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Chapitre 4 (16) : Being the big person

Les jours se suivent et se ressemblent, comme toujours d'une certaine manière.

On finit par prendre l'habitude. Et moi, j'espère prendre des bonnes habitudes. Je veux dire, j'vais faire un peu de sport tous les matins, à force ça va bien finir par se sentir. Après, direction la chambre pour se doucher, puis on bouffe, puis on prend des nouvelles d'Alannah, puis je passe ma journée avec soit Ibrahim, soit Moanaura, sort Seo-jun, soit Nako parce que les autres sont toujours plus ou moins indisponibles.

Sachiko cherche ses indices, toujours, et veille sur l'hélico, aussi. Alannah construit ledit hélico, qui est en pleine phase d'assemblage, presque au bout de nos efforts. Ansgar essaie de gérer un maximum d'informations. Et Emerens, je finis par le voir que le soir, vu qu'il a ses propres occupations sur lesquelles je ne cherche plus à le questionner. J'ai déjà beaucoup de chance quand je rentre du sport le matin et que je le vois toujours dans le lit, en ce moment.

Justement, c'est un de ces jours de chance. Et je dois dire que ça me rend quand même bien heureux de le voir. J'ai pas l'habitude qu'on soit séparés pendant de longues périodes, même si d'une certaine manière j'ai besoin d'air. Mine de rien, il commence à me manquer, parfois, alors qu'on vit quand même au même endroit.

M'entendant arriver, sans doute, il pose le livre qu'il lisait sur sa table de nuit, et me fait un petit signe. Déjà, bonjour à toi aussi, ensuite, c'est pas humain d'être aussi mignon avec ta petite bouille fatiguée, même alors que t'es encore grognon du matin. Pourquoi moi, je ressemble à un épouvantail. Y'a des pretty privileges qui se perdent, là.

« Salut... ça a été la petite séance de sport ?

— À merveille, merci, je souris en m'installant juste à côté de lui. Je finis de transpirer et je vais me doucher, ça te dit ?

— À chaque fois, tu me poses la question, et à chaque fois, je te dis non parce que tu pues la mort, il ricane. Je t'aime très fort, Thibs, mais sentir ton odeur de chien crevé à deux centimètres de moi, même pour quelques secondes, c'est au-dessus de mes forces.

— Nan mais ? Je suis donc si puant que ça ? Viens un peu par-là que je me venge ! »

Et, joignant le geste à la parole, j'enroule mes bras autour de son cou pour lui coller un énorme bisou bien baveux sur la joue. Ah, alors comme ça je suis dégoûtant ? Très bien, je vais te montrer ce que c'est que le dégoût.

Enfin si j'avais la réaction escomptée. Parce que là, tout ce que j'arrive à faire, c'est le faire rougir comme une pivoine. Sérieusement ? Et ce mec a passé son temps à me faire des insinuations, du flirt et des belles paroles pendant les cinq derniers mois ?

Ouais, parce qu'on est en septembre, là, septembre bien avancé. Alannah a presque fini son hélico, on espère encore une semaine, mais mine de rien, ça commence à faire long.

Je me décale un peu avant d'éclater de rire devant son visage de plus en plus rouge, et son regard qui se fixe résolument sur les boiseries de la chambre.

« Eh bé alors ? Est-ce que j'ai trouvé le point faible de Monsieur Emerens, le prince des séducteurs ?

— Les attaques en traître c'est pas du jeu aussi là, il bougonne. C'est vraiment pas juste.

— Franchement, Emerens, vu toutes les attaques en traître que tu m'as fait, moi, j'appelle ça un juste retour de bâton. Et ça me fait penser que j'ai pas encore fini ma rétribution, tiens !

