Chapitre 3 (19) : What will I do now
Eh oui c'est encore moi-
C'est pour les content warning vu qu'on est le lendemain du bisouillage, ça va forcément avoir des références discrètes-
mais bon là j'ai pas vraiment le choix ptdr, c'est important pour le dev de Thibs-
Ouh là. J'ai mal à la tête, de bon matin.
Je crois que l'alcool a pas encore complètement évacué mon système sanguin parce que je me sens encore planer comme sur mon petit nuage, et le fait que mon lit soit suffisamment confortable pour contrer les différentes courbatures qui me prennent tout le corps n'aide pas vraiment à ce que je me réveille. Fin, mon cerveau fonctionne à moitié, donc j'imagine que je peux pas dire que je suis toujours endormi ; mais c'est à peine si mon corps me répond comme je le veux.
Me relevant, j'essaie de rassembler mes souvenirs de la veille. Quelque chose me dit que ce serait très bête d'avoir oublié, tiens. Alors voyons. Dans l'ordre chronologique, il y a eu la petite séance de maquillage, le drag show, puis la grosse soirée à thème... D'ailleurs, il faudra que je remercie Nako et Ibrahim pour les gâteaux arc-en-ciel, même en étant sévèrement alcoolisé j'ai pu en apprécier le goût. Puis ensuite, je suis allé danser, avec Ibrahim et Alannah, puis Sachiko, puis...
Le souvenir me revient exactement au moment où je me tourne. Et où mon regard a le malheur de tomber sur Emerens qui dort de l'autre côté de mon lit, enroulé autour du traversin. Pas assez recouvert pour que je constate qu'il est au moins torse nu. Et le cou arborant bon nombre de traces trop récentes pour que je puisse les attribuer à quelqu'un d'autre.
... Oh, putain de merde.
Si j'avais eu le moindre doute qu'hier soit un putain de rêve –même si c'était un rêve très agréable– il vient de partir en fumée.
Et le moins qu'on puisse dire c'est que je l'ai pas épargné. Même avec ses cheveux, je vois les traces de mes dents sur ses épaules... Qu'est-ce que le moi torché avait vu en lui pour recourir à ce point au cannibalisme ?
Ouais enfin et surtout, le moi torché avait pas pensé à, oh, je ne sais pas, le réveil du moi sobre qui avait genre vraiment pas besoin de ce genre de données à doutes supplémentaires !
Oui parce que je fais quoi moi maintenant ?!?
« Bordel de putain de merde à chier de... »
Je n'arrive plus à me retenir. Mon self-control a explosé hier, de toute façon, donc au point où j'en suis, c'est pas quelques jurons qui vont aggraver mon cas.
Sauf que comme je n'ai plus de self-control je parle beaucoup trop fort, et visiblement beaucoup trop fort pour que le maudit dragon reste endormi autour de son trésor qui dieu merci pour ma gay panic du matin n'est pas moi. Ouais, parce que, déjà qu'on se réveille à poil dans le même pieu, si on était encore serrés comme des sardines en boîte je crois que mon cerveau aurait surchauffé.
Emerens, qui ne pouvait pas rester endormi comme un bon pote dans ce genre de cas, ouvre paresseusement un œil, un air grognon sur le visage, avant de se prendre la tête entre les mains.
« ... C'est toi qui gueules de bon matin, bordel ? Baisse d'un ton, j'ai la gueule de bois... »
Ouais enfin moi aussi et de toute évidence ça m'empêche pas de gueuler, donc s'il te plaît laisse-moi me remettre tranquillement avant que je puisse me remettre à réfléchir comme un gars civilisé ?
Il relève doucement la tête, avant de se frotter les yeux.
« Qu'est-ce qu'il se passe, t'as pas passé une bonne nuit ?
— Oh ça je crois que c'est pas le plus gros problème, je crache, du tac au tac. J'essaie surtout de process ce que j'ai fait durant ladite nuit. Parce qu'aux dernières nouvelles, j'appelle pas ça un rêve, moi ! »
Un rêve ne me mettrait pas dans un tel état de panique. Putain, si j'avais su que sauter le pas provoquerait un pareil bordel, j'aurais inventé une machine à remonter le temps pour me baffer dans le passé !
Il grogne, avant de s'étirer paresseusement.
« Oh ça, c'est clair que c'était pas un rêve, le moins qu'on puisse dire c'est que je l'ai senti passer. Je suis sûr que tu m'as défoncé le dos. Où est-ce que t'as appris ça... »
... Merci de rappeler mes prouesses, si on peut vraiment appeler ça comme ça, mais là actuellement je crois que ton dos n'est pas le plus gros problème et je suis sidéré que tu aies l'air de t'en foutre après la conversation qu'on ait eue la fois dernière ?
« Okay, mec, très bien, je te ferai un massage plus tard pour apaiser ta pauvre colonne vertébrale qui j'en suis persuadé n'a jamais pris aussi cher, je grommelle, sarcastique, mais en attendant ?
