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Chapitre 4 (18) : Past lovers

Depuis ce, ahem, petit épisode, Alannah est encore plus survoltée qu'avant. Elle vit travail, elle mange travail, elle dort travail, et je crois bien que tout ce que je vois d'elle, ce sont les nouvelles que m'apportent, de temps à autres, Ibrahim et Seo-jun sur la construction de l'hélico. Et même si d'un côté je suis heureux qu'il avance bien, de l'autre, ne plus voir Alannah ne m'apporte pas vraiment de bonheur.

Sauf que vu que je ne la vois plus du tout, impossible de la raisonner. Et impossible aussi d'aller la voir sur son lieu de travail, parce que je ne sais même pas où elle est, en ce moment. Et visiblement, je ne suis pas le seul dans ce cas. Moanaura aussi la cherche, et Sachiko a l'air de celle qui l'a perdue de vue.

Ce n'est pas franchement rassurant.

Sachiko, d'ailleurs, m'a bien charrié sur les marques que je me traînais au niveau du cou, la dernière fois. Je sais pas comment elle a compris qu'il ne s'agissait pas d'Emerens, le coupable, mais elle s'en donne à cœur joie. Pas un seul moment de répit, ce que je trouverais presque drôle si je pouvais en rire avec Alannah.

Ça fait bien une semaine, maintenant. L'hélico est en phase de test finale, il ne vole pas encore, mais Alannah compte lui faire son premier test de poids avec Ibrahim prochainement. C'est sans doute pour ça qu'elle est aussi occupée. Et que je n'ai pas beaucoup vu Ibrahim non plus. Lui, plus les travaux avancent, plus je le sens stressé. Stressé que tout capote ?

Du coup, de temps à autres, je me surprends à toucher du doigt l'espoir que ce soit fini, qu'on puisse enfin s'en sortir. L'espoir que cet hélico ne soit pas de la poudre aux yeux, qu'on soit neuf survivants, soit le plus haut score jamais vu pour une Tuerie disons conventionnelle.

Et puis après, je vois Ansgar passer, l'air préoccupée, et parler avec Nako ou Seo-jun, et je lève de nouveau ma garde.

Parce qu'Ansgar a raison. Iel a tiré, sans le moindre doute, les leçons des meurtres de Ruben et d'Ade. Iel est maintenant en patrouille constante, accumule nos rapports, monte des schémas d'information auxquels iel me demande, parfois, de participer. Je ne suis pas d'une grande aide, mais ça m'occupe, et ça me permet de réfléchir.

Aujourd'hui, d'ailleurs, Ansgar est avec Moanaura et Seo-jun. Et moi aussi, du coup. Les trois essaient de faire un résumé de ce qu'ils savent des alentours, et de si Monokuma est venu leur parler. Même si j'en doute. Ils n'ont pas l'air d'être très enclins au meurtre, eux.

Mais cette conversation aura au moins permis de me confirmer que les seuls au courant des explosifs, officiellement du moins, étaient moi-même, Ibrahim, Sachiko et Ansgar. Soit quatre sur neuf. Alannah ne semble pas être au courant, selon Ibrahim, Moanaura et Seo-jun n'ont rien vu de particulier, Nako ne l'est pas non plus, mais ça, je le savais déjà, et Emerens... Bah, j'imagine qu'il m'aurait au moins prévenu, si c'était le cas.

Moanaura est assise sur une table non loin, en train de fixer l'écran d'Ansgar. Seo-jun, quant à lui, tourne en rond comme un loin en cage. Les deux ont l'air pas mal stressés. Ça tranche avec le calme d'Ansgar.

Cette dernière finit par en avoir marre. Iel pousse un profond soupir, se décale de son ordinateur et leur jette un regard sévère.

« Voulez-vous bien vous calmer un peu ? Le stress ne changera rien à notre situation !

