Chapitre 1 (9) : Having a mature discussion
Est-ce qu'il est suffisamment évident de dire que je n'ai plus recausé à Ansgar, et encore moins aux autres gens, depuis que je me suis pris cette charmante tirade de lae dictateurice dans la figure ? Non ? Vous êtes des gens intelligents qui ont tout compris ? Bien.
J'ai passé les trois jours suivants dans ma chambre à ne rien faire, ce qui prouve encore une fois que je suis un sacré glandu. Pas que je ne m'en sois pas rendu compte avant, mais me le faire exposer en pleine gueule par une personne qui est quand même plus que digne de mon respect... bah ça fait mal, quoi. Mes rapports sont donc encore plus vides que d'habitude, et ça ne l'aide pas à prendre conscience que je suis quelqu'un d'un peu respectable. Pas que je le sois, mais bon, ça ferait du bien à mon esprit d'adolescent immature qui conserve des rancunes pour des trucs idiots et n'est même pas capable d'appliquer un simple conseil. Maylis m'avait bien dit que je n'avais pas conscience de ce que j'avais...
Wow, alors par contre, je dois être sacrément au fond du gouffre pour que les paroles de ma pute d'ex me paraissent sensées. Il serait p't'être temps que je me secoue un peu. Et que je prenne en main mes couilles, des fois.
Je pense toujours ce que j'ai dit. Je suis pas un leader et c'est hors de question que je me mette à assister Ansgar tel un bon assistant dictateur comme si ses paroles avaient provoqué le revirement du siècle en moi. Mais il y a p't'être bien un truc que je peux faire en tant qu'homme mature et pas du tout rancunier.
Faut que j'aille causer à Emerens. Je lui ai plus reparlé depuis l'incident du plaquage au sol, et je dois bien avouer que sur plus d'une semaine, ça se sent dans mon humeur. Sans compter la trouille latente de retrouver son cadavre dans un coin qui n'arrange pas le manque que j'éprouve. En fait, je crois que la seule chose qui m'empêche de retourner lui causer et ne plus le lâcher, c'est ma bonne vieille rancune de gamin. Et je pense que c'est pas le meilleur endroit pour être un sale gamin rancunier.
Conclusion ; faut que je le trouve. Et essayer de tenir une conversation sympa avec lui, cette fois. On en a pas vraiment eu depuis l'épisode du taguage d'internat...
Je n'ai pas à aller bien loin pour le trouver. Il est dans une espèce de librairie, avec Seo-jun. Pas de regards tendancieux, cette fois, dieux merci ; au vu de leurs têtes, ça cause livres. Pas vraiment mon sujet de conversation favori, surtout que les titres que je vois me sont totalement inconnus et quiconque regarderait ma dégaine de vieil emo de seconde zone avec des cernes plus gros que son avenir comprendrait que j'ai la flemme de m'y intéresser ; mais je suis un adulte responsable et je dois aller causer aux gens, donc je ravale mon envie de continuer la bouderie et me dirige vers eux.
Emerens est le premier à remarquer ma présence. Un immense sourire se dessine sur son visage.
« Tieeeeeens ! Voyez qui voilà ! Décidé à enterrer la hache de guerre, Thibs ?
— Tu me dois mille yens, pouffe Seo-jun. Je t'avais dit qu'il reviendrait avant la fin de la semaine. »
Pardon ? je suis soudainement tenté de tourner les talons après avoir fait bouffer l'enjeu de son pari à Seo-jun. Voilà ce que tu gagnes quand tu essaies d'être mature ? Autant que je reste un ado dans ces conditions ! Mais je résiste à mon envie de tourner les talons et me rapproche. Avec toutefois l'air renfrogné qui convient.
« Fais gaffe à ce que tu dis où je te fais perdre ton pari quand même, je grogne. Je suis donc si prévisible que ça ?
— Visiblement non, rigole Emerens, puisque moi j'étais sûr que tu m'en voudrais plus longtemps. Allez, assieds-toi, va, de toute façon faut qu'on cause. »
Je lève les yeux au ciel avant de prendre un pouf. Seo-jun continue de rire.
« Le prends pas mal, Thibault. Emerens et moi, on a l'habitude de parier sur n'importe quelle connerie. Du genre, quand est-ce que ces profs vont se mettre ensemble, ou de quelle couleur va être le smoking du directeur aujourd'hui... Ou même, dans le contexte actuel, qui Moanaura va retenter de pécho.