— Naaaaaan t'approches pas de moi tu p– »

Trop tard, mon cœur. Et nous voilà une fraction de seconde plus tard à rouler sur le lit, moi qui l'ai coincé dans mes bras à tenter par tous les moyens de réitérer l'expérience de bisouillage intensif, et lui, qui essaie d'esquiver du mieux qu'il peut alors que mon poids et les quelques pourcentages de force physique supplémentaires que j'ai acquis au cours de mes séances de sport me donnent un léger avantage. Avantage que j'exploite éhontément, histoire de l'empêcher de laisser libre cours à ses réflexes. Avec des chatouilles, par exemples.

Inutile de préciser qu'on est morts de rire tous les deux.

Nan mais je vais profiter du fait que pour une fois, c'est moi qui ai le dessus dans la bagarre pour me venger de toutes les petites saloperies qu'il m'a faites depuis le début de ce jeu de la mort, tiens !

Un éclat de rire plus fort que les autres lui échappe au moment où j'intensifie la séance chatouilles, et il tente de me repousser avec un peu plus de force, cette fois.

« Je t'ai déjà dit que tu puais la transpi, Thibs, enfin ! Maintenant je vais être tout collant avec tes conneries !

— T'es pas très crédible quand t'es mort de rire, je ricane avant de retourner tenter de lui coller un bisou. Et puis, ça te convaincra peut-être d'aller prendre une douche avec moi ?

— Ierk ! C'est te laver les dents que je vais être convaincu de faire ! Ton haleine du matin en pleine figure, elle pardonne pas !

— Oups... Quel dommage, hein ? »

Quel dommage, parce que je fais exprès de lui souffler en pleine figure. Si bien qu'il est obligé de me lâcher pour se boucher le nez, ce qui me permet de lui atterrir en plein dessus et de l'embrasser de nouveau sur la joue. Et évidemment, monsieur vire de nouveau au rouge.

« Okay ! Okay ! Je me rends, je me rends, il lance, absolument hilare. Mais par pitié, plus d'attaques en traître ! Mon pauvre cœur va pas résister, à ce rythme-là ! »

Eh eh eh. Je sais reconnaître une victoire éclatante quand j'en vois une. Prenant donc pitié de sa pauvre personne, je me décale donc de lui, savourant son forfait, et le regarde rouler de l'autre côté du lit, la tête entre les mains et dos à moi. Décidément, on en découvre tous les jours, avec lui.

« Eh bah alors, Emerens, je ricane, vaincu par un pauvre bisou ? Je vais commencer à t'en faire plus souvent, moi...

— Méeuuuuh, j'ai pas l'habitude moi, il bougonne d'entre ses mains. C'est moi qui les fais, les bisous, avec toi... Tu t'es vu aussi, espèce de tsundere ?

— Dis-donc toi, je t'ai pas permis de m'insulter. Ça vaut bien un autre bisou, ça ! »

Sauf que cette fois, visiblement, il s'y attendait. Puisqu'il m'esquive d'une superbe roulade avant de bondir du lit, et de retirer son T-shirt en quelques gestes.

« Oh que non tu m'auras pas. Et puisque tu m'as bien gentiment dégueulassé avec tes mains pleines de transpi, tout compte fait, je crois que je vais la prendre avec toi, la douche !

— Ah bah voilà quand tu veux ! Je devrais faire des câlins plus souvent, visiblement c'est un excellent moyen de persuasion...

— Fais ça et je monte encore la barre, il ricane. Eh, tu me parlais de juste rétribution, tout à l'heure, nan ? »

Mais oui, mais oui, bien sûr. En tout cas, je crois que je vais bien m'amuser, moi avec ton nouveau point faible, monsieur je ne peux pas assumer que les gens aient envie de me faire des bisous aussi.

Et puisque j'ai obtenu gain de cause, crois bien que je vais plus te lâcher.



Au final, on sort de la douche plus satisfaits qu'on ne devrait l'être à la base, si je puis m'exprimer ainsi. Ce qui m'a mis quand même de très bonne humeur, et Emerens semble avoir perdu son humeur du matin même sans son café, ce qui est une preuve de contentement extrême chez ce grognon de compétition.

