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Chapitre 3 (14) : Bull's Eye

Je la reconnais dès les premières notes. Il faut dire, à ma défense, que j'ai toujours été un grand fan de Muse. Fan suffisant pour comprendre que les capacités vocales exigées pour la plupart de leurs chansons sont faramineuses. La grande majorité du temps, je me casse la voix, pourtant, elle est relativement aigüe. Alors je ne sais pas ce qu'il a en tête, mais je doute fort qu'il puisse l'interpréter parfaitement.

Ade, visiblement intéressée plus qu'elle ne veut bien l'admettre par la scène, relève la tête de son livre. Pour plisser les yeux en voyant que son regard est fixé en plein sur nous.

Il tient son micro entre les mains, même rattaché à un pied. Et pendant que l'écran de la vidéo de la chanson défile derrière nous, se reflétant sur sa tenue, il sourit, un sourire inébranlable, même alors qu'il commence à chanter.

Race, life's a race,

And I'm gonna win,

Yes, I'm gonna win

And I'll light the fuse

And I'll never lose

And I choose to survive

Whatever it takes,

You won't pull ahead

I'll keep up the pace

And I'll reveal my strength

To the whole human race

Yes, I am prepared

To stay alive

I won't forgive, vengeance is mine

And I won't give in

Because I choose to thrive

Yeah, I'm gonna win!

La musique résonne dans toute la salle, alors que les paroles cessent de défiler sur l'écran. Plus personne ne dit le moindre mot. De mon côté, je ne peux détacher mon regard de la scène, ou il se tient debout, toujours souriant, toujours le micro près de sa bouche. Le regard fixé sur nous.

Putain, il chante bien, ce bâtard.

Ade a cessé de lire. Elle le fixe, droit dans les yeux, lui sur la scène et elle sur le canapé, incapable de se détourner. Sur son visage, cependant, loin de l'admiration que je pourrais m'attendre à y voir, une crispation sans nom qui me donne plus l'effet d'une immense colère.

Très franchement, j'espère que rien ne s'est passé entre ces deux-là, parce que ça ne sent vraiment pas bon.

Life's a race, ils disent. Moi, je préfère ne pas courir. Quitte à être dans une fable de la Fontaine, je choisis d'être la tortue.

Un mouvement près de moi me distrait de ma contemplation absolument pas fascinée.

« Regardez-moi un peu ce petit bâtard... Un poil trop fier de lui d'être guidé par un truc au karaoké, hein ? »

Je reconnais cette voix. Et ces mains, aussi, qui m'arrachent du torse d'Ibrahim pour se foutre pile entre nous deux de manière absolument ostensible, sans la moindre once de regret. Sachiko, qui comme à son habitude adresse un geste obscène à la scène avant de se tourner vers moi et de sourire.

« Alors Titi, on a pas trop picolé pendant que j'étais pas là ?

— On a surveillé, soupire Ibrahim. Après, j'ai bien peur que les bouteilles sous la table soient les siennes. »

Bien de m'enfoncer aussi violemment ? J'apprécie, Ibrahim, merci, hein... Surtout devant celle qui a bien passé son temps à m'empêcher de boire la moindre goutte d'alcool. Je pense que j'avais pas besoin que t'en rajoutes une couche, mon vieux.

Je me contente de lever les yeux au ciel tandis que Sachiko m'adresse une moue réprobatrice. Qui ne rend pas trop, trop bien avec son habituel sourire.

« C'est pas gentil de ruiner tous mes efforts, mon bonhomme, et moi qui m'étais donné du mal... Qu'est-ce qu'il se passe, pourquoi tant de picole, tu t'es pris un râteau ou tu comptes t'en prendre un dans les prochaines heures ? »

... Je vais pas élaborer. Et encore moins devant le regard moqueur de Seo-jun à deux doigts de me cafter auprès d'Ibrahim. Nan mais là, dans cette situation, c'est clair que je vais me le prendre, le râteau. Je suis même pas sûr de ce que je pourrais lui dire. Genre de l'échelle du « eh viens on baise » à « sois mon amour éternel » je me situe où là exactement ?

Sachiko, devant mon absence de réponse, hausse les épaules.

« Eeeenfin bref. Si tu comptes te prendre un râteau, en tout cas, t'adresse pas à lui. Nan mais regarde-le, il a l'air sur le point de te faire une demande en mariage avec de l'autotune.

— Ce serait le truc le plus ridicule de tous les temps, siffle une Ade très en colère. Mais je ne le vois pas au-dessus de ça, pour être honnête. »

Sachiko lui jette un regard intéressé. Plus que d'habitude, même. Avant de sourire.

« Ah ça c'est clair. On lui dit que sans le micro spécial karaoké je suis sûre il chante comme un pied ?

— Tu pourras lui dire lorsqu'il arrivera, Sachiko, soupire Ibrahim avec un petit sourire amusé. Je crois qu'il a bientôt fini. »

Effectivement, un Emerens satisfait repose son micro sur le pied, avant de descendre de la scène pendant que la musique égrène ses dernières notes. Sous les sifflements d'Alannah et de Moanaura, qui lui balancent des trucs je veux pas savoir ce que c'est. Sans doute des confetti. J'espère.

Il leur fait un signe élégant avant de se diriger vers nous, large sourire aux lèvres. Et évidemment, c'est à moi qu'il adresse ce satané clin d'œil. J'en ai marre de ce mec. C'est pas possible d'être aussi beau et aussi chiant en même temps, putain.

Ade lève les yeux au ciel. Mais il l'ignore royalement avant de s'installer sur le canapé en face.

« Alors dites-moi, chouette performance, hein ?

— T'emballe pas la blondasse, ricane Sachiko, c'est un karaoké, et le micro d'Alannah est conçu pour embellir ta voix. Je vais avoir du mal à croire que ton timbre bien casse couilles soit capable d'imiter à la perfection une voix pareille. »

Une étrange lueur s'allume dans le regard d'Emerens. Au point qu'on pourrait douter de l'effet des projecteurs sur son visage.

« C'est un challenge, Kimura ?

— Chiche, ricane Sachiko. Essaye de chanter sans micro et vois comment tu te ridiculises. »

Seo-jun déglutit. Ibrahim se raidit. Et moi je commence à douter du bien-fondé de ce challenge.

Si Sachiko se trompe sur ce coup-là, je le sens très, très mal.

« Alannah, hèle Emerens en se levant le plus calmement du monde, est-ce que tu peux couper la fonction d'autotune de ton micro le temps d'une chanson ? Le temps que j'aille chercher un tout petit quelque chose...

— C'est une blague, mec ? Crie Alannah de son canapé. Tu sais combien de temps j'ai passé sur cette fonction d'autotune ?

— Pas longtemps, allez ! Juste une chanson, après je rends le micro à ses fonctionnalités d'origine... pour le bien d'un défi, s'il te plaît ? »

Et le voilà qui fait ses yeux de petit chiot... J'aime vraiment pas la tournure que cette situation prend. D'ailleurs, vu les regards de Seo-jun et d'Ibrahim, eux non plus ne sont pas très rassurés.

Par contre, ça semble faire céder Alannah. Elle bougonne un peu, mais je l'entends taper sur son clavier à toute allure.

« On.... Va vraiment le laisser faire ? Intervient Ibrahim alors qu'Emerens se dirige vers les coulisses. Nan mais je dis ça, parce que je ne suis pas très sûr de l'impact psychologique que ça va avoir sur certains. »

Disant ça, il jette un œil à Ade. Seo-jun, de son côté, hausse les épaules.

« On ne l'arrêtera pas, de toute façon. Ça va finir comme à la fin de la première année de la promo 2017 avec moins de monde, et probablement moins de simps. »

Ibrahim pousse un profond soupir, tandis qu'Ade, de son côté, plisse les yeux.

« De quoi dois-je me méfier ?

— Je ne te raconterai pas la débâcle du grand concert de fin d'année dans la Réserve, parce que pour être honnête, c'était un sacré bordel. Je crois qu'Amelia a dû changer de fauteuil après s'être faite traîner dans tous les sens...

— Et la pauvre était juste en arrière à faire son boulot d'ingénieure du son, soupire Ibrahim. Imagine un peu pour les stars. »

... Je n'aime vraiment pas du tout du tout la tournure que ça prend. Et je crois que de toute façon, même si je continuais à m'interroger, je vais vite être fixé sur la teneur de la sauce avec laquelle je vais être mangé, puisque le voilà qui sort des coulisses, soutenant avec une de ses mains une–

Oh. Oh non.

J'aimerais qu'il arrête de taper en plein dans le mille parce que là ça devient pénible.

Même Ade en est comme deux ronds de flan.

« Une guitare ?!? Il est allé jusqu'à sortir une guitare ?!? »

Seo-jun et Ibrahim poussent un profond soupir. Sachiko, de son côté, grimace.

