Chapitre 3 (2) : Playtime's over or what ?
Le départ de Seo-jun creuse encore plus le silence dans la pièce.
Je les vois, les regards en coin que les gens se lancent, que les gens lancent à Emerens qui est toujours debout devant sa chaise, sans bouger, les yeux fixés vers la porte fermée. Que les gens me lancent, est-ce parce que je suis à côté, ou parce que je me suis senti visé et que la simple mention du Désespoir de Ruben m'a conduit à me ronger les ongles ?
Je ne sais pas, et je ne le saurai jamais.
D'ailleurs, je ne veux pas le savoir.
Je vois le reste du groupe échanger des regards mal à l'aise avant que finalement, Nako ne se morde la lèvre et finisse par se lever.
« Je voudrais surtout pas jeter de l'huile sur le feu, mais il a raison, Emerens. Je comprends tes raisons, et je doute que ce soit volontaire, mais tu n'as pas eu la bonne réaction. Et même si Ruben n'est plus en état d'accepter tes excuses, je pense que tu lui en dois, à lui, à Flor, et à Seo-jun. »
Un léger spasme agite le coin de la lèvre d'Emerens qui se rassied, le visage fermé. Il ne me regarde même pas. Ibrahim, à côté de lui, fait la grimace.
« Je comprends Seo-jun, renchérit-il avec douceur. Et toi aussi. On a tous les trois perdu quelqu'un dans ces jeux de la mort et je pense qu'on y perdra encore bien des gens avant de mourir. Justement, essayer de conserver toute la responsabilité pour soi en croyant que ça allègera le fardeau des autres ne marchera pas. »
Il tend une main, ouverte, aidante, vers son camarade. Mais ce dernier la repousse, toujours inexpressif, toujours les traits fermés.
« Ça va, j'ai compris, le principe, on va pas s'éterniser là-dessus pendant des heures ? »
Ses yeux brillent d'une certaine froideur alors qu'il balaie la table de réception du regard.
« Mais puisque c'est le moment de me reprocher des trucs, allez-y, je vous écoute, et essayez de faire bref. Quelqu'un d'autre a un problème avec moi ou on peut parler d'autre chose que du meurtre que je n'ai pas réussi à empêcher ? »
Le silence se fait. Tout le monde se jette de nouveau des regards, comme dans l'attente de quelqu'un pour parler. Et puis, Sachiko lève sa main, avec un grand sourire.
« Moi, moi, j'ai un problème, la blondasse !
— Eh bien vas-y, je t'écoute, Kimura, cause, il grommelle, toujours une certaine froideur dans le ton. Pour une fois dans ta vie. »
Sachiko éclate de rire.
« Nah, flemme ! »
... Putain de merde, ça va pas partir en dispute d'ados quand même ? J'espère que non. En tout cas, tout le monde a l'air d'être bieeeeeeen lassé par Sachiko vu les grognements que j'entends. Quelque chose dont visiblement, notre Chanceuse nationale se branle complètement.
« De toute façon, elle renchérit sous les regards de tout le monde, tu sais ce que je te reproche, hein, Van Heel ? Tu le sais, elle sourit, un sourire plein de dents, et vu ta tête t'as clairement pas envie que je te fasse un topo...
— Ben voyons, grommelle Ade. Toi, tu fais preuve d'une pareille sollicitude ?
— J'aime pas gâcher les plot twists, ricane Sachiko. Et puis de toute façon, Monokuma l'enculé de première va arriver dans trois.... Deux... Un... »
Emerens lève les yeux au ciel, mais n'a de toute façon pas le temps de rétorquer. Parce qu'effectivement, au rythme du décompte de Sachiko, j'entends des pas dans le couloir. Des pas qui ne peuvent pas vraiment appartenir à Seo-jun, le seul d'entre nous à être absent.
Et cette théorie de la dernière chance est prouvée par le bruit de la porte qui se claque, et l'habituel caquètement de Monokuma qui semble bien assez souriant pour douze.
Ce dernier marque un temps de pause alors que tout le monde se raidit, avant de nous compter du bout du doigt.