— Je parie sur Ester perso, ricane Emerens. Mais honnêtement, elle va mettre du temps à se laisser séduire, la petite. Surtout sachant qu'elles apprennent l'anglais au même rythme. Allez, tiens, ma mise, ajoute-t-il en fouillant dans ses poches, et file, malandrin ! Ibrahim t'attend en plus ! »
Un grand geste du bras plus tard, une poignée de billets atterrit en plein dans la figure de Seo-jun, qui les récupère avant qu'ils ne tombent au sol avec un grand éclat de rire. Et sous mes yeux médusés, évidemment.
« Nan mais pour qui tu me prends ? S'exclame le Garde du Corps en récupérant les mille yens acquis sur mon dos. Un stripper ? Tu sais très bien que je fais pas ça pour la monnaie !
— Oh, je sais très bien, en effet, ricane Emerens. Mais un peu de compensation peut pas te faire de mal vu le rythme que je t'impose. Allez, du vent, j'ai dit, crénom ! Il ne faut pas faire attendre Ibrahim !
— Je tenais pas vraiment à savoir ça, je grommelle alors qu'un Seo-jun hilare prend la fuite. Je t'ai pas déjà dit de garder ton pénis dans ton froc, espèce de crétin ? »
Ledit crétin se cale confortablement dans son fauteuil, un sourire en coin aux lèvres.
« Tu veux policer mes organes génitaux, Thibs ? Ah ben ça, j'en apprends des trucs.
— Je vais me casser si tu continues.
— Roh. Ok, je me tais. »
Ce début de conversation est pour le moins charmant ma foi. Je suis mort de rire. Et j'en ai marre de me prendre des insinuations. J'étais venu pour causer et me réconcilier, mais ce genre de phrases me donne tout sauf envie de porter mes couilles... Et parler, n'en causons même pas. Si bien que le silence s'installe, pendant quelques secondes, et est pour le moins gênant, du moins pour moi vu que ça n'a pas l'air de beaucoup déranger Emerens. Ce dernier regarde ses couvertures de livres avec un grand sourire, l'air complètement détendu. Bonjour la manière de se rabibocher...
Évidemment ce n'est pas lui qui va engager la conversation en premier. Alors je lève les yeux au ciel et finit par grommeler.
« Mouaif. Faut quand même que je te cause. »
Il repose son livre.
« Je t'écoute, Thibs ? »
Bon. Allez. Go se jeter à l'eau. On est un adulte mature ou on ne l'est pas.
« Je sais que j'ai réagi comme un enculé l'autre fois après qu'on soit sortis de la structure inférieure... Et j'aime pas te bouder, c'est plus stressant qu'autre chose. Mais j'pense qu'il faut qu'on cause un peu, si ça continue. Pour pas mal de raisons. »
Son sourire a disparu. Il se contente de hausser les épaules, avant de se tourner vers moi, et se pencher dans ma direction. Je hausse un sourcil. Je l'ai vexé ou quoi ?
« Je crois que ça tombe bien, tu sais, soupire Emerens. Parce que j'y ai pas mal réfléchi et je crois que je te dois des excuses. Enfin non. Pas « je crois ». »
Il se redresse et me fait signe de me rapprocher. Et évidemment, comme je suis très faible, je le fais. J'en ai marre de moi. Même si je suis bien content que cette conversation démarre bien.
« Pas qu'un peu, je grommelle. Nan mais tu t'es vu ? Bonjour le non-respect de l'espace vital.
— J'en suis bien conscient, répond Emerens avec un léger sourire. J'ai compris à ta réaction que j'avais outrepassé tes limites. Je crois que nos retrouvailles s'étaient tellement bien passées que j'ai oublié que je ne t'avais pas vu depuis plus de sept ans, et que tu ne savais pas de quoi j'étais devenu capable en termes de relationnel. Donc ouais, Thibs, je te dois des excuses. Pour mon comportement en général de cette fois-là. Et sauf demandes de ta part, je ne te kabedonnerai plus au sol. Ou ailleurs. Ça te va comme ça ? »
Je soupire. Je ne m'attendais pas à une communication pareille, mais je suis heureux qu'au moins un d'entre nous en soit capable dans cette relation. C'est rassurant. Entraîné par la simplicité de ces explications, je me contente de hausser les épaules, me laissant me détendre au fur et à mesure qu'il parle.
« Ce serait bien. Pas que je sois gêné par toutes les démonstrations d'affection... mais avec ce qu'insinuent les autres, je crois que ça a fait combo. Désolé. La prochaine fois, j'essaierai d'agir en autre chose qu'un gamin vexé.
