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Chapitre 4 (4) : At knifepoint the true feelings prevail

Alannah a insisté, et quand je dis insisté c'est manqué de piquer une crise à la moindre petite marque d'objection, pour qu'on fasse le tour d'absolument toutes les usines aujourd'hui sans perdre de temps, et en voyant absolument tout ce qu'il y a à voir.

Ce qui fait que je cours partout depuis tout à l'heure, qu'on a tellement bougé après le repas que j'ai manqué de vomir mon pique-nique, qu'Emerens dort sur le dos de Seo-jun dans les plus purs privilèges de l'handicapé depuis tout à l'heure, et qu'on a sans doute vu toutes les usines à pièces détachées possibles et inimaginables du cercle trois.

Notez que je ne me plains pas, parce que le sourire de plus en plus rayonnant d'Alannah me donne la force de continuer à courir, et même si je pige que dalle à ses histoires de modélisation, de pièces détachées et d'ingénierie électrique, la voir aussi heureuse fait vraiment du bien.

Surtout quand on connaît la raison.

Un hélico. Un putain d'hélico qu'on va pouvoir construire et utiliser pour s'échapper.

Certes, ça va prendre du temps, un temps qui nous met en danger, certes, y'a plus simple à construire, genre des deltaplanes ou des parapentes, mais l'hélico est bien plus sécuritaire et nous permettra de nous poser directement en ville, plutôt que de prendre le risque de passer par la forêt amazonienne et se faire bouffer par des anacondas sur le chemin.

Eh, on sait jamais après tout.

Du coup, ouais, même si mon dos hurle sa souffrance, que j'ai déjà ravalé trois reflux gastriques et que je n'ai qu'une envie c'est de m'allonger par terre pour le plus bouger, je suis d'excellente humeur, et prêt même à encaisser encore deux ou trois heures de marche.

Même si je doute qu'on ait à faire ces deux ou trois heures de marche. Alannah a visiblement vu tout ce qu'elle voulait voir, et elle nous ramène droit au complexe hôtelier avec l'aide du bourdonnement de ses drones. D'ailleurs, plus on se rapproche, plus elle va vite, et même Seo-jun semble avoir de la peine à suivre. D'ailleurs, il finit par s'effondrer au sol, déséquilibrant du même coup Emerens qui est toujours endormi sur son dos.

.... Tu prends des risques, là, mon vieux.

« Oh, Alannah, tu veux pas faire une pause ? Mon chargement est genre, méga lourd...

— Ah non non non, on fait pas de pause ! Je veux voir Ansgar tout de suite pour tout lui dire, elle bougonne, les joues gonflées. Plus vite on met au point un plan plus vite je peux commencer à construire cet hélico !

— Ansgar va pas s'enfuir, je soupire. Et si Seo-jun tombe sur le dos avec Emerens dans son dos, on risque d'avoir des problèmes. Laisse-le récupérer, et à Emerens le temps de se réveiller, je suis sûr qu'on ira plus vite après... »

Les joues d'Alannah gonflent encore un peu. Mais elle ne proteste pas plus. Elle se contente de marmonner un truc avant de s'asseoir, et de sortir son écran de contrôle spécial drones, tandis que Seo-jun se débarrasse de son sac à dos non sans un certain plaisir.

« Ah. Putain, c'est beaucoup mieux. Il commençait à me péter le dos, l'autre...

— Parle plus bas si tu veux pas qu'il se réveille pour te foutre une tarte, je rigole. On parle du dragon, là, mon vieux. »

Seo-jun pouffe, avant de s'éloigner du corps complètement endormi d'Emerens avec une certaine prudence. Bon, au moins il joue la sécurité. On peut pas en dire autant d'Alannah qui s'est affalée contre lui comme si c'était un oreiller.

« T'as pas tort. Après vu comment il est en train de pioncer, je crois qu'on le réveillera pas de sitôt, à moins d'y aller. Tu veux tenter de la jouer belle au Bois dormant, ptêtre ?

— Fais le toi-même, je bougonne. Le connaissant, il va pas se réveiller mais me changer en peluche. Ou alors il va se réveiller me changer en peluche et se rendormir. Je sais pas ce qui est le pire.

«

Seo-jun a un petit rire.

« Merci, mais non merci. Les scènes romantiques, c'est pas trop mon truc.