— Je confirme que ma colonne vertébrale a jamais autant souffert, soupire Emerens, et si j'avais pas genre mal à la tête je te proposerais bien de me la remettre en place, mais tu veux dire quoi par « en attendant » ? »
Je me frappe le front. Il est débile où il le fait exprès ?
« En attendant on en fait quoi de ça, génie ? Parce que là, je suis pas sûr que ça rentrait dans le contrat signé définissant notre relation, tiens ! On oublie et on en parle plus ? On en fait une habitude en tant que bons potes qui niquent de temps en temps en toute amitié ? Ou alors... Ou alors quoi ? »
Surtout le quoi, à vrai dire. Qu'est-ce que ça signifie ? Certes, c'est pas la dernière des prudes, loin de là même, et moi je ne suis pas forcément mieux dans les faits, mais est-ce que je tiens vraiment à le garder comme juste plan cul ? Au risque de pas être tout à fait satisfait ? Ou alors on oublie ça comme des gamins et on revient à la normale ? Je sais même pas ce que je préfèrerais. Et si le quoi rentre en ligne de compte, il implique quoi le quoi ? je suis plus célib ? Je vais devoir tâtonner une relation avec un mec qui ne m'aimera jamais romantiquement peu importe l'intensité de son amour ? Alors que moi-même je n'en suis pas amoureux ?
Il me regarde toujours avec son petit air agacé. Appuyé sur son coude, une moue déformant son visage. Putain, c'est bien la première fois qu'on se réveille dans une telle situation, mais j'ai l'impression de me disputer avec lui comme si on était mariés !
« Je sais pas, moi, qu'est-ce que t'en penses ?
— Ah non, pitié, ne me la ressors pas, celle-là, je gronde, ulcéré. Moi, je suis encore plus paumé que jamais. Si tu me demandes une réponse, je vais te dire kamoulox ! Je veux ton avis, ce que tu en penses, pas ce que toi tu es prêt à m'accorder ! Toi, qu'est-ce que tu veux exactement ?!? »
Il pousse un profond soupir.
« Tu veux vraiment ma réponse ?
— Évidemment, je grommelle, sinon je te la demanderais pas, abruti. »
Il lève les yeux au ciel. Avant de se redresser sur ses bras et de se pencher vers moi.
Par rapport à toute la passion d'hier, cette fois, le baiser est très doux, presque trop. C'est à peine si je sens son contact, sa main sur ma joue et ses cheveux qui me caressent les épaules. Mais il reste un peu trop longtemps appuyé pour être honnête. Quelques secondes, quelques secondes qui me paraissent être une éternité avant qu'il ne se redécale, toujours appuyé sur ses bras, en train de me regarder avec une profonde lassitude.
Il est bon de noter que je suis une tomate. Une tomate muette.
« La voilà, ma réponse. »
Il se laisse tomber d'un coup sec sur le lit, oubliant le fait que je le regarde avec des yeux comme deux ronds de flan.
« Allez, maintenant, sois sympa, va réfléchir ailleurs et laisse-moi dormir. On en parlera à tête reposée quand toi et moi n'aurons plus la gueule de bois, là je risque juste d'être désagréable. »
Et, comme si ce n'était pas suffisamment clair qu'il me fout dehors, il chope mon oreiller avant de l'enfoncer sur ses oreilles sans la moindre gêne. Me laissant sans rien sur quoi m'appuyer.
On va dire que le message est passé.
Je suis dehors, vêtu de frais et toujours autant paumé, à faire le tour du complexe hôtelier sans même savoir à quoi je veux réfléchir en premier. Parce que c'est bien beau qu'on en cause à tête reposée, mais moi il va falloir que je lui présente une réponse, à la sienne qui on va pas se leurrer, était vraiment très, très claire.
Je suis à moitié sarcastique.
Ouais parce qu'une chose est sûre, on embrasse pas un simple pote, même quand on s'appelle Emerens van Heel, et on ne l'embrasse encore moins comme ça. Il m'a à peine touché, bordel, pourtant j'ai encore la sensation du contact sur ma joue et mes lèvres !
... Bien pour se convaincre que je me contenterai d'une amitié, ça...
Mais bon y'a toujours le après qui traîne. Est-ce qu'on remet ça comme il fait tranquilou avec Seo-jun ou bien y'a une étape supérieure qui m'attend ? Ouais, hein, toujours la même question, à laquelle je ne trouve toujours pas de réponse–
« Thibaaaaaaaault ! Alors, alors, alors, on s'est bien amusé hier ??? »
... Dites-moi que je rêve.
J'ai même pas le temps de réfléchir que je tombe sur non pas une, non pas deux, mais trois de ces emmerdeurs de première ?!? Avec un sur mon dos que je reconnais être Moanaura, et deux en plein devant mon visage qui on un tel sourire carnassier que je commence vraiment à m'inquiéter pour ma vie ? Seo-jun et Alannah, large sourire aux lèvres, qui se penchent vers moi avec le plus pur air de gremlins jamais vu sur leur tronche, et évidemment ils ne peuvent pas parler de la partie d'échecs...
