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Chapitre 2 (7) : The secret that can't be named

Ansgar cause avec Seo-jun depuis tout à l'heure et au vu du visage crispé du garde du corps, ce n'est probablement pas une bonne nouvelle.

Enfin, je me doute un peu de pourquoi. On est rentrés de la rue aux mille secrets il y a quelques heures maintenant, et Alannah a fini par apporter son papier à lae Dictateurice. Emerens l'y a accompagné, je crois, mais Seo-jun semble l'avoir chassé assez violemment, vu qu'il est en train de bouder dans son coin en jetant, de temps à autres, des regards en coin au garde du corps. Je serais bien allé le voir, mais Nako m'a réquisitionné pour la bouffe, et je traîne déjà des pieds pour aller dans la cuisine, inutile de s'attirer davantage l'ire maternelle...

On est tous réunis dans la salle de réception. C'est sans doute celle qui parle le moins aux Ultimes, puisque la Tuerie de 2017 n'a pas été vraiment décrite au-delà de ce que Reina nous en a dit. Mais pour le coup, moi, j'ai fouillé les images. Et j'ai vu le reportage de Kita, aussi. Donc je suis probablement le gars le moins à l'aise possible dans cet endroit à la con, vu à quel point tout le monde est étalé sur les chaises. Bon, je ne peux voir que des expressions renfrognées, mais en toute honnêteté, je m'attendais à pire...

Nako est seule dans la cuisine, en train de découper des poivrons d'une main experte. Me voyant arriver, elle fait un signe de tête.

« Ah, te voilà ! Ne t'en fais pas, je ne compte pas te demander de la haute cuisine... Est-ce que tu sais cuire de la viande hachée ?

— Euh, oui, j'imagine ? Je fais, haussant un sourcil. Par contre, me demande pas de trouver le meilleur assaisonnement...

— Du sel et du poivre, ça ira très bien. C'est juste que je vais être très occupée avec les légumes et il faut une sacrée quantité de viande pour seize... Pour quatorze.

— Personne n'est végétarien ici ? »

Elle pousse un profond soupir. Son couteau claque sur sa planche à découper, et l'écho du coup résonne dans le silence ainsi créé.

« Sparrow l'était. »

... Je vois. Chouette ambiance, bon sang de bonsoir. Incapable de répliquer quoi que ce soit, je décide de me diriger vers la viande, avant d'en compter la quantité. Bon, c'est de la viande hachée, un peu de beurre un peu de gaz une poêle, ça devrait pas être compliqué... Attendez une minute.

« Wow. Deux kilos cinq de viande ?!? On bouffe à ce point-là ?!? »

De nouveau sur ses poivrons, Nako éclate de rire.

« Eh, on dirait pas mais nous sommes des ados en pleine croissance. Et même là, je crois que deux kilos et demi, ça ne sera pas suffisant. Mais comme je ne sais pas si on va être rationnés... »

Son rire s'interrompt.

« Enfin bref. Est-ce que tu veux bien essayer de ne pas trop la faire cuire ? Je veux faire un chili con carne et j'aurais besoin de la faire mijoter encore un peu.

— Sûr, patronne. C'est toi le chef, ici. »

Nako pouffe, avant de mettre à côté de moi un premier bol plein de poivrons.

« Il faut des chefs partout. Dans la cuisine, dans la salle de réception et dans l'infirmerie. Mais ne va pas croire que je ne réponds pas à quelqu'un. C'est rassurant, d'avoir Ansgar sur place. Iel a vraiment un talent pour tous nous rassurer.

— Visiblement, tout le monde ne partage pas cet avis, je grommelle. Je me demande pourquoi. »

Je repense à Ade. À Moanaura. Même Houshang semblait être contestataire, en ce moment, et il y en a sans doute d'autres, moins visibles mais bien là, prêts à commettre leurs atrocités ou simplement à se rebeller au moment opportun.

Nako ramène une boîte de mais près de moi alors que je commence à faire fondre le beurre dans les trois poêles suffisamment larges que j'ai pu trouver. Son visage est un peu triste.