« Il est vraiment prêt à tout pour se tourner en ridicule...

— On parie ? »

Pas le temps de répondre à cette particulièrement peu engageante remarque de Seo-jun. Emerens vient de brancher la guitare électrique. Et les premiers accords retentissent sous nos regards à tous.

... Évidemment que ça allait finir comme ça.

Évidemment que j'allais finir comme ça.

Je me moquais de Moanaura tout à l'heure devant Nako ? Eh bé regardez-moi en ce moment tiens. Je suis effroyablement ridicule. Les yeux littéralement vrillés sur la scène. Presque sûr que je suis en train de baver l'intégralité de ce que j'ai bu tout à l'heure, en tout cas j'ai la bouche assez ouverte pour.

Évidemment que je suis incapable de détacher mon regard de ce foutu connard avec sa foutue guitare qui a le culot de jouer aussi bien.

Et le pire c'est qu'il a pris le challenge de Sachiko très au sérieux. Parce qu'il est très, très éloigné de son micro. Presque trop pour que sa voix soit amplifiée. Pourtant, et putain ce que je le regrette, je n'entends que lui.

Lui et sa foutue voix qui me prend aux tripes.

You're so happy now,

Burning the candle at both ends

Your self-loving soothes

And softens the blows you've invented,

Breathe in deep

And cleanse away our sins

And we'll pray that there's no God

To punish us and make a fuss

Je ne sais pas si c'est de la fascination ou autre chose qui me conduit à ne pas détacher mon regard de la scène, mais là je crois que je suis coincé. D'ailleurs, même Sachiko se la ferme.

Cracks healing up

Future soul forgive this mess

You waste twenty years

And wind up alone demented

Breathe in deep

And cleanse away our sins

And we'll pray that there's no God

To punish us and make a fuss

Pas une minute de répit, décidément. Même s'il cesse de chanter après la fin du refrain, ses doigts sont on ne peut plus actifs sur sa guitare et moi, je les regarde sans pouvoir rien faire d'autre que de me demander quel genre d'autre savoir-faire ils cachent.

Je ne sais même pas si je veux savoir.

Ibrahim et Seo-jun, l'air visiblement de s'y attendre, fixent la scène avec un certain amusement. Mais Ade est figée comme une statue, les dents serrées, à deux doigts de réduire son livre en charpie. Sur le canapé un peu plus loin, Moanaura a les yeux écarquillés, Alannah ne regarde même plus son ordinateur, et Nako a une main devant la bouche, plus émerveillée qu'autre chose. Même Ester et Ansgar semblent fascinées.

Et ne parlons pas de Sachiko qui est complètement immobile, l'incrédulité en train de consommer son visage.

Breathe in deep

And cleanse away our sins,

And we'll pray that there's no God

To punish us and make a fuss

La chanson se termine. Mais pas les accords de guitare, qui continuent, encore, et encore, et encore, à n'en plus finir, pendant qu'il relève la tête, que ses cheveux se remettent en place tous seuls sur son front, que même la sueur qui y brille ne semble pas le décontenancer. Il ne fait même pas la moindre fausse note sur les derniers accords.

Et moi je commence à me rendre compte d'à quel point je suis dans la merde.

Je ne suis pas seulement gay, là, je suis gay puissance mille. Et évidemment, il fallait que sa tombe sur Emerens. Qui aussi emmerdant soit-il est surtout un peu mon meilleur ami et la personne avec qui j'ai le moins envie de détruire mes relations.

Nan mais la joie et le bonheur des fois hein.

Enfin, ENFIN, il finit par reposer sa guitare. Avant de s'essuyer le front. Et de se diriger vers nous avec l'air de la satisfaction absolue. Sans que personne n'ose même le siffler, cette fois. Même Alannah, dans le silence causé par l'interruption de la musique, ne pianote même plus sur son clavier.

En nage, il s'effondre à côté de nous, avant de nous flasher son habituel sourire en coin. Qui bizarrement me fout des frissons dans tout le corps là. Et pas seulement parce que je suis juste à côté et que d'un coup je remarque que les projecteurs sont forcément calculés pour éclairer son meilleur angle, nooooon. Ou qu'il vient de déboutonner en partie sa chemise et que mes regards ne peuvent s'empêcher de dévier non plus. Je vois pas de quoi vous parlez.

« Je crois qu'on appelle ça un challenge rempli. »

Sachiko met quelques minutes à réagir. Quelques minutes pendant lesquels impossible de lui tirer la moindre réponse.

