Chapitre 3 (17) : Pride and maybe prejudice
On est le trente juin, le fameux jour de cette fête de la Pride qu'Ansgar m'a littéralement prise des mains, et je dois avouer que... Bah, vu ce qu'iel en a fait, je ne sais pas si je peux vraiment m'en plaindre.
Le programme de la soirée commence avec un petit drag show. Fin, si c'en est vraiment un, ce sera juste le moment où tout le monde pourra se maquiller et danser, sur scène ou non, sur du Queen ou autres chansons du style. Après, on passe à la vraie fête, ceux qui veulent pourront se rhabiller et se démaquiller, et ça sera juste le bordel habituel mais avec de la bouffe à thème arc-en-ciel et des cocktails du même genre.
Et évidemment, Ansgar a même pensé à la déco. Je vous des arcs-en-ciel partout dans le bâtiment principal, et même le Fan a décoré son kigurumi d'une ceinture bien rainbow. Quand je lui ai demandé pourquoi, il m'a dit que c'était en hommage à un vieil ami. Je me demande de qui il parle, mine de rien.
Enfin bref, c'est pas mes affaires, et Monokuma moins je les vois mieux je me porte. D'ailleurs, je crois que l'Artiste est bien d'accord avec moi. Je l'ai vu passer quelques secondes après ce petit interlude pour tirer le Fan par l'oreille et l'envoyer se faire foutre ailleurs. C'est tout juste s'il m'a adressé la parole. Ça change vraiment de son comportement dans les deux chapitres précédents. À croire qu'il fait tout son possible pour ne pas s'impliquer.
... Ce qui est inhabituel, pour un Monokuma.
Après ce n'est pas ça qui m'inquiète le plus. Si aucun des deux ne s'implique, on risque quand même d'avoir un crime passionnel. Après tout, l'Impératrice n'a eu aucune influence sur la moitié de ses meurtres. Mais le contexte des Abysses était bien différent. Ici, j'ai du mal à voir ce qui peut être prétexte à pareille dispute, alors que nous sommes tous endormis dans l'alcool et les papillons.
Du moment que ça dure...
Il est tard, Nako et Ibrahim portent la dernière main à leurs gâteaux, et les autres sont probablement déjà tous dans la grande discothèque. C'est là que je les y rejoins, d'ailleurs, ou plus précisément dans la salle de bain ou Emerens, Seo-jun et Alannah semblent avoir monté le camp. Je vois autour une quantité incalculable de produits divers et variés mais qui doivent tous servir plus ou moins pour le visage. Ou du vernis à ongles, peut-être aussi. À la réflexion, j'ai même l'impression que Seo-jun sort des faux ongles d'un sac... Seigneur, tout ce petit monde va se drag ou quoi ? Est-ce que je tombe dans la mauvaise salle de bain ?
Pas le temps de m'enfuir, en tout cas. Une mouche me bourdonne autour, et j'imagine que c'est un signal secret pour Alannah puisque cette dernière se tourne vers moi.
« Eh, salut Thibault ! Kimura vient de partir, tu la loupes à quelques minutes près... »
... Non mais je suis pas déçu, je vois pas de quoi vous parlez.
Trop tard pour m'enfuir. De toute façon, Emerens vient de me repérer à son tour et me fait un petit signe amical, tandis que Seo-jun rigole.
« Elle voulait voir Ade, je crois, mais elle est quand même passée se grimer. En un king très convaincant, je l'admets, franchement, même avec ses cheveux plus longs que son avenir elle ressemble plus à un mec que nous ! »
Emerens lève les yeux au ciel, un rictus sur les lèvres, avant de s'asseoir sur une chaise.
« Enfin bref, on va arrêter de parler des tristes mines. T'es venu te maquiller, Thibs ? Y'a suffisamment de trucs pour faire de toi la plus belle des queens ici... »
Veux-tu bien te taire, vil flatteur ? Je vais finir par te croire, et dans la situation présente on va dire que je n'en ai aucune envie. Mais je peux pas vraiment protester en présence de Seo-jun et d'Alannah, de même que leur quantité astronomique de produits qui me paraissent bien dangereux.