« Neuf, dix, onze... Ah bah ça alors, il en manque un ! Vous êtes des rapides, vous dis donc...
— Seo-jun fait juste son caca nerveux, réplique Ade, froide. Inutile de monter sur tes grands chevaux. »
Ibrahim lui jette un regard désapprobateur, mais Monokuma balaie cette remarque d'un geste de la main.
« Tant pis ! J'adore les changements de plan mais ça sera pas pour tout de suite. Moi, en attendant, j'ai un planning à respecter ! Allez, la compagnie, je vous emmène, direction le cercle 4 ! »
De nouveau, Emerens lève les yeux au ciel. Et visiblement, il ne semble pas être le seul que Monokuma agace. Ibrahim a les lèvres pincées, le regard d'Houshang est empli de mépris, et Ade le fixe avec une froideur de glace.
Ansgar, la seule à conserver une façade un tant soit peu neutre à la vision de Monokuma, se lève, avant de s'appuyer sur sa canne.
« Il semblerait qu'il soit temps de quitter cet endroit. Suivez-moi, on y va. »
Bruits de chaises. Tout le monde, sans exception, obéit à l'ordre tacite qu'iel nous lance avant de se placer derrière luel, face à Monokuma, qui a une moue pour le moins agacée sur le visage. Il a compris, de toute évidence, qu'il ne détenait pas l'autorité suprême ici. Bien. Au moins un coup à son ego.
Ça ne le fait cependant pas réagir outre mesure. Il se contente de faire un large geste de la main, au poignet duquel brille une chaîne d'argent. Une chaîne que.... Je suis sûr d'avoir déjà vue au poignet d'une statue percée de mille flèches...
À côté de moi, Emerens se raidit, et je l'entends marmonner dans sa barbe en néerlandais. Mais pour le coup, là, même en parlant couramment, je n'en comprends pas le premier mot.
« Et... Et Seo-jun, alors ? Intervient Alannah lorsque Ansgar fait le premier pas. Il ne risque pas d'avoir des problèmes ? »
Ansgar pince les lèvres.
« A moins que Monokuma ne veuille lui en donner, non. »
Monokuma lève les yeux au ciel.
« Tssssss. Si seulement. Mais Yoon aura laaaaargement le temps de rattraper sa petite visite plus tard ! Enfin pour le coup, ça devrait même lui plaire, d'arriver en retard... »
Concert de grognements, mais Ansgar le coupe en avançant d'un pas, et tout le monde lae suit, sans même poser la moindre question. Obligeant Monokuma à se dépêcher, si seulement il avait l'intention de prendre la tête du groupe.
Enfin. Ansgar, même avec sa belle assurance, ne saurait pas trop où aller, de toute façon. Iel est bien obligé.e de laisser la tête –... horrible jeu de mots– à Monokuma une fois l'extérieur rejoint. Une bien maigre victoire dont visiblement cette espèce de monstre semble se contenter, vu comment il est satisfait.
Emerens ne tarde pas à me semer. Ce qui fait que sur le chemin, je suis rejoint par Houshang, qui me fait un signe de tête.
« Je n'ai pas encore eu l'occasion de te remercier pour le procès d'hier.
— Steuplait, je grogne, me remercie pas. J'aurais vraiment, vraiment préféré crever. »
Houshang cligne des yeux.
« Justement. Ça demande un immense courage de sacrifier ses désirs au profit des autres. Et tu as su mener l'enquête avec brio. »
Son regard se détourne, alors que de mon côté j'essaie de croire en ses paroles.
« Je tenais aussi à te dire que je suis vraiment désolé. Pour Ruben. »
Je serre les dents.
« Ouais. Moi aussi, mec. »
Houshang n'ajoute rien de plus. Il se contente de me serrer l'épaule et de rejoindre Ester, laissée visiblement un peu de côté et l'air perdue.
Comme quoi, il peut me dire autre chose que des trucs qui remettent en question l'intégralité de mon existence, ce con là.
