Chapitre 2 (18) : What we have to check
Je ne sais pas si c'est une bonne nouvelle, mais on a pas à attendre bien longtemps.
Cinq minutes à peine après que j'aie fini par m'asseoir sur les pavés les plus éloignés possibles de la flaque de sang, Monokuma surgit de la rue précédente. Son putain de sourire est encore plus large que la fois dernière. Et ce regard qu'il pose sur moi. Je ne sais pas si j'y sens une satisfaction absolue ou la haine la plus pure.
L'Ultime Artiste, l'Artiste sanglant, le psychopathe qui s'occupe de nous, ou Monokuma, membre de l'organisation terroriste la plus redoutée de tous les temps. Je ne sais même plus comment l'appeler, no même comment l'aborder, plus rien mis à part qu'il me fiche la chair de poule. Rien que l'idée que nous ne soyons pas son coup d'essai en matière d'œuvre d'Art me donne envie de dégobiller ce que j'ai eu le temps d'avaler ce matin. C'est-à-dire pas grand-chose.
Mais bon.
Au moins, il ne s'arrête pas devant moi, comme la dernière fois. Il se dirige jusqu'à la statue d'Eugène, avant de passer non sans une extase complètement tordue un doigt dans le sang qui a coulé. Et son putain de sourire qui s'élargit encore. Je vais vraiment dégobiller.
Ansgar se racle la gorge. Et heureusement pour nous, Monokuma semble conscient de sa présence, puisqu'il se tourne vers elle avec ce même sourire plein de dents pointues. Sa cicatrice est à peine visible tant ses joues sont étirées.
« Mais oui, je sais, je sais, ne pas toucher à la scène de crime... Je m'en voudrais de gâcher votre travail !
— Tu n'as pas quelque chose à nous dire avant de te délecter de ta cruauté, Monokuma ? » Siffle Ansgar non sans un certain venin dans la voix.
Le sourire de ce dernier s'élargit encore.
« Hmmmoui, plusieurs, en fait. Premièrement, vous disposez également de douze heures pour cette enquête, à compter de maintenant, ce qui fait que je veux voir tout le monde se réunir dans la salle de réception de la maison à vingt-et-une heures et quart, pas plus tard, compris ? Deuxièmement... »
Il désigne, d'un mouvement de la main, le Monodossier que tient Ansgar, avant de pousser un petit caquètement que je pourrais presque assimiler à un rire.
« Les Monodossiers ont été mis à jour. Dedans, ricane-t-il, il y a le nouveau code d'accès, mais aussi et surtout les informations nécessaires sur le oh si tragique décès de miss Fernandez ! Je vous conseille de bien regarder de près... »
Je m'empresse de sortir mon Monodossier et de pianoter dessus. Effectivement, il dit vrai ; le Monodossier vient d'être ajouté dans une catégorie nommée « Chapitre 2 », celle qui contenait, apparemment, les codes d'accès vers la rue aux mille secrets. Un nouveau dossier de collection de preuves est également apparu, de même qu'un dossier intitulé « code c'accès au cercle 4 », à côté de celui d'accès aux cercles 5, et 6. Par pure curiosité, je jette un coup d'œil aux codes vers la rue aux mille secrets. Un message d'erreur apparaît d'un coup sous mes yeux plissés. Impossible d'y accéder.
Ils ont donc été bloqués. Intéressant. Ça veut dire, à tous les coups, qu'après cette journée des Enfers, on aura plus accès du tout à cette rue pleine de squelettes dans le placard. Je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle.
En tout cas, le plus important, c'est le Monodossier. Je clique dessus, sans conviction, et une nouvelle fiche d'autopsie s'ouvre sur mon écran.
... Super.
Ça manque d'informations tout ça, comme d'habitude. Flor est morte hier vers quatre heures du mat ? ça confirme ce qu'Ansgar disait, nous sept, on a le moins de chance d'avoir pu l'assassiner. Même si ça prouve rien. N'importe qui, à part Emerens et moi, aurait pu prendre le Monodossier d'un autre, ou se glisser avec quelqu'un comme on avait pu le faire.
Blessures à l'abdomen. C'est sûrement l'épée, qui la traverse de part en part. Rien d'autre, visiblement. Donc on peut considérer que quelqu'un est allé la faire empaler, vivante ou groggy par quelque chose, endormie peut-être, sur l'épée de ce foutu Chevalier Ultime, qui décidément aura fait des victimes même en étant six pieds sous l'océan.
... Je me demande qui aurait pu avoir la force nécessaire pour faire ça.