Enfin, ça ne pouvait pas durer longtemps. Il me laisse dans la salle à manger après un salut amical, sans doute parti faire je ne sais trop quels trucs, me laissant seul avec Alannah et Ibrahim qui me saluent tous les deux avec amitié. Alannah a l'air ronchonne, d'ailleurs, et Ibrahim... C'est moi où son expression est de plus en plus triste que d'habitude ?

Je me rapproche d'eux avec un signe de tête, et une Alannah ma foi fort chafouine semble le prendre comme une autorisation pour se jeter dans mes bras avec un grognement boudeur. Ce qui arrache un léger rire à Ibrahim.

« Eh bien, quel enthousiasme.

— J'me plains pas, je pouffe. Salut, Alannah, salut, Ibrahim. Ça va ?

— Mouaif, bougonne Alannah. Ce matin, j'ai vu qu'il y avait quelqu'un qui avait démoli mon hélico. Moteur cassé, et tout et tout... Pas cool... »

J'ai des sueurs froides. L'hélico... A été attaqué ? Par qui ?

« ... Les dégâts sont réparables ?

— Oh ! Oui, elle soupire entre mes bras. Franchement, le mec s'y est pris comme un manche, il a juste mis une clé à molette dans le moteur avant de l'allumer, un truc du genre. Mais du coup, ça m'a retardée, et ça me soûle un peu. Va falloir que je fasse plus de tests. Et ça m'a pris le temps que je voulais pour rajouter du tuning... »

... Bon. Au moins, c'est pas de trop gros dégâts. Si Alannah est confiante quant au fait qu'elle peut réparer rapidement l'hélico, ça ne nous retardera pas trop. Mais il reste quand même une question, une question assez capitale. À savoir, qui a bien pu démolir le putain de moyen de sortie qu'on se préparait tous, alors qu'il était bientôt fini ?

« Tu as une idée de qui a fait le coup, Alannah ? Je demande, essayant de cacher ma panique. Parce que là...

— Nan, pas la moindre ! J'avais zéro caméra sur place, malheureusement, j'ai dû louper le mec... Mais à tous les coups, c'est Monokuma et ses sbires. Je vois pas qui ça pourrait être d'autre...

— J'en doute, personnellement, intervient Ibrahim, doucement. Monokuma disposerait de bien d'autres moyens de ralentir ou arrêter la fabrication, je pense. Nous utilisons ses ressources, après tout.

— Mais qui ? grommelle Alannah. L'un de nous ? On veut tous sortir, et encore plus depuis le coup de la vidéo. Nan, c'est forcément Monokuma. P't'être qu'il veut juste nous ralentir un peu, en pensant que ça va me décourager et que j'vais tomber dans le Désespoir ! Eh bah tant pis pour lui, parce que j'abandonne jamais un projet ! »

Elle rigole. Ibrahim, lui, se rembrunit un peu, mais se contente de hausser les épaules.

« J'espère sincèrement que tu as raison, Alannah. Cela nous éviterait bien des mauvaises surprises.

— Mais on aura pas de mauvaises surprises-euh, elle réplique, une moue agacée sur le visage. Ça va juste me prendre un jour de plus de rajouter la fonction de pilotage automatique, c'est tout !

— Le... pilotage automatique ? »

Elle relève aussitôt la tête, l'air ravie. Alors qu'Ibrahim, lui, a l'air plus stupéfait qu'autre chose. À peu près autant que moi, parce que je ne pensais pas qu'Alannah avait pimpé l'hélico à ce point...

« Voui ! Le pilotage automatique, tu sais ! Comme ça je me dis, une fois qu'il sera fini, Ibrahim aura même pas besoin de le conduire ! ça rassurera tout le monde, et puis même s'il se passe... Un truc... Bah au moins on pourra toujours se servir de l'hélico ! »

Je me tourne vers Ibrahim. Et son visage toujours stupéfait.

