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Chapitre 2 (14) : Death is at the corner

Un deuxième hurlement me détourne de mon univers de blanc.

C'est Alannah, penchée sur le corps d'Ibrahim, les yeux grands ouverts. Elle lui tâte le pouls avec frénésie, et je vois sur son visage une espèce de sourire nerveux alors que ses doigts trouvent sa carotide.

« Il respire ! Il respire encore ! »

Je ne sais pas quelle espèce de choc me traverse en cet instant mais on va considérer ça comme du soulagement. Suivi par une sacrée inquiétude parce que qu'il respire ou non, Ibrahim a perdu une sale quantité de sang... Je me précipite à côté de lui. Effectivement, un pouls bat à ses carotides, et de petites bulles rouges se forment au coin de sa bouche, au milieu du sang qui en coule. Il a toujours les yeux fermés, mais sa peau est encore chaude... Putain, la peur de ma vie.

Un bruit de pas affolés me détourne du Soldat blessé. Seo-jun, suivi de Sachiko et d'Ansgar, se précipite vers Ibrahim. Sachiko s'empresse de regarder aux alentours, pendant que Seo-jun, sans dire le moindre mot, cale le Soldat sur son épaule avec un maximum de précautions. Un petit grognement de douleur s'échappe d'entre ses lèvres, mais rien d'autre. Et visiblement, le sang a cessé de trop couler de ses blessures.

Ansgar, sans doute la personne la plus calme de notre petit groupe, se penche vers nous.

« Fausse alerte, n'est-ce pas ?

— Ouais, soupire Alannah encore bien secouée. J'aurais dû m'en douter en entendant pas l'alarme, mais... Je pense pas qu'il soit hors de danger. »

L'alarme... Ouais, en effet, Alannah n'a pas tort. Emerens et moi, on est sortis en même temps qu'elle, et en plus de Moanaura, ça faisait plus de trois. Effectivement, j'aurais pu m'en rendre compte à ce moment-là. Mais bon, j'imagine que voir traîner au sol un mec que tu respectes quand même énormément a de quoi faire oublier une bonne part de rationalité. L'esprit humain est ainsi fait.

Emerens regarde passer l'étrange cortège en silence. Il est encore plus blême que le marbre des escaliers, et son regard ne peut se détacher du sang qui goutte encore des blessures d'Ibrahim. Regard plus vide que ma tête il y a quelques secondes. Ce n'est que lorsque Seo-jun et son fardeau ont disparu dans l'angle de la porte que je vois sa peau reprendre un peu de couleur, et il secoue doucement la tête.

« Je vais chercher Ester. Elle a peut-être des notions de premiers secours.

— De mon côté, annonce Alannah, je vais essayer de voir s'il y a pas des indices... Même si Ibrahim n'est pas mort... on l'a quand même attaqué. »

Ansgar hoche doucement la tête.

« Excellente idée. Sachiko, tu peux l'aider. Thibault, je te charge d'emmener Moanaura à l'infirmerie. Elle est en état de choc, je pense qu'elle aura besoin d'un remontant aussi. »

Effectivement... Je me tourne vers l'Ultime Capitaine, qui est toujours au sol, en train de trembler. Même si elle semble en meilleure forme que tout à l'heure, ses yeux fixent toujours le vide, et elle me paraît sur le point de vomir ses tripes. Je crois qu'un petit détour par l'infirmerie s'impose.

Emerens est déjà parti, et Sachiko n'a guère protesté avant de se pencher sur la scène de crime. Si on peut appeler ça comme ça. Ansgar supervise le tout de son œil d'aigle, et s'est complètement détourné.e de moi. Je n'ai plus qu'à récupérer Moanaura et suivre le groupe des blessés et médecins.

Elle n'oppose pas beaucoup de résistance, de toute façon. Je ne suis pas spécialement Musclor, mais je n'ai quand même pas trop de mal à la charger sur mon épaule et la faire marcher dans les couloirs. On y va lentement, parce que visiblement le choc ça aide pas à faire marcher les ados vite ; mais de toute façon vous vouliez que je fasse quoi ? Que je gueule sur la pauvre fille en train de sangloter à moitié sur mon épaule qui est tellement raide que c'est presque impossible de lui faire mettre un pied devant l'autre ?

C'est cahin-caha qu'on arrive à l'infirmerie, où visiblement Ester nous a pas mal devancés. Houshang attend devant la porte, et il fait un signe de tête sans plus d'informations en me voyant arriver avec Moanaura sur l'épaule. Heureusement pour moi parce que j'ai vraiment pas envie de gueuler, il s'écarte obligeamment de la porte et se permet même de nous la maintenir ouverte. Écoute, merci mec ?