— ça, j'avais remarqué. »

J'vous jure. Ça devient une perle rare, les garçons qui se préoccupent un minimum de la chevalerie et du romantisme... Enfin je dis ça, mais je suis vraiment pas un exemple. Un, je suis polyamoureux, donc mon conte de fées est plutôt dans le genre harem, deux, j'ai jamais pu faire une déclaration un tant soit peu imagée sans cringer mes grands morts.

... En parlant de déclaration, j'avais pas des trucs à dire, moi ?

Boooooooon. Je pourrai pas esquiver cette conversation avec Alannah très longtemps. Même si elle a pas trop l'air d'y penser, à l'instant présent, j'ai pas envie de la déplacer jusqu'à ce qu'on oublie tous les deux... ou qu'un malheur n'arrive. Mais, euh, je suis censé dire quoi pour rappeler ça à son aimable attention ? Au fait on devait pas parler de la fois où tu t'es jetée à mon cou avant de m'embrasser à pleine bouche la veille d'un meurtre qui nous a empêchés de discuter ?

Paye ton ouverture, vraiment, le must du must.

Je lève les yeux vers le soleil, essayant de trouver une distraction quelconque dans le blanc des nuages. Mais si je cherchais des nuages, c'est raté ; on est en aout, très près de l'équateur vu la température, il fait au moins trente-cinq degrés et il n'y a pas un seul nuage dans le ciel, juste un soleil des plus aveuglants qui même de derrière moi m'éblouit.

On va pas regarder le ciel trop longtemps, hein.

« Perdu dans tes pensées, Thibault ? Me lance Seo-jun. Sans vouloir te vexer, je t'imagine pas en philosophe.

— Vu le nombre de gens qui me prennent pour Amane, on pourrait croire, je réplique, aigre. Je peux pas réfléchir en paix dans ce monde de brutes ?

— Je crains que non. Emerens est en train de se réveiller, il rigole en montrant du doigt ledit Emerens en train de s'étirer au sol. Notre temps de cerveau disponible va bientôt prendre fin.

— Pas très gentil, ça, Seo-jun.

— C'est mon pote, j'ai un passe-droit. Salut, princesse ! Il lance en rigolant alors que ladite princesse cligne des yeux. On émerge de son sommeil de cent ans ? »

Emerens se redresse sur un coude, avant de se frotter un œil non sans un énorme bâillement. Qu'il me transmet, bien évidemment. Sympa, mec.

« J'aimerais bien, moi, mais j'ai pas vu de prince charmant me faire un bisou. Qui s'y colle ?

— l'option la plus logique, rigole Seo-jun, c'est Thibault. Mais Thibault avait trop à penser pour vouloir te faire cet honneur, visiblement, donc bon, si tu veux, il reste que moi ou Alannah... »

... Si on pouvait éviter de plaisanter là-dessus je vous prie, c'est vraiment pas le moment. Surtout qu'en soit on s'est pas vraiment embrassés, par là j'entends sobre et/ou dans un autre cadre que, hem, les activités de chambre. J'ai vraiment pas envie de me dévouer maintenant, et encore moins devant Alannah. Même si elle a l'air d'être pas mal au courant et d'accepter le fait que je suis polyamoureux, ça me mettrait dans une situation assez compliquée...

Et puis visiblement ça n'a pas l'air d'énormément convaincre Emerens. Qui vient de se redresser en tailleur avant de nous regarder en silence, chassant Alannah de son coussin dans un cri de protestation. Alannah qui vient de me jeter un petit regard en coin. Puis un autre. Puis un autre. Bordel de merde, je suis vraiment mal barré.

« Si tu veux mon avis, Seo-jun, Thibault avait déjà trop à penser avec sa propre princesse... J'en déduis que je vais devoir attendre mon tribut. »

... Merci, Emerens, toujours un plaisir. Les regards en coin d'Alannah viennent de s'accentuer, et je me sens vraiment super mal à l'aise. Oui, bon, ça va, je sais, on doit causer, mais là, vraiment, comme ça ? t'as vu à quel point tu me pousses sous le bus ? Et Seo-jun qui ne voit rien ! Nan, il rigole, cet idiot !

« Princesse ou pas, je vois pas ce qui l'empêcherait de t'adresser son amour éternel, enfin, après le temps que vous avez passé à vous tourner autour... »

... Je vais vraiment mourir d'embarras. Je devrais faire un truc, mais quoi, bordel de merde ?!? Putain, Seo-jun, on t'a déjà appris à déchiffrer l'atmosphère d'une pièce, espèce de gros lourdingue ?