« Il est bien plus difficile de contrôler des Ultimes par nature indépendants qu'un pays avide de solutions contre une crise planétaire. D'ailleurs, même s'il y a effectivement de la simple contestation comme avec Houshang ce matin, il ne s'agit pas d'une crise d'indépendantisme de tous les côtés. Ade s'est imposée comme la leader d'une seconde faction, une faction avec d'autres lois et d'autres moyens de voir les choses. Et Moanaura, quoi qu'elle dise sur son indépendance, suit cette faction.

— Je me demande s'il y en a d'autres, je grommelle. Sachiko a été assez claire ce matin sur le fait qu'il n'y avait qu'Ansgar qui avait sa loyauté. Ce qui est assez surprenant venant d'elle.

— Pas tant que ça quand tu la connais un peu, pouffe Nako. Sachiko est sans doute la personne la plus anti-Monokuma que je connaisse Ansgar exclu.e, et laedit.e Ansgar est un.e dirigeant.e qui a dédié sa vie à la lutte contre eux. Le fait qu'elles aient développé une telle relation de confiance peut être surprenant, mais pas celui de l'allégeance de Sachiko. Non, je pense que rares sont ceux qui ne veulent pas s'en remettre à Ansgar, ici. »

Elle sourit un peu, avant de se tourner vers moi et de mettre sa main sur mon épaule.

« Tu devrais prendre un peu la température avec les gens à qui tu parles pour te faire une idée, mais ça ne coûtera rien que je te dise ce que j'ai observé. Très sincèrement, à part Ade et Moanaura, il n'y a pas beaucoup d'opposants à Ansgar. Houshang pense surtout qu'il émet des opinions qui pourront aider l'Ultime Dictateurice à mieux fédérer le groupe, il ne compte pas s'écarter d'elle plus que ça, et même si elle a des réserves, Ester suit Houshang. D'ailleurs, Emerens, la seconde personne avec qui elle peut communiquer de manière un tant soit peu fluide, semble plutôt la convaincre de faire confiance à Ansgar. »

Eh bah tant mieux, au moins je sais que mon meilleur ami a sensiblement la même opinion que moi et est plus doué pour l'exprimer à Ester, c'est rassurant, ah, ah, ah... Je fais la moue, et Nako, sans doute repérant que ça ne me rappelle pas de très bons souvenirs, me tire la joue.

« Ne t'en fais pas, Thibault. À part ça, il n'y a pas du tout d'autres éléments perturbateurs. Flor est farouchement indépendantiste aussi, mais c'est surtout parce qu'elle est toute seule. Avec un peu de temps et une meilleure maîtrise de l'anglais, elle se calmera.

— Toi, je souris, un peu aigre, tu as déjà commencé à tenter de la convaincre. »

Nako rit, et revient à ses poivrons.

« Reconnais Thibault que je suis plus douée que toi pour ça, ou même Ade. Ade qui est d'ailleurs trop concentrée sur sa traque pour penser à traduire à qui que ce soit... Et toi, après ce qu'il s'est passé avec Ester, je comprendrais très bien que tu n'aies pas vraiment envie de faire des efforts. »

Je lève les yeux au ciel. Un coup de spatule dans la viande me permet de me distraire quelques secondes, mais Nako me regarde toujours, même alors qu'elle réunit poivrons, maïs et haricots rouges dans deux énormes casseroles. Pas d'autre choix que de rebondir là-dessus.

« ... t'étais au courant, hein.

— Quand Ester vient se plaindre auprès de moi en long en large et en travers pendant la leçon d'anglais c'est dur qu'il en soit autrement, Thibault, pouffe-t-elle. À l'entendre, tu es un monstre et tu vas tous nous détruire autant physiquement que mentalement. »

Très engageant ! Faut croire qu'elle est un poil trop lucide, la petite Ester. Je me contente de grommeler et de remuer distraitement ma viande, alors que Nako monte le feu sous le reste de la popotte. Chili con carne, qu'elle a dit ? j'espère qu'elle va pas trop forcer sur le tabasco, je suis un pauvre blanc de Belgique pas habitué à ce que ça pique.

« Tu sais, je ne suis pas du tout d'accord avec ça, Thibault, reprend Nako devant mon absence de réponse. Tu es plein d'épines et pas facilement approchable, mais on voit bien que tu fais des efforts. Et Ester a été très rapide à oublier que tu nous as sauvé la vie. Toi, comme Ade, d'ailleurs, en prenant en main cette enquête. Mais elle fait partie de la communauté aussi. Il faut faire attention à elle. »

Eh bah... Merci ? C'est quelque chose comme la deuxième personne de la journée qui me dit que j'ai pas fait que du mal pendant le procès, si ça continue je vais presque finir par y croire. Presque, parce que ce crâne mâchoire pendante et une perruque plus vraie que nature sur la tête hante encore mes cauchemars, lui et son air accusateur, et ses hurlements qui ne me quitteront jamais. Mais Nako ne me laisse pas le temps de m'enfermer dans un quelconque bunker d'auto-apitoiement. Elle se contente de me prendre la spatule des mains avant de me caresser doucement la joue. Elle y laisse une grosse trace de poivron, mais j'avoue que là, je ne m'en préoccupe plus trop.

« Ça devrait être bon, Thibault. Tu peux retourner dans l'autre salle, je prends le relais, d'accord ? »

Son sourire est... Apaisant, presque. Je me sens bien. En sécurité, je dirais même. Je n'ai pas trop envie de quitter cette espace, même si Nako est encore plus inquisitrice que ma propre mère, mais vu comment elle prend ma place devant la plaque de cuisson, je suis très clairement foutu dehors.

Dans la salle de réception, c'est presque trop calme pour être honnête. Je surprends d'ailleurs encore plus de regards renfrognés que tout à l'heure, et ça, ça m'étonne un peu. D'ailleurs, Ansgar et Seo-jun ont cessé de discuter entre eux, et ce dernier joue avec une espèce d'épingle dans un coin. Je me demanderais bien ce qu'il s'est passé, mais là pour l'instant mon cerveau est surtout focalisé sur un certain écrivain blond qui s'approche de moi avec un large sourire railleur...

« Eh bien, mon pauvre Thibs, t'en fais une tête... La cuisine s'est défendue contre toi ? »

Ce disant, il désigne l'énorme trace de jus de poivron sur ma joue avec un sourire en coin. Super, merci Nako, j'adore les cadeaux que tu me laisses. Je me contente de lever les yeux au ciel, alors qu'il passe un bras autour de mes épaules.

« Mais oui, bien sûr, le poivron a décidé qu'il ne voulait pas se faire manger mais plutôt me niquer ma sale race. T'en as d'autres du genre ?

— Honnêtement vu le rouge sur ta joue, j'aurais pu faire une blague tout autre. Tu permets ? »

Et ce disant, il tend un peu les lèvres, le regard fixé vers ma- Eh là j'ai pas signé pour ça moi non non non non non au secours !

Dans la panique, je parviens à lui bloquer son visage juste au moment où il allait me faire très certainement un très gros bisou sur la joue, mais ça ne l'empêche pas de se retrouver dans une position où pour l'observateur averti, il me fait un énorme câlin... Que Dieu me garde de l'homosexualité, amen.

Heureusement pour moi et ma gay panic, il n'insiste pas, et se contente de sortir un mouchoir pour m'essuyer la joue de manière beaucoup plus chaste.

« On va dire, rit-il alors que les dernières traces de poivron disparaissent de ma peau, que c'est un non pour les prochaines fois. Je peux rester là un peu au moins ?

— Mouaif, du moment que tu retentes pas le coup du bisou, je grogne, tentant de retenir une rougeur cette fois pas très, très due au poivron de me monter aux joues. Explique-moi plutôt ce qu'il se passe ici ? J'ai l'impression que tout le monde fait la gueule encore plus qu'avant...

— Ansgar a expliqué à tout le monde le secret de Seo-jun, ricane une autre voix un peu plus loin. Et a expliqué un truc sur notre ami Houshang, aussi, quelque chose sur la prison qu'a fait un de ses parents... Laisse-moi te dire que ça a fait râler, ufufu ! »

Me détournant d'Emerens, je tourne la tête dans la direction de la voix. Sachiko, car c'était bien elle, est assise sur une des tables non loin, en train de gratouiller les oreilles de Flushy qui mâchonne quelque chose de non identifiable sans le moindre entrain. Son regard glacial nous fixe non sans animosité, mais quelque chose me dit que bizarrement, ce n'est pas moi qu'elle regarde. D'ailleurs, ce n'est pas dur à deviner. Loin de la fille cynique et silencieuse de tout à l'heure, cette Sachiko a récupéré son habituel sourire, et son habituel mépris.

Ansgar, qui n'est pas si loin d'elle que ça, hoche la tête.

« Dois-je te le réexpliquer, Thibault ? »

Je jette un œil à Seo-jun. Il s'est tendu, et me regarde avec une certaine appréhension.

« Pas la peine, je grogne. Pour Seo-jun, j'ai entendu Alannah en parler, et je suis allé demander des explications à Emerens. Quant à Houshang, je m'en fous pas mal. Un parent qui fait de la prison, ça n'a rien à voir avec lui. »

Le garde du corps jette d'ailleurs audit Emerens un regard en coin. Ce dernier hoche la tête, et Seo-jun le fixe avec une certaine gratitude dans le regard avant de revenir à son épingle.

Par contre, Houshang, qui a de tout évidence saisi le reproche caché, plisse les yeux. Je le vois jeter un œil à Ruben, qui triture un joyau sans trop de conviction, avant de revenir vers moi. Son regard n'a rien perdu de son calme habituel, mais je sens une certaine froideur dans son attitude alors qu'il soupire.

« Comme il te plaira, bien que je persiste à croire ce comportement stupide.

— Encore une fois, je grogne, je m'en fous pas mal, Houshang. Ton père, ou ta mère, je sais pas, à fait de la prison ? C'est pas mes affaires. Ça a rien à voir avec toi sauf si tu es mentionné dans l'article. On choisit pas sa famille, comme dirait l'autre ! Et fouiller de force dans la vie privée des gens si elle a rien à voir avec notre situation ne me plaît pas des masses !

— A t'entendre, siffle le Danseur, je croirais que tu essaies de te dédouaner de quelque chose.

— Laisse-le tranquille ! Hurle Alannah, que je n'avais même pas remarqué. Il te pose pas trop de questions et te dit qu'il s'en fout, tu devrais être rassuré au lieu de croire que tout le monde est aussi parano que toi !

— Ce n'est pas de la paranoïa mais de la prudence, réplique sèchement Houshang en croisant les bras. Monokuma veut faire de ces secrets un mobile. Il nous pousse à nous questionner les uns sur les autres. Refuser d'apprendre quelque chose sur quelqu'un alors que ce quelque chose pourrait être extrêmement grave n'est pas simplement stupide, c'est dangereux. Et je persiste à croire qu'il veut instaurer un précédent. »

Est-ce que c'est parce que je blêmis au fur et à mesure qu'Houshang parle ? En tout cas, je ne dois pas être très convaincant du contraire, même pour moi-même, même alors que je commence sérieusement à craindre pour ma vie de tous les côtés de la Tuerie. Est-ce que ce n'est pas ce que je veux au final ? Instaurer un précédent ? Pour mes propres petits secrets extrêmement graves ? Mais en tout cas, je n'arrive pas à protester, et c'est Emerens qui prend le relais, en serrant son bras autour de ses épaules.

« Ou peut-être qu'il ne veut pas s'encombrer de choses qui ne le concerne pas ? Tout le monde ne trouve pas réconfort dans la vérité, très cher.

— Et se réfugier dans un mensonge est tout autant stupide, Emerens, crache le Danseur avec un certain mépris dans sa voix. Tu lui fais aveuglément confiance mais si un jour tu apprends qu'il a provoqué un désastre, tu feras quoi ? »

... Putain le pire c'est que la question se pose. Et le fait qu'Emerens ne semble même pas l'envisager me flanque la trouille de ma vie. Pitié, faites que ce petit secret ne soit pas dans cette rue à la con. Tout sauf ça. Tout sauf ça. Ils ne doivent pas savoir que ça vient de moi. Ils ne doivent pas savoir que ça vient de moi.

Ils ne doivent pas savoir d'où me vient mon titre.

Je ne veux pas finir comme Fusae.

Je ne veux pas.

« Si j'étais toi, je ne me mêlerais pas de ma manière d'accorder ma confiance, réplique Emerens, glacial. Parce que tu n'as pas de leçons à donner, au vu de ta manière de protéger Ester. Je connais Thibault depuis plus de sept ans. Est-ce que tu peux en dire autant ?

— Sept ans pendant lesquels tu ne l'as pas vu pendant une longue période, si je retrace ton parcours médiatique, crache Houshang. Les gens changent, en sept ans. Et ne mêle pas Ester à ça.

— Je cesserais de mêler Ester à ça quand tu arrêteras toi-même de balancer des accusations sans fondement à l'égard de Thibault, siffle Emerens, en se décollant finalement de moi. Et c'est toi qui me parles de stupidité, franchement bonjour l'hypocrisie... »

Houshang retient une exclamation de colère, et fixe le regard glacial d'Emerens avec rage, alors que ce dernier garde les bras croisés sur sa poitrine. Comment est-ce qu'il n'est pas en train de hurler me dépasse. Honnêtement, si je n'étais pas aussi pétrifié de trouille, j'aurais perdu mon calme depuis bien longtemps.

« C'est qu'il est virulent la blondasse, chuchote Sachiko à mon oreille d'un ton moqueur. On croirait qu'Houshang a insulté ses ancêtres.

— Connaissant lesdits ancêtres ça m'étonnerait pas mal, Sachiko. »

Elle hausse les épaules en rigolant. Ce n'est que maintenant que je remarque que son bras a remplacé celui d'Emerens autour de mes épaules.

« Quelque chose me dit que t'as pas du tout envie de te trouver là, je me trompe ? »

Je lui jette un regard. Elle sourit toujours autant.

« Tu sais quoi ? Pas vraiment, nan, je finis par marmonner, sans savoir si je fais référence à la dispute ou à sa position. Je vais prendre l'air. »

Malheureusement pour moi sans doute, elle ne saisit pas le message, puisqu'elle me suit en dehors de la salle de réception. Bon, reconnaissons-lui au moins quelque chose, elle sait être discrète, personne ne nous a vus partir, même alors que le capybara nous suit partout où elle va et que ces bêtes là ne s'embarrassent pas de marcher sur la pointe des coussinets.

C'est dans le couloir que je finis par ralentir un peu le pas, Sachiko toujours sur les talons, et Flushy sur les talons de Sachiko. La Chanceuse, voyant sans doute que j'ai l'intention de ne pas aller beaucoup plus loin, laisse échapper un petit rire.

« Là, c'est mieux nan ? Pas de hurlements de partout où de gens qui essayent de t'accuser pour je ne sais quelle théorie... »

Je me fige. Est-ce que sa phrase est anodine, où... Nan, je préfère ne pas lui poser la question.

Qu'Ansgar soit au courant c'est une chose. Que Sachiko le sache c'en est une autre. Et franchement, je préfère pas creuser le sujet théories avec quelqu'un d'aussi imprévisible.

Sachiko, qui continue d'ailleurs de sourire, se penche vers moi avec un petit rire. Et je remarque que derrière, un énorme corps de capybara coupe ma retraite de manière tellement ostensible que je ne peux que soupçonner que ce soit intentionnel. À croire qu'elles se sont liguées contre moi pour que je ne puisse pas m'échapper... Putain, j'aurais préféré un autre genre de solidarité avec ces foutus animaux.

« Eh ben t'en fais une tête ! J'ai touché juste ? Il y a des théories sensibles ?

— Est-ce que Fusae Amane parlait de ses thèses ? Je grommelle, à deux doigts de m'enfuir en courant et tant pis pour le capybara. C'est la même chose. »

Son sourire s'élargit.

« Tu sais, mon bonhomme, si tu voulais t'épargner de la suspicion, tu aurais choisi un autre grand penseur que Fusae Amane. Je sais pas, même Takeda aurait été un meilleur exemple ? Parce que tout le monde ici sait ce sur quoi Amane a travaillé, et ce n'est pas folichon... Est-ce que tu as suivi le même chemin ? Nan, pas la peine, je me doute de la réponse ! »

... Brrrrrrr. Je n'aime vraiment pas la tournure que prend cette conversation. Et entre la restriction de ma pansexualité et le souhait de contenir mes petits secrets j'aurais beaucoup prié Dieu aujourd'hui. Même si j'ai la subtile impression, en contemplant le visage hilare de Sachiko, que Dieu se marre bien devant ma déconfiture.

« Ouais bah si tu t'en doutes parlons d'autre chose, je finis par grogner. J'ai pas envie que les gens se rappellent que je suis l'Ultime Théoricien.

