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Chapitre 4 (11) : Luck is a lady

Ansgar finit par pousser un profond soupir.

« Lorsque Fusae a révélé sa thèse sur le Désespoir, il n'y avait que quelques cas de génies dévoilés. Ceux du Projet Renaissance. Peut-être une dizaine, ou deux, par pays impliqué.

— Lorsque les gouvernements ont commencé leurs Tueries, grimace Seo-jun, ils avaient bon espoir de contrôler le truc. Parce que les génies ne pouvaient pas être si nombreux. Justement, c'était le principe. Une minorité qui contrôle la majorité, et il suffirait de... De tuer la minorité dans l'œuf. Et là... t'es en train de me dire que c'est pas possible. Parce que l'humanité entière peut devenir géniale. À un rythme pareil. »

Je hoche la tête. Gravement.

« Ouais. C'est tout le problème. Et c'est aussi pour ça, je pense, qu'ils ont accéléré les choses.

— Depuis juillet 2018, la Réserve est complètement isolée, soupire Ibrahim. J'ai déjà vu des Ultimes ayant eu des problèmes graves pour passer la barrière et parler à leurs amis. Et on est de plus en plus poussés à habiter sur le campus, nous, les Ultimes. Ils parlent même de règlements pour nous empêcher de sortir.

— ça va s'accélérer de plus en plus, renchérit Emerens, voix atone. J'avais mes doutes quand j'ai appris ton obtention d'Ultime, mais... Je ne pensais pas que c'était lié à ce point. »

Ses trois mots résonnent entre les murs de la salle de réunion, alors qu'au loin la Cordillère des Andes nous nargue, parée dans la lumière du soleil couchant de tout le sang qu'elle doit porter en ce moment.

À ce point.

Oui.

Tout est de ma faute.

Les trois Tueries de cette année, le durcissement des règlements, l'accélération des mesures des Monokuma pour contrôler les Ultimes, pour contrôler des innocents qui n'ont fait de mal que développer le génie, tout ça, c'est moi. C'est moi et mes stupides idées d'aller fouiller dans le passé des autres.

Et maintenant, j'ai découvert quelque chose de suffisamment grave pour que l'extermination s'accélère.

« Des traumatismes, finit par lancer Sachiko, assise sur sa chaise, ses yeux fixés sur la table en bois. Certains tarés pourraient le prendre pour excuse pour développer le génie chez les enfants. Quitte à entraîner le Désespoir. Et il y a tellement de manières de faire du mal à un enfant.

— Le faire bosser jusqu'à la mort sur un domaine particulier, renchérit Emerens, du même ton vide. L'oublier dans son travail. Le blesser physiquement et moralement. Le pousser au bord du suicide.

— L'isoler du monde extérieur. Le manipuler psychologiquement. Le pousser à croire qu'il n'y a qu'une seule existence possible.

— L'abandonner face au monde extérieur. Le faire évoluer seul de force. Lui faire voir ses proches dépérir ou partir loin de lui. »

Leurs deux voix s'unissent en une seule sous le regard éberlué des autres, alors que leurs expressions sont un masque de vide identique, trop identique pour eux qui sont si différents.

« Le laisser tout seul. »

Leurs mots résonnent dans le silence de la pièce.

Tout le monde les fixe, sans bouger.

Avant que Sachiko ne se relève, les traits tirés, et ne me jette un regard froid.

« Il semblerait que la chance soit un talent au même titre que les autres, puisqu'on l'obtient de la même manière. Tu es content, monsieur le Théoricien ?

— ce n'est pas ce que j'ai dit– »

Mais pas le temps d'ajouter quoi que ce soit. Sachiko vient de détourner les talons, avant de se précipiter dehors sans m'adresser le moindre regard.

La porte claque derrière elle.

... Putain de merde.

J'ai encore fait une connerie de plus avec elle. Bah voyons. Et juste au moment où elle se remet à me parler, c'est pour m'adresser des reproches.

Je commence à en avoir marre de ne pas être capable de communiquer avec elle de manière correcte.

Emerens tend la main vers moi. Je n'arrive pas à voir son visage. Mais pour le moment, je m'en fous.

Je me précipite dehors. À la suite de Sachiko.

Elle n'est pas allée bien loin. Je la retrouve quelques courses effrénées plus tard, dans le seul parc du complexe industriel, assise au bord d'une mare ou Flushy nage tranquillement, capybara même pas inquiété par les malheurs du monde. Merci l'entraînement régulier, je ne suis pas autant essoufflé que je le devrais, mais ma respiration de chameau en plein désert attire néanmoins son attention sur moi.