— Facile à dire, marmonne Moanaura. Vous êtes en train de nous dire que... Que vous pensez que Monokuma va cibler l'un d'entre nous pour le faire tuer un autre, ce afin de nous empêcher d'avoir accès à l'hélicoptère ? »

Son anglais est presque parfait, je remarque seulement maintenant. Il s'était beaucoup amélioré au cours des derniers mois, certes, mais là, elle parle presque aussi bien qu'une native. J'imagine que c'est le don des langues des Ultimes. Ou un effet secondaire de notre cerveau extrêmement adaptatif.

Ansgar hoche doucement la tête.

« Oui, mais il n'empêche que stresser n'y changera rien. Au contraire, si Monokuma nous vise, les gens stressés seront plus faciles à atteindre.

— Il me convaincra pas de tuer même si je devenais chauve à cause de l'anxiété, ça, vous pouvez me croire, elle grommelle. Mais je m'inquiète pour les autres. Ibrahim va pas bien, Emerens a une excellente raison de vouloir sortir vite, Alannah aussi, Nako aussi, un peu, vu que sa copine est toujours pas à l'abri, on en est à pas loin d'un mois et demi de construction de l'hélico et c'est toujours pas fini... C'est maintenant qu'il peut se passer un truc, vous voyez... »

Seo-jun grimace. Et moi, je déglutis. Elle a raison, et cela m'angoisse. S'il peut se passer un truc, c'est maintenant. Maintenant, ou jamais, puisque l'hélico est bientôt fini, et Alannah réduira peut-être même la phase de tests juste assez pour nous permettre de nous poser en terrain ami.

On entre en pleine phase critique, et je n'aime pas ça du tout.

Ansgar, de son côté, a un petit haussement d'épaules.

« Alannah est très peu susceptible de tuer. Son hélico est son moyen de sortie, elle n'en démord pas. Et pour les autres, je suis leur profil psychologique avec attention. Ibrahim est tout le temps sous surveillance, d'une certaine manière, de même que Nako. Et je pense que Sachiko ne lâchera pas Emerens d'une semelle. Elle s'inquiétait de ses disparitions régulières, je lui aie donc dit de le suivre à la trace, et pour l'instant, elle ne m'a rien rapporté de suspect. »

Seo-jun fait une nouvelle grimace.

« J'aime pas vraiment ça... Mais faut reconnaître que c'est assez safe. Essayer de s'isoler, on a vu ce que ça donnait, avec Ruben, et Ade, d'une certaine manière.

— Très juste. Ces méthodes ne sont pas les meilleures pour un groupe de génies, mais force est de constater qu'elles portent leurs fruits. »

Moanaura serre les dents. Si elle avait son sabre, j'aurais presque craint qu'elle ne découpe Seo-jun en deux, mais je ne vois pas l'arme à son côté  alors qu'elle se lève d'un bond, ses bottes faisant un bruit sonore sur le sol. Elle balaie la pièce du regard, avant de me jeter un œil un peu inquisiteur.

« Dis-donc, Thibault, t'as pas des idées, toi ?

— Des idées sur quoi, je marmonne. Sois plus spécifique, on est pas au bac de philo. »

Elle pouffe.

« Un peu tout. Mais si tu me demandes de choisir un sujet, sur l'organisateur, sur pourquoi est-ce qu'on peut construire un hélico avec autant de moyens, tout ça. J'crois que c'est le genre de théories qui nous servirait. »

Je hausse un sourcil. Maintenant ?

« On a pas dit qu'on abandonnait la recherche ?

— On a dit qu'on prioriserait l'hélico, réplique Moanaura. Mais moi, je me dis que quelque part, on a toujours besoin d'avoir des pistes sur le bâtard qui nous a mis ici. Du coup, je me demande ce que t'en penses. »

... Ouais, ça se tient. Et ça a l'air d'intéresser Ansgar, aussi, vu sa tête. Même Seo-jun s'est arrêté de tourner pour écouter.

Je me prends le menton entre les mains. Qu'est-ce que je pense de ces histoires d'organisateur...

« Déjà, je commence, c'est assez clair que le but de celui-ci, ce n'est pas simplement de s'amuser ou de faire de l'Art, comme le premier connu. Pour ça, on a Monokuma, et Monokuma a au moins trois muselières et un collier étrangleur, pour être poli. Impossible qu'ils aient le même objectif. Et celui de l'organisateur prévaut sur le sien.