Il cligne des yeux. Une fois. Deux fois.

Avant de sourire, un sourire que je ne peux m'empêcher de trouver très triste.

« C'est une super idée, Alannah. Bravo.

— Je voulais pas te remplacer, hein ! elle lance, tout de suite. Mais j'me suis dit que tu te sentirais p't'être mieux si l'hélico était super perfectionné et tout, comme ça on a toutes nos chances de sortir indemnes... Et puis ça fait solution de secours, aussi, hein !

— Ne t'inquiète pas, Alannah, il sourit, je comprends. Je vais aller faire un petit tour, d'accord ? J'ai besoin de mener ma propre enquête sur cette histoire de démolition d'hélico. Thibault, tu peux vérifier qu'elle se repose un peu, aujourd'hui ? Elle a travaillé toute la nuit... »

S'éloignant, il me glisse un petit bisou sur le front, avant de me serrer l'épaule et de sortir de la pièce. À peu près au même moment où je remarque les cernes d'Alannah qui creusent ses orbites.

Cette dernière semble avoir compris que je vais lui passer un sacré savon. Je la vois se triturer les doigts alors qu'elle tente, discrètement, de s'échapper d'entre mes bras, mais trop tard, j'ai l'habitude avec ce genre de gremlins. Et avant qu'elle n'ait le temps de filer, je chope son visage entre mes mains et la coince sur mes genoux, alors que mes pouces passent sur ses cernes.

« ... C'est quoi, ça...

— C'est rien, elle bougonne. Ibrahim il s'inquiète trop. J'ai l'habitude de veiller.

— Depuis combien de temps tu n'as pas dormi ? »

Elle grimace. De nouveau, elle vient se triturer les doigts, évitant soigneusement mon regard.

« J'ai l'habitude, je te dis...

Depuis combien de temps, Alannah. »

Elle tressaille. Avant de, enfin, pousser un profond soupir devant mon regard sévère.

« ... Trois jours... »

... Et après tu t'étonnes qu'Ibrahim s'inquiète, espèce d'idiote ? Moi, je suis pas inquiet, je suis absolument effaré. Et même si ma gestion du sommeil est dégueulasse, moi, au moins, je passe pas mon temps à construire un hélico et manipuler des machines dangereuses qui mourraient bien me coûter un membre ou deux si je ne fais pas gaffe !

Oh non je te vois gigoter sur mes genoux. N'essaie même pas de t'échapper avant qu'on ait pu discuter de ça, vile gredine !

« Hep hep hep, tu restes ici.

— Mais euh ! Faut que j'aille bosser, moi !

— En ayant pas dormi depuis trois jours ? Certainement pas. Tu pourrais te blesser ou faire une erreur. Allez, hop, au lit ! »

Nan mais sans blague. Remerciez mes heures de sport qui me permettent de soulever mini rouquine au moins sur quelques mètres, j'arrive à la porter jusqu'à la porte. Et elle, preuve sans doute de sa fatigue intense, n'arrive même pas à se dégager malgré le fait qu'elle se débat mollement.

Bon gré mal gré et avec beaucoup de pauses dont elle profite de moins en moins, j'arrive à la traîner jusqu'à sa chambre, avant de l'allonger sur le lit, fermer la porte et me placer devant comme le pire des miradors. Mirador qui se prend d'ailleurs un petit regard outré et suppliant à la fois.

Non non non, Alannah, ce n'est pas parce que tu es très mignonne que je vais te céder ça, non mais oh.

« Allez, maintenant, tu dors. Je te laisse pas repartir sans avoir au moins fait une petite sieste.