Monokuma finit par s'arrêter devant la porte, avant de scanner son propre Monodossier dessus. Tiens, tiens, donc il en disposait bien d'un. Parce que je dis ça, je dis rien, mais on a toujours pas résolu le mystère du Monodossier numéro 16, et quelque chose me dit que ça va me tourmenter très longtemps pendant cette Tuerie...
Enfin bref. Son Monodossier scanné, Monokuma se tourne vers nous, avant d'écarter grand les bras.
« Quelques points de détails avant de rentrer dans le cercle 4 ! »
Son sourire s'élargit.
« Contrairement au cercle 5, vous n'y serez pas confinés pour une durée limitée ! En fait, vous aurez accès à l'intégralité des trois cercles aussi longtemps que je n'aurais pas ouvert le quatrième, rien qu'en scannant vos Monodossiers sur les identificateurs ! ça prendra un peu de temps à mon associée pour mettre les choses à jour, il ricane, mais ne vous inquiétez pas, personne ne restera coincé... »
La mention de l'« associée » fait grimacer tout le monde. Il n'a jamais été si transparent sur la présence du MasterMind... Si c'est bien le cas, on sait jamais avec lui. Mais qu'est-ce qui le motive à expliquer ça maintenant ?
« Rien d'autre, Monokuma ? » Intervient Ansgar avant que je n'aie le temps de me poser plus de questions.
Ce dernier hausse les épaules.
« Hmmm, naaaah, vous vous rendrez compte vous-même des spécificités de ce cercle ! Il n'y a pas de règles particulières, pas de zones particulières dont je dois vous parler expressément, peut-être deux ou trois mystères à chercher mais comme leur nom l'indique, upupupupu, ce sont des mystères... »
Son sourire s'élargit. Derrière lui, dans un grondement de tonnerre, les portes s'ouvrent.
« Je n'aurais qu'à ajouter... profitez bien, upupupu ! »
Les portes claquent devant nous.
Monokuma s'écarte, obligeamment, et nous fait signe d'avancer. Ce qu'on fait. Un pas, deux pas, à la suite d'Ansgar, tremblants, mal à l'aise, tous avec en tête la même question : « Qu'est-ce qui nous attend ? »
Tout ça pour que la première chose qui nous transperce les oreilles soit une musique affreusement entraînante.
Il faut un peu de temps à mes petites mirettes pour s'habituer à la lumière. Mais même une fois que mes yeux aient cessé de brûler, j'ai peine encore à croire ce que je vois.
« Est-ce que Monokuma... est-ce que Monokuma a vraiment poussé le vice jusqu'à construire un putain de parc d'attractions ?!? »
Le bruit d'eau mêlé de cette affreuse musique de parc à thème est le seul son qui me répond.
Pourtant, la réponse est évidente, là, sous mes yeux. Parce que devant moi s'étalent des bâtiments illuminés de toutes part, dans un thème presque trop noir, blanc et rouge pour être naturel mais pourtant si joyeux. Des fontaines d'agrément entourent un chemin pavé de marbre blanc décoré de têtes de Monokuma, et au loin, je vois des attractions diverses, comme des bateaux pirates, des circuits aquatiques, putain, il y a même des montagnes russes !
Et si seulement c'était le parc d'attractions... au loin, je vois une enseigne de ce qui me semble bien être une discothèque, théorie prouvée par le magnifique « Monodisco » qui orne un logo de CD et de Monokuma un poil trop bien mixé pour être honnête, et une partie du parc semble être dédiée à des attractions aquatiques.
... Putain, il y a même un bowling. Et même sans la carte des lieux qui est affichée devant l'entrée, comme dans tout foutu parc d'attractions, j'arrive à compter au moins trois bars !
« De toute évidence, grommelle Emerens toujours un peu aigre, Monokuma a poussé le vice, oui. »
Ledit Monokuma continue de ricaner, à peine affecté.
« Vous avez des maisons d'agrément un peu partout dans le cercle 4 ! Je vous fais confiance pour vous mettre un tant soit peu en position de voisinage, comme d'habitude je ne tolèrerai pas l'isolement... Mais bon, un peu de luxe, ça peut pas faire de mal à des Ultimes, n'est-ce pas les enfants ? »
Le regard perçant d'Ansgar est sa seule réponse.