« On peut pas être tranquille cinq minutes ? Je grommelle. Je viens de me réveiller !
— Et apparemment tu as passé une très bonne nuit, ricane Seo-jun, goguenard. Alors dis-moi, comment va ton dos ? »
... Merci Seo-jun, j'apprécie toujours les questions indiscrètes. Je lève les yeux au ciel, délogeant du même coup Moanaura.
« Mon dos va très bien, merci. Et du reste, ça te regarde pas.
— Oh bah écoute, j'irai questionner Emerens, je suis sûr que niveau détails juteux il ne s'en privera pas, ricane-t-il. Mais quand même, j'aimerais bien savoir ce que monsieur en a pensé. Tout compte fait, tu t'es mis bien, hein Thib ?
— Sois sympa et ferme ta gueule.
— C'est pas gentil ça ! Boude Alannah. Depuis le temps qu'on vous regardait vous tourner autour, on veut savoir comment ça s'est fini ! Il a pas été trop méchant au moins ? »
... Pitié, Alannah, t'y mets pas aussi. En plus, c'est même pas encore fini, nom d'un chien, je sais même pas comment conclure ce petit épisode !
« Oh attends, ricane Moanaura en venant se placer derrière moi, je suis sûre que c'est pas fini, moi. Il m'a l'air bien en train de planer pour un mec qui regrette ! Si ça se trouve, ça va devenir une occurrence régulière ?
— Bonjour le manque de discrétion, je marmonne, de plus en plus agacé. Vous pouvez pas respecter ma vie privée ?
— En termes de discrétion t'es clairement pas le meilleur, le nain, réplique une Moanaura plus moqueuse que jamais. Parce que j'ai certes perdu comme une merde au concours de boissons mais ça m'a pas empêché de vous voir vous rouler une énorme pelle !
— Même bourré comme je l'étais j'ai pas oublié, pouffe Seo-jun, et pourtant crois-moi j'étais torché. »
Je me remémore le petit épisode du garde du corps qui nous roule dessus, nous précipitant au sol. Sur le sol très probablement dégueulassé par des verres renversés et de la transpi en plus. Berk. Heureusement qu'on s'est douchés après.
« ... Je te crois sur parole sur ce point, mec. »
Il rigole.
« Mais du coup je veux toujours les détails. »
Je lève les yeux au ciel.
« Tu sais quoi ? Si tu veux les détails, va les demander à Emerens quand il se sera réveillé pour de bon, je suis sur qu'il adorerait se plaindre à qui veut l'entendre de comment je lui ai pété la colonne vertébrale ! Moi, je persiste et je signe, je ne dirai rien !!! »
Et avant que l'un des trois n'ait pu élaborer, je m'empresse de m'échapper de leur étreinte maléfique avant de mettre les voiles vers le lounge le plus vite possible.
Lounge dans lequel se trouve Ansgar, en train de siroter un cocktail sur le canapé le plus proche. Iel semble visiblement avoir opté pour quelque chose de léger, aujourd'hui. Simple chemise à manches courtes et short en jean, avec une paire de talons aiguilles. Et ce petit air amusé au moment où je rentre dans la salle, en sueur.
« Bonjour Thibault. Pourquoi tant de hâte ?
— Seo-jun et Moanaura sont une bande d'indiscrets et je suis sûr qu'Alannah est mal influencée par ces deux-là, je grommelle. Par pitié, Ansgar, vous y mettez pas, vous aussi. J'ai eu ma dose de questions indiscrètes. »
Iel hausse les épaules, avant de rigoler.
« Je n'y comptais pas, de toute façon. Mais mes félicitations. »
.... Bordel de merde, je crois que c'est pire. Mais je ne peux pas protester devant l'Ultime Dictateurice, hein, du coup je me contente de grogner, et de lever les yeux au ciel. Mais un autre grognement me fait écho au fond de la salle. De la voix pleine d'agacement d'Ade.
« Je ne vois vraiment pas de quoi il faut le féliciter. »
Ansgar plisse les yeux.
« En tout cas, je ne vais certainement pas le gronder. De quoi devrais-je le faire ? »
Ade, que je viens de remarquer sur une chaise au fond de la salle, montre les dents.
« De baisser sa garde au point de prendre le risque de le regretter plus tard, d'oublier où nous sommes et pourquoi nous y sommes, et surtout de convoler avec pareil crétin sans même se soucier d'à quel point il se comporte comme un imbécile ! »
... C'est que ça en fait du sel, et c'est moi qui parle. Je ne peux m'empêcher d'avoir un rictus.
« T'as un problème, Ade, t'es jalouse ? »
Son visage se tord dans une colère noire.
« Remballe ta fierté mal placée, pauvre abruti ! Je n'ai aucunement l'envie d'ouvrir mes cuisses et encore moins à lui, dans ces conditions ! Et tu n'as aucune fierté à tirer dans le fait de te comporter avec la plus grande imprudence ! »
Elle referme son livre dans un claquement, avant de sortir du lounge d'un pas rude, le menton levé très haut vers le ciel, poings serrés. Ce qui fait soupirer Ansgar.
