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Chapitre 2 (4) : The joy of pranks and fights

Donc traduction je suis coincé ici pour le reste de la journée ? Pfffff. Quelle poisse.

Bah, entre nous, ça aurait pu être pire. J'aurais pu me retrouver toute la journée entre Emerens et Seo-jun par exemple. Belle manière de tenir la chandelle. Ou pire, Ansgar aurait pu me forcer à travailler. Là, j'ai ma journée de libre, je peux faire sensiblement ce que je veux, et même si la moindre dorure de cette maison à la con me fout l'angoisse de ma putain de vie, on va dire que y'a toujours moyen de l'oublier...

Dans le cas évidemment où il y a de la tequila dans les placards. Ou du rhum, je suis pas difficile.

Enfin bref. Je ferai plus tard mes petites réserves, pour l'instant j'ai plus urgent. Après la réunion au sommet, dont personne n'a dit le contenu à Moanaura et Ade d'ailleurs, je me suis mis en tête de chercher Ester, qui s'est barrée à toute allure je sais trop où. Et nan, je sais pas pourquoi j'ai envie de chercher la meuf qui me témoigne le plus d'hostilité depuis le début de ce jeu de la mort, et qui parle à peine un langage en commun avec moi. J'imagine que ce qu'a dit Ade m'a marqué quelque part. Ce genre de disputes ne résoudra rien.

Mais bon du coup en attendant je la trouve pas, la petite Ester. Elle est pas dans sa chambre, elle est pas dans la salle de réception, visiblement la maison n'a pas été ouverte de l'intérieur depuis que Monokuma s'est cassé... Elle sait mieux se cacher qu'un moustique la nuit, nom d'un chien...

Du coup en désespoir de cause, je fouille les salles de la maison que je n'ai pas encore visitées. Et ce n'est pas joyeux, joyeux. Presque toutes, même celles plus axées détente, sont tirées des descriptions d'un témoignage quelconque ou d'un des rapports révélés au monde après 2018. Il y a même le foutu sex-shop du donjon du Désespoir. Enfin, en moins grand et moins rempli, mais de toute façon, je compte pas y mettre les pieds plus que ça. Je me demande bien qui pourrait y aller, d'ailleurs. Qui peut penser au cul dans un moment pareil ? Emerens exclu ?

Dans un coin des couloirs, alors que je commence sérieusement à me dire que je ne pourrais jamais retrouver cette sale gosse, je finis par remarquer une porte blanche, qui tranche dans le beige sombre des murs. Elle est à moitié ouverte. Pas trop tôt, enfin un truc qui sort un peu de l'ordinaire. Si j'ai une chance de trouver quelqu'un là-dedans...

Pas la peine de m'annoncer, flemme. Je passe la porte, et plisse les yeux devant le décor. Une infirmerie. Une infirmerie un poil trop familière, mais bon ça je m'y attendais. Monokuma a même poussé le vice jusqu'à installer un cadenas coupé, avec une pince à côté, sur l'une des armoires.

Mais ce qui m'intéresse surtout, c'est la personne qui compte les médicaments avec soin, dans un con, et grimace à chaque nouvelle boîte. Ester, que j'ai enfin retrouvée, et qui semble plus absorbée par le déchiffrage des notices que par le tri vu comment elle marmonne en ce qui me paraît plus être de l'estonien que de l'allemand.

Pas trop tôt, nom de Zeus.

Je m'avance vers elle et lui tape sur l'épaule.

« Ça avance, le tri ? »

Je sais pas si j'ai parlé en démon ou si je suis moi-même un exemple de terreur absolue mais en tout cas elle sursaute tellement fort que je crois voir un lapin bondir dans les airs, avant de laisser tomber sa boîte. Et visiblement, la vision de ma présence juste à côté d'elle n'a pas de quoi la rassurer puisque c'est en me voyant qu'elle recule sa chaise d'un coup sec, son regard plein d'une certaine frayeur. Super, je m'appelle désormais Thibahamut, le terrible dragon roux d'un mètre soixante.

Je lève les yeux au ciel.

« Ça va Ester, je vais pas te manger. Je viens juste voir comment tu allais.

— Je... très bien, bafouille-t-elle. Pas souci. Tu peux aller. Partir. »

Alors c'est une manière de me foutre dehors où je m'y connais pas... Je ne peux m'empêcher de grommeler, et Ester se met à trembler de tous ses membres. Je retire ce que j'ai dit tout à l'heure, cette meuf n'est pas un lapin, c'est une putain de souris.

« Ça a pas l'air d'être la forme, pourtant, je rajoute, en désignant ses membres tremblants. Tu bouges encore plus qu'un vibrator, j'appelle ça de la peur, moi.

— ...... Forme ? Vibrator ? »

... Ah ouais putain j'avais oublié. Anglais simple, il faut. Ester le parle pas encore couramment et avec le bordel qu'il y a eu avec Moanaura, il n'y aura pas grand-monde pour l'aider. Quoique, je sais pas si Nako avait l'air de vouloir continuer à donner cours à notre pirate. Elle m'avait quand même l'air très énervée contre elle, aux dernières nouvelles.

« Oublie. T'es sûre que ça va ? »

Elle hoche la tête vigoureusement avant de me désigner la porte. Plus ça va et moins je me sens désiré, c'est rigolo –non. Et ça commence sincèrement à m'agacer cette histoire. J'essaie juste de m'enquérir de ton bien-être, meuf, dis-le si t'as pas envie qu'on se préoccupe de toi !

Loin d'obéir à son ordre, je me rapproche d'elle, sans trop faire gaffe au fait qu'elle s'est emparée de la pince coupante. De toute façon, vu comment elle est maigre, même moi, je devrais pas avoir trop de mal à la maîtriser.

« T'as un problème avec moi, meuf, ou c'est comment ? »

Elle glapit, avant de lever sa pince vers moi. Ouais, le message est assez clair, et ça commence à me casser les couilles. Mais bon, on va pas exagérer non plus. Je reste à distance raisonnable, autant parce que j'ai pas envie de perdre mes organes génitaux que pour laisser Ester un minimum en contrôle de soi-même.

Cette dernière se met à trembler encore plus.

« Je suis très bien ! Va-t-en ! Je veux pas voir toi !

— Super aimable, je grommelle. Je me casserai quand tu auras dit pourquoi exactement je te fous la pétoche. Est-ce que tu m'as regardé de près dans les dernières semaines ?

— Je te dis de partir, scheisse, crie-t-elle en levant encore davantage sa pince. Tu es danger, pour moi, pour tout le monde !

— Danger ?!? »

Alors celle-là c'est la meilleure. Okay, je suis un mec cis et par là même pas vraiment la personne la plus safe pour n'importe quelle minorité de genre, je veux bien l'admettre. Okay, on est dans une Tuerie et ce genre de paranoïa se justifie d'autant plus. Mais je suis la seule putain de personne avec qui elle se comporte comme ça ?!? Alors qu'il y a au moins trois autres mecs plus grands et plus forts que moi ?!?

Qu'est-ce que j'ai bien pu putain de foutre pour être le plus dangereux à ses yeux, bordel de merde ?!?

« Oui, danger, hurle Ester, de moins en moins calme (si elle avait seulement conservé une once de contrôle). Toi, danger. Quand tu es là, les gens crient. Ils sont colère. Tu danger pour paix. Va-t-en ! Je veux ma paix ! »

Joie, donc je suis bien la source de tous les problèmes de cette Tuerie. Merci, je savais pas, ah ah ah. Levant les yeux au ciel, je recule d'un pas, parce que bon, elle me casse les oreilles quand même, avant de grogner.

« Ouais bah les gens crieront que je sois dans la même pièce qu'eux ou pas, ma grande. C'est le principe de la Tuerie. »

Ester repose sa pince, sans doute parce que maintenant je suis à trois mètres d'elles, avant de siffler :

« Aujourd'hui, toi qui as commencé. Moanaura pénible, mais au moins entraîne pas tout le monde dans la dispute. Tout le monde à cran à cause toi. Tu es danger pour paix, grogne-t-elle. Danger pour co... cohabitation. Et je assez d'être en danger à cause gens comme toi. »

... Mais elle me casse les couilles, bordel ! Merci, j'ai pas besoin qu'on me rappelle que j'ai foutu le feu aux poudres, j'essayais juste de voir si tout allait bien meuf, et vu comment tu tritures cette boîte, tout ne va pas putain de bien ! En plus c'est elle qui cause ?!?

« Et qui c'est qui a engueulé Moanaura tout à l'heure, hein ?!? Parce que jusqu'à preuve du contraire, moi, je lui ai pas gueulé de la fermer de toute la puissance de ma voix, contrairement à d'autres ! Fais ce que je dis pas ce que je fais, hein ? »

Je monte un peu le ton sans doute, et la panique revient sur le visage d'Ester, mais ça commence franchement à me casser les couilles. D'ailleurs, je crois voir une légère lueur de honte dans ses yeux avant que la panique ne prenne le dessus.

« Toi rien à dire ! Tu hurles pendant tout procès, me crie-t-elle à la figure, tu envoies sterben Aldéric sans regret, je bien pouvoir penser que tu danger... Dangereux ! Je te dis, pars ! Laisse-moi tranquille ! Laisse-moi tranquille !

La boîte de médicaments qui vient heurter mon crâne accompagne le message assez clair que je ne suis plus désiré du tout ici et qu'elle va tenter de me jeter dehors de force dans les prochaines minutes. Et je ne suis pas fou au point de vouloir déclencher une bagarre si tôt. Ça me fout juste complètement la haine, tiens. Au point que quand je sors de l'infirmerie après un superbe doigt d'honneur à l'Ultime Dentiste, dernière marque du fait qu'elle peut bien aller se faire enculer j'en ai plus rien à branler, la porte claque derrière moi dans un bruit assez sonore pour réveiller sans doute l'entièreté des endormis de cette putain de maison de merde.

D'ailleurs, ça attire l'attention d'Houshang, sans doute animé des mêmes intentions que moi au début, qui me jette un regard inquisiteur.

« Ouais, Ester est là-dedans, je grogne, sans lui rendre son coup d'œil. Quelle furie, putain. »

Il prend son menton entre ses mains, avant de me balayer de haut en bas.

« Furie ? Ester est plutôt calme en règle générale. Tu ne serais pas allé la provoquer volontairement, par hasard ?

— Ouais, c'est ça, parce que j'ai vachement envie de me faire tuer dans mon sommeil. T'en as d'autres des comme ça ? »

Il hausse les épaules, mais ne s'éloigne pas de moi.

« Pour être honnête Thibault, j'ai l'impression que pas mal de gens plus ou moins dangereux s'intéressent à toi d'assez près. Quelqu'un aurait pu croire que tu as choisi de te mettre sous leur protection comme sauf-conduit, et qu'elle te permettrait de faire ce que tu veux pour que ces personnes encaissent le blâme à ta place.

— ... Eh bah wow, je grommelle, douché. Tu penses vraiment que je suis un tel salopard ? »

De nouveau, il hausse les épaules.

« Je doute que tu le fasses consciemment. Mais un être stupide pourrait le faire sans voir arriver la moindre conséquence. Et j'espère sincèrement que tu n'es pas tombé aussi bas. »

... Et qui c'est qui n'a plus qu'à le regarder se diriger vers l'infirmerie en contemplant l'inutilité de sa pathétique existence pour la je-ne-sais-combientième fois de la journée ? Ouais, vous avez compris, pas le pape. Je fixe Houshang ouvrir la porte et répondre doucement à la voix presque en larmes d'Ester alors qu'il rentre, et puis la porte se referme, et dans le couloir il n'y a plus que moi et ma connerie. Putain, pourquoi à chaque fois que je croise ce mec, mon ego décide de rejoindre les poissons de la fosse des Mariannes ?

Vie à la con, tiens.

« Eh, ça va, Thibault ? t'as l'air au fond du trou... »

Et qui c'est qui m'a retrouvé lors que j'étais en pleine séance d'auto-détestation ? Ah bah c'est Alannah. Faut croire que les drones, ça aide, un peu. Mine de rien je suis content de la voir, surtout parce que son air sincèrement inquiet est une véritable douche rafraichissante après les hurlements d'Ester et le mépris d'Houshang, et aussi parce qu'elle est toute mignonne à me serrer la main comme elle le fait.

Je pousse un profond soupir.

« Mouais, bof... Je me suis engueulé avec Ester, et Houshang est passé derrière me dire avec plein de jolis mots qu'il me voyait comme un Cro-Magnon. Pas terrible pour le moral. »

Elle grimace.

« Mouais, ça m'étonne pas d'eux... Houshang est mignon mais pète-cul, et Ester j'ai l'impression qu'elle a peur de tout ce qui élève un tant soit peu la voix. T'inquiète pas, c'est pas parce qu'ils croient que t'es chiant que c'est le cas de tout le monde hein ! Moi je trouve que t'es très sympa ! »

Que quelqu'un canonise cette gamine et son p'tit sourire satisfait là. J'irais pas jusqu'à dire que c'est pile ce qu'il me fallait entendre, mais mine de rien je me sens beaucoup mieux. Et ça me permets de sourire au moins un peu.

« Eh bien si la grande Alannah le dit... Comment tu m'as trouvé, en fait ? »

Un petit rire s'échappe de sa gorge, et elle lève les mains devant elle façon fantôme.

« Je te traaaaaque et je te suis partouuuuut depuis le débuuuut ! Nan en fait, elle pouffe, j'étais allée parler à Moanaura, t'sais. Elle s'est enfermée sur le toit, je sais pas par quel vélux elle y est allée mais j'ai dû parler à travers un autre je crois... Et en redescendant, je t'ai vu en train de bougonner dans ton coin, voilà voilà !

— Ouh là. Parler à Moanaura ? ça va tu t'es pas fait remballer ? »

Son regard se fait un peu moins joyeux, et je la voix se rembrunir alors qu'elle soupire.

« Tu sais elle est sympa quand elle veut. Elle fait des blagues un peu crasses certes mais je suis sûre que dans n'importe quel autre contexte on aurait été très amies. C'est juste que... Bah, on est plus dans n'importe quel autre contexte. On est dans une Tuerie... »

Ses dents se serrent, et elle laisse une grimace déformer son visage.

« Je trouve quand même que c'est bien de la merde ce concept.

— Ouais, comme tout le monde, pour le coup, je grommelle. Sauf p't'être l'instigateur. Faut vraiment être taré pour avoir décidé de faire un truc pareil.

— J'préfère ne pas y réfléchir. Ansgar m'a fait un brief, mais l'idée qu'il y ait une personne ici qui nous ait tous balancés dans la merde consciemment me donne envie de vomir... Je préfère croire à la théorie qu'il est planqué dehors pour je sais pas trop quelle raison. Ça me fait moins à réfléchir que soupçonner mes amis comme ça. Mais toi, tu connais le truc, t'en penses quoi ?

— Sincèrement ? »

Je pousse un profond soupir. Nous sommes devant la porte de la salle de musique, quelle ironie ; sans doute mes pas m'y ont mené inconsciemment. Et Alannah, qui n'a pas lâché ma main, semble attendre ma réponse.