— Les insinuations sur notre relation tu veux dire ? »
Il sourit toujours, ce con. On dirait que ça le dérange pas plus que ça. Ce qui est sans doute le cas, vu comment il se comporte avec moi. Mais je suis surpris qu'il n'ait ne serait-ce que remarqué. La plus assidue, après tout, c'est Moanaura, qui parle français... Bref.
Un petit rire s'échappe de ses lèvres lorsqu'il remarque mon expression surprise.
« Eh, je suis aromantique, pas aveugle. Même sans parler le même langage je finis par comprendre le sujet d'une conversation. Et puis Seo-jun me charrie assez de mon côté aussi, hein.
— Et ça te dérange pas ? »
Il pousse un profond soupir, avant de se caler plus confortablement dans le fauteuil.
« Je suis une personnalité publique, Thibs. Je suis habitué à ce que les gens s'inventent une vie sentimentale pour moi. Il suffit que je croise une personne un peu célèbre d'à peu près mon âge et que je la traite bien pour que ça y aille dans les extrapolations... Même mon coming-out n'a pas arrangé les choses. Les gens n'ont retenu que la partie « pansexuel » de mon orientation. Pas terrible. »
Aïe. C'est vrai que je n'avais pas pensé à ce petit détail. Qui a son importance, pourtant. Les célébrités un peu connues sont souvent assaillies de fans traitant leur vie privée comme leur propriété, et il suffit de voir l'engouement autour de deux YouTubers un peu proches et traitant des vidéos de la même manière pour comprendre que pas grand-monde n'est épargné... J'imagine que pour certains, le je-m'en-foutisme comme celui qu'affiche Emerens est un mécanisme de défense. Des fois, je me dis que je suis chanceux de ne pas faire partie des Ultimes célébrissimes.
Il hausse les épaules avant de sourire.
« Crois-le ou non, j'ai rencontré quelques-uns de mes ex comme ça. Mais bon, comme on a pas eu des relations optimales à cause dudit aromantisme, je crois que ce n'est pas une bonne chose.
— Des ex ? T'as eu des ex ? Pas que je remette en question ton sex-appeal mais je croyais que le principe de l'aromantisme c'est justement de pas tomber amoureux ? »
Il éclate de rire. Quoi ? j'ai dit de la merde ?
« Avec des phrases comme ça tu vas attirer les shippers en série ! Pas étonnant que Moanaura et Seo-jun nous tombent dessus après ! »
Mes joues prennent une soudaine couleur rouge. Eh mec, c'était un compliment tout à fait gratuit, t'emballe pas ! On a pas le droit de commenter sur le sex-appeal d'un pote qui en plus à l'air vachement ouvert sur la question dans une relation purement platonique ou quoi ? C'est une preuve de patriarcat ça monsieur !
Emerens met du temps à cesser de rire, mais, et je lui en suis reconnaissant, il laisse tout de suite tomber le sujet. Merci pour mes joues bien malmenées.
« Sans compter que tu as raison. Je n'étais amoureux d'aucun d'entre eux, et pour certains, on ne sortait ensemble que par pure commodité. Mais le sujet relationnel est un peu compliqué, t'es sûr que tu veux l'aborder maintenant ? Parce que bon, je risque de te retenir un bon moment à te raconter mes déboires relationnels, et j'imagine que tu n'as pas fait mieux que moi depuis Saint-Cyr, pas vrai, le bourreau des cœurs de ces dames ? »
Il me refile un clin d'œil, et je ne peux m'empêcher de lui jeter un coussin. C'est évidemment une pure inside joke de connard, qui dure bien depuis sept ans vu qu'il me la ressort encore. Parce qu'il sait aussi bien que moi qu'à Saint-Cyr, c'était lui qui plaisait le plus aux meufs. Et la seule personne qui a jamais eu de l'intérêt pour moi... C'était la femme de ménage. Et avant que certains n'aillent s'imaginer des choses, l'anecdote de la femme de ménage est certes très rigolote pour Emerens et particulièrement gênante pour moi... mais elle n'a rien de glauque.
« Oublie les relations, je grommelle. J'en ai déjà un assez bon exemple avec Seo-jun, crénom.
— Certes, ricane Emerens. Disons qu'on a un très gros point commun que j'ai découvert en grandissant. Mais tu ne vas pas me faire une crise de jalousie, j'espère ? C'est pas un point commun que je pouvais faire remarquer alors qu'on avait onze, douze ans, tu crois pas ?
— Cesse tes insinuations, je grommelle, alors qu'un souvenir particulièrement gênant remonte à ma mémoire. J'espère bien que t'étais pas en chien comme un malade à onze ans. Étant donné qu'on dormait dans le même lit, ce serait un peu problématique.
— Surtout qu'on partageait notre chambre à l'époque ! Imagine devoir le refaire aujourd'hui tiens, dans la Tuerie, être à trois avec un partenaire de chambre... ça déclencherait un mobile immédiatement. En plus de me forcer à redoubler d'ingéniosité pour avoir mes moments de cul. »
Seigneur en effet. J'ai pas envie de savoir ce qu'il se serait passé si on s'était retrouvés dans la même situation qu'aujourd'hui, Emerens, Elijah et moi. Entre le baiseur de compétition, le mec qui avec le recul était sûrement un peu gay pour lui et moi... Qui ne parlera qu'en présence de son avocat pour la gayitude, je crois que la cohabitation aurait sûrement été un peu tempêtueuse. Dieu merci, nous sommes dans des chambres séparées, et je ne vais certainement pas suggérer l'idée à Monokuma pour le bien de ma santé mentale. Si tant est que je le vois passer, le Monokuma en question. Parce que bon, apparemment, personne ne l'a vu.
« Parle moins fort, je grogne néanmoins, les murs ont des oreilles qui s'appellent micros. Et j'aime moyen les micros. »
Emerens grimace. Il a très bien compris de quoi je parle. Lui aussi, il a dû lire Danganronpa.
« Entre nous je doute qu'on ait encore un instigateur qui se serve de micros pour son propre bénéfice, soupire-t-il. Et tant mieux parce que c'était répugnant. Mais t'as raison, je vais éviter de suggérer des idées à Monokuma. Si cohabitation il y a, je préfère qu'elle ne soit pas forcée.
— Oh, on s'en était quand même pas trop mal tirés, avec Elijah, je soupire. Bon, évidemment, il a fallu un peu de temps pour que tu cesses de me taper sur le système, mais vu qu'on a fini l'année scolaire dans le même lit l'un dans les bras de l'autre, je pense que c'est un détail. D'ailleurs, t'as des nouvelles d'Elijah ? Depuis que j'ai quitté Saint-Cyr, j'ai complètement perdu contact... »
Et puisque c'est le jour des souvenirs, autant apprendre ce qu'est devenu ce type. On était pas aussi proches qu'avec Emerens, mais quand même, je l'aimais bien. Il était cool, il nous aidait énormément avec les devoirs, on pouvait parler de sujets débiles et il nous écoutait toujours. Bon, ça a été un peu compliqué avec la barrière de la langue, parce qu'autant je parlais néerlandais depuis le berceau, autant l'anglais, il m'a fallu du temps avant de complètement le maîtriser ; mais une fois l'écueil passé, on est devenus inséparables. Sauf que bon. Si j'ai perdu le contact avec Emerens, on se doute bien qu'Elijah n'est pas resté une correspondance régulière.
Je m'imaginais que c'était la même avec Emerens. Cela ne m'étonnerait pas outre mesure. Je m'attendais à le voir réfléchir, ou secouer la tête. Mais absolument pas à ce qu'il se mettre à se passer une main dans les cheveux avec un air aussi gêné, bon sang ! Il s'est passé quoi ? Et tu veux bien cesser d'éviter mon regard, Emerens Van Heel ?!? Arrête tout de suite de triturer ta queue de cheval !
Je grince des dents.
« Toi, tu me caches un truc.
— .... Aaaaalors oui et non, Thibs. Il se trouve qu'on a repris contact il y a deux ans de ça, dans des circonstances dont tu te doutes... »
Hmm. Oui, un peu. J'imagine qu'il est arrivé à Hope's Peak. Cela ne m'étonne pas beaucoup, c'est un petit génie. Et vu la période de temps dont il parle, il est sans doute dans la promo d'Emerens, ce veinard. Mais jusque-là, je ne vois pas ce qu'il y a à ma cacher. Je plisse les yeux.
« Maaaaiiiiiiis ?
— Maaaaaais il se trouve que si tu veux que j'en discute, je crois que j'ai un truc à te dire d'abord. »
Je m'attends à tout. Qu'ils sont sortis ensemble pour une raison ou une autre (ce qui serait en soit à la fois cool et pas cool vu leurs antécédents et ce que m'a dit Emerens sur ses relations), qu'il y a eu des disputes, merde, qu'Elijah ait fait de la chirurgie esthétique, de la prison ou n'importe quel autre truc qui change une relation.
Les yeux plissés, je croise les bras.
« Accouche, Emerens.
— Oui, oui... Alors voilà, soupire Emerens, Elijah est une fille. »
Qué.
