaucoup des meurtres ayant eu lieu avant. Comme si nous remettions tout à zéro. Mais ce n'est qu'une illusion, malheureusement. Ansgar a raison sur un point, notre avancée se construit sur les cadavres des autres. »
Sa main se resserre sur la mienne. J'accepte bien volontiers le contact, au point même de me rapprocher un petit peu.
Seo-jun, de son côté, serre les dents.
« Autant bouger. Je commence à choper le bourdon rien qu'à regarder les lieux. »
Je suis bien d'accord avec lui, pour le coup. L'endroit me fout la gerbe, et je n'ai aucune envie d'entretenir mes idées noires.
Je n'ai donc aucun problème à ce qu'il nous entraîne plus loin sans perdre de temps, trop vite pour que je puisse jeter le moindre regard supplémentaire à l'hôtel.
Finalement, on arrive devant la fameuse salle de muscu. Située, visiblement, assez loin de l'hôtel, à la lisière du parc d'attractions qui me semble bien vide, maintenant. Pas le moindre bruit ne nous parvient des amusements de l'Enfer, ce qui m'indique qu'à moins d'un miracle, ce parc d'attractions ne fonctionnera plus pour nous.
Mais tant mieux.
Je n'ai aucune envie de retourner m'y enterrer.
Seo-jun passe la porte en silence, et nous voilà à l'intérieur des Enfers sur terre. Putain, j'ai déjà des regrets.
« Il y a des tenues de sport de toutes les tailles dans les vestiaires, il annonce en se dirigeant vers lesdits vestiaires. Inutile de se pointer en caleçon, les gars.
— Avoue t'aimerais bien, je marmonne dans ma barbe. Plus de matage pour toi, hein. »
Malheureusement pour moi, il m'a entendu, le bâtard. Et il me tire la langue avec un large sourire.
« C'est l'hôpital qui se fout de la charité, Thib ! J'aurais presque dû inviter Emerens pour voir ta réaction ! »
... Eh bien je suis très content que ce n'ait pas été le cas, je suis déjà suffisamment en train de décéder avec Ibrahim sans y rajouter la statue grecque, le dieu vivant, Apollon en personne, prêt à me sauter dessus pour me démontrer à quel point son corps est parfait sur tous les aspects ? Aies un peu pitié de moi, Seo-jun, je ne suis qu'une pauvre branquignole pansexuelle et très faible pour les beaux mecs plus encore androgynes...
Je préfère ne pas renchérir avant de me faire emporter dans un océan de railleries. À la place, je me dirige vers les vestiaires les plus proches, suivi par Ibrahim qui continue de sourire. Mais visiblement, pas Seo-jun, qui semble préférer s'installer direct sur les machines.
Si bien que quand Ibrahim referme la porte des vestiaires, nous sommes seuls dans un petit espace.
Que Dieu qui n'existe pas me garde de mes hormones.
Ibrahim, insensible à mes tourments émotionnels et hormonaux, s'assied sur un banc et commence à déboucler les boutons de sa veste comme si je n'étais pas en train de mourir de gay et de honte dans mon coin, à essayer de retirer mon propre t-shirt sans décéder face à mes côtes apparentes et ma peau qui retombe de manière bien flasque sur les os de mes hanches.
Heureusement pour moi qu'il me regarde à peine me changer, et que je peux passer une tenue de sport au hasard rapidement sans craindre de voir son regard du jugement sur la crevette que je suis. Ce qui laisse un autre problème, par contre. Vu qu'Ibrahim, par contre, met tout son temps à se changer. Et évidemment, j'ai vue complète sur son torse recouvert de cicatrices pendant un looooong moment.
C'est compliqué, évidemment, de faire comme si tout allait bien sans mater comme un con ou avoir l'air suspect à détourner le regard tout le temps. Et je ne suis évidemment pas discret, puisque Ibrahim surprend mon énième regard en coin sur ses pectoraux.
Bravo Thibault, bonjour la discrétion.
« ... Les cicatrices te dérangent ? Il demande, interrogateur. Je ne te blâme pas, je voulais juste savoir... »
... Ibrahim, ange de mes rêves et de la réalité, dans la pureté de ton innocence, est-ce que je dois vraiment t'expliquer que ce n'est pas les cicatrices qui me gênent mais tes muscles et pour une tout autre raison ? Raison de type j'ai envie de fourrer ma tête dedans que ce soit les pectoraux ou les cuisses... ?
Nan, nan, autant ne pas passer pour un pervers, même si mes hormones m'emmerdent, ce n'est pas le moment et surtout face à l'innocence d'Ibrahim. Mais du coup, va falloir vite trouver une excuse sans avoir l'air d'un connard, non plus.