« Je sais pas, Alannah. Je sais pas, parce qu'autant d'un côté Nako, qui disait qu'on avait des portes de sortie autres que l'instigateur, a tout à fait raison, et que ça pourrait être une occasion pour ledit instigateur de se planquer ailleurs. De l'autre, je ne vois vraiment pas comment un Monokuma pourrait décider, consciemment, de sauver la vie à un mec atteint par le Désespoir, alors qu'on exige d'eux qu'ils le détruisent. Surtout celui-ci. Il aurait sûrement exigé qu'il soit sur place, afin d'avoir une chance de le tuer... »

Sauf si... Une lointaine conversation téléphonique me revient en mémoire. Monokuma est-il vraiment en charge dans cette Tuerie ? Si je savais seulement à qui il parlait, une bonne partie de la situation deviendrait beaucoup plus claire. Était-ce son boss, Monokuma number one, ou bien était-ce son MasterMind ? Ou même n'importe qui d'autre, d'ailleurs...

Je secoue la tête. Ouais, on fera ses théories plus tard. Je suis comme Alannah, j'ai pas envie d'y réfléchir maintenant, et autant je peux comprendre l'obsession d'Ade avec la traque en réfléchissant de manière objective, autant la simple idée de voir chacun de ces gens avec un sourire sans plus de bonheur me donne la gerbe. Le Désespoir pourrait être en n'importe qui. Il pourrait être en Alannah. Il pourrait être en Seo-jun. Il pourrait être en Ruben. Il pourrait être en Emerens. Il pourrait être en Sachiko.

Il pourrait même dormir à l'intérieur d'Ansgar, pour ce que j'en sais.

Sans doute Alannah a remarqué mon trouble, puisqu'elle me tire un peu par le poignet.

« Parlons d'autre chose ! C'est quoi, ici ? »

Dit-elle en désignant d'un mouvement de tête la salle de musique. Putain. Je grimace, avant de grommeler.

« C'est la salle de musique apparemment. Assez inspirée du Danganronpa originel, donc je préfèrerais ne pas avoir à y mettre les pieds...

— Par pure curiosité parce que j'ai pas pu encore lire Danganronpa, y'a quoi comme machines à l'intérieur ? »

Je hausse un sourcil. Elle a quoi en tête la p'tite ?

« Euh ? eh ben, des platines de DJ, des haut-parleurs dont je préfère ne pas tester la puissance, un truc de karaoké s'il a pas été enlevé parce que ça je l'ai pas vu, une piste de danse, des chaines hi-fi et probablement plein d'appareils de son quelconques ? Franchement, j'ai pas voulu vérifier... »

Et son sourire de gremlin me donne moyennement envie de décrire davantage. Qu'est-ce qu'elle a en tête, bon sang ?

« Et cette salle de musique, elle est importante ?

— Pas mal, ouais. Y'a eu un meurtre dedans. Et c'était le terrain de jeu d'une... Certaine personne.

— Oh, wi wi, je vois de qui tu parles, disons que lorsqu'on a appris ce qu'il avait branlé même en Irlande c'était le dégoût absolu... Pas besoin de lire Danganronpa pour ça, tiens, rigole-t-elle. Et tu sais quoi ? J'ai une idée qui va nous faire faire d'une pierre deux coups. Un, on joue avec les machines et on fait un superbe doigt d'honneur à ce charmant monsieur, deux j'ai du travail à faire, et trois je suis presque sûre que je peux bidouiller un truc pour rickroll absolument toute la maison... Allez, t'en es, t'en es, dis, dis, dis ? »

.... Canonisez cette gosse. J'ai jamais eu autant envie de me mettre à genoux devant un truc qui ne soit pas Avatar le Dernier Maître de l'Air ou Pokémon version Noir. Et elle a dit pile le truc qu'il fallait pour me détendre et me permettre de rentrer dans cette salle sans arrière-pensée. Bon, j'ai toujours autant envie de vomir devant les haut-parleurs, mais ça c'est rien c'est normal, et vu qu'Alannah ne perd pas de temps pour les débrancher, ça va tout de suite beaucoup mieux...