— C'est assez rare, ça quand même, grimace Seo-jun. Je veux dire, l'organisatrice des Abysses avait son propre objectif, mais c'est celui de Monokuma qui a primé.

— Au final, aucun des deux n'a été accompli, soupire Ansgar. Mais Seo-jun a raison. C'est un cas exceptionnel. Ce qui ouvre des possibilités intéressantes.

— Ouais, je grommelle. On pourrait se demander, par exemple, si les Monokuma en tant qu'organisation n'ont pas un intérêt dans le fait que cet organisateur accomplisse son objectif. Il y a peut-être un truc derrière qui ferait avancer leur lutte. Ou alors, ils veulent se débarrasser de l'Artiste. »

Moanaura secoue la tête.

« Nan, ça, ça m'étonnerait. T'as vu le Fan quand il est arrivé, il avait pas l'air de le voir comme un renégat, ou quelqu'un d'indigne d'être un Monokuma. En plus, pour se débarrasser d'un Monokuma facilement, tu le fourres avec un Ultime Assassin armé. À part moi, personne était armé dès le début, et surtout pas d'armes à feu.

— Oh, on ait jamais, réplique Seo-jun avec une pointe d'humour. Rien ne nous prouve que tu ne sois pas l'Ultime Tueuse à gages. »

Il voulait sans doute tous nous faire rire, mais Moanaura se hérisse d'un seul coup.

« J'ai un code d'honneur, Yoon ! Et puis, si vraiment c'était le cas, j'aurais agi bien plus tôt, tu ne crois pas ? »

Seo-jun se rembrunit. En même temps que nous, d'ailleurs, parce que même si personne n'a ri à sa petite blague, la colère de Moanaura ne nous a pas vraiment aidés.

« En toute honnêteté, pas forcément. Parce qu'il faudrait pouvoir atteindre le maître de jeu avec, et c'est beaucoup moins facile quand tu ne sais pas qui c'est. »

Elle grimace, mais ne semble pas vouloir protester plus.

« Ouais. Ouais, t'as raison. Mais mon point reste. Monokuma n'a vraiment pas l'air d'être un renégat. Et il suit plutôt bien les règles, contrairement à la Fabricante de Poupées. Justement, le truc, c'est qu'il en suit beaucoup trop. C'est presque comme si c'était... Un plan établi, tu vois ?

— c'est ça qui me semble bizarre, je soupire. Le fait que Monokuma se plie à un plan. Je pense qu'il en fait partie, pas qu'il en est à l'origine. Et l'organisateur est celui qui tire les ficelles. Mais pourquoi les Monokuma permettraient ça, je ne sais pas. Ça va à l'encontre de toutes les règles des Tueries que Satou nous a décrites... »

Et c'est ça qui me fait me demander beaucoup de choses. Car si l'instigateur est celui qui a créé tout le plan, Monokuma compris, qu'est-ce qui l'empêche de s'être mis à l'abri ? Rien. Mais qu'est-ce qui l'empêche d'être parmi nous et de garantir sa survie à une Tuerie ?

Rien non plus.

Et putain, c'est compliqué. Il y a tellement de paramètres à prendre en comptes que ça commence à faire trop. À part que c'est fait exprès pour me griller le cerveau, tiens...

Moanaura finit par hausser les épaules.

« Ouais, donc en somme, t'es pas plus avancé qu'avant. Tant pis. On en parlera en sortant lorsque Ansgar nous fera ses analyses de dossier, j'imagine.

— En effet, intervient cette dernière. Et d'ailleurs, à ce propos, Moanaura, j'aimerais te poser quelques questions. Cela concerne surtout ton identité, donc si tu le peux, nous pouvons le faire en privé. »

Le visage de l'Ultime Capitaine se tord en une grimace assez évocatrice. Elle suit néanmoins Ansgar sans broncher vers une pièce à côté, les mains croisées dans le dos. En espérant, je me dis, qu'elle ne tente pas de nous tuer Ansgar au passage. Je ne suis pas sûr qu'une canne, ce soit le meilleur pour se défendre face à un sabre.