« Ade ne se rend pas compte qu'elle est la seule à se comporter avec autant de prudence. Si elle pouvait seulement relâcher la pression, nous pourrions éviter un meurtre un très, très long moment. Et j'ignore ce que Monokuma veut, mais j'imagine qu'au bout d'un moment, si rien ne fonctionne, il devra se rendre à l'évidence sur le fait que nous ne cèderons pas au Désespoir.
— Mouaif, j'espère qu'on en arrivera là, je grommelle, à moitié convaincu. Mais franchement dans tous les cas, ça fait pas de mal de se détendre un peu le cul.
— J'approuve ce que tu dis avec une formulation plus élégante, sourit Ansgar. Mais n'oublie pas que ce statu quo n'est que temporaire. Tôt ou tard, nous devrons enquêter sur comment trouver un moyen d'y mettre fin pacifiquement. Je ne peux pas me permettre de rester ici trop longtemps. »
Vrai. Ansgar n'a pas les mêmes obligations que nous, pauvres pégus, en tant que cheffe de la Fédération du Nord. Il faudra tôt ou tard qu'iel retourne dans son pays. Et que nous trouvions un moyen de sortir le plus efficace possible, tant que nous sommes encore douze.
J'attrape de quoi bouffer et je salue Ansgar, avant de ressortir du lounge tranquillement. Logiquement, les trois fouineurs devraient s'être cassés... Peut-être même qu'ils sont allés emmerder Emerens. Tant mieux, au moins je les aurai pas sur le dos.
Par contre, Houshang, Ibrahim et Ester, eux par contre, je ne mets pas longtemps à les croiser. Houshang me fait un salut amical avant de me faire signe de venir, et Ibrahim fait de même avant de détourner le regard, l'air un peu triste. ... Ouh là, je le sens mal.
Quant à Ester, elle me fixe avec de grands yeux, l'air beaucoup moins hostile que d'habitude.
Bizarre.
« Bonjour Thibault, me salue Houshang alors que j'arrive. Je suis content de te voir en bonne forme.
— Pas d'insinuations s'il vous plaît, je marmonne, un peu gêné. Ça commence à s'accumuler. »
Ibrahim pousse un petit soupir, et Houshang sourit.
« Loin de moi cette idée. Je suis content pour toi, et content de voir que tu n'es pas mort, comme chaque matin quand je vois chacun d'entre nous. Étonnamment, nous réussissons bien mieux à cohabiter quand nous sommes heureux et en phase. »
... Même plus que cohabiter si je puis dire. Mais c'est pas le moment pour que je fasse moi-même mes propres insinuations. De toute façon, Ester vient de me prendre la main, toujours l'œil que je peux voir grand ouvert.
« Alors ça y est vous êtes... ensemble ? Copains ? »
Je pince les lèvres. J'aimerais bien pouvoir la rembarrer, mais elle a l'air tellement innocente dans sa question, comparé aux trois autres de tout à l'heure... Et puis c'est aussi la première fois que je ne vois pas Ester monter sa garde en ma présence. Même si elle a l'air encore plus faiblarde que d'habitude. Ses yeux sont cernés, ses joues creusées, sa peau pâle. D'ailleurs, à bien y regarder, Houshang l'aide à se tenir debout de cette main sur son épaule.
Mais bon, elle attend toujours une réponse, alors...
« Compliqué, je réponds, un peu crispé. De mon côté comme du sien. J'ai une idée de ce qu'il veut, mais moi par contre c'est néant. On verra, j'imagine. »
Ester a un petit sourire, que je ne peux m'empêcher de trouver fatigué.
« Il... beaucoup parler de toi, avec moi, tu sais. Moi pense serez heureux. Vous mériter. Et il faut. Il faut gens heureux, ici.
— On va essayer, je marmonne, un peu gêné. C'est le but, de toute façon. »
Son sourire s'illumine d'une innocence toute choupie, et elle lève ma main qu'elle tenait encore devant elle.
« C'est bien ! C'est bien ! Faut être heureux. Quelqu'un... doit être, non ? Quelqu'un doit être. »
Houshang a un petit sourire, avant de serrer sa main sur l'épaule d'Ester.
« J'apprécie ton enthousiasme, ma chère Ester, mais je pense que Thibault a besoin de réfléchir un peu, d'être un peu seul pour ça. Tu ne crois pas ?
— Je suppose, répond une Ester toujours souriante. Mais sois heureux, d'accord ? Moi... Moi heureuse pour toi. Très heureuse pour toi. »
Houshang pouffe, avant de la laisser prendre appui sur son épaule et de s'éloigner de moi à pas lents, repassant de toute évidence sur l'allemand pour lui parler. Ce qui la rend beaucoup plus volubile. À vrai dire, je crois que c'est bien la première fois que je vois Ester comme ça. C'est... Presque apaisant.
Ibrahim est le seul à rester en arrière. Je le vois éviter mon regard, jusqu'à ce qu'il pousse un profond soupir.