Visiblement, les Ingénieures ça arrive toujours préparées. Le sac à dos qu'Alannah portait sur ses épaules depuis tout à l'heure se révèle contenir un sacré arsenal d'outils de toutes les sortes, et à peine ledit arsenal fut-il étalé par terre en un superbe bordel qu'elle s'était mise à travailler, jouant autant avec les fils de la chaîne hi-fi qu'avec ses propres morceaux de ferraille que je serais bien en mesure d'identifier.

Je sais pas trop quoi faire, du coup je me contente de poser mes fesses à côté d'elle en bon homme flemmard pendant que la femme travaille... Sauf qu'ici, on parle d'une femme Ingénieure, et ça, ça bouscule quand même pas mal les clichés. J'arrive même pas à comprendre autre chose que « elle débranche ce fil pour souder ce machin avant de remettre le fil dans le bidule ».

Mais bon, ça m'intéresse quand même, alors je me penche sur le gros travail.

« ... Et c'est pour quoi ça ?

— Alors ces grosses chaînes hi-fi, elles sont pas faites pour la transmission Bluetooth, commence Alannah en triturant les mécanismes. Sauf que les haut-parleurs de l'alarme, ceux qui sont partout, bah si en fait. J'ai trouvé un moyen de pirater leur réseau il y a pas si longtemps que ça, juste avant qu'on entende la première alarme en fait, mais pour ça j'ai besoin d'un truc sur quoi je peux mettre du son, parce que mon ordi me permet zéro accès à la bibliothèque musicale... Du coup là ce que j'essaie de faire, c'est de prendre le contrôle de la chaîne hi-fi par mon ordinateur, de connecter l'ordi au réseau Bluetooth qui permet la transmission des alarmes, et à l'aide d'une commande de mon ordi, faire en sorte que le CD que je mettrai là soit rerouté vers les hauts-parleurs et hop ! Ce sera connecté ! »

J'arrive pas à en placer une mais j'avoue que j'adore son rire machiavélique alors qu'elle s'empare dudit ordinateur portable pour le connecter à son espèce de mécanisme.

« Normalement j'aurais besoin d'écrire un programme pour permettre le reroutage, mais j'ai déjà fait la manip' plein de fois avec d'autres chaînes hi-fi alors j'aurais juste à modifier un peu celui-ci pour rajouter le hack, et ça va pas me prendre très longtemps vu que j'ai bien affaibli les défenses de Monokuma... Bon faut dire qu'il protège pas beaucoup ses haut-parleurs, mais voilà, faut pas être con non plus !

— Et.... Ça fait partie de ton métier ça ? »

Elle secoue la tête en rigolant.

« Ah bah faut pas croire que je fais que les robots ! Les ingénieurs, ça fait plein de trucs différents ! J'ai des compétences très pointues en écriture de programmes, autant en termes d'IA que de cybersécurité, puis je retape aussi des machines comme celles-ci... Évidemment le gros de mon boulot c'est la robotique et la nanorobotique, mais comme la nanorobotique passe par beaucoup d'informatique parce que tu dois souvent céder le contrôle à une IA géante, comme par exemple avec mes mouches, bah je sais aussi écrire des programmes, et bon j'ai appris à souder très tôt dans ma vie ! Je sais remonter des ordinateurs, des appareils d'électroménager, et puis je sais comment passer un pare-feu, pénétrer dans un réseau informatique... Et j'ai même développé des IA entières juste avec du Java ! D'habitude, les débutants se servent plus de Python, parce que c'est le langage le plus facile pour les débutants, et c'est le meilleur en programmation impérative, avec la récursivité facilement maîtrisable et tout et tout... Bon mes IA Java c'est pas les meilleures mais c'était un défi, et un défi brillamment réussi même si je les mettrai jamais en vente sans un peu de refonte et de la vérification de bugs et pleins de tests unitaires et... »

Et je ne l'arrête plus, elle parle, elle parle, elle parle et moi je ne peux que l'écouter. Je comprends pas la moitié de ce qu'elle me dit, et j'ai presque envie de dire que c'est normal, j'ai fait un bac de maths moi, pas d'info, mais ses yeux brillent tellement fort que j'ai pas le cœur de lui dire que je suis juste le fait qu'elle est en train d'hacker une partie du réseau informatique de cette cité aérienne. Enfin je crois.