Emerens me regarde. Regarde Alannah, qui a l'air de plus en plus rougissante. Puis, pousse un profond soupir avant de bondir sur ses pieds.

« Tu sais quoi ? Je crois que tout compte fait, je veux bien le bisou maintenant. Allez, ramène-toi.

— Eh là, lance Seo-jun, je t'aime beaucoup et je suis pour mais je parlais pas de moi là ! Depuis quand tu délaisses ton cop– »

Sa phrase est coupée net. Mais à sa défense, c'est dur de parler lorsqu'Emerens Van Heel a coincé votre menton entre ses doigts au point de bloquer vos joues.

Ce dernier le regarde avec un... Certain air autoritaire alors que les joues prises dans le terrible étau du pauvre Seo-jun prennent soudain une couleur rouge tomate.

« Discute pas et viens avec moi. Tout de suite. »

... Eh bien ça a le mérite de lui clouer le bec. Après un petit « j'te suis » étranglé, c'est un Seo-jun vachement aplati et étrangement en sueur qui suit Emerens derrière un bâtiment, Emerens qui le traîne par la nuque comme un chaton. C'est... Assez cocasse, mine de rien. Et je suppose que je le remercierai plus tard.

Puisque du coup il n'y a plus qu'Alannah et moi sur les lieux.

Alannah en train de se triturer les doigts avec embarras.

... Bon. Retour à la case départ, mais sans distraction spéciale gays, cette fois.

Après un moment de silence particulièrement lourd, Alannah finit par se racler la gorge.

« ... Hem. On croirait pas Seo-jun comme ça, hein ?

— Nan, je soupire. Je comprends mieux ce qu'il me disait sur le pétage de dos. »

Même si bon, garde du corps, il est dans la position habitué à se prendre des ordres par excellence. C'est plus Emerens qui me surprend, pour être honnête, mais je préfère ne pas trop m'étendre sur ce sujet. Hem.

Alannah a un petit rire. Un peu gêné, mais je trouve que c'est déjà pas mal.

« Ouais... Buff comme il est, on croirait qu'il a plus d'autorité. Enfin bref... »

Elle soupire.

« Désolée. C'est devenu gênant, hein ? »

Pause.

« On va pas se mentir, je finis par marmonner, un poil.

— Ouais. Je vois. Désolée. Mais je pense que t'avais raison, hier, quand tu m'as dit qu'on devrait discuter plus dans le calme. J'étais clairement pas dans mon état normal. »

Elle hausse les épaules, se rapproche un peu de moi.

« T'sais, je t'aime beaucoup, Thibault. Je veux dire... Beaucoup beaucoup. Mais euh... C'est un peu ma toute première relation sérieuse, si... On peut dire ça comme ça. Je sais pas trop comment gérer.

— Eh, qui c'est qui s'est jeté sur moi pour m'embrasser l'autre fois ? Je pense que niveau gestion tu fais mieux que moi, je ricane. On est sur du haut niveau, là quand même.

— Mais euh ! C'était pas pareil d'abord, elle s'exclame, les joues gonflées. La fois dernière... Bah je t'aimais bien, quoi, t'étais mignon, mais je pensais pas que ça allait être beaucoup plus que juste un truc léger. Je veux dire... Je pensais que t'étais okay avec ça, vu que, bah, tu sors avec un aromantique, les relations pas sérieuses ça doit te connaître, même si, même si je voulais pas dire que votre relation elle est pas sérieuse hein ! Rah... Les mots c'est compliqué... »

Elle prend son visage entre ses mains, alors que ses joues prennent une délicate couleur écarlate. Oh génial, je suis de plus en plus embarrassé maintenant. Comment vous voulez que je réponde à ça moi ? Je suis un truc sérieux où je suis un truc léger pour elle ? Enfin je dis pas ça parce que je suis soûlé, mine de rien elle a un peu raison, je m'en branle pas mal, elle me plaît beaucoup mais je respecte ce qu'elle veut, tout ça...

... Mais j'aimerais bien savoir ce qu'elle veut avant de me faire à une quelconque idée.

Ou de prendre une décision pour moi, en fonction de l'endroit où nous sommes.

« ... Mais après le meurtre, elle finit par continuer, les yeux baissés, bah, je me suis rendue compte que... Que je voulais pas que ce soit toi. Que je voulais pas que tu meures comme ça, que... ça serait pire si c'étai toi qui disparaissais qu'au hasard, Nako ou Moanaura... Et pourtant je les aime bien, toutes les deux, enfin, tu vois, quoi...