Elle lève les yeux au ciel et retourne à son grattouillage d'oreilles de capybara. Qui se frotte à ses jambes profondément enfoncées dans la mare artificielle.

Je vais m'installer à côté d'elle, ignorant son mouvement de recul.

« Tu sais, Sachiko, faut vraiment que t'arrêtes de te barrer comme ça. »

De nouveau, ses yeux roulent dans ses orbites.

« Aux dernières nouvelles, je fais ce que je veux. Et c'est pas toi qui vas m'en empêcher.

— Bien. Donc suivant cette philosophie, je fais ce que je veux aussi, et je veux te parler. Maintenant. »

Quelque chose me dit que je n'aurai pas de meilleure occasion pour ça, de toute façon.

Nous sommes seuls, à l'exception de Flushy, pour la première fois depuis très longtemps. Et ça commence à me soûler qu'alors qu'elle m'embête de diverses manières depuis si longtemps, pour avoir une conversation un minimum sérieuse avec elle je sois obligé de lui courir après.

J'ai l'habitude qu'on me souffle le chaud et le froid, mais de sa part, c'est vraiment vexant. On était pas arrivés à quelque chose durant les trois derniers mois ? Avant qu'elle ne mette un couteau sous la gorge d'Emerens, j'entends.

Sachiko grimace. Ses doigts se crispent dans la fourrure de Flushy, qui me jette un regard de capybara outré.

« Si c'est pour me faire des reproches sur comment je traite ton chéri d'amour qui pue, j'ai mieux à faire de mon temps.

— J'ai pas mal de trucs à dire là-dessus, ma grande, mais là ce qui m'intéresse, c'est toi. Parce que tu commences à me casser les couilles à un jour te coller à moi comme si j'étais le truc le plus intéressant du monde et le lendemain m'éviter comme une vieille merde de chien. « Faire ce qu'on veut », ça veut pas dire « balancer des messages contradictoires à un mec qui y comprend plus rien », que je sache ? »

Et puis j'ai pas envie de lui demander des explications que je sais très bien qu'elle ne me donnera pas. Elle ne veut pas s'expliquer, elle veut faire la vilaine Sachiko méchante qui fout toujours le bordel, et même en face de moi, ce n'est pas un comportement qu'elle a perdu. J'ignore même si Ansgar sait ce qu'il se passe précisément dans sa tête.

Pas que j'en sache plus que luel, hein, sinon je ne serais pas si énervé.

Elle roule de nouveau des yeux. Si ça continue, ils vont lui sortir du crâne, bordel de merde.

« Ben voyons. Parce que je suis autre chose qu'un sujet d'expérience pour toi, peut-être, monsieur je ne sais pas d'où viennent les Chanceux ?

— Regardez qui parle, je grommelle, ulcéré. Parce que je ne suis pas moi-même ton sujet d'expérience ? Le fameux protagoniste qui retrouve ce rôle envers et contre tout sans même savoir comment ? »

En plein dans le mille. Sachiko vient de serrer les dents, les yeux toujours fixés sur son capybara. Sauf que cette fois, c'est à elle que Flushy lance un regard de reproche. Merci, j'apprécie vraiment ton soutien, bestiole. Et pour une fois c'est pas sarcastique.

Elle reste quelques secondes sans parler, toujours à gratouiller Flushy qui continue de la regarder avec ce même air. Avant de pousser un profond soupir fatigué.

« Tu veux que je te dise ? Tu es bien plus intéressant qu'un vulgaire sujet d'expérience. »

Je hausse un sourcil.

« Merci du... compliment ? J'imagine ? Je suppose que c'est mon tour, alors, eh bien, tu es bien plus qu'une simple donnée dans mon calcul ? »

Elle ricane.

« Tu n'as pas l'air convaincu, petit croyant.

— Arrête de m'appeler comme ça. J'ai un prénom. T'en as un. On pourrait se tenir au même niveau de respect, toi et moi, tu crois pas ? »

Nouveau ricanement.

« Je ne crois pas à l'égalité ici. Pas dans cette situation. Tu n'es pas l'égal d'Ansgar. Je ne suis pas ton égale. Personne n'est à égalité avec qui que ce soit. Si tout le monde était au même niveau, il n'y aurait pas le moindre meurtre.