D'ailleurs, je remarque seulement maintenant qu'elle ne l'a plus à son côté. Quelque chose l'a convaincue de le laisser au placard ?

Ne reste plus que Seo-jun et moi dans la pièce. Et ce dernier ne semble pas vraiment s'en réjouir, vu qu'il pousse un profond soupir.

« Alors. Pas vraiment de preuves que le mec soit là ou pas, selon toi ? »

Je grimace. C'est vrai que lui, depuis le début de cette phase, avait l'air pas mal en déni sur ce point. J'ai pas franchement envie de briser ses illusions, mais il faut bien reconnaître que briser des rêves, c'est le lot de toute Tuerie existante. La nôtre compris.

« Ouaip. En fait, on a de preuves sur rien, c'est ça qui me chiffonne. Même pas sur le fait que Monokuma veuille le tuer aussi. Si ça se trouve, le mec est même pas Désespéré.

— Très franchement, un mec capable de nous sortir un truc aussi barge qu'une cité volante est au mieux pas bien dans sa tête, grommelle Seo-jun. Mais ouais, je vois. Et ça me soûle. »

Ouais. C'est vrai. Mais d'un autre côté, il existe bien des manières de ne pas être bien dans sa tête autres que le Désespoir. Les gens complètement sadiques qui prennent juste leur bonheur dans la souffrance d'autrui existent aussi, même sans être inexorablement attirés par le vide.

Quelque part, ça rend le discours des Monokuma vachement hypocrites, de laisser s'en sortir le sadique et de tuer celui qui a besoin d'aide.

Mais il n'y a pas que ça qui m'embête.

« Aussi... Monokuma n'y a sûrement pas fait attention, j'ajoute, mais ça fait plusieurs fois qu'il emploie le pronom « elle » pour désigner quelqu'un qui semble être au-dessus de lui. Son associée, d'abord, puis une personne qui visiblement, l'empêchait de tuer Emerens. Voire de tous nous punir, quand j'y pense. »

Je ne peux pas croire que ce soit anodin. Un pronom, ça a une importance, surtout le féminin, surtout en anglais, alors qu'il y a une option neutre. Je suis presque sûr que c'est un indice, délibéré ou non. Il y a une fille, ou juste quelqu'un utilisant le pronom elle, d'impliqué dans cette affaire.

Et si on réduit ça à notre groupe...

Seo-jun se crispe.

« Moanaura, Nako, Sachiko, Alannah, Ansgar. Si c'est une de nous, c'est une de ces cinq-là. Reste à savoir qui a le plus d'autorité sur lui...

— Ansgar en a peut-être, je grimace, traversée d'un frisson. Je veux dire, c'est clairement la plus autoritaire d'entre nous, et le fait qu'elle nous ait laissé des options pour s'échapper fait sens... Je veux dire, si on parvient à s'évader et retourner à la Fédération, même les Monokuma ne pourront plus la pourchasser, et si elle a vraiment une telle autorité, elle doit en savoir assez sur eux pour les faire chanter...

— On va pas s'avancer trop loin, me coupe Seo-jun avec une horrible grimace. Si on part dans des théories fumeuses, on risque surtout de se faire tuer. »

Je me tais. Il a raison, dans un sens. Si ce n'est pas Ansgar, ce qui serait quand même le plus probable au vu de ses antécédents, on risque d'attirer la méfiance pour rien. Et si c'est elle... Eh bien, allez simple vers les Enfers avec une réduction sur notre billet de train.

Seo-jun a les yeux perdus dans le vide. Visiblement, il semble s'être un poil trop perdu dans ses souvenirs.

Je me rappelle un peu trop tard de pourquoi est morte la première victime des Abysses.

« Allô ? Seo-jun, ici, la Terre, je marmonne. Tout doux, les flashbacks traumatiques. »

Il sursaute.

« Désolé. Perdu dans mes pensées.