« Je partage l'avis d'Ester sur ce point-là, Thibault. J'espère que vous serez sincèrement heureux, peu importe la manière dont vous aurez choisi de l'être. Je crois que si quelqu'un le mérite, c'est bien toi. »
Je pince les lèvres.
« Pourtant, tu m'as l'air bien triste. »
Il baisse les yeux sur le sol.
« Ce n'est rien dont tu doives te préoccuper. Sois heureux, d'accord ? Ester l'a dit, je vais te le dire, je suis très content pour toi. »
Sa main me tapote l'épaule avec douceur. Puis, il s'éloigne, d'un pas lourd, les yeux toujours baissés vers le sol.
... Super. Je lui dis quoi, moi, maintenant ?
Je ne sais même pas comment toute cette histoire va se terminer, juste que ça mérite franchement beaucoup, beaucoup de temps de parlotte. Et tout le monde qui semble persuadé qu'on va convoler en justes noces comme si on avait scellé un truc cette nuit-là... Certes, je peux pas dire que ça va finir en plan cul de base, mais quand même, on parle d'Emerens, c'était si évident que ça qu'il y avait un truc en plus... ?
... S'ils me disent ça, c'est que ça l'est, sûrement, hein.
Je passe encore un peu de temps à traîner dans le complexe hôtelier avant de finalement sortir. J'ai plus ou moins recroisé tout le monde en passant, dont Ade qui m'a résolument ignoré, Ester qui m'a fait un signe amical, Nako qui s'est contentée de faire comme si rien ne s'était passé, ce en quoi je la remercie pour être franc ; Mais aussi Alannah et Moanaura qui se sont jetées sur moi comme un capybara sur un morceau de salade, que j'ai dû fuir à toute allure et je suis presque sûr qu'un des drones de l'Ingénieure est en train de me suivre à la trace ; et Seo-jun, je l'ai aperçu de loin mort de rire, revenant visiblement d'une petite conversation avec Emerens. Emerens que je n'ai pas vu, d'ailleurs.
Nan, en fait, la seule que je n'ai pas vue du tout, c'est Sachiko.
Et je dois bien avouer que ça m'inquiète.
Ade semblait la chercher aussi, à un moment, du coup je l'ai suivie, mais je ne dois pas être très discret puisqu'elle a fini par me dire à mots très peu couverts de foutre le camp et d'arrêter de lui coller aux basques. Okay, je l'ai un peu mérité, sur ce coup-là.
Du coup, me voilà dehors, il doit être près de midi, le soleil est haut et Flushy, que je n'avais pas vue depuis longtemps, tiens, me regarde de sa mare avec son habituel poids du jugement ultime. Une gamelle pleine de bouffe pour capybara se trouve à côté de sa mare, preuve que Sachiko est passée par là ; mais de ladite Sachiko, pas la moindre trace.
Elle me jette un regard blasé alors que je m'approche, et je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'elle est en train de lire mon âme et n'aime pas ce qu'elle voit. Foutu capybara.
« Oh, ça va hein, je grommelle en lui jetant un regard peu amène. T'as jamais eu envie de te reproduire, toi ? »
Flushy prend un nénuphar non loin entre ses dents avant de le mâcher ostensiblement, toujours ses yeux plantés droit dans les miens. ... Je crois que ça veut dire qu'elle s'en branle pas mal.
Par contre, sur un banc dans un coin du parc, se trouve Emerens, en train d'écrire sur son bloc-notes, et l'air déjà de bien meilleure humeur que ce matin. D'ailleurs, il ne tarde pas à me repérer, et me faire signe de venir m'asseoir près de lui.
Bon. Ben quand faut y aller, faut y aller, mon vieux Thibault.
Je pose mes fesses sur le banc à distance raisonnable de lui, et il range son bloc-notes dans son sac avant de se tourner vers moi. Il sourit. Ouais, on va dire qu'il est clairement en bien meilleures dispositions que ce matin.
« T'as pu réfléchir un peu, Thibs ?
— Pas trop, je marmonne. On va dire que ce matin, je me suis surtout fait harceler par Seo-jun et compagnie qui apparemment me prenaient pour un magazine porno. »
Il rigole.
« Ouais, j'y ai eu droit aussi. Apparemment, ça l'a pas mal surpris que je n'arrive qu'à peine à m'asseoir. »
Il me fait un clin d'œil, et je lève les yeux au ciel.
« En attendant j'en suis toujours au même point, donc si tu veux m'expliquer plus en détail ce que t'en penses, je veux bien, hein. »
Ça a le mérite de le faire cesser de rire. Par contre, il a toujours son sourire aux lèvres. Son regard se tourne vers le ciel, et je le regarde se caler plus confortablement dans le banc.
« Ce que j'en pense, Thibs, c'est assez simple. Je suis aro, comme tu finis par le savoir, à force. Je ne saurai sans doute jamais vraiment ce que c'est de tomber amoureux. Ça peut être à la fois rédhibitoire comme un énorme avantage.
