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Chapitre 1 (7) : Broken ego and priceless presents

Je crois que je n'ai jamais vu Ansgar si en colère que lorsque nous avons dû lui expliquer, lors du rapport du soir, la tentative de fuite que nous avions faite. Je dois dire que même Sachiko n'en menait pas large. Et c'est dire la puissance de la colère de l'Ultime Dictateurice.

A peine les explications commencées, nous nous sommes pris, à cinq, un nombre incalculable de reproches. Comme quoi c'était dangereux, surtout pour toi Emerens, n'avait-iel manqué de préciser alors que ce dernier se recroquevillait, que c'était voué à l'échec, qu'on avait même pas pris la peine de lae prévenir –Ils sont pas sérieux ces crétins ?!? J'peux pas tout faire à leur place merde ! Et aussi que Monokuma aurait très bien pu nous le faire payer.

Il nous a fallu du temps avant d'enfin lae calmer, et je crois que même comme ça, on l'a énormément déçu.e. C'est... Décourageant. Pas de moyen de sortie, et avec lui une des options de Monokuma qui se ferme sous notre nez, car quoi qu'Ansgar dise, ça faisait partie du contrat et là est tout le problème ; Avoir dû faire tout ça pour rien en plus, parce que bon, j'ai pas le vertige, mais on était quand même perchés très, très haut. Et maintenant, deux solutions possibles pour éviter de tuer. Rester là coupés de la civilisation. Ou compter sur Alannah.

Quand je me suis levé ce matin, elle était introuvable. Nako, qui l'a vue passer, m'explique gentiment qu'elle est partie faire le tour de toutes les maisons, pour voir ce qui allait lui servir. La fabrication d'un hélicoptère, tout ça tout ça. Je prie pour qu'elle arrive à quelque chose, mais honnêtement c'est mal barré. D'après le plan de la ville qu'Ansgar a fait concevoir au fur et à mesure des expéditions, nous sommes dans ce qui pourrait s'apparenter à un quartier résidentiel désert. Uniquement des supermarchés et des immeubles à des centaines de mètres à la ronde. Même si Alannah était effectivement capable de construire des hélicoptères à partir de micro-ondes, elle n'a aucun laboratoire pour le faire.

Rien que l'idée me glace le sang. Notre sort se rattache à notre capacité à vivre en communauté. Et certains parmi nous sont tout sauf coopératifs.

C'est d'ailleurs une de ces personnes que je vais voir, en ce moment, alors que je traverse le couloir du sous-sol toujours aussi mal entretenu. D'ailleurs, la porte n'est toujours pas remise. Incompétence ou manière pour Monokuma de nous dire que cette ville ne nous fera arriver à rien en termes de moyen de fuite, qu'on a besoin des bonus derrière les portes verrouillées ?

Sachiko se trouve, comme je le pensais, devant la porte Monokuma. Un énorme tas de clés traîne au sol, alors qu'elle les insère, l'une après l'autre et en râlant en japonais, dans la serrure de cet étrange ajout décoratif. Je soupire. Évidemment que les clés n'allaient pas passer comme ça. Si vraiment cette porte a de l'importance, il n'y a que deux, ou peut-être trois, possibilités pour un détenteur de la clé.

Monokuma. Un MasterMind dont on ignore même s'il se trouve ici. Et un éventuel traître.

Au moins, si c'est les deux derniers, voir cette porte ouverte prouvera qu'il y en a au moins un sur place. Je questionnerai bien Monokuma au sujet de cette porte, mais d'un, je fais vraiment pas confiance à ce type et j'aimerais bien oublier sa présence, de deux, je doute fort qu'il me réponde sincèrement.

Je me rapproche donc de Sachiko alors qu'elle jette au sol une énième clé d'un geste rageur. Visiblement, ma présence ne la surprend pas, puisqu'elle ne se retourne même pas pour me saluer.

« Salut, le croyant ! Tu viens voir ma déconvenue ?

— Entre nous, Sachiko, je soupire, si une seule de ces clés fonctionne, je veux bien me donner à bouffer aux jaguars. »

C'est peut-être le signal qu'elle attendait pour abandonner, puisque la boîte vole dans un coin de la pièce... Ah quoique non, aucune clé n'en est tombée alors qu'elle est grande ouverte, ça veut juste dire qu'elle est vide. Autant pour moi. Sachiko se redresse, avant de donner un coup de pied rageur dans le tas de clés.