« ... Nan, pas vraiment, enfin, je m'attendais pas à ce qu'un Soldat se ramène sans cicatrices, on est pas dans une histoire de Mary-Sue, je marmonne, toujours bien gêné. Mais bon, c'est... Différent, un peu. »
On va pas se mentir, hein, c'est la première fois que j'en vois autant. Et des très prononcées, en plus, le genre de blessures qui ont dû l'envoyer très, très près de la mort. Mais c'est pas vraiment ce qui me gêne le plus. D'une certaine manière, même, il les porte bien. Je ne sais pas comment. Ses airs de gros nounours tout doux qui tranchent un peu avec, peut-être.
Ibrahim hoche la tête. Ses doigts suivent le parcours d'une grosse marque lui traversant le torse, qui recouvre toutes les autres, même les plus profondes. Je vois son visage se durcir alors que ses doigts rencontrent l'endroit de la cicatrice qui marque l'emplacement de son cœur.
« Effectivement, c'est le lot du Soldat. Mais certaines sont plus évitables que d'autres. J'ai eu celle-ci lors de mon dernier massacre. Un ennemi m'a lardé avec son couteau en espérant que je cède ou que je meure sur le coup. Je n'ai fait ni l'un ni l'autre.
— ... Pendant ton massacre ?
— Le coup d'État de Daisuke, il soupire. Celui ou les soldats se sont servis d'un bouclier de civils, avant de se mêler à eux pour avancer. Il n'y avait pas que des civils, dans le lot. »
Je grimace.
« ... Tu as tiré pour ça ?
— N'essaie pas de me chercher des excuses, Thibault, grimace Ibrahim. J'ai tiré, quelques soient mes raisons mon acte n'en reste pas moins un massacre inexcusable. Mais ça explique ma cicatrice. »
... Autant que je ne fasse pas de commentaires supplémentaires, je vais encore me ridiculiser. À la place, je me rapproche de lui en silence, pendant qu'il enfile son T-shirt. Fin de la petite séance de matage, de toute évidence. Tant mieux, je vais pouvoir me concentrer.
Seo-jun ne nous a pas attendu. Il est en train de soulever de la fonte sur un banc non loin, les muscles des bras contractés et le visage rouge. La barre de poids se soulève et descend dans le silence le plus total, à peine coupé par ses bruits de respiration réguliers. Il a l'air tellement concentré que je n'ose pas le déranger, et à la place, je jette un œil aux alentours, pour voir quoi faire.
Souci ?
Je connais pas la moitié des machines et ce n'est pas la présence d'Ibrahim non loin qui va me permettre de me concentrer dessus.
Bordel, j'avais quoi dans la tête quand j'ai proposé une séance de muscu ?
Du plomb, comme celui qui constitue très certainement les poids ?
Enfin bref, je vais pas faire le con pendant une heure, ce serait vraiment la honte. La seule solution admissible est de tourner autour des différents instruments de torture pour trouver des trucs à faire. Ou alors, je peux juste soulever des haltères de deux kilos et conclure ma journée avec... Ce serait la solution la plus simple, mais bordel, ils vont me regarder super mal. Ou se moquer. Au choix.
Sans conviction, je tripote une machine au hasard, visiblement un truc de poids à soulever comme à peu près toutes les machines possibles et inimaginables. Mais visiblement, je m'y prends très mal puisqu'Ibrahim se matérialise presque à côté de moi.
« Tu as besoin d'aide, Thibault ? »
... Eh ça y est ça commence. Bon alors, je suis fier ou je suis honnête... ?
« ... un peu, ouais, je finis par céder. Tu as une idée de, euh, trucs qui pourraient me faire du bien ?
— Je suis pas spécialiste non plus, répond un Ibrahim souriant en se passant une main dans les cheveux. Mais si les machines ne t'inspirent pas, tu peux commencer par le tapis roulant. Ça aidera ton cardio et tes jambes, et tu pourras vraiment y aller à ton rythme... »
.... On va prendre bien gentiment le conseil et faire ce qu'il dit, hein. De toute façon, marcher, c'est pas comme ça que je vais me ridiculiser. Sauf si vraiment j'ai une démarche de merde...
Je trouve un tapis roulant dans un coin, qui par miracle n'est pas un de ceux qui sont inclinés de base, avant de m'installer dessus et de programmer mes trucs. Et de m'agripper en quatrième vitesse aux barres parce que je m'attendais vraiment pas à ce que ça démarre si vite.
Bon. Un pas après l'autre, ça ne devrait pas être si compliqué. J'ai fait une vitesse de marche, parce que bon le sport ça va bien cinq minutes, et il y a quelque chose d'apaisant à garder le même rythme sur un truc régulier. Avec la musique de la salle de sport, y'a moyen de zoner longtemps.