— Dans quel sens ? »
Son sourire s'élargit.
« Dans le sens où je n'ai aucune limite personnelle. Depuis que je me suis émancipé et que je vis pour ainsi dire tout seul, j'ai développé le point de vue que quitte à ne jamais tomber amoureux, je ne vois pas pourquoi me priver de certaines preuves d'affection, ou certaines expériences de la vie, si tu vois ce que je veux dire. Et bon, tu auras fini par te rendre compte que je suis du genre collant. »
Je lève les yeux au ciel.
« Ah bon ? J'avais pas remarqué, dis-donc. Je te trouve plutôt distant, moi. »
Il pouffe.
« Je note ton sarcasme évident. Mais bref. Du coup ce qu'il m'arrive très souvent de faire, c'est de m'adapter à ce que veulent les autres. Dans tous les cas, je ne connaîtrai pas la souffrance de me prendre un râteau, alors, si les gens sont contents juste avec quelques câlins et la main tenue, je sais pas, je ne vais pas me languir de quoi que ce soit ? Que j'aie envie ou non, un refus ne va pas me faire crever, du moment que je me sens un minimum important aux yeux de la personne. Le reste, câlins, bisous, mots d'amours, promesses de mariage, sexe et compagnie, c'est du pur bonus. Tu vois ce que je veux dire ? »
Je hoche la tête. Ouais, dit comme ça, ça me parait assez clair, on va dire. Mais ça n'explique toujours pas ce qu'il voulait exprimer dans sa réponse. Et puis, ce genre de point de vue m'étonne un peu. J'ai peur qu'il en arrive à oublier ses propres désirs juste pour nous faire plaisir, à moi, à ses potes, ou à ses partenaires. Et à partir d'un certain point, et je suis bien placé pour le savoir, c'est pas très sain.
Je lui jette un coup d'œil. Il a l'air toujours décontracté, sur son banc, à fixer le ciel en souriant. On dirait presque que je suis le seul à vraiment prendre cette conversation au sérieux.
... Je sais pas si je dois être rassuré.
« ... Ouais enfin. Et avec moi ? C'est ça un peu le cœur du sujet, mec. Tu veux quoi avec moi ? »
Enfin, il se tourne vers moi.
« Je vais pas te mentir sur le fait que j'aimerais bien pousser la proximité au maximum. Mais là où on en était jusqu'à hier, c'est déjà pas mal, et ça semblait te convenir comme ça, pas vrai ? Donc je ne pense pas non plus en avoir vraiment besoin. Du moment que ça devient pas gênant, hein, qu'on régresse pas sous prétexte qu'on a couché ensemble et qu'on compte pas recommencer. »
Il pouffe, avant de m'attraper la main.
« Je peux te faire confiance sur ça là-dessus, Thibs ?
— J'ai eu beaucoup de plans culs dans ma vie, je grommelle, levant les yeux au ciel. Qu'on reste comme avant hier me dérangerait pas plus que ça. Qu'on se mette à niquer régulièrement, boff, option sympathique sans plus. Mais je sais pas trop ce que serait la troisième option. Et je t'ai pas encore répondu parce que ladite troisième option m'intéresse. On est pas juste amis, toi et moi, je soupire. Qu'on le veuille ou non, y'a quelque chose de plus. »
Sa main se resserre sur la mienne.
« Disons que c'est pour ça que je préférais avoir ton avis d'abord. Je me rappelle très bien de ce que tu m'as dit sur savoir gérer une relation avec quelqu'un d'aro, il sourit. Et je ne comptais pas te brusquer là-dessus jusqu'à ce matin. »
Trop aimable de ta part. Sincèrement. Et j'apprécie au moins qu'il cherche à en discuter, j'avoue que je préfère ça plutôt qu'il attende et se range à mon avis. Ça me parait plus... Équitable, quelque part.
« Ce qu'on serait ? Il reprend. Je vais encore ressortir la même rengaine, mais c'est à toi de voir. Serais-je ton copain, juste un ami puissance mille, un ami avec bénéfices ? Est-ce qu'on se dirait des mots doux ou juste des câlins, est-ce qu'on s'embrasserait, ou plus ? Tout ça, je pense qu'on a le temps de se définir. Mine de rien il sourit, c'est pratique de ne pas s'enfermer dans un carcan. La troisième option, comme tu dis, c'est la liberté totale. »
.... Hm.
Mine de rien, c'est tentant.
Complètement redéfinir les bases de notre relation sans vraiment se donner de nom, c'est compliqué, ça va me perturber car j'ai pas du tout l'habitude, mais derrière, ça m'éviterait d'avoir à me poser de questions. À quoi bon si je suis amoureux ou pas ? Ou lui ? Je pourrais faire ce que je veux –dans le respect du consentement mutuel, bien évidemment– et, peut-être, je me surprends à espérer, que ce serait moins vampirisant, moins forcé, que ma relation précédente.
Enfin, on peut toujours essayer.