« Évidemment ! Le sale bâtard qui nous a enfermés ici n'est pas suffisamment con pour mettre une clé de cette importance dans un endroit aussi exposé... Ou alors quelqu'un l'a déjà prise avant que j'arrive ? C'est pas moi qui ai trouvé la boîte après tout... »

Je me tends. Elle sait très bien qui a trouvé la boîte et ces paroles accusent Emerens. Mais avant même que je ne puisse me demander si je dois poser des questions à mon imbécile de meilleur ami, Sachiko secoue la tête.

« Non. Non, pas possible. Il faudrait qu'il sache exactement quelle clé ouvre ce truc parce que je lui ai laissé que deux secondes la boîte dans les mains. Si clé de cette porte il y a, elle était certainement pas dans cette boîte. Et en plus je sais qu'il est con, la blondasse, mais pas au point de laisser une clé pareille dans une boîte aussi évidente que tout le monde peut trouver avant lui ? Bordel de merde ! »

Et encore un coup de pied dans les clés. Je m'empresse de les ramasser ; après tout même si elles n'ouvrent pas la porte Monokuma, elles pourraient quand même se révéler utiles pour autre chose... Sachiko me regarde faire en silence, les sourcils froncés, mais évidemment ne me donne pas le moindre coup de main. Tant pis ! Si je perds des clés, ce sera sa faute !

Elle garde le silence alors que je réunis mon butin dans la pauvre boîte ayant subi ses assauts –quoique en effet, elle est marquée du symbole de Monokuma, à la réflexion merde à cette boîte– et ce n'est que quand les clés ont réintégré leur place qu'elle se penche vers moi.

« Dis-donc, le croyant, j'avais une petite question. T'en penses quoi, de tous ces pégus ? »

Je hausse un sourcil. Pourquoi elle me pose la question ? Enfin elle ne me laisse même pas le temps de lui demander pourquoi, parce qu'elle enchaîne immédiatement.

« Parce que je vois que t'es pas un crétin. Tu sais réfléchir, et ici franchement c'est rare. Entre les abrutis qui se disputent à longueur de temps et l'autre blondasse qui suggère des idées débiles...

— Loin de moi l'idée de vouloir défendre l'idée conne d'Emerens, j'interviens, maussade, mais tu l'aimais bien avant qu'elle ne rate, son idée.

— ça, c'était avant qu'il nous empêche de passer par les trappes de service ! Je les avais pourtant toutes cartographiées, ricane Sachiko. Avec ça, on aurait pu accéder à l'ascenseur central sans problème, avec p't'être un meurtre pour passer du cercle deux au centre ! Mais nan, Monsieur a la trouille des Monokuma, Monsieur ne veut pas détourner un petit peu ses règles débiles qui de toute façon nous forcent tous à tuer ! Surtout que je suis sûre qu'un labo pour Alannah se cache dans un des cercles... »

Je soupire. Sachiko n'a pas l'air de voir qu'elle est bien la seule ici à ne pas redouter Monokuma. Même ceux parmi nous qui n'ont pas lu Danganronpa, manuel essentiel pour la survie dans les Tueries –ah, ah, ah– savent que ce type n'est pas à sous-estimer. J'imagine que la réaction d'Emerens devant la copie conforme de notre ancien collège a fait le taff pour les moins idiots d'entre eux. Et pour les autres... Bah, les Tueries ont été médiatisées, et Wen Xiang n'a pas été la seule à témoigner sur la sienne... Sachiko l'a dit elle-même, elle a déjà vu des survivants.

Avec du recul, Emerens a eu raison de se montrer prudent. Gaspiller un super laser d'Alannah pour simplement se faire punir, et très probablement se retrouver avec la trappe ouverte scellée pour de bon, ce serait contre-productif. Mais si ces cons m'avaient écouté dès le début, on aurait même pas eu à penser à cette idée, et il y aurait eu peut-être en eux le petit espoir qu'on puisse toujours s'échapper au cas où la vie en communauté deviendrait trop pesante...

Enfin, ce qui est fait est fait, et de toute façon Sachiko a l'ai de laisser tomber le sujet vu sa tête.

« Enfin ! On s'en fout. Je t'ai posé une question, mon p'tit père !

— Et je sais pas comment y répondre, moi, je grommelle. À part Emerens, je connais ces gens que depuis grand maximum une semaine. C'est pas assez pour accumuler des données sur eux. Et j'peux pas me fier à un instinct débile qui n'a aucune base scientifique alors que certains parmi nous, au moins cinq, risquent de se révéler être des tueurs en puissance. Personne n'a jamais suspecté l'Ultime Assassin...