Il faut dire, à notre défense, qu'on est bien assez choqués comme ça, moi le premier.
Putain, quand on parle de budget, à combien on peut estimer les gains des Monokuma pour qu'ils aient pu financer cette horreur à thème sans sévèrement s'endetter ?!?
... Quelque chose me dit que je ne veux pas savoir.
Monokuma se barre en ricanant, ce qui ne laisse qu'Ansgar pour donner les consignes ; Ce que ce.tte dernier.e fait immédiatement, prenant place au centre du cercle que nous formons. Et pour une fois, tout le monde lae regarde.
« Mettons nous d'accord sur une chose. Vu la taille de ce cercle, le visiter à seize serait contre-productif. On risquerait surtout de perdre du temps.
— Ouais, et Ansgar, je crois qu'il va falloir qu'on se sépare à un moment de toute façon, intervient Nako. Alannah est en surcharge sensorielle. Elle supportera pas une journée là-dedans. »
Ansgar se tourne vers Nako. Moi aussi. Ce qui nous permets à toustes deux de constater qu'effectivement, la Game Designer serre dans ses bras Alannah, les mains sur les oreilles et les yeux pleins de larmes, qui essaie du mieux qu'elle peut de se protéger de l'enfer lumineux et sonore. Son collier est entre ses dents qu'elle serre de toutes ses forces, mais même ça ne semble pas la distraire.
Ouais, c'est assez clair qu'on va pas la traîner là-dedans pendant des heures, la pauvre choute.
Ansgar hoche la tête.
« En effet, ne lui imposons pas ça. Je suggère qu'on établisse dès maintenant un plan de rendez-vous histoire qu'Alannah puisse y aller se reposer, et que l'on puisse chacun.e explorer comme on l'entend. Est-ce que quelqu'un a des idées de lieu ?
— Pourquoi pas le lounge indiqué à droite ? propose Ibrahim, doigt pointé vers la carte. Ce n'est pas trop loin pour Alannah, facile à retrouver et sans doute plus confortable que rester planté au milieu de toutes ces couleurs. »
La proposition semble être débattue quelques instants mais personne n'a rien de mieux à proposer, si bien qu'Ansgar finit par trancher.
« Très bien, va pour le lounge. Nako, si tu veux bien y emmener Alannah, et en même temps tous ceux qui ont besoin de calme ? Je pense que ça ne ferait pas de mal non plus à Ester. Elle semble également très mal à l'aise. »
Ladite Ester est même plus que mal à l'aise, vu la grimace sur son visage alors qu'elle rejoint Nako... D'ici, je vois la lumière se réverbérer bizarrement sur son visage angulaire. J'en jurerais presque qu'elle a encore plus maigri qu'avant, et c'est dire vu son gabarit de base...
Houshang, après quelques discussions en allemand avec l'Ultime Dentiste, semble finalement décider de la laisser entre les mains de Nako, qui s'éloigne à petits pas avec ses deux protégées. Ne restent finalement sur la place que moi, Emerens, Ibrahim, Moanaura, Ade, Houshang, Sachiko et Ansgar. Ansgar qui prend appui sur sa canne en nous balayant du regard.
« Vous pouvez y aller. De mon côté, je resterai ici pour attendre Seo-jun. Vu la taille du cercle, il va falloir que je lui explique ce dont nous avons convenu. »
Il n'en faut pas plus pour qu'Ade s'éloigne d'un pas vif sur le chemin de gauche, les poings serrés. Moanaura, elle, prend la direction opposée, avant de bondir sur le toit le plus proche et se mettre à courir. J'avais oublié ses tendances au parkouring, tiens.
De son côté, Ibrahim approche Houshang, et il semblerait qu'après une petite discussion la plus polie possible, ils prennent un troisième chemin ensemble. Finalement, il ne reste plus sur les lieux que moi, Emerens, Sachiko et Ansgar.