« Écoute pourquoi pas, je finis par soupirer. Je sais pas du tout où ça va me mener, mais je pense bien qu'on peut essayer. Je te fais confiance pour pas me forcer, de toute façon, pas vrai ? »
Son sourire s'illumine. Eh bé putain, j'aurais presque pu lui offrir la lune en cadeau de mariage que ça aurait eu le même effet, nom d'un chien.
« Toujours. Et bon, puisqu'on en est là, y'a des trucs que tu veux fixer ? »
... C'est vrai qu'il y a des limites à la liberté totale. Je hausse les épaules.
« Déjà on va attendre de voir avant de se remettre à forniquer, hein. Pareil pour toute autre avancée supplémentaire, tactile ou autre, faut que je me fasse à l'idée que tu n'es plus juste mon meilleur ami. Puis on a le temps, enfin j'espère.
— S'il le faut je vais te le donner, ce temps, pouffe Emerens. S'il faut empêcher les gens de faire des bêtises, je crois que je sais faire. »
Je ricane.
« Tu vois c'est quand tu dis ça que je te fais pas confiance.
— Mais si, mais si. Autre chose ? »
De nouveau, je hausse les épaules.
« T'attends pas à des mots d'amour ou des trucs du genre non plus, hein. Je suis pas doué pour ça de base, et là c'est particulier. Et puis, je pense que dans ce contexte il faut que tu saches que je suis polyamoureux. Pas que ça te dérange, hein, je ricane, monsieur j'ai deux partenaires. »
Il rigole, avant de passer son bras autour de mes épaules. Je me laisse aller contre sa propre épaule sans trop rechigner. Eh, quoi, autant commencer à profiter maintenant, non ?
« Non, en effet, mais c'est toujours bien de savoir. Note que je n'ai aucune intention de t'empêcher de poursuivre tes amours, ce serait idiot de ma part. ça serait mieux que je sache à quoi m'attendre avec qui, bien sûr, mais au-delà de ça, c'est pas mes affaires ? »
... Allez savoir quel poids vient de m'être ôté mais je me sens beaucoup plus léger. Assez, en tout cas, pour me coller encore davantage à lui. Histoire de le remercier, quelque part. Ce que, vu son bras qui se referme un peu plus autour de mes épaules, il apprécie.
« ... merci.
— C'est vraiment, vraiment tout naturel, Thibs. Et j'aimerais bien savoir ce qui t'a convaincu du contraire. »
... Alors comment te dire.
« ... On va dire que j'ai eu une relation, pendant mon année de terminale, 2017-2018. Pendant laquelle je me suis rendu compte que je l'étais de manière assez fortuite, polyamoureux, du coup comme on était en libre je lui ai dit, en espérant au moins qu'elle me foute la paix avec ça. »
Il grimace. Tu la sens, la douille, hein, Emerens ? Tu la sens arriver. Moi, par contre, je ne l'ai pas sentie arriver. Et peut-être que, si j'avais pu faire un poil plus attention, j'aurais vu ce qui se cachait derrière les belles promesses de Maylis.
« Tu t'en doutes, elle l'a pas fait. Elle était même sacrément insistante. Elle poliçait tous mes crushs, et même mes potes un peu trop proches, sous prétexte qu'elle voulait juste savoir à quoi s'attendre. On va pas se mentir, ça me foutait le stress. Je pouvais plus crusher sans avoir la frousse qu'elle s'en rende compte et qu'elle m'emmerde avec. Est-ce que j'aurais pu me déclarer et vivre deux relations en même temps ? Ouais, sans doute. Mais elle ne m'aurait très certainement jamais lâché avec. Elle voulait tout savoir. »
Emerens plisse les yeux. Je vois son poing se serrer sur son genou.
« J'espère que t'as très vite envoyé bouler cette connasse.
— Pas du tout, je ricane, aigre. En fait, c'est elle qui l'a fait. Et même pas à cause de ça. Moi, j'étais mordu, tu vois ? Je pensais que c'était normal, toute cette jalousie, la culpabilité et la peur. Elle disait qu'elle voulait juste savoir, tu vois. Et à côté de ça, on était quand même heureux. Mais en juillet 2018, j'ai chopé mon Ultime. En août, elle m'a largué à cause de ça.
— ... Pardon, quoi ?!? »
Je pousse un profond soupir. Eh ouais, Emerens, l'histoire est moche.
« Elle voulait un Ultime depuis l'annonce de l'ouverture d'Hope's Peak. Reconnaître son talent, qu'elle disait. Même avec les Tueries, ça l'a pas arrêté. C'était son rêve, et non, je n'ai jamais compris pourquoi elle en rêvait. Mais lorsque j'ai eu le mien, et du coup, pas elle, elle a juste dit... Qu'elle pouvait pas rester avec moi pour ça. Que ça allait juste la dégoûter... Merci meuf, je crache, mais je suis toujours un être humain avec des sentiments derrière mon foutu titre Ultime. Et vu où j'ai atterri, très franchement, je vois pas de quoi tu te plains. »
Emerens grimace de nouveau. Avant de pousser un profond soupir, et de resserrer son bras autour de moi, m'envoyant droit sur son pectoral.