C'est vachement complet, malgré tout, pour un Monodossier fait sans la moindre autopsie. On dirait que Monokuma nous donne le maximum d'infos qu'il peut nous donner. La question, c'est d'où il les tire...
Je plisse les yeux, avant de me tourner vers notre tortionnaire, qui a toujours son espèce de sourire extatique.
« C'est confirmé à cent pour cent authentique ?
— Enfin voyons, pour qui tu me prends, ricane Monokuma. Je n'ai pas besoin de mentir sur les Monodossiers, contrairement à certains. Tout est vérifié et certifié véridique. Et si tu ne me crois pas, tu peux toujours demander l'accès aux caméras... Pas que je te le donnerais, upupu ! »
...
Réfléchis.
Retiens ta nausée.
Réfléchis.
Des caméras. Donc, il y a des caméras dans le coin. Ça explique comment Monokuma sait autant de choses sur le meurtre, j'imagine. Donc toutes ces infos sont tirées d'une caméra. Je n'y aurais sans doute pas accès, ce serait trop facile. Mais cela signifie sans doute que le meurtre a eu lieu sous l'œil d'une caméra.
Si je pouvais en localiser une... Ou ne pas les trouver du tout, cela me donnerait une idée des endroits possibles. Mais ça fait peut-être un peu trop de choses à chercher. C'est trop abstrait. Surtout s'il y a des caméras partout. À voir, j'imagine.
Je prends une profonde inspiration, essayant de contenir mon envie de vomir. Mauvaise idée, vu que je me prends des relents d'hémoglobine, assez pour me laisser dans la bouche un goût bien amer. Et évidemment, le haut-le-cœur me prend quand même. Dieu merci, cependant, je ne vomis pas.
« Autre chose ! J'ai désactivé l'identification à l'entrée de la rue aux mille secrets, ricane Monokuma. Donc, vos petits camarades vont bientôt tous pouvoir vous rejoindre ! D'ailleurs, je crois que c'est eux, là-bas, upupu... Sur ce, je tire ma révérence ! Et rappelez-vous... »
Il pointe son doigt décharné vers chacun de nous, avant de sourire encore plus.
« Vingt-et-une heures et quart. Le moindre retardataire sera exécuté sur le champ, alors, vous feriez mieux de vous comporter en bons troupeaux de moutons jusque-là... »
Et c'est sur ces mots qu'il se barre, l'imbécile, nous laissant seuls avec un cadavre et une troupe d'ados qui approche à toute allure.
Ansgar le regarde partir non sans un certain dégoût dans le regard. Et, une fois notre tortionnaire disparu quelque part dans la rue aux mille secrets, elle pousse un profond soupir.
« Si comme il a dit, il a bien désactivé l'identification, nous ne pourrons vérifier qu'avec les données qui est rentré ou non. Je ne sais pas si c'est une bonne chose. »
Je n'ai pas le temps de me poser la question. Parce que les six Ultimes restants menés par Ade, viennent de débouler dans la place à toute vitesse, et la plupart pilent net devant le corps de Flor.
Et de nouveau, c'est un étalage de cris, de pleurs et de genoux qui tombent au sol.
Je les vois tous. Ester qui hurle, les deux mains devant la bouche servant à peine à étouffer son cri ; Houshang lui met précipitamment une main devant les yeux, et lui chuchote à l'oreille des mots qui doivent être rassurants. Je l'envie un peu, Ester. Moi aussi, j'aurais bien aimé être rassuré. Je vois aussi Ibrahim, encore blessé de partout, qui serre son bras en attelle contre lui en marmonnant une prière en arabe, sans doute. Ses yeux fixent le corps sans le voir. Et Alannah, plus verte que jamais, qui semble retenir de la seule force de ses petites mains la bile sortie de son estomac, je ne peux pas ne pas la voir.
Le pire de tous, sans doute, c'est Ruben. Ruben, le seul qui avait réussi à vraiment approcher Flor, qui lui avait appris sa langue et lui parlait avec tellement de douceur. Ruben, que j'ai rarement vu sans elle durant ces deux dernières semaines, qui se tient debout devant la statue, immobile, les yeux pleins de larmes qui ne veulent pas sortir. Il est à seulement deux mètres de moi, et je peux voir à quel point ses cheveux autrefois violets sont devenus striés de blanc, sans doute sous le stress intense auquel on a été soumis. Pourtant, même alors que je suis assez près pour compter ses mèches blanches, lui, il ne me paraît pas me voir.