Bon alors déjà d'un est-ce que j'ai bien entendu, de deux, pourquoi c'est un tel évènement ? S'il... Enfin, elle, est trans, okay, elle lui a fait son coming-out en arrivant, tout va bien, pourquoi faire cette tête ? J'ai l'impression qu'il y a un autre truc derrière.
Je hausse les épaules.
« Et donc ? C'est tout ?
— Euh... Nan, c'est pas ce que tu penses, Thibs, sourit Emerens, toujours la main dans les cheveux et l'air gêné. En fait, Elijah est une fille cis. Enfin, son nom, c'est Sharon. Et disons que j'hésitais à te le dire parce qu'elle m'en a parlé un peu avant la cérémonie de fin d'année à Saint-Cyr et que c'est... quelque peu difficile de balancer le secret que tu as gardé pendant le reste de ta scolarité, juste comme ça. »
... AH !
Okay je comprends mieux !
Un peu avant la cérémonie de fin d'année, ça veut dire qu'il savait aux alentours de mai 2012, quelque chose comme ça ? Je sais pas trop et j'ai pas envie de demander, je me sens trahi. Un peu mais pas trop quand même, parce que si Elijah... Sharon s'est vraiment inscrite sous une identité de mec, j'imagine que le fait que ça s'ébruite aurait pu lui causer de gros, très gros problèmes. Donc je pense que je comprends qu'elle n'ait pas voulu trop ébruiter la chose. Mais ça n'explique pas comment Emerens le sait.
« Si je suis au courant, c'est parce qu'à un moment, elle a eu des ennuis avec un mec de sa classe, soupire Emerens qui décidément me connaît toujours aussi bien. Tu me connais, toujours à taper sur les harceleurs. Sauf que le mec avait appris... je ne sais comment son petit stratagème. Et je l'ai entendu en causer alors qu'il se cassait. Évidemment, comme je n'étais pas quelqu'un de très respectueux de la vie privée, n'est-ce pas Thibs, je l'ai questionnée là-dessus, et elle m'a tout raconté.
— Et maintenant ? Si elle est à Hope's Peak, je lance, est-ce que c'est toujours sous sa fausse identité ou pas ? Juste pour savoir. »
Emerens sourit.
« Non, non. Je t'en parle sans trop de regrets parce que si on sort de là, il y a de fortes chances que tu la revoies, et elle porte actuellement son vrai nom et son vrai genre. Ce n'est plus tant un secret. Hope's Peak est bien plus souple que Saint-Cyr en la matière.
— Mouais. Enfin. En espérant qu'elle ne se soit pas fait choper par une autre Tuerie. »
Le visage d'Emerens s'assombrit aussitôt. Eh oui quoi mec. Nous sommes malheureusement, envers et contre tout, des Ultimes. Et les Ultimes se font tous buter.
« Vrai. Je n'ai plus aucune nouvelle depuis la rentrée, mais j'imagine que c'est normal, on est tous piégés. J'avais espéré pouvoir l'envoyer dans la Fédération du Nord avant qu'un ennui du genre ne se produise... Mais voilà, Ansgar elle aussi est parmi nous. Il n'y a plus aucun endroit sûr. Et tu te doutes bien que je suis mort de trouille. À l'idée de sortir et d'apprendre qu'elle est morte dans une Tuerie sans que je n'aie rien pu faire... »
Il pousse un profond soupir.
« Quelque part, Thibs, je suis content qu'on ait été piégés ensemble. Là, au moins, je peux me dire que j'assure ta sécurité. »
Je me lève. En silence. Et me dirige vers lui sans rien dire. De toute façon, je n'ai rien qui peut s'exprimer par la parole.
Je me contente de me lover dans ses bras pour la première fois depuis une bonne semaine, et laisse ses bras m'entourer sans rien dire et me détendre autant que je le puisse dans un endroit pareil.
Il n'a pas tout à fait tort. Quelque part, les bras de la personne que je connais et aime depuis le plus longtemps dans cette histoire sont l'endroit où je me sens le plus en sécurité.
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Ca se voit que j'aime énormément Emerens ? XDDD
Nan mais je crois que c'est évident que j'ai énormément développé le personnage vu que ses FTE sont littéralement les plus longs que j'ai pu écrire jusqu'à présent XDDDDD
BTW, pour ceux qui ne sont pas sur le serveur du NCU, l'amie dont il parle fera effectivement partie d'une autre Tuerie, qui plus est la même année. Ladite Tuerie n'est pas encore écrite donc même moi je sais pas ce qu'elle devient, mais je vous préviendrai bien évidemment à sa sortie, car ça promet :3
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