— Parce que t'as peur qu'on refasse la même erreur que certains, pas vrai, Seo-jun ? »

Visiblement, j'ai frappé en plein dans le mille. L'ultime garde du corps vient de se figer. Avant de me jeter un regard où se reflète toute la détresse possible et inimaginable.

Un moment, je crains qu'il ne me fasse comme la dernière fois. Qu'il change de sujet et se casse, ou juste ignore ma question, ou se mette à me crier dessus, comme avec Emerens. Mais il se contente de pousser un profond soupir. D'un seul coup, enfoncé dans son canapé, il me paraît déjà plus petit.

« Ouais, on va dire ça comme ça. »

Je hausse les épaules.

« T'sais, au point où on en est, ce ne sera plus le même genre d'erreur.

— Ouais, mais... Fin, j'ai vu moi-même où ça pouvait nous mener, les accusations hâtives. À croire que j'avais même pas tiré de leçons de ... De sa mort avant d'arriver ici. »

Il pousse un profond soupir. Je le vois se racornir encore un peu davantage.

« ... Kichiro, il finit par soupirer, les yeux vides, il avait fait de la lutte contre le Désespoir son objectif de vie. Après la sortie de sa Tuerie de Wen Xiang Monogatari... Il avait recueilli toutes les informations possibles sur le Projet Renaissance, les Monokuma, le Désespoir. C'était quelqu'un de très investi. Plus que ça, passionné.

— Une passion qui l'a mené loin, je présume, » je réponds, un tantinet ironique.

Seo-jun a un haussement d'épaules.

« Je sais pas trop. J'imagine qu'il en savait beaucoup, mais il ne le partageait jamais avec moi. C'était un indépendant, un solitaire. Des fois, j'avais l'impression de veiller sur un mur de briques.

— Pourquoi il t'a engagé, alors, s'il était à ce point solitaire ? »

Il ricane, amèrement.

« Même les gens solitaires peuvent avoir peur pour leur vie. Surtout aussi plongés dans les affaires d'état japonaises que l'était Kichiro. Il avait la double nationalité américaine, ce qui faisait qu'en plus, les gens se méfiaient de lui. Je crois qu'il craignait de se faire tirer dans le dos à tout moment. Ça n'a sans doute pas fait du bien à son mental. Mais pourtant... »

Pas faire du bien à son mental, c'est dire. Kichiro a fini par être le premier Désespéré des Abysses, et même pas le meurtrier. J'imagine qu'au fond de lui, il croyait bien faire, mais je doute fortement que ses actes aient été faits en toute clarté d'esprit.

C'est dommage quand même. S'il était vraiment si investi que ça, il devait regorger d'infos. Sur les Monokuma, le Projet Renaissance, et tout le bordel. Sauf qu'il a dû les amasser tout seul, et je suis bien placé pour savoir que les gens seuls vont rarement parfaitement bien.

« Pourtant, reprend Seo-jun avec de la souffrance plein la voix, il était tellement passionné parce qu'il faisait... Ses recherches, son travail, tout. Il voulait vraiment être celui qui trouverait un remède au Désespoir... Je l'ai vu éplucher absolument tous les articles de journaux qui retraçaient des évènements louches, les thèses de psychiatrie, les témoignages des survivants... Et à chaque fois, il avait une telle lueur dans le regard... »

Ses poings se serrent. Son dos est si courbé que je ne vois même plus son visage. Pourtant, ça ne m'empêche pas d'entendre les sanglots qui se cachent dans ses paroles, prêts à sortir au moindre mot de trop. Et avec, les larmes.

« Je suis tombé amoureux de ce regard, soupire Seo-jun. Et chaque geste qu'il avait ne faisait que me faire chuter plus loin dans le gouffre. Un amour non réciproque, évidemment. Il n'avait d'yeux que pour son travail. Et pour sa sœur.

— ... De manière pas très saine, si je me souviens bien, je grimace. Et toi, il te remarquait même pas ? »

Seo-jun hausse les épaules. Ou peut-être est-ce un premier sanglot. Je ne sais pas.

