
Chapitre 4 (10) : Genius is proliferating way too fast
Tout le monde me regarde.
Je déteste ces regards. Je les hais. Je ne voulais pas en arrive là. Si j'avais pu décider, je me serais assis sur cette théorie sans jamais la réveiller, sans jamais rappeler exactement ce qu'il s'est passé pour que je me retrouve ici, ce que j'ai mis au jour.
Mais si Monokuma a raison, je ne suis pas seulement à l'origine de cette Tuerie qui a pour but évident de me silencer.
J'en ai deux autres à mon actif.
Trois, c'est le nombre de Tueries le plus élevé depuis 2016. De Tueries voulues et conçues pour être menées à leur terme, j'entends. Qui seront très probablement menées à leur terme d'une manière ou d'une autre, parce que j'ai encore peine à croire en cet hélicoptère miraculeux. Plus encore alors que Monokuma vient de se montrer.
Et c'est ce que j'ai découvert qui les a entraînées.
Je ne vois pas d'autre explication possible.
Organisateur ou pas, sinon, pourquoi Monokuma aurait-il parlé de deux personnes, alors qu'il sait très bien, qu'ils savent très bien, ce que j'ai déclenché ?
Ansgar est penchée vers moi, les mains appuyées sur sa canne. Elle me regarde me lever, me poster derrière ma chaise, en faisant de même comme si elle était un miroir me scrutant jusque dans les profondeurs de mon âme. Ce n'est que lorsque je suis debout face à elle qu'elle pousse un profond soupir.
« Ta théorie, n'est-ce pas. En quoi penses-tu qu'elle est responsable ? Pour ce qu'on sait, elle t'a surtout valu d'être ici. »
Emerens grimace dans son coin, et je le vois porter un ongle à sa bouche. Je lui jette un regard en coin, suivi par Sachiko, bizarrement, mais personne ne fait de remarques. Personne, pas même Seo-jun qui pourtant se permet de lui tapoter doucement l'épaule.
Je détourne le regard, serre les dents. Entre mes doigts, le collier d'Ibrahim, suspendu à ma ceinture, est presque apaisant à tripoter.
« Le plus simple, c'est encore que je vous explique tout de manière la plus succincte possible. La théorie, je veux dire. Histoire que vous compreniez un peu pourquoi je pense que tout est lié. »
Au point où on en est.
Ça ne va sans doute pas aider à leur espoir général de comprendre ce qui est en train de se passer, mais je crois que je leur dois une explication.
Et puis, j'en ai marre de m'asseoir sur ce secret.
Plus que marre.
Je me dirige vers un des tableaux blancs de la salle avant de m'emparer d'un crayon, prêt à faire tous les schémas qu'il faut, sous le regard inquisiteur d'Ansgar, celui, indéchiffrable, de Sachiko, et inquiet de tous les autres. Avant de me retourner vers mon public, une profonde impression de défaitisme s'emparant de moi.
Est-ce que c'est ce que ça fait, de se libérer d'un secret que j'ai veillé pendant près... Non, plus d'un an ?
Enfin bref.
C'est le moment.
« J'imagine que vous vous souvenez de ce que vous a dit Ade. Comme quoi la croissance du génie tendait, à terme, vers plus l'infini.
— Exact, répond Ansgar. Exponentiellement. »
Je pousse un profond soupir.
« Vous en pensez quoi exactement ? Comment c'est possible ? »
Là, silence général. Ceux qui semblent vouloir réfléchir sont plongés dans leur pensées, et les autres se contentent de me regarder, attendant la réponse. Mais déjà que je ne sais pas comment la formuler... Je ne peux pas la donner comme ça. Ce serait trop compliqué.
Après quelques minutes de silence, Moanaura lève une main hésitante.
« Est-ce que c'est genre... un facteur génétique ? Un truc qui devient de plus en plus commun ?
— ça n'a pas de sens, marmonne Alannah. Déjà parce qu'il n'y a pas de gène du talent, surtout des talents aussi variés que les nôtres.