— Mais l'hélico–

— Survivra avec une journée de retard. Quand tu te seras endormie, j'irai demander à Ansgar et Nako de le surveiller, pour que le vandale ne revienne pas. Okay ? »

Elle boude toujours, mais je finis par obtenir gain de cause, puisqu'elle se roule en boule sur son lit et retire son collier, sa veste et ses oreilles de chat. Avant de me tendre les bras, une moue adorable sur le visage.

« Tu viens dormir avec moi au moins ? S'il te plaît ? »

... Coup critique. Vous voulez refuser comment face à ça ? Vous ne pouvez pas, exactement. Alors bon, tant pis pour le fait que j'ai bien dormi, je vais me poser à côté d'elle et la laisse se coller à mon torse comme si j'étais une peluche Pikachu géante. Eh, mine de rien, ça a ses avantages, de faire le mirador.

Quelques secondes à peine après l'établissement de cet étrange câlin, Alannah baille comme un petit chat et cligne des yeux, le visage chargé de fatigue. Ah bah voilà, qu'est-ce que je disais.

« Alors. Toujours l'habitude de veiller, hein ?

— C'est parce que tu m'as mise au lit, elle bougonne. Sinon j'aurais encore veillé.

— Ouaip, avant de t'effondrer dans ton labo. Tu crois vraiment que tu peux jouer à la machine longtemps comme ça ? »

Sa moue boudeuse se renforce. Pourtant, elle se décale pas de moi.

« ... Faut bien... L'hélico il est important. Plus vite on le finit, plus vite tout le monde sera hors de danger...

— J'suis pas des masses calé en ingénierie, mais il me semble que la fatigue peut faire faire des erreurs, non ? C'est vraiment un risque que tu veux prendre ? »

Elle soupire.

« J'en ai jamais fait... Pourquoi maintenant ? »

Sa joue s'enfouit dans ma veste. De mon côté, je profite du moment pour lui caresser les cheveux. On s'attendrait presque à ce qu'elle ronronne, vu comment elle est enroulée autour de moi comme un petit chat, mais à la place, elle se contente de bouder.

Je résiste à mon impulsion de lui gratouiller le menton. Pas le moment.

« Il y a un début, à tout, Alannah, je lui dis, le plus doucement possible. Et ici, le début peut te couter la vie ainsi que la nôtre. Tu comprends que je m'inquiète ?

— ... Voui...

— Voilà. Allez, maintenant, tu dors. Ton travail et ton emploi du temps n'est rien comparé à ta santé. On sortira pas plus vite si tu t'écroules à la tâche. »

Elle pousse un profond soupir.

« Mais je veux sortir. Vite. Ils ont besoin de moi, là-dehors.

— Ca justifie pas que tu meures à petit feu. »

Elle grimace. Ses poings se serrent sur ma veste, et je vois une larme pointer dans son œil.

« ... Mais ils meurent déjà à petit feu, Thibault... »

... Oh oh. Je dois dire que je n'aime vraiment pas cette tournure de phrase. Surtout après avoir vu une vidéo de nos proches. Ansgar a vu sa sœur en proie à un danger qu'elle ne voit même pas. Emerens a vu sa partenaire de vie et un de nos plus anciens amis enfermés chacun dans une Tuerie. Qu'est-ce qu'Alannah a vu pour que de simples nouvelles de sa famille lui donnent cette impression ?

Je la serre un peu contre moi, et elle renifle doucement. Ça pique un peu, faut bien se l'admettre. Et mes dents se serrent presque sans s'en rendre compte.

« ... Tu veux en parler ?

— Je veux bien. »

Elle renifle de nouveau. Prend son collier entre ses dents. J'entends une douce vibration en émaner.

« ... Ma famille, elle commence entre deux coups de dents dans le caoutchouc, c'est juste moi, ma sœur, et mon petit frère. Mon père est mort quand j'avais quatorze ans. Tué par un putain de connard alors qu'il faisait juste son jogging dans le parc. »

... Eh bien ça commence bien. Et maintenant, je comprends mieux une de ses remarques, il y a bien longtemps de ça, sur ma propre absence de père.