Enfin. Je zonerais longtemps si je n'avais pas mal aux jambes au bout de cinq putains de minutes.
Salut, vous avez demandé un branleur ?
Marcher me repose le dos, pour le coup, et c'est tant mieux. Mais alors les jambes. Ça tire dans les cuisses comme jamais et je souffle comme un rat sur le point de mourir, j'ai l'impression qu'on m'entend dans toute la salle....
Vous me reprendrez jamais à faire du sport. Jamais, jamais, jamais.
Et évidemment comme un malheur n'arrive jamais seul, je me fais remarquer des autres, de toute évidence. Parce que Seo-jun surgit à côté de moi comme s'il venait de se téléporter, avant de rigoler comme un con. Ça va, te moque pas, tout le monde n'est pas un dieu du culturisme.
« Tu vas te fatiguer pour rien si tu fais comme ça...
— Et vas-y, on fait comment, génie ? Je grommelle dans ma barbe. Dis-moi, monsieur le professeur, au lieu de te moquer. »
Il sourit un peu plus, avant de s'appuyer contre le tapis et poser sa main dans mon dos.
« Déjà, tu es bossu comme jamais, redresse-toi un peu. Ensuite, tu t'agites beaucoup trop. Quand tu marches, tu peux te tenir à la barre, hein, si jamais c'est trop pénible... »
Ce disant, il guide mes mains jusqu'à ladite barre, avant de pousser doucement dans mon dos pour casse la fameuse bosse. Putain de merde, ça fait mal.
« Voilà. Là, ça devrait être un peu mieux. Et puis, faudrait que tu boives, aussi, tu pars de rien pour le cardio et ça te fait transpirer comme un bâtard ! Je vais te ramener une bouteille, je reviens... »
... j'avoue, je sue comme un porc. Et à côté, lui, il est à peine rouge, et c'est tout juste si de la sueur se forme sur ses muscles. J'ai jamais autant haï les sportifs. Même si putain, le mec a des muscles de fou.
J'en ai marre. Moi aussi, je voulais naître avec la bonne constitution. Une bonne taille, des muscles respectables, des talents en sport. À la place, j'ai eu droit au petit don en maths et à la théorie annonciatrice de destruction. C'est vraiment pas juste.
Seo-jun, que je n'ai même pas entendu partir tant j'étais concentré sur la douleur en cours d'inflexion, surgit de nouveau cette fois à ma droite pour caler une gourde dans un creux du tapis que je n'avais même pas remarqué. Avant de me faire un clin d'œil.
« Et voilà mon vieux ! Pense à t'hydrater, tu sais, les muscles ça s'entretient... »
Et ce disant, il contracte son biceps droit, le tatoué, dans une pure position de boxeur cliché avec un nouveau clin d'œil à mon adresse. Gros, bordel, je dois dire que tu n'aides vraiment pas mon cardio avec tes conneries...
Enfin bref. Il se casse rapidement après deux ou trois nouveaux conseils, et me voilà sur l'instrument de torture sans espoir de fin. Avec une bouteille d'eau, au moins.
Je ne sais absolument pas quand et comment m'arrêter. Mais heureusement, ou malheureusement pour moi, mon corps répond à cette question pour moi, quand mes jambes finissent par lâcher sous mon poids et que je glisse du tapis dans un immense fracas de débile écrasé.
Ce qui ne manque pas d'attirer l'attention d'Ibrahim.
Ce dernier se précipite à mes côtés, avant de me soulever en douceur dans ses bras. Il pue la transpi et est tout poisseux de sueur, mais en l'occurrence je dois être encore pire, donc je fais pas la fine bouche, un câlin est un câlin...
« Doucement ! Le but n'est pas que tu t'épuises !
— Mouaif, je marmonne. Je crois que j'ai eu ma dose de sport pour aujourd'hui.
— Je crois aussi, lance Seo-jun. De toute façon, on y est restés bien assez longtemps, et j'avais des trucs à voir avec Ansgar. Allez tout le monde, on prend sa douche et on y va ! »
Enfin, la torture est terminée. Et en plus, ce n'est même pas moi qui y aie mis fin. Ibrahim me cale doucement sur son épaule, souriant, avant de me caresser les cheveux.
« On a bien mérité un peu de réconfort, pas vrai ? Une fois rentrés, je nous préparerai un bon smoothie, ça te requinquera... Et on pourra reprendre notre série tranquille ? »
Un smoothie et une petite séance de Netflix and chill (platoniquement parlant) sans avoir l'impression d'être Jabba the Hut ?
... Eh, mine de rien, il ya des bons côtés au sport.
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