— Si, si, pouffe Sachiko, moi. Faut dire que cet Ultime n'avait rien de discret quand tu le regardes de plus près. Mais si t'as rien d'intéressant à dire, je te conseille d'aller les récolter, ces données. Je suis sûre que le p'tit bonhomme qui te suit partout depuis hier matin pourrait être un sujet d'expérience très intéressant ! »

Je m'offusquerai plus tard sur sa formulation. Elle a bien dit que je me faisais suivre ? Par qui ? Je me retourne vers le couloir d'un coup ; assez vite pour surprendre une petite tête aux cheveux violets se planquer dans l'encadrement de la porte détachée de ses gonds. Tiens donc, Ruben a donc décidé de me coller aux basques. Il est mignon le bonhomme, mais là c'est chiant. Moi qui m'étonnais de ne pas le voir le matin... Est-ce que c'est parce qu'il me stalke ?

Je soupire. Sachiko a raison, si je veux raisonner sans idées parasites je vais bien devoir parler aux gens de temps en temps. Et puisque Ruben me suit, autant commencer par lui. Je la salue d'un signe de tête avant de me diriger vers le gamin, qui au vu du bruit de cavalcade dans les couloirs essaie de s'enfuir ; mais un petit cri m'apprend qu'il est sans doute tombé dans les escaliers. Je soupire. Il a intérêt à avoir une bonne excuse pour me coller au train comme ça et s'enfuir ensuite !

Je le rattrape alors qu'il est assis dans l'escalier, une main sur son genou. Merde, il saigne... Et vu sa tête, ça lui fait mal. Difficile de faire le grand méchant Thibault dans ces conditions, je suis un sale bâtard mais pas au point de gueuler sur des blessés. Mouchoir dans la main, je me rapproche de Ruben le plus doucement possible, avant de m'asseoir à côté de lui.

« Tiens, dis-je en tendant le mouchoir. De quoi nettoyer le sang. On mettra un pansement plus tard. »

Rouge tomate, le gamin me prend le mouchoir des mains, avant d'éponger le sang en silence. Je le laisse faire. Visiblement, il s'est cogné contre un truc pointu ; le sang coule pas mal, et j'en vois une petite trace au sol près d'un caillou, sans doute l'objet qui s'est enfoncé dans sa peau, mais la plaie est propre. Tant mieux, parce que je me vois mal demander à Ester d'aller le soigner alors que je parle pas un mot de sa langue. J'espère qu'on pourra juste désinfecter et éviter l'infection. Ce serait con qu'il meure de gangrène pour une blessure aussi débile.

Toujours est-il que blessé ou pas je ne compte pas le laisser s'échapper. Je pousse un profond soupir alors que le sang cesse enfin de couler, et l'empêche de se relever en attrapant son poignet.

« Pas si vite. »

Est-ce que c'est possible de rougir autant ? On dirait moi hier quand Emerens m'a plaqué au sol. Hurgh, rien que le souvenir fait remonter le sang à mon visage. J'espère qu'il est bien conscient que je lui fais toujours la gueule.

« On va aller laver et panser ton genou ensemble, je soupire alors que le pauvre Ruben tremble comme une feuille. Comme ça, tu m'expliqueras sur le chemin pourquoi tu me suis partout. »

Ruben déglutit, mais se laisse relever en douceur. Je le charge sur mon épaule histoire de l'aider à marcher un peu, ce serait bête que la blessure se réouvre ; surtout qu'il est minuscule et maigre comme tout, le gosse. Il se met sur la pointe des pieds quand je le charge sur mon épaule, c'est dire. C'est normal à seize ans ? Non parce que là, s'il n'a pas fini de grandir, il est mal, j'ai suivi suffisamment de cours de SVT pour voir qu'il a pas un poids normal.

On arrive sans trop de difficultés à l'infirmerie du bâtiment. Ester y est, en train de parler à Houshang ; ce dernier nous fait un signe de la main, mais elle, elle pousse un cri en voyant le genou en sang de Ruben et notre position. D'ailleurs, à en voir le regard qu'elle me jette quand elle l'amène sur son lit, elle ne semble pas extrêmement convaincue du fait que j'ai juste voulu aider le gosse... je hausse les épaules. Grand bien lui fasse, à Ester, je demande pas à ce que tout le monde me prenne pour le bon Samaritain de service, j'ai pas envie de passer ma vie à aller chercher des trucs pour eux.

Je soupire et m'installe à côté d'Houshang tandis qu'Ester désinfecte en douceur le genou de Ruben, lui parlant doucement en estonien. J'imagine que c'est pour le rassurer avec son ton de voix car le petit n'a pas l'air de comprendre un mot de ce qu'elle raconte. Et d'ailleurs, moi non plus, hein. Houshang me sourit.

« Peu familier avec la langue estonienne ?

— Personne la cause ici je crois, je grommelle. Sauf si tu nous caches des trucs ?