— Pourtant, c'est dur de voir une autre explication, intervient doucement Nako. Il n'y a pas énormément de facteurs logiques expliquant une prolifération. Même si c'est un ensemble de gènes et non un seul... »
Je soupire.
« C'est pas tout à fait ça, mais il y a un lien. »
Tout le monde se tait. J'en profite pour dessiner un schéma rapide au tableau. Un cercle, entouré de plein d'autres.
« Vous avez sans doute déjà entendu parler de ces cas de famille à avoir plusieurs génies en leurs rangs. Les Asyna, par exemple. Ou les Hugghes. Les Tamura. Les Mizutani. Ou même... Les Andersen. »
Je grimace. Je ne voulais pas reparler de Ruben dans de telles conditions. Pourquoi eut-il fallu qu'il ait un frère génie.
Pourquoi eut-il fallu qu'il soit un frère de génie.
Ansgar hoche doucement la tête.
« Les Hui, également. Je sais de source sûre que Feng Hui, la petite sœur de Cheng Hui, l'Ultime Historien, porte un Ultime.
— ... Entre autres. Et je suis sûr que les exemples se multiplieront au fur et à mesure que le temps passera. Mais du coup, c'est là-dessus que je me suis basé. »
Je grimace. Je n'ai pas envie d'y penser plus que nécessaire. Surtout sachant ce que ça implique pour mon propre petit frère.
« Je me demandais pourquoi c'était si commun. À l'époque, j'avais entendu parler que des Hugghes et des Asyna, vu qu'ils venaient de Tueries en 2016 et 2017. Mais ça m'avait quand même intrigué de me dire que les adelphes ou les cousins connus possédaient eux aussi un Ultime. Du coup j'ai creusé ça. »
Je trace un cercle plus large autour de mes innombrables petits ronds.
« Deux exemples, c'est pas assez pour construire un schéma récurrent. Mais en fouillant dans les familles connues des Ultimes, je me suis rendu compte que... Bah, dans presque tous les cas où ils avaient des adelphes ou des cousins assez proches, le génie se développait chez tout le monde. Assez proches dans le sens vivent ensemble, tout ça, hein. Mais quand même.
— Une minute, coupe Emerens. Tu sais que j'ai une grande sœur. Je ne l'ai jamais vue à Hope's Peak ou quoi, ni même posséder des traits du génie, alors que... Je l'ai revue il n'y a pas si longtemps. Tu es sûr de toi ? »
Je soupire de nouveau.
« Emerens, ça fait combien de temps que tu n'as pas vu Elvira ? Combien de temps tu as vécu avec elle, dans la même maison, pendant une période de temps supérieure à deux mois ? »
Il serre les dents. Et cela me suffit largement comme réponse.
« Voilà. À partir de ces exemples, j'ai construit un schéma de propagation du génie. Qui semble effectivement avoir des causes génétiques, puisque les frères et sœurs de génies sont génies. Mais derrière, dans ce cas, pourquoi est-ce que ce n'est pas le cas de tous les adelphes ? Pourquoi Elvira, puisqu'Emerens l'a si bien fait remarquer, n'est pas une génie ? Et surtout pourquoi est-ce que ma courbe est une exponentielle positive ? »
Je dessine un autre schéma. D'autres ronds eux-mêmes cerclés de ronds, que je relie entre eux par des liens.
« Il y a d'autres problèmes, aussi. Comme celui qu'un groupe d'amis très proche durant l'enfance puisse se retrouver avec une forte concentration de génies. Qu'un génie en connaisse souvent un autre avant de rentrer à Hope's Peak, qu'il le sache ou pas. Le fait que, comme l'a dit Alannah, ce sont parfois des talents très particuliers, qui n'impliquent pas qu'une simple intelligence analytique ou artistique, par exemple. »
Et c'est là que le bât blesse, d'une certaine manière. Parce que c'est à partir de ce problème là que j'ai compris tout ce qu'il se passait réellement dans nos petits cerveaux. Et, dans un certain sens, la vraie origine du génie.
« Je vas pas vous expliquer tout mon raisonnement de A à Z. Il implique énormément d'études démographiques, génétiques et neurologiques dont je pense qu'il n'y a pas grand-monde ici capable de les comprendre entièrement. Mais je peux toujours vous en filer la conclusion. »
Ils sont suspendus à mes lèvres, tous, dans le silence le plus complet. Même Ansgar m'écoute attentivement. Même Emerens semble attendre que je finisse. Le suspense doit être à son comble, dans leurs petites têtes, mais je ne cherche pas à ménager mes effets.
Je cherche juste à trouver mes mots.
Parce que ce que je vais dire va briser tous leurs Espoirs de fin.
Je prends une profonde inspiration.
Et je me lance.
« L'humanité entière a évolué aujourd'hui avec le potentiel de développer un talent de génie. Ceux qu'on appelle, puisque nous n'en sommes qu'au début, talent Ultime, le meilleur du monde, même si à terme, ce ne sera plus tout à fait vrai. »
Mes doigts se serrent sur mon marqueur.
« J'ignore quelles constantes évolutives ont conduit à ce développement, et peut-être même est-ce une approximation. Mais le plus important, c'est que chez la plupart des gens, ce potentiel est dormant. Inutilisé. Et il aurait pu ne jamais l'être.
— Développe, intervient Ansgar. Qu'est-ce que le génie, selon toi ? »
Elle le sait très bien, bon sang, je grimace. Elle le sait très bien, puisqu'elle savait ma théorie avant même qu'Ade n'en révèle une partie. Je ne peux m'attendre à grand-chose d'autre de l'Ultime Dictateurice, après tout. Mais j'imagine que je peux bien lui céder ça. De toute façon, ça va être essentiel à la suite de ma démonstration.
« Le génie en lui-même est un état neurologique particulier, qui devrait porter un nom scientifique plus précis, ou même ne pas vraiment s'appeler le génie. Cet état, je soupire est une espèce de capacité d'adaptation sans pareille qui permet à celui ayant révélé ce talent de le travailler très, très, très vite et de rapidement apprendre tout ce qui y est lié. À savoir, si je devais prendre un exemple que je connais, passer son temps à écrire dans un environnement où on ne peut faire que ça permettant de développer à une vitesse bien supérieure à la normale son style, ses capacités de storytelling et de développement au point de publier un best-seller à douze, treize ans. »
Je parlais de Sorasaki, mais je vois Emerens, visiblement concerné aussi, grimacer. Il n'ajoute rien, cependant. Il se contente de détourner le regard sur la table en acajou. Et de son côté, Alannah lève une main hésitante.
« ... ça implique aussi... Ceux qui rentrent très tôt dans le labo de leur mère pour jouer avec les machines ? Et qui y sont encouragés ?
— Oui, aussi. C'est ce genre d'exemples qui sont parmi les plus communs. Un développement de leur talent par une pratique intensive qui réveille leur cerveau, en quelque sorte. Sauf qu'il y a des facteurs aggravants. »
Ils s'entreregardent, hésitants. Mais aucun ne pose la question que j'attendais. La partie la plus compliquée, en soit, à cause de l'un de ces facteurs aggravants.
Je dessine un autre schéma au tableau. Celui d'un enfant, en orange et rouge au niveau de la tête, et celui d'un adulte recourbé, en vert et bleu.
Enfin en espérant qu'on les reconnaisse, parce que je ne suis pas vraiment un super dessinateur.
« Facteur aggravant numéro un : La jeunesse. L'adaptation géniale est en quelque sorte un dérivé de la plasticité cérébrale, j'annonce en pointant du doigt les têtes des deux personnages. Ceux qui sont un peu familiers avec ça savent que le cerveau est d'autant plus malléable quand on est jeune, et que plus on vieillit, plus il est difficile d'apprendre des trucs. Ça affecte, évidemment, l'apprentissage d'un talent Ultime, ce qui explique pourquoi la majorité des Monokuma vus jusqu'à présent ne semblaient pas âgés de plus de trente ans.
— Ultime Gardien des Secrets mis à part, intervient Ansgar. Parce qu'on a jamais vraiment su son âge. »
Je grimace.