« .... D'où-

— Pour le solfège, remercie mes salopards de vieux, ricane Emerens, qui tenaient à ce que j'apprenne le piano histoire de faire vieux riche. Pour la guitare, là par contre, je crois que j'ai commencé quand j'avais quinze ans. C'est une activité comme une autre, on va dire ?

— Tu parles, siffle une Ade au visage complètement fermé. On atteint pas ce niveau en à peine quatre ans. »

Le sourire d'Emerens s'élargit encore.

« Eh bien il faut croire que je suis une espèce particulière de génie. »

... Je préfère ne pas répondre à ça. Surtout que maintenant il se tourne vers moi et comme un malheur n'arrive jamais seul il se rend bien évidemment compte que je suis muet, en nage et que je ressemble à une tomate trop cuite.

Wouhou.

« Eh bah alors, Thibs, je te donne chaud ?

— Tu représentes les flammes des Enfers, pauvre connard, je crache, pas capable de réagir autrement pour éviter de me jeter à son cou. La damnation éternelle, tout ça tout ça. »

Ça ne semble pas énormément le décontenancer. Il faut dire que je crois qu'à force, il a l'habitude, avec moi. Triste à dire un peu de comprendre que ça ne fonctionnera plus, à coup sûr.

« Oh, je suis donc le Diable en personne. Je prends le compliment, Thibs. Toutes les représentations de Lucifer que je connais sont, après tout, des modèles de beauté.

— Ta gueule.

— Tu sais que tu es très mignon quand tu ne veux pas admettre que tu n'as pas pu me lâcher des yeux ? »

Je. Vais. Me. Le. Faire. Vraiment, là, il me casse les couilles, et si je me retenais pas j'y irais en mode vampire. On va voir qui fait le malin quand je lui aurai arraché la carotide. Mais heureusement pour moi et mes promesses de meurtre, je suis bloqué dans mon exécution par Sachiko, qui se penche par-dessus mon épaule.

« Eh écoute, manifester le dégoût le plus absolu, c'est compliqué à faire sans te fixer du regard, la blondasse. Tu surestimes un peu trop tes capacités, là. »

La blondasse en question lève les yeux au ciel.

« C'est pas tant ton avis que je cherche.

— Eh bah tant pis tu l'as. En plus pousse-toi, c'est mon tour. »

... Et elle lui envoie un coup dans les côtes suffisant pour que même avec le réflexe de se reculer qu'il a fort heureusement d'assez performant, il soit obligé de se décaler de moi. J'ai presque envie de la remercier, tiens.

Presque, parce que du coup elle est collée à mon bras.

Que Dieu qui n'existe pas me garde de ces conneries.

Emerens lève les yeux au ciel.

« Pas gênée, Kimura. Tu l'as eu quelque chose comme toute la soirée pendant que je chantais et toute la journée pendant que je préparais la fête ! Et a ce que je sache, t'en as bien profité, pas vrai ?

— C'est un crime de vouloir rigoler avec les petits nains mignons ? Ricane Sachiko avant de se serrer contre mon bras. Et puis je suis sûre qu'il a apprécié ma compagnie, hein Titi ? »

Seigneur Jésus Marie Joseph Emerens est en train de se coller à mon autre bras.

« On en reparlera demain matin quand on verra de qui il préfère les câlins, mademoiselle emo qui repousse tout le monde quand ça l'arrange avant de virer de bord deux jours après. Et je sais qu'il est incroyable mais je ne pense pas que ce soit au point de te supporter plus de trois jours d'affilée...

— Sinon, intervient Ibrahim dubitatif, vous pourriez peut-être lui demander son avis ?

— Mouais parce qu'on va pas se mentir, grommelle Ade, s'il n'était pas aussi muet, je vous aurais bien dit de trouver une chambre, mais là ça risque de finir en choix discutables. »

... Putain, merci les gars. Parce que moi je crois qu'avec les deux imbéciles collés à mes deux bras, la sensation de la peau de Sachiko sur mon épaule d'un côté et les cheveux d'Emerens qui me caressent la joue de l'autre, je n'aurais clairement pas pu en placer une pour me défendre.

Par contre, les deux viennent de jeter à Ibrahim et Ade un regard menaçant d'une telle ressemblance que j'en viens à douter sur la présence d'un éventuel fantôme ou toute autre force qui aurait connecté leurs deux esprits. Et c'est dire vu que je ne crois pas au paranormal.

Et évidemment, aucun des deux ne me lâche.

En fait, je vais vraiment mourir.

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