— Tu es si méfiant, rigole-t-il. J'imagine que c'est normal, en une telle situation, mais la méfiance ne nous aidera point à bâtir notre vie ensemble. Cette cohabitation part déjà sur de mauvaises bases. »

Je hausse un sourcil.

« Donc toi, tu veux qu'on reste ici ?

— Évidemment. Nous sommes quelque peu restreints, certes, mais il y a à mon humble avis tout ce qu'il faut pour nous assurer une vie heureuse pour au moins quelques années. Excepté une confiance mutuelle inébranlable, bien sûr. »

Il pousse un profond soupir avant de réajuster sa chemise. Toujours à moitié ouverte sur son binder. Je sais pas si c'est pour qu'il soit à l'aise ou juste pour montrer qu'il est fier d'être trans, et dans tous les cas, ce n'est pas mes affaires, mon job c'est de pas laisser mon regard dériver. Surtout qu'il semble vouloir continuer à me causer. Vu son regard inquisiteur.

« À ce propos. Ester ne t'aime pas du tout, Laangbroëk. J'ignore encore pourquoi, mais j'aimerais que tu m'aides à arranger cette situation en m'expliquant dans quelle circonstances Ruben s'est-il blessé.

— Inutile d'utiliser mon nom de famille, je grogne. Et qu'est-ce que j'en ai à foutre qu'Ester m'aime ou pas ?

— ça t'importe peut-être peu mais moi si. Je veux qu'on puisse tous laisser tomber la méfiance. Ou savoir qui est un danger. Et de toute façon, je suis curieux, moi aussi. »

Je soupire. De toute façon, ça peut pas me faire de mal. J'explique donc à Houshang calmement que j'étais dans le sous-sol lorsque j'ai vu Ruben me suivre. Il s'est enfui à mon approche et s'est blessé.

« Je l'ai soigné du mieux que j'ai pu avant de l'amener ici, je grogne. Rien de plus. Mais ça me rappelle que je dois lui causer, tiens. »

Je jette un coup d'œil vers l'adolescent. Un bandage entoure son genou, et il semble un peu plus à l'aise que tout à l'heure. Vu ses gestes et sa manière lente de bouger les lèvres, il essaie de communiquer avec Ester. Ce que cette dernière a l'air, visiblement, d'apprécier.

Houshang hausse les épaules.

« Si c'est ce que tu veux. J'avoue que tu m'intrigues, et que j'aimerais discuter avec toi plus en détail de ton titre. Mais il est vrai que je dois expliquer à Ester ce qu'il s'est passé. Finissons nos discussions respectives et donnons-nous rendez-vous ? Je connais un coin sympathique non loin d'ici, une petite colline avec vue sur le parc... »

Est-ce que c'est une proposition innocente ou est-ce que le regard en coin qu'il me lance est une manière de me dire qu'il me drague éhontément ? Sérieux, entre lui et Emerens, j'ai ma dose ! ça va limite être reposant de parler à Ruben tiens... Mais bon, faut que je parle aux gens, c'est important, donc je hoche la tête sans rien ajouter de plus et rejoins Ruben.

Ce dernier sursaute à mon approche. Ester me lance un pur regard de mépris, avant de se placer devant son patient. Elle croit quoi ? Que je vais le tabasser ? Super l'image que je donne, surtout que si j'étais un petit connard sans scrupules, je choisirais un moment ou Ruben est tout seul et surtout je l'emmènerais pas à l'infirmerie pour se soigner, imbécile ! Ah, j'ai la nausée rien que d'y penser.

« Ravale ton hostilité, Ester, j'essaie juste de lui causer, » je grogne, essayant au moins d'y mettre de la bonne volonté pour parler fort et lentement. Même si, au vu du peu de changement dans son expression, elle n'a compris de ce que j'ai dit que son prénom.

Houshang la hèle depuis son lit, avant d'ajouter une phrase ou deux en allemand sans doute destinées à la rassurer, mais elle ne bouge pas. C'est énervant. Est-ce que je dois la german suplex, moi, le gringalet roux, pour qu'elle comprenne que non je n'ai pas l'intention de céder devant ses regards hostiles bien chiants ? J'en serais presque arrivé à cette extrémité lorsque Ruben la tire par la manche, attirant son attention sur son joli sourire. Merde, j'avais oublié à quel point il avait le chic pour les expressions innocemment mignonnes.

« Ce n'est rien, Ester, lui dit-il lentement toujours avec le même sourire. Ça va aller. Je peux être seul ? »

Ester semble gamberger un peu, sans doute pour comprendre, puis ensuite pour céder vu qu'elle me jette encore un regard hostile. Je suis quoi, bordel ? Le Chupacabra ? Mais Houshang la hèle à nouveau, et elle finit par s'éloigner de Ruben en soupirant. En passant, elle me jette un nouveau regard, et chuchote, trop bas pour que Ruben puisse l'entendre ?