« Si je puis me permettre, quelle petite conne.
— Hm. Mouaif. Fin tu comprends mieux que je sois pas très rassuré.
— Pas mal, oui. »
Il me tapote doucement la tête, avant de sourire.
« Et j'espère bien que tu n'hésiteras pas à me dire si je fais une bourde. Parce que je vais pas me transformer en le partenaire parfait non plus, c'est un fait.
— T'inquiète pas que je vais t'engueuler comme plâtre si jamais tu fais de la merde, je ricane. Mais quand même, t'es un Romancier, tu sais quand même un minimum ce qu'il faut faire et ne pas faire, non ? »
Sa grimace se teinte de gêne, et je le vois se gratter la tête avec un léger sourire embarrassé.
« Ouh là, ne crois pas ça ! Je ne suis pas exempt de bourdes, hein, même si je cherche toujours à progresser. Et j'en ai commis des grosses. Des très, très grosses.
— Du genre ? »
Il pousse un profond soupir.
« Passons sur l'épisode que tu sais avec le quiproquo entre Eléane et Louna. Je crois qu'une de mes plus grosses saloperies, involontaire mais bien là, c'est cette pauvre Sharon qui se l'est prise. »
... Ah. Eh bah ça commence bien ! Et visiblement il doit voir ma grimace puisqu'il s'éloigne un peu de moi, en train de triturer une de ses mèches blondes. C'est à peine si il croise mon regard.
« Sharon est comme toi, il soupire. Elle est alloromantique, et elle a été ma première vraie relation de ce genre entre moi et une personne capable de sentiment amoureux. Louna étant, j'imagine que tu t'en doutes, aussi aro.
— Et donc ? Qu'est-ce que t'as fait comme conneries, je grommelle. Histoire que je vois sur quoi je dois te taper les doigts un peu plus. »
Il a un léger rire triste.
« J'avais appris de mon erreur avec Eléane et lui ai expliqué que je n'étais pas très exclusif. L'ennui, c'est que je n'ai pas non plus été très clair. Et Sharon me savait aro et ne croyait pas vraiment, au début, à une relation au sens propre du terme. »
Il pousse un profond soupir.
« Elle était amoureuse de moi, Thibs, finit-il par lâcher, la voix vide de toute intonation. L'est peut-être encore aujourd'hui. Et moi, lorsque j'ai fini assez fortuitement par m'en rendre compte, j'ai agi sans doute de la pire manière possible. Je me suis enfermé dans mon déni. Parce que je ne savais absolument pas comment gérer ça, ni ce que j'étais censé faire. Je pensais nous protéger tous les deux d'une interruption difficile, il soupire, petit sourire fatigué aux lèvres. Mais au final, je crois que tout ce que j'ai fait le temps que Louna, bénie des dieux soit-elle, ne calme le jeu, c'est la faire souffrir. »
... Donc ils se sont bel et bien retrouvés dans une relation inégale. Le genre de trucs que je craignais, au début, que je crains toujours un peu mine de rien. Elle, sans doute en train de crever sur ses sentiments non rendus, et lui, espérant que ce qu'il lui offrirait calmerait un peu la douleur.
C'est sale, mine de rien. Humain. Mais sale.
Je prends mon menton entre mes mains. Est-ce que j'aurais pu subir la même chose, il y a huit ans de ça ? mourir d'amour dans mon coin alors même que j'ai ce que je veux ? Parce que mine de rien, c'est cruel de penser qu'il n'aurait jamais pu me rendre le sentiment, même si derrière, il me rendait l'affection.
« Et donc ? ça s'est calmé ?
— Écoute, il pouffe un peu amèrement, quand elle s'est rendue compte que je jouais le jeu de l'ignorance, Louna m'a sévèrement engueulé, à raison. Elle est allée lui parler elle-même pour lui expliquer notre relation à nous, ce qu'elle pouvait espérer, et j'imagine que c'est allé un peu mieux, mais je me suis fait enlever avant d'avoir réussi à démêler mon propre bordel. Et je pense qu'elle ne se doute toujours pas que je ne suis pas aussi ignorant que je lui aie fait croire.
— ... Pas très cool pour elle, si tu veux mon avis.
— Non. Mais j'imagine que maintenant, tu comprends mieux ce que je voulais dire, quand je parlais de bourdes. »
Je soupire.
« Mouais. Du moment que tu les refais pas. Comme tu l'as si bien signalé tout à l'heure, je suis dans le même cas, et je suis pas à l'abri de retomber amoureux comme un con. Je n'ai aucune envie que de genre de trucs soit la raison de notre séparation. »
Son regard s'assombrit un peu. Puis, il me sourit, avant de, de nouveau, se caler contre moi.
« Je peux te promettre que je ferai tout pour éviter ça. C'est le principal, pas vrai Thibs ? »
Je hoche la tête. Moi non plus, je ne peux pas m'empêcher de sourire.
« Ouais. C'est leprincipal. »
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro