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Chapitre 1 (4) : Doors and ruins

Bon. On est le matin, j'ai passé une très mauvaise nuit pour changer, je suis de mauvaise humeur et je poireaute depuis une demi-heure devant la porte de ma chambre parce qu'évidemment, Ade n'a pas jugé bon de me donner un point de rendez-vous pour que je puisse enfin savoir ce qu'elle me veut. Su-per.

Heureusement pour moi que le rapport d'Ansgar m'oblige à aller prendre mon petit-déjeuner dans le réfectoire, parce que sinon je crois bien que j'aurais oublié de manger. J'ai pas eu grand-chose à lui raconter à part « le stress m'a empêché de dormir et j'ai passé la nuit à regarder le plafond de ma chambre » mais ça avait l'air de la satisfaire, comme réponse. Au moins ça. Et comme je n'ai croisé qu'elle dans le réfectoire et qu'elle n'avait pas vu Ade, je n'ai pas pu lui demander sa position. D'où le fait que je poireaute.

J'étais presque décidé à lui poser un lapin lorsqu'un mouvement et une touche de rose apparaissent dans mon champ de vision, marque de la présence d'Ade qui se ramène enfin. Cette dernière se pose devant moi et incline la tête pour me saluer.

« Navré du retard. J'ai dû aller faire mon rapport auprès d'Ansgar et ensuite il m'a fallu un peu de temps pour localiser ta chambre.

— Au moins tu n'es pas allée me chercher ailleurs, je grogne. Tu voulais me montrer quoi ?

— Viens avec moi. C'est au sous-sol. »

Elle me fait signe de la suivre et m'entraîne, sans le moindre mot de plus, dans les couloirs de l'hôtel. J'ai à peine le temps de saluer Houshang qui passe avec un livre ou Sparrow qui nourrit les chats avant de devoir accélérer le pas pour ne pas la perdre de vue, et bientôt nous nous enfonçons dans des couloirs ou l'absence de lumière naturelle et de couleur m'indique qu'ils ne sont pas faits pour accueillir quotidiennement des gens.

Je jette un œil aux alentours. Ampoules même pas dotées d'abat-jour, murs dont la peinture craquelle, un peu de poussière, on dirait que personne n'a pensé à l'entretien de la zone. De quoi me faire hausser les sourcils.

« Qu'est-ce que ça fait là, ça ?

— C'était verrouillé derrière une grosse porte de bois, me répond Ade. Si tu ne l'as pas vue, c'est parce que Kimura l'a défoncée hier alors que nous explorions et Monokuma s'est sans doute contenté de l'enlever. Il est probable que cette zone ne nous soit pas dédiée, mais le fait que la porte n'ait pas été remise me fait un peu tiquer.

— Monokuma n'a peut-être pas ce qu'il faut ? Ce serait prendre un sacré risque que d'amener des matériaux et de quoi réparer une porte ici alors qu'il y a une chance infime qu'on puisse s'enfuir...

— J'aurais pris cette théorie comme argent comptant si on ne considérait pas l'immensité de la ville. Les chances pour que Monokuma ne dispose pas d'au moins un remplacement son quasi-nulles. Par contre, il n'a peut-être pas les compétences nécessaires. Après tout, on ne connaît pas son titre...

— Vu son apparence, je soupire, c'est certainement pas l'Ultime Charpentier. Mais on verra quand on sera devant le truc que tu voulais me montrer. C'est quoi, d'ailleurs ?

— Tu vas pouvoir le constater par toi-même, Laangbroëk. On y est. »

En disant ça, Ade s'est arrêtée, et pointe son doigt vers le fond du couloir, qui est encore plongé dans l'ombre. Aucun interrupteur n'est à proximité, mais mes yeux s'habituent assez vite au noir pour remarquer que dans l'espace le plus sombre se trouve une porte, ou du moins ce qui ressemble à une porte. Jusque-là, rien de vraiment suspect, des portes, c'est un peu le truc le plus commun qu'on puisse trouver dans ce genre d'endroit ; mais Ade me fait signe de me rapprocher, et en m'exécutant, le motif que je discerne m'indique immédiatement pourquoi elle considère cet endroit comme « intéressant ».

Je plisse les yeux.

« Effectivement, c'est pas banal. On dirait que quelqu'un nous a laissé un gros indice...

— À nous ou à celui qu'on traque, soupire Ade. En tout cas, quoi que ce soit, ce n'est pas à ignorer. »

Elle a raison. Rien que la porte verrouillée autrefois en place pourrait nous indiquer que Monokuma ne souhaitait pas qu'on accède à cet endroit. Ou l'instigateur, mais dans ce cas ça revient au même, à moins qu'on ne tombe dans les rares cas où un instigateur et un Monokuma ne travaillent pas de concert. Mais quelle que soient les hypothèses, tomber sur un immense symbole de Monokuma gravé sur la porte, avec son sourire sur fond noir qui me nargue, ce n'est clairement pas un élément de décoration anodin.

Je me rapproche, et effleure la porte du bout des doigts sous le regard d'Ade. C'est du métal, du métal glacial. Cette porte ne pourrait certainement pas être défoncée par Sachiko. En plus, en tendant l'oreille, j'ai l'impression d'entendre des mécanismes. Il s'agit peut-être d'une serrure complexe... D'ailleurs, je crois que je viens de mettre mes doigts dans le trou de serrure. Qui n'a pas l'air de différer d'une serrure normale. À vue d'œil, du moins.

Sans décoller mes doigts du trou, je me penche à sa hauteur, avant de finalement jeter un œil dedans. Comme je m'y attendais, noir complet : Il y a au moins trois épaisseurs de métal dans cette porte et sans doute un bon nombre d'engrenages qui me bouchent le passage. Par contre, y coller mon oreille s'avère beaucoup plus fructueux.

Je serre les dents.

« Il y a du bruit derrière.

— De quel genre ? » Me demande Ade, à la voix la plus basse qu'il lui est possible. C'est-à-dire pas beaucoup, vu qu'elle est malentendante et ne remarque pas qu'elle crie presque.

Je soupire. Même après qu'elle ait cessé de parler, le bruit s'est arrêté. Je n'entends plus rien.

« Je sais pas, mais sans doute pas des mécanismes, ou alors ce serait une drôle de coïncidence. Le bruit vient de cesser. J'imagine que ce n'est même pas la peine de demander si la porte est verrouillée ?

— Non, en effet. Je crois en plus qu'elle se tire, mais comme il n'y a pas de poignée, la clé est plus que probablement nécessaire, me répond Ade. On ne saura pas ce qu'il y a derrière sans trouver quelqu'un qui possède la clé. Et si ce quelqu'un n'est pas Monokuma...

— Alors c'est l'instigateur. »

Elle hoche la tête.

« Exactement. Traduction, tout ce qu'on pourra tirer de cette porte, c'est ce qu'elle peut bien faire ici. Alors, Laangbroëk, tes idées ? »

Je prends mon menton entre mes mains. Une porte marquée du symbole de Monokuma, dissimulée dans un couloir peu accueillant. Avec du bruit derrière, mais pas un bruit régulier. L'hypothèse qui frappe tout de suite le cerveau serait qu'il s'agit d'un passage du MasterMind, mais alors le bruit derrière... Signifierait qu'ouvrir cette porte interromprait sans doute le jeu très prématurément. Ou pas, selon le bon vouloir de Monokuma et de ses règles bizarres. Et ça, je trouve que c'est un petit peu gros.

Une autre hypothèse serait que cette porte mène à la fameuse deuxième zone dont parle Monokuma. À laquelle on pourrait accéder après le procès. Et peut-être que Monokuma est justement derrière en train de tout préparer ? Qui peut savoir, avec lui. Mais je vois mal pourquoi la mettre là. Le mur qu'on avait croisé lors de notre sortie avec Alannah, Seo-jun et Ansgar rendait l'endroit inviolable, s'il s'agissait bien de la deuxième zone, et ce mécanisme de porte aurait suffi à nous barrer la route même en plein jour.

Il s'agit peut-être aussi de la porte derrière laquelle se planquent les fameux travailleurs dont nous a parlé Monokuma. Humains ou robots, cette cité ne s'est pas entretenue et stockée seule. Et le fait qu'elle soit dans notre environnement fait à la fois sens... Et pas du tout sens. Justement, l'accès à notre espace de promiscuité facilite les choses pour une équipe de travailleurs, mais le risque d'être vus par un noctambule qui passe est d'autant plus grand.

Il y a également la probabilité quasiment négligeable qu'il ne s'agisse que de la poudre aux yeux. Cette probabilité ne repose que sur une seule variable : La possibilité que ce soit un piège de Monokuma. Mais je trouve ça très sophistiqué pour un piège. Pratique-t-il à ce point la psychologie inversée ? Franchement, je crois que non, ou alors il dispose d'alliés particulièrement retors.

Dans tous les cas, aucune de ces hypothèses n'a vraiment plus de probabilités ou de valeur que l'autre. Je me contente donc de soupirer.

« Je sais pas, Ade. Cette porte peut mener à quasiment n'importe quoi. Et quand je dis n'importe quoi, c'est n'importe quoi. Il y a trop de possibilités pour partir sur une seule. Elle pourrait être la clé du jeu comme un énorme piège bien puant, tu vois le genre ? »

L'adolescente pince les lèvres, mais hoche la tête.

« Je m'en doutais un peu. Difficile d'être catégorique avec cet endroit. Merci quand même. J'en rediscuterai sans doute avec Kimura.

— Sachiko a un avis ? »

J'avoue être un peu curieux sur ce que notre petite lanceuse de bombes d'informations a déduit en voyant cette porte.

« Oui, soupire Ade, elle pense que cette porte mène au cœur de l'île et que seul Monokuma ou l'instigateur peut l'emprunter. Mais si c'est le cas, ce n'est pas prudent de la laisser derrière une simple porte verrouillée. Ou encore moins de la part de Monokuma de ne pas prévoir de quoi nous bloquer le passage à coup sûr. »

Je hoche la tête. Ça fait beaucoup à réfléchir pour une simple porte, j'irai sans doute exposer mes hypothèses à Ansgar au moment du rapport du soir. En attendant, j'ai ma journée de libre. Et j'ai bien l'intention de l'employer à bon escient.

Je me tourne vers Ade. Cette dernière penche la tête de côté, interrogatrice.

« Tu as pensé à quelque chose ?

— Nan, pas vraiment. Mais ça te dirait qu'on discute un peu, tant que t'es là ? J'avoue que je suis curieux. L'archéologie, ce n'est clairement pas à la portée des ados, et tu as quoi, quatorze ans ? »

Ses yeux se plissent, et elle me fixe avec un rictus on ne peut plus froid.

« J'en ai quinze, plus précisément, et je n'ai pas besoin de ton mépris. Parce que ce n'est pas quelqu'un qui passe son temps à glander devant ses ordinateurs qui a quoi que ce soit à me dire en termes de découverte. »

Pardon ? Nan mais d'où elle m'insulte sur une remarque ? Surtout que je n'ai même pas fait preuve de mépris, justement, je sais qu'on vit dans un monde où les génies deviennent de moins en moins rares mais ça reste impressionnant de gagner un tel titre à son âge ! Super la manière d'ouvrir la conversation hein...

Je grogne, et détourne les talons. Si c'est pour en arriver là avec elle, autant que je me barre. Pas de chance, elle me suit dans les couloirs. Toujours avec ce même rictus froid.

« Vexé ? Je me demande lequel d'entre nous est le plus gros gamin.

— Oh, ta gueule, je grogne. Je voulais juste te poser des questions, pas me faire agresser.

— Tu devrais revoir ta manière de formuler tes phrases alors. Parce que c'est blessant, au cas où tu n'aurais pas remarqué. »

Elle soupire, avant de hausser les épaules. Surprenant qu'elle arrive à me rattraper malgré sa petite taille... Oh, wait, je suis presque aussi minus qu'elle. Je crois que je devrais pas dire grand-chose en termes de taille, hein, surtout entouré de titans. Dans cette situation, mieux vaut qu'on se serre les coudes entre petits, hein. Donc pas de remarques. De toute façon, elle cause.

« Peu importe. Je veux bien répondre à tes questions, mais lorsqu'on sera dehors. Voire en dehors du bâtiment. Cet endroit me donne des accès de claustrophobie.

— Moi, c'est le dehors qui me fout la gerbe, je grommelle. On peut éviter ? »

Elle me lance un regard plus ou moins amusé.

« Dis-moi, tu n'avais pas promis à Emerens un peu de dégradation urbaine ? Je t'aiderai avec plaisir pendant que tu me poses ces fameuses questions, si on peut se poser dehors. Dans le bâtiment, il y a un placard plein de matériel de tag et de jardinage. J'ai pris la liberté d'en rassembler un peu avant ton réveil...

— Eh ben, je siffle. T'avais prévu ton coup, hein ? Et comment tu as su ça, d'abord ? On peut pas dire que t'aies de bons yeux ou de bonnes oreilles...

— Cette dernière remarque n'était pas nécessaire. De plus, rigole-t-elle, pas besoin de bons yeux ou de bonnes oreilles pour observer Emerens « drama queen » Van Heel se plaindre tout au long de la journée d'hier. Je ne sais pas ce que cet internat lui a fait, mais ta promesse de tout démolir semble l'avoir empêché de se cogner la tête contre les murs. »

Je me frappe le front. Mais c'est pas vrai, quel enfer ce type ! Est-ce qu'il peut ne pas être particulièrement vocal sur au moins une chose ?!? Quoique, je l'ai pas entendu hier, donc si les chambres sont pas insonorisées, bon point pour lui. Mais en attendant, je suis bien incapable de répondre complètement à la question dissimulée d'Ade. Je préfère me contenter d'un exposé alors que nous remontons les marches du couloir caché.

« Saint-Cyr est une saloperie d'endroit de merde, je soupire. C'est un collège international, vieux comme jamais, mais qui se vante de préparer les génies à Hope's Peak depuis son ouverture. Ce qui est un poil con, soit dit en passant, vu que c'est littéralement nous envoyer à l'abattoir. Il suit les rythmes scolaires suisses, mais tu profites rarement de tes vacances. Tout est fait pour te donner envie d'étudier. Ou plutôt te fait perdre l'envie de faire autre chose. Et évidemment, c'est un collège de bourges, où soit tu payes l'équivalent d'un an de loyer dans une maison chouette pour une année scolaire, soit t'as de la chance et tu y rentres sur bourse d'honneur ou je ne sais trop quoi. Disons que l'ambiance n'est pas trop aux arcs-en-ciel et à la tolérance. »

Et Dieu seul sait ce que j'ai pu me prendre comme remarques en étant seulement plus proche que la moyenne masculine d'Emerens... Les professeurs qui me disaient de me calmer sur le gay, les élèves les plus bourges qui ne perdaient pas une occasion pour se moquer de moi, les insultes, l'isolement... Bon, ça ne durait jamais longtemps. Les harceleurs perdaient souvent leurs capacités à harceler après quelques coups de prothèse ou de poings et une baisse de leurs notes qui les éjectaient direct de l'école. Mais disons que ça n'a pas aidé à mon appréciation de ce collège.

« J'y ai passé qu'une année mais crois-moi ça m'a suffi à voir, je termine alors qu'Ade et moi récupérons les fameuses fournitures de dégradation. Cette merde te détruit la santé si tu sais pas t'y prendre. Et d'après ce que je sais, Emerens y a passé trois ans. J'imagine que ça doit amplifier exponentiellement les traumatismes. »

Ade hoche doucement ma tête.

« C'est ce que j'avais compris de ses interviews, oui. Trois ans dans une école huppée avant qu'il ne se consacre entièrement à son œuvre. J'imagine que ces trois ans ont dû le marquer. Mais bon, peu importe, enchaîne-t-elle avec un ton plus enjoué. Occupons-nous de cet endroit, il me donne la nausée et vu le contexte, je pense qu'on vivra tous mieux avec un peu de couleur...

— Tu l'as dit, bouffi. File ces bombes, j'vais commencer par le mur. T'as des masques à gaz ?

— Pour qui tu me prends ? »

Et c'est ainsi que je me retrouve à taguer joyeusement la façade d'un mur, avec Ade qui fait de même sur les tables les plus proches. C'est une entreprise assez complexe, mais je dois avouer bien me marrer ; j'ai toujours été un très bon tagueur, et vu que j'ai tendance à sécher les cours, ce n'est pas rare de me retrouver dans les rues de la Belgique, une bombe à la main. Et ça m'a permis de développer un talent ma foi bien utile. Surtout maintenant, je ricane alors que des fleurs et des têtes de mort se dessinent sur les murs autrefois gris. Je me paye à la fois une revanche contre Monokuma et une contre Saint-Cyr. Dommage qu'Emerens ne puisse pas voir ça, c'est d'un jouissif...

« Je ne sais pas comment accéder au toit, crie Ade près de mon oreille, me distrayant de mon ouvrage qui est quand même assez bruyant. Mais de là, on devrait pouvoir recouvrir l'écusson plus facilement. En attendant, j'ai recouvert toutes les tables. Si l'herbe n'était pas aussi grise et morne, on pourrait presque appeler ça un changement. »

Je me tourne. Effectivement, quasiment toutes les tables sont recouvertes de hiéroglyphes divers, ou autres symboles qui me paraissent tirés de cultures africaines. Du moins je le pense, je suis pas un spécialiste en cultures qui ne sont pas pop... C'est remarquablement bien dessiné, en tout cas, je suis très surpris. Surtout à la bombe, et sur un support peu charitable. Je siffle.

« Eh ben ! Sacré talent que tu te payes !

— Parle plus fort, s'il te plaît. Je ne peux pas lire sur tes lèvres. »

Je hausse les épaules, me rappelant du masque à gaz, avant de monter le ton.

— J'ai passé des heures à étudier ces symboles, sourit Ade. Les reproduire est un jeu d'enfant, même si le médium employé n'est pas un de ceux dont j'ai l'habitude.

— Tu les étudies ? Au point de savoir les reproduire ?

— On dirait que c'est le moment de répondre à tes questions. »

Elle rassemble le matériel dans son sac avant de commencer à parler.

« Il existe de très nombreuses disciplines en archéologie, et toutes nécessitent de s'y connaître grandement en histoire. Il s'agit, après tout, de la mettre au jour. Mes spécialités personnelles sont la bioarchéologie, l'ethnoarchéologie, l'archéologie funéraire et les reconstructions historiques. Même si je me contente de fouiller des tombeaux, la plupart du temps. »

Elle pouffe.

« Si tu te poses la question, ces symboles sont retrouvés très souvent dans les anciens villages des peuples vivant autrefois au Mali. La plupart appartiennent à la culture bambara, ce sont les plus simples. Mais ceux qui disposent d'un peu plus de couleurs font partie d'un langage que j'ai retrouvé il n'y pas si longtemps que ça dans un village découvert il y a peu. L'ethnie qui y vivait n'a aucune correspondance significative de mode de vie avec celles existant aujourd'hui dans mon pays, mais ces symboles ne sont pas trop compliqués à déchiffrer... Ils sont censés repousser la mauvaise fortune et apporter une vie calme à tous les habitants de ce lieu.

— Si seulement ça pouvait fonctionner, je ricane. Parce que là, je pense que niveau attraction du mauvais œil, on a pas vu pire. »

Un soupir s'échappe de ses lèvres alors que la dernière bombe tombe dans le sac.

« C'est pour ça que je les ai dessinés ici. On tente d'accéder au toit ?

— Comment ça, tenter ? Ricane une voix derrière moi. Regardez ce que j'ai trouvé et qui pourrait ou ne pourrait pas être la clé du toit... »

Je sursaute, et me tourne dans la direction de la voix. Évidemment, voyez qui voilà, appuyé sur une béquille, avec dans sa main libre une clé qui tourne sur son doigt ? Emerens en personne, qui fixe l'extérieur avec un large sourire quelque peu effrayant. Son regard se promène sur tout le jardin avec une certaine froideur, mais au moins, il a cessé de trembler en voyant les lieux un peu trop familiers. Et surtout, il est dehors.

« Un problème avec ta jambe ? Lance Ade en se rapprochant de lui, l'air pas surprise outre mesure.

— P'tit dysfonctionnement, rien de méchant, pouffe Emerens. Alannah m'a dit qu'elle pense à un faux contact dans les nerfs moteurs artificiels. Pour elle c'est l'occase idéale de démonter ma prothèse, mais avant qu'elle ne fasse ça, j'ai insisté pour vous donner un coup de pouce...

— Bah voyons. Je te savais pas si appréciateur de la dégradation d'environnement. Et comment t'as trouvé la clé du toit ? » Je demande, le temps de retirer mon masque à gaz.

Emerens ricane.

« Monokuma se croit peut-être intelligent, mais cacher toutes les clés importantes dans une boîte au milieu de la bibliothèque avec son symbole dessus, c'est clairement pas l'idée du siècle. J'ai pris un bon paquet de clés pouvant être celle du toit, mais vu la forme de celle-ci, si elle rentre pas, je veux bien me jeter du haut de l'escalier... »

Ade et moi échangeons un regard. Emerens a bien dit toutes les clés ? Est-ce que ça comprendrait la clé du bas ? Celle de cette fameuse porte Monokuma qui pourrait cacher tant de secrets...

« C'est quoi ces regards ? Intervient Emerens, en voyant qu'on ne parle pas du tout. Il y a un truc que vous voulez ouvrir ? »

Aïe. Lui dire, ne pas lui dire ? ça reste un sacré indice, alors vouloir lui cacher un truc pareil n'est peut-être pas recommandé, mais d'un autre côté... Connaissant cette commère, le lui dire pourrait être notre ticket pour de bons ragots bien croustillants sur une porte Monokuma, et dans ce cas ça pourrait très bien arriver aux oreilles dudit Monokuma. Et c'est un risque que je préfère ne pas prendre.

« Un certain nombre de placards et autres salles cachées, répond Ade avant que je n'aie eu le temps de dire le moindre mot. Vu l'environnement, ça doit regorger. Tu nous montreras où tu les as trouvées ?

— Ah, malheureusement, fait Emerens en grinçant des dents, pour ça, il faudra s'adresser à Kimura. Je n'ai même pas eu le temps de prendre des clés utiles qu'elle m'a arraché la boîte des mains, non sans un coup de pied très violent à ma prothèse. Ce qui a sans doute pas aidé au faux contact, d'ailleurs, ajoute-t-il en claudiquant vers nous. Ah, quelle plaie de n'avoir qu'une jambe... »

Je grogne. Donc, c'est Sachiko qui a la boîte. Ça n'arrange absolument pas mes affaires, et je me vois mal aller les lui réclamer. Mon seul espoir, c'est qu'elle explore ce que je souhaitais explorer aussi, et surtout partage ses infos... Mais bon, faut pas trop rêver, avec elle, elle a l'air plus solitaire que n'importe qui ici. Tant pis. Et de toute façon j'ai un autre problème. De type je viens de me transformer en béquille.

« EMERENS ! Je hurle. Je ne suis pas ton bâton de vieillesse personnel ! »

L'insupportable Van Heel, car oui c'est bien lui qui est affalé sur mon épaule avec sa béquille traînant de manière complètement inutile au sol, a le culot de me lancer un clin d'œil.

« Vieillesse, tu n'exagères pas un peu ? On est du même côté du siècle ! Et puis si je ne peux plus demander un service minime à mon meilleur ami qui m'avait pourtant promis de traverser toutes difficultés avec moi, où va le monde, mon bon monsieur...

— Un, je grogne, tu parles comme un vieux, deux, tu te comportes comme un vieux, trois, tu pèses sur moi comme un vieux, et enfin quatre, tu es plus vieux. Bouge, au lieu de me prendre pour ta béquille personnelle !

— Tssssss. Trente-et-un jours entre nous et je suis déjà le papi. Quelle indignité. »

Je lève les yeux au ciel, à deux doigts de le laisser tomber. Ce qui est de plus en plus tentant au fur et à mesure que son poids augmente sur ma pauvre épaule. Mais bon, Ade me regarde et je n'ai pas envie de me faire accuser de validisme ou d'agression sur handicapés en le lâchant dans l'escalier. Surtout que c'est lui qui a la clé. Et la piquer sur son cadavre ne me paraît pas être une bonne idée...

Nous atteignons finalement le toit, et Emerens quitte enfin mon épaule pour claudiquer jusqu'à la porte. Il y glisse sa clé non sans précautions, et un soupir de soulagement s'échappe d'entre ses lèvres lorsque le verrou cliquette. La porte s'ouvre sans le moindre grincement. Bien huilée, surtout les gonds. Monokuma semble bien vouloir permettre notre accès au toit...

« Et voilà, s'exclame Emerens. Notre accès au toit tout frais tout propre ! On y va ? Ade, tu comptes venir où...

— Pas la peine, soupire Ade avant de me tendre le sac de matériel. Je n'ai pas spécialement besoin d'être là dans votre intimité, et je n'ai pas spécialement envie de tenir la chandelle à un aromantique. Je redescends, Kimura me prêtera peut-être une clé ou deux à tester. »

... Eh bah ça, c'est brutal. Pourquoi est-ce que tout le monde fait des insinuations de ce genre sur notre relation ? ça devient lourd ! Même si je suis content de me retrouver un peu plus au calme avec Emerens, j'avoue que me faire accuser de bisoutage en série, ce n'est pas ce qu'il y a de plus sympathique. Et puis, il y a autre chose qui me titille l'esprit. Concernant sa phrase sur la chandelle...

Je me tourne vers Emerens, qui boîte vers moi alors qu'Ade s'éloigne dans les escaliers. J'ai quelques questions à lui poser.

« T'es aro ?

— Jolie déduction Thibs, pouffe le concerné en s'appuyant de nouveau sur moi. Ce n'est pas comme si j'en parlais dans quasiment toutes mes interviews sur la question. Les gens aiment bien savoir la petite vie romantique de leur écrivain favori.

— Oui bah je regarde pas du tout tes interviews moi, monsieur le célèbre écrivain, je grogne, le visage un peu rougi par une honte naissante. Jusqu'à une date récente, je savais même pas que t'étais célèbre. »

Il rigole, avant de ramasser le sac d'Ade que j'ai laissé au sol et m'entraîner vers le bord du toit.

« Pas un fan de romance, hein Thibs. Je peux comprendre. Pour répondre à ta question, oui. J'écris le sentiment amoureux par pure observation de mon environnement et une certaine consommation de fanfictions, je suis d'ailleurs très surpris qu'aucun critique ne m'en ait fait la remarque. Mais bon, ce n'est pas une discussion qu'on devrait avoir sur les toits, avec des bombes de peinture plein les mains, pas vrai ? »

Traduction, on en parlera plus tard. Je commence à retrouver mes notions de langage Van Heel, on dirait. De toute façon, il a raison, on a une façade à défigurer. Et Ade a eu la gentillesse d'inclure des cordes dans son petit sac de matériel...

« Et comment, je ricane. Go défigurer cette horrible façade. Je m'occupe de l'écusson, et toi, tu fais couler tout ce que tu veux sur les murs. Deal ? »

Il sourit. Trois pots de peinture à la main.

« Compte sur moi. »

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Et vous, vous pensez qu'il y a quoi derrière cette porte ? :)

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