« Fais attention. Reste... Calme. Tu es danger. »

...

Ester, est-ce que tu m'as bien regardé de près ?

Je suis probablement avec Ruben le mec le moins dangereux de toute cette Tuerie, et la plupart des meufs et des non-binaires pourraient facilement m'écraser comme un moustique avant que j'aie eu le temps de dire « bzzz ». Si ça t'amuse de me croire dangereux, grand bien te fasse, mais je suis clairement pas le mec le plus susceptible de te tuer ici, donc recentre ton instinct de survie.

J'ai bien envie de lui gueuler tout ça mais je crois qu'elle ne me comprendrait de toute façon pas, donc je laisse tomber d'un haussement d'épaules avant de m'asseoir à côté de Ruben. Qui évite soigneusement mon regard. Allons bon.

« Maintenant, je soupire, tu vas peut-être pouvoir m'expliquer pourquoi tu me suivais ? »

Les doigts du petit tremblent, mais il glisse néanmoins sa main dans sa poche avant d'en sortir un magnifique bijou gravé. Un bracelet, je crois, avec des saphirs et des émeraudes incrustés dans l'argent. Il est superbe, et étonnamment bien fait, si bien que je le soupçonne de l'avoir fait lui-même ; c'est l'Ultime Joaillier, après tout. Mais ce qui m'étonne le plus, c'est qu'il a l'air de me le tendre. Il veut me le montrer ? je vois pas ce que ça pourrait être d'autre. Une œuvre originale avec autant de pierres précieuses, et ayant sûrement demandé un temps monstre, ça ne peut pas être simplement offert en cadeau à quelqu'un qu'on vient de rencontrer comme ça, si ?

Et pourtant si. Il vient de me le mettre sur les genoux avec le visage le plus rouge que j'ai jamais vu sur la tête d'un garçon de son âge. Je compte pas, je suis plus âgé.

« En fait... Je voulais te le donner, mais j'ai jamais trouvé la bonne occasion... Hier, tu as passé ton temps dans ta chambre après ton expédition ratée, et ce matin, tu étais à peine levé que tu allais déjà voir Sachiko, et madame Kasjasdottir... Mais je crois que j'ai paniqué tout à l'heure quand tu m'as vu... je suis désolé... »

Je fixe le bracelet sur mes genoux. Il vaut, à n'en pas douter, la peau du cul. Et Ruben me le donne. Je suis censé réagir comment ?

Je montre du doigt le bracelet.

« C'est pour moi ?

— Euh... Oui ? » Fait le gamin en haussant un sourcil. Il a l'air de ne pas vouloir comprendre où je veux en venir.

Je plisse les yeux.

« Juste comme ça ? Pas que je sois pas content, il est superbe, mais il vaut sûrement la peau du cul. C'est rare, les cadeaux de ce prix-là entre deux personnes qui se connaissent depuis peu de temps. »

Une moue déçue se dessine sur son visage, et il baisse les yeux. Merde, merde, merde, j'ai fait une connerie ! j'voulais pas avoir l'air ingrat, même si faut reconnaître que c'est un sacré cadeau chelou... Et cher, c'est le problème. Putain je fais quoi maintenant, je fais quoi, je fais quoi ?!?

« Il te plaît pas ? Demande Ruben, d'une voix déçue. Désolé... Les autres aimaient bien que je leur donne des cadeaux pourtant, je me disais qu'on pourrait se rapprocher comme ça... »

Aaaaaaaaargh il me fait mal au cœur avec sa bouille ! Je culpabilise si fort maintenant... Il est puissant, ce gosse.

« Si, si, bien sûr, il est super beau, je tente de me rattraper en bouclant maladroitement le bracelet à mon poignet. Mais euh, c'est surprenant, c'est tout. Tu sais pour briser la glace, d'habitude, les gens offrent pas des cadeaux qui valent cher... »

Il me sourit. Ouf.

« Ah okay ! Tant mieux, et pardon de t'avoir surpris !

— C'est rien, c'est rien, je grogne, assez plein de culpabilité maintenant. Mais euh, si tu veux qu'on se rapproche, pourquoi tu viendrais pas traîner un peu avec moi dans les prochains jours ? Sans cadeau qui vaut cher. C'est pas la peine. »

Son visage s'illumine.

« C'est vrai ??? »

Merde. J'ai l'impression d'être revenu à Saint-Cyr lorsque j'ai enfin accepté de causer à mon camarade de chambre un peu trop envahissant, et quand on sait que ledit camarade de chambre a désormais pour passe-temps de me coller sur le bitume, c'est pas forcément une bonne nouvelle. Mais honnêtement, difficile d'être autre chose qu'apaisé devant cette expression emplie d'un pur bonheur.

« Ouais, ouais, je grommelle. Peut-être pas tout de suite, hein, faut que je parle à d'autres gens. Mais pourquoi pas plus tard ? Juste... se poser dans un coin et discuter...

— D'autres gens... Comme Emerens ? Vous étiez un peu en froid pourtant aux dernières nouvelles... »

Il a l'air un peu maussade. Bon, je comprends qu'il pose la question ; quand je me fais pas traîner d'Ultime en Ultime, je suis effectivement avec Emerens, ou tout seul. Mais j'imagine que s'il m'a suivi depuis hier, il a vu la scène de notre sortie du réseau de tuyaux sous la cité flottante. Et sait probablement aussi que je lui fais pas mal la gueule jusqu'à ce que j'en ai marre de ne pas lui parler. Ça va pas durer longtemps ; je suis faible, très faible, et j'ai encore beaucoup de choses à lui demander. Mais c'est une question d'honneur. Il y réfléchira à deux fois avant de me sortir un cliché de la romance devant témoins ! Surtout juste pour me troller !

« J'lui fais la gueule jusqu'à ce que j'en ai marre, je grommelle. T'inquiète, normalement il sera pas collé à moi, et le cas échéant si tu veux pas lui parler je le kickerai ailleurs. Ça te va comme ça ?

— Euh... oui. Sans la violence, mais oui. Tu comptes faire quelque chose, maintenant ? »

Je soupire. On voit à sa tête qu'il aimerait bien que je reste. Mais bon, je peux pas non plus passer ma journée avec lui. J'dois faire mes repérages, moi. Et en plus, Houshang semble avoir fini de discuter avec Ester, et il vient de me jeter un regard pour le moins inquisiteur.

« Houshang voulait me parler, donc je vais y aller. On verra après. Toi, tu comptes faire un truc ?

— Je voulais chercher de quoi exercer, mais Ester me dit qu'elle ne veut pas me voir en dehors de l'infirmerie avant ce soir... Juste pour voir si je n'ai pas besoin de points. Donc je verrai demain, j'imagine... à bientôt alors ! »

Il me fait un signe de la main alors que je m'éloigne, et Ester semble le prendre comme un signal pour se remettre à lui tourner autour car elle vient de lui fondre dessus. Pas que je m'en préoccupe, même si le coup d'épaule qu'elle m'a mis j'en suis sûre très intentionnellement m'agace quelque peu. Je rejoins Houshang qui observe la scène d'un air amusé, et ce dernier me fait un petit signe de tête.

« Je lui ai expliqué la situation, mais visiblement, cela ne semble pas la détendre à ton égard. Mes excuses. Tu as eu ce que tu voulais avec Ruben ? »

Ce disant, il montre du doigt le bracelet, toujours à mon poignet. Je rougis d'un coup.

« Eh ! Va pas croire que j'extorque les autres, hein ! Il voulait juste me le donner...

— Je sais. Ruben Andersen, hein... Rien qu'à sa manière de se comporter, on voit que c'est un romantique. Il y a fort à parier, pouffe Houshang, qu'il se croie vivre dans un conte. Allez savoir qui est sa princesse charmante... Ou son prince charmant, pour ce que j'en sais. »

Il rigole doucement, avant de se tourner de nouveau vers moi.

« Mais peu importe Ruben pour le moment. C'est toi qui m'intéresses. Veux-tu bien me suivre ? »

Nan mais je rêve pas, il me drague. Au secours. Pas encore un, par toute la pitié de tous les foutus dieux de cette planète maudite. Bon, okay, je m'attirerai peut-être pas leur pitié en blasphémant, mais de toute façon le Diable en personne vient de me prendre le poignet et m'entraîne doucement vers l'extérieur du bâtiment. Et moi, pauvre pégu, je suis obligé de le suivre, forçant à mon esprit déjà bien mis à mal par l'autre séducteur de ne pas me focaliser sur son dos.

C'est au bout de quelques longues minutes de transport de Thibault que nous nous retrouvons sur la colline dont il avait parlé. Un banc s'y trouve, à l'endroit exact ou le point de vue est le plus large : On y voit tout le parc, et plisser les yeux permet de discerner la forêt amazonienne qui s'y fond par un subtil effet d'optique. L'endroit idéal pour réfléchir. Dommage que je n'aie pas mon ordinateur... Et que cet endroit ne dispose pas du setup complet du gamer.