Je sais pas si je l'écoute ou pas, mais en tout cas je la regarde avec la plus grande des attentions, surtout lorsqu'elle appuie avec solennité sur Entrée sur son ordinateur ou des dizaines de commandes indéchiffrables sont écrites.

« Ettttt voilà ! Thibault, tu veux bien me faire l'honneur d'être le premier testeur ? Regarde s'il y a pas Rick Astley dans les CD... »

Ah bah putain oui je suis con. J'aurais déjà dû vérifier le matos... Je me précipite vers l'armoire à CD, et dieu merci je trouve la perle rare, un magnifique album visiblement où seul le single tant recherché est gravé. Heureusement qu'il y en a, parce qu'on va pas se mentir, qui se sert encore de CD en 2019...

Je tends le CD à Alannah, qui le met dans l'appareil, appuie sur Play et... Rien ne se passe. Je grimace, déçu, mais elle se contente de hausser les épaules.

« Attends, j'ai oublié de checker... à tous les coups j'ai oublié une ligne de commande ou même un point-virgule quelque part, ça m'étonnerait pas de moi... j'ai trop l'habitude d'écrire mes programmes en IDE plutôt que sur l'invite de commandes et... LA ! Un putain de point-virgule ! je le savais ! Je le savais ! »

Elle modifie rapidement l'erreur qui sans doute doit avoir fait très mal au programme avant de de nouveau appuyer sur Entrée... Et cette fois je l'entends. Le son de la douce musique de Rick Astley qui se répand dans toute la maison, accompagnée de quelques cris des personnes les plus proches. Dont une voix que je connais fort bien.

Et qui s'invite d'ailleurs dans la salle de musique alors que son propriétaire, mi-hilare mi agacé, pointe du doigt notre prankster de service avec une certaine... Comment dire. Tendance à la dramatisation.

« T'es pas sérieuse, Alannah ? S'exclame Emerens entre deux éclats de rire, alors que j'entends derrière les Never Gonna let you down les ricanements de Seo-jun. J'essayais de pécho dans ce couloir, moi ! »

L'air pas désolée du tout, l'Ingénieure lui tire la langue.

« Eh bah tant pis pour toi, ça t'apprendra à être horny ! Je crois je vais écrire un programme pour que dès que les micros t'entendent faire tes trucs ils balancent ça à pleine puissance tiens ! »

Je me frappe le front, tout autant agacé que sur le point d'éclater de rire à mon tour. Emerens, par contre, est passé du côté « mort de rire » de la force, visiblement, vu que je le vois s'accrocher au battant de la porte.

« Pitié non, ma vie sexuelle ne va pas survivre à cette punition divine ! T'es cruelle, jeune fille, vraiment cruelle !

— Ah ? C'est bizarre, je laisse échapper en fixant mes ongles, un sourire un peu de travers sur le visage, je trouve que c'est tout à fait approprié moi. »

Le diable blond visiblement pas décontenancé pour deux sous se tourne vers moi et m'adresse un clin d'œil.

« On prend les paris, Thibs ? En combien de temps ça te dérangerait aussi parce que tu serais également concerné ?

— Même pas dans tes putains de rêves, Van Heel ! Allez, sors de cette salle ou je dis à Alannah d'installer ce horny bonk musical ! »

Ladite Alannah est morte de rire devant son ordinateur, d'ailleurs, et Emerens même pas dérangé m'adresse un large signe de la main avant de refermer la porte, son sourire en coin de retour sur son visage. Bon, on va avouer quand même que le fait que je sois au bord de la rigolade n'aide pas beaucoup à ce qu'on me prenne au sérieux, mais aussi, les joies des pranks...

Et pour le coup, si je peux me permettre de rigoler... Parce que j'ai l'impression que ça va pas durer très longtemps.

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