« Très peu pour moi, merci. Pas que j'aime pas le drag, mais pas sur moi, ça va juste dégoûter tout le monde.
— Tu te sous-estimes, Thibs chou, rigole Emerens pas gêné pour deux sous. Mais comme tu veux. Après, si tu veux un maquillage plus léger, je peux tenter quelque chose... »
.... Comment ça maquillage, et comment ça il peut tenter quelque chose– Il chercherait pas à en profiter par hasard ? en tout cas, Seo-jun vient de lui jeter un coup d'œil bien moqueur, je pense que lui aussi a compris l'éventuelle double intention. Alannah, par contre, que dalle. Elle se contente de frapper dans ses mains.
« Oh ! Je veux voir, je veux voir ! »
... C'est qu'ils s'y mettent à deux.
« ... Dans vos rêves à tous les deux, je marmonne. Je vais pas me donner l'illusion que je peux ressembler à quelque chose.
— Oh, il ne s'agit pas de te transformer complètement, Thibs, rigole Emerens. Même moi, je ne suis pas capable de te donner un autre visage. Mais je peux très bien te faire apprécier le tien.
— Allez, Thibault, juste pour cette fois, je veux voir à quoi tu ressembles avec quelques paillettes en plus, intervient Alannah, d'un ton suppliant. Allez, s'te plaît s'te plaît s'te plaît... Pour me faire plaisir ? »
... Putain de merde elle me prend par les sentiments ! Et le pire c'est que ça marche, rien que regarder son adorable tronche de chaton battu me fait fondre ce qu'il me reste de cœur de pierre... J'en ai marre de ces gosses trop puissants pour leur propre bien ! Pourquoi il y en a toujours un qui sait tirer là où ça fait mal ?!?
Mais en tout cas je peux pas résister à cette bouille beaucoup trop mignonne. Et au risque de rougir encore davantage que ce que je faisais déjà, je finis par hausser les épaules, détourner mon regard de l'arme diabolique d'Alannah et hocher la tête.
« ... Okay. Mais à plusieurs conditions : Un, pas de trucs trop collants ou volatiles, parce que si ça me gratte je vais tour ruiner, deux, un truc léger et pas trop voyant comme vous autres allez sûrement vous faire, et trois, si ça me plaît pas je l'enlève et vous refaites rien du tout. À prendre ou à laisser.
— ça me va, répond Emerens avant de tirer une chaise vers lui. Allez, viens t'asseoir par-là, que je m'occupe de ton cas. »
Arrête de sourire, espèce de salopard. Et Alannah, je me vengerai un jour, je t'en fais la promesse. Et je te retirerai cette expression de chaton fier de lui de ton visage, d'une manière ou d'une autre.
... Ne pas penser à une potentielle méthode.
Enfin bref. Tel un condamné à l'abattoir, je m'installe sur la chaise qu'Emerens me présente, et lui en tire une autre pour se placer devant moi. Avec à sa droite, tout un arsenal de maquillages divers et variés. Je suis, je dois bien l'avouer, terrifié.
« ... Et tu comptes me faire quoi ? Franchement, mec, un peu de fond de teint suffira, hein, n'en fais pas trop...
— pas besoin de fond de teint, sourit Emerens en prenant mon menton entre ses doigts. Tes taches de rousseur font partie de ton charme, je m'en voudrais de t'en priver. Et tu n'as pas énormément de boutons d'acné, en tout cas pas que je peux rendre un peu plus discrets en accentuant tes taches. Je pense que si tu ne veux pas trop ressortir de la masse, un peu de paillettes et un gloss semi-transparent suffira... Inutile d'en faire trop, pas vrai ?
— ... C'est ça. Essaie de me faire avaler une couleuvre. J'ai un charme, moi ?
— Mais je n'invente rien, Thibs, réplique Emerens, toujours souriant. Tu sais, si tu pouvais te voir comme les autres te voient, je pense que tu t'aimerais beaucoup plus. »
... Putain de beau parleur. Et difficile de répliquer quoi que ce soit avec son pouce qui balaie ma peau et le fait qu'il est vraiment, mais alors vraiment très proche.
« Thibs, est-ce que tu peux fermer les yeux pour moi, s'il te plaît ? Oh, et, ne t'étonne pas si tu sens que je te monte un peu sur les genoux, reprend Emerens avec un petit sourire en coin, ce sera sûrement plus confortable pour le maquillage... »
J'en ai marre de lui. Et Seo-jun et Alannah qui rigolent comme des bossus dans un coin, si vous croyez que je vous vois pas, vous êtes très en tort. Je me vengerai un jour. Je sais pas comment, mais je vais me venger, d'une manière ou d'une autre.
En attendant, je n'ai pas d'autre choix que de m'exécuter. Je ferme les yeux, fais de mon mieux pour me détendre, et m'abandonne à ce que j'espère être les bons soins d'Emerens. J'entends d'ailleurs ce dernier attraper un produit au hasard sur sa table, je ne sais pas trop ce que c'est.
« Avant de commencer, je vais juste te mette un truc pour réhydrater ta peau, si ça te va, Thibs ? Résonne sa voix un poil trop proche de mon oreille. Tu as la peau très sèche, et j'ai peur que le fard à paupières ou le blush te dérange...
— Pas beaucoup, hein ? Après, ça risque de faire un combo dégueulasse.
— T'inquiètes. Je suis un pro.
— On dit merci qui ? » Ricane Seo-jun dans un coin.
Mais je l'entends à peine. Parce que je sens des doigts passer sur mes joues, puis le contour de mes tempes, de mes orbites et de mon nez, et que je dois accorder tout mon pouvoir de concentration à ne pas décéder sous la force d'un coup de chaleur. Doigts ou sans doute se trouve un truc un peu huileux, mais je le sens à peine. Visiblement, il ne m'en a pas mis beaucoup.
Emerens fait plusieurs passages avant de se reculer un peu. J'entends sa chaise racler au sol alors qu'il s'empare d'un autre produit.
« J'y vais, ça devrait être bon. Tu veux que je t'explique, hm, ce que je te fais ou pas ? »
Pitié non. Avec ta voix juste à côté de mon oreille je vais mourir. Surtout si cette intonation tendancieuse que je sens est intentionnelle.
« T'occupes et fais tes bails. Je te fais confiance pour pas me défigurer.
— Mais oui, mais oui. Essaie de bouger le moins possible, y compris des tics, histoire que je ne dévie pas de ma trajectoire... »
Et je n'ai aucune envie que tu me fourres le pinceau dans l'œil, espèce de salopard. Mais bon, trop tard pour protester, son truc est en train de caresser ma paupière et même si c'est pas forcément désagréable c'est assez perturbant pour que je doive essayer de ne pas m'y soustraire pas réflexe.
J'entends la voix d'Emerens, un peu plus basse que tout à l'heure, juste devant moi. Sa respiration me caresse les joues. Wouhou, la tension grimpe encore d'un cran.
« J'ai fini avec tes yeux, ça devrait suffire... Reste sage encore un peu, d'accord Thibs ? C'est très bien. »
... Toi, un jour ou l'autre je te ferai ravaler tes paroles, et on va voir qui est un bon garçon. Mais pas maintenant. Maintenant, je le laisse passer des trucs sur mes joues je sais pas trop ce que c'est, parce que de toute façon j'ai pas trop le choix. Je n'ose même pas ouvrir les yeux. Pas spécialement envie de voir sa face d'aussi près dans cette situation. Je crois que mon cœur ne tiendrait pas le choc.
Un truc un peu collant me passe sur les lèvres. C'est tout froid, je crois que c'est un bâton de gloss, si je me goure pas de nom. En tout cas, ça reste assez léger pour ce que c'est. Visiblement, il a compris mon envie de pas en avoir trop. Même si j'ai un peu peur du résultat, on va pas se mentir.
Enfin, il se recule pour de bon. Assez pour que je remarque qu'il m'était effectivement un peu monté sur les genoux.
Par contre ce qui est surprenant, c'est que je n'entends même pas Seo-jun et Alannah se moquer.
Je suis donc si indiciblement laid ?
Devant moi, Emerens se racle la gorge.
« ... Tu ... Tu peux ouvrir les yeux, Thibs. »
.... Oh, j'aime pas du tout le ton de sa voix. Autant faire vite et voir le massacre, de toute façon j'aurais qu'à l'enlever si ça me plaît pas, pas vrai ? ... Pas vrai... ?
Enfin bref. J'ouvre les yeux, pour voir devant moi un Emerens toujours assis sur sa chaise, les yeux légèrement écarquillés. Et les joues rouges. Il... Il s'est mis du blush entre temps ? Pendant qu'il me maquillait, quand même, c'est pas sérieux...
Derrière lui, Seo-jun a un regard pétillant, et Alannah a les yeux tournés vers le sol, en train de se triturer les doigts. Oh seigneur, je le sens mal.
« ... Eh bé quoi, c'est raté à ce point ? »
De nouveau, il tousse. Sans détacher ses yeux de moi.
« Pas... vraiment. Disons que... Eh bien. Ma proposition d'il y a trois jours tient toujours, Thibs. »
... Sa prop– Bordel de merde, Emerens, non !!! c'est tout sauf le moment de flirter ! En plus je vois vraiment pas ce qui te fais dire ça, espèce d'obsédé ? ... Si c'est vraiment le terme ?
« Tu crois sérieusement que c'est le moment, mec ? Dis-moi au moins si je ressemble à quelque chose !
— Je crois que je n'ai pas besoin de te le dire, soupire Emerens en ramassant un miroir en cadre à ses pieds. Constate par toi-même, Thibs. »
Ce disant, il lève le miroir à ma hauteur. Et ma réplique cinglante s'étouffe dans ma gorge.
C'est moi, indubitablement. Je reconnais tout. Ma peau marbrée de taches, mes cils roux qui encadrent mes yeux toujours aussi vert kaki, ma forme de visage, mes pommettes, mes lèvres, tout ça, c'est bien moi. Mais en même temps, j'ai les yeux un peu plus doux. Mes taches de rousseur, pourtant accentuées par je ne sais trop quoi, s'harmonisent mieux avec ma peau. Mon visage brille de je ne sais trop quoi et je ne pense pas que ce soit dû à mes joues rouges. J'ai l'air... Plus approchable. Moins ronchon.
Un simple trait de liner pailleté, un peu de brillant à lèvres et de la poudre à peine plus sombre sur mes joues, et je suis un homme transformé.
« Satisfait, Thibs ? » Me lance Emerens de derrière le miroir, sa voix de retour à ses habituelles intonations suaves.
Pas ravi de voir qu'il a repris contenance.
Et pour le coup je suis obligé d'être honnête.
« ... Okay. Ouais. Bravo. Comment t'as réussi ce miracle ?
— Je ne sais pas si on peut parler vraiment d'un miracle, rit Emerens en reposant son miroir. Je me suis juste dit que pour une fois, tu méritais de te voir à ta juste valeur. »
Alannah hoche la tête dans un coin, les joues encore plus rouges que les miennes. ... Eh bé putain, je suis mal barré, rien qu'à voir ça plus le sourire d'Emerens et me voilà en train de me retransformer en tomate trop cuite.
« Ahem. Je suis toujours là, hein, rigole Seo-jun en s'emparant de son propre maquillage. J'ai pas spécialement envie de tenir une triple chandelle.
— Occupe-toi de te maquiller au lieu de te moquer de nous, boude Alannah en lui tirant la langue. Emerens, tu peux t'occuper de moi, après ?