Houshang a lâché mon poignet, et s'est assis négligemment sur le banc. Sa chemise est au sol, ne laissant voir que son binder et ses abdos. Il a une de ces musculatures, nom d'un chien... Après tout, c'est l'Ultime Danseur, c'est vrai qu'au vu de son comportement d'habitude, j'ai tendance à oublier qu'il ne s'agissait pas de l'Ultime Héritier. Il me sourit, semble attendre que je m'installe. Ce que je fais. Flemme de rester debout. Chemin faisant, je ne peux empêcher mes regards de dévier sur son torse nu, et il pouffe.

« Je n'aime pas enlever mon binder devant les autres, mais mon corps a besoin de soleil et de liberté de temps en temps. Cela est une des principales raisons pour lesquelles je danse en costume léger. Ne t'inquiète pas, je ne t'ai pas amené ici pour quelque chose d'inapproprié.

— j'espère bien, je grommelle. T'es pas l'Ultime Strip-teaser, quand même ?

— Bien loin de moi l'idée de voler son titre à Aloïs Sakai, rigole Houshang. Sa manière de danser était des plus inspirantes, je ne saurai me comparer à lui, même si on oubliait l'écart qui sépare nos deux styles. D'ailleurs, savais-tu que renseignements pris, il aurait été notre doyen à tous, si Hope's Peak n'avait pas été ravagée par les Tueries ? Le plus âgé, et le plus expérimenté, des Ultimes...

— Ouais, mais y'a eu les Tueries. Et on sait tous ce qui a ravagé les classes avant nous.

— Vrai. Et je n'ai pas demandé à te parler pour discuter du passé. »

Il me fixe toujours avec ce sourire en coin, même alors que je me suis assis. C'est à se demander ce qu'il me veut pour me regarder comme ça. Mon cul ? Pas que je sois contre, mais je m'appelle pas Emerens. J'vais attendre un peu avant de prendre des plans culs dans des gens que je connais à peine. Et bon, j'ai surtout l'impression qu'on fera que discuter, aujourd'hui.

« Tu es l'Ultime Théoricien, finit par soupirer Houshang en se retournant vers le parc. J'ignore ce qui t'a valu ton talent, mais j'aimerais parler avec toi de certaines théories que j'ai sur notre monde. »

Ouh là. Je le sens mal. À part la théorie qui m'a valu mon titre, mon domaine de base, c'est la pop-culture. Je fais des théories sur des univers de jeu, pas des trucs portant sur de la métaphysique ! Fin je pourrais. Techniquement, j'ai un petit niveau en sciences, et des facilités dans les domaines physiques et mathématiques. Mais j'ai un peu laissé tomber ça après mes derniers examens. Ça fait bien huit mois que je suis complètement déscolarisé, maintenant...

Vu la tête d'Houshang, je peux difficilement lui dire des trucs du genre. Donc bon. Autant attendre un peu et prier pour avoir des pistes.

« Commençons, soupire l'Ultime Danseur. Tu as sans doute entendu parler de la théorie de l'existence de l'âme ?

— Euh, comme quoi notre cerveau logerait une âme et que c'est elle qui nous donne la conscience ? »

Je suis un peu soulagé. C'est classique, ça, comme question... Mais Houshang pousse un profond soupir, avant de froncer les sourcils.

« C'est l'idée générale. Mais en pratique, mettre en place cette théorie implique de savoir dans quelle zone du cerveau s'abrite l'âme. Est-ce celle qui nous donne notre capacité de réflexion ? Nos émotions ? Les adolescents réfléchissent avec la deuxième, tandis que les adultes au cerveau maturé le font avec la première. Y'a-t-il donc un transfert de l'âme durant notre adolescence ? Ou alors l'âme est bien plus grande que cela, elle est présente dans nos nerfs, les connexions qui courent le long de nos membres, les courants électriques qui permettent le mouvement... mais dans ce cas, est-ce que cela veut dire que le corps entier abrite l'âme, et que les personnes ayant perdu une fraction de leur corps perdent aussi une fraction de leur âme ? Est-ce que les traumatismes et troubles mentaux dus à une amputation sont une conséquence de la perte d'âme ? Mais que faire alors de ceux simplement handicapés mentaux ? Et ceux qui naissent sans leurs doigts, leurs bras, leurs pieds, doit-on considérer qu'ils partent avec moins d'âme que les autres ? Est-ce une méthode de discrimination ou une simple manière de réfléchir que de considérer ces personnes comme inférieures à nous ? »

...

Je.

Suis.

Paumé.