— Ce genre de philosophie de comptoir ne m'explique pas pourquoi tu me sers deux comportements à la fois, Sachiko Kimura. Et moi, j'en ai assez. J'aimerais essayer de comprendre la personne que tu es, tu vois. Mais c'est un peu difficile si à chaque fois qu'il se passe quelque chose qui m'implique ou implique ceux que j'aime, tu décides de te barrer avant de pouvoir causer. Qu'est-ce qu'il y a, tu as des problèmes avec l'honnêteté ? »

Elle cligne des yeux. Une fois. Deux fois.

Le silence pèse sur mes épaules alors que son expression se fait presque indignée.

Et puis, je la vois éclater de rire.

Un rire bien plus franc que tout à l'heure, bien plus joyeux, presque, mais qui me fait bien plus peur.

« Tu veux que je te dise ? T'as peut-être raison. »

Ses pieds s'agitent dans la mare. Je vois Flushy s'éloigner un peu, perturbée par les remous, avant de revenir toujours aussi dignement.

« J'ai des problèmes avec l'honnêteté. J'ai aussi des problèmes avec le fait de m'attacher aux gens pour les voir souffrir et mourir sous mes yeux. Ce genre de problèmes mineurs. »

Je pince les lèvres. On dirait que je suis en train de taper dans un point sensible. Mais c'est sans doute la première fois qu'elle est aussi honnête depuis une éternité.

Voire même la première fois tout court.

« Les Chanceux, elle soupire, sont issus au même traitement que la plupart des autres Ultimes. Ce n'est pas un secret. Même si leur talent est incompréhensible concrètement, il existe, et on a vu passer quatre preuves. Une par année de promotion d'Ultimes.

— Le même traitement. Les traumatismes ?

— Bravo, Théoricien. »

Elle continue de grattouiller Flushy d'un geste discret, alors que j'essaie d'assimiler ce qu'elle est en train de me dire.

« Je ne fais pas exception. »

Flushy lui grimpe sur les genoux. Mais elle a complètement cessé de la caresser. Elle se contente de fixer le vide, les yeux perdus dans sa fourrure comme si elle recelait tous les secrets du monde.

« Ce qui a fait de moi l'Ultime Chanceuse, elle finit par lancer, doucement, aussi bas que les clapotis de la mare, c'est quinze, seize ans de complet enfermement dans un village coupé du monde. Un village qui avait saisi la nature de mon intuition et m'avait élevée au rang de leur déesse. »

Mon corps entier se fige. Je ne m'attendais pas du tout à ce genre de confession, mais au vu de l'expression du visage de Sachiko, on ne l'arrêtera pas. Elle ne sourit même pas, reste focalisée sur Flushy sur ses genoux, les pieds s'agitant doucement dans la mare. J'entends le clapotis des vagues qu'elle provoque autour de nous presque trop fort, mais rien n'est capable de couvrir cette simple phrase.

Je n'ose dire le moindre mot alors que ses doigts continuent de se perdre dans la fourrure de Flushy et ses paroles dans son passé.

« Mon village, elle continue, est de l'espèce de ces vieux endroits qui n'a jamais vraiment quitté l'époque Edo. Un vestige du passé qui perdurait dans le présent, le genre de truc qui n'a jamais entendu parler de la technologie ou du monde extérieur. Alors forcément, quand ils voient une enfant un peu douée qui est en plus de ça la fille du chef du village, ils deviennent fous. Un culte entier s'est formé autour de ma personne. »

Elle grimace. Plus la moindre trace sur son visage de son sourire énigmatique.

« Les premiers temps, je ne m'en plaignais pas. Ils ont commencé gentil. Des offrandes. Des prières. En échange, je devais répondre à leurs questions. C'était pas bien compliqué. Les réponses étaient jamais bien compliquées. »

Flushy relève la tête. Moi aussi. Je ne peux faire autrement que de la fixer.

Je n'arrive pas à comprendre ce qu'elle me raconte.

« Sauf que les premiers temps, comme le nom l'indique, bah, ça dure pas très longtemps.

— ... Je... Suis pas certain d'avoir envie de savoir la suite. Surtout si c'est un truc dur pour toi.

— Tu voulais comprendre, petit génie ? Eh bah je t'explique. Banco. »

Je me tais.

Elle a raison.

Je crois que je ne la verrai jamais aussi honnête, alors autant en profiter. Même si je ne vais pas aimer ce que je vais entendre, à tous les coups, même si je sais que ce qu'elle dit semble énormément l'avoir affecté, le fameux traumatisme du génie, je n'aurai pas de meilleure occasion pour comprendre qui est Sachiko Kimura.

Alors je la laisse faire, et j'écoute.