« Non... Et ce n'était pas faute d'essayer, il me répond d'une toute petite voix. J'ai été le meilleur employé possible pendant l'année que nous avons partagée. Emerens poussait même le vice jusqu'à aller me donner un coup de main, autant qu'il pouvait, parfois trop. Rien à faire. On a peut-être partagé quelques moments, ensemble, mais en 2018, il a été kidnappé presque sous mes yeux, alors que j'avais baissé ma garde. Et il est mort dans la Tuerie. »

... Ouais. Kichiro, première victime, tuée en plein meurtre. J'imagine que Seo-jun ne peut même pas se dire qu'au moins, il n'aurait pas cédé au Désespoir. C'est... Vraiment moche.

Je m'assieds à côté de lui, mais c'est à peine s'il me remarque. Il a la tête entre les mains, le dos courbé. En cet instant, le colosse est bien plus petit que moi, recroquevillé dans sa souffrance.

« ... C'est Reina qui est venue nous l'annoncer, il soupire. À moi, et à Emerens, ce qu'il s'était passé au premier des meurtres des Abysses. C'est tout ce que j'ai eu. Une annonce, et quelques mots de réconfort. Je l'ai aimé pendant des mois et je n'aurai même pas pu voir son corps, lui dire adieu correctement... Et je vivrai jusqu'à la fin de mes jours en me demandant si j'avais une chance. »

Je lui pose une main sur l'épaule. C'est à peine s'il réagit. D'un autre côté, ça m'arrange, moi, parce que je sais vraiment pas ce que je pourrais lui dire.

Je n'ai jamais été doué avec les mots. Plus encore pour un deuil.

« ... Au moins la vie continue ? Je finis par dire. Tu as été engagé par Ansgar, tu es toujours vivant pour porter sa mémoire, tout ça tout ça...

— Ouais, et regarde où ça nous a mené, il grimace. La cheffe suprême de la Fédération du Nord et moi, dans une Tuerie avec deux chances sur trois de mourir. Pas besoin d'être probabiliste pour comprendre qu'au moins l'un de nous ne s'en sortira pas. »

Il pousse un profond soupir.

« Écoute, Thibault, c'est sympa d'écouter. Mais je crois que tu comprends pas. Tu comprends pas ce qu'il se passe, ce que ça fait d'avoir perdu des gens qu'on aimait dans une Tuerie. Et je te le souhaite pas, sincèrement. Mais quand même. »

... Je vois vraiment pas quoi répondre à ça.

Et de toute façon, j'en ai pas l'occasion, puisque la porte de l'hôtel vient de claquer sur le mur avec un bruit à lui en arracher les gonds.

En un clin d'œil, Seo-jun passe de loque au bord des larmes à machine de combat. Il bondit sur ses pieds, poings en avant, et ne se détend même pas alors que celle qui déboule dans la pièce, en sueur, c'est Sachiko, une expression grave sur le visage. Mais d'un autre côté, voir l'éternelle souriante dans cet état, c'est un peu matière à me donner des sueurs froides.

Je me relève, un poil plus doucement que l'autre ressort, et Sachiko qui vient de nous remarquer pousse une exclamation de soulagement.

« Ah putain, enfin des gens !

— Il y a un problème, Sachiko ? »

Elle secoue la tête.

« Je m'inquiète sûrement pour rien. Mais bon, au cas où, l'un d'entre vous aurait-il vu l'autre blondasse, aujourd'hui ? »

Je hausse un sourcil. Emerens ? Étonnamment, d'ailleurs, je me souviens pas l'avoir vu. Ou alors très peu, au cours de la dernière semaine. Il venait sûrement se coucher, puisque je voyais ses vêtements bouger... Je crois. Mais après... Que dalle.

Seo-jun hausse un sourcil. Je vois ses poings se desserrer.

« Emerens ? Non, pas vu depuis longtemps... Et toi, Thibault ?

— Pareil... »

Sachiko, qui semblait plus guetter ma réponse que celle de Seo-jun, a une horrible grimace.

« Bon ben dans cecas, on est bien dans la merde. Parce que ça fait plus de trois jours que je l'aiperdu de vue. »

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