Ade est la seule à garder un semblant de contenance. Derrière son visage brûlé, sa peau est blême, et je vois ses mains trembler alors qu'elle s'approche d'Ansgar ; mais elle ne flanche pas, même alors que ses yeux sont perdus dans ceux de Flor. Et c'est d'une voix claire qu'elle s'adresse à l'Ultime Dictateurice, d'une voix qui ne tremble même pas.
« Qu'est-ce qui a été décidé ? Parce que j'imagine que vous avez décidé. Vous sept, vous avez un alibi suffisamment solide pour ça. »
Pas la moindre contrariété dans sa voix. Elle expose des faits, un point c'est tout. Et les faits sont là. On a un alibi. Et sans doute pas elle.
Ansgar, sans doute surprixe de la trêve, met quelques secondes à répondre. Mais si iel est perturbé.e par la complaisance d'Ade à son égard, iel n'en montre rien.
« Thibault Laangbroëk et Emerens Van Heel vont prendre en charge l'enquête. Ils ont l'alibi le plus solide de nous tous, soupire Ansgar. C'est eux qui vont décider qui les aidera, et ce que nous ferons. Je m'occuperai de ramener les autres au réfectoire, en attendant les interrogatoires, et je vous interrogerai sur vos alibis. Vous avez, normalement, tous reçu le Monodossier. Ça devrait aider. »
Une lueur de contrariété passe dans les yeux d'Ade, mais elle se contente de hocher la tête, avant de saluer d'un mouvement de la main l'Ultime Dictateurice et de se diriger vers moi.
« Dans ce cas, m'autoriseras-tu à participer à l'enquête ? Je n'ai hélas pas d'alibi à te fournir. Mais je pense que je peux être utile sur plusieurs points, si tu me laisses examiner le corps. »
Je remarque qu'elle ignore royalement Emerens, qui se contente de pouffer à côté de moi. Une espèce de rire amer qui n'attire même pas l'attention de l'Ultime Archéologue. De mon côté, je me crispe. Franchement, j'avoue ne pas savoir quoi décider. Ade a avoué d'elle-même qu'elle n'avait pas d'alibi. Elle est parmi six suspects, un nombre si faible qu'elle l'est d'autant plus. Mais si ce n'est pas elle... Si ce n'est pas elle, elle sera sans doute la plus utile de tous ceux ici. Le calme qu'elle affiche, ses compétences en anatomie et en reconstructions et ses capacités de déduction ne peuvent que me servir.
En désespoir de cause, je jette un regard à Ansgar. Ce.tte dernier.e se contente de hausser les épaules. Super. Ça va être encore à moi de réfléchir, tel que c'est parti.
« D'accord, je finis par marmonner, à contrecœur. Mais sous surveillance constante de l'un d'entre nous. Emerens, ou moi. Tu choisis. »
Ade grommelle, mais hoche la tête.
« Très bien. Pour ce qui est de la surveillance, je ne quitterai pas ton champ de vision sauf si quelque chose nous oblige à mener l'enquête dans deux endroits différents. Si le cas se présente, Emerens pourra bien m'accompagner. Pas qu'il serve à quoi que ce soit pendant une enquête.
— Eh là, intervient le concerné. Je n'aime pas beaucoup ta manière de me considérer. »
Elle se tourne vers elle. Dans son regard, je vois toute l'étendue de son agacement.
« Qu'on soit clairs, tu es un excellent auteur et ton travail est digne d'admiration. Mais en termes d'enquête, tu es loin d'avoir le cerveau requis, sans vouloir te vexer. Objectivement, tu n'aideras pas beaucoup, à part à servir de soutien émotionnel. Et ça serait bien que tu le reconnaisses au vu du nombre de tes bourdes. »
Aoutch. Ça, c'est ce qu'on appelle une sacrée violence par exposition de faits. Le pire, c'est que je ne peux même pas protester, parce que je les ai bien subies, les bourdes dont parle Ade. Enfin. De toute façon, Emerens se contente de hausser les épaules.
« De toute façon, je ne tiens pas à en faire plus que nécessaire. Disons que plus je suis loin des flaques de sang mieux je me porte. Si ça peut te rassurer. »
Ade lève les yeux au ciel, avant de se tourner vers moi.
« Personne d'autre ne participera, à mon avis. Donc. Qu'est-ce qu'on fait ? »
Je me tourne vers les autres ; Je vois des regards, plus ou moins terrifiés. Je vois des pauvres ados recroquevillés au sol. Je sais que je dois me montrer fort. Au moins un minimum. Qu'ils sachent qu'ils sont entre de bonnes mains. Mais je n'arrive même pas à parler. Je n'arrive même pas à affronter ces douze regards.