« L'Ultime Gardien des Secrets est un cas particulier, si je me souviens bien. Et de toute façon, on peut aussi compter l'Ultime Fabricante de poupées. Mais ça reste deux cas sur environ quatre cents connus. Tous les autres sont des ados ou de jeunes adultes. »
Ansgar hoche la tête. J'en profite pour entourer chacun de mes deux schémas d'humains mal dessinés d'un cercle autour de la tête.
« Techniquement, les deux ont le potentiel d'un Ultime, mais c'est plus facile pour un enfant. Sauf que quand tu l'es, tu le restes. Et ça vient avec son propre état d'esprit, sa propre manière de réfléchir qui est souvent très différente des humains normaux. Ce qui fait venir au facteur aggravant numéro deux. »
Je montre du doigt mon premier schéma, avec tous les ronds reliés.
« L'environnement. À partir du moment où tu as un Ultime dans ton environnement, tu es exposé à sa façon de réfléchir. Encore une fois, c'est plus facile pour les jeunes, plus malléables, de l'assimiler, même s'il faut être longtemps en compagnie de la personne ou beaucoup l'admirer, par exemple. Ça explique les familles d'Ultimes dans la plupart des cas, comme celui des Mizutani, des Hui j'imagine, des Asyna et des Hugghes. Ça explique aussi que des groupes d'amis très proches puissent se retrouver à Hope's Peak. Comme Emerens, Sharon et moi. »
Même si je suis incapable de dire qui a vraiment été le patient zéro de nous trois. Dans un sens, nous nous sommes peut-être mutuellement développés notre génie. J'étais bon en maths. Emerens racontait des histoires comme un pro. Et Sharon était une bête de travail. Allez savoir ce qui l'a emporté en premier de nous trois sur les autres.
Surtout vu comment ça a fini.
Emerens a une fort vilaine grimace. Je le vois se ronger un ongle à la mention de Sharon, et Seo-jun lui met une main sur l'épaule avec un regard de soutien. Mais du côté des autres, ils sont tous concentrés sur moi. C'est à peine si Sachiko jette un coup d'œil à Emerens avant de se remettre à me fixer, sans la moindre expression.
Je me demande bien ce qu'elle a en tête.
Ansgar me fait signe de continuer d'un signe de tête dans le silence le plus total, et je pose mon crayon avec une légère grimace avant de m'emparer d'un autre. Noir.
« Il y a un troisième facteur aggravant. »
Toujours le silence.
Je débouche mon crayon noir avant de gribouiller partout ou je peux sur mon schéma d'adulte et d'enfant. Dans une œuvre d'Art que l'Artiste renierait bien, mais ce n'est pas ce qui m'importe le plus, à l'instant précis.
Si ça m'a seulement importé un jour.
« Les traumatismes. »
Emerens relève la tête. Sachiko aussi. Je vois leurs deux visages pâlir à l'unisson.
Je serre les dents.
Je ne voulais pas avoir à réveiller de mauvais souvenirs.
« En étudiant toutes les histoires d'Ultimes que j'ai pu trouver, j'ai découvert que la grande majorité d'entre eux, à l'exception de rares cas heureux, avaient subi un traumatisme plus ou moins grave. Parfois, c'est juste de la négligence parentale, comme chez les Son. Parfois... ça prend une ampleur de niveau Neia Hirristel, ou Kagari Goto, si vous voyez de quoi je veux parler. »
Grimace générale. Ça ne m'étonne pas, ils ont tous plus ou moins entendu parler du couple royal du Gotoland, livre lu ou pas. Inutile donc que je leur rappelle ce qu'ils ont vécu.
Ça me rassure, parce que c'est vraiment trop sale pour moi.
« Un traumatisme change durablement le cerveau. Très souvent en mal, bien sûr, tu finis avec un trouble mental grave type PTSD ou borderline, qui te pourrit la vie bien comme il faut, pour être cynique. Seulement, dans certains cas, tu débloques aussi ton potentiel de génie. Et malheureusement, j'ai peur que l'intensité du traumatisme perçue soit corrélée avec le niveau de génie que tu peux atteindre. »
Comment expliquer, sinon, l'intensité de certains cerveaux, comme celui de Kagari Goto, capable de tout faire ? Comme celui de Yuuki Maeda, si proche de découvrir l'immortalité ? Comme celui de l'Impératrice Ultime, qui portait son titre par la rareté de son talent plus pur qu'un diamant brut ?