— Ouais. Ouais, je vois. »

Je vois, parce que je comprends très bien ce que ça fait de tenir à quelqu'un plus qu'on ne le pense, de ne s'en rendre compte que devant un cadavre et les pleurs d'une femme qu'on ne pensait pas aimer autant.

Et je vois ce que ça fait d'être perdu dans ses sentiments entre l'inconnu et la Tuerie.

Ouais, ouais, je fais ma séquence philo, mais je suis passé par là tous les deux derniers mois avant de me décider à lui rouler une pelle. Je parle, bien évidemment, d'Emerens. Bravo, les génies.

Alannah, toujours les yeux baissés, renifle.

« ... Enfin voilà. Après je sais pas ce que tu veux toi non plus, t'as p't'être plus l'habitude que moi... Et je sais qu'avec la Tuerie, tout ça, c'est facile de vouloir vivre toute sa vie d'un coup. Mais je... Je sais pas, je crois que j'ai peur de tout perdre si jamais ça va trop vite. Et je crois que... »

Elle relève la tête. Derrière ses yeux rougis, un sourire hésitant se dessine sur son visage.

« Je crois que j'ai vraiment pas envie de te perdre. »

Je tends la main.

Mes doigts se resserrent sur la sienne.

« Ouais. Moi non plus, j'ai pas envie de te perdre. »

Son sourire s'élargit. Et bon, puisque je suis lancé, autant que je continue.

« Franchement, au point où j'en suis, je crois que je m'en fous, si tu veux juste une relation d'ado sans engagement ou si tu veux que ça devienne sérieux. Nan, vraiment, je grommelle alors qu'elle ouvrait la bouche. J'suis un peu paumé, perso, j'ai pas envie qu'on parte trop vite non plus, Tuerie ou pas. Mais bon. Je tiens à toi, Alannah, j'ajoute alors que mes joues rougissent presque à vue d'œil. Et j'ai envie qu'on puisse construire un truc tous les deux. »

Elle sourit encore plus. Merde, elle est vraiment trop chou.

« Donc... On est ensemble ? »

Je sais pas quel miracle s'est déclaré sur mon visage. Mais je souris aussi. Et j'ai vraiment l'impression d'être heureux de l'être.

« Ouais. On est ensemble. »

Elle se jette dans mes bras d'un grand geste, avec un petit rire qui sonne comme un carillon à mes oreilles. Et moi, comme le grand idiot béat que je suis, je la serre contre moi avec tout le bonheur du monde.

Je viens de me gagner une copine. Je devrais avoir peur, avoir la trouille de la voir mourir dans peu de temps. Les risques pèsent toujours et maintenant qu'elle peut nous faire sortir, le danger qui rôde autour d'elle vient encore de grimper d'un cran. Mais en cet instant précis, je suis juste heureux.

Bon, la déontologie me dit que je devrais en parler à Emerens et mon bon sens que ça m'expose à une vie entière de railleries. Mais je m'en préoccuperai plus tard. Laissez-moi être heureux un peu. J'en ai besoin.

« On devrait... P't'être récupérer les deux autres, nan ? Finit par dire Alannah après quelques minutes d'euphorie engourdissante. Avant qu'ils ne fassent un peu plus que se rouler des pelles... »

... Elle marque un point. Je la lâche donc à contre-cœur, avant de me relever et de l'aider à faire de même. Me prenant du même coup une remarque sur la chevalerie.

Eh bien elle commence bien, cette relation.

Emerens et Seo-jun ne sont pas allés bien loin. Et bizarrement, on ne les retrouve pas dans une position compromettante. Au contraire, ils sont tous les deux assis au sol, un air sérieux sur le visage, et visiblement Seo-jun était en train de parler vu que quand je me pointe de derrière lui, j'entends la fin de sa phrase.

« ... Je comprends que ce soit pas ton truc mais tu peux pas être indépendant à tous les coups, mec, tu comprends ? On aurait pu éviter plein d'emmerdes si t'avais juste parlé de ça... »

Emerens pousse un profond soupir. Visiblement, notre arrivée le sauve, d'ailleurs, vu qu'il bondit sur ses pieds au moment où il nous voit et qu'un sourire se dessine sur son visage en nous voyant main dans la main.

Oh, génial, ça commence.

« Tiens donc, c'est qu'il s'est passé des trucs pendant qu'on, hem, discutait ?