Il est en train de me paumer totalement. J'arrive à peine à comprendre où il veut me mener, mais réfléchir autant pour un truc pareil... Wow. Et c'est moi l'Ultime Théoricien. Je crois que c'est déjà bien assez galère pour moi de ne pas montrer qu'Houshang est en train de me perdre... C'est extrêmement intéressant, c'est pas le problème, mais juste.... Wow.

« Ma théorie, continue Houshang, c'est que l'âme habite l'entièreté du cerveau, mais que les nerfs n'en sont que des prolongements inutiles, qui ne servent qu'à transmettre des ordres. Le système de pilotage, en somme. Le reste du corps est alimenté par cette source d'énergie et d'empathie presque infinie, celle qui nous permet de penser et de comprendre les autres, et qui donne toutes ses capacités à notre cerveau humain. Mais je trouve qu'il y a quelques défauts, des zones d'ombre, dans cette pensée assez commune pourtant, et j'aimerais que tu me dises ce que toi, tu en penses. À n'en pas douter, tu as déjà quelques idées sur la question ? »

... Eeeeeeeeeeeeeeeeeet meeeeeeeeeeeeeeeerrrrrrrrrde.

Alors euh coco comment te dire. C'est passionnant, tout ça. Vraiment. Je suis presque sûr que je vois à peu près d'où ça te vient. C'est pas lancé au hasard, t'y as réfléchi, et c'est extrêmement visible. Mais comment je te dis que j'y ai jamais ne serait-ce que pensé à l'existence de l'âme ?!? Surtout que j'en suis même pas sûr, moi. Rationnellement parlant, c'est dur à croire, et le cerveau humain qu'il admire tant peut aussi bien abriter une force mythique que juste être surpuissant pour la norme des espèces...

Donc bah euh, je reste muet comme une carpe, et je suis à peu près sûr que j'ai des yeux de merlan frit. Génial, Thibault, tu viens de te ridiculiser devant un beau mec qui te témoignait de l'intérêt, tout ça parce que t'as pas le cerveau de ton titre. Au moins il est fixé sur le niveau de ma connerie, Houshang ?

Sans doute pensant que j'y réfléchis, il prend une pause, en me fixant toujours avec son air inquisiteur. Mais je suis toujours aussi paumé au bout de deux minutes. Si bien qu'il pousse un profond soupir.

« C'est vrai que ce n'est pas une théorie très répandue. L'existence de l'âme est certes recherchée depuis des années mais Shizuka Mizutani a été lae premier.e à la relier pleinement à la science. Mais peut-être pouvons-nous parler d'autre chose ? Tiens par exemple, ton avis sur l'impact de la théorie des cordes dans la physique telle que nous la connaissons et comment cela affecte notre manière d'exister... »

Oh no. Oh no. Oh no no no no no. De la physique quantique, maintenant. Le sujet le plus passionnant et emprunt de traumatismes pour moi. Et je dis ça sans plaisanter. Petit Thibault avait pris l'option physique avancée à St-Cyr et un peu moins petit Thibault regrette aujourd'hui très fort. Je connais à peu près la théorie des cordes mais je serais incapable de l'expliquer à qui que ce soit, alors essayer d'en tirer des applications dans la vie réelle... Au secours. Je peux avoir une bouée de sauvetage ? Par pitié.

Je suis toujours silencieux et toujours autant paumé. Et je crois qu'Houshang comprend qu'il ne tirera pas grand-chose de moi, car il pousse un profond soupir. Son regard a perdu toute chaleur.

« Je vois. Je crois que je devrais me renseigner plus en détail sur ce qui t'a valu ton titre. Moi qui espérais enfin avoir une conversation intelligente... »

Il a parlé d'un ton égal, mais ouch, le coup à mon ego reste conséquent. Mérité, je veux bien l'admettre. Hope's Peak aurait pu me filer un titre un peu plus précis sur ce que je fais, hein ! En plus, la seule théorie qui en vaille la peine, c'est celle dont je ne dois absolument pas parler en public sous prétexte de me faire silencer. Comme Fusae et sa réponse, en soit... Sauf que mon blog traîne toujours sur la toile, contrairement à lui, donc j'imagine que c'est trop tard.

Et puis, il est vrai que je suis actuellement un peu coincé. Donc ce qui devient des secrets d'État, je crois que je peux en parler.

Mais pas à Houshang qui vient de se barrer.

Je dois faire quoi pour réparer mon ego ?

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RIP Thibault qui se fait décidément beaucoup balader juste dans les FTE-

Et je peux vous assurer que c'est pas fini, les trois quarts des persos qui ont leurs FTE ce chapitre sont juste en mode "trashtalk the protag" mdrrr-

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