Chapitre 11
Le soleil naissant caresse les fines paupières de Floya qui émerge peu à peu, une fossette à la commissure de ces lèvres.
"Tu n'as pas dormi Roserey.
- C'est pas grave."
Sa petite voix fluette est encore endormie, comme les animaux sauvages que cachent tous ces fourrés.
Il fait très chaud mais surtout très lourd, l'air est humide. J'ai l'impression d'étouffer. La nuit avait rafraîchit les environs mais maintenant que la lumière refait surface, l'eau des plantes s'évapore dans d'épaisses fumées de vapeur.
Je quitte mon manteau pour le placer au niveau de ma taille, comme une ceinture.
"Tu as faim ?
- Un peu. Mais ça va."
Je prends mon paquet d'amandes effilées et lui en tends une poignée avant de me servir à mon tour. C'est finalement plutôt sympathique comme petit déjeuner.
"Allons trouver de la nourriture. Tu sais chasser ?
- Je n'ai jamais vraiment essayé, et toi ?
- Moi non plus."
J'ai rangé une partie de mes couteaux dans mon sac à dos et j'en ai gardé deux avec moi ; l'un dans la poche intérieur de ma veste et l'autre dans ma main droite au cas où nous serions attaquée.
Nous commençons à avancer mais un bruissement de feuilles mortes lointain nous stoppe. Je m'agenouille derrière les branchages et fais signe à mon acolyte de se baisser.
On entend désormais des bruits légers de pas qui se rapprochent vers nous. Si ce sont ceux de carrières en chasse, nous sommes fichus. Non, ça ne peut pas être eux, ils ne sont pas aussi discrets normalement.
Je tente d'apercevoir qui est là mais le buisson derrière lequel je suis est trop épais.
D'un signe de tête, je questionne Floya sur l'identité des tributs. Elle me répond par un hochement d'épaules. Elle penche sa tête sur le côté et se lève d'un coup avant de courir vers les inconnus.
"Chukk !
- Oh vous êtes là ! Où est Roserey ?"
Je cours vers Liam et le prends sans attendre dans mes bras. Des larmes perlent aux coins de mes yeux avant de dévaler mes joues.
"À chaque fois que le canon...
- Moi aussi.
- Comment avez-vous fait pour savoir où nous étions ?
- On vous a vu partir hier."
Floya se racle la gorge.
"On devrait peut-être se mettre en route.
- On arrive. Vous avez trouvé des sacs ? C'est super ! Chukk en a un mais pas moi."
Il me rapproche encore plus de lui
"J'ai eu peur de ne jamais te revoir.
- Et moi donc ! On n'aurait pas du s'enfuir sans vous.
- Si, ne t'inquiète pas, vous avez bien fait."
~
Nous avons attrapé un gros lapin et trouvé des feuilles de menthe. Nous sommes 4 et il ne faudra donc pas longtemps avant que nos réserves soient épuisées.
Nous mangeons autour d'un petit feu, notre trouvaille. C'est délicieux
-le lapin rôti fond dans la bouche - surtout pour un repas improvisé au milieu d'une forêt dangereuse. On se partage le reste de chair et il ne reste du rongeur qu'un petit tas d'os. Nous étouffons le feu pour ne laisser aucune trace de notre passage et quittons notre abri de fortune d'un pas léger.
~
Chaud. C'est le seul mot qui me viennent en tête pour décrire mon état actuel. Mon corps est trempé de transpiration, des coulées de sueur dégoulinent de mes habits et de mes cheveux. Mes jambes suivent le rythme lent de la marche comme des automates mais en réalité chaque nouveau pas est un supplice depuis quelques heures.
Boum. Encore un mort.
"On marche encore et dans une heure, on s'arrête, quelque soit l'endroit où nous sommes. Au pire, on montera à dans un arbre. Ça vous va ?"
On acquiesce devant la proposition de Chukk et continuons notre périple.
On doit être en fin d'après-midi car le soleil, qui était à son paroxysme il y a plusieurs heures, redescend maintenant doucement.
Deux personnes passent en courant devant nous, comme si elles voulaient échapper à quelque chose ou à quelqu'un. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, nous filons dans la même direction que les 2 tributs.
Je me retourne juste le temps d'apercevoir le prédateur qui nous course. Apparemment, le Capitole n'a pas eu sa dose de morts aujourd'hui.
C'est un gros animal gris, à larges et longues dents rectangulaires. Je l'ai déjà vu dans un livre d'images que me lisaient mes parents lorsque j'étais toute petite. Un hippo... hippoto... hippopotame ! Il peut être très dangereux si on l'attaque mais celui-là est sûrement très agressif, même sans raison, dues aux transformations génétiques qu'a dû lui procurer le Capitole.
Il nous charge, battant la terre de ses quatre énormes pieds. Il est, d'après mes souvenirs, habile dans l'eau et sur le sol. Et très endurant ! La seule façon de lui échapper serait de se mettre en hauteur.
"Grimpez dans un arbre dès que vous le pouvez ! Vite !"
Je scrute les acajous qui nous jouxtent à la recherche d'un qui aurait assez de branches basses pour s'y accrocher. Mais elles sont toutes beaucoup trop hautes.
Le ruminant gagne en terrain et se rapproche dangereusement de nous.
La Corne d'abondance ! Si on arrive à l'atteindre, on pourra se mettre hors d'atteinte en escaladant les échelles.
"Abandonnez ce que j'ai dit et accélérez ! Il faut retourner à la Corne !"
Les poumons ne gèrent même plus la rentrée d'air et ma gorge me brûle. Mes jambes sont pleines de crampes, m'arrachant un cri de douleur à chaque enjambée. Seule l'adrénaline me guide, ma vie en dépend.
Mon regard se pose enfin sur l'orée de la forêt qui devient de plus en plus proche et les cordages qui m'apparaissent maintenant distinctement.
Ni une, ni deux, je me retrouve sur les barreaux les plus hauts laissant ensuite ma place à mes alliés qui me rejoignent sur la passerelle.
L'animal se calme et repart tranquillement.
Je respire enfin. Le terme "je m'étouffe" est sans doute plus approprié mais je n'y fais même pas attention tellement mon soulagement est immense.
Des voix étrangères s'élèvent non loin de nous. Qui est-ce ? Les carrières ?
Nous tournons simultanément la tête et apercevons deux chevelures roux cramé. Ce sont sûrement ceux qui nous sont passés devant tout à l'heure. Sentant notre présence, ils se tournent à leur tour vers nous. Ce sont les jumeaux du District 5.
Leurs yeux couleur ambre trahissent leur apeurement. Le garçon, Alexi, pourrait nous abattre grâce à son arbalète et la fille d'une fléchette de sa sarbacane. Et Floya, elle, pourrait leur planter à tout les deux une flèche dans la gorge. Mais personne ne bouge.
"Ils ont pas l'air méchant, juste perdu, comme nous."
La petite n'a pas tord.
"On vous fera pas de mal, surtout que c'est un peu grâce à vous si on s'en est sorti vivant.
- Comment ça ?
- Si on ne vous avez pas vu, l'hippopotame nous aurait dégommé avant même qu'on se mette à courir.
- Le quoi ? (Tout le monde me regarde, les sourcils froncés).
- Laissez tomber ! Alliés ?
- Alliés.
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