Je pose mon paquet sur un lit et la borde rapidement avant de balayer l'infirmerie du regard. Ester a été efficace, visiblement ; les plaies d'Ibrahim sont déjà bandées et nettoyées, et je vois un énorme paquet de coton plein de sang dépasser de la poubelle. Une poche de glace est maintenue sur son œil par du scotch chirurgical, et son bras droit porte une attelle. Concentrée, Ester est en train de finir de nettoyer sa paillasse, et au vu de son regard calme, tout semble aller bien.

Le bruit de Moanaura qui gémit un peu dans le lit détourne l'Ultime Dentiste de sa tâche. D'un mouvement habile de la main, elle jette tout ce qu'il lui reste à jeter dans la poubelle avant de se tourner vers le lit où j'ai posé sa patiente suivante. Et si elle me remarque, moi à son chevet, et me manifeste la moindre haine, elle a la politesse ou le professionnalisme de ne rien m'en montrer le temps qu'elle se dirige vers Moanaura, prenne son pouls, sa température et tout ce qu'il faut à un médecin pour examiner un patient, je suppose.

Visiblement, ça n'a pas l'air de beaucoup l'inquiéter. C'est à peine si son calme vacille alors que sa main se resserre doucement sur le poignet de sa patiente.

« État de choc. Elle faut... Dormir, dit-elle de son anglais défaillant, mais avec un tel calme dans la voix que je le remarque à peine. Dormir, et remontant. Sucre, chocolat, sourires. »

Je pense qu'elle adressait plus ces mots à elle-même qu'à moi, du coup je ne prends pas la peine de répondre. À la place, je me dirige vers le lit d'Ibrahim, ou Seo-jun et Emerens m'attendent.

Ce dernier semble s'être calmé par rapport à tout à l'heure. Ses joues sont presque de retour à leur rose habituel, et son visage ne montre rien d'autre que du calme.

« D'après Ester, commence-t-il alors que je m'assieds sur la chaise qu'elle vient de quitter, ce n'est rien de sérieux. Il s'est juste pris un coup sur la tête qui l'a assommé, mais pas de fracture crânienne. Le reste ne menaçait pas sa vie tant qu'il n'avait pas perdu trop de sang. »

... C'est rassurant. Mais en attendant, Alannah a raison. Quelqu'un l'a mis dans cet état. Et même si le quelqu'un a raté son coup, ça prouve qu'il reste capable de violence, d'une violence assez inouïe. Je grimace.

« Elle t'a dit ce qui l'avait blessé ?

— Ouais, grogne Seo-jun. Apparemment, c'est ce qui l'a sauvé, en majorité. Il s'est pris des coups de poings, d'après elle. Et la personne qui l'a frappé devait porter une bague ou un autre objet en métal pas trop encombrant, ce qui explique pourquoi il a quelques blessures et pourquoi ça saignait autant. La barrière y est aussi pour beaucoup, mais bon... »

Des coups de poing.

Hmmmm.

Il se trouve que je ne connais pas grand-monde capable de balancer des patates de forain suffisantes pour assommer Ibrahim Nassaoui, et deux de ces trois personnes sont assises ou allongées en face de moi. Avec l'une d'entre elle étant, bien évidemment, Ibrahim Nassaoui lui-même. Ça réduit quand même pas mal la liste des suspects. Et apparemment, Seo-jun pense la même chose que moi.

« J'ai un alibi, il grogne. Je suis resté près d'Ansgar tout la nuit, on a veillé tous les deux. Iel te le confirmera.

— Je comptais pas t'accuser, mec, je soupire, les yeux fixés sur Ibrahim. Tu portes pas de bagues. Et un poing américain l'aurait peut-être tué. »

D'ailleurs, si Ibrahim s'est vraiment juste fait refaire le portrait, c'est à se demander si le coupable voulait vraiment le tuer. Mais bon ça, j'imagine qu'on ne le saura qu'en lui demandant.

Je me concentre sur le corps affaissé du Soldat, à la fois immense et minuscule dans son lit d'hôpital. Sa respiration s'est faite plus profonde, sans doute est-il en train de dormir, maintenant que ses blessures sont bandées. Il faudra peut-être préparer des antidouleurs au réveil... Enfin, je dis ça, mais je suis pas médecin, je suis mathématicien. J'y connais rien à la chimie et la biologie humaine et je vais certainement pas tenter de lui administrer le moindre truc.

« Tu disais quoi à Ansgar ce matin ? Fait Seo-jun, interrompant ma contemplation. Parce que ça avait l'air vachement grave vu sa tête... »

Ce n'est pas à moi qu'il parle. Je me tourne vers Emerens, qui pousse un profond soupir.