« Bref. Donc, les premiers temps. Qui ont pas duré. Parce que les gens, ils ont commencé à vouloir plus. »

Elle serre les poings. Flushy colle son museau dans sa poitrine. Elle repousse légèrement sa tête.

« Ça a commencé avec des séances de prières publiques. Moi, assise sur une chaise, à écouter leurs louanges sans bouger. Et puis ils ont commencé à toucher. Partout. Recueillir un cheveu, une goutte de salive, de sang. Par n'importe quel moyen. »

Du bout du doigt, elle caresse son tatouage sur l'épaule, les innombrables carrés rouges.

Et ce n'est que maintenant que je remarque que chaque carré dissimule une petite cicatrice ronde marquée encore, et encore, et encore.

Je ne sais pas si j'ai envie de vomir, de pleurer, ou de la prendre dans mes bras.

A la réflexion, les trois.

« Et puis, ce n'était pas que moi, elle continue, sans émotion. Les autres enfants étaient devenus mes incarnations, mes servants. Ils devaient me faire honneur, posséder le talent. Mon village est devenu une véritable fabrique à génies en l'espace de quelques mois. À génies, et à Désespoir. »

Je sens un certain gel s'emparer de sa voix. Mais elle continue. Inexorablement.

« Mon petit frère en faisait partie. Et vu que c'était mon frère, on attendait plus de lui que de tous les autres. Sauf qu'il ne tenait pas. Il n'arrivait pas à être un génie. Un jour, j'ai eu pitié de lui. Je l'ai aidé à s'enfuir. On m'a punie en me coupant les cheveux, en les distribuant aux fidèles, sous prétexte de relique. Et les séances de prières continuaient. »

Ses yeux se plissent. Ses doigts quittent la fourrure de Flushy pour se serrer dans ses longs cheveux noir corbeau, qui se répandent au sol doucement, se mêlant à l'herbe et à l'eau de la mare.

« Les prières. Les questions. Les mains. Les aiguilles. Les regards. Les sourires. Les embrassades. Et la conviction que tout ça n'était qu'une manière de rendre ses respects à la divinité. »

Elle crache dans l'eau.

« Sauf qu'un jour, j'ai eu le malheur de me tromper à une question. Un fidèle qui voulait savoir comment est-ce qu'il allait trouver l'amour. Mais je ne comprends pas l'amour. Je lui ai dit quelque chose au hasard. Mais l'amour ne laisse pas de place au hasard. J'ai eu tort. Et les gens ont cessé de prier. »

Quelque chose se brise dans sa voix. Quelque chose que je n'avais même pas remarqué être encore là.

« Mes parents, si fiers d'accueillir la nouvelle déesse, m'ont jetée dehors comme une vieille chaussette. Ou un outil usé. Je ne pouvais plus revenir au village. Alors je suis partie. »

De sa poche sort un jeu de cartes usé, avec lequel elle joue distraitement le temps que Flushy revienne à sa mare. Cette dernière me jette un regard courroucé, mais ça ne m'empêche pas de rester muet.

Je n'arrive même plus à réfléchir.

Je n'arrive qu'à écouter.

« Sur les routes, elle continue, j'ai trouvé un jeu de cartes. Un jour, un clochard m'a défié au poker. J'ai raflé tous ses gains sans la moindre pitié. »

Un léger sourire vide se dessine sur ses lèvres.

« J'ai continué. Jusqu'aux casinos, certains tenus par des gars que j'ai revus à l'école. Je m'étais grimée en femme de six ans plus âgée avec mes gains de rue, mais je crois que Masayuki Ono m'a grillée tout de suite. Rien d'étonnant, j'ai envie de dire, vu le gamin avec qui il bossait. Mais il m'a laissée faire quand même. Je sais même pas pourquoi il fermait les yeux. »

Enfin, elle se tourne vers moi. Pour me regarder, droit dans les yeux, pour la première fois depuis très, très longtemps.

« Et puis, Hope's Peak m'a contactée, pour m'offrir le titre d'Ultime Chanceuse. Voilà. Tu as ta petite histoire. Ça t'aide mieux à comprendre le principe, petit génie ? »

...

Est-ce que ça m'aide à comprendre le principe des Ultimes ?

Je n'en ai pas la moindre idée.

Mais j'imagine que ça m'aide beaucoup à comprendre qui est vraiment Sachiko Kimura.

Quel genre de personne je peux trouver enterrée sous le god complex, l'indépendance, le chaos incarné qu'elle nous a montré, l'absence d'honnêteté, de confiance, de proximité avec les autres.

Pourquoi elle ne supportait pas qu'on lui pose des questions à deviner, aussi.