— Sûr. Je finis le mien et après je gère, profites-en pour réfléchir à ce que tu veux... »
Il va se poster devant le grand miroir de la salle de bain avant de tirer à lui sa table pleine de matériel. Seo-jun le rejoint devant le miroir et les deux commencent à s'appliquer leurs trucs de concert.
Je devrais sans doute me barrer, je peux, hein, à ce stade, mais j'avoue que quelque part, le processus est fascinant. Et difficile de se détacher d'Emerens qui après avoir appliqué son propre blush, décide de créer une œuvre d'art autour de ses paupières. Impossible de me détacher du stylo dans ses mains qui trace des lignes élégantes autour de ses yeux, ou la petite étoile au coin de sa paupière. C'est extravagant, bien plus que ce à quoi il m'a habitué avec son propre regard, mais d'un certain côté, ça lui va bien. Il sait comment ne pas en faire trop.
Et évidemment, parce que je suis décidément trop faible, mon cœur rate un battement quand il passe son bâton de gloss rose fuchsia sur ses lèvres.
Merci les images qui montent au même moment que j'imagine autre chose y trouver sa place.
Genre les miennes, tiens.
...
...
...
Il va vraiment finir par avoir ma peau.
Dieu merci, Alannah est trop concentrée dans les modèles de drag king et Seo-jun sur sa propre œuvre pour remarquer que je suis en train de me consumer sur place. Tant mieux, parce que là on va pas se mentir je me pose des questions. Mais bon. Plus tard, les questions, en plus je crois qu'ils viennent de finir. Emerens semble avoir mis moins d'effort sur ses lèvres que ses yeux, visiblement. Ça charge pas trop son visage, du coup.
« Fini, annonce Seo-jun de son côté. T'en penses quoi, mec ? »
Ce n'est pas à moi qu'il pose la question. Même si objectivement, l'assemblage de vert et de noir lui va pas trop mal, avec ses yeux et sa peau, même si je trouve ça trop coloré. Emerens, qui vient de reposer son gloss, étudie soigneusement son visage avant de s'emparer d'un de ces trucs de paillettes ou de pierres précieuses je sais pas me demandez pas à coller sur le visage.
« Ça manque un peu de pétant pour toi, mon cher Seo-jun... Et c'est un poil trop sombre. Bouge pas, je vais voir ce que ça donnerait avec un diamant. »
Seo-jun glousse, et moi je regarde Emerens qui évidemment ne se gêne pas pour se mettre à deux centimètres de son visage pour lui mettre le diamant en question au coin de la paupière, avant de lui coller je ne sais trop comment. Putain, et on parlait de lui qui tenait la chandelle ? Tu oses te plaindre, Yoon ?!?
Alannah lève les yeux au ciel, avant de s'approcher d'eux.
« Z'avez fini ? Allez, c'est mon tour, c'est mon tour ! J'ai trouvé, en plus !
— J'arrive, Alannah, sourit Emerens. T'as trouvé ce qui t'intéressait ?
— Ouais ! Je veux ça, moi, elle annonce en levant le magazine qu'elle tient en face d'eux, mais avec des yeux tout comme toi ! »
Emerens rigole.
« Je note ! Mais je vais peut-être changer de couleur pour que ça t'aille mieux au teint. Et Seo-jun, Thibs, vous pouvez y aller, hein ! ça va être assez long son modèle...
— Profite bien de ta soirée, ricane Seo-jun. Moi j'y vais, hein, je dois trouver de quoi finir de m'habiller ! Pas sûr que les pantalons en cuir ça suffise... »
Et merde, et moi qui me retenais le plus possible de regarder son cul- Enfin bref. Avant de céder à la tentation, je me précipite dehors, le plus vite possible. Vous ne m'aurez pas, bande de salopards !
En dehors de la salle de bain, j'ai cependant la surprise de tomber sur Sachiko. ... Donc je ne vais pas regarder le costume de trop près. Cette dernière est en grande conversation avec Ade, une conversation plutôt sérieuse vu leurs têtes. Et évidemment, curieux comme je suis, je me rapproche.