« C'est rien. Je suis juste allé lui parler de Ruben qui avait l'air au fond du trou, et du comportement suspect d'Ade qui fait encore n'importe quoi. Avant d'aller dormir, je l'ai surprise en train de retourner vers dehors. Je sais pas ce qu'elle voulait, mais ça me plaît pas.

— Certainement pas la rue aux mille secrets, vu que madame balance une bombe des Enfers en plein milieu de la réunion, grommelle Seo-jun. Enfin j'espère pas, ou alors on a trouvé notre instigatrice.

— Elle serait quand même pas aussi stupide ? Ricane Emerens. Non, je ne pense pas que ça soit ça. Mais quand même. C'est louche.

— .... Qu'est-ce qui est louche ? »

D'un même bloc, Emerens, Seo-jun et moi-même nous tournons vers le chevet de notre blessé, dont les paupières papillonnent. Comment on aurait pu s'en douter à l'entente de sa voix, Ibrahim est réveillé. Et visiblement pas trop amoché, vu qu'il arrive à relever la tête malgré ses grognements de douleur...

Même si sur son visage se dessine encore une grimace de douleur, son œil est clair. D'ailleurs il arrive même à sourire un peu en nous voyant nous pencher tous vers lui comme des damnés.

« ... Inutile de s'inquiéter autant pour moi, j'ai vu pire...

— Écoute mec, soupire Emerens, nous on t'a retrouvé gisant dans ton sang par terre devant la maison au point qu'on a cru devoir tenir un nouveau procès. Donc je pense pas qu'inutile soit le mot. »

Ibrahim pousse un profond soupir.

« Je vois. Merci de m'avoir porté ici, à l'infirmerie. Je n'en méritais pas tant.

— Qui t'a fait ça, Ibrahim ? Pas que je n'ai pas ma petite idée, je lance, mais je préfèrerais avoir ta confirmation avant de partir en croisade. »

Je vois absolument pas pourquoi le Soldat se met à rire, d'un coup. Je suis très sérieux, nan mais oh ! Et je prierais Seo-jun et Emerens de ne pas me regarder avec cet air goguenard ou vous allez vous en prendre une aussi ! ... Du moins si je ne risquais pas de rencontrer de manière fortuite le mur et le genou de Seo-jun en même temps.

De toute façon, le rire d'Ibrahim se dissipe assez vite.

« C'était Flor. Et je pense que j'ai une assez bonne idée du mobile, aussi. »

Je me crispe. Je m'en doutais, mais je ne pensais pas qu'il pouvait m'en apprendre autant. Et connaissant Flor, je crains le pire...

« Comment ça ?

— Elle avait un papier à la main. Je crois, soupire Ibrahim, qu'elle a profité de l'émoi avec Thibault pour aller se faire une petite expédition clandestine dans la rue aux mille secrets. Et ce qu'elle a ressorti ne lui a visiblement pas plu.

— Secret sur qui ? Sur quoi ? » Demande Emerens, les yeux plissés, en se penchant sur son siège.

Ibrahim pousse un profond soupir.

« Secret sur moi. »

Quelque chose dans sa voix nous impose un silence immédiat, presque religieux. C'est à peine si j'ose regarder Emerens alors que les mots d'Ibrahim flottent dans l'air et que le silence se teinte d'attente, de savoir si oui, ou non, Ibrahim va nous expliquer. D'ailleurs, même lui ne semble pas le savoir. Je vois ses yeux balayer chacun de nos visages, sans que la moindre émotion ne traverse le sien.

La main d'Emerens se glisse dans la mienne. Je la serre sans trop y réfléchir.

Nous fixons en silence le lit du blessé.

« Quand j'étais encore à la guerre, finit par dire Ibrahim, d'une voix calme mais sans la moindre émotion, j'avais un surnom dans l'armée laotienne. Le Pilier du Roi. Le Laos n'avait pas de roi, à cette époque, mais la symbolique était assez visible, et ils cherchaient de quoi faire opposition au chef de la rébellion, le Tigre des Hauts Plateaux. »

J'ignore si c'est son secret ou simplement Ibrahim qui désire s'exprimer, mais en tout cas nous sommes pendus à ses lèvres, alors que son regard se perd au loin.

« Je n'ai jamais aimé ce surnom, et à ce moment-là, je ne croyais même plus en ma lutte. Je me battais par pur désir de vengeance. La pire motivation pour se battre, tout particulièrement quand tu perds. »

C'est à ce moment que j'ai un flash. Le Tigre des Hauts Plateaux, c'est l'ancien surnom de l'Ultime Révolutionnaire, de la Tuerie des Abysses du Désespoir. Je me souviens entendre Reina expliquer sa relation avec Ibrahim. Qui apparemment s'est considérablement dégradée à un moment de la guerre laotienne.