— Je veux pas savoir en quoi consistait la discussion, je lance, aigre. J'ai eu ma dose de tes « petites » manies. »

Il hausse les épaules.

« Eh, contrairement à vous j'imagine, il s'est pas passé grand-chose. Il perd vite l'humeur, ces temps-ci, Seo-jun. »

Ce dernier rigole, mais je vois bien dans ses yeux qu'il est pas ravi du détournement de sujet. De quoi ils parlaient tout à l'heure ?

Enfin, quoi qu'il se passe, Emerens vient de magistralement mettre fin à la conversation en sautant sur ses pieds d'un mouvement presque trop fluide.

« Enfin. On en reparlera plus tard, Seo-jun, si tu veux bien. Je crois que j'ai un interrogatoire à mener, moi. »

... Pas de doute, c'est bien mon meilleur ami, ça. Son insupportable manie de fourrer son nez dans mes affaires est de retour. Et bizarrement, ça me rend plus content qu'autre chose.

Je crois que j'aurais pas aimé qu'il me fasse la tête tout le reste de la Tuerie.

« Y'a pas d'interrogatoires qui tienne, bougonne Alannah. Faut qu'on retrouve Ansgar et Nako, et Ibrahim, Moanaura et Sachiko ! On a plus important que, bah, ça ! »

Emerens rigole, mais ne proteste pas. Il se contente de se poster à côté de nous, le temps que Seo-jun se relève, avant de nous suivre sur le chemin du retour.

On a pas à aller bien loin. Le groupe entier, incluant les gens en attente et les autres explorateurs, semble s'être retrouvé non loin de l'hôtel. Tout le monde à l'air d'humeur... très variable, je pourrais dire, vu les têtes de certains. Moanaura est rayonnante, Nako semble attendre un truc, Ansgar est songeur.se, Ibrahim peu ravi, Sachiko carrément renfrognée. Et visiblement, notre arrivée ne les change pas d'humeur. Ansgar se contente de nous faire signe de venir.

« Enfin, vous êtes là. Alors, vous avez découvert quelque chose d'intérêt ?

— Ah mais carrément ! S'exclame Alannah. Tu devineras jamais ! »

Enfin, elle ne lui laisse pas vraiment le temps de deviner. Ansgar a même pas le temps d'en placer une qu'elle se lance dans un résumé de notre journée et de ses explorations, décrivant tout des différentes fabriques à la possibilité de construire un hélicoptère sans trop de soucis de matériel et de ressources.

Son discours semble toutefois remonter l'humeur générale. Ibrahim a un léger sourire, Nako semble au pire ravie, et Moanaura saute de joie en entendant Alannah décrire une possibilité de sortir.

« Enfin ! On a une chance de s'en tirer sans trop de dégâts !

— Il faudra mettre toute notre énergie dans la construction de l'hélicoptère, la tempère Ansgar. Et s'arranger pour que personne ne meure d'ici-là.

— Oh, franchement, si on peut sortir, je pense pas que qui que ce soit MasterMind excepté veuille vraiment commettre un meurtre de plus ! Enfin, ôtez-moi d'un doute, il reste quelqu'un en mesure de piloter un hélico ici ?

— Oui oui, moi. Je peux me débrouiller, sourit Ibrahim. J'ai pris des classes là-dessus, les deux dernières années. Bon, il va falloir que je cause avec Alannah pour être certain d'être en mesure de piloter le modèle qu'elle va fabriquer, mais ça devrait pouvoir se faire.

— Eh bah voilà, c'est réglé, sourit Moanaura, éclatante. D'ici quelques semaines on est tous dehors ! »

Je vois Sachiko grimacer. Emerens non plus ne semble pas franchement convaincu, ce que je peux comprendre, en toute honnêteté. Mais sur ce coup-là, j'ai pas envie de lui rappeler les risques. Les mettre en lumière ne fera que les rendre plus tangibles.

En plus, l'enthousiasme de Moanaura est contagieux. Alannah, évidemment, est souriante comme jamais, et Nako est en train de pleurer de joie. Même Ibrahim, que je croyais un peu plus pessimiste, a un sourire sur le visage.

Lae seul.e à relativement garder son calme est Ansgar. Qui fait claquer sa canne sur le sol.

« Ce serait une opportunité inouïe, à la condition que chacun arrive à se coordonner avec les autres, et que nous partagions le même souhait. J'attends de chacun la plus grande docilité dans l'établissement de ce projet, lorsque nous auront réussi à nous arranger. Et par chacun, je veux bien évidemment dire vous compris. »

Son ton se durcit sur ces derniers mots. Avant qu'elle ne pointe sa canne d'un geste brusque sur les deux sceptiques, qui fixent sur elle, étonnamment, exactement le même regard peu convaincu.

Sachiko hausse les épaules, l'air de ne pas vouloir protester. Par contre, Emerens hausse un sourcil.

« Tu t'attends encore à de la docilité de la part d'Ultimes, Ansgar ? Après trois chapitres d'échecs ? »

La tension grimpe de deux crans.

Les paroles d'Emerens ont plus claqué dans l'air qu'un coup de fouet. Les trois euphoriques se sont stoppées net dans leur étalage de joie, Ibrahim vient de hausser un sourcil éberlué, et Seo-jun à l'air à deux doigts de faire une crise d'apoplexie. Sans parler de Sachiko. Je sais pas si à l'instant précis elle a envie de l'étrangler ou de l'étriper mais dans tous les cas le résultat est le même.

Ansgar, est, évidemment, lae seul.e à garder son calme.

« Il ne s'agit plus de notre survie incertaine. Il s'agit d'une chance bien tangible de s'échapper. Dans ce cas, j'estime que vous pouvez mettre de votre côté votre indépendance pour coopérer.

— Oh, on peut. Bien sûr. Mais si cette chance s'avère être un échec, on reviendra à la survie incertaine. Et vous n'avez pas l'air d'envisager que tout ce qu'on peut tenter a une chance d'échouer. »

Son ton se durcit au moment où il prononce ce dernier mot.

Échouer.

... On pourrait échouer.

Pas seulement à cause d'un meurtre. Monokuma pourrait nous en empêcher, ou on manquerait de quelque chose de capital. Et au moindre couac...

Tout part en couille.

« ... Tu plaisantes, mec ? Finit par dire Seo-jun. Échouer ? C'est une des meilleures chances qu'on a eues pendant les six derniers mois !

— Et une autre de ces meilleures chances, soupire Emerens, je l'ai tentée au tout début de notre emprisonnement, et ça n'a pas marché. Vous ne pouvez pas m'en vouloir d'être sceptique ? »

La grimace de Sachiko creuse encore plus son visage. Et de leur côté, Moanaura et Alannah, qui nous avaient accompagnés lors de notre fameuse descente du pylône, semblent perdre un peu de leur enthousiasme.

Parce qu'il a raison. On avait eu une excellente chance, en début de Tuerie, et à la fin, quelque chose d'indépendant de notre volonté nous en a empêché. Même pas un piège préparé pour l'occasion par Monokuma. Non, notre propre incapacité à accomplir quelque chose.

Vu comme ça, je ne peux pas vraiment lui en vouloir de nous rappeler les risques.

« J'entends, soupire Ansgar, appuyée sur sa canne. Mais raison de plus pour se coordonner. Maintenant que nous sommes neuf, ce sera, hélas, plus facile qu'à seize.

— Et quand on sera sept aussi, ce sera plus facile, et cinq, siffle Emerens, venimeux, et quand on sera cinq, on pourra sortir sans rien avoir à faire, ce genre de détails. À chaque cercle on se dit la même chose, à chaque cercle, il y a quelque chose qui se passe mal. Même avec ceux qui paraissent les plus raisonnables, fatalement, quelque chose ne leur conviendra pas. Tu n'arriveras à rien en exigeant d'Ultimes une complète docilité, Ansgar. Un génie, c'est un esprit libre. Et un esprit libre prospère dans le chaos. »

Ansgar plisse les yeux. Devant les regards et les silences de tout le monde fixant la confrontation, iel fait quelques pas, légers, avant de s'arrêter à quelques mètres d'Emerens, et le regarder dans les yeux avec tout le calme possible.

Étonnamment, iel n'a pas l'air en colère du tout.

« Dans le chaos, dis-tu. Penses-tu qu'Aldéric, que Ruben, qu'Ade, auraient bénéficié que je leur laisse la bride sur le cou ?

— Aldéric sans doute pas, je le reconnais, il soupire. Et Ruben avait besoin de soutien que personne n'a été en mesure de lui donner, moi le premier. Mais tu ne peux pas nier que ça s'applique à Ade. Elle a cherché, de toute évidence, à s'échapper d'un cocon étouffant que tu ne faisais rien pour briser, peu importe les solutions que tu avais. Et j'en ai fait les frais, Ansgar. On en a tous fait les frais. Ester, Houshang, Nako, toi, moi, les autres, tout le monde. Alors je ne pense pas parler en hypocrite quand je dis qu'on doit tous apprendre de ses erreurs sur ce point.