Je ne pensais pas, par contre, que son père s'était fait tuer comme ça. Une victime de tueur, d'assassin, je sais pas, juste là pour tuer. Sans doute la pire manière pour quelqu'un de perdre son père.

« ... Et ta mère ? »

Alannah a un nouveau reniflement, teinté d'accents méprisants.

« Ma mère ? Elle s'est enfermée dans son propre esprit. On a enterré papa, et après, elle a plus quitté le lit. Il y avait plus que nous. Et on a dû survivre tous seuls. »

... Ah.

Bon ben je vais me la fermer, en fait, ça vaudra mieux. Je vais finir par enchaîner les gaffes et c'est vraiment pas le moment, vu ce qu'elle me raconte.

De toute façon, je crois qu'elle m'écoute à peine. Elle a les yeux dans le vague, et des larmes pleins les yeux. Je ne suis même pas sûre qu'elle soit pleinement consciente de sa présence.

« Ma mère m'a appris beaucoup de choses dans mon travail, elle dit, d'une voix tremblotante. Elle tenait une petite entreprise de conception de robots, et faisait le travail de mille hommes. Des fois, je l'aidais à concevoir ses trucs. On vivait relativement bien, je suis même allée dans une grande école, avant que papa meure. Et puis, du jour au lendemain, plus rien. »

Elle resserre sa prise sur ma veste. Je continue mon mouvement de caresse de cheveux. J'essaie d'assimiler ce qu'elle me dit, de comprendre ce qu'elle a pu vivre. Puis bon, faut bien que je sois un bon interlocuteur, dans ce cas de figure.

« ... Plus rien, elle renifle. Mais on devait quand même survivre. Du coup, j'ai fait le travail de maman à sa place. J'ai géré les comptes, j'ai concu les trucs, j'ai parlé avec les clients. Des fois j'engageais des gens parce que c'était vraiment trop pour moi, et le médecin qui soignait maman m'a aidée dans les démarches pour avoir accès à l'argent de l'entreprise. J'ai été obligée d'abandonner mes études, elle ajoute avec un reniflement plus fort que les autres. Et Niahm a fait pareil. Parce qu'il y avait Jordan à la maison. Parce qu'on avait pas le choix. »

... Je crois qu'elle est carrément en train de pleurer, là. Et moi, je suis complètement perdu. Je suis censé dire quoi ? J'ai perdu des amis, j'ai dropout dans ma vie, j'ai perdu une mère, aussi, mais je n'ai jamais été tout seul pour affronter les difficultés de la vie à quatorze ans. Je n'ai jamais été obligé à devenir un adulte aussi tôt.

Mon étreinte sur sa taille se resserre, et elle se colle à moi, essuyant son visage dans ma veste. Je la laisse faire. Elle en a besoin, et tant pis si après je dois me changer.

Tant pis si après ça me rappelle bien trop Ruben.

« Hope's Peak, elle sanglot, c'était la chance de ma vie. Avec un bon diplôme, j'allais pouvoir enfin reprendre l'entreprise légalement comme il fallait, et être reconnue comme la meilleure de mon domaine serait largement suffisant pour qu'on manque plus jamais de rien. Niahm aurait pu reprendre ses études. On aurait peut-être même pu soigner maman, avec assez d'argent. Mais maintenant je suis ici, et ça fait cinq mois qu'ils n'ont même plus assez de rentrées d'argent pour survivre. »

... Oh. Merde. Ouais, dans ces conditions, pas étonnant qu'elle veuille sortir aussi vite. Même si elle ne prend pas la protection d'Ansgar, si elle n'a rien à voir dans cette Tuerie, aucune raison pour qu'on se fasse pourchasser. C'est dans les règles de Monokuma. Donc, avec sa popularité d'Ultime survivante, elle pourrait essayer de garantir une vie meilleure à sa famille.