« ... Je ne vois pas de quoi tu t'inquiètes, soupire Ade au moment où je me rapproche. Cet imbécile ne verrait même pas venir une météorite s'abattre sur son crâne vide. Ce n'est pas de lui qu'il faut se méfier. »
Je pince les lèvres. Le sujet de la conversation ne me plaît pas beaucoup, mais je crois que je ne pourrai pas rester discret très longtemps... Même si j'entends à peine ce qu'elles disent. Et j'espère bien que ce n'est pas quelque chose de trop sombre pour moi.
Je m'attendais à voir Sachiko rigoler. Mais elle se contente de plisser les yeux, son menton entre ses doigts et son visage empreint de sérieux.
« Si j'étais toi, je me méfierais un peu plus. »
Ade lève les yeux au ciel. Mais pas le temps pour elle de répliquer quoi que ce soit. Parce que visiblement, Sachiko vient de me repérer, et un large sourire se dessine sur son visage.
« Titi ! t'es allé te maquiller avec les autres ? »
... Eh je suis cramé, à ce stade, autant sortir. Et tant pis pour ma belle résolution de ne pas regarder Sachiko. Cette dernière est en costume avec veston à queue-de-pie, un borsalino noir à bande rouge qui orne ses cheveux rehaussés en une queue de cheval lâche, et même si son maquillage masculinise énormément son visage, ses yeux sont bordés de rouge et de doré et pas moyen pour moi de me détacher de son rouge à lèvres écarlate.
Je me rapproche à pas hésitants, et Ade en me remarquant grince des dents, mais ne dit pas grand-chose. Elle se contente de hausser les sourcils en voyant mon visage.
« Tu t'es maquillé ? ça te va plutôt bien.
— Je confirme, sourit Sachiko. Je peux te le ruiner ? Dis ? Dis ? »
... t'approches pas de moi espèce de terroriste aux lèvres toutes rouges, je sais pas ce que t'as en tête et je veux pas savoir. Je suis pas ressorti des griffes d'Emerens pour retomber dans les tiennes, bordel de merde !
Pas le temps de répondre. La terrible dame en costume s'est approchée de moi avec toujours son grand sourire, et tout ce que je peux faire c'est secouer frénétiquement la tête. Et Dieu merci vous qui n'existez pas, elle semble capter le message, et avec, mon consentement inexistant.
Par contre, je ne peux m'empêcher de lui trouver un air un peu déçu, quand elle se recule. ... Elle espérait faire quoi, cette succube du plus profond des Enfers ?
Ade lève les yeux au ciel –à force, elle va finir par retourner ses yeux dans leurs orbites– avant de se casser, et Sachiko la suit, non sans m'adresser un petit signe de tête moqueur. Wouhou, j'adore ma vie.
Et évidemment, quand je rentre dans la salle de discothèque, tout le monde est déjà grimé. Du moins dans ceux qui le voulaient, puisqu'Ester, Ade et Ansgar sont juste bien habillées. Par contre les autres... putain les autres.
Ibrahim en robe avec un foulard autour des cheveux était quelque chose dont je ne pensais pas avoir besoin dans ma vie. Houshang, dans sa plus belle tenue de danse, a des extensions dans les cheveux et son maquillage brille sous le feu des projecteurs alors qu'il me fait un clin d'œil, le temps de se remettre à tournoyer sur lui-même. Moanaura est le capitaine pirate le plus classe de tous les temps avec son manteau de cuir brodé, en train de faire de l'œil à une Nako qui a superbement réussi son habit de noble du 17e. Et je ne pensais même pas qu'elles allaient faire un truc en commun, toutes les deux. Seo-jun, qui a eu visiblement le temps de se changer, a mis un haut résille et un crop top en tulle transparent avec son pantalon de cuir, et même de là je vois ses faux ongles briller à la lumière.
Et évidemment, on ne va pas parler de Sachiko.
Je suis vraiment dans la merde la plus noire, moi.
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