... putain de merde.

Je ne sais pas ce que je fais. Pourquoi je tends la main. Pourquoi je la pose sur son épaule tatouée. Ou pourquoi je continue à la regarder comme ça. Mais je le fais. Et je me laisse le faire.

De toute façon, que puis-je faire d'autre ?

« Le principe, je sais pas. Mais toi, oui. Et c'est peut-être ce qui m'importe le plus. »

Elle cligne des yeux. Regarde ma main, posée sur son épaule.

Je grimace.

« Ce village. Il existe toujours ? Une fabrique à génies pareille, malgré les Monokuma ?

— Oh, non. »

Un sourire un peu énigmatique se forme sur mes lèvres.

« Même les Monokuma ne devaient pas connaître grand-chose du lieu, à l'époque. C'est mon bavard de frère qui a prononcé son nom, la première fois, là où il s'est retrouvé enfermé pendant six longs mois. Ushinawareta-shin. La divinité perdue. »

Elle ricane.

« Il n'en restait déjà plus rien à ce moment-là. »

Mes doigts se resserrent sur son épaule.

« Qui...

— Moi, évidemment. Tu croyais quoi ? »

Nouveau ricanement. Sans la moindre émotion.

« A Hope's Peak, j'ai rencontré beaucoup de gens. Les énervants, comme ton idiot de mec, mais aussi ceux qui étaient en mesure de me dire que je n'avais pas vécu quelque chose de normal. Ceux qui savaient qu'une fabrique à génies, ce n'était pas le meilleur des plans, aussi. J'ai compris mon passé. Mon passé m'a énervée. Je suis allée tout brûler moi-même. »

Sa main se presse sur la mienne.

« Quelle ironie. Leur divinité perdue a causé leur perte. Les adultes sont tous morts. Les enfants se sont échappés, mais j'imagine que pas grand-monde a pu survivre ensuite. J'ai égorgé mes parents moi-même. Sur l'autel où ils m'avaient exposée. »

Elle pousse un profond soupir.

« J'en avais marre. »

Silence.

Ma main est toujours sur son épaule.

La sienne est toujours posée dessus.

Nous nous regardons dans le blanc des yeux, sans bouger, moi, assis en tailleur au bord de la mare, elle, les pieds dans l'eau alors que Flushy nous tourne autour en silence. Sans trop savoir ce qu'il se passe. En tout cas pour moi. Mais quoi qu'il se passe, je ne veux surtout pas le briser.

C'st une sorte de bulle qui n'appartient qu'à moi, qu'à elle, formée par ces mots qui flottent autour de nous, qui retracent son passé et son être.

Je finis par pousser un profond soupir. Qui se répercute bizarrement dans la bulle.

« Je te l'ai déjà dit, mais je me répète. Je suis vraiment désolé pour la dernière fois, avec cette histoire de devinette. Je ne pensais pas que ça allait te rappeler ça. »

Et je n'en avais aucune envie.

Je voulais comprendre qui elle était, quel talent elle recelait. Je n'aurai sans doute jamais la réponse à la deuxième interrogation, mais la première m'apparaît beaucoup plus clairement. Elle est une génie comme les autres. Mais aussi une humaine comme les autres, dotée d'un passé et d'un avenir, avec un cœur qui bat, du sang qui pulse sous la paume de ma main, qui a coulé de ces cicatrices que je sens contre ma peau. Une humaine qui se cache derrière un mystère éthéré de déesse et de solitude pour que personne ne vienne creuser sa carapace.

Je crois que je me sens heureux, quelque part, d'avoir pu la passer, ne serait-ce que pour quelques instants.

Sachiko cligne des yeux. Doucement.

« C'est rare, le genre d'humain qui réagit comme ça. Habituellement, les gens qui apprennent que j'ai tué quelqu'un sont plutôt dans le jugement. Dans le dégoût. « Oh mon dieu mais le meurtre n'est pas la solution ! » ou ce genre de choses. »

Je relève les yeux vers elle.

« Peut-être que c'est la Tuerie qui altère mon jugement. Mais il me semble que je peux reconnaître un meurtre de sang-froid par pure cruauté devant quelqu'un qui voulait juste cesser de faire exister son passé. Et ses tortionnaires. Et je n'ai pas envie de juger quelqu'un qui vient de me raconter ses plus gros secrets, tu vois. »

Elle me fixe encore quelques secondes. Et puis, un léger sourire déchire ses lèvres.

« Tu es vraiment unhumain bizarre. Un bon humain bizarre. »


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