Ansgar serre les dents.
« Si ça se savait, Thibault, des gens pourraient faire exprès de faire énormément de mal à leurs proches, ou même leurs enfants pour réveiller le génie.
— A ton avis, Ansgar, pourquoi on m'a dit de ne pas en parler ? Je grimace, aigre. Le gros, gros ennui qui traîne derrière, c'est que du coup, comme chacun le sait, les génies sont plus aptes au Désespoir. C'est très probablement en grande partie parce qu'ils sont putain de traumatisés et donc fragiles psychologiquement. »
Ouais parce qu'on voir rarement des gens complétement heureux tomber dans le Désespoir dans des cas où tout va bien, et encore, c'est seulement parce que leur traumatisme à eux implique la vision du monde extérieur. Ce sont les Tueries qui finissent par leur foutre le cerveau à l'envers, à ces gens-là. Quelle ironie.
Le souci, c'est qu'ils sont une proportion bien trop faible.
Tout le reste peut céder à n'importe quel moment.
« J'ai une question, lance Moanaura. Et les Chanceux dans tout ça ? »
Je grimace. Bah voyons, balance-moi des inconnues, je vais adorer.
La vérité, c'est que je ne sais rien des Ultimes Chanceux. Je ne crois pas en leur talent, je ne crois pas en le fait que le hasard même puisse en être un. Ce n'est pas logique. Le hasard, c'est une succession de lois de probabilités qu'un mathématicien peut contrôler à la formule près, pas une force de la nature laissée au contrôle de quelques personnes.
Mais force est de constater que j'ai en face de moi un exemple qui contredit toutes mes théories, et que cet exemple me regarde sans bouger depuis tout à l'heure.
C'est à peine si elle a réagi à la remarque de Moanaura.
« Je sais pas, je grommelle. Ça peut être dû à un traumatisme, mais le seul Chanceux connu, c'est Minoru Adashi, et je sais pas grand-chose de lui. Y'a pas beaucoup d'exemples à étudier à l'instant précis. »
Sachiko grimace. Je vois son regard se durcir alors qu'il se vrille d'autant plus vers moi.
« Mais c'est pas vraiment le plus important, je soupire. Pourquoi Monokuma nomme des Chanceux, c'est un mystère pour moi de toute façon. J'ignore comment se manifeste concrètement leur talent Ultime, si c'est leur talent à eux ou quelque chose d'entièrement laissé au hasard pour une étude de terrain. Mais les constantes restent les mêmes de toute façon. »
Je pointe du doigt mon schéma avec une grimace.
« Vu tous ces facteurs, on peut facilement se douter qu'il est très facile de proliférer le génie. De le transformer à ses amis, ses adelphes, plus tard, ses enfants. Qu'on soit soi-même un génie ou pas. Mais dans ce cas, qu'est-ce qui nous arrête ? »
Qu'est-ce qui nous arrête, en effet ? Où est la limite, où est-ce que le génie peut prendre fin si tout le monde peut le transférer à tout le monde ?
« La limite, je finis par soupirer, c'est tout simplement qu'il n'y en a pas. À terme, au fur et à mesure des générations, le génie, l'état du génie, va se répandre. Les génies, en se mariant avec des non-génies, auront des enfants qu'ils élèveront en génie, leur partenaire sera même potentiellement exposé au génie. Et ainsi de suite jusqu'à un remplacement complet de la population. Qui arrivera très, très vite, en deux, trois générations, peut-être. »
Ils me regardent tous, des expressions variant de la stupéfaction à l'horreur, en passant par la colère et le vide. Ils me regardent tous les condamner, condamner notre Espoir de fin des Tueries.
« Et avec les génies viendra le Désespoir. Plus il y aura de génies, plus la proportion de Désespérés sera grande. Ce qui mènera, fatalement, à cette fin du monde que les Monokuma craignent tant. »
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