Ledit Emerens se retourne vers moi. Je lui trouve un air vachement fatigué.
« Bon, eh bien, Thibs, on dirait que tu es encore coincé avec moi.
— On dirait, oui, je ricane. Est-ce que c'est encore un de tes plans pour un date surprise ?
— Oh ça, n'y compte pas, mon pote ! »
Sachiko, de toute évidence enchantée à l'idée que je me retrouve encore seul avec Emerens vu son expression crispée, vient de s'approcher de nous. Et de... Pas se casser. De juste rien dire en se plantant à... à peu près un mètre. De moi, encore, je peux comprendre, mais aussi d'Emerens, et ça, par contre, c'est ce que j'appelle une vision de cauchemar...
... Attends, pourquoi elle bouge pas ?
Putain, j'ai un mauvais pressentiment.
Ne pas l'écouter. Ne pas l'écouter, Tout va bien se passer.
« Tu... Veux quelque chose, Sachiko ?
— Ansgar va rester ici et moi j'ai aucune envie de me faire chier, grommelle cette dernière après un regard noir à Emerens. Donc l'option logique, c'est que je vérifie ou cette espèce de sale bâtard fourre ses organes pourris. »
Le sale bâtard en question, les lèvres pincées, lui rend son regard noir en version hiver enneigé en Suisse. C'est-à-dire très, très froid, au cas où. J'ai de sales souvenirs de Saint-Cyr et de la clim qui suffisait à peine à nous réchauffer.
« Si t'as un problème avec moi, Kimura, crache le morceau.
— Tu sais très bien quel problème j'ai avec toi, Van Heel, et ça va pas s'arranger, lui répond Sachiko sur le même ton de pur mépris. Si t'es pas content, va donc voir ailleurs si ton chéri s'y branle... »
... Je me sens un peu au milieu d'un tir croisé, là, et à tous les coups je vais finir par me prendre une balle perdue ou me changer en barricade... Et le pire, c'est qu'aucun des deux n'a l'air de vouloir bouger. Booon, tant pis pour mon date improvisé, mais de toute façon faut bien que je sauve ma peau, là, maintenant...
...
Attendez c'est une blague.
Attendez vous vous foutez de moi.
Ils me suivent, ces deux gros cons !!!!!
Mais je vais mourir ou bien ?!?
J'ai échappé à la mort dans la zone précédente seulement pour décéder ici sous un feu croisé de deux personnes qui peuvent absolument pas se blairer et qui en plus ont décidé de me coller au train ? Est-ce qu'on appellerait pas ça le début d'une monstrueuse plaisanterie ?
...
Bon ben je crois qu'il me reste plus qu'à accepter mon destin.
Tel un condamné à mort, je marche sur le dernier chemin, essayant du mieux que je peux d'ignorer l'échange de regards particulièrement agressif que je peux sentir peser sur mon dos même alors que ce n'est pas moi la cible et priant pour qu'aucun des deux ne vienne me mêler à leurs histoires...
En tout cas le moins qu'on puisse dire, c'est que Monokuma a effectivement mis les moyens pour son immense parc à thème « organisation terroriste ». Rien que sur le chemin, j'ai croisé trois boutiques de bouffe, toutes vides pour le moment, deux stands de fête foraine, un de tir et un de pêche aux canards, sans le moindre lot, et une boutique de souvenirs qui me paraît vraiment de très mauvais goût puisque tout me rappelle un tant soit peu les Tueries d'avant. Comme une flèche immense en carton. Ou un assortiment de chapeaux melons.
Yaaaaaay.
Après, contrairement au cercle précédent, on ne peut pas dire que cette ambiance bien dégueulasse soit omniprésente. C'est juste un petit rappel de temps à autres, une référence discrète, pas au même niveau que la maison des Enfers ou le musée du Sommet de son Art. et c'est... Rafraichissant.