— Les gens vont encore moins l'oublier en cet instant, ricane Sachiko. Mais si tu veux. De toute façon, tu n'as qu'à développer d'autres atouts pour faire oublier les tiens ? Prends l'autre séducteur, par exemple, je suis presque sûre que son image médiatique a complètement fait oublier qu'il écrivait des bouquins ! »

Je lève les yeux au ciel. Je suis pas dans la tête des gens, moi, comment vous voulez que je fasse ? Et puis en plus...

« T'es en train de me suggérer que je devrais me mettre au flirt ? Est-ce que tu m'as bien regardé ?

— Ah bah quand tu penses qu'il n'y a que les femmes de ménage qui s'intéressent à toi, c'est clair que tu vas pas aller bien loin en la matière, ricane Sachiko. Enfin je dis ça, mais la moitié des gens attirés par les hommes de ce jeu de la mort à la con ont l'air d'avoir un sacré intérêt sur toi. »

... Merci du compliment, Sachiko, j'apprécierais énormément si tu me foutais pas en ce moment même la trouille qu'on me mette à nu figurativement- Attends une minute. J'ai mentionné une femme de ménage devant elle ? Je crois pas non. Alors pourquoi elle a balancé un truc pareil...

« D'où tu me parles de femme de ménage ?!?

— Ah, donc il s'est bien passé un truc avec les femmes de ménage, ricane-t-elle, imperturbable. Allez, raconte, raconte ! »

... t'as qu'à le deviner si t'es si forte que ça. Mais bon, vu sa tête, elle le laissera pas filer de sitôt. Je me contente donc de soupirer. Le soupir du vaincu.

« C'est juste une connerie qui s'est passé à Saint-Cyr... un con de harceleur m'avait enfermé dans un placard, et c'est une femme de ménage qui m'a fait sortir au bout de deux heures à pousser des cris paniqués... Ladite femme de ménage, non contente de méchamment engueuler les filles qui révisaient à côté de moi sans faire gaffe à moi qui hurlais, sûrement des complices quand j'y pense, je crache, appréciant assez peu ce souvenir, m'a emmené dans son bureau avant de me donner des cookies et du chocolat et de m'ordonner de me reposer tout l'après-midi. Emerens en a bien rigolé quand il m'a apporté les leçons et les devoirs, ce fils de pute... »

Et c'est devenu une sacrée running joke parmi mes potes de l'époque, running joke que visiblement Emerens n'était pas prêt à laisser tomber. Je l'emmerde fort, des fois. Rigoler sur ma déconfiture, c'est bien des trucs que font les pires potes...

La mention d'Emerens arrache néanmoins une fort vilaine grimace à Sachiko, qui s'appuie nonchalamment contre le mur, avant de fixer le couloir au loin.

« M'étonne pas de lui. Depuis le début, je lui trouvais des vibes de salopard.

— Eh là, du calme, je marmonne. Ça reste innocent, hein.

— Ouaip, mais sa présence ici, elle l'est pas. Ça, c'est sûr. »

Elle se retourne vers moi.

« Monokuma a un truc à voir avec lui. Je sais pas quoi, mais je le sais. Donc tant que t'as pas trouvé une explication pour que ledit Monokuma s'acharne autant, t'as intérêt à rester sur tes gardes avec ce mec.

— Eh là, une minute, je dis, les yeux plissés. T'as une preuve ? »

Son pied vient heurter le mur alors qu'elle se redresse, et elle se penche vers moi avec un sourire presque plus énigmatique que d'habitude, les yeux brillant de je ne sais trop quoi.

« La preuve, c'est moi. Et je fais bien assez confiance en mes propres capacités. Je ne suis pas n'importe qui, tu sais ? Elle rigole, toujours les yeux brillants. Je suis une force divine et ce n'est pas ce petit con de blondinet qui va m'empêcher de faire mon devoir. »

Et elle se barre en rigolant, Flushy sur les talons, avant même que je n'aie eu le temps d'exprimer ma désapprobation.

Une force divine, hein ? Même si je croyais en Dieu, je ne crois pas aux prophètes.

Et celle-ci me paraît bien trop égocentrée pour être quoi que ce soit d'autre qu'une personne en plein milieu de ses illusions.

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