— Parce que toi, tu as une solution peut-être, monsieur le contestataire ?!? »

Ah. Je crois que Sachiko n'y tient plus. Elle vient de pointer un doigt furieux dans sa direction, brisant le duel de regards que se livraient l'Ultime Romancier et l'Ultime Dictateurice d'un de ses hurlements bien placés. Qu'elle met à profit pour se placer pile entre les deux opposants, face à Emerens, son regard plein de haine vrillé dans ses yeux.

« Que je sache, tu n'as pas énormément protesté quand il s'agissait de faire la fête et rouler des pelles à tes potes, encore moins quand tu as donné ce foutu verre empoisonné à Ester ! Tu te crois bien placé pour nous faire la morale, Jésus ?!?

— Je ne fais pas la morale, Kimura, siffle Emerens. Je fais un constat. Et le constat est qu'en pensant que s'amuser nous ferait oublier la Tuerie, je me suis rendu responsable d'un putain de meurtre. Je pense que j'ai bien le droit de pointer l'erreur ?!?

— Oh, franchement, t'as le droit de rien du tout ! »

Le poing de Sachiko se lance en avant.

Droit vers sa tempe.

Sou nos yeux ébahis, alors que je suis paralysé, incapable de faire quoi que ce soit d'autre que hurler de surprise.

Emerens, toujours doté de ses fantastiques réflexes, pare le coup d'un revers de la main. Je vois son propre poing se lever en représailles, mais sa garde est grande ouverte. Pas besoin d'être un combattant pro pour le voir.

L'avertissement de Seo-jun se perd dans le vide alors que le second poing de Sachiko l'atteint à l'estomac, le pliant en deux sous l'effet du choc.

Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il encaisse bien. Son uppercut atteint Sachiko en plein sous le menton alors que Nako pousse un cri, et que Moanaura se fait envoyer bouler de manière presque littérale par un des deux bagarreurs en tentant de les séparer.

Je les vois s'échanger un regard plein de haine alors que l'échange de coups continue, Emerens ayant empoigné une touffe de ses cheveux et Sachiko les doigts serrés sur son T-shirt. Et puis, cette dernière porte sa main à sa poche.

Et je ne me rappelle que trop tard qu'elle m'avait mis un couteau sous la gorge avant que son poing droit ne décrive un immense arc de cercle, illuminant devant elle un éclair de métal blanc.

Emerens n'a que le temps de se pencher en arrière pour éviter de se faire égorger sur place. Mais il a perdu l'équilibre. Et un coup dans sa jambe artificielle le fait basculer au sol d'un coup sec alors que je bondis vers eux.

Dans ma tête, une seule pensée.

Ne faites pas ça.

Une paire de bras me retient dans mon saut. C'est Ibrahim, qui a les yeux écarquillés et ses deux mains autour de ma taille. Il ne me regarde même pas, il fixe Emerens s'écrouler au sol, l'air sortant de ses poumons dans un souffle sec.

Je vois toute la panique dans son expression.

« S'il te plaît, il me dit dans un murmure presque muet. Ne tente pas le diable. Tu vas te faire tuer. »

... Je vais me faire tuer ?

Moi ?

Ce n'est pas moi qui suis au sol sans défense, sonné alors que mon adversaire a un couteau et aucune peur de s'en servir.

Sachiko, babines retroussées, ne perd pas son temps à attendre qu'Emerens reprenne ses esprits. Ni une ni deux, elle lui atterrit sur la taille. Lève haut les bras, les deux mains sur la garde de son couteau.

J'entends un sifflement dans l'air.

Ou peut-être est-ce mes oreilles.

La lame s'abat.

...

Silence.

Emerens a les yeux écarquillés, les dents montrées. Allongé au sol, incapable de bouger, il fixe Sachiko, à dix centimètres de son visage, les yeux plissés dans une pure expression de rage froide. Sa respiration, rapide, le rend plus blême à chaque minute qui passe. Son expression n'a plus rien de calme.

Ses poings sont serrés sur les poignets de Sachiko, bloquant la progression du couteau.

Dont la pointe de la lame caresse sa gorge.

Aucun d'eux n'a poussé le moindre cri.