Ou les sauver de la famine que sa présence ici entraîne.

Elle a cessé de parler. Elle se contente de pleurer, maintenant, les dents serrées sur son stimtoy. C'est à peine si je l'entends sangloter, et pourtant, ses épaules se soulèvent à intervalles irréguliers, et les larmes sont en train de traverser ma veste. Et moi, je sais toujours pas quoi dire. Bravo, Thibault, paye le petit ami. Un vrai plaisir de sortir avec toi.

Tu peux pas aider Emerens. Tu peux pas aider Ibrahim. Tu peux pas aider Alannah.

Tu n'as pas pu aider Ruben.

Au bout de quelques minutes, elle finit par s'arrêter de pleurer. Je la vois s'essuyer les yeux sur son bras, et elle me fait un petit sourire.

« Désolée... Je voulais pas pleurer comme ça... Pas terrible hein ? »

Je grimace.

« Tu sais, Alannah, je comprends peut-être pas tout ce que t'as vécu, mais je crois que c'est une raison parfaitement légitime de pleurer. »

Elle cligne des yeux. Avant de renifler de nouveau.

« T'es vraiment trop gentil... J'ai morvé sur ta veste pendant un quart d'heure et tu m'en veux même pas...

— Eh, c'est le boulot du petit ami. Et puis très sincèrement, j'ai chialé dans les bras d'Emerens suffisamment de fois pour que je mérite ce genre de karma. »

Et puis même si j'avais envie de râler, je serais clairement pas légitime à le faire alors qu'Alannah vient littéralement de me raconter l'histoire de sa vie.

Elle a un petit rire entrecoupé de hoquets, avant de porter sa main à sa poche.

« Tiens, j'ai un cadeau pour toi...

— Eh là. Je me fais pas payer pour être une éponge, t'inquiète ! »

Nouveau petit rire. Le temps qu'elle sorte le fameux cadeau de sa poche.

« Tiens... Je l'ai fabriqué pendant un de mes moments de libre. C'est un collier vibrant comme le mien. Je me suis dit qu'il te plairait. »

Elle chope ma main avant que j'aie eu le temps de dire quoi que ce soit, avant d'y déposer ce qui, au toucher, me semble être un petit objet métallique. Et le temps de déplier ses doigts, et j'aperçois au creux de ma paume un pendentif accroché à une chaîne assez délicate, en forme de lutin irlandais. Un leprechaun.

Je sais pas si je dois être vexé ou très touché.

A choisir, on va prendre l'option deux.

« ... Alannah... C'est vraiment trop gentil...

— c'est pour toi, elle sourit. Son ventre se mâche, et il fait un vrombissement de mouche. Normalement je voulais faire une mouche pour qu'il soit réaliste, mais je me suis dit que ça t'irait mieux... »

... Nan, vraiment, je crois que je peux pas être vexé dans ces conditions.

Certes, elle associe à moi un lutin irlandais grognon avec un gros ventre et une barbe, le genre à cacher son trésor au pied des arc-en-ciel, je sais pas je m'y connais pas trop en légendes celtiques, mais qu'elle soit allée aussi loin pour me faire un cadeau qui me ferait plaisir... Eh bah, ça me fait vraiment, vraiment plaisir.

« Il te plaît ? Demande une Alannah anxieuse. Je l'ai pas fait trop gros ? Parce que sinon je peux le réduire... »

Je la coupe d'une étreinte d'ours prompte à lui éjecter tout l'air des poumons. Disons qu'il y a des moyens efficaces de faire taire les gens. Dont les gros câlins. Merci, les enseignements de mon golden retriever de meilleur ami.

« Merci, Alannah, je lui chuchote à l'oreille, alors que ma voix ne retient à peine toute l'émotion qui me traverse. Vraiment. »

Elle a un petit rire. Avant de m'étreindre de nouveau.

« ... C'était un plaisir. »

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