C'est Emerens qui finit par poser la question qui me brûle les lèvres.
« Vous êtes sûrs que personne ne veut aider ?
— Nope, intervient immédiatement Seo-jun. Je reste avec Ansgar. On a plein de trucs à compiler, luel et moi. »
Ansgar hoche la tête. De son côté, Nako soupire.
« Je vais m'occuper de ramener les âmes les plus sensibles au réfectoire. Je pense que ça vaut mieux qu'on patiente. Moanaura, Ruben, Alannah et moi, on ne pourra de toute façon pas être d'une grande aide. Ester non plus, très probablement. »
Je jette un œil à ladite Ester, qui est encore en train de pleurer, les yeux cachés derrière la main d'Houshang. Ce dernier me regarde avec des yeux déterminés.
« Moi, je me joindrai à vous. Ne me demandez pas cependant d'examiner un cadavre. J'analyserai la scène de crime. Rien d'autre. Et comme Ade, je devrai rester sous surveillance, étant donné que je n'ai pas d'alibi.
— Personnellement, soupire Ibrahim, je resterai de côté. Je n'ai pas envie de me retrouver à accuser quelqu'un, surtout que je suis, de même, suspect.
— Mais t'étais à l'infirmerie ! S'exclame Alannah, le ton presque suppliant. Comment tu veux tuer qui que ce soit avec un bras cassé et des côtes fêlées ?!? »
Murmure d'approbation dans la foule. Cependant, je vois Ade et Houshang échanger un regard. Moi-même, même si ça me tord les tripes, je partage leur suspicion. Ibrahim reste l'Ultime Soldat, et ses blessures sont assez légères pour son Ultime. Il aurait très bien pu feindre sa douleur. Et il a, sensiblement, un mobile.
Je soupire.
« Comme tu voudras. Reste avec Ansgar, par contre, pas à l'infirmerie. D'accord ? »
Ibrahim, l'air un peu soulagé, me sourit.
« Bien sûr, Thibault. Ne t'en fais pas pour moi, d'accord ? ça va aller, je peux tenir debout. »
Je n'en doute pas. Et ce n'est pas pour ça que je m'inquiète, Ibrahim. J'ai peur que ce soit toi que je devrais, au terme de ces douze heures, pointer du doigt.
C'est une option que mon pauvre cœur n'a vraiment pas envie de considérer.
Les groupes sont ainsi constitués. Emerens, Sachiko, Ade, Houshang, et moi. Et de l'autre côté, Ansgar et Seo-jun, Nako qui rassemble Ester, Alannah, Ruben et Moanaura, et Ibrahim. Les enquêteurs, et les autres. Et nos suspects sont trop bien répartis.
Ansgar mène tout le groupe hors de la rue aux mille secrets sans un mot. Ne reste plus que nous cinq. Et les regards échangés par Emerens et Sachiko, Sachiko et Ade, Ade et Houshang, et Houshang et Emerens ne me disent rien qui vaille.
Réfléchir.
C'est ton moment, mon pauvre Thibault, alors ne le gâche pas.
Comment est-ce qu'on va bien pouvoir faire...
« Je préfèrerais avoir les interrogatoires vite, je finis par décider. Du coup, on va commencer par un examen rapide de la scène de crime. Ensuite, on va sortir, et on va vérifier les logs. Ça aidera peut-être à réduire ceux qui ont un alibi. Ensuite, j'interrogerai tout le monde, dès qu'Emerens et moi, on aura établi la liste de questions. Tu vas y passer aussi, d'ailleurs, je lance à ce dernier. T'as à mes yeux l'alibi le plus solide qui soit étant donné que je me sais innocent, mais il y a sûrement des trucs que tu pourras me dire. »
Surtout qu'Ade a tort sur un point, Emerens est loin d'être un idiot. Il m'a permis énormément de déductions, la fois dernière. J'aimerais autant qu'il recommence.
Le concerné hoche la tête, et je reprends mon énumération de tâches.
« Quand j'aurai fini de compiler les interrogatoires, on retournera tous les cinq sur la scène du crime. Et là, on fouillera bien un maximum. Éventuellement, en fonction de ce que je trouve, on se séparera pour chercher ailleurs, un groupe avec moi et un avec Emerens, et on avisera. On a douze heures. C'est à la fois beaucoup et trop peu. »
Hochement de tête général. Je soupire. Je crois que j'ai tout dit.
« Bon ben.... On y va, je crois.