Pas difficile de deviner de qui l'Ultime Soldat désirait vengeance.

« La défaite est même arrivée plutôt vite, soupire-t-il, perdu dans ses souvenirs. En janvier 2017, l'armée rebelle a envahi la capitale, avec pour but de prendre le palais du gouvernement. Une bonne partie de l'armée s'était déjà retournée contre nous, et même si on avait eu droit à un soutien étranger dont maintenant, je me doute d'où il vient, on était voués à perdre s'ils réussissaient leur offensive. Alors ils m'ont posté devant l'entrée du palais gouvernemental. Mon seul ordre : Tirer à vue sur tout ce qui bouge.

— Et... Tu l'as fait ? Grimace Seo-jun devant le ton amer d'Ibrahim. C'est ça, c'est pour ça que Flor t'en veut ? »

Le Soldat secoue la tête.

« Oui, je l'ai fait. Je ne savais pas quoi faire d'autre. Dans ma tête, la seule chose qui importait, c'était de ne surtout pas laisser Daisuke passer. À aucun prix. Alors j'ai pris ma tâche au sérieux. Trop au sérieux. Surtout quand les rebelles, comptant sur mon jeune âge pour obtenir un peu de pitié de ma part, ont balancé un bouclier de civils devant leur progression. »

... AH.

Ah je crois que je commence à comprendre.

On appelle ça la tactique de guerre la plus salope de tous les temps et disons que ça me plaît assez moyennement ce genre de conneries. Et vu la tête d'Ibrahim, ce n'est pas un très bon souvenir. Sans blague.

Il a les dents serrées, et ses yeux fixent le mur d'en face sans le voir. Et je sens que ses poings contractés sur les draps le seraient davantage s'il n'était pas blessé.

« J'ai tiré. Encore. Et encore. Les soldats, les civils, ils sont tous tombés. Personne n'a été épargné. Comme des châteaux de cartes, en plus bruyants, en plus sanglants, en plus... En tellement moins vivants... »

Je les entends presque, dans les tréfonds de mon cerveau, les bruits de coups de feu, les hurlements, les corps qui tombent au sol. Je vois la porte se dessiner devant mes yeux au fur et à mesure qu'Ibrahim parle, et avec elle le sang qui en coule. Et devant elle, Ibrahim, la seule personne debout, qui tire, qui tire encore et encore et encore et je ne vois plus que ses mains serrant l'arme...

« Et vous voulez savoir le pire ? Crache Ibrahim avec amertume. C'est que cette boucherie n'a servi strictement à rien. Daisuke s'est infiltré par l'arrière et a réussi son coup d'État quand même. Certes, je me suis tenu devant une porte défendue et laissée fermée pendant toute l'opération, mais on a quand même perdu. »

Il pousse un profond soupir.

« Flor a eu un résumé de cette dernière bataille. Vu ce qu'elle m'a crié avant de me donner le premier coup, le fait d'avoir un soldat capable de tirer sans distinction sur tout ce qui bouge dans la Tuerie ne lui a pas plu du tout. Ce en quoi je la comprends, en toute honnêteté. »

Et c'est le retour du silence. Le silence de plus en plus pesant alors qu'Ibrahim détourne le regard de nous, et se remet à fixer ses jointures abîmées sans rien ajouter, ne serait-ce qu'un grognement ou un moyen de nous faire nous rendre compte qu'il est toujours conscient de notre présence. D'ailleurs, qu'est-ce que vous voulez répondre à ça ? Ce n'est pas rien. On a un Soldat parmi nous. Et aujourd'hui, les implications de la présence de ce titre sont revenues nous frapper en pleine figure.

Et ce n'est pas tout d'apprendre ce secret. C'est aussi d'entendre ce que Flor a pu en penser, au point d'user de la violence. Est-ce qu'elle a vraiment voulu le tuer ? Je ne le saurai jamais, j'imagine, parce que je doute qu'elle réponde à ma question. Que ce soit le cas ou non, Ibrahim a survécu, et même si c'était un simple avertissement, elle ne nous dira certainement pas ce qu'elle comptait faire.

La tension est en train d'éclater de toute part. Et je suis terrifié à l'idée que le prochain ne soit pas aussi chanceux qu'Ibrahim.

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The lengths I will go to for a silly prank-

Personne a envie de m'assassiner, c'est bon, je peux sortir de mon bunker? XDDDD

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