Ansgar s'avance de quelques pas. Mais un regard de Sachiko l'incite à se stopper net. Cette dernière est en nage, incapable d'avancer davantage le couteau, malgré toute la force que je sais qu'elle possède.

Ce coup d'œil ne prend qu'une seconde avant qu'elle ne se refocalise sur Emerens en-dessous d'elle.

« Dis-moi, petit génie, je l'entends demander, ses mots se détachant clairement dans le silence choqué, réponds à une question. Tu penses qu'il se passerait quoi, pour nous tous ici, si je te tuais maintenant ? »

Emerens écarquille encore les yeux.

Je le vois se figer doucement, les doigts tellement serrés sur les poignets de son assaillante que ses jointures deviennent encore plus blanches que le reste de sa peau. Son regard ne se détache pas de celui de Sachiko, qui le fixe toujours avec haine, une haine presque calme, le genre de haine qu'on pourrait croire rationnelle.

Un mépris sans nom.

Un mépris sans nom qui la rend tout à fait capable de le tuer.

Elle va le tuer.

Si je ne fais pas quelque chose, elle va le tuer.

Elle va le tuer, j'en suis aussi sûr que je savais qu'elle ne pourrait jamais m'égorger moi ce jour-là. Il n'y a rien d'un test dans son attitude. Si elle pouvait, je me dis, si elle pouvait, ce couteau serait déjà dans sa gorge. Ce qui la retient, ce ne sont pas ses morales.

C'est l'instinct de survie de sa victime.

Je me débats dans les bras d'Ibrahim. Ibrahim qui semble presque trop choqué pour intervenir. D'ailleurs, ils font tous la même tête. Oui, y compris Seo-jun, qui doit être habitué à ce genre de chose.

Il n'y a qu'Ansgar qui semble fixer la confrontation avec intérêt.

La question qu'a posée Sachiko plane toujours dans les airs. Je vois le regard d'Emerens se voiler, ses yeux se détacher de Sachiko pour se plonger dans le vide.

Et puis, ses jointures se desserrent.

La pointe du couteau effleure sa gorge.

Et en même temps qu'une goutte de sang coule le long de sa pomme d'Adam, ses lèvres s'entrouvrent, pour murmurer quelque chose, deux mots dit d'un ton dénué de toute trace de sentiment.

« ... Bonne question. »

Sachiko cligne des yeux. Je vois le couteau reculer, s'éloigner de sa gorge. Et c'est à ce moment que je réussis à me détacher de la poigne d'Ibrahim.

J'ignore quel talent je trouve dans mon pauvre corps meurtri. Mais je parviens à bondir en avant et arracher le couteau à Sachiko avant qu'elle ne reprenne ses esprits.

« Bon ! ça suffit les conneries, par pitié ! Ce n'est vraiment, vraiment pas le moment de voir un meurtre arriver ! »

Sachiko se tourne vers moi. Ses yeux étincellent de choc.

« Rends-moi mon couteau. »

Je grimace.

« Écarte toi d'Emerens. »

Je m'attendais à ce qu'elle fasse plus de difficultés. Mais elle se lève sans trop protester des hanches de ce dernier, avant de s'éloigner en silence. Sur le chemin, elle m'arrache le couteau, avant de le ranger dans sa ceinture sans même m'accorder un regard.

Elle se contente de jeter un œil en arrière, indéfinissable, dans la direction d'Emerens toujours assis au sol.

Avant de disparaître dans une ruelle adjacente.

_____

Not gonna lie, je crois que c'était une de mes scènes préférées à écrire :,))

Salut ! Ça faisait longtemps les notes d'auteur, hein. Je fais juste un petit passage pour rappeler à ceux qui arriveront jusqu'ici que la FAQ de fin de parcours d'AoD est encore ouverte et attend vos questions. et aussi pour signaler que comme AoD est finie et TAoCH vient de dépasser la moitié, voire les deux tiers dans quelques temps, on arrive bientôt à la fin de ma contribution au NCU, du moins pour le moment-

Du coup j'aimerais bien si possible (je poserai sans doute la question ailleurs pour les retardataires) que vous me disiez tous les points que vous n'avez pas compris/ne savez pas dans mes deux Tueries, afin que je vous prépare un final de kalitay- Parce que si il y a un truc dont j'ai horreur, ce sont les questions d'importance majeure jamais répondues, donc j'aimerais autant éviter de faire ça.

Voilà voilà-


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