— Ouais, allons-y, fait Emerens. Première question à résoudre, comment Flor a atterri là. »
... Bien vu.
Je m'avance vers la statue. Eugène est grandeur nature, voire un poil plus grand que normalement ; par contre, son épée, elle, est tendue à plus de trois mètres. Il faudrait une sacrée force pour porter Flor là-haut et l'enfoncer jusqu'à la garde. Même avec l'aide de la gravité, puisque la statue reste en métal et j'ai bien l'impression que l'épée est solidement affûtée. Ça reste un problème à résoudre. Houshang, à côté de moi, plisse les yeux.
« Thibault, Emerens si l'un d'entre vous veut bien m'accompagner faire le tour de la place ? je dois être sûr de quelque chose. »
Emerens se propose, et voilà les deux gays partis examiner tous les recoins de la place. De temps en temps, je vois un papier avec un secret voleter dans leur direction, mais ni l'un ni l'autre n'y fait attention. Sans doute avons-nous compris à quel point c'est futile.
Ade et Sachiko, elles, décident de rester à côté de moi. L'Archéologue semble peu convaincue, mais ça ne l'empêche pas de s'avancer vers la statue et d'étudier avec soin les flaques. Je la rejoins alors qu'elle pince les lèvres, Sachiko sur mes talons.
« Il y a quelque chose de bizarre.
— Ouais, je me doute, je grommelle. Monokuma y a fourré son doigt avant que t'arrives. »
Elle plisse les yeux, avant de prendre son menton entre ses mains.
« Non, ce n'est pas ça. Enfin si, il y a a de ça, mais je m'en doutais un peu. Ce qui me préoccupe surtout, c'est que le sang a coulé sur la statue. Seulement coulé, à part sur sa tête ou il y a des traces d'éclaboussures. Si j'en crois uniquement ces traces, elle n'a pas été blessée près de la statue avant de se retrouver empalée. Ce qui est difficilement logique. »
Sachiko lève les yeux au ciel, mais ne répond rien. Elle se contente de grommeler. De son côté, Ade ferme les yeux.
« C'est déjà extrêmement difficile pour quelqu'un de lambda d'aller empaler Flor sur la statue comme ça, mais si elle était encore consciente, c'est quasiment impossible. Surtout qu'elle était elle-même très forte physiquement, et pas spécialement légère. Le tueur doit disposer d'une force impressionnante. Or, très peu d'entre nous sommes réellement forts. A part Kimura et Yoon, tous deux ayant un alibi correct, et Nassaoui, qui était à l'infirmerie... Hmmm... »
Je la laisse dans ses réflexions. Emerens et Houshang viennent de revenir. Ce dernier se dirige immédiatement vers moi.
« Je voulais vérifier, puisque la position de Flor indique qu'elle y a été portée d'une manière où d'une autre. Mais il n'y a pas la moindre trace de lutte sur la place. Ni même de sang. À moins qu'elle ait été droguée, Flor était en pleine forme au moment d'arriver ici.
— Le Monodossier ne mentionne pas de drogue, renchérit Emerens. Mais vu que Monokuma semble l'avoir constitué à partir d'images caméras, ses propres mots, il se pourrait qu'il ait passé ce détail. »
Effectivement. Donc, il va aussi falloir qu'on vérifie l'état du corps de Flor... Et on a ni le matériel ni les ressources humaines pour conduire des tests biologiques. Après, on peut toujours chercher des traces de drogue dans les placards. Somnifères, ou autres trucs du genre. Je crois que Ruben gère ce genre de médicaments. Et Nako en a peut-être vu dans l'infirmerie, de même qu'Ester.
Ade hoche la tête, l'air toujours concentrée.
« Je vérifierai l'état du corps plus tard. On a pas le temps, pour le moment. Pas de traces de lutte ici, vous êtes sûrs ?
— A cent pour cent, confirme Houshang. Je sais bien les reconnaître. Il y en a peut-être eu avant, mais rien n'indique que Flor ait été trainée jusqu'ici d'une manière où d'une autre. On peut considérer, à environ quatre-vingt-dix pour cent de chances, qu'elle était encore bien portante lorsqu'elle est arrivée sur cette place.
— De plus, et ça c'est peut-être intéressant, renchérit Emerens, mais on a trouvé absolument aucun autre indice. Et croyez-moi, Houshang a cherché. »
Tiens tiens. Effectivement, ça pourrait être intéressant. Parfois, l'absence d'indices nous en dit bien plus que les indices eux-mêmes.
Enfin, à considérer qu'il n'y ait pas que ça dans cette foutue enquête.
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