Non, ce qui prime, c'est surtout la lumière, les couleurs, et la musique joyeuse, même alors que toutes les boutiques et stands sont vides. Une subtile intuition me dit que tout cela sera rempli plus tard, mais à vrai dire, je préfère ne pas écouter cette intuition. Un parc d'attractions fonctionnel dans un endroit pareil, c'est sans doute pas la meilleure nouvelle de la journée.
« Putain, Monokuma a mis les moyens, râle Emerens en triturant une peluche mascotte non loin. On appelle ça l'excès.
— Parce que tu t'y connais, en excès, hein, la blondasse ? lui lance Sachiko vertement. C'est pas ton fonds de commerce ? »
... Profond soupir.
Et ce n'est que la troisième pique depuis qu'on est partis de là, c'est-à-dire il y a bien une demi-heure. Y'a pas à dire, ils sont vachement calmes, en ce moment, c'en serait presque inquiétant.
D'ailleurs, Emerens ne prend même pas la peine de répliquer. Il se contente de montrer les dents à Sachiko avant de laisser tomber le bras de la peluche Monokuma. Sachiko qui lève les yeux au ciel. Inespéré, un peu de silence.
Je me penche à mon tour vers la peluche Monokuma.
« Un parc à thème. Quel genre de message Monokuma cherche à nous faire passer ?
— très franchement, si j'étais toi, je me méfierais des attractions, me répond Emerens. Je crois que je monterai pas là-dedans avant d'avoir fait tester devant moi ce connard d'Ultime Artiste.
— Comme si on allait voir cet emo mal embouché dans des montagnes russes en train de faire « wiiiiiiiiiiiiiiiiiiii », renchérit Sachiko, aigre. Mets-y un robot, ce sera plus simple et plus productif, tiens ! »
Et vas-y que ça grommelle de concert... wait, de concert ? Eh bien eh bien, on en voit, des trucs aujourd'hui. Est-ce que je peux regagner le subtil espoir de prier pour une trêve ?
Pas le temps de beaucoup espérer, en tout cas. J'entends des bruits de mas à ma gauche, et quelqu'un déboule de derrière une autre peluche Monokuma.
« Ah, vous êtes là, tous les trois ! Ansgar a un message pour vous ! »
C'est Seo-jun. Il semble essoufflé, mais sans plus ; d'ailleurs, sa respiration se régularise très vite une fois sa course stoppée.
Emerens lui jette un regard en coin. Il lui rend. Sans rien ajouter de plus. Avant de se tourner vers moi.
« Iel a trouvé les chambres d'hôtel, iel aimerait bien que vous soyez là pour une répartition efficace et qui conviendrait à tout le monde, ça vous va ?
— On va dire que oui, fait Emerens haussant les épaules. Ce serait bête qu'on se paye la chambre la plus dégueulasse.
— Cool, continue Seo-jun sur un ton égal. Dépêche-toi, dans ce cas. Le lounge est assez loin. »
.... Ouuuuh, j'aime moyennement la tension qui se crée dans cet environnement, et pour une fois je regretterais presque la tension sexuelle. C'est dire, vu à quel point ils m'emmerdent avec leur gestion de leurs organes génitaux d'habitude.
Sachiko hausse un sourcil dans ma direction, avant de pointer Seo-jun du doigt.
« T'es allé faire un petit tour dans les piscines, Yoon, où quelqu'un t'a balancé ?
— Putain, me parle pas des piscines, grommelle un Seo-jun agacé. C'est un paradis aquatique mais je sens que ça va se transformer en enfer. Moanaura m'a arrosé avec un putain de canon à eau, et il m'a fallu courir pour me sécher... »
... C'est vrai que maintenant qu'elle le dit... Les cheveux de Seo-jun sont trempés, et au sol se forme, doucement mais sûrement une flaque d'eau. Sans doute qu'il porte des vêtements assez pratiques pour ne pas se faire tremper totalement, mais quand même, ça promet...
...
Attendez une minute.
Ils parlent de piscine ?!?
... Oh seigneur, faites que personne n'ait l'idée d'y aller. Parce que voir onze Ultimes en maillot de bain, c'est vraiment pas bon pour ma pansexualité.
... Vous